בס״ד
Le ´érouv du Rambo’’m – 1ère Partie
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Beaucoup considèrent aujourd’hui que 600 000 personnes seraient
nécessaires pour établir une רְשׁוּת הָרַבִּים « Rashouth Horabbim » (domaine
public), et que le fait que beaucoup de gens fassent usage d’une même zone peut
contribuer à attester de la nature publique de cette zone. Mais non seulement
le Rambo’’m ז״ל n’est
pas d’accord avec l’exigence des 600 000 personnes, mais également avec le
concept selon lequel un usage ou trafic intense serait un facteur à prendre en
compte pour qu’une zone devienne une Rashouth Horabbim. D’où vient
cette exigence des 600 000 personnes ? Et quelle est l’approche du
Rambo’’m en matière de ´érouv ?
Cela en surprendra beaucoup, mais ce nombre de 600 000 personnes n’est
jamais explicitement donné dans la littérature talmudique. La Gamoro`
tente de résoudre une contradiction sur la question de savoir si un désert peut
être qualifié de Rashouth Horabbim par les mots suivants :[1]
כאן בזמן
שישראל במדבר וכאן בזמן שאין ישראל במדבר « Ici, c’est à l’époque où Yisro`él est dans le désert,
tandis qu’ici, c’est à l’époque où Yisro`él n’est pas dans le désert ».
Rash’’i ז״ל et tous les
autres Ri`shônim interprètent cela comme voulant dire que lorsque le désert a
une large quantité de personnes qui s’y trouvent, et d’après Rash’’i 600 000
personnes au même endroit, alors il devient une Rashouth Horabbim,
tandis que lorsqu’il est à peine traversé, ce n’est pas une Rashouth
Horabbim. Cette interprétation est le point de départ pour la croyance selon
laquelle une population exponentielle peut amener une zone à devenir une Rashouth
Horabbim. Les Ṭôsophôth considèrent cela comme la source de ceux qui croient
que 600 000 personnes sont nécessaires pour faire d’une zone une Rashouth
Horabbim. Même les quelques Ri`shônim qui n’exigent pas 600 000 personnes
tendent toutefois à accepter le concept selon lequel la présence d’une large
population est un facteur à prendre en considération pour faire d’une zone une Rashouth
Horabbim.
Mais le Rambo’’m, en stipulant la Halokhoh selon quoi un
désert est une Rashouth Horabbim,[2]
ne rapporte pas que c’est seulement le cas lorsque le désert est traversé
régulièrement par un grand nombre de personnes. Ribbénou `avrohom ban
HoRambo’’m ז״ל explique que son père interprétait la Gamoro` comme
voulant dire que lorsque Yisro`él est dans le désert, alors ce n’est pas une Rashouth
Horabbim, tandis que lorsqu’ils n’y sont pas, le désert est alors une Rashouth
Horabbim.[3]
Le peuplement d’une zone dans le désert peut l’empêcher de devenir une Rashouth
Horabbim. Une zone sans Maḥiṣṣôth que des gens peuplent et utilisent
est semblable à une vallée, que ḤaZa’’l définissent comme une Karmalith,
et n’est ni une Rashouth Hayyoḥidh ni une Rashouth Horabbim.
Contrairement aux autres Ri`shônim, le Rambo’’m[4]
comprend qu’un type de Rashouth Hayyoḥidh est une zone conjointement
peuplée par un groupe de personnes. Apporter de la civilisation vers une zone
–la peupler— la transforme en une Rashouth Hayyoḥidh, alors que la
forme première d’une Rashouth Horabbim n’est pas une zone qui est
partagée par de grandes foules, mais une zone qui n’est pas habitée :
Qu’est-ce qui est une Rashouth Horabbim ?
Des déserts, des forêts, des champs, et les chemins qui mènent à eux. |
אֵיזוֹ הִיא רְשׁוּת הָרַבִּים--מִדְבָּרוֹת
וִיעָרִים וְשָׂדוֹת, וּדְרָכִים הַמְּפֻלָּשִׁין לָהֶן |
Des zones où tous les gens ont un droit de passage égal mais qui ne sont, en fait, pas des zones
d’habitation humaine, et peut-être même qui ne sont pas si fréquemment
traversées— les déserts et les forêts— personnifient la Rashouth Horabbim
de la Ṭôroh. Les champs, bien qu’ils soient possédés de façon privée mais ne
sont pas habités, sont également inclus. Les routes qui furent créées par des
efforts humains mais ne sont pas des zones où tous les gens ont un droit de
passage égal constituent un autre type de Rashouth Horabbim, mais
sont mentionnées en dernier.
Rov Yôḥonon ז״ל est cité à un moment donné comme ayant suggéré que
l’intégralité de `araṣ Yisro`él devrait être considérée comme une Rashouth
Horabbim.[5]
La Gamoro` propose qu’il a avancé cela en raison du fait que le Pays
est entouré de chaînes de montagne. Bien que quelques Ri`shônim aient avancé
que l’intention de la Gamoro` était de considérer les distantes
chaînes de montagne comme des Maḥiṣṣôth qui transformeraient les
zones à l’intérieur d’elles en Rashouth Hayyoḥidh Da`ôroyatho`.
Mais d’après la définition que le Rambo’’m fait d’une Rashouth
Horabbim, l’intention de la Gamoro` peut être expliquée bien plus
aisément. La Gamoro` n’a jamais suggéré que les routes des zones
peuplées – le dernier type de Rashouth Horabbim qu’il cite (ceux
créés par l’être humain) – soient classifiées comme une Rashouth
Horabbim. Une activité humaine à l’intérieur de `araṣ Yisro`él est identique à
celle à l’extérieur du monde, et ses routes sont tout autant une Rashouth
Horabbim qu’ailleurs. La Gamoro` traitait plutôt de la question de
savoir si les espaces ouverts inoccupés en `araṣ Yisro`él remplissent les
conditions pour être considérés comme la forme primaire d’une Rashouth
Horabbim. Les déserts, les forêts et les champs sont une Rashouth
Horabbim naturelle, mais peut-être que ce n’est le cas que lorsque la zone est
plate et ouverte au monde ; mais `araṣ Yisro`él est d’une certaine manière
semblable à une בִּקְעָה « Biq´oh – vallée »[6],
entourée de chaînes de montagne et isolée du monde extérieur. Tout comme
l’isolement de la Biq´oh a poussé ḤaZa’’l à la classifier comme une Karmalith,
de même, aussi, ce statut pourrait peut-être être accordé à l’intégralité de
`araṣ Yisro`él également.[7]
A cela la Gamoro` répond : דכולי
עלמא מקיף אוקיינס - Si nous
devions considérer de larges bandes de terre de cette façon, nous devrions
alors dire que chaque continent est entouré d’une mer et coupé d’un accès au
reste du monde, et alors aucun terrain ouvert ne pourrait jamais être considéré
comme une Rashouth Horabbim. Ainsi, conclut la Gamoro`, le souci de
Rov Yôḥonon concernait le terrain de `araṣ Yisro`él qui est rempli de pelouses
montagneuses - מעלות ומורדות
שבארץ ישראל
– traduit par Ribbénou Ḥanon`él ז״ל par תל וחריץ « buttes et tranchées »,
que le Rambo’’m mentionne en premier dans ses exemples de Rashouth
Hayyoḥidh :[8]
Et qu’est-ce qu’une Rashouth Hayyoḥidh ?
Une butte dont la hauteur est de dix Taphoḥim[9] et la largeur quatre Taphoḥim
sur quatre Taphoḥim ou plus que cela. Et de même une tranchée qui
est profonde de dix et la largeur est de quatre sur quatre ou plus que cela. |
וְאֵי זוֹ הִיא רְשׁוּת הַיָּחִיד--תֵּל
שֶׁגָּבוֹהַּ עֲשָׂרָה טְפָחִים, וְרָחֵב אַרְבָּעָה טְפָחִים עַל אַרְבָּעָה
טְפָחִים אוֹ יָתֵר עַל כֵּן; וְכֵן חָרִיץ שְׁהוּא עָמוֹק עֲשָׂרָה, וְרָחֵב
אַרְבָּעָה עַל אַרְבָּעָה אוֹ יָתֵר עַל כֵּן |
Le terrain de `araṣ Yisro`él ne permet pas de passage facile, et pour
cette raison ses zones ouvertes et non peuplées ne peuvent pas être qualifiées
de Rashouth Horabbim, à l’inverse des pays où les zones ouvertes
sont des forêts, des champs, et des déserts. À la fin la Gamoro`
conclut que les zones qui étaient vallonnées furent distribuées par Yahôshoua´
bin Noun ע״ה en
tant que propriétés privées et peuplées, et que ce qui fut donné au public et
non peuplé était facile d’accès (ניחא
תשמישתא), et
remplissait ainsi les critères d’une Rashouth Horabbim.
Les terrains naturels, ouverts, à peine peuplés, raisonnablement plats
et traversables des déserts, forêts et champs sont une Rashouth
Horabbim naturelle. Les tranchées et buttes sont une Rashouth Hayyoḥidh
naturelle, et c’est pourquoi la Barraytho`[10]
introduit les quatre types de domaine par la phrase suivante :
Qu’est-ce qu’une Rashouth Hayyoḥidh ?
Une tranchée qui est profonde de 10 et large de 4. Et de même une barrière
dont la hauteur est de 10 et large de 4. Ceci est une Rashouth
Hayyoḥidh dans le sens plein du terme. |
ואיזו היא רה"י חריץ שהוא עמוק י' ורחב ד' וכן
גדר שהוא גבוה י' ורחב ד' זו היא רה"י גמורה |
Nous voyons donc qu’on se réfère ici aux tranchées et aux buttes[11]
comme étant un Rashouth Hayyoḥidh Gamouroh de nature.[12]
La Biq´oh (vallée) semi-accessible n’est ni une Rashouth Hayyoḥidh
ni une Rashouth Horabbim et est plutôt placée dans une catégorie à
part appelée Karmalith.
Dans la prochaine partie nous verrons comment le Rambo’’m définit les
quatre types de domaines.
[1] Shabboth 6
[2] Mishnéh Ṭôroh, Hilkôth Shabboth
14 :1
[3] Voir le Kasaph Mishnéh, Ibid.
[4] Ibid.
[5] ´érouvin 22a-b
[6] Voir Mishnéh Ṭôroh, Hilkôth Shabboth
14 :4.
[7] Voir aussi ´érouvin 87a et le Yaroushlami
´érouvin 8 :8 qui doivent également être interprétés comme voulant dire
qu’un accès limité en raison d’un terrain et du peuplement des villes autour du
Lac de Galilée sont des raisons pour lesquelles il n’est pas traité comme une Rashouth
Horabbim. Quand le Yaroushlami suggère qu’il n’y a en
effet aucun Rashouth Hayyoḥidh dans le monde entier, un concept qui
annulerait totalement l’interdiction de porter à Shabboth, il ne parle que
d’une Rashouth Horabbim faite d’un terrain naturel. Résh Laqqish
affirme que ce sera seulement dans le ´ôlom Habbo` que l’on verra un terrain
naturel ouvert permettant de passer d’une terre à une autre sans Maḥiṣṣoh.
[8] Mishnéh Ṭôroh, Hilkôth Shabboth
14 :1
[9] Un Taphaḥ vaut 8 centimètres.
[10] Shabboth 6a
[11] D’après cette explication, ces
structures sont une Rashouth Hayyoḥidh en raison de leurs structures
physiques, non parce qu’elles auraient des Maḥiṣṣôth.
[12] Les Ṭôsophôth n’acceptent
l’explication que Rash’’i donne de cette Gamoro`. D’après notre
explication, la Barraytho` nous dit que bien que Rov Yahoudhoh permette à des
structures artificielles et symboliques de constituer une Rashouth
Hayyoḥidh même après que des structures rabbiniques aient été appliquées, les
Sages soutiennent que même Da`ôroyatho` il n’existe pas
de Rashouth Hayyoḥidh sans caractéristiques physiques fondamentales.