בס״ד
Introduction à
1 et 2 Maqqabbim – 1ère Partie
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Comme nous l’avions mentionné dans l’article
intitulé « Les
Saphorim Haḥiṣônim », Ḥanoukkoh est la fête parfaite pour nous pencher
davantage sur les « Livres Apocryphes » de la littérature juives,
dont les « Siphré Hammaqqabbim » (les Livres des Maccabées)
font partie. Nous allons introduire ici les livres de 1 et 2 Maqqabbim
qui revêtent une certaine importance historique nous permettant de mieux
comprendre les événements ayant mené à l’institution de la fête de Ḥanoukkoh.
·
1
Maqqabbim
Moins d’une centaine d’années avant l’an 0 de
l’Ere Courante un admirateur sadducéen des Maqqabbim rédigea à Jérusalem, en
hébreu, l’histoire des trois vaillants frères (Yahoudhoh, Yônothon
et Shim´ôn) qui avaient libéré la Judée de ses oppresseurs syriens et restauré
la ´avôdhoh du Béth Hammiqdosh. Il n’était un pharisien, mais
appartenait à l’autre branche des soutiens des Maqqabbim, les Ḥashmounnoˋim, le parti patriotique qui se battait pour bien plus que la liberté
religieuse ; ils aspiraient à l’autodétermination politique. Et c’est ce
qu’obtinrent les frères maccabéens, au coût de leurs propres vies, puisque Yahoudhoh
et ˋal´ozor moururent au combat, tandis que Yônothon et Shim´ôn furent
lâchement assassinés.
Il écrivit aux jours de la domination sadducéenne
sous Alexandre Jannée (103-76 avant l’Ere Courante), le petit-fils de Shim´ôn,
après que l’indépendance politique avait été sécurisée, lorsque les sadducéens
seraient naturellement désireux de consigner les faits d’arme de leurs trois
illustres frères à qui ils devaient énormément.
Bien que le livre s’ouvre par un paragraphe
général sur les conquêtes d’Alexandre le Grand, son récit commence réellement
par l’accession d’Antiochos Epiphane au trône de Syrie en 175 avant l’Ere
Courante et l’émergence d’un parti hellénisant à Jérusalem, qui accueillit et
adopta des pratiques païennes. Antiochos se lança dans une politique consistant
à contraindre les Juifs à accepter la civilisation grecque, et une série de
clashs avec les Juifs fidèles en résultat, atteignant un point culminant après
la profanation du Béth Hammiqdosh lors du déclenchement de la révolte menée par
Maṭṭithyohou et ses fils dans la ville de Môdhi´in, où ils tuèrent
l’officier du roi et s’enfuirent pour se réfugier dans les montagnes de Judée.
Yahoudhoh est le héro de la période qui
suit ;[1]
avec un petit groupe d’hommes il vainquit chaque commandant syrien l’un après
l’autre, et poursuivit une campagne si fougueuse contre les forces syriennes
envoyées contre lui qu’à peine trois années après sa profanation le Béth
Hammiqdosh avait été repris, le Mizbéaḥ avait été
redédicacé, et la ´avôdhath Hashshém avait repris d’ordinaire. Yahoudhoh
punit les ennemis périphériques des Juifs mais devait lutter aussi bien contre
les forces hellénisantes au sein des Juifs que contre ses adversaires syriens.
Il envoya des ambassadeurs à Rome, pour se lier d’amitié avec les romains. Cela
ainsi que ses objectifs politiques devant de plus en plus évidents mena les Ḥasidhim, les précurseurs des Paroushim
(pharisiens) qui n’aspiraient qu’à la liberté religieuse, à déserter sa cause.
Il affronta le commandant syrien, Bacchidès, avec une force inférieure et fut
vaincu et tué en l’an 160 avant l’Ere Courante.
Son frère Yônothon lui succéda en tant que chef de
la cause judéenne de 160 à 142 avant l’Ere Courante.[2] Sa
stratégie et diplomatie étendirent les frontières de son pays. Un nouveau roi
syrien le nomma Kôhén Godhôl. Mais il finit par être piégé à Ptolémaïs par ses
ennemis syriens et exécuté.
Il fut succédé par son frère Shim´ôn, le troisième
des illustres frères maccabéens (142 à 135 de l’Ere Courante), qui poursuivit
la résistance juive contre la Syrie jusqu’à ce que l’indépendance politique
pratique fût atteinte. Il délogea la garnison syrienne de la citadelle de
Jérusalem, contracta des alliances à l’étranger, et fit presque du rêve
sadducéen d’une indépendance politique une réalité. Mais comme Yônothon, il
perdit la vie à la suite d’une trahison, étant assassiné à un banquet tenu en
son honneur près de Yariḥô (Jéricho).
Son fils Yôḥonon Hyrcan lui succéda à la haute prêtrise, qui combinait à présent
l’autorité civile, militaire et religieuse sur le peuple juif.
Une histoire si héroïque pourrait bien attirer un
sadducéen vivant aux temps de la domination sadducéenne à l’époque d’Alexandre
Jannée, petit-fils de Shim´ôn, et il la racontera avec beaucoup d’enthousiasme,
mais sans trop d’exagérations. Il sentait que le Ciel était du côté des trois
frères, ou qu’eux étaient du côté du Ciel, mais il n’y avait rien de miraculeux
dans le récit. Il n’y a aucune apparition angélique dans le livre. La Ṭôroh est sacrée, mais il n’était pas sage de respecter l’observance du
Shabboth au point de ne pas résister aux forces armées ennemies ce jour-là. Yahoudhoh
et ses hommes firent preuve d’une plus grande sagesse pour l’auteur du livre
lorsqu’ils dirent :[3] אם הילחם ילחמו
אויבינו בנו ביום השבת, ויצאנו לקראתם ועמדנו על נפשנו, ולא נמות כמות אחינו
במערות
« Si guerroyer nos ennemis guerroieront contre nous au jour du
Shabboth, nous sortirons alors à leur rencontre et nous lèverons pour nos
âmes ; mais nous ne mourrons pas comme nos frères dans les lieux secrets ».
Ce passage se réfère aux Juifs pieux qui refusèrent de faire la guerre le jour
du Shabboth et moururent dans les grottes.
La date de la rédaction de 1 Maqqabbim est assez
bien fixée par sa phrase de conclusion, selon quoi le reste des actes de Yôḥonon et ses guerres et exploits, ainsi que la construction des
murailles qu’il supervisa, et ses œuvres, sont consignés dans les Chroniques de
sa haute prêtrise. Cela sonne comme si le règne de Yôḥonon état terminé et que l’auteur écrivait au début du règne de son
fils, Alexandre Jannée, qui devint roi en 103 avant l’Ere Courante. Le livre
fut probablement rédigé dans les premières années du 1er siècle
avant l’Ere Courante, et se fraya rapidement un chemin vers Alexandrie où il
fut traduit en grec, traduction qui lui fit subir quelques modifications et
ajouts.
Le nom de Hashshém est régulièrement mentionné par
l’auteur de 1 Maqqabbim. A l’évidence, il n’est en aucun cas irréligieux ;
le lecteur sent aisément qu’il croit en Hashshém et Son implication dans la
délivrance de Son peuple. En fait, Yahoudhoh dit à ses hommes lors
d’une des crises étant survenues durant la bataille :[4] לכן אל תיראון ואל
תעצרון מפניהם, כי השמד ישמידם ה׳ לעינינו « C’est pourquoi, n’ayez pas peur et ne
vous arrêtez pas à cause d’eux ! Car détruire Hashshém les détruira devant
nos yeux ». A d’autres occasions, lorsque des prières sont mentionnées
dans le livre, on y retrouve fréquemment une mention au nom de Hashshém, comme
lorsque Yahoudhoh dit :[5] קומו נא ונצעק אל ה׳
אלוהינו לתת לנו חסד ורחמים, ויזכור את בריתו אשר כרת את אבותינו, וישמיד את כל
החיל הזה לעינינו
« Levez-vous, de grâce, et crions vers Hashshém notre ˋalôhim, pour nous donner de la grâce et des
miséricordes, et qu’Il Se souvienne de Son alliance qu’Il a contractée avec nos
pères, et qu’Il détruise devant nos yeux toute cette armée ». Plus tard, lorsqu’il est à nouveau confronté à l’armée
syrienne, il prie :[6] ברוך אתה הּ אלוהי
ישראל וגואלו, אתה הכית את בן הענק ביד דוד עבדך, ונתת את חיל הגויים ביד יונתן בן
שאול ונושא כליו
« Béni Tu es Hashshém, le ˋalôhim de Yisroˋél et
Son rédempteur ! Tu as abattu le fils du ´anoq par la main de
Dowidh Ton serviteur, et a livré l’armée des Gôyim en la main de Yônothon ban
Shoˋoul, ainsi que les porteurs de ses armes ». Même les Kôhanim prièrent vers Hashshém pour la
victoire en mentionnant Son nom.[7]
Yônothon exhorta également ses hommes en leur disant :[8] ועתה הרימו קולכם אל
הּ להושיעכם מיד אויביכם
« Et à présent, élevez votre voix vers Hashshém pour que vous soyez
sauvés de la main de vos ennemis ». Nous pouvons aisément voir que
dans l’esprit de l’auteur, ce ne fut pas seulement par leur force physique que
les Judéens purent vaincre leurs ennemis, mais aussi et surtout par
l’assistance Divine.
Néanmoins, ses positions religieuses sadducéennes se
reflètent dans le texte notamment par le fait qu’il évite soigneusement la
moindre référence à des miracles ou merveilles, par son souci sincère pour la Ṭôroh tout en évitant les interprétations pharisiennes de la Ṭôroh, et par son intérêt pour le Béth Hammiqdosh et la prêtrise.
L’étendue de son récit révèle également la gamme de ses itérêts, car il ne
s’arrête pas lorsque la liberté religieuse a été atteinte sous la direction de
Yahoudhoh,[9]
mais poursuit l’histoire jusqu’à ce que, sous la direction de Shim´ôn, la Judée
fut également politiquement libérée.
Sur la douzaine ou plus de documents d’état
préservés dans le livre (lettres, décrets, et proclamations), certaines lettres
à Rome et à Sparte, si elles sont même authentiques, appartiennent à des dates
plus tardives que celles données dans le texte, alors que les décrets des rois
syriens pourraient avoir été insérés dans le livre par la plume du traducteur
grec à partir de l’histoire de Jason de Cyrène (en hébreu, Yéshou´ de Cyrène)
mentionnée dans 2 Maqqabbim 2 :25, car l’histoire de Jason en cinq
volumes fut rédigée en grec. Ce sont là quelques exemples de passages qui ne
faisaient pas partie d’origine, mais furent ajoutés et/ou modifiés par les
traducteurs grecs. Le but de leur inclusion par des mains étrangères à celles
de l’auteur originel était évidemment de davantage exagérer l’importance de la
missin maccabéenne aux yeux du lecteur.
Bien que Jérôme, l’un des Pères de l’Eglise, ait prétendu dans son Prologus Galeatus avoir vu une copie hébraïque du livre de 1 Maqqabbim (les Pères de l’Eglise sont connus pour avoir inventé de nombreux mensonges et commis des distorsions historiques, qui finirent par être considérés comme des vérités. Méfions-nous donc de leurs témoignages), seule la traduction a survécu ou a eu la moindre influence littéraire. C’est probablement dans sa forme grecque qu’il était utilisé par Flavie Josèphe,[10] et c’était dans cette traduction qu’il fut inclus dans la Bible Grecque de l’Eglise primitive. Des affirmations faites par Clément d’Alexandrie, Hippolyte de Rome, Origène et Eusèbe, nous savons que 1 Maqqabbim faisait partie intégrante de la Bible chrétienne. Il est inclus dans l’écrasante majorité des manuscrits faisant autorité de la Bible Grecque : les manuscrits alexandrins, sinaïtiques et vénitiens, mais pas dans le Codex Vaticanus. Avec 2 Maqqabbim, il est inclus dans la liste que Clermont fit des livres du canon chrétien, liste qui représente la pratique des chrétiens d’Egypte (les coptes) aux environs de l’an 300 de l’Ere Courante. Les deux livres furent introduits dans la Bible Latine, et furent utilisés par l’Eglise au Moyen-âge, et dans toutes les premières bibles chrétiennes allemandes et anglaises, aussi bien catholiques que protestantes.