בס״ד
La
vérité sur la Bar Miswoh
בר
מצוה
« Bar
Miswoh » est une
expression araméenne qui signifie littéralement « fils
du commandement ». [Pour
une fille, on dira בת
מצוה « Bath
Miswoh – fille du commandement »]
De nos jours, un Bar Miswoh
est un garçon âgé de treize ans et un jour qui a l'obligation, à
partir de cet âge-là, d'accomplir les Miswôth
de la Tôroh [pour une fille, ce sera douze ans et un jour], comme
par exemple lire la Tôroh en public, mettre les Téfîllîn, porter
un Tallîth, être compté dans un Minyon, pouvoir diriger la prière,
etc. Avant la Bar Miswoh,
nous dit-on, toutes ces Miswôth
ne peuvent pas être accomplies. Mais en est-il réellement ainsi au
niveau de la Halokhoh authentique qui nous a été transmise par nos
Sages et codifiée dans le Talmoud ?
Il
convient de noter deux choses très importantes. Premièrement,
treize ans et un jour [pour un garçon] et douze ans et un jour [pour
une fille] n'étaient pas les âges à partir desquels un garçon et
une fille pouvait accomplir les Miswôth. En réalité, les
sources anciennes [Mishnoh, Gémoro` et Midrosh] sont remplies
de preuves indiquant que les garçons et les filles pratiquaient les
Miswôth bien avant d'atteindre ces âges-là. En effet,
contrairement à ce que l'on pourrait penser [et contrairement à ce
qui est dit de nos jours], même des mineurs avaient la permission
d'accomplir de nombreuses Miswôth publiques. Un mineur qui
savait comment lire la Tôroh avec les Té'amîm appropriés pouvait
être appelé à la Tôroh lors de la lecture publique se déroulant
à la Synagogue :
Mishnoh,
Mégîlloh 4:6
|
Un
mineur peut lire dans la Tôroh et traduire,
mais il ne morcelle pas le Shéma', ne passe pas devant l'Arche et
n'élève pas ses paumes.
|
קטן
קורא בתורה ומתרגם,
אבל
אינו פורס על שמע,
ואינו
עובר לפני התיבה,
ואינו
נושא את כפיו
|
Un
mineur peut donc être appelé à lire dans la Tôroh à la
Synagogue, et peut même servir d'interprète. Par contre, il n'a pas
le droit de morceler le Shema', ni de diriger la prière
communautaire [réciter la 'Amîdoh à haute voix devant
l'Arche dans laquelle étaient rangés les rouleaux de la Tôroh]. Et
si ce mineur est un Kôhén, il ne convenait pas qu'il se place
devant l'assemblée et lève ses paumes pour faire la Birkath
Kôhanîm. De la Mishnoh suivante, nous voyons qu'un mineur peut
également lire la Haftoroh, qui suit la lecture de la Paroshoh :
Ibid.,
4:5
|
Celui
qui conclut par un prophète1
est celui qui morcelle le Shéma', qui passe devant l'Arche, [et
qui élèvent ses paumes.] Et si
c'était un mineur, son père ou son maître passe pour lui.
|
המפטיר
בנביא הוא פורס על שמע,
והוא
עובר לפני התבה,
[והוא
נושא את כפיו].
ואם
היה קטן,
אביו
או רבו עוברין על ידו
|
Ainsi,
un mineur peut être choisi pour lire la Haftoroh. Néanmoins, bien
que le Maftîr [le lecteur de la Haftoroh] est également celui qui
doit morceler le Shema' et réciter la 'Amîdoh à voix haute
devant l'Arche [et si c'est un Kôhén, il sera également chargé de
faire la Birkath Kôhanîm], si le Maftîr est un mineur il ne peut
pas morceler le Shema', ni réciter la 'Amîdoh à voix haute
devant l'Arche. Ces activités-là [morceler le Shema', faire la
'Amîdoh devant l'Arche et bénir l'assemblée par la Birkath
Kôhanîm] reviennent alors, soit à son père, soit à son Rebbe.
Qu'en
est-il de mettre les Téfîllîn ? Faut-il attendre la Bar
Miswoh pour les mettre ? La Gémoro` nous enseigne ceci :
Soukkoh
42a
|
Nos
Rabbins ont enseigné : « Un mineur qui sait comment
secouer [le Loulov] est astreint à l'obligation du Loulov. [S'il
sait comment] s'envelopper [dans le Tallîth], il est astreint à
l'obligation du Sîsîth.
[S'il sait comment] prendre soin des Téfîllîn, son père a
l'obligation d'acquérir pour lui des Téfîllîn. S'il est
capable de parler, son père doit lui enseigner la Tôroh et la
récitation du Shéma' ». Que veut-on dire par
« Tôroh » ? Rov Hammouno` a répondu :
« [Il doit lui apprendre le verset de :] ''Tôroh
Siwwoh Lonou Môshèh Môroshoh Qéhillath Ya'aqôv.''2 »
Que veut-on dire par « le Shéma' » ? Le premier
verset3.
|
תנו
רבנן קטן היודע לנענע חייב בלולב להתעטף
חייב בציצית לשמור תפילין אביו לוקח לו
תפילין יודע לדבר אביו לומדו תורה וקריאת
שמע תורה מאי היא אמר רב המנונא תורה
צוה לנו משה מורשה קהלת יעקב קריאת שמע
מאי היא פסוק ראשון
|
En
d'autres mots, l'accomplissement des Miswôth
n'est pas soumis à un âge en particulier, mais à la compréhension
de l'enfant et sa capacité à pouvoir les accomplir comme il faut.
Si un enfant a appris à secouer le Loulov comme il faut et comprend
le sens de cette Miswoh,
il devient alors, comme les adultes, obligé de secouer le Loulov à
Soukkôth. Si un mineur comprend la signification du Tallîth et
qu'il sait comment s'envelopper dedans, il devient alors, comme les
adultes, obligé d'accomplir la Miswoh
du Sîsîth
et de porter un Tallîth chaque fois qu'il prie. Les Séfardîm,
contrairement aux `Ashkénazîm, ont gardé cette pratique et permettent à un garçon de porter un Tallîth avant même d'avoir
treize ans, dès l'instant où il sait comment le mettre et a compris
le sens de cette Miswoh.
C'est également la pratique des Téimonîm (Juifs Yéménites.)
Toujours d'après la Gémoro`, si un enfant sait comment prendre soin
des Téfîllîn et comment les mettre, son père a une obligation de
lui acheter une paire de Téfîllîn, même s'il n'a pas encore
treize ans, et l'enfant devient alors, comme les adultes, obligé de
les mettre. Dès l'instant où un enfant sait parler, son père doit
lui apprendre quelques versets de la Tôroh, dont le premier sera le
passage de Dévorîm 23:4.
Il lui apprendra également à réciter le premier verset du Shema',
le matin et le soir.
Pour
continuer sur la Miswoh des Téfîllîn [puisque de nos jours,
il est enseigné que seul un Bar Miswoh peut en porter], il
est clair et net des exemples suivants qu'attendre treize ans n'est
effectivement pas la Halokhoh :
- Le Bah זצ״ל a écrit qu'un garçon qui est capable d'étudier la Tôroh doit commencer à mettre les Téfîllîn dès le moment où il atteint l'âge de douze ans.
- Le Mogén `Avrohom זצ״ל a écrit que l'on doit commencer à mettre les Téfîllîn deux à trois mois avant la Bar Miswoh.
- Le dernier Loubavitcher Rebbe a ordonné à ses Hasîdîm de commencer à mettre les Téfîllîn deux mois avant la Bar Miswoh, ce que font tous les Loubavitchs.
- Beaucoup ont la coutume de commencer à mettre les Téfîllîn un mois avant leur Bar Miswoh.
Comme
nous pouvons le voir, il n'est absolument pas obligatoire d'attendre
sa Bar Miswoh pour mettre les Téfîllîn. En fait, le Minhag
`Ashkénazî est de commencer à les mettre un mois avant. Mais même
à douze ans (comme le tranche le Bah), voire plus tôt
encore, un enfant peut commencer à les mettre, s'il sait en prendre
soin.
La
deuxième chose qu'il convient de dire est que que treize ans [pour
un garçon] ou douze ans [pour une fille], est l'âge moyen de la
maturité physique d'un enfant.4
À cet âge-là, on estime qu'un jeune homme ou une jeune fille doit
être capable de contrôler ses désirs. Le Midrosh
donne de nombreuses sources bibliques et traditionnelles pour
démontrer que treize ans est un tournant majeur dans la vie d'un
jeune homme. C'était ainsi l'âge minimum à partir duquel on
pouvait bibliquement se marier et fonder une famille. Mais
contrairement à ce qui se fait de nos jours, d'après la Halokhoh
l'âge n'est pas le seul critère à prendre en compte pour devenir
« Bar Miswoh »
et être considéré « majeur », comme nous l'explique
clairement le Rambam זצ״ל :
Mishnéh
Tôroh, Hilkhôth `Îshouth 2:1-3
|
1.
La fille, à partir du jour de sa naissance jusqu'à ce qu'elle
atteigne douze ans complets, elle est appelée « Qétonnoh »5
ou « Tînôqèth »6.
Même si quelques poils [pubiens] ont poussé [dans le bas de son
corps] durant ce temps-là, ils ne sont [pas significatifs selon
la Halokhoh et sont] considérés comme n'étant simplement que
des poils ayant poussé d'un grain de beauté.7
Cependant, si deux poils poussent dans sa zone pubienne après
qu'elle a atteint douze ans, [son statut change, et] elle est
considérée une « Na'aroh »8.
Faire pousser deux poils pubiens à cet âge est appelé [dans le
langage halakhique] « le signe inférieur [de la maturité
physique]. » |
א הַבַּת,
מִיּוֹם
לִידָתָהּ עַד שֶׁתִּהְיֶה בַּת שְׁתֵּים
עֶשְׂרֵה שָׁנָה גְּמוּרוֹת--הִיא
הַנִּקְרֵאת קְטַנָּה,
וְנִקְרֵאת
תִּינֹקֶת;
וְאַפִלּוּ
הֵבִיאָה כַּמָּה שְׂעָרוֹת בְּתוֹךְ
הַזְּמָן הַזֶּה,
אֵינָן
אֵלָא כְּשׁוּמָה.
אֲבָל
אִם הֵבִיאָה שְׁתֵּי שְׂעָרוֹת לְמַטָּה
בַּגּוּף בַּמְּקוֹמוֹת הַיְּדוּעוֹת
לַהֲבָאַת שֵׂעָר,
וְהִיא
מִבַּת שְׁתֵּים עֶשְׂרֵה שָׁנָה וְיוֹם
אֶחָד וָמַעְלָה--נִקְרֵאת
נַעֲרָה.
וַהֲבָאַת
שְׁתֵּי שְׂעָרוֹת בַּזְּמָן הַזֶּה,
נִקְרָא
סִימָן הַתַּחְתּוֹן
|
2.
Une
fois qu'une fille manifeste ce signe [de maturité physique], on
la considère une « Na'aroh »
pendant six mois entiers. À partir du dernier jour de ces six
mois, on la considère comme étant une « Bôgèrèth »9.
La transition entre les étapes de « fillette » et de
« maturité » n'est que de six mois.
|
ב וּמֵאַחַר
שֶׁתָּבִיא סִימָן הַתַּחְתּוֹן,
תִּקָּרֵא
נַעֲרָה עַד שִׁשָּׁה חֳדָשִׁים
גְּמוּרִים.
וּמִתְּחִלַּת
יוֹם תַּשְׁלוּם הַשִּׁשָּׁה חֳדָשִׁים
וָמַעְלָה,
תִּקָּרֵא
בּוֹגֶרֶת;
וְאֵין
בֵּין נַעְרוּת לְבַגְרוּת,
אֵלָא
שִׁשָּׁה חֳדָשִׁים בִּלְבָד
|
3.
À
partir du moment où une fille atteint l'âge de douze ans et un
jour jusqu'à l'âge de vingt ans, si elle n'a pas fait pousser
deux poils pubiens, elle est encore considérée une
« Qétonnoh »10,
même si elle manifeste les signes physiques de la stérilité. Si
[durant cette période], elle fait pousser deux poils pubiens,
même si [cela s'est passé] dans sa vingtième année, elle est
considérée « Na'aroh »
pendant six mois. Seulement après cela, elle est considérée
être une « Bôgèrèth. »
|
ג הִגִּיעָה
לִשְׁתֵּים עֶשְׂרֵה שָׁנָה וְיוֹם
אֶחָד,
וְלֹא
הֵבִיאָה שְׁתֵּי שְׂעָרוֹת--אַף
עַל פִּי שֶׁנִּרְאוּ בָּהּ סִימָנֵי
אַיְלוֹנִית--עֲדַיִן
קְטַנָּה הִיא,
עַד
עֶשְׂרִים שָׁנָה;
וּכְשֶׁתָּבִיא
שְׁתֵּי שְׂעָרוֹת,
אַפִלּוּ
בִּשְׁנַת עֶשְׂרִים--תִּהְיֶה
נַעֲרָה שִׁשָּׁה חֳדָשִׁים,
וְאַחַר
כָּךְ תִּקָּרֵא בּוֹגֶרֶת
|
Nous
pouvons donc clairement voir que cet âge de douze ans est lié à la
maturité physique et intellectuelle, plutôt qu'à l'accomplissement
des Miswôth. Mais que pour pouvoir être pleinement considéré
« mature » ou « adulte », il ne suffisait pas
seulement d'avoir douze ans. Il fallait également afficher des
signes de maturité physique [pousser au moins deux poils pubiens,
avoir une poitrine qui commence à pointer, etc.]. Dès le moment où
une jeune fille atteignait l'âge de douze ans, on attendait d'elle
que ces signes de maturité physique commencent à se développer, et
tant que ce n'était pas le cas, elle n'était pas considérée apte
à se marier et à fonder une famille, même si elle avait vingt ans.
Il
en est de même pour les garçons :
Ibid.,
11-13
|
11.
Le fils, à partir du jour
de sa naissance jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge de treize ans,
est appelé « Qoton »11
ou « Tînôq. »12.
Même si quelques poils [pubiens] ont poussé [dans le bas de son
corps] durant cette période-là, ils ne sont [d'aucune
importance] et sont considérés comme n'étant que de simples
poils ayant poussé d'un grain de beauté. Cependant, si deux
poils pubiens poussent dans la zone pubienne après qu'il ait
atteint l'âge de treize ans et un jour, [son statut change, et]
il est considéré être un « Godôl »13
ou un « `Îsh »14.
|
יא הַבֵּן--מִשֶּׁיִּוָּלֵד
עַד שֶׁיִּהְיֶה בֶּן שְׁלוֹשׁ עֶשְׂרֵה
שָׁנָה--נִקְרָא
קָטָן,
וְנִקְרָא
תִּינוֹק;
וְאַפִלּוּ
הֵבִיא כַּמָּה שְׂעָרוֹת בְּתוֹךְ
זְמָן זֶה,
אֵינוּ
סִימָן אֵלָא שׁוּמָה.
הֵבִיא
שְׁתֵּי שְׂעָרוֹת לְמַטָּה בַּמְּקוֹמוֹת
הַיְּדוּעִים לַשֵּׂעָר,
וְהוּא
מִבֶּן שְׁלוֹשׁ עֶשְׂרֵה שָׁנָה וְיוֹם
אֶחָד וָמָעְלָה--נִקְרָא
גָּדוֹל,
וְנִקְרָא
אִישׁ
|
12.
Si un garçon atteint cet
âge-là sans que ne lui ait poussé deux poils pubiens, il est
encore considéré « Qoton »
jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge de vingt ans moins trente jours,
même s'il manifeste des signes d'impuissance. S'il atteint l'âge
[de vingt ans moins trente jours] et que ne lui ont pas poussé
soit des poils pubiens soit des poils de barbe, [les règles
suivantes s'appliquent] : S'il manifeste l'un des signes
physiques d'impuissance, il est considéré « Sorîs »15,
mais par rapport à toutes les autres choses16,
il est considéré être un « Godôl » |
יב הִגִּיעַ
לַזְּמָן הַזֶּה,
וְלֹא
הֵבִיא שְׁתֵּי שְׂעָרוֹת--אַף
עַל פִּי שֶׁנִּרְאוּ בּוֹ סִימָנֵי
סָרִיס--הֲרֵי
זֶה קָטָן,
עַד
שֶׁיִּהְיֶה בֶּן עֶשְׂרִים שָׁנָה
פָּחוּת שְׁלוֹשִׁים יוֹם;
הִגִּיעַ
לַזְּמָן הַזֶּה,
וְלֹא
הֵבִיא שְׁתֵּי שְׂעָרוֹת לְמַטָּה,
וְלֹא
הֵבִיא שְׁתֵּי שְׂעָרוֹת בַּזָּקָן--אִם
נִרְאָה בּוֹ אֶחָד מִסִּימָנֵי
סָרִיס--הֲרֵי
זֶה סָרִיס,
וְדִינוֹ
דִּין הַגָּדוֹל לְכָל דָּבָר
|
13.
S'il ne manifeste aucun des
signes d'impuissance, il est encore considéré être un « Qoton »
jusqu'à ce que lui pousse deux poils pubiens ou jusqu'à ce qu'il
atteigne l'âge de trente-cinq ans et un jour. S'il atteint cet
âge-là, il est considéré « Sorîs »,
même s'il n'a pas manifesté aucun des signes d'impuissance. |
יג וְאִם
לֹא נִרְאָה בּוֹ סִימָן מִסִּימָנֵי
סָרִיס,
עֲדַיִן
קָטָן הוּא,
עַד
שֶׁיָּבִיא שְׁתֵּי שְׂעָרוֹת לְמַטָּה
בְּמָקוֹם הָרָאוּי לָהֶן,
אוֹ
עַד שֶׁיִּהְיֶה בֶּן חָמֵשׁ וּשְׁלוֹשִׁים
שָׁנָה וְיוֹם אֶחָד.
הִגִּיעַ
לַזְּמָן הַזֶּה,
וְלֹא
הֵבִיא--הֲרֵי
זֶה סָרִיס,
אַף
עַל פִּי שֶׁלֹּא נִרְאָה בּוֹ אֶחָד
מִסִּימָנֵי סָרִיס
|
Notez
que dans la Halokhoh 12, le Rambam écrit que si ce garçon
n'affiche pas des signes de maturité physique et qu'il affiche des
signes d'impuissance, de stérilité, etc., il est considéré comme
étant « impuissant » par rapport à la Miswoh du
mariage, mais pour le reste des Miswôth, il est considéré
comme un adulte ! De là, nous comprenons qu'en réalité,
lorsque nos Sages parlent de « Bar Miswoh »,
c'est-à-dire, de « fils du commandement », ils parlent
du commandement de procréation ! En d'autres mots, la « Bar
Miswoh » n'est pas l'âge à partir duquel un Israélite
de sexe masculin devient astreint à l'accomplissement des Miswôth
(puisque nous avons vu que nos Sages disent qu'un Israélite est
astreint à l'accomplissement des Miswôth dès l'instant où il sait
l'accomplir et comprend son sens et son importance, quand bien même
il aurait moins de treize ans), mais plutôt l'âge à partir duquel
il peut se marier et accomplir la Miswoh de procréation !
En
outre, avant l'âge de treize ans [pour un garçon] ou douze ans
[pour une fille], le père était tenu pour responsable des actes de
ses enfants. Par exemple, la Mishnoh enseigne que les vœux faits par
un garçon de treize ans ou une fille de douze ans étaient
considérés valables17.
À partir de cet âge-là, un individu pouvait accomplir des actes
ayant des implications légales, comme par exemple faire partie d'un
Béith Dîn, être compté dans un Minyon, et acheter ou vendre des
biens qui lui appartiendront exclusivement [et ne reviendront donc
plus automatiquement à son père]. Toutefois, il y avait des exceptions notables. Par exemple, le témoignage d'un garçon de
treize ans n'était pas valable lors d'affaires judiciaires qui
concernaient des problèmes fonciers, car à cet âge-là, on ne
l'estime pas apte à exprimer une opinion sur des affaires
foncières.18
De même, ce n'était qu'à partir de vingt ans qu'un garçon pouvait
être enrôlé dans l'armée, ou boire librement des boissons
alcoolisées. Cependant, à partir de cet âge-là, le père n'était
plus redevable des actes commis par son fils. Jusqu'à treize ans, un
fils reçoit les mérites de son père, qui peut également être
puni pour les péchés de son fils. Mais après treize ans, le père
et le fils assumaient chacun leurs propres péchés.19
Treize
ans est également un âge charnière, car c'est là que s'opère la
transition entre l'école primaire et le Béith Midrosh20.
L'enfant allait, à cet âge-là, étudier intensivement la Halokhoh
aux pieds des plus grands maîtres.
C'est
ce que signifie la Bar Miswoh dans son sens réel. Ce n'est
pas l'âge où l'on devient astreint à l'accomplissement des
Miswôth, mais l'âge où l'on peut commencer à se marier [si
l'on a également les signes de maturité physique], l'âge où l'on
peut faire des choix ayant des implications légales, l'âge où l'on
peut compter dans un Minyon [si l'on est un garçon], l'âge où l'on
peut être pris pour former un Béith Dîn, l'âge où l'on est
traité comme un adulte, à quelques exceptions près (que nous avons
citées plus haut. Quant aux Miswôth [mettre le Tallîth, les
Téfîllîn, être appelé à la Tôroh, etc.], il peut les accomplir
bien avant ses treize ans, tant qu'il en comprend l'importance et a
appris à les accomplir correctement. C'est la raison pour
laquelle aucune source juive ancienne [la Mishnoh, la Gémoro`, le
Midrosh, le Rambam, Rashî זצ״ל,
le Ramban זצ״ל,
etc.] ne mentionne l'existence d'une quelconque cérémonie appelée
« Bar Miswoh » lorsqu'un enfant
atteint l'âge de treize ans.
Ce
n'est que bien plus tard, dans le Moyen-Âge, qu'accomplir ces
Miswôth
a été interdit avant l'âge de treize ans. C'est ainsi que s'est
développée la coutume d'organiser une grande célébration
lorsqu'un garçon atteignait cet âge-là et recevait la permission
de porter les Téfîllîn et d'accomplir les Miswôth.
Ce n'est également qu'à partir du 14ème siècle qu'est mentionnée
pour la première fois la coutume pour un garçon « Bar
Miswoh »
de lire la Tôroh en public pour la première fois le Shabboth qui
précède ou suit son treizième anniversaire.
Aux
17ème et 18ème siècles, la coutume s'est répandue à Worms [en
Allemagne] d'autoriser les garçons âgés de treize ans, et dotés
d'une belle voix, de diriger certaines parties ou l'intégralité de
l'office de prière. Dans certaines communautés, le Bar Miswoh
doit faire la lecture de l'intégralité de la Paroshoh, alors que
dans d'autres il ne doit lire que le Maftîr [les trois derniers
versets de la Paroshoh].
Au
16ème siècle, Rabbî Shélômôh Louria déclara que les
`Ashkénazîm développèrent la coutume d'organiser un grand banquet
à l'occasion d'une Bar Miswoh
et d'entraîner l'enfant à réciter de mémoire une dissertation
talmudique, qu'il faisait durant le banquet21.
Cette coutume s'est répandue dans le monde séfarade. Elle est
encore pratiquée de nos jours, plus particulièrement chez les
Hasîdîm,
où le Bar Miswoh
récite un Ma`amar [discours hassidique],
tandis que dans d'autres communautés, le Bar Miswoh
se contente d'un simple discours qui est l'occasion de remercier ses
parents et ses instructeurs.
Quant
à la célébration de la « Bath Miswoh »
pour les filles atteignant l'âge de douze ans, elle fut inventée au
19ème siècle, en Italie, puis s'est répandue en Europe de l'Est et
de l'Ouest, en Égypte et à Bagdad.
Pour
conclure, voici ce qu'on apprend donc des sources anciennes au sujet
de la Bar/Bath Miswoh :
- Le Talmoud22 n'emploie qu'une seule fois l'expression « Bath Miswoh » pour désigner le moment où une fille est soumise aux obligations de la Loi Juive qui incombent à une femme adulte (se marier, faire des enfants, respecter les lois de Nîddoh, etc.).
- La Mishnoh23 explique que treize ans est l'âge de la responsabilité religieuse pour un garçon. En réalité, cela ne signifie pas « treize ans » pile poil, mais « d'ici à l'âge de treize ans », comme nous le prouverons dans un futur autre article, Bé'èzrath HaShem !
- La Mishnoh24 tranche que les vœux d'une fille de douze ans et un jour sont consiérés valables, tout comme les vœux d'un garçon de treize ans et un jour.
- De même, après leurs douze ans ou leurs treize ans respectifs, les filles et les garçons doivent jeûner à Yom Kippour.25
- Quand bien même ils auraient douze ou treize ans, une fille et un garçon ne peuvent être mariés que lorsqu'ils affichent également des signes de maturité physique.
- Lorsqu'une fille avait au minimum douze ans et six mois, et affichait les signes de maturité physiques, elle ne dépendait plus de son père, de sa mère ou de son frère, pour l'arrangement d'un mariage. En d'autres mots, avant d'avoir au moins douze ans et six mois et d'être devenue mature, le père, la mère ou le frère, ont le droit d'arranger un mariage pour elle et de choisir son mari même sans son consentement. Mais une fois qu'elle atteint l'âge de douze ans, ses parents ou son frère peuvent lui arranger un mariage, mais le dernier mot [quant à savoir si elle accepte ou pas ce mariage arrangé] revient à la jeune fille.
1C'est-à-dire,
qui lit la Haftoroh.
2La
Tôroh que nous a ordonné Môshèh est l'héritage de l'assemblée
de Ya'aqôv – Dévorîm 23:4
3Dévorîm
6:4
4Talmoud,
Qîddoushîn 16b
5Mineure.
6Petite
enfant.
7Elle
reste donc considérée « mineure », bien qu'elle ait 12
ans.
8Jeune
fille.
9Femme
mature.
10Quand
bien même elle aurait vingt ans, elle est encore considérée
« mineure ».
11Mineur.
12Petit
enfant.
13Adulte.
14Un
homme.
15Impuissant/eunuque.
16C'est-à-dire,
par rapport aux Miswôth autres que le mariage.
17Mishnoh,
Nîddoh 5:6
18Mishnéh
Tôroh, Hilkhôth 'Édouyôth 9:8
19Yalqout
Routh 600
20Ibid.
21Yam
Shèl Shélômôh BK 7:37
22Bavo`
Kammo` 15a
23Pirqéi
`Ovôth 5:21
24Nîddoh
5:6
25Talmoud,
Yômo` 85a-b