lundi 30 novembre 2020

Les Saphorim Haḥiṣônim

 

בס״ד

 

Les Saphorim Haiônim

 


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La fête de anoukkoh nous offre l’opportunité de nous pencher sur les ספרים החיצונים « Saphorim Haiônim » (Livres Apocryphes), comme source d’informations sur la vie juive durant l’ère du Bayith Shéni. Bien que ces livres furent omis du oNo’’Kh par aZa’’l, je vous encourage vivement à faire usage des « Saphorim Haiônim », et le court article suivant servira principalement à ceux qui sont intéressés à en savoir davantage. Trop souvent, les gens pensent que si un livre n’est pas inclus dans le oNo’’Kh c’est qu’il ne convient pas de le lire. On ne peut être plus loin de la vérité ! De nombreuses références aux « Saphorim Haiônim » se retrouvent dans le almoudh, comme notamment le Livre de Ban Siroˋ qui était lu et cité comme faisant autorité depuis le début de la période rabbinique (des dizaines de citations à ce livre se retrouvent dans le almoudh, démontrant qu’il était bien connu et respecté parmi les Juifs). Il y a au total 39 livres apocryphes juifs connus, parmi lesquels les Livres des Maqqabbim (Maccabées), qui relatent l’histoire complète de anoukkoh. Comprenez donc bien que leur exclusion du oNo’’Kh n’implique en rien que ces livres seraient irrecevables ou ne pourraient pas être étudiés, cités ou utilisés comme sources. Pourquoi donc furent-ils omis du oNo’’Kh ?

 

La raison principale de leur exclusion est très simple à comprendre : Les 24 livres du oNo’’Kh ont été canonisés par les « ˋanshé Khanasath Haggadhôloh » (« Hommes de la Grande Assemblée »), qui comprenait certains des plus grands érudits et dirigeants juifs de l'époque, comme ´azroˋ le Scribe ע״ה, et même les derniers des Prophètes, à savoir aggay ע״ה, Zakharyoh ע״ה et Malˋokhi ע״ה. Avec la mort de ces Prophètes, l’ère de la prophétie prit fin.[1] Les œuvres ultérieures ne sont donc pas considérées comme divinement inspirées et ne sont donc pas incluses dans les 24 livres des Saintes Écritures.[2]

 

Bien qu'aucun des « Saphorim Haiônim » ne soit considéré comme d'inspiration divine et ne soit donc pas inclus dans les Saintes Écritures, en faire usage ne fut jamais remis en question dans la tradition juive.

 

Il est vrai que nous trouvons des déclarations dans le almoudh qui semblent interdire même de lire ces ouvrages.[3] Mais de l’autre côté, le même almoudh et d'autres ouvrages juifs citent fréquemment des passages tirés des « Saphorim Haiônim ». Parmi les « Saphorim Haiônim », le livre le plus cité à travers la littérature rabbinique est celui des Maqqabbim. Comment comprendre cela ?

 

Plusieurs commentateurs expliquent que l'interdiction du almoudh ne concerne pas le fait de les lire en tant que tel mais plutôt le fait de donner à ces livres un statut saint et / ou le même statut que les livres du oNo’’Kh. Par conséquent, ils peuvent être lus, dès lors qu’ils ne sont pas traités comme les 24 livres du oNo’’Kh.[4] D'autres expliquent que l'interdiction talmudique n’était en vigueur que dans les générations proches de l'époque où les « Saphorim Haiônim » furent rédigés, mais plus après. Étant donné que ces œuvres étaient écrites dans un style identique à celui des Saintes Ecritures, les Sages craignaient que certains supposent à tort qu'elles y étaient incluses.[5]

 

Sachons, néanmoins, que même s’il est permis de lire les « Saphorim Haiônim », les versions survivantes de nombre de ces ouvrages sont des traductions de versions grecques ou latines, elles-mêmes traduites à l'origine de l'hébreu ou de l'araméen, avec de nombreux ajouts et suppressions causés par l’Eglise ou des sectes juives hérétiques. Cela explique pourquoi, malgré la permission de les lire, peu de Juifs le font réellement, à moins d’avoir accès à des versions juives fiables de ces ouvrages.

 

Pour savoir quels « Saphorim Haiônim » peuvent être lus, il est utile de les diviser en trois catégories :

 

1.      Ceux qui sont contraires au oNo’’Kh

 

Certains de ces livres contiennent des histoires ou des idées qui contredisent le oNo’’Kh et / ou la pensée juive. Cette catégorie comprend des œuvres telles que l'Histoire de Susanne (qui, entre autres, donne une représentation erronée de la Halokhoh), ainsi que les livres d'Enoch et des Jubilés (en ce qu'ils dépeignent la dynamique entre les anges, Hashshém et les hommes d'une manière contraire au judaïsme), ainsi que diverses autres œuvres.

 

2.     Ceux qui renferment des informations historiques précieuses

 

Ensuite, il y a les livres qui ne sont peut-être pas divinement inspirés, mais sont toutefois utiles en ce qu'ils fournissent des informations précieuses, un peu comme des livres d'histoire. Cette catégorie comprend des œuvres telles que 1 et 2 Maccabées (par opposition à 3 et 4 Maccabées, qui doivent être classés dans la catégorie précédente), ainsi que Judith. Puisque ces livres ne sont pas d'inspiration divine, il n'y a aucune garantie que leur contenu soit entièrement exact, et ils ont à peu près le même poids que n'importe quel autre livre d'histoire. Et il vaut la peine de les lire, étudier, et utiliser comme sources.

 

3.     Ceux qui sont des livres de sagesse : Ban Siroˋ

 

Le Livre de Ban Siroˋ, que le almoudh lui-même cite à plusieurs reprises,[6] mérite une catégorie à part. Aussi appelé la « Sagesse de Sirach », il semblerait que de tous les livres des « Saphorim Haiônim », cet ouvrage fut le plus proche d’être inclus dans le oNo’’Kh. On sait quand Ban Siroˋ a vécu, puisqu'à la toute fin du livre il loue le Kôhén Godhôl Shim´ôn Haṣṣaddiq ז״ל, qui fut l'un des derniers membres des ˋanshé Khanasath Haggadhôloh. Ce qui en fait donc un livre rédigé presque à l’époque biblique.

 

Il convient de noter, cependant, que certaines des citations trouvées dans le almoudh du Livre de Ban Siroˋ ne se trouvent pas dans la version de l'œuvre communément incluse dans les Apocryphes d’aujourd’hui. Le livre portant son nom et qui existe aujourd’hui est en fait une traduction grecque faite par le petit-fils de Ban Siroˋau 2ème siècle avant notre ère. La version hébraïque originale avait été perdue de nombreuses années auparavant, et n'a été trouvée qu'au siècle dernier (dans la Ganizoh du Caire et parmi les manuscrits de la Mer Morte).

 

Pourquoi n'a-t-il pas été inclus dans le oNo’’Kh ? Outre le fait qu'il a été écrit après la fin de l'ère de la prophétie,[7] certains des enseignements contenus dans l'ouvrage ont été jugés contraires aux valeurs juives. Cependant, il semble que les akhomim considéraient qu'au moins certains des enseignements avaient de la valeur, s'ils étaient bien compris.[8]

 

Vous avez ainsi toutes les cartes en main pour savoir quels livres parmi les « Saphorim Haiônim » il conviendrait de lire, et comment il faudrait les lire.



[1] Ṭalmoudh, Bavoˋ Bathroˋ 14b ; Ṭôsaphṭoˋ, Sôtoh 13 :4

[2] C’est ce que l’on comprend de sources telles que les ˋovôth Daribbi Nothon 1 :4 ; Ṭôsaphṭoˋ, Yodhayim 2 :5 ; Ṭalmoudh, Bavoˋ Bathroˋ 14b-15a.

[3] Voir, par exemple, Sanhédhrin 100b.

[4] Voir, par exemple, le Ritva’’ˋ sur Bavoˋ Bathroˋ 92b.

[5] Voir, par exemple, Ribbénou Raˋouvén Margoliyôth, dans Margoliyôth Hayyom sur Sanhédhrin 100b.

[6] Exemples : Ḥaghighoh 13a, Niddoh 16b, Barokhôth 11b, Sanhédhrin 100b, etc.

[7] Ṭôsaphṭoˋ, Yodhayim 2 :5

[8] Voir Ṭalmoudh, Sanhédhrin 100b, ainsi que le commentaire du Ritva’’ˋ sur Bavoˋ Bathroˋ 98b.

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