בס״ד
La
Halokhoh d'après le Talmoudh et le Mishnéh Tôroh
Doit-on
nécessairement jeter un œuf dans lequel a été trouvée une tache
de sang ?
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Lorsqu'on
prépare un plat avec des œufs, on se demande souvent si l'on doit
inspecter les œufs à la recherche de taches de sang. En outre, la
Halokhoh de la vérification du sang dans les œufs s'applique-t-elle
encore aujourd'hui ? Et est-il nécessaire, comme le font
beaucoup, de jeter tout œuf dans lequel des taches de sang auraient
été trouvées ?
- Dans la Gamoro`
Nous
lisons ceci dans le Talmoudh :
Houllin
64b
|
Nos
Maîtres ont enseigné : « ...Si on trouve dessus
(l’œuf) une tache de sang, on doit jeter le sang et on peut
manger le reste [de l’œuf] ». Rébbi Yirmayoh a dit :
« Pourvu qu'il (le sang) a été trouvé sur son nœud1 ».
Dôsta`y, le père de Rébbi `appatôriqi, a enseigné :
« Cette règle2
ne s'applique que si [la tache de sang] a été trouvée sur son
blanc. Mais si elle a été trouvée sur son vitellus, l'entièreté
de l’œuf est interdite, parce que la corruption s'est répandue
sur l'entièreté [de l’œuf] ». Rébbi Gavihoh de Bé
Khathil3
a dit à Rov `ashi : « Un Tono`4
a une fois récité cette déclaration devant `abbayé dans
l'ordre inverse et `abbayé le corrigea afin que cela s'accorde
avec ce qui a été dit ».
|
תנו
רבנן...
נמצא
עליה קורט דם זורק את הדם ואוכל את השאר
אמר רבי ירמיה והוא שנמצא על קשר שלה
תני דוסתאי אבוה דר'
אפטוריקי
לא שנו אלא שנמצא על חלבון שלה אבל נמצא
על חלמון שלה אפי'
ביצה
אסורה מאי טעמא דשדא תכלא בכולה א"ל
רב גביהה מבי כתיל לרב אשי איפכא תני
תנא קמיה דאביי ואביי הוא דתרצה ניהליה
הכי
|
Ainsi,
notre passage susmentionné commence par citer une Baraytho` selon
laquelle si du sang a été trouvé dans un œuf, nous devons le
retirer et le reste de l’œuf sera permis. La Gamoro` apporte alors
une divergence d'opinion sur cette instruction donnée dans la
Baraytho` :
- Rébbi Yirmayoh ז״ל précise que le reste de l’œuf n'est permis que si le sang a été retrouvé sur le point blanc de l’œuf (la cicatricule, et non pas le blanc d’œuf, contrairement à ce qu'explique Rash''i ז״ל et la plupart des commentateurs)
- Dôsta`y ז״ל précise que le reste de l’œuf n'est permis que si le sang a été retrouvé sur le blanc d’œuf. Mais s'il a été retrouvé dans le jaune d’œuf (le vitellus), l'entièreté de l’œuf est interdite.
À
cause de l'erreur faite par Rash''i, dans son commentaire sur cette
Gamoro`, la plupart des commentateurs pensent que Rébbi Yirmayoh
parlait du blanc d’œuf, alors qu'il parlait en fait de la
cicatricule. (Tandis que Rash''i comprend le « blanc d’œuf »
mentionné par Dôsta`y comme se référant à la cicatricule sur la
partie filandreuse du blanc d’œuf. Même Rash''i était
faillible.) L'erreur de Rash''i est basée sur une fausse croyance de
son temps à laquelle il adhérait, car il la croyait être exacte.
Lui et bon nombre d'autres Ri`shônim croyaient que lorsque Rébbi
Yirmayoh parlait du « nœud » de l’œuf, il s'agissait
de la partie filandreuse du blanc d’œuf, car en ces temps-là on
supposait que cette partie de l’œuf était le sperme du mâle, ce
qui est totalement faux ! Mais cette simple erreur a causé de
la confusion et amené les avis à être partagés, car en réalité,
il n'y a aucun problème avec du sang retrouvé dans le blanc d’œuf
(il suffit juste de le retirer). Mais Rash''i ayant ajouté de la
confusion à la confusion, de nombreuses opinions sont nées.
Certains Pôsqim disent donc que si le sang a été trouvé dans le
blanc d’œuf, il suffit de le retirer et le reste de l’œuf sera
permis, tandis que d'autres disent que c'est si le sang a été
retrouvé dans le jaune d’œuf, et d'autres que c'est si le sang a
été retrouvé sur la cicatricule. D'autres encore interdisent
l'intégralité d'un œuf dès qu'une tache de sang y a été
trouvée, peu importe où. Rabbi Môshah `issarlès ז״ל
(le
Ramo''`) écrit5
que c'est sans doute à cause de cette confusion halakhique que la
coutume s'est développée de ne pas tenir compte de l'endroit dans
l’œuf où le sang a été trouvé, mais de simplement jeter
l'entièreté de l’œuf.6
Mais
en est-il vraiment ainsi ? Pour le comprendre, nous devons
d'abord nous pencher sur les raisons de cette interdiction de
consommer un œuf dans lequel du sang a été trouvé.
- Raison de l'interdiction
Dans
un autre passage, le Talmoudh7
nous explique clairement que l'interdiction biblique de consommer du
sang ne s'applique qu'au sang des quadrupèdes et des volailles, mais
pas à celui des œufs, des poissons et des sauterelles, qu'il est
permis de consommer. S'il en est ainsi, pourquoi demande-t-on de
retirer le sang trouvé dans un œuf avant de pouvoir consommer
l’œuf ?
Dans
les temps talmudiques, deux raisons expliquaient la présence d'une
tache de sang dans un œuf :
- cela voulait dire que l’œuf avait été fertilisé et qu'un embryon était produit, ou
- qu'une anomalie dans la poule a amené une petite quantité de sang à se déposer dans l’œuf.
La
première raison rendait le sang interdit parce qu'il est interdit de
consommer un embryon (qui a le statut d'une volaille que l'on ne peut
consommer qu'après une Shahittoh), tandis que la deuxième
raison rendait le sang interdit parce qu'il est interdit de consommer
du sang de volaille.
- Dans le Mishnéh Tôroh
Nous
avons vu à l'instant que l'une des raisons pour lesquelles le sang
trouvé dans un œuf est interdit est que c'était le signe qu'un
embryon était en train d'être produit, et il est interdit de
consommer un embryon. Or, l'embryon n'est formé que dans le vitellus
(jaune d’œuf). Si la crainte qu'un embryon soit produit est la
raison de l'interdiction de la consommation du sang trouvé dans un
œuf, il s'en suit donc que la Halokhoh doit suivre l'opinion
rapportée par Dôsta`y, le père de Rébbi `appatôriqi, à savoir,
que si le sang a été trouvé dans le blanc d’œuf, il suffit
juste de le retirer et le reste de l’œuf sera permis, tandis que
s'il a été trouvé dans le jaune d’œuf, c'est l'intégralité de
l’œuf qui sera interdit. C'est pourquoi, le Ramba''m ז״ל,
qui était médecin et fin biologiste et zoologue, tranche ceci dans
son Mishnéh Tôroh :
Hilkôth
Ma`akholôth `asourôth 3:7
|
Si
on a trouvé dessus (sur l’œuf) une tache de sang : si
c'est sur le blanc, on doit retirer le sang et on peut consommer
le reste [de l’œuf]. Et si c'est sur le vitellus, l'entièreté
[de l’œuf] est interdite. Un œuf non fertilisé, celui qui est
délicat peut en manger.
|
נמצא
עליה קורט דם--אם
על החלבון,
זורק
את הדם ואוכל את השאר;
ואם
על החלמון,
אסורה
כולה.
ביצה
המוזרת,
הנפש
היפה תאכל
|
Pourquoi,
si le sang a été trouvé dans le blanc d’œuf, il suffit juste de
le retirer pour pouvoir consommer le reste de l’œuf ? Tout
simplement parce que c'est le signe que l'embryon n'a pas commencé à
se former et n'a donc pas affecté le statut de l'entièreté de
l’œuf. Mais si le sang a été retrouvé dans le jaune, à ce
stade du développement de l'embryon le statut de l'entièreté de
l’œuf a été affecté, et tout l’œuf a le statut d'une
volaille.
C'est
pourquoi, le Ramba''m conclut que si l’œuf n'est pas fertilisé,
peu importe où du sang aurait été trouvé, l’œuf sera permis à
la consommation. C'est un élément important pour comprendre si
cette interdiction de consommer un œuf dans lequel du sang aurait
été trouvé dans le jaune d’œuf s'applique encore de nos jours
ou pas.
- Cette interdiction s'applique-t-elle encore de nos jours ?
Dans
les temps passés, l'écrasante majorité des œufs provenaient de
poules fécondes, dont les niveaux d'hormones stimulaient une plus
grande production d’œufs lorsqu'elles s'accouplaient. Aujourd'hui,
ce n'est plus le cas. Les hormones sont stimulées artificiellement,
les poules n'ont plus besoin de coqs, les coqs eux-mêmes ne sont pas
fertiles, et les œufs ne se développeront pas en poussins.
Tout
ce que nous avons dit ne se référait qu'aux taches de sang pouvant
provenir d’œufs fertilisés, et pour lesquels il existe la
possibilité de transgresser une interdiction en consommant l'embryon
en développement. Mais dès lors que nous savons que l’œuf n'a
pas été fertilisé, il est permis à la consommation, peu importe
où la tache de sang a été trouvée. Et c'est également ce que
tranche Rabbi Yôséf Qa`rô ז״ל
dans
son Shoulhon ´oroukh, tout en ajoutant qu'il faudra néanmoins
retirer la tache de sang au préalable là où on l'aura trouvée.8
Le Ramba''m ne précise pas s'il faut retirer le sang au préalable
lorsque l’œuf n'est pas fertilisé (mais on peut aisément déduire
qu'il ne l'estime pas nécessaire. En fait, plusieurs Pôsqim sont
effectivement d'avis qu'une fois qu'il est certain que l’œuf n'est
pas fertilisé, retirer le sang qu'on pourrait trouver n'est même
plus nécessaire, étant donné que le problème ne se pose que pour
des œufs fertilisés. Autrement, comme nous l'avons dit plus haut,
il n'y a même pas d'interdiction de consommer du sang d'un œuf),
tandis que le Sha''h ז״ל
tranche
que même la tache de sang est permise à la consommation si l’œuf
n'est pas fertilisé.9
Aujourd'hui,
de nombreux Pôsqim admettent qu'il n'y a plus de coq dans les
élevages de poulets puisque les poules ne s'accouplent plus mais
produisent tout de même des œufs. Par conséquent, ils défendent
que la règle est que si quelqu'un trouve une tache de sang dans un
œuf dont il s'est qu'il n'a pas été fertilisé, tout ce qu'il a à
faire est de retirer le sang, et le reste de l’œuf pourra être
consommé. Il n'est pas nécessaire de gaspiller inutilement des œufs
en les jetant comme font bon nombre de personnes.
Par
contre, dans les zones rurales où les œufs sont vendus à la ferme
ou le bord de la route, il est possible que les œufs que l'on achète
sont fertilisés. Dans ce cas, il sera préférable de vérifier que
l’œuf ne contient pas de sang, et s'il en contient la permissivité
de le consommer dépendra si la tache a été trouvé dans la
cicatricule ou le jaune d’œuf.
Si
on a fait des œufs durs sans les avoir vérifiés au préalable, il
reste permis de les consommer, étant donné que nous pouvons nous
appuyer sur le fait que l'écrasante majorité des œufs ne sont pas
fertilisés.10
Celui
qui trouve une tache de sang après qu'un œuf ait été cuit doit
simplement retirer la tache. Cela peut arriver lorsque le jaune d’œuf
est utilisé pour faire de la Halloh ou du pain.11
Mais l'aliment reste néanmoins permis à la consommation.
Il
est permis de consommer un œuf frit sans avoir inspecté au
préalable s'il contenait ou pas du sang. Cela est permis parce que
l'écrasante majorité des œufs ne contiennent pas de taches de
sang.12
Plusieurs
Pôsqim sont très clairs sur le fait qu'à notre époque, vérifier
les œufs à la recherche de taches de sang n'est rien d'autre qu'un
Minhogh (coutume), mais que cela n'est pas du tout requis par le Din
(la lettre de la loi).13
Par conséquent, s'il est trop difficile de les inspecter (par
exemple, parce que c'est la nuit), on peut cuire les œufs sans même
les avoir vérifiés.14
De même, si quelqu'un fait à manger pour une centaine de personnes,
qu'il fait sombre, ou si la nourriture est préparée dans un endroit
qui rend la vérification difficile, on n'a pas à vérifier les
œufs.15
1Cette
expression se réfère à la cicatricule ou blastoderme,
c'est-à-dire le disque de cellules apparaissant comme une tache
blanchâtre sur le vitellus de l’œuf (jaune d’œuf), d'où
seulement l'embryon est formé
2Selon
laquelle le sang doit être retiré et le reste de l’œuf peut
être mangé
3Sur
le Tigre, au Nord de Bagdad
4Un
maître de l'époque de la Mishnoh
5Yôréh
Dé´oh 66:2
6Voir
aussi le ´oroukh Hashoulhon 66:15-16
7Karithôth
21a
8Yôréh
Dé´oh 66:7
966:14
10Ramo''`
66:8 ; ´oroukh Hashoulhon 66:32
11´oroukh
Hashoulhon 66:32
12Ban
`ish Hoy, Tahorôth 2:8
13Wayvorékh
Dowidh, Yôréh Dé´oh 2:92
14Ibid.
15Ibid ;
Darkhé Môshah 8