ב״ה
Qui
sont les « Bané Ho`alôhim » et les « Nafilim » ?
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Dans
la Sidhroh de cette semaine suivant le cycle triennal, la Sidhroh de
« Zah Séfar Tôldhôth `odhom » (que vous pouvez
télécharger ici),
nous lisons un passage que beaucoup interprètent d'une façon plus
qu'étrange. Avant de nous parler du Déluge, la Tôroh rapporte les
raisons qui ont amené HaShem ית׳
à
faire tomber le Déluge et détruire les hommes et les animaux :
Baré`shith
6:1־4
|
Et
il arriva que lorsque l'homme commença à se multiplier sur la
face de la terre et que des filles leur naquirent, les fils des
`alôhim virent les filles de l'homme car elles étaient belles.
Et ils prirent pour eux des femmes parmi toutes celles qu'ils
avaient choisies. Et `adhônoy dit : « Mon esprit ne
combattra pas toujours dans l'homme ; puisqu'il est aussi de
chair, ses jours seront de cent vingt ans ». Et les
Nafilim furent sur la terre en ces jours־là,
et même après que les fils des `alôhim sont venus vers les
filles de l'homme et qu'elles engendraient pour eux. Ce sont les
forts qui depuis toujours sont les hommes de renom.
|
וַיְהִי
כִּי־הֵחֵל
הָאָדָם,
לָרֹב
עַל־פְּנֵי
הָאֲדָמָה;
וּבָנוֹת,
יֻלְּדוּ
לָהֶם.
וַיִּרְאוּ
בְנֵי־הָאֱלֹהִים
אֶת־בְּנוֹת
הָאָדָם,
כִּי
טֹבֹת הֵנָּה;
וַיִּקְחוּ
לָהֶם נָשִׁים,
מִכֹּל
אֲשֶׁר בָּחָרוּ.
וַיֹּאמֶר
יְהוָה,
לֹא־יָדוֹן
רוּחִי בָאָדָם לְעֹלָם,
בְּשַׁגַּם,
הוּא
בָשָׂר;
וְהָיוּ
יָמָיו,
מֵאָה
וְעֶשְׂרִים שָׁנָה.
הַנְּפִלִים
הָיוּ בָאָרֶץ,
בַּיָּמִים
הָהֵם,
וְגַם
אַחֲרֵי־כֵן
אֲשֶׁר יָבֹאוּ בְּנֵי הָאֱלֹהִים
אֶל־בְּנוֹת
הָאָדָם,
וְיָלְדוּ
לָהֶם:
הֵמָּה
הַגִּבֹּרִים אֲשֶׁר מֵעוֹלָם,
אַנְשֵׁי
הַשֵּׁם
|
Beaucoup
comprennent l'expression בְּנֵי־הָאֱלֹהִים
« Bané
Ho`alôhim » comme voulant littéralement « les fils de
Dieu » et se référant à des anges ou d'autres êtres
célestes. Ils s'imaginent donc que des anges ou êtres célestes ont
commencé à avoir des rapports sexuels avec les filles des êtres
humains. Ils interprètent également le terme נְפִלִים
« Nafilim »,
de la racine נפל
qui
signifie « tomber », comme se référant aux enfants nés
de l'union entre ces anges « déchus » (anges qui sont
tombés, qui ont été chassés, des cieux)) et les êtres humains,
enfants qui devinrent des « géants ». Tout cela n'est
que pure mythologie !
L'écrasante
majorité des commentateurs de l'ère des Ri`shônim interprètent
l'expression « Bané Ho`alôhim », non pas comme les fils
de Dieu, mais par « les membres de la noblesse », « les
membres de la classe supérieure » de la société (ceux qui
étaient puissants), ou « les juges ». Nous voyons dans
la Tôroh que très souvent lorsque l'expression « Bané »
(les fils de) est employée, cela se réfère aux membres d'un
groupe, d'une caste de la société, et non pas littéralement aux
fils de quelqu'un. Par exemple, l'expression בְּנֵי
הַנְּבִיאִים « Bané
Hannavi`im », qui signifie littéralement « les fils des
Prophètes », désigne tout simplement les élèves qui
étudiaient dans les écoles des Prophètes, et non pas littéralement
leurs fils. De même, contrairement à ce que certains peuvent
penser, le terme « `alôhim » n'est pas exclusivement
employé pour désigner Dieu. Tout au long du TaNa''kh, on l'emploie
aussi pour se référer aux juges, aux hommes d'autorité, ainsi
qu'aux faux dieux. C'est ainsi que la Tôroh rapporte ceci1 :
Et
`adhônoy dit à Môshah : « Vois, Je fais de toi
`alôhim pour Pharaon, et `aharôn sera ton prophète ».
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וַיֹּאמֶר
יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה,
רְאֵה
נְתַתִּיךָ אֱלֹהִים לְפַרְעֹה;
וְאַהֲרֹן
אָחִיךָ,
יִהְיֶה
נְבִיאֶךָ
|
Est-ce
que cela signifie qu'HaShem à fait de Môshah Rabbénou ע״ה
un
« dieu » pour Pharaon ? Absolument pas ! Le
terme « `alôhim » se comprend ici par « position
d'autorité ». HaShem plaça Môshah Rabbénou en position
d'autorité sur Pharaon, tandis que `aharôn ע״ה serait son porte-parole
(car Môshah Rabbénou avait des difficultés à s'exprimer). De
même, Dowidh Hammalakh ע״ה
écrit
ceci2 :
אֱלֹהִים,
נִצָּב
בַּעֲדַת-אֵל;
בְּקֶרֶב
אֱלֹהִים יִשְׁפֹּט
« `alôhim
Se tient dans l'assemblée divine ; au milieu des `alôhim Il
juge ».
Le premier « `alôhim » se réfère à HaShem, tandis que
le deuxième se réfère aux juges. Ce verset se comprend donc par
« Dieu Se tient dans l'assemblée divine ; au milieu des
juges Il juge ». Et tout le contexte du Tahillim
82
démontre que l'on parle de juges humains, à qui Dieu demande plus
qu'aux autres hommes, car en tant que juges ils sont Ses
représentants sur terre. (C'est d'ailleurs pour cela que le terme
« `alôhim » s'emploie pour toute personne en position
d'autorité.) Mais au lieu de cela, les juges se sont corrompus et
ont refusé de juger avec justice, et se comportent comme n'importe
lequel des hommes sans intelligence. C'est pour cela que le Tahillim
82 se termine par une exhortation que Dieu seul nous juge et
débarrasse le peuple d'Israël des juges corrompus. Il y a un très
grand nombre de cas où « `alôhim » n'est pas utilisé
en référence à Dieu, mais aux juges, aux hommes en position
d'autorité, ainsi qu'aux faux dieux.
Une
croyance en des « anges déchus » qui auraient eu des
rapports sexuels avec des êtres humains est une expression
supplémentaire de la fantaisie humaine. Car si quelqu'un engageait
sa raison, il saurait qu'il ne peut y avoir aucun contact physique
entre un ange métaphysique et un être humain. Cette erreur provient
d'une dichotomie : la capacité que l'homme a de séparer la
religion de la raison. Lorsqu'on fait cela, il devient impossible
d'avoir une approche raisonnée et rationnelle. En fait, plus on
croit sans preuves, plus les gens se sentent « religieux ».
Or, le Judaïsme pense différemment. HaShem désire que l'homme
engage sa raison aussi bien dans le monde naturel que dans sa vie
religieuse. Car ce n'est que par la sagesse que nous découvrons les
merveilles que le Créateur a placées dans la nature et la Tôroh.
Ce n'est que par la sagesse que nous nous rendrons compte de notre
faculté unique à raisonner, de notre faculté unique de
l'intelligence, et que nous atteindrons une plus grande appréciation
pour le Créateur.
Que
veut-on dire par « Bané Ho`alôhim » et « Nafilim » ?
Voici comment le Targoum `ônqalôs traduit les passages
susmentionnés (et je vous rappelle que le Targoum `ônqalôs était
la traduction araméenne officielle de toutes les Synagogues de `aras
Yisro`él dans les temps mishnaïques et talmudiques. De ce fait, il
reflète la manière dont la Tôroh était réellement comprise par
nos Sages) :
Et ce fut
lorsque les fils des hommes commencèrent à se multiplier sur la
terre, et que des filles leurs naquirent, que les fils des
puissants virent les filles des hommes qu'elles étaient belles,
et prirent pour eux des femmes de toutes celles qui leur
plaisaient. Et `adhônoy dit : « Cette génération
mauvaise ne se tiendra pas devant Moi pour toujours, parce qu'ils
sont chair, et leurs œuvres sont mauvaises. Un terme3
leur sera donné, cent vingt ans, s'ils peuvent être ramenés ».
Des forts étaient sur terre en ces jours-là ; et aussi
lorsque, après que les fils des puissants étaient venus vers les
filles des hommes, il naquit d'elles des forts qui, depuis
toujours, furent des hommes de renom.
|
וַהֲוָה
כַּד שָׁרִיאוּ בְּנֵי אֲנָשָׁא,
לְמִסְגֵּי
עַל אַפֵּי אַרְעָא;
וּבְנָתָא,
אִתְיְלִידָא
לְהוֹן.
וַחֲזוֹ
בְּנֵי רַבְרְבַיָּא יָת בְּנָת
אֲנָשָׁא,
אֲרֵי
שַׁפִּירָן אִנִּין;
וּנְסִיבוּ
לְהוֹן נְשִׁין,
מִכֹּל
דְּאִתְרְעִיאוּ.
וַאֲמַר
יְיָ,
לָא
יִתְקַיַּם דָּרָא בִּישָׁא הָדֵין
קֳדָמַי לְעָלַם,
בְּדִיל
דְּאִנּוּן בִּסְרָא,
וְעוֹבָדֵיהוֹן
בִּישִׁין;
אַרְכָּא
יְהִיב לְהוֹן,
מְאָה
וְעַסְרִין שְׁנִין אִם יְתוּבוּן.
גִּבָּרַיָּא
הֲווֹ בְּאַרְעָא,
בְּיוֹמַיָּא
הָאִנּוּן,
וְאַף
בָּתַר כֵּין דְּעָאלִין בְּנֵי
רַבְרְבַיָּא לְוָת בְּנָת אֲנָשָׁא,
וְיָלְדָן
לְהוֹן:
אִנּוּן
גִּבָּרַיָּא דְּמֵעָלְמָא,
אֲנָשִׁין
דִּשְׁמָא
|
Il
n'y a aucun ange là-dedans, ni êtres célestes, et il est clair que
l'on parle d'êtres humains de chair et de sang ! Les « Bané
Ho`alôhim » sont les fils des hommes puissants. Dans son
commentaire sur ce passage, Rash''i ז״ל
nous
explique d'ailleurs ceci :
Les Bané
Ho`alôhim : Les fils des princes et des juges. Autre
explication : les Bané Ho`alôhim sont les princes qui vont
en tant qu'émissaires de l'Omniprésent. Eux aussi se sont
mélangés avec eux. Toutes les fois que l'on trouve dans
l’Écriture le mot « `alôhim », il y a un sens de
« suprématie ». En voici la preuve : « tu
seras pour lui un `alôhim »4,
ou bien : « Vois ! Je fais de toi `alôhim »5.
|
בְּנֵי
הָאֱלֹהִים. בְּנֵי
הַשָּׂרִים וְהַשּׁוֹפְטִים.
דָּבָר
אַחֵר בְּנֵי הָאֱלֹהִים הֵם הַשָּׂרִים
הַהוֹלְכִים בִּשְׁלִיחוּתוֹ שֶׁל
מָקוֹם אַף הֵם הָיוּ מִתְעָרְבִין
בָּהֶם.
כָּל
אֱלֹהִים שֶׁבַּמִּקְרָא לָשׁוֹן
מָרוּת וְזֶה יוֹכִיחַ אַתָּה תִהְיֶה
לוֹ לֵאלֹהִים.
רְאֵה
נְתַתִּיךָ אֱלֹהִים
|
Nous
ne pouvons être plus clair que cela, qu'il n'y a aucune connotation
de divinité dans ce passage. On parlait simplement des fils des
princes et des juges, d'hommes d'autorité qui étaient censés
représenter la justice de Dieu sur terre ! Ils se sont
corrompus et se sont mélangés aux impies. Même ces gens d'autorité
se sont corrompus, alors que plus que n'importe qui, ils auraient dû
se conduire avec justice et faire appliquer la justice sur terre. La
raison pour laquelle HaShem nous en parle, c'est afin que l'on
comprenne bien pourquoi Il a détruit le monde par le Déluge.
L'humanité s'était corrompue à un tel point que même ceux qui
avaient été désignés pour faire appliquer la justice et punir les
criminels et les impies avaient corrompu leurs voies. Dans un tel
monde où la justice ne peut plus du tout être appliquée et dans
lequel plus aucun crime ne peut être puni, il n'y a pas d'autre
recours que l'annihilation. Mais néanmoins, HaShem, dans Son
incroyable bonté, accorda un délai avant d'exterminer le monde :
il accorda aux êtres humains cent vingt ans pour qu'ils se
repentent ! Beaucoup de gens croient faussement que lorsque la
Tôroh parle de cent vingt ans, c'est la limite d'âge que HaShem
imposa aux hommes, alors que le Targoum (ainsi que Rash''i ז״ל,
le Rashba''m ז״ל,
le `ibn ´azro` ז״ל,
et beaucoup d'autres Ri`shônim) explique clairement que cela
signifie simplement qu'HaShem accorda un délai de cent vingt ans aux
hommes afin qu'ils se repentent. C'est au bout de ces cent vingt ans,
s'ils ne s'étaient pas repentis, qu'Il appliquerait le décret
d'extermination ! C'est la grande bonté d'HaShem ! Mais
les hommes ne se sont pas repentis. Interpréter « Bané
Ho`alôhim » comme se référant à des anges n'a aucun sens
avec tout le contexte de ce passage ! Et lorsque la Tôroh dit
qu'ils se choisirent des femmes parmi les « fils des hommes »,
c'est un euphémisme pour dire qu'ils violaient ou prenaient comme
bon leur semblait les filles des hommes simples, démunis, sans
pouvoir, et avaient un appétit sans borne. Il n'y avait plus de
justice, et ils faisaient tout ce qu'ils voulaient, sans aucune
limite.
Qu'en
est-il des « Nafilim » ? La plupart des gens
interprètent ce terme comme désignant les anges déchus, qui ont
été précipités des cieux pour avoir eu des rapports sexuels avec
les filles des êtres humains. Mais cela ne se peut pas.
Premièrement, les anges ne sont ps physiques, et de ce fait, aucune
connotation physique telle que la localisation ou la chute ne peut
s'appliquer à eux. Deuxièmement, la Tôroh est claire sur le fait
que les « Nafilim » étaient déjà sur terre en ces
temps-là, et qu'ils continuèrent à être là même après que les
« Bané Ho`alôhim » (c'est-à-dire les fils des juges et
des princes) commencèrent à s'en prendre aux filles des hommes
simples. De ce fait, il ne se peut pas qu'il s'agisse des anges ayant
eu des rapports avec des êtres humains. Les Sages nous disent qu'il
s'agit tout simplement d'hommes à la carrure si impressionnante (ils
étaient robustes et très forts) que rien que les voir amenaient les
cœurs des gens « à tomber », c'est-à-dire à être
terrifiés. Raison pour laquelle le Targoum traduit « Nafilim »
par גִּבָּרַיָּא
« Gibborayo` »,
c'est-à-dire « les forts », ceux qui étaient de forte
corpulence et dotés d'une force physique impressionnante. (Notez que
ni la Tôroh, ni le Targoum, ne parle de « géants ». Il
s'agissait juste d'hommes de corpulence impressionnantes.) Ils
terrorisaient les gens et faisaient répandre la violence. En nous
disant qu'ils continuèrent à être là même après que les fils
des princes et des juges se débauchèrent, la Tôroh veut nous dire
qu'ils continuèrent à commettre leurs méfaits en toute impunité,
puisque dorénavant, ils n'avaient rien à redouter des juges et des
princes, qui ne faisaient de toute façon plus appliquer le droit et
la justice, mais étaient autant corrompus et débauchés que tous
les autres !
Tout
cela ajoute à notre compréhension du Déluge, l'histoire qui sera
rapportée dans la Sidhroh de la semaine prochaine. Car ce fut la
grande stature d'autorité des hommes qui contribua au sentiment
d'impunité dont il croyait pouvoir jouir, ainsi que son appétit
débridé pour le sexe, la richesse et le pouvoir, au point que les
hommes prenaient de force ce qui étaient aux autres (leurs filles,
leurs femmes, leurs biens, etc.).
Mis
bout à bout, tout cela a du sens, contrairement à cette
compréhension infantile et mythologique selon quoi des anges déchus
auraient eu des rapports sexuels avec des êtres humains,
compréhension qui n'est pas soutenue par HaZa''l,
les Ri`shônim, et encore moins par la sage Tôroh d'HaShem !
En
outre, nous savons que les anges sont entièrement spirituels, et
tous disent que contrairement à nous, les anges ne sont pas dotés
de libre-arbitre. S'il en est ainsi, comment peut-on croire que des
anges aient pu avoir des désirs pour des femmes humaines, avoir des
relations sexuelles avec elles, et désobéir à HaShem ? Cela
ne tient pas la route ! Nos Sages ont clairement expliqué que
dans les mondes spirituels, il n'y avait pas de libre-arbitre, ni de
désirs, ni rien que ce soit associé à des actes physiques. C'est
ainsi que nos Sages ont, par exemple, affirmé que dans les mondes
spirituels, les notions de s'asseoir ou se lever n'existaient pas. Le
physique n'est lié qu'aux gens de ce monde, et il n'y a rien de
compatible entre des êtres métaphysiques comme les anges et des
êtres physiques comme les êtres humains !
Les
gens devraient faire attention avant d'accepter n'importe quelle
explication ou commentaire, et ne pas oublier de sortir leur raison
du placard !
1Shamôth
7:1
2Tahillim
82:1
3Ou
« une longueur »
4Shamôth
4:16, en référence à Môshah Rabbénou, qui aura autorité
sur Pharaon. On voit bien que cela ne veut pas dire que Môshah
Rabbénou était un « dieu »
5Shamôth
7:1, là encore en référence à Môshah Rabbénou, qui sera en
position d'autorité sur Pharaon