ב״ה
Est-il
permis d'offrir ou de laisser une Mazouzoh à un Gôy ?
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Le
Mahari''l
ז״ל
écrit
qu'on ne doit pas offrir de Mazouzoh à un Gôy, et c'est également
l'opinion suivie par le Ramo''`1
ז״ל.
Toutefois,
le Ramo''` écrit que dans le cas où refuser de céder une Mazouzoh
à un Gôy pourrait vexer ce dernier, il est alors permis de lui
céder la Mazouzoh, et le Ba`ér Shova´'2
ז״ל
(Rabbi
Issachar Baer Eilenburg ban Israël Leyser, 1570-1623) appuie ce
Pasaq en se basant sur un cas mentionné dans le Talmoudh Yarousholmi
où Rébbi Yahoudhoh Hannosi` ז״ל
a
offert une Mazouzoh à un Gôy pour le remercier du cadeau que ce
dernier lui avait fait. Le Ba`ér Shova´' va même plus loin et
explique que de ce cas mentionné dans le Yarousholmi on apprend que
même lorsqu'il n'y a pas de risque de vexer un Gôy il est permis de
lui offrir une Mazouzoh. C'est également ce qu'ont écrit Horov
Môshah Feinstein3
et le Divré
Yasiv4.
De
même, le Go`ôn
de Wilno` ז״ל
mentionne
le cas de Rébbi Yahoudhoh Hannosi` rapporté dans le Yarousholmi et
tranche que rien n'interdit à un Israélite d'offrir une Mazouzoh à
un Gôy ou à un Gôy d'acheter et accrocher une Mazouzoh aux portes
de sa maison. Le Ya`avés5
ז״ל
tranche
comme le Go`ôn de Wilno`.
Trois
raisons sont invoquées par ceux qui interdisent à un Israélite
d'offrir une Mazouzoh à un Gôy ou encore à un Gôy d'acquérir une
Mazouzoh :
- le Gôy pourrait ne pas traiter la Mazouzoh avec le respect approprié
- le Gôy pourrait utiliser la Mazouzoh comme une amulette
- les gens pourraient croire que ce Gôy est un Israélite en voyant la Mazouzoh à sa porte et cette confusion pourrait mettre en danger des Israélites.
Par
conséquent, certains disent que si ce Gôy sait ce que représente
la Mazouzoh, qu'il s'engage à la traiter avec respect et qu'il est
connu qu'il a du respect pour la foi d'Israël bien qu'il ne soit pas
Israélite, rien n'interdit au niveau de la Halokhoh qu'il possède
une Mazouzoh. Quant à l'argument selon quoi il pourrait mettre en
danger des Israélites en plaçant une Mazouzoh à sa porte, cet
argument est basé sur une certaine interprétation d'un passage
talmudique qui apparaît dans le traité Manohôth
43. Bon nombre de commentateurs font remarquer que cette raison
ne s'applique plus du tout à notre époque, voire même que ce n'est
pas tout à fait ce qu'enseigne ce passage talmudique (d'autres
lectures de ce passage existent). Enfin, concernant la deuxième
raison invoquée, il convient de signaler que de nombreux Juifs
eux-mêmes traitent la Mazouzoh comme une amulette !
À
notre époque, bon nombre de Rabbins reconnaissent qu'il n'est pas
interdit pour un Gôy de posséder chez lui une Mazouzoh, surtout
lorsqu'il est un craignant Dieu. Mais ils le découragent afin que la
personne ne soit pas confondue avec un Juif. Mais cette raison
n'apparait nul part dans les textes halakhique. Il n'a jamais été
dit que pour se distinguer d'un Juif, un Gôy ne pourrait pas
posséder de Mazouzoh.
Tous
ceux qui sont rituellement impurs, même [les femmes] Niddoth, et
même des Gôyim, peuvent tenir un Séfar Tôroh et lire dedans,
car les paroles de Tôroh ne contractent pas d'impureté. Et c'est
à condition que leurs mains ne soient pas souillées ou sales
avec de la boue, auquel cas ils se laveront les mains et seulement
après ils le toucheront.
|
כָּל
הַטְּמֵאִים,
אַפִלּוּ
נִדּוֹת,
וְאַפִלּוּ
גּוֹיִים--מֻתָּרִין
לֶאֱחֹז סֵפֶר תּוֹרָה,
וְלִקְרוֹת
בּוֹ:
שְׁאֵין
דִּבְרֵי תּוֹרָה מְקַבְּלִין טֻמְאָה.
וְהוּא
שֶׁלֹּא יִהְיוּ יְדֵיהֶם מְטֻנָּפוֹת,
אוֹ
מְלֻכְלָכוֹת בְּטִיט;
אֵלָא
יִרְחֲצוּ יְדֵיהֶם,
וְאַחַר
כָּךְ יִגְּעוּ בּוֹ
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Nous
voyons donc déjà ici qu'un Gôy a parfaitement le droit de
manipuler des objets sacrés du Judaïsme, comme par exemple un Séfar
Tôroh (qui est l'objet le plus saint du Judaïsme), pour la simple
raison que les paroles de Tôroh ne peuvent pas devenir impures (d'où
le fait que même une femme Niddoh peut toucher un Séfar Tôroh et
même lire dedans), exactement comme des Sisith, qui ne
contractent elles aussi jamais d'impureté. Et une Mazouzoh contient
des paroles de Tôroh. De ce fait, rien n'interdit à un Gôy de
manipuler une Mazouzoh. Et c'est évidemment à la condition qu'il
traite l'objet saint avec respect (il doit avoir les mains propres,
non souillées, etc.).
Quelques
chapitres auparavant, le Ramba''m avait écrit ceci7 :
Quand
quelqu'un loue une maison à son coreligionnaire, celui qui loue
doit obtenir une Mazouzoh et la fixer, même s'il doit aller
jusqu'à payer pour qu'elle soit fixée, car la Mazouzoh est une
obligation qui incombe au résident et non pas à la maison. Et
quand il quitte [la demeure], il ne doit pas l'emporter avec lui
et s'en aller. Et si la maison appartient à un Gôy, il doit la
retirer quand il s'en ira.
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הַמַּשְׂכִּיר
בַּיִת לַחֲבֵרוֹ--עַל
הַשּׂוֹכֵר לְהָבִיא מְזוּזָה וְלִקְבֹּעַ
אוֹתָהּ,
אַפִלּוּ
הָיָה נוֹתֵן שָׂכָר עַל קְבִיעָתָהּ:
מִפְּנֵי
שֶׁהַמְּזוּזָה חוֹבַת הַדָּר הִיא,
וְאֵינָהּ
חוֹבַת הַבַּיִת.
וְכִשְׁהוּא
יוֹצֶא,
לֹא
יִטְּלֶנָּה בְּיָדוֹ וְיֵצֵא;
וְאִם
הָיָה הַבַּיִת לְגוֹי,
הֲרֵי
זֶה נוֹטְלָהּ כְּשֶׁיֵּצֵא
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Beaucoup
pensent comprendre de la fin de cette Halokhoh qu'il est donc
interdit de laisser à un Gôy une Mazouzoh lorsqu'on déménage mais
ce n'est pas du tout ce que dit le Ramba''m ici. Comme l'ont fait
remarquer tous les commentateurs du Mishnéh Tôroh, ce n'est QUE
dans le ca où on peut soupçonner que le Gôy ne traitera pas avec
respect la Mazouzoh que l'Israélite avait fixée à sa porte quand
il occupait encore les lieux qu'il lui est interdit de la laisser,
non pas pour que le Gôy ne puisse pas la garder mais par respect
pour la Mazouzoh. Ainsi, rien n'interdit au Gôy d'avoir la Mazouzoh
ou à l'Israélite de laisser la Mazouzoh au Gôy. Ce n'est pas une
question d'être Israélite ou Gôy ; c'est une question de
respect pour la Mazouzoh, qui contient le nom de Dieu. La règle est
qu'un Israélite qui déménage DOIT laisser la Mazouzoh de sa
porte d'entrée. Si le propriétaire de la maison ou de l'appartement
qu'il louait est un Gôy qu'on ne peut pas soupçonner de manquer du
respect à la Mazouzoh, on peut la laisser et s'en aller. Si on le
soupçonne de manquer de respect pour la foi d'Israêl et qu'il est
susceptible de retirer la Mazouzoh ou de la profaner, on DOIT
alors la retirer et s'en aller avec.
Et
d'ailleurs, il existe beaucoup de Gôyim à New-York qui vivent dans
des maisons ou appartements ayant appartenu à des Juifs, et ces
Gôyim ont laissé les Mazouzôth de la porte d'entrée que les
anciens occupants Juifs avaient laissées en partant (vous pouvez
notamment lire cet article du New York Times rédigé en 2010 :
http://www.nytimes.com/2010/09/18/nyregion/18mezuzahs.html?_r=0).
Et il n'y a pas de problème avec cela et tous les Rabbins sont
d'accord pour dire qu'ils peuvent les garder, tant qu'ils les
traitent avec respect. Preuve que rien, au niveau de la Halokhoh,
n'interdit à un Gôy de posséder une Mazouzoh et c'est également
la preuve qu'interdire à un Gôy de posséder une Mazouzoh parce
qu'il pourrait être confondu avec un Juif n'est pas un argument
recevable. Si c'est le cas pour un Gôy, à combien plus forte raison
pour un Ban Nôah !
1Yôréh
Dé´oh 291
236
3`iggarôth
Môshah, Yôréh Dé´oh 1:184
4191,
Section 21
5Volume
1, n°122
6Hilkôth
Tafillin Oumazouzoh Waséfar Tôroh 10:8
7Ibid.,
5:11