vendredi 3 juin 2016

La Paroshoh avec le Ramba''m : Bahouqqôthay

ב״ה

La Paroshoh avec le Ramba''m

Parashath Bahouqqôthay


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La Parashath Bahouqqôthay, qui est la dernière du Séfar Wayyiqro`, se conclut par l'énonciation de nombreuses lois relatives au domaine du הֶקְדֵּשׁ « Haqdésh », la consécration de ses biens pour le trésor du Béth Hammiqdosh ou de son animal en guise de Qorbon. Parmi les Halokhôth qui nous sont présentées dans ce contexte on retrouve celle de la תְּמוּרָה « Tamouroh », l'interdiction de tenter de « remplacer » un animal que l'on avait consacré pour qu'il serve de Qorbon.1 La Tôroh stipule qu'une fois que quelqu'un a consacré un de ses animaux, il lui est interdit de déclarer par la suite qu'il transfère ce statut de consécration à un animal différent de celui qui avait été consacré à l'origine. S'il fait une telle déclaration, il a transgressé une interdiction de la Tôroh et les deux animaux reçoivent alors le statut de Haqdésh.

Le Ramba''m ז״ל s'étend sur les détails relatifs à cette interdiction dans les Hilkôth Tamouroh de son Mishnéh Tôroh, une partie qu'il conclut en proposant une explication astucieuse de la raison cachée derrière cette interdiction. Dans ce contexte il traite également d'une autre Halokhoh mentionnée dans notre Paroshoh de la semaine, à savoir que si quelqu'un cherche à « racheter » un objet consacré il doit payer une « surtaxe » de 20% au trésor du Béth Hammiqdosh. Ainsi, si quelqu'un consacre un certain objet et souhaite ensuite le retirer de la propriété du trésor du Béth Hammiqdosh, il doit payer la valeur de l'objet plus 20% supplémentaires de cette valeur. Le Ramba''m considère que cette disposition à le même but que l'interdiction de Tamouroh. Il écrit ceci2 :

15. Il me semble que ce qui est dit dans l’Écriture, « lui et son remplaçant seront saints »3, partage un but commun avec ce qui est dit [dans le verset]4 : « Mais si le consécrateur veut racheter sa maison, il ajoutera un cinquième en sus du prix estimé ». La Tôroh est descendue au fond de la pensée de l'homme et de l'étendue de son mauvais penchant, car la nature humaine penche vers l'augmentation de ses possessions et attache de l'importance à son argent. Et bien qu'il ait fait un vœu ou ait consacré [quelque chose], il est possible qu'il se rétracte, change d'avis et le rachète pour moins que sa valeur. C'est pourquoi la Tôroh déclare que s'il le rachète pour lui, il doit ajouter un cinquième.
טו  יֵרָאֶה לִי שֶׁזֶּה שֶׁאָמַר הַכָּתוּב "וְהָיָה-הוּא וּתְמוּרָתוֹ יִהְיֶה-קֹּדֶשׁ", כְּעִנְיַן שֶׁאָמַר "וְאִם-הַמַּקְדִּישׁ--יִגְאַל, אֶת-בֵּיתוֹ: וְיָסַף חֲמִישִׁית כֶּסֶף-עֶרְכְּךָ, עָלָיו". יָרְדָה תּוֹרָה לְסוֹף מַחְשֶׁבֶת הָאָדָם, וּקְצַת יִצְרוֹ הָרַע--שֶׁטִּבְעוֹ שֶׁלָּאָדָם נוֹטֶה לְהַרְבּוֹת קִנְיָנוֹ, וְלָחוּס עַל מְמוֹנוֹ, וְאַף עַל פִּי שֶׁנָּדַר וְהִקְדִּישׁ, אִפְשָׁר שֶׁחָזַר בּוֹ וְנִחַם וְיִפְדֶּה בְּפָחוּת מִשָּׁוְיוֹ; אָמְרָה תּוֹרָה אִם פָּדָה לְעַצְמוֹ, יוֹסִיף חֹמֶשׁ
16. De même, s'il a consacré un animal au point que son corps soit consacré, il pourrait se rétracter. Et puisqu'il ne peut le racheter, il pourrait en arriver à l'échanger par [un animal d']une qualité inférieure. Si on lui accordait le droit d'échanger [un animal de] mauvaise qualité par [un animal de] bonne qualité, il pourrait [également] en arriver à échanger [un animal de] bonne qualité par [un animal de] mauvaise qualité en prétendant qu'il est [de] bonne qualité. C'est pourquoi l’Écriture a bloqué [cette option] devant lui afin qu'il ne puisse pas échanger et lui a imposé une amende s'il a échangé et qu'elle a dit : « lui et son remplaçant seront saints »
טז  וְכֵן אִם הִקְדִּישׁ בְּהֵמָה קְדֻשַּׁת הַגּוּף, שֶׁמֶּא יַחְזֹר בּוֹ; וְכֵיוָן שְׁאֵינוּ יָכוֹל לִפְדּוֹתָהּ, יַחְלִיפֶנָּה בִּפְחוּתָה מִמֶּנָּה, וְאִם תִּתֵּן לוֹ רְשׁוּת לְהַחְלִיף הָרַע בַּיָּפֶה, יַחְלִיף הַיָּפֶה בָּרַע וְיֹאמַר טוֹב הוּא. לְפִיכָּךְ סָתַם הַכָּתוּב בְּפָנָיו, שֶׁלֹּא יַחְלִיף, וּקְנָסוֹ אִם הִחְלִיף, וְאָמַר: וְהָיָה-הוּא וּתְמוּרָתוֹ יִהְיֶה-קֹּדֶשׁ

D'après le Ramba''m, ces deux Halokhôth (la surtaxe de 20% lorsqu'on réclame un bien que l'on avait pourtant consacré, et l'interdiction de Tamouroh) servent de protection contre la rétractation trop répandue des vœux ou promesses que l'on fait. La Tôroh s'est rendu compte qu'après avoir consacré un bien l'être humain a tendance à regretter sa décision en reconsidérant la perte que cela lui cause. Elle a par conséquent pénalisé celui qui souhaite récupérer l'objet qu'il avait consacré, et a interdit de tenter de remplacer un animal destiné à servir de Qorbon par un animal d'une qualité inférieure.

On pourrait se demander, à première vue, pourquoi la Tôroh a cherché à décourager les gens de résilier leur décision de consacrer un animal ou tout autre objet. Si quelqu'un a volontairement choisi de consacrer ce qui lui appartenait, pourquoi ne pourrait-il pas avoir le droit de le racheter, même pour une valeur inférieure ? Puisque le geste initial était volontaire, pourquoi devrait-il être pénalisé ?

Le Ramba''m répond à cette question dans la Halokhoh suivante, où il écrit ceci5 :

Toutes ces choses servent à soumettre son penchant et corriger ses traits de caractère. La majorité des règles de la Tôroh ne sont rien d'autre que des conseils donnés de loin de la part de Celui qui est de grand conseil, pour corriger les traits de caractère et rendre droite la conduite [de l'homme]. C'est ainsi qu'il est dit6 : « N'est-ce pas à ton intention que j'ai consigné par écrit d'importantes maximes, en fait de bons conseils et d'expérience, pour t'apprendre la véracité des paroles de vérité et te permettre de présenter fidèlement les choses à ceux qui t'envoient? »
וְכָל אֵלּוֹ הַדְּבָרִים--כְּדֵי לָכֹף יִצְרוֹ, וּלְתַקַּן דֵּעוֹתָיו. וְרוֹב דִינֵי תּוֹרָה אֵינָן אֵלָא עֵצוֹת מֵרָחוֹק מִגְּדוֹל הַעֵצָה, לְתַקַּן הַדֵּעוֹת וּלְיַשַּׁר כָּל הַמַּעֲשִׂים; וְכֵן הוּא אוֹמֵר: הֲלֹא כָתַבְתִּי לְךָ, שָׁלִשִׁים--בְּמֹעֵצוֹת וָדָעַת. לְהוֹדִיעֲךָ--קֹשְׁטְ, אִמְרֵי אֱמֶת; לְהָשִׁיב אֲמָרִים אֱמֶת, לְשֹׁלְחֶיךָ

Ces Halokhôth font partie du programme mis en place par la Tôroh pour assister l'être humain dans la domination de ses tendances instinctives négatives. Dans ce cas-ci, la Tôroh cherche à combattre la tendance naturelle poussant à l'avidité et la réticence à renoncer à ses biens. Même si, intrinsèquement, il semblerait légitime que quelqu'un regrette sa décision d'abandonner son droit de propriété sur un certain objet et de le donner au Béth Hammiqdosh, la Tôroh exhorte l'homme à se tenir à son engagement dans le cadre de son objectif général qui est de nous aider à dominer notre nature trop possessive.

1Wayyiqro` 27:10, 33
2Hilkôth Tamouroh 4:15-16
3Wayyiqro` 27:10, 33
4Ibid., verset 15
5Hilkôth Tamouroh 4:17

6Mishlé 22:20-21
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