ב״ה
Parashath
Baha´alôthakho
Un
des messages de la Manôroh
La
Paroshoh de cette semaine contient la Miswoh
de l'allumage de la Manôroh. Sur les mots הֶעֱלָה
נֵרֹתֶיהָ « il
alluma ses lampes »1,
le Sifri commente qu'à partir de l'emploi du terme הֶעֱלָה
« Ha´aloh »,
qui signifie littéralement « il
fit monter »,
nous apprenons que `aharôn Hakkôhén ע״ה
a construit un escabeau,
qui était placé devant la Manôroh, sur lequel il devait monter
pour allumer la Manôroh.
L'escabeau
est en fait explicitement mentionné dans la Mishnoh2.
Il y est dit qu'il y avait une grosse pierre devant la Manôroh dotée
de trois marches sur laquelle `aharôn devait monter afin d'allumer
la Manôroh.
Que
le Sifri et la Mishnoh attirent notre attention sur cet escabeau
indique qu'il y a quelque chose d'important concernant cet objet, qui
va au-delà de sa fonction pratique. En outre, le fait que monter sur
cet escabeau soit essentiel avant de pouvoir allumer la Manôroh
indique une relation entre l'escabeau et la Manôroh.
Rash''i
ז״ל,
dans son commentaire sur le deuxième verset de notre Paroshoh de la
semaine, cite un célèbre Midhrosh qui explique que le chapitre
relatif à l'allumage de la Manôroh fut placé après celui relatif
aux offrandes apportées par les princes d'Israël pour la raison
suivante :
Parce
que `aharôn, lorsqu’il a assisté à l’inauguration par les
princes, s’est affligé de ne pas avoir été avec eux, ni lui
ni sa tribu. Le Saint, béni soit-Il, lui a alors dit : « Par
ta vie ! Ta part est plus grande que la leur ! Car c’est
toi qui allumeras et entretiendras les lumières ».
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לְפִי
שֶׁכְּשָׁרָאה אַהֲרֹן חֲנֻכַּת
הַנְּשִׂיאִים חָלְשָׁה אָז דַּעְתּוֹ,
שֶׁלֹּא
הָיָה עִמָּהֶם בַּחֲנֻכָּה לֹא הוּא
וְלֹא שִׁבְטוֹ.
אָמַר
לוֹ הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא:
חַיֶּיךָ,
שֶׁלְּךָ
גְּדוֹלָה מִשֶּׁלָּהֶם,
שֶׁאַתָּה
מַדְלִיק וּמֵיטִיב אֶת הַנֵּרוֹת
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Ce
Midhrosh explique que la part de `aharôn est supérieure à celle
des princes d'Israël, car ces derniers n'ont apporté que des
sacrifices, qui prendront fin avec la destruction du Béth
Hammiqdosh, alors que lui méritera d'accomplir un acte qui sera
éternel, à savoir allumer la Manôroh. Tous les commentateurs se
demandent donc ce que veut dire Rash''i (ou plus exactement, le
Midhrosh) par le fait que l'allumage de la Manôroh sera éternelle.
En effet, l'allumage de la Manôroh, comme les sacrifices, faisait
partie des activités qui dépendaient de l'existence du Béth
Hammiqdosh. Puisque le Béth Hammiqdosh a été détruit, nous
n'avons également plus la Miswoh
de l'allumage de la Manôroh, tout comme nous n'avons plus celle
d'apporter des sacrifices. Que veut donc dire Rash''i/le Midhrosh ?
Nous
connaissons la réponse classique rapportée par le Ramba''n ז״ל
selon quoi on doit
comprendre cela comme se référant à l'allumage de la Manôroh de
Hanoukkoh,
dont le précepte est d'application encore aujourd'hui et ne dépend
pas de l'existence du Béth Hammiqdosh. Mais d'autres commentateurs
proposent une interprétation différente : la Manôroh
symbolise la Tôroh, comme il est écrit כִּי
נֵר מִצְוָה,
וְתוֹרָה
אוֹר « car
une Miswoh
est une lampe et la Tôroh une lumière ».3
Et la Tôroh est le guide, le manuel, de l'existence du peuple juif.
C'est y adhérer qui fait de nous des Juifs, et c'est elle qui fait
avancer le peuple juif jusqu'à nos jours. En allumant la Manôroh,
`aharôn symbolisait cette lumière de la Tôroh qui continuera à se
répandre éternellement. Notre obligation de nous soumettre aux
préceptes contenus dans la Tôroh n'a pas pris fin avec la
destruction du Béth Hammiqdosh. Bien au contraire, cette soumission
à la Tôroh continue à nous incomber et nous incombera encore
jusqu'à l'éternité.
Si
tel est le cas, nous pouvons comprendre pourquoi nos Sages (dans la
Mishnoh et le Sifri) ont tant insisté sur le fait que `aharôn
devait monter sur un rocher à trois marches afin d'allumer la
Manôroh. Le Shéloh
Haqqodhôsh ז״ל
explique que tout comme
nous voyons qu'il existe quatre catégories de dégâts4
et trente-neuf catégories de travaux interdits à Shabboth5,
nous voyons également qu'il existe trois catégories interdites de
traits de la personnalité6 :
הַקִּנְאָה
וְהַתַּאֲוָה וְהַכָּבוֹד,
מוֹצִיאִין
אֶת הָאָדָם מִן הָעוֹלָם
« La
jalousie, la cupidité et les honneurs retirent l'homme du monde ».
Un être humain qui est animé par la jalousie, convoite constamment
et recherche incessamment les honneurs se retire du monde, car il lui
est impossible de vivre avec les gens puisqu'il considère avoir un
droit sur ce qui appartient aux autres et estime que tout le monde
doit plier les genoux devant lui et l'honorer (alors que lui n'honore
personne, ou quand même il le fait c'est également pour sa propre
gloire).
Les
trois marches placées devant la Manôroh symbolisaient ces trois
mauvais traits de la personnalité. `aharôn envoyait ainsi un double
message aux générations futures. Le premier est que l'objectif à
atteindre pour un Juif, ce qui fait son ADN, est la soumission à la
Tôroh. Mais dans le même temps, si on veut vivre d'après les
prescriptions de la Tôroh et répandre sa lumière, c'est-à-dire
que si on veut s'élever jusqu'à la Tôroh, on doit d'abord corriger
ses propres traits de la personnalité. Pour reprendre les propos de
nos Sages : דרך
ארץ קדמה לתורה « Darakh
`aras
Qadhmoh
Lattôroh – la bienséance précède la Tôroh ».
Avant d'en arriver à penser à la Tôroh, nous devons d'abord nous
assurer que nos traits de la personnalité sont en ordre. C'est
seulement lorsqu'on a travaillé certains défauts de notre caractère
que la Tôroh a une plus grande possibilité de demeurer en nous et
que nous pourrons jouir de ses nombreux bienfaits dans notre vie
quotidienne.
1Bamidhbor
8:3
2Tomidh
3:9
3Mishlé
6:23
4Talmoudh,
Bavo` Qammo` 2a
5Talmoudh,
Shabboth 73a
6Mishnoh,
`ovôth 4:21