ב״ה
La
Paroshoh avec le Ramba''m
Parashath
´éqav
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À
deux reprises dans la Parashath ´éqav Môshah Rabbénou ע״ה
parle
aux Bané Yisro`él de la manne céleste qui leur permettait de se
nourrir durant leur quarante années d'errance dans le désert, et
les deux fois il mentionne le but qui était rempli par ce moyen
miraculeux de s'alimenter. La première fois, Môshah Rabbénou
déclare1 :
Il
t'a affligé et affamé, puis Il t'a nourrit avec la manne que tu
ne connaissais pas et que n'avaient pas connu tes pères, afin de
te faire savoir que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais
c'est de tout ce qui émane de la bouche de `adhônoy que l'homme
vivra.
|
וַיְעַנְּךָ,
וַיַּרְעִבֶךָ,
וַיַּאֲכִלְךָ
אֶת-הַמָּן
אֲשֶׁר לֹא-יָדַעְתָּ,
וְלֹא
יָדְעוּן אֲבֹתֶיךָ:
לְמַעַן
הוֹדִיעֲךָ,
כִּי
לֹא עַל-הַלֶּחֶם
לְבַדּוֹ יִחְיֶה הָאָדָם--כִּי
עַל-כָּל-מוֹצָא
פִי-יהוה,
יִחְיֶה
הָאָדָם
|
D'après
ce verset, l'expérience de la manne avait pour but d'enseigner aux
Bané Yisro`él qu'HaShem ית׳
peut
nourrir la vie humaine même sans le moyen d'alimentation
conventionnel, que Sa puissance s'étend au-delà du domaine de
l'ordre naturel familier.
Un
peu plus loin, nous lisons que Môshah Rabbénou dit ceci d'HaShem2 :
Celui
qui t'a nourrit, dans le désert, d'une manne que ne connaissaient
pas tes pères, afin de t'affliger et afin de t'éprouver pour te
faire du bien à l'avenir.
|
הַמַּאֲכִלְךָ
מָן בַּמִּדְבָּר,
אֲשֶׁר
לֹא-יָדְעוּן
אֲבֹתֶיךָ:
לְמַעַן
עַנֹּתְךָ,
וּלְמַעַן
נַסֹּתֶךָ--לְהֵיטִבְךָ,
בְּאַחֲרִיתֶךָ
|
Comme
le fait remarquer le Ramba''m ז״ל
dans
son Môréh Navoukhim (Guide des Égarés)3,
ce dernier verset semble, à première vue, soutenir la notion selon
laquelle HaShem cause des souffrances sur les gens afin d'augmenter
leur récompense finale. Môshah Rabbénou semble ici expliquer le
régime maigre et terne imposé aux Bané Yisro`él comme ayant pour
but לְהֵיטִבְךָ,
בְּאַחֲרִיתֶךָ
« de
te faire du bien à l'avenir », les rendre méritants
d'une plus grande récompense à un moment futur.
Mais
le Ramba''m rejette catégoriquement cette perspective sur les
souffrances humaines. Il considère cette approche comme étant
contraire à la description que Môshah Rabbénou fait plus tard
d'HaShem4 :
אֵל
אֱמוּנָה וְאֵין עָוֶל
« [Il
est] un Dieu digne de confiance et sans iniquité. »
HaShem ne commet point d'iniquité ; Il ne cause pas de
souffrances sur quelqu'un qui ne le mérite pas. Le Ramba''m cite
dans ce contexte le dicton rabbinique suivant5 :
אין
מיתה בלא חטא ואין יסורין בלא עון
« Il
n'y a point de mort sans péché, ni d'affliction sans iniquité. »
Bien que nous soyons généralement incapables d'identifier le péché
exact pour lequel des souffrances se sont abattues sur quelqu'un,
nous devons croire en la justice impeccable du jugement Divin. Comme
l'écrit le Ramba''m :
C'est,
en effet, cette dernière opinion que doit admettre tout homme
religieux doué d'intelligence, et il ne doit pas attribuer à Dieu
l'injustice, de manière à croire qu'untel est pur de tout péché,
qu'il est un homme parfait et qu'il n'a point mérité ce qui lui est
arrivé.
Comment
devons-nous donc comprendre l'explication donnée par Môshah
Rabbénou quant au but sous-jacent de la manne, à savoir
לְהֵיטִבְךָ,
בְּאַחֲרִיתֶךָ
« pour
te faire du bien à l'avenir » ?
Le
Ramba''m offre deux interprétations possibles de ce verset, qui
découlent de deux significations possibles du mot נַסֹּתֶךָ
« Nisôthakho »,
que l'on traduit habituellement par « t'éprouver » :
- Môshah Rabbénou explique ici aux Bané Yisro`él que la manne servait à prouver que la foi en HaShem suffit pour garantir à quelqu'un sa nourriture et ses moyens de subsistance, même dans des conditions aussi extrêmes que le fait de se trouver dans le désert si longtemps ;
- Le Ramba''m suggère que le mot « Nisôthakho » peut également se comprendre par « t'accoutumer. » (Il le démontre en citant notamment le verset de Davorim 28:56, où ce verbe a ce sens-là.) Le but de ce régime draconien était d'accoutumer les Bané Yisro`él à une vie difficile en préparation des guerres et batailles féroces qu'ils devraient plus tard livrer en entrant à Canaan. Voici les mots du Ramba''m :
Dieu
vous a d'abord accoutumés à la peine dans le désert afin que vous
jouissiez d'un bien-être plus grand quand vous serez entrés dans le
Pays ; et cela est vrai, car il est plus doux de passer de la
peine au repos que d'être toujours dans le repos. On sait aussi que,
s'ils n'avaient pas subi la misère et la peine dans le désert, ils
n'auraient pas pu conquérir le Pays, ni combattre ; ce que la
Tôroh dit expressément6 :
כִּי
אָמַר אֱלֹהִים,
פֶּן-יִנָּחֵם
הָעָם בִּרְאֹתָם מִלְחָמָה--וְשָׁבוּ
מִצְרָיְמָה.
וַיַּסֵּב
אֱלֹהִים אֶת-הָעָם
דֶּרֶךְ הַמִּדְבָּר,
יַם-סוּף
« Car
Dieu disait : ''Le peuple pourrait se repentir en voyant la
guerre et retourner en Égypte.'' Dieu fit donc dévier le peuple du
côté du désert, vers le Yam Souf. »
En effet, le bien-être fait disparaître la vaillance, tandis que
les privations et les fatiguent l'engendrent, et c'est là le bien
que le passage en question leur promet dans l'avenir.
Le
futur bienfait de la période d'errance difficile n'était pas la
récompense que le peuple recevrait pour avoir endurer cette
difficulté, mais plutôt l’endurance physique et le courage que le
peuple développa à travers cette expérience, qui s’avéreront
indispensable lorsqu'ils s'embarqueront dans la campagne de conquête
de `aras
Yisro`él.
D'après
cette approche, les souffrances ne s'abattent pas sur quelqu'un
simplement dans le but d'augmenter sa récompense, comme le croient
et l'enseignent certains, mais HaShem peut très bien soumettre un
individu à une période de difficulté afin de l'aider à se
préparer à une situation à laquelle il sera confronté dans le
futur. Dans ces cas, la période de difficultés ne le rend pas digne
d'une plus grande récompense, mais lui est intrinsèquement
bénéfique en ce qu'elle l'aide à lui permettre de surmonter des
obstacles qui l'attendent.
1Davorim
8:3
2Ibid.,
verset 16
3Volume
3, Chapitre 24
4Davorim
32:4
5Talmoudh,
Shabboth 55a
6Shamôth
13:17-18