בס״ד
Les
règles des Shémôth
- Introduction
Après
nous avoir instruit de détruire les idoles (et objets ayant servi à
l’idolâtrie), les lieux de 'Avôdoh Zoroh et les autels
païens, la Tôroh déclare ceci1 :
Vous
n'en ferez point de même à l'égard d'HaShem, votre D.ieu !
|
לֹא-תַעֲשׂוּן
כֵּן,
לַה׳
אֱלֹהֵיכֶם
|
Cela
signifie qu'il est bibliquement interdit de détruire quelque
artefact sacré qui soit associé à HaShem. Cela inclut le Béith
Hammiqdosh (et ses ustensiles), les livres saints et n'importe
lequel des saints noms d'HaShem2.
Dans les temps anciens, celui qui effaçait l'un des noms d'HaShem
devait recevoir trente-neuf coups de fouet. En traitant le nom
d'HaShem et les artefacts saints avec respect, nous imprégnons nos
cœurs d'une crainte et d'une admiration pour HaShem.3
Dans
cet article, nous essayerons d'expliquer quels sont les objets qui
sont halakhiquement considérés être saints, et quelle est la façon
la plus appropriée de s'en débarrasser s'ils ne sont plus
utilisables, étant donné que très peu de Juifs connaissent en
réalité ces Halokhôth et pensent faussement que tout livre qui
parle d'HaShem ou de la Tôroh est saint (par conséquent, ils
enterrent systématiquement tous les livres religieux et même les
brochures religieuses distribuées dans les synagogues).
Les
artefacts saints sont ce qu'on appelle שמות
« Shémôth »,
qui signifie en Hébreu « noms », une référence aux
noms saints d'HaShem que contiennent ces livres ou ces objets, et
qu'il est interdit de détruire ou jeter. Traditionnellement, ces
livres et objets sont enterrés ou stockés dans un endroit
spécialement aménagé à cet effet et que l'on appelle גניזה
« Génîzoh »,
qui signifie littéralement « caché », mais est employé
dans le sens d' « archive religieuse ».
- Qu'est-ce qui est halakhiquement considéré comme « saint » ?
Nous
lisons dans le Talmoud4 :
Nos
Rabbins ont enseigné : les objets d'une Miswoh
peuvent être jetés, tandis que les objets de sainteté doivent
être enterrés. Voici ce qu'on appelle « objets d'une
Miswoh » : une Soukkoh, un Loulov, un Shôfor et
des Sîsîth. Et voici ce qu'on appelle « objets
de sainteté » : les sacs des rouleaux5,
les Téfîllîn, la Mézouzoh, le manteau d'un Séfèr Tôroh, les
boites des Téfîllîn, ainsi que leurs lanières. Ravo` a dit :
« Au début, je croyais que le pupitre6
était un objet [de Miswoh] d'un objet [de
sainteté], et qu'il était donc permis [de jeter]7.
Mais une fois, j'ai vu qu'ils plaçaient un Séfèr Tôroh
[directement] dessus. Je crois à présent que c'est un article de
sainteté, et il est interdit [de le jeter] ».
|
ת"ר
תשמישי מצוה נזרקין תשמישי קדושה נגנזין
ואלו הן תשמישי מצוה סוכה לולב שופר
ציצית ואלו הן תשמישי קדושה דלוסקמי
ספרים תפילין ומזוזות ותיק של ס"ת
ונרתיק של תפילין ורצועותיהן אמר רבא
מריש הוה אמינא האי כורסיא תשמיש דתשמיש
הוא ושרי כיון דחזינא דמותבי עלויה ס"ת
אמינא תשמיש קדושה הוא ואסור
|
Un
Séfèr Tôroh, des Téfîllîn et une Mézouzoh sont considérés
comme étant intrinsèquement saints parce qu'ils contiennent les
noms d'HaShem et sont rédigés d'une manière particulière dictée
par la Halokhoh. Les choses dans lesquelles ils sont rangés ou
stockés sont elles aussi considérées saintes. C'est ce que l'on
appelle תשמישי
קדושה « Tashmîshéi
Qédoushoh – objets de sainteté ».
Par contre, les choses dans lesquelles sont rangés ou stockés les
choses contenant les Tashmîshéi Qédoushoh (par exemple, un
sac dans lequel on range les housses des Téfîllîn) ne sont pas
considérées saintes et peuvent être jetées. C'est ce qu'on
appelle תשמיש
דתשמיש « Tahsmîsh
Déttashémîsh – objet [d'une Miswoh] d'un
objet [de sainteté] ».
Un
objet qui est actuellement utilisé pour une Miswoh ne peut
pas être utilisé à des fins profanes. Par contre, un objet qui
était autrefois utilisé pour une Miswoh, mais qui ne peut
plus actuellement être utilisé pour une autre Miswoh, n'a
plus de sainteté et peut être jeté, comme c'est le cas de Sîsîth
qui ne sont plus valables. C'est ce que l'on appelle תשמישי
מצוה « Tashmîshéi
Miswoh – objets d'une Miswoh ».
Néanmoins, il convient de s'en débarrasser d'une manière
respectueuse et non pas de les jeter directement à la poubelle. Une
façon respectueuse de s'en débarrasser consiste à les envelopper
dans un sac plastique et ensuite de les jeter. On peut également les
déposer dans un lieu où des non Juifs les prendront et les
jetteront. Cependant, certains sont Mahmîrîm et les placent
quand même dans une Génîzoh. D'autres encore réutilisent, par
exemple, les Sîsîth qui ne sont plus valables comme
marque-pages dans un Houmosh.
Nous
basant sur ces règles, les objets suivants sont vus comme ayant un
certain degré de sainteté. Si l'un d'entre eux n'est plus
utilisable, il faudra l'enterrer ou le placer dans une Génîzoh :
- Un Séfèr Tôroh
- Le manteau d'un Séfèr Tôroh
- Le tissu sur lequel est déposé le Séfèr Tôroh lorsqu'on le lit à la synagogue
- La `Arôn Qôdèsh
- Les Téfîllîn (y compris les lanières)
- Les Mézouzôth (c'est-à-dire, les parchemins)
- Les boites des Mézouzôth
- Les Séforîm, c'est-à-dire, un Houmosh, un TaNaKh, une Mishnoh et un Talmoud. Le Taz8 זצ״ל ajoute tout livre qui reprend des passages entiers ou même partiels de la Tôroh, que ces livres soient manuscrits ou imprimés.
- Tout papier sur lequel le nom d'HaShem est écrit en Loshôn Haqqôdèsh. D'après le Rambam9 זצ״ל, les sept noms d'HaShem qu'il est interdit d'effacer, de jeter, etc., sont : le Tétragramme, `Él, `Èlôhîm, `Èlôah, `Èlôhaï, `Él Shaddaï, et Sévo`ôth.
Par
contre, les objets suivants ne sont pas considérés « saints ».
Néanmoins, on ne doit pas s'en débarrasser d'une manière
irrespectueuse :
- Le Parôkhéth (rideau de la `Arôn Qôdèsh)
- La Bîmoh sur laquelle on lit le Séfèr Tôroh. (Le Séfèr Tôroh n'est jamais déposé directement sur la Bîmoh, mais sur un tissu qui recouvre la Bîmoh.)
- Une `Arôn Qôdèsh qui est construite dans le mur n'est pas considérée « saint »
- Un Loulov et un `Èthrôg une fois qu'est passée la fête de Soukkôth
- Un Tallîth Qotton et un Tallîth Godôl une fois qu'ils ne sont plus utilisables
- Les housses des Téfîllîn. Tout comme le terme « Mézouzoh » ne fait référence qu'au parchemin et non à la boite, le terme « Téfîllîn » ne fait référence qu'aux parchemins contenus dans les boites, ainsi qu'aux lanières. Étant donné que les Téfîllîn sont rangées dans des boites, les housses ont le statut de « Tashmîsh Déttashémîsh », et peuvent être jetées d'une façon respectueuse.10 D'autres sont Mahmîrîm et préconisent de les considérer comme des objets saints, et donc de les placer dans une Génîzoh lorsqu'elles ne sont plus utilisables.11
Les
objets suivants peuvent être jetés, même d'une manière
irrespectueuse :
- Une étagère de bibliothèque sur laquelle des livres saints ont été rangés12
- Une housse de Tallîth
- La boite dans laquelle fut vendu ou rangé un Loulov ou un `Èthrôg
- Une Kîppoh. (La Kîppoh n'est l'accomplissement d'aucune Miswoh, ni biblique, ni rabbinique, mais simplement l'expression de notre crainte du ciel.)
- Des journaux sacrés ?
Concernant
les Divréi Tôroh qui sont imprimées dans des publications
hebdomadaires souvent distribuées dans les synagogues à Shabboth,
certains disent qu'on devrait les placer dans une Génîzoh si on
souhaite s'en débarrasser.13
D'autres disent qu'étant donné qu'ils n'ont été imprimées que
pour un usage temporaire, ces Divréi Tôroh n'ont pas pleinement une
mesure de sainteté et qu'on peut donc les envelopper dans un sac
plastique avant de les jeter, si la publication n'était pas en
Loshôn Haqqôdèsh.14
La
même règle s'appliquera pour les notes que l'on prend pour soi-même
et que l'on prévoit de jeter par la suite, tout comme des
interrogations écrites, des devoirs, des cahiers d'exercice, etc.
Ainsi, les exercice de la Loshôn Haqqôdèsh n'ont aucune
sainteté, même s'ils contiennent des versets de la Tôroh, car dès
le départ il est clair que ces versets ont été reproduits à des
fins d'exercice de lecture. Et cela est le cas même lorsque le nom
d'HaShem est reproduit dans ces exercices.
- Des billets saints ?
La
question suivante a été posée : étant donné que le nom
d'HaShem a un certain degré de sainteté dans n'importe quelle
langue15,
et que sur chaque billet et pièce de dollar américain sont imprimés
les mots « In God we trust » (en D.ieu, nous avons
confiance), peut-on faire entrer un billet de dollar américain dans
les toilettes ou le traiter d'une manière irrespectueuse ?
HaRov
Shélômôh Zalman Auerbach זצ״ל
a
tranché que c'était permis. Il base son Pésaq sur le Shah
זצ״ל,
qui a écrit16
que l'on peut effacer le nom d'HaShem s'il a été écrit dans une
autre langue que le Loshôn Haqqôdèsh. Bien que certains
autres ne soient pas d'accord avec l'opinion du Shah17,
on peut s'appuyer dessus au moins quant au fait de les faire entrer
dans les toilettes, puisque dans ce cas-là on n'est pas en train
d'effacer le nom.
- Transfert de sainteté
Des
objets qui furent utilisés pour des artefacts saints, comme par
exemple une `Arôn Qôdèsh, peuvent être vendus. La sainteté
de ces objets est alors transférée sur l'argent de la vente, qui
doit alors être utilisé pour l'acquisition d'un objet d'une plus
grande sainteté que celui qui a été vendu.18
- Comment enterrer ?
Un
Séfèr Tôroh, des Téfîllîn et des Mézouzôth qui ne sont plus
valables ni réparables doivent être scellés dans de l'argile ou un
récipient en plastique dur avant d'être enterrés, afin de
s'assurer qu'ils ne se décomposent pas immédiatement.19
Quant
aux autres livres et objets saints, on peut les enterrer dans un
cimetière ou tout autre lieu, après les avoir placés dans des sacs
ou des boites. Par contre, on doit veiller à ne pas les enterrer là
où on est certain que des travaux de construction et de
réaménagement de la zone auront lieu, ce qui désacraliserait ces
objets.
Espérons
qu'en traitant les artefacts saints avec respect, nous parviendrons à
développer une crainte et une admiration appropriée pour HaShem !
1Dévorîm
12:4
3Séfèr
HaHînoukh, Miswoh n°437
4Mégîlloh
26a
5Contrairement
à aujourd'hui, toutes les synagogues n'étaient pas dotées d'une
`Arôn Qôdèsh dans laquelle on rangeait les rouleaux de la
Tôroh. On les plaçait soit dans des caisses en bois, soit dans des
sacs particuliers.
6Sur
lequel on lit le Séfèr Tôroh a la synagogue.
7Rashî
זצ״ל
explique que c'est parce qu'on plaçait un tissu pour couvrir
le pupitre, et seulement après on plaçait dessus le Séfèr Tôroh.
Il n'y avait donc pas de contact direct entre le Séfèr Tôroh et
le pupitre en lui-même.
8Yôréh
Dé'oh 271:8
10Bî`our
Halokhoh Sîmon 21
11Minhath
`Èl'ozor, Volume 1, Sîmon 27. Son raisonnement est qu'étant
donné que les lanières des Téfîllîn sont saintes et sont en
contact direct avec les housses, il faut donc accorder une sainteté
aux housses.
12Mishnoh
Bérouroh 154:9. Étant donné que les livres saints sont
attachés à une reliure, l'étagère a le statut de Tashmîsh
Déttashémîsh. Certains disent qu'il faut être Mahmîr
étant donné que tous les livres n'ont pas nécessairement une
reliure (Pisqéi Téshouvoh 154:7).
13Minhath
Yishoq 1:17
14HaRov
Môshèh Feinstein זצ״ל
permet de les jeter à partir du moment où le nom d'HaShem
n'est pas écrit dans ces textes (Iggérôth Môshèh, `Ô.H.
4:39).
15Voir
le Shoulhon 'Oroukh HaRov 85:3
16Yôréh
Dé'oh 179:11
17Le
Bah זצ״ל
n'est pas d'accord avec ce Pésaq, ainsi que le Hovôth
Yo`îr זצ״ל.
Mais Rabbî Shnéour Zalman de Lyiadi זצ״ל
(Shoulhon 'Oroukh HaRov 85:3) et
le Hofés Hayîm זצ״ל
(Mishnoh Bérouroh 85:10) sont d'accord avec le Pésaq
du Shah.
18Shoulhon
'Oroukh, O.H. 153
19Ibid.,
154:5