בס״ד
Aucun
code halakhique n'est supérieur au Talmoud
Rabbî
Yôséf Qa`rô זצ״ל
a
rédigé deux ouvrages monumentaux qui servaient à compléter le
travail commencé par le Rambam זצ״ל,
tout en prenant en compte les critiques de ceux qui, comme le Ra`avad
זצ״ל,
s'étaient opposés au Rambam. Le Ra`avad acceptait l'autorité du
Mishnéh Tôroh, car c'était le tout premier code halakhique
strictement basé sur le Talmoud (qui, au final, est la source
ultime pour toute décision halakhique). Néanmoins, il.reprochait au
Rambam d'avoir rédigé le Mishnéh Tôroh sans citer de sources pour
appuyer ses décisions. À cause de cela, un autre érudit qui
soutient une opinion différente de celle du Rambam (qui ne s'appuya
que sur le Talmoud) n'aura aucune raison valable de changer
son opinion étant donné qu'il ne connaît pas la base exacte de
l'opinion du Rambam. En outre, le Ra`avad fit remarquer que le Rambam
ne citait pas toutes les opinions talmudiques existant sur un sujet.
S'il l'avait fait, quand bien même il aurait pris position pour une
des diverses opinions mentionnées dans le Talmoud, d'autres
érudits ayant étudié le Mishnéh Tôroh, auraient pu prendre en
compte toutes les opinions talmudiques sur un certain sujet plutôt
que de simplement s'appuyer sur la décision du Rambam.1
Rabbi
Yôséf Qa`rô, dans son Késéf Mishnéh (son commentaire sur le
Mishnéh Tôroh), défendit le Rambam par deux arguments :
- Le Rambam a clairement écrit qu'il désirait être aussi concis que possible. Par conséquent, il est évident qu'il ne pouvait mentionner toutes les opinions talmudiques dans le Mishnéh Tôroh.
- La publication et le style de rédaction du Mishnéh Tôroh n'empêche pas un futur érudit d'étudier par lui-même le Talmoud et suivre une opinion différente de celle choisie par le Rambam. Par contre, quelqu'un qui n'est pas érudit et est incapable de lire le Talmoud par lui-même (parce qu'il ne comprend pas l'Araméen) peut s'appuyer sur l'opinion du Rambam, tout comme un érudit qui n'a pas le temps d'examiner la Halokhoh du Talmoud par lui-même.
Il
a donc rédigé à son tour deux ouvrages qui, lorsqu'ils sont lus
ensemble, complète le travail du Rambam, tout en répondant aux
critiques émises sur le Mishnéh Tôroh. Le premier ouvrage est le
Béith Yôséf, qu'il rédigea en guise de commentaire sur le Tour,
tout en s'appuyant sur les opinions du Rîf זצ״ל,
du Rambam et du Rô`sh זצ״ל,
qu'il considérait être les trois plus grands Rî`shônîm. Le Tour,
rédigé par Rov Ya´aqôv Ba´al HaTourîm זצ״ל
(un
fils et disciple du Rô´sh), rassemble et classe selon une structure
précise toutes les Halokhôth talmudiques pertinentes pour l'époque
qui a suivi la destruction du Béith Hammiqdosh. Rabbî Yôséf
Qa`rô suivit la structure du Tour dans son Béith Yôséf et donna
toutes les sources talmudiques de chacune de ces lois,
ainsi que toutes les opinions talmudiques divergentes n'ayant pas été
citées dans le Tour.
Quelques
années plus tard, Rabbî Yôséf Qa`rô rédigea le Shoulhon
´Oroukh, dans lequel il ne reporte plus les sources talmudiques sur
les lois et les opinions divergentes, mais se contente simplement
d'indiquer ce qu'il estime être la Halokhoh Léma´aséh (loi
pratique). Un étudiant pointilleux ne peut donc pas simplement lire
le Shoulhon ´Oroukh. Il doit étudier à la fois le Béith
Yôséf et le Shoulhon ´Oroukh pour connaître aussi bien les
différentes opinions, les raisons des Halokhôth, et pouvoir décider
en pleine connaissance de cause ce qu'est la règle à suivre, car
certaines décisions finales du Shoulhon ´Oroukh ne sont pas
basées sur des sources talmudiques.
Aujourd'hui,
beaucoup se contentent de faire des choses simplement parce que
« C'est écrit dans le Shoulhon
´Oroukh », comme si tout ce qui était dit dedans était
correct et ne faisait l'objet d'aucune contestation. (Or, il existe
de nombreux commentaires sur le Shoulhon ´Oroukh qui ne
suivent pas la règle tranchée dedans.) C'est en fait une attitude
que tous les rabbins contemporains et venus peu après le Shoulhon
´Oroukh ont combattue.
Par
exemple, le Rov Yôm Tôv Heller זצ״ל,
auteur du « Tôsafôth Yôm Tôv » (1579-1654) a expliqué
que « Rov Yôséf Qa`rô n'a jamais eu pour intention que
les décisions halakhiques soient tranchées uniquement sur la base
du Shoulhon ´Oroukh. Hos
WaSholôm de penser une telle chose de lui ! Seul celui qui
étudie le Tour avec l'explication du Béith Yôséf, et a ensuite
des problèmes pour déterminer ce qui est la décision finale, peut
la comprendre à partir du Shoulhon ´Oroukh.
C'était là son intention, sans l'ombre du moindre doute ! »2
Quant
au Maharasha זצ״ל
(Rov
Shamou`él Eidels, 1555-1631), il a déclaré ceci : « Ceux
qui prennent des décisions halakhiques sur la base du Shoulhon
`Oroukh, sans même connaître les raisons de ces décisions et sans
avoir d'abord examiné le sujet sur la base de ce qu'en dit le
Talmoud (c'est ce qui s'appelle שימוש
תלמידי חכמים « Shîmoush
Talmîdéi Hakhomîm – la
façon d'apprendre des érudits »), et prennent ensuite des
décisions erronées, ces gens sont considérés comme des
destructeurs du monde ! »3
Aucun
code halakhique n'est au-dessus du Talmoud, qui doit rester la
source ultime de notre pratique et croyances religieux. Ceux qui ont
les capacités de pouvoir étudier le Talmoud doivent le
faire. Les codes halakhiques (Mishnéh Tôroh, Tour, Béith Yôséf,
Shoulhon ´Oroukh, Mishnoh Barouroh, etc.4)
ne remplacent pas le Talmoud et ne sont pas au-dessus de ce dernier,
car au final, c'est le Talmoud qui est considéré être notre
Tôroh Orale ! Si nous croyons qu'elle vient d'HaShem
Yisbourakh, non seulement on prendra la peine de l'étudier (si on en
a les capacités, ou qu'il est possible de l'étudier avec quelqu'un
de plus savant), mais en outre, chaque fois que l'on sera confronté
à une décision contraire à ce qui est dit dans le Talmoud,
peu importe que cette décision fut prise par le Rambam, Rashî זצ״ל,
le Tour, Rabbî Yôséf Qa`rô, etc., nous pencherons pour ce qui est
dit dans le Talmoud ! Et si le Talmoud donne
différentes opinions considérées valables, personne n'a alors le
droit de juger celui qui suit telle opinion valable du Talmoud,
ou celui qui suit telle autre opinion valable du Talmoud, car
nos Sages ont toujours mis en avant l'importance de la diversité et
le fait d'écouter tout le monde, à partir du moment où l'opinion
de quelqu'un tombe dans les limites de la Halokhoh.
C'est
du « Shîmoush Talmîdéi Hakhomîm » !
1Hasagôth,
à la fin de l'introduction du Ra`avad sur le Mishnéh Tôroh.
2Introduction
au Divréi Hamoudôth ; Ma`adanéi Yôm
Tôv sur Shabboth.
3Commentaire
sur Sôtoh 22b
4Ce
sont tous des livres qui apportent beaucoup et sont d'une grande
aide pour faciliter notre étude et nous guider, surtout lorsque
quelque chose n'est pas explicite dans le Talmoud, ou que
l'on fait face à une question non résolue ou post-talmudique. Mais
ils ne sont pas au-dessus du Talmoud, en ce que si quelque
chose a été tranché, ces livres ne peuvent contredire le Talmoud.