ב״ה
La
Paroshoh avec le Ramba''m
Ha`azinou
Parmi
les phrases les plus difficiles à comprendre dans le cantique du
Ha`azinou on compte celle du cinquième verset, où nous lisons
ceci1 :
שִׁחֵת
לוֹ לֹא,
בָּנָיו
מוּמָם « Shihath
Lô Lô` Bonow Moumom. »
Ce passage a été interprété de diverses façons. Rash''i ז״ל,
suivant le Targoum `ounqélôs, le traduit comme voulant dire :
« Leur
corruption est leur œuvre, et non la Sienne. À Ses fils incombe
leur faute. »
D'après cette lecture, Môshah Rabbénou ע״ה
souligne
que les Bané Yisro`él n'ont causé aucun tort à HaShem Lui-même à
travers leurs méfaits ; c'est seulement eux, et non Lui, qui
souffrent en conséquence de leur iniquité.
Le
Rashba''m ז״ל
interprète
ce verset quelque peu différemment. Il écrit : « Yisro`él
nuit à lui-même... Il s'est lui-même fait du tort...et personne
d'autre... Les enfants du Tout-Puissant se sont eux-mêmes ternis. »
D'après le Rashba''m, Môshah Rabbénou souligne que les Bané
Yisro`él ne peuvent blâmer qu'eux, et personne d'autre, pour leur
malheur. Cette lecture est en fait parfaitement en phase avec le
thème et le but fondamental du cantique du Ha`azinou, puisqu'HaShem
ית׳
explique
vers la fin de la Paroshoh précédente2
qu'il sert à « rendre témoignage » du fait que les Bané
Yisro`él furent prévenus à l'avance des conséquences désastreuses
de leur trahison envers le Tout-Puissant. (Voir l'article intitulé
« La
Paroshoh avec le Ramba''m : Wayyélakh »,
où nous en avions parlé.) En guise d'introduction à ce cantique,
Môshah Rabbénou déclare que lorsque le mal s'abattra sur les Bané
Yisro`él, ils devront reconnaître leur propre responsabilité,
plutôt que chercher à blâmer HaShem ou qui que ce soit d'autre.
Le
Ramba''m adopte également cette lecture, mais l'applique d'une façon
plus générale. Dans le Volume 3 de son « Môréh
Navoukhim »3,
il classe tous les maux qui peuvent s'abattre sur les êtres humains
dans trois catégories :
- les maux naturels, comme les catastrophes naturelles et les maladies qui ne peuvent être évitées ;
- les maux causés par un homme (ou groupe de personnes) à autrui, comme un crime ou une guerre ;
- les maux qu'une personne provoque sur elle.
Le
Ramba''m affirme que l'écrasante majorité des maux qu'une personne
endure tombent dans la troisième catégorie, c'est-à-dire qu'ils
sont causés par la personne elle-même. Bon nombre des malheurs dont
souffrent les gens sont le résultat du fait qu'ils n'ont pas fait
preuve de la prudence adéquate, qu'ils n'ont pas fait les efforts
requis pour éviter la mésaventure qui leur est arrivée, ou qu'ils
n'ont pas suffisamment pris soin de leur santé et bien-être. Si,
par exemple, quelqu'un est sorti en plein hiver, sous -20°C, sans
s'être couvert de la façon appropriée qu'exige un tel temps
glacial, la grosse grippe qu'il attrapera et les brûlures qu'il
ressentira aux doigts et aux orteils en raison du froid, ne seront
pas à imputer à HaShem ou à un autre facteur, mais à lui-même, à
sa propre négligence. De même, si quelqu'un devient paralysé parce
qu'il a consommé des aliments nocifs pour le corps, sa paralysie
n'est pas le résultat d'une punition Divine, mais le résultat de sa
propre bêtise (ou ignorance). De même pour celui qui est atteint
d'un cancer des poumons en raison du fait qu'il fumait. HaShem ni qui
que ce soit n'est responsable ou n'a joué le moindre rôle dans ce
qui lui est arrivé. Dans ce contexte, le Ramba''m cite le verset
susmentionné tiré de la Parashath Ha`azinou :
La
plupart des maux qui frappent les individus viennent d'eux-mêmes, je
veux dire des individus humains qui sont imparfaits. Ce sont nos
propres vices qui nous donnent lieu de nous lamenter et d'appeler au
secours. Si nous souffrons, c'est par des maux que nous nous
infligeons nous-mêmes de notre plein gré, mais que nous attribuons
à Dieu ; loin de Lui une pareille chose ! C'est ce que
Dieu a déclaré dans Son livre, en disant : שִׁחֵת
לוֹ לֹא,
בָּנָיו
מוּמָם
« Shihath
Lô Lô` Bonow Moumom. »
Shalômôh a exprimé la même idée en disant4 :
אִוֶּלֶת
אָדָם,
תְּסַלֵּף
דַּרְכּוֹ;
וְעַל-יְהוָה,
יִזְעַף
לִבּוֹ
« La
sottise de l'homme pervertit sa voie, mais c'est contre HaShem que
s'irrite son cœur. »
Le
Ramba''m n'explicite pas du tout comment est-ce que précisément il
lit ce verset, bien qu'il soit clair, du contexte, qu'il a adopté
une approche quasiment similaire de celle proposée par le Rashba''m.
Môshah Rabbénou déclare ici que le mal dont souffrent les Bané
Yisro`él est le résultat de מוּמָם
« Moumom »,
leur propre faute et défaut. Si nous avions pris de plus grandes
précautions dans l'entretien de notre corps et de nos possessions,
nous nous serions épargnés de nombreux maux et mésaventures qui se
sont abattus sur nous. Un peu plus loin dans ce même chapitre du
« Môréh
Navoukhim »,
le Ramba''m détaille les divers vices de l'être humain qui lui
causent du tort, et cite un certain nombre de passages bibliques qui
démontrent la tendance déroutante que l'être humain a de causer
lui-même sa chute et ses propres malheurs.
Comme
l'a mentionné le Ramba''m, cette tendance n'inclut pas seulement le
fait de se causer du tort, mais également celui de rejeter la faute
sur Dieu, de se plaindre vers Lui lorsqu'on souffre des effets
négatifs de nos propres négligences. Beaucoup de gens, quand il
leur arrive quelque chose, ont pour réflexe de tout remettre sur
Dieu. « Si
telle ou telle chose est arrivée, c'est que c'est la volonté de
Dieu. »
« Si
je suis tombé malade c'est que Dieu l'a voulu ! »,
« Si
j'ai échoué à mes examens, c'est que Dieu ne voulait pas que je
réussisse »,
et ainsi de suite. Mais par de tels propos, ils se dédouanent en
réalité de toute responsabilité dans ce qui leur est arrivé. Les
gens, par nature, préfèrent s'absoudre de toute culpabilité et
blâmer quelqu'un d'autre, plutôt que d'accepter la responsabilité
de leurs erreurs. Ce verset tiré de notre Paroshoh de la semaine
devrait donc nous rappeler à nous habituer à regarder d'abord et
premièrement vers nous-mêmes à la recherche de réponses lorsque
les choses ne se déroulent pas comme nous l'aurions espéré, et
voir comment corriger les erreurs que nous avons faites, au lieu
d'instinctivement pointer du doigt les erreurs commises par les
autres. Comme l'enseigne le Ramba''m, nous finirons par découvrir
que dans la plupart des cas les problèmes auxquels nous sommes
confrontés sont le fait de nos propres œuvres, et ne sont pas
entièrement la faute de quelqu'un d'autre, et encore moins celle de
Dieu !
1Davorim
32:5
2Ibid.,
31:19-21
3Chapitre
12
4Mishlé
19:3