בס״ד
La
« Qabboloh » interdit-elle de croiser ensemble les doigts
des mains ?
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Dans
un article de Halokhoh pour séfarade (mais la pratique
décrite ci-dessous est également adoptée par de nombreux
ashkénazes), publié par un célèbre rabbin d'origine syrienne
vivant aux USA, nous pouvons lire ceci :
Le
Zohar HaKadosh, dans Vayikra (p. 24), écrit que lorsqu'un jugement
sévère est prononcé contre une personne, que Dieu nous en
préserve, ses doigts se mettront involontairement à bouger et les
doigts de ses deux mains se croiseront. Comme les mains imbriquées
l'une dans l'autre sont un signe de jugement sévère, il est
inapproprié pour une personne de tenir intentionnellement ses mains
dans cette position. Le Ben Ish 'Hai (Rav Yosef 'Haim de Bagdad,
1833-1909), dans Parashat Pin'has (18), cite cette Halakha au nom du
Arizal (Rav Yis'hak Louria de Safed, 1534-1572). Cela est également
mentionné dans d'autres sources, notamment le Sefer Ha'hassidim (par
Rabbenou Yehouda Ha'hassid, Allemagne, décédé en 1217) et le Kaf
Ha'haim (Rav Yaakob 'Haim Sofer, Bagdad-Israël, 1870-1939) . Ainsi,
s'il est permis de placer une main au-dessus de l'autre, il ne faut
pas imbriquer les doigts des deux mains.
Le
Ben Ish 'Hai va encore plus loin, écrivant qu'il ne faut jamais
placer ses mains derrière son dos, et plutôt les garder devant soi
à tout moment. En effet, il existe différents types de pouvoirs
spirituels associés au positionnement des mains et des doigts, comme
Rabbenou Ba'hya en parle longuement.
Le
Sefer Hazekhira mentionne que ceux qui sont habitués à imbriquer
leurs doigts courent le risque de ressentir une anxiété extrême,
que Dieu nous en préserve.
Il
y a de nombreux avertissements de ce genre que nous entendons quand
nous sommes enfants, et beaucoup de gens sont incapables de faire la
distinction entre ceux qui proviennent du folklore et de la
superstition, et ceux qui ont une base claire dans la tradition
juive. En ce qui concerne le croisement des doigts les uns dans les
autres, c'est un avertissement bien documenté qui provient déjà du
Zohar et des enseignements du Arizal.
En
Résumé: Selon la tradition kabbalistique, il ne faut pas croiser
ses mains de telle sorte que les doigts des deux mains s'emboîtent.
Selon certaines sources, il faut également s'abstenir de placer ses
mains derrière son dos.
Tout
le monde religieux ne se soucie pas de cette pratique enracinée dans
la « Qabboloh ». Voir l'image d'illustration de cet
article, où nous voyons le Rov Elyashiv croisant ses mains ensemble,
avec des doigts entrelacés. (Et voir ici
pour une discussion en hébreu à ce sujet. Au moins une personne
semble croire que l'image a été PhotoShoppée, car il est
impossible, d'après elle, que le Rov Elyashiv fasse une telle
chose !)
Commençons
peut-être par le Talmoudh, qui dit totalement l'inverse. Les sources
kabbalistiques pourraient enseigner qu'agir de la sorte serait
interdit, mais les sources talmudiques enseignent le contraire. La
Gamoro` de Shabboth 10a dit ceci :
Ravo`,
fils de Rov Houno`, mettait des bas et priait en citant
« prépare-toi à rencontrer, etc. ».
Ravo` ôtait sa cape, joignait les mains
et priait en disant : « [Je prie] comme
un esclave devant son maître ». Rov `ashi a dit :
« J'ai vu Rov Kahano`, quand il
y avait des problèmes dans le monde, retirer sa cape, joindre
ses mains et prier en disant : ''[Je prie]
comme un esclave devant son maître''. Quand il y avait la paix,
il la mettait, se couvrait et s'enveloppait et priait, citant:
''Prépare-toi à rencontrer ton D.ieu, ô Israël'' ».
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רבא
בר רב הונא רמי פוזמקי ומצלי אמר הכון
לקראת וגו'
רבא
שדי גלימיה ופכר
ידיה ומצלי
אמר כעבדא קמיה מריה אמר רב אשי חזינא
ליה לרב כהנא כי איכא צערא בעלמא שדי
גלימיה ופכר
ידיה ומצלי
אמר כעבדא קמי מריה כי איכא שלמא .
לביש
ומתכסי ומתעטף ומצלי אמר הכון לקראת
אלהיך ישראל
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Commentant
ce passage talmudique, Rash''i définit l'expression פכר
ידיה comme
voulant dire « joindre les mains avec les doigts
entrelacés ».
Qu'en
est-il alors du Zôhar ? Sachez qu'il y a une règle bien
établie et acceptée par tout le monde, qui est que là où le Zôhar
contredit le Talmoudh, nous devons suivre le Talmoudh. Mais en fait,
le Zôhar n'interdit pas de se croiser les mains avec les doigts
entrelacés. Le Zôhar, dans Wayyiqro` 24a, dit ceci :
Traduction :
411.
Lorsque le Jugement est rendu complet et repose sur l'homme, il
est conclu, et les doigts sont placés cinq contre cinq, la droite à
l'intérieur de la gauche, pour indiquer que tout le monde se soumet
à ce Jugement. Puis ses mains se redressent; c'est-à-dire que les
doigts sont entrelacés, ce qui montre que cela a été fait sans
l'intention de l'homme et sans qu'il n'ait voulu le faire. Il est
donc écrit :1
« Ta main droite, ô Hashshém, est glorieuse en
puissance : Ta main droite, ô Hashshém, a brisé l'ennemi en
morceaux », CE QUI SIGNIFIE que la gauche était
incluse dans la droite et le jugement est complet. Ensuite, tout est
résolu. Par conséquent, lorsque le Saint, béni soit-Il, souhaite
que tout soit réglé, il est écrit :2
« Hashshém a juré par Sa main droite et par le bras de
Sa force. vos ennemis, etc. ».
Autrement
dit, entrelacer les doigts de chaque main
ensemble ne cause pas le mauvais jugement. Au
contraire, en cas de mauvais jugement, les mains se joignent
inconsciemment de cette manière. C'est
la différence entre dire que l'on cligne des yeux quand quelqu'un y
jette du sable, et dire que cligner des yeux oblige les gens à y
jeter du sable. Il n'y a donc pas de contradiction entre
le Zôhar et le Talmoudh sur ce point !
Ensuite,
par ordre chronologique, ce Rov d’origine syrienne cite le Séphar
Hahasidhim, de Ribbénou Yahoudhoh
Hahosidh (Allemagne, d. 1217), qui dit qu'il est inapproprié
de placer ses mains dans cette position. Sachez qu'il existe un
certain nombre d'innovations dans le Séphar Hahasidhim
et dans le testament de Ribbénou Yahoudhoh
Hahosidh. Elles ne sont pas obligatoires, mais des personnes
pieuses peuvent les adopter si elles le souhaitent.
Mais
ce n'est pas le seul cas où quelque chose dans le Séphar Hahasidhim
contredit explicitement le Talmoudh et la pratique des Hakhomim
du Talmoudh. En effet, le Nôdha´ Biyhoudhoh note de telles
contradictions. Par exemple :
- Le Séphar Hahasidhim dit qu'il ne faut pas épouser sa nièce. Le Talmoudh, quant à lui, le recommande fortement.
- Le Séphar Hahasidhim dit qu'il ne faut pas épouser une personne qui aurait le même nom qu'un de ses parents. Le Nôdha´ Biyhoudhoh donne de nombreux exemples de Hakhomim du Talmoudh qui ont précisément fait cela. (Par exemple, Rami avait un beau-père nommé Rami.)
- Il s'agit donc du troisième exemple de ce type : joindre les mains de sorte que les doigts s'entrelacent.
En
outre, diverses instructions, telle que celle-ci, n'étaient
destinées qu'aux descendants directs de Ribbénou Yahoudhoh
Hahosidh.
Il n'a jamais rédigé son testament dans le but que d'autres
suivent, de manière générale, ses instructions et innovations, qui
sont motivées par des raisons kabbalistiques qu'il ne dévoile pas.
Le
Kaph Hahayyim
et le Ban `ish Hay
ont évidemment une approche différente, et ils en ont le droit.
Mais cela ne signifie pas que cela incombe à tout le monde parce
qu'eux pensent comme cela. Il s'agit d'un différend quant aux
limites de la Halokhoh
et de la Qabboloh. Même si le `ar''i soutient qu'il ne faudrait pas
croiser ses mains de cette manière, il existe d'innombrables
innovations du `ar''i qui ne sont suivies par personne, même parmi
de grands kabbalistes.
Le
´oroukh Hashshoulhon
rapporte comme Halokhoh
pratique3
qu'en temps de difficultés ou de catastrophes déchaînées, on
devrait justement prier avec nos mains jointes et les doigts
entrecroisés. Cependant, dit le ´oroukh Hashshoulhon,
en temps de paix vous ne devriez pas le faire car cela fait tomber le
Din Shomayim sur vous.
Cette
distinction que fait le ´oroukh Hashshoulhon proviendrait, à
première vue, directement de la Gamoro` de
Shabboth mentionnée ci-dessus, avec les deux pratiques différentes,
à l'époque de la difficulté par rapport à celle de la paix, de
Rov Kahano`. Dans le premier cas, il retirait sa cape et
joignait ses mains. Dans le deuxième cas, il s'enveloppait dans le
Talith. Mais notez cependant que Ravo` ne faisait
pas une telle distinction. Je suppose que quelqu'un a été dérangé
par la contradiction de la pratique kabbalistique par rapport à
celle du Talmoudh qui enseigne l'inverse, et a saisi la pratique
différente de Rov Kahano` comme un moyen d'harmoniser les
deux sources. (En regardant plus loin, il semble que ce soit ce que
dise le Ta''z.) Notez aussi que le Talmoudh ne fait pas, au niveau
d'une simple lecture, la distinction entre entrelacer et ne pas
entrelacer comme faisant tomber le jugement sur le monde. Il s'agit
plutôt d'enlever sa cape ou de s'en revêtir. Dans les moments
difficiles, il se dépouillait du manteau, se rendant davantage
semblable à un serviteur et prenait la pose d'un serviteur
suppliant. En temps de paix, il n'y en avait pas besoin, alors il
s'enveloppait dans sa cape, pour une meilleure concentration.
En
retournant à présent maintenant au ´oroukh Hashshoulhon,
nous voyons qu'il admet lui-même que Ravo` n'a pas fait une telle
distinction. Pourtant, malgré cette admission, il déclare ce qui
est dit ci-dessus. Pour ceux qui veulent le passage intégral du
´oroukh Hashshoulhon pour vérifier par eux-mêmes, le
voici :
סימן צא סעיף ז
וכתבו רבותינו בעלי
השולחן ערוך בסעיף ו:
דרך החכמים ותלמידיהם
שלא יתפללו אלא כשהם עטופים.
ובעת הזעם יש
לחבק הידים בשעת התפילה כעבדא קמי מאריה.
ובעת שלום יש
להתקשט בבגדים נאים להתפלל.
עד כאן לשונו,
וכבר כתבנו
מזה.
ו"חיבוק
ידים"
הוא שחובק
אצבעות ידיו זה בשל זה,
כאדם ששובר
אצבעותיו כשמצטער.
ויש מהחכמים
שהיו עושים כן גם בעת שלום (רבא
בשבת י א).
ומכל מקום יש
ליזהר שלא לחבוק אצבעותיו בעת שלום,
כי בזה מוריד
דין על עצמו.
אלא יניח ידיו
זו על זו כפותין (הגר"ז).
ואין טבעי בני אדם
שוים בזה.
ויש שקשה
עליהם להתפלל באופן זה,
אלא מניחים
הידים על הסטענדע"ר
או על הדף הדבוק בכותל.
ואין כלל קבוע
בזה,
וכל אחד יעשה
כפי מה שמוטב לו להתפלל באופן זה.
ולא יתפלל
בבתי ידים (האנטשו"ך).
Il
y a d'autres sources halakhiques que je n'ai pas mentionnées. Mais
c'est un exemple classique illustrant comment certains utilisent des
enseignements kabbalistiques inexistants et les répandent comme si
c'était la Halokhoh normative qui incomberait à tout le
monde. Que ce soit du point de vue du Talmoudh ou de celui du Zôhar,
il n'y a aucune interdiction ou négativité à croiser ses mains de
sorte que les doigts s'entrecroisent !
Cela
nous montre à quel point il faut être prudent, et surtout
développer un esprit critique où chaque source est d'abord
soigneusement analysée avant d'accepter quelque enseignement que ce
soit, même venant d'un rabbin important !
1Shamôth
15:6
2Yasha´yohou
62:8
3`ôrah
Hayyim 91:7