בס״ד
Quelques
mythes alimentaires concernant Pasah
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Pasah
ne dure qu'une semaine, mais cette fête implique des Houmrôth
supplémentaires au niveau de la Kashrouth pleines de subtilités
complexes ne s'appliquant pas le reste de l'année. Cela signifie que
les choses peuvent devenir déroutantes, même pour les personnes qui
sont très instruites et strictes toute l'année. Ajoutez à cela des
Minhoghim (coutumes) familiaux ou communautaires centenaires
spécifiques à cette fête, et il devient encore plus difficile de
séparer les mythes et les faits sur les pourquoi et les comment
respecter la Kashrouth pendant Pasah. Je me suis rendu compte,
à travers diverses questions qui me sont parvenues, que beaucoup de
néophytes qui ont étudié par internet, sans réel contact avec des
communautés religieuses, prennent tout ce qu'ils lisent à gauche et
à droite, sans faire le tri, et croient que tout ce qu'ils lisent
est vrai. Voici un florilège de quelques mythes les plus répandus
sur la nourriture à Pasah, pour vous permettre d'y voir plus
clair.
- Mythe n°1 : Aucun levain et levure ne sont autorisés
Lorsque
la Tôroh dit que le pain au levain est interdit Pasah, elle
se réfère uniquement à du pain fait à base d'une des cinq
céréales mentionnées dans l'article
suivant. (La vérité est que la liste de céréales
communément donnée à notre époque n'est pas tout à fait exacte,
car toutes ces céréales ne poussaient pas dans l'ancien Israël.
Voir donc le dit article pour la véritable liste.) Ces céréales ne
deviennent du Homés que si, après les avoir pétri
avec de l'eau on les a laissé reposer pendant au moins 18 minutes
(comme expliqué ici).
Les
levains sont des micro-organismes naturels omniprésents
dans l'environnement. Il existe au moins 1 500 espèces de ces
minuscules champignons, et ils se trouvent généralement dans le sol
et sur les plantes, les fruits, légumes et céréales, il serait
donc pratiquement impossible d'éviter de manger du levain même si
vous essayez. Nous avons appris à exploiter les processus
métaboliques naturels du levain et à les utiliser dans de
nombreuses applications culinaires. Mais dans le cas du Homés,
c'est le grain fermenté, et non le levain lui-même, qui est
interdit. En d'autres termes, le grain levé, mais pas l'agent
levant auxiliaire, est le problème. (J'en avais parlé dans
l'article intitulé « Qu'est-il
réellement interdit de consommer pendant Pasah ? ».)
Réfléchissez
à ceci : le vin, qui est fermenté avec du levain (généralement
les levains naturels présents sur les peaux des raisins) fait partie
intégrante du Sédhar de Pasah. Si le levain en lui-même
était interdit, nous ne boirions pas la moindre goutte de vin durant
la semaine de Pasah ! D'innombrables Sadhorim
servent une espèce de gâteau éponge élevé, levé à l'aide de
beaucoup de blancs d’œufs fouettés. Là encore, cela montre bien
que ce n'est pas le levain en lui-même qui est problématique,
puisque ces gâteaux levés sont autorisés. Et il y a beaucoup
d'aliments fermentés - pensez au yaourts, au fromage, aux cornichons
- qui sont 100% Koshér pendant Pasah.
Ainsi,
tout levain n'est pas interdit pendant Pasah, mais seulement
celui à base d'une des cinq céréales. Les fermants lactiques, par
exemple, sont donc parfaitement autorisés. Voilà pourquoi les
fromages, yaourts, etc., ne sont pas un problème pendant Pasah.
- Mythe n°2 : Le riz n'est pas Koshér pour Pasah
Le
riz est une graine de la famille des graminées. Il n'est pas lié
aux cinq espèces de grains considérées Homés,
ne pousse pas à proximité des grains pouvant être Homés
et ne peut pas devenir Homés
par combinaison avec de l'eau. Par conséquent, les juifs séfarades
mangent du riz à Pasah,
mais pas les ashkénazes. Ceci est lié à la coutume ashkénaze
d'éviter les Qôtnoyôth - diverses « légumineuses »
qui pourraient être confondues avec des grains interdits.
Il
y a un débat dans la Gamoro` sur le statut du
riz. Ribbi Yôhonon ban Nouri ז״ל,
notant la façon dont le riz se développe, a fait valoir qu'il
devait s'agir de Homés, bien que tous les autres
Hakhomim n'étaient pas d'accord. Dans les temps
post-talmudiques, lorsque la restriction ashkénaze contre la
consommation de riz a pris de l'ampleur, la crainte d'une
contamination croisée avec des grains Homés fut
probablement un facteur important. Les juifs séfarades, qui vivaient
dans des pays de cultures rizicoles (ce qui n'était pas le cas de la
majorité des ashkénazes), auraient à la fois une plus grande
familiarité et un accès au riz non frelaté. Les Juifs ashkénazes,
cependant, vivaient dans des climats plus froids où le riz ne
poussait pas; le riz importé était beaucoup plus susceptible d'être
stocké ou transporté avec des grains Homés. Soit dit
en passant, les juifs séfarades vérifient leur riz avant Pasah,
pour s'assurer qu'aucun grain de Homés n'est mélangé
dedans.
- Mythe n°3 : Les haricots, les lentilles et certaines épices ne sont pas autorisés
Encore
une fois, cela nous renvoie à la question des Qôtnoyôth. Les Juifs
séfarades et Mizrohim, en règle générale, mangent de
nombreux aliments que les Juifs ashkénazes ont une coutume vieille
de plusieurs siècles d'éviter pendant Pasah. Il s'agit
notamment du riz, des haricots, des lentilles, des pois, du maïs, du
soja, des haricots verts, des arachides et de certaines graines et
épices, notamment le sésame, le pavot, la moutarde, le fenouil, la
coriandre, le cumin, le fenugrec et l'anis.
Cela
ne signifie nullement que les séfarades transgressent les lois de la
Kashrouth. Au contraire, leur pratique de consommer des Qôtnoyôth
est plus conforme à l'intention initiale de la Tôroh en ce qui
concerne les aliments autorisés à Pasah. (Voir l'article
intitulé « La
coutume interdisant les Qotnoyôth à Pasah est anti-halakhique ».)
Le
célèbre historien de la nourriture, le rabbin Gil Marks, note dans
l'Encyclopédie de la Nourriture Juive que l'interdiction des
Qôtnoyôth a commencé comme une coutume isolée dans la France
médiévale. De nombreux rabbins ashkénazes de toutes les époques
se sont prononcés contre l'adoption de cette pratique. Ribbénou
Shamou`él ban Shalômôh de
Falaise ז״ל
a
qualifié la non consommation des Qôtnoyôth de « coutume
erronée », tandis que Ribbénou Yarouhom
ban Mashoullom ז״ל
a
été plus sévère dans son évaluation, qualifiant le Minhogh de
« stupide ».
Ces
dernières années, il y a un certain mouvement ashkénaze sur le
front Qôtnoyôth, avec certains Pôsaqim
contemporains ayant déterminé que les ashkénazes peuvent manger
des Qôtnoyôth.
- Mythe n°4 : La Massoh est toujours croquante
Faux !
La Massoh d'origine
était très souple, semblable à de la pita ou taboon. En fait, la
tradition de manger du Kôrékh au Sédhar, un sandwich à base de
Morôr et de Massoh, est un indice de la nature de la Massoh
originelle. « Kôrékh » signifie « rouler »
ou « se pencher » ; il doit donc être possible
d'enrouler la Massoh autour du Morôr. Certains séfarades
maintiennent la coutume originelle de manger ce qu'on appelle de la
« Massoh molle ». Là encore, sachez que si
certains rabbins autorisent l'utilisation de Massôth molles
par les ashkénazes, d'autres leur interdisent d'en utiliser. C'est
une autre différence entre les deux communautés.
Pour
de plus amples informations, voir les articles intitulés « Les
vraies Massôth » et « Preuves
supplémentaires concernant les vraies Massôth ».
- Mythe n°5 : Vous devez manger de la Massoh tous les jours de Pasah
La
Miswoh de manger de la Massoh est spécifique à la
première nuit de Pasah. Après le Sédhar, il n'y a plus
d'impératif halakhique de manger la Massoh, bien que
l'interdiction de consommer du Homés reste,
évidemment, en vigueur jusqu'à la fin de la semaine de Pasah.
- Mythe n°6 : Vous ne devez boire que du vin rouge au Sédhar
Bien
qu'il existe une forte tradition d'utiliser du vin rouge pour le
Sédhar de Pasah, il est permis - et parfois même préférable
- d'utiliser du vin blanc ou du jus de raisin. Le vin rouge évoque
plus évidemment de nombreux thèmes symboliques du Sédhar de Pasah,
c'est pourquoi il est généralement considéré comme préférable à
d'autres options. Le privilège de pouvoir boire du vin est réservé
aux personnes libres, et Pasah célèbre notre libération de
l'esclavage. La couleur rouge rappelle le sang, la plaie du Nil se
transformant en sang, la Miswoh donnée aux esclaves
israélites de sacrifier un agneau et d’apposer son sang sur le
montant de la porte comme signe pour que Hashshém ית׳
épargne
leurs maisons pendant la dernière plaie – la mort des premiers-nés
égyptiens - le sang est donc un symbole récurrent.
Or,
c'est une des principales raisons pour lesquelles le vin rouge n'a
pas toujours été traditionnellement la boisson préférée du
Sédhar. Pendant les périodes historiques où les diffamations
de sang - fausses accusations odieuses selon lesquelles les Juifs
utilisaient le sang chrétien pour faire de la Massoh et du
vin - étaient monnaie courante, le vin blanc était considéré
comme le choix le plus sûr pour la table de la fête.
De
nos jours, que ce soit à cause de la disponibilité ou de la force
de l'habitude, beaucoup de gens croient qu'il ne faudrait utiliser
que du vin rouge au Sédhar. Mais tel n'est pas le cas. Avec la
renaissance actuelle de la vinification Koshér, il y a une bien plus
grande sélection de vins de qualité, rouges et blancs, que dans les
temps passés. Au niveau purement halakhique, si la qualité de votre
vin blanc est supérieure au vin rouge, il est préférable
d'utiliser le blanc en l'honneur de la fête.
Bien
qu'il soit impératif de boire du vin plutôt que du jus de raisin au
Sédhar, il existe de nombreuses raisons halakhiquement légitimes
permettant à quelqu'un de choisir de boire du jus de raisin.
Peut-être qu'un invité a une condition médicale non divulguée qui
ferait du jus le choix le plus sûr. Peut-être qu'il y a une femme
enceinte à la table qui n'a pas encore annoncé sa grossesse et qui
ne veut pas attirer l'attention sur son statut. Les gens qui ne
boivent pas régulièrement de vin peuvent ressentir ses effets après
un verre ou deux et préfèrent passer au jus. Etc. Le jus de raisin
est parfaitement autorisé, et il n'est pas requis halakhiquement
parlant de n'employer que du vin.
- Mythe n°7 : Vous ne pouvez pas utiliser de véritable extrait de vanille
C'est
le mythe répandu le plus étrange et insensé concernant Pasah.
Les gousses de vanille ne sont pas considérées comme des Qôtnoyôth,
même par les ashkénazes. Et ces dernières années, de l'extrait de
vanille pur, fabriqué avec de l'alcool non dérivé de Homés,
est arrivé sur le marché.
Faîtes
très attention à tout ce que vous entendez ou lisez !