ב״ה
La
Paroshoh avec le Ramba''m
Parashath
Bahar
La
Parashath Bahar présente de nombreuses lois et instructions
relatives à l'institution du עֶבֶד
עִבְרִי
« ´avadh
´ivri »
(littéralement « esclave Hébreu »), l'esclave Israélite
sous contrat qui se met au service d'un autre Israélite à cause des
difficultés financières qui l'assaillent. La Tôroh établit de
nombreuses restrictions sur la longueur et la nature de son contrat
de service, comme par exemple l'interdiction suivante :
לֹא-תִרְדֶּה
בוֹ,
בְּפָרֶךְ
« tu
ne le domineras pas avec oppression ».1
HaZa''l,
dans Tôrath Kôhanim (cité également par Rash''i ז״ל),
offrent deux exemples afin d'illustrer cette interdiction :
- « On ne doit pas lui dire ''Réchauffe pour moi cette coupe !'', si l'on n'a pas besoin [de la coupe réchauffée], ou ''Refroidi pour moi cette coupe !'', si l'on n'a pas besoin [de la coupe refroidie] », ou
- « Bine sous la vigne jusqu'à ce que je revienne ».
Le
premier exemple de « domination oppressante » consiste à
demander un service inutile, comme réchauffer ou refroidir un
aliment sans aucune raison et alors que l'on n'en a pas besoin, et le
deuxième exemple consiste à demander au serviteur d'accomplir une
certaine activité sans avoir fixé la limite concrète de ce
service, car le maître pourrait bien revenir dans une heure, dans
trois heures, dans cinq heures, etc. Le serviteur n'a donc aucune
réelle idée du temps durant lequel il devra travailler.
8.
Tout esclave Hébreu, il est interdit de l'asservir avec
oppression. Qu'est-ce qu'un travail oppressant ? C'est un
travail qui n'a pas de limite, ou un travail dont on n'a pas
besoin mais dont l'objectif est uniquement de lui donner du
travail afin qu'il ne soit pas inoccupé.
|
ח כָּל
עֶבֶד עִבְרִי,
אָסוּר
לַעֲבֹד בּוֹ בְּפֶרֶךְ.
וְאֵיזוֹ
הִיא עֲבוֹדַת פֶּרֶךְ--זוֹ
עֲבוֹדָה שְׁאֵין לָהּ קִצְבָּה,
אוֹ
עֲבוֹדָה שְׁאֵינוּ צָרִיךְ לָהּ,
אֵלָא
תִּהְיֶה מַחְשַׁבְתּוֹ לְהַעֲבִידוֹ
בִּלְבָד,
שֶׁלֹּא
יִבָּטֵל
|
9.
C'est sur cette base que les Sages ont dit qu'il3
ne doit pas lui dire « Bine sous les vignes jusqu'à ce
que je vienne ! », car il n'a pas fixé une limite.
Il doit plutôt lui dire « Bine jusqu'à telle ou telle
heure ! » ou « jusqu'à [ce que tu
arrives à] tel ou tel endroit ! »
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ט מִכָּאן
אָמְרוּ חֲכָמִים שֶׁלֹּא יֹאמַר לוֹ
עֲדֹר תַּחַת הַגְּפָנִים עַד שֶׁאָבוֹא,
שֶׁהֲרֵי
לֹא נָתַן קִצְבָּה;
אֵלָא
יֹאמַר לוֹ עֲדֹר עַד שָׁעָה פְּלוֹנִית,
אוֹ
עַד מָקוֹם פְּלוֹנִי
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10.
Et de même, il ne doit pas lui dire « Creuse à cet
endroit ! » alors qu'il n'en a pas besoin. Même
[lui demander de] réchauffer une boisson pour lui, ou de la
refroidir pour lui, alors qu'il n'en a pas besoin est interdit et
est une transgression d'une [Miswoh] Négative, car il est
dit4 :
« Tu ne le domineras pas avec oppression ».
On ne peut donc lui faire faire qu'une chose limitée dont on a
besoin.
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י וְכֵן
לֹא יֹאמַר לוֹ חֲפֹר מָקוֹם זֶה,
וְהוּא
אֵינוּ צָרִיךְ לוֹ.
וְאַפִלּוּ
לְהָחֵם לוֹ כּוֹס שֶׁלְּחַמִּין,
אוֹ
לְהָצֵן לוֹ,
וְהוּא
אֵינוּ צָרִיךְ לוֹ--אָסוּר,
וְעוֹבֵר
עָלָיו בְּלֹא תַעֲשֶׂה:
שֶׁנֶּאֱמָר
"לֹא-תִרְדֶּה
בוֹ,
בְּפָרֶךְ",
הַא
אֵינוּ עוֹשֶׂה לוֹ אֵלָא דָּבָר קָצוּב
שְׁהוּא צָרִיךְ לוֹ
|
Cette
interdiction de dominer son serviteur Hébreu avec oppression inclut
donc deux catégories différentes de travaux : un travail qui
n'est pas nécessaire et dont on n'a pas besoin, et un travail à
accomplir sans qu'une limite de temps n'ait été fixée. Cette
interdiction sert un double objectif, à savoir d'un côté protéger
le serviteur et de l'autre côté entretenir la sensibilité du
maître vis-à-vis de son serviteur.
L'interdiction
d'imposer un travail inutile ne peut en aucun cas être perçue comme
une volonté de la Tôroh de préserver le bien-être du serviteur.
En effet, le serviteur ne sait même pas que le maître qui lui a
demandé de lui réchauffer une boisson ou de la refroidir le lui a
demandé inutilement. Mais dans une relation serviteur-maître, le
maître a autant besoin de protection que le serviteur. Bien que le
serviteur doive être protégé face à un éventuel traitement
abusif, le maître doit être protégé d'une tendance naturelle qui
naît lorsqu'on est en position d'autorité sur quelqu'un, à savoir
exercer un contrôle abusif sur la personne et en ressentir par-là
un sentiment artificiel de fierté et de pouvoir. La Tôroh interdit
par conséquent au maître d'imposer des tâches inutiles au
serviteur non pas pour protéger le serviteur du surmenage mais pour
rappeler au maître qu'il ne possède pas vraiment ce serviteur (car
Dieu est le Maître ultime de toute créature), qu'il y a des limites
à l'autorité et au contrôle qu'il peut exercer.
Par
contre, la seconde interdiction, celle qui consiste à assigner des
tâches qui n'ont pas de limites dans le temps, est destinée à
protéger le serviteur. Un travail difficile est rendu plus tolérable
par l'anticipation d'un répit et le sentiment d'avoir fait ce qu'il
fallait quand on a achevé une tâche déterminée ou réalisé une
quantité précise de travail. Ordonner à un serviteur de travailler
durant une période indéterminée lui cause beaucoup de peine et
d'exaspération, ce qu'un maître a l'interdiction de causer à son
serviteur.
Ainsi,
cette loi sert bien un double objectif : elle protège le
serviteur de la peine et du désespoir, tout en protégeant le maître
d'un sentiment exagéré de puissance et de contrôle.
Les
parents devraient en tirer des leçons pratiques sur la façon
d'exercer leur autorité sur leurs enfants, et les patrons sur la
façon de se conduire avec leurs employés !
1Wayyiqro`
25:43
2Hilkôth
´avodhim 1:8-10
3Le
maître
4Wayyiqro`
25:43, 46