vendredi 27 mai 2016

La Paroshoh avec le Ramba''m : Parashath Bahar

ב״ה

La Paroshoh avec le Ramba''m

Parashath Bahar


Cet article peut être téléchargé ici.

La Parashath Bahar présente de nombreuses lois et instructions relatives à l'institution du עֶבֶד עִבְרִי « ´avadh ´ivri » (littéralement « esclave Hébreu »), l'esclave Israélite sous contrat qui se met au service d'un autre Israélite à cause des difficultés financières qui l'assaillent. La Tôroh établit de nombreuses restrictions sur la longueur et la nature de son contrat de service, comme par exemple l'interdiction suivante : לֹא-תִרְדֶּה בוֹ, בְּפָרֶךְ « tu ne le domineras pas avec oppression ».1

HaZa''l, dans Tôrath Kôhanim (cité également par Rash''i ז״ל), offrent deux exemples afin d'illustrer cette interdiction :

  • « On ne doit pas lui dire ''Réchauffe pour moi cette coupe !'', si l'on n'a pas besoin [de la coupe réchauffée], ou ''Refroidi pour moi cette coupe !'', si l'on n'a pas besoin [de la coupe refroidie] », ou
  • « Bine sous la vigne jusqu'à ce que je revienne ».

Le premier exemple de « domination oppressante » consiste à demander un service inutile, comme réchauffer ou refroidir un aliment sans aucune raison et alors que l'on n'en a pas besoin, et le deuxième exemple consiste à demander au serviteur d'accomplir une certaine activité sans avoir fixé la limite concrète de ce service, car le maître pourrait bien revenir dans une heure, dans trois heures, dans cinq heures, etc. Le serviteur n'a donc aucune réelle idée du temps durant lequel il devra travailler.

Le Ramba''m ז״ל codifie cette interdiction dans son Mishnéh Tôroh de la façon suivante2 :

8. Tout esclave Hébreu, il est interdit de l'asservir avec oppression. Qu'est-ce qu'un travail oppressant ? C'est un travail qui n'a pas de limite, ou un travail dont on n'a pas besoin mais dont l'objectif est uniquement de lui donner du travail afin qu'il ne soit pas inoccupé.
ח  כָּל עֶבֶד עִבְרִי, אָסוּר לַעֲבֹד בּוֹ בְּפֶרֶךְ. וְאֵיזוֹ הִיא עֲבוֹדַת פֶּרֶךְ--זוֹ עֲבוֹדָה שְׁאֵין לָהּ קִצְבָּה, אוֹ עֲבוֹדָה שְׁאֵינוּ צָרִיךְ לָהּ, אֵלָא תִּהְיֶה מַחְשַׁבְתּוֹ לְהַעֲבִידוֹ בִּלְבָד, שֶׁלֹּא יִבָּטֵל
9. C'est sur cette base que les Sages ont dit qu'il3 ne doit pas lui dire « Bine sous les vignes jusqu'à ce que je vienne ! », car il n'a pas fixé une limite. Il doit plutôt lui dire « Bine jusqu'à telle ou telle heure ! » ou « jusqu'à [ce que tu arrives à] tel ou tel endroit ! »
ט  מִכָּאן אָמְרוּ חֲכָמִים שֶׁלֹּא יֹאמַר לוֹ עֲדֹר תַּחַת הַגְּפָנִים עַד שֶׁאָבוֹא, שֶׁהֲרֵי לֹא נָתַן קִצְבָּה; אֵלָא יֹאמַר לוֹ עֲדֹר עַד שָׁעָה פְּלוֹנִית, אוֹ עַד מָקוֹם פְּלוֹנִי
10. Et de même, il ne doit pas lui dire « Creuse à cet endroit ! » alors qu'il n'en a pas besoin. Même [lui demander de] réchauffer une boisson pour lui, ou de la refroidir pour lui, alors qu'il n'en a pas besoin est interdit et est une transgression d'une [Miswoh] Négative, car il est dit4 : « Tu ne le domineras pas avec oppression ». On ne peut donc lui faire faire qu'une chose limitée dont on a besoin.
י  וְכֵן לֹא יֹאמַר לוֹ חֲפֹר מָקוֹם זֶה, וְהוּא אֵינוּ צָרִיךְ לוֹ. וְאַפִלּוּ לְהָחֵם לוֹ כּוֹס שֶׁלְּחַמִּין, אוֹ לְהָצֵן לוֹ, וְהוּא אֵינוּ צָרִיךְ לוֹ--אָסוּר, וְעוֹבֵר עָלָיו בְּלֹא תַעֲשֶׂה: שֶׁנֶּאֱמָר "לֹא-תִרְדֶּה בוֹ, בְּפָרֶךְ", הַא אֵינוּ עוֹשֶׂה לוֹ אֵלָא דָּבָר קָצוּב שְׁהוּא צָרִיךְ לוֹ

Cette interdiction de dominer son serviteur Hébreu avec oppression inclut donc deux catégories différentes de travaux : un travail qui n'est pas nécessaire et dont on n'a pas besoin, et un travail à accomplir sans qu'une limite de temps n'ait été fixée. Cette interdiction sert un double objectif, à savoir d'un côté protéger le serviteur et de l'autre côté entretenir la sensibilité du maître vis-à-vis de son serviteur.

L'interdiction d'imposer un travail inutile ne peut en aucun cas être perçue comme une volonté de la Tôroh de préserver le bien-être du serviteur. En effet, le serviteur ne sait même pas que le maître qui lui a demandé de lui réchauffer une boisson ou de la refroidir le lui a demandé inutilement. Mais dans une relation serviteur-maître, le maître a autant besoin de protection que le serviteur. Bien que le serviteur doive être protégé face à un éventuel traitement abusif, le maître doit être protégé d'une tendance naturelle qui naît lorsqu'on est en position d'autorité sur quelqu'un, à savoir exercer un contrôle abusif sur la personne et en ressentir par-là un sentiment artificiel de fierté et de pouvoir. La Tôroh interdit par conséquent au maître d'imposer des tâches inutiles au serviteur non pas pour protéger le serviteur du surmenage mais pour rappeler au maître qu'il ne possède pas vraiment ce serviteur (car Dieu est le Maître ultime de toute créature), qu'il y a des limites à l'autorité et au contrôle qu'il peut exercer.

Par contre, la seconde interdiction, celle qui consiste à assigner des tâches qui n'ont pas de limites dans le temps, est destinée à protéger le serviteur. Un travail difficile est rendu plus tolérable par l'anticipation d'un répit et le sentiment d'avoir fait ce qu'il fallait quand on a achevé une tâche déterminée ou réalisé une quantité précise de travail. Ordonner à un serviteur de travailler durant une période indéterminée lui cause beaucoup de peine et d'exaspération, ce qu'un maître a l'interdiction de causer à son serviteur.

Ainsi, cette loi sert bien un double objectif : elle protège le serviteur de la peine et du désespoir, tout en protégeant le maître d'un sentiment exagéré de puissance et de contrôle.

Les parents devraient en tirer des leçons pratiques sur la façon d'exercer leur autorité sur leurs enfants, et les patrons sur la façon de se conduire avec leurs employés !

1Wayyiqro` 25:43
2Hilkôth ´avodhim 1:8-10
3Le maître
4Wayyiqro` 25:43, 46
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