ב״ה
La
Paroshoh avec le Ramba''m
`amôr
Cet
article peut être téléchargé ici.
La
Parashath `amôr commence par le Din de la טֻמְאַת
כֹּהַנִים « Toum`ath
Kôhanim » (impureté des prêtres), qui interdit aux
membres de la caste sacerdotale d'entrer en contact avec un cadavre
humain. Comme nous aurions pu nous y attendre, la Tôroh permet
cependant aux Kôhanim de devenir Tomé` (rituellement impur) pour
enterrer des membres de leurs familles. C'est en accord total avec
les valeurs toraniques fondamentales sur la famille et le respect dû
aux morts, de sorte qu'en dépit de leur haute stature spirituelle
les Kôhanim se doivent de s'occuper de l'enterrement de leurs
proches, alors qu'en temps normal ils se doivent d'éviter toutes les
sources de Toum`oh (impureté rituelle).
Mais
il est surprenant de constater qu'une telle exception n'est pas
accordée au Kôhén Godhôl, qui doit adhérer aux règles très
strictes du code sacerdotal même face à des tragédies
personnelles. Voici ce qui est dit dans la Tôroh1 :
Quant
au Kôhén supérieur à ses frères, sur la tête duquel aura
coulé l'huile d'onction, et qu'on aura investi du droit de
revêtir les insignes, il ne doit point découvrir sa tête ni
déchirer ses vêtements; il
n'approchera d'aucun corps mort; pour son père même et pour sa
mère il ne se rendra point impur; et il ne quittera point le
sanctuaire, pour ne pas profaner le sanctuaire de son Dieu, car il
porte le sacre de l'huile d'onction de son Dieu: Je suis `adhônoy.
|
וְהַכֹּהֵן
הַגָּדוֹל מֵאֶחָיו אֲשֶׁר-יוּצַק
עַל-רֹאשׁוֹ
שֶׁמֶן הַמִּשְׁחָה,
וּמִלֵּא
אֶת-יָדוֹ,
לִלְבֹּשׁ,
אֶת-הַבְּגָדִים--אֶת-רֹאשׁוֹ
לֹא יִפְרָע,
וּבְגָדָיו
לֹא יִפְרֹם.
וְעַל
כָּל-נַפְשֹׁת
מֵת,
לֹא
יָבֹא:
לְאָבִיו
וּלְאִמּוֹ,
לֹא
יִטַּמָּא.
וּמִן-הַמִּקְדָּשׁ,
לֹא
יֵצֵא,
וְלֹא
יְחַלֵּל,
אֵת
מִקְדַּשׁ אֱלֹהָיו:
כִּי
נֵזֶר שֶׁמֶן מִשְׁחַת אֱלֹהָיו,
עָלָיו--אֲנִי
יהוה
|
Même
au décès d'un proche parent, le Kôhén Godhôl doit rester dans le
sanctuaire et s'abstenir d'assister aux funérailles. Il lui est même
interdit d'assumer la moindre pratique de deuil !
Il
ressort clairement que le Din strict du Kôhén Godhôl (qui ne
s'applique évidemment qu'à lui) a pour but d'établir un modèle de
l'état d'esprit qui devrait animer même les membres les plus
simples du peuple d'Israël. Le statut privilégié du Kôhén Godhôl
en tant que serviteur en chef de Dieu dans le sanctuaire l'immunise
contre les peines et les douleurs que les gens expérimentent
normalement lorsqu'ils souffrent d'une perte personnelle. En restant
dans le sanctuaire pour servir Dieu, le Kôhén Godhôl démontre que
la joie et le privilège de la ´avôdhath HaShem éclipse même les
tragédies les plus dures, de sorte qu'il puisse rester focalisé et
ne pas se détourner de son rôle même face à des épreuves
personnelles.
Ce
principe s'applique bien à tous les Israélites. La Tôroh permet et
exige même de tous les Israélites, excepté le Kôhén Godhôl,
d'observer une période de deuil lors du décès d'un membre de la
famille, mais dans le même temps elle nous demande de ne pas perdre
de vue le privilège sans pareil que représente le fait de servir
Dieu. Tout en reconnaissant l'importance du deuil pour ceux qu'on
aime, la Tôroh nous invite à suivre l'exemple du Kôhén Godhôl
dans la façon de concevoir les difficultés et épreuves de la vie.
L'énorme privilège que nous avons de mener des vies au service de
Dieu doit nous faire relativiser toutes les difficultés et nous
permettre de les affronter avec force, courage et détermination.
Le
Ramba''m ז״ל
exprime
cette notion dans le cadre de son exposé sur le livre de `iyôv. Au
début, `iyôv ע״ה
répond
à ses souffrances en reniant complètement la Divine Providence, et
le Ramba''m suggère que `iyôv parvint à cette conclusion erronée
en raison de sa compréhension imparfaite ou biaisée de Dieu. Il
écrit2 :
Ce
n'était là qu'une opinion qui surgit de prime abord, surtout chez
un homme frappé de malheurs et intimement convaincu de son
innocence, et c'est ce que personne ne contestera ; c'est
pourquoi cette opinion est attribuée à `iyôv. Cependant celui-ci
ne proférait tous ces discours que tant qu'il était dans
l'ignorance et qu'il ne connaissait Dieu que par tradition, comme Le
connait la foule des hommes religieux ; mais dès qu'il eut de
Dieu une connaissance certaine, il reconnut que la vraie félicité,
qui consiste dans la connaissance de Dieu, est réservée à tous
ceux qui Le connaissent, et qu'aucune de toutes ces calamités ne
saurait la troubler chez l'homme. Ces félicités imaginaires, comme
la santé, la richesse, les enfants, `iyôv les avait considérées
comme but, tant qu'il ne connaissait Dieu que par tradition et non
par la réflexion ; c'est pourquoi il tomba dans tous ces
égarements et proféra ces discours [blâmables].
Le
Ramba''m déclare que celui qui atteint une connaissance parfaite de
Dieu et Sa Providence obtient une telle « félicité »
qu' « aucune de toutes ces calamités ne saurait la troubler
chez l'homme » ; il n'est pas affecté même par les
épreuves et et difficultés les plus dures, même celles qui
assaillirent `iyôv. La joie et la vivification causée par cette
connaissance lui permet de ne tenir compte d'aucun tourment et
souffrance amère.
Évidemment,
très peu de personnes peuvent se targuer d'avoir atteint un tel
niveau idéal. Le Ramba''m lui-même, dans une lettre fameuse, décrit
l'angoisse et la douleur qu'il a ressenties en apprenant le décès
tragique de son frère. Néanmoins, nous pouvons tous apprendre du
modèle du Kôhén Godhôl à reconnaître le privilège qui nous a
été accordé de servir le Tout-Puissant, qui doit nous permettre de
relativiser les nombreuses épreuves et difficultés mineures
auxquelles nous sommes confrontés chaque jour.
1Wayyiqro`
21:10-12
2Môréh
Navoukhim Volume 3 Chapitre 23