ב״ה
Les
Lois de Niddoh
La
femme Niddoh, la Synagogue et les rituels religieux
Première
Partie
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- Introduction
La
majorité des sujets relatifs à l'impureté et la pureté dans la
Tôroh sont mentionnés en lien avec le Mishkon. D'après la Tôroh,
toute personne impure a l'interdiction d'entrer dans le Mishkon. La
liste donnée dans Wayyiqro` Chapitre 15 inclut des gens qui
sont considérés impurs à cause de décharges provenant de leurs
organes sexuels, soit par des causes naturelles, soit par maladie.
Elle mentionne les personnes suivantes :
- un זָב « Zov » : un homme qui a des décharges séminales causées par une maladie ou un dysfonctionnement de ses organes sexuels ;
- un בַּעַל קֶרִי « Ba´al Qari » : un homme qui a eu un écoulement séminale ;
- une זָבָה « Zovoh » : une femme qui a des pertes de sang à d'autres moments que sa période menstruelle ;
- une נִדָּה « Niddoh » : une femme qui a des pertes de sang durant sa période menstruelle.
D'après
la Tôroh, les Bané Yisro`él doivent se séparer de ces personnes
impures, car autrement, eux aussi deviendraient impurs. Mais, au
verset 31, vers la fin de ce chapitre, la Tôroh nous donne la raison
de cette séparation :
Et vous ferez
préserver les enfants d'Israël de leurs impuretés, afin qu'ils
ne meurent pas de leurs impuretés en rendant impure Mon Mishkon
qui est au milieu d'eux.
|
וְהִזַּרְתֶּם
אֶת-בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל,
מִטֻּמְאָתָם;
וְלֹא
יָמֻתוּ בְּטֻמְאָתָם,
בְּטַמְּאָם
אֶת-מִשְׁכָּנִי
אֲשֶׁר בְּתוֹכָם
|
Les
Bané Yisro`él devaient s'éloigner de toute forme d'impureté parce
que le Mishkon se trouvait au milieu d'eux, au milieu du camp.
C'était une interdiction si stricte que quiconque s'approchait du
Mishkon en état d'impureté était passible de la mort. Puisque le
Mishkon se trouvait au milieu du camp, ceux qui étaient impurs
devaient quitter le camp jusqu'à ce qu'ils aient recouvert leur
impureté.1
Une
autre sorte d'impureté est celle de la femme après un accouchement.
La Tôroh déclare explicitement qu'elle ne doit pas entrer dans le
Sanctuaire durant la période de son impureté.2
Plus
tard, lorsque le Mishkon fut remplacé par le Béth Hammiqdhosh,
l'interdiction pour les personnes impures de pénétrer dans le
Mishkon s'appliqua également au Béth Hammiqdhosh.3
Après
la destruction du Béth Hammiqdhosh, les Bathé Hakkanasiyôth
(Synagogues) et Bathé Midhroshim (maisons d'étude) devinrent les
principales institutions religieuses du culte israélite à la place
du Béth Hammiqdhosh. Puisqu'il n'était plus possible d'apporter des
Qorbonôth (sacrifices), la Tafilloh (prière) et le Limoudh Tôroh
(étude de la Tôroh) devinrent les rituels de substitution.4
Mais malgré tout cela, il n'y a aucun décret dans les sources
tanaïques (les Sages de la Mishnoh) et ammoraïques (les Sages de la
Gamoro`) exigeant des personnes impures qu'elles se séparent de la
Synagogue, qu'elles s'abstiennent du Limoudh Tôroh ou de la
Tafilloh. Dans les générations post-talmudiques, l'écrasante
majorité des Pôsqim continuèrent à leur permettre de fréquenter
les Synagogues, tandis qu'une minorité fut plus stricte concernant
la femme Niddoh. Cette minorité trancha que la femme Niddoh devait
s'abstenir de tout rite religieux en général et d'entrer dans une
Synagogue en particulier, afin que la sainteté du lieu ne soit pas
souillée. Nous allons à présent passer en revue les différentes
approches.
- Le point de vue de la Halokhoh
Lorsque
nous examinons les textes halakhiques, c'est-à-dire les sources
tanaïques et ammoraïques, nous voyons que HaZa''l
ne firent jamais de différence entre une femme Niddoh et les autres
personnes impures, et leur permirent tous de prier, réciter des
bénédictions, étudier la Tôroh et entrer dans une Synagogue.
- La Tôsafto`
Nous
lisons ceci dans la Tôsafto`5 :
Les
Zovin, les Zovôth, les Niddôth et les femmes qui ont accouché
ont la permission de lire la Tôroh, d'étudier la Mishnoh, le
Midhrosh, les Halokhôth et les `aggodhôth. Mais tout cela est
interdit aux Ba´alé Qariyin.
|
הזבין
והזבות והנדות והיולדות מותרין לקרות
בתורה ולשנות במשנה במדרש בהלכות ובאגדות
ובעלי קריין אסורין בכולן
|
D'après
cette Baraytho`, les femmes Niddôth et toutes les autres personnes
impures n'ont pas l'interdiction de lire la Tôroh et d'étudier les
paroles et enseignements de HaZa''l.
Il n'y a qu'une seule exception : un Ba´al Qari a
l'interdiction de s'adonner à ces activités. Cette exception est
due au décret de ´azro` Hassôfér ע״ה
selon
lequel un Ba´al Qari doit s'immerger dans un Miqwah avant de pouvoir
s'adonner à des rites religieux.6
Pour rappel, un Ba´al Qari est un homme ayant eu un écoulement
séminal pour quelque raison que ce soit, comme par exemple à la
suite d'un rapport sexuel avec son épouse. Mais les Sages de
Palestine nous apprennent que cette interdiction pour le Ba´al Qari
de s »adonner à des rites religieux n'a rien à voir avec son
état d'impureté. Ils nous disent ceci7 :
Rabbi
Ya´aqôv bar `abboun a dit : « Eux-mêmes n'ont
décrété cette immersion qu'afin que les Israélites ne soient
pas comme des coqs, qui ont des rapports sexuels, descendent et
mangent.
|
אָמַר
רַבִּי יַעֲקֹב בַּר אַבּוּן:
כָּל
עַצְמָן לֹא הִתְקִינוּ אֶת הַטְּבִילָה
הַזֹּאת,
אֶלָּא
שֶׁלֹּא יְהוּ יִשְׂרָאֵל כַּתַּרְנְגוֹלִין
הַלָּלוּ,
מְשַׁמֵּשׁ
מִטָּתוֹ וְיוֹרֵד וְאוֹכֵל
|
En
d'autres mots, d'après le Yarousholmi, les interdictions imposées
au Ba´al Qari ne sont pas liées à son impureté. Les Sages
désiraient plutôt limiter l'homme dans ses activités sexuelles.
Ils ne voulaient pas que l'homme se comporte comme un coq qui
s'accouple tout le temps. Par conséquent, ils imposèrent à un
homme qui avait eu un écoulement séminal de chaque fois s'immerger
au Miqwah après. Néanmoins, ce décret de ´azro` Hassôfér fut
par la suite aboli par les Sages de l'époque ammoraïque, parce
qu'il était trop difficile pour la majorité des hommes d'y adhérer
et tout homme n'avait pas forcément un Miqwah à proximité de chez
lui ou l'envie et la force de s'y rendre après un rapport sexuel
avec sa femme. De ce fait, la Halokhoh est que même un Ba´al Qari,
comme le reste des personnes impures, peut s'adonner à des rites
religieux même sans s'être immergés au préalable.8
- Le Talmoudh Bavli
La
Gamoro`9
rapporte la Baraytho` suivante :
Il
a été enseigné : Rébbi Yahoudhoh ban Bathiro` avait
l'habitude de dire : « Les paroles de Tôroh ne
peuvent contracter d'impureté ». Une fois, un certain
disciple marmonnait près de Rébbi Yahoudhoh ban Bathiro`. Il lui
dit : « Mon fils, ouvre ta bouche et que tes paroles
soient claires, car les paroles de Tôroh ne peuvent contracter
d'impureté, car il est dit10 :
''Mes paroles ne sont-elles pas comme le feu ?''. Tout comme
le feu ne peut contracter d'impureté, de même, les paroles de
Tôroh ne peuvent contracter d'impureté ».
|
תניא
ר'
יהודה
בן בתירא היה אומר אין דברי תורה מקבלין
טומאה מעשה בתלמיד אחד שהיה מגמגם למעלה
מרבי יהודה בן בתירא אמר ליה בני פתח
פיך ויאירו דבריך שאין דברי תורה מקבלין
טומאה שנאמר הלא כה דברי כאש נאם ה'
מה
אש אינו מקבל טומאה אף דברי תורה אינן
מקבלין טומאה
|
En
d'autres mots, quelqu'un qui est impur peut s'adonner à l'étude de
la Tôroh, étant donné que les paroles de Tôroh ne peuvent
contracter d'impureté.
Nous
pouvons résumer la chose ainsi : ni la Mishnoh, ni les deux
Talmoudhin, n'interdisent à une femme Niddoh d'entrer dans une
Synagogue, de prier, de réciter le Shama´ ou de lire ou étudier la
Tôroh. L’impureté de la Niddoh ne l'empêche de s'adonner à des
activités religieuses, parce que אין
דברי תורה מקבלין טומאה
« les
paroles de Tôroh ne peuvent contracter d'impureté ».
- Les Ga`ônim et les Ri`shônim
- Les Ga`ônim (de l'an 600 à l'an 1000)
En
accord avec ces sources halakhiques, l'opinion acceptée dans les
Yashivôth des Ga`ônim (qui furent les dirigeants des Juifs de
Babylone après la clôture du Talmoudh) était que les femmes
Niddôth pouvaient prier, réciter des bénédictions, ou encore se
rendre à la Synagogue. À la question qui lui fut posée, si une
femme Niddoh devait réciter des bénédictions et prier, le Rov
Natrôna`y Go`ôn bar Rov Hilla`y ז״ל
(deuxième
moitié du 9ème siècle) répondit ceci11 :
Nous avons vu
qu'une femme qui est Niddoh prie et récite des bénédictions durant
sa période [menstruelle] sans appréhension. Sous prétexte qu'elle
est interdite à son mari, doit-elle être libérée de l'observance
des Miswôth ?!
Car Ravino` a dit12 :
« Une Niddoh
sépare la Halloh ».
Puisqu'elle a l'obligation de séparer [la Halloh,
bien qu'elle soit Niddoh], elle ne peut pas le faire sans réciter
une bénédiction. Quelle différence y a-t-il entre une bénédiction
et une prière ?
En
d'autres mots, bien qu'une femme Niddoh soit interdite à son mari
(ils ne peuvent pas avoir de rapports sexuels), elle est néanmoins
toujours astreinte à toutes ses obligations religieuses. De ce fait,
chaque fois qu'elle accomplit une Miswoh
ou un acte qui nécessite qu'une bénédiction soit récitée, comme
par exemple lorsqu'elle sépare la pâte de la Halloh,
elle doit donc réciter les Barokhôth requis pour les actes
religieux qu'elle accomplit. Et puisqu'il n'y a pas de différence
halakhique entre une bénédiction et une prière, tout comme elle
est tenue de réciter les bénédictions, elle est également tenue
de prier.
La
majorité des Ga`ônim permirent à une femme Niddoh de s'adonner à
des activités religieuses et affirmèrent qu'il n'y avait aucune
base dans la Tôroh et la loi talmudique pour l'interdire. Néanmoins,
il semble que l'opinion minoritaire était également très répandue
à leur époque, comme nous le verrons un peu plus loin dans cet
article.
- Rash''i (France, 1040-1105)
Il
était apparemment assez fréquent au 11ème siècle pour les femmes
Juives françaises de s'abstenir d'aller à la Synagogue lorsqu'elles
étaient Niddôth. Les propos de Rash''i ז״ל
l'attestent13 :
Et certaines
femmes s'empêchent d'entrer à la Synagogue durant leur période
menstruelle]. Elles n'ont pas besoin d'agir ainsi. Car pourquoi le
font-elles ? Si c'est parce qu'elles pensent qu'une Synagogue
est comme le Béth Hammiqdhosh, pourquoi y entre-t-elle alors même
après leur immersion rituelle ?... Si ce n'est pas comme le
Béth Hammiqdhosh, elles doivent certainement y entrer. En outre,
nous avons tous eu des émissions séminales et sommes tous impurs de
part la proximité avec des cadavres et de reptiles, et pourtant nous
entrons à la Synagogue. Tu apprends donc qu'une Synagogue n'est pas
comme le Béth Hammiqdhosh, et elles peuvent y entrer. Cependant,
c'est un lieu pur et agissent de façon appropriée.
Rash''i
s'opposait à cette coutume qu'avaient certaines femmes, et explique
que la Synagogue n'est pas comme le Béth Hammiqdhosh, et par
conséquent les gens impurs, y compris les femmes Niddôth, n'ont pas
l'interdiction d'y entrer.
Notez
que la dernière phrase du Pasaq de Rash''i contredit clairement
l'opinion qu'il exprime avant la conclusion. Nous pouvons aisément
conclure que cette phrase de conclusion ne reflète pas l'opinion de
Rash''i, mais fut un ajout d'un éditeur, d'un copiste, ou peut-être
d'un de ses disciples. Ce Pasaq apparaît également dans deux autres
ouvrages de rassemblement des enseignements de Rash''i, à savoir, le
Séfar Liqqouté Pardés LaRash''i (5b),
le Séfar Ho ôroh (Volume 2, pages 167-168). Ces ouvrages, ainsi que
le Mahzôr
Witri, furent écrits par les disciples de Rash''i, et non par
Rash''i lui-même, et l'un d'eux a très bien pu ajouter la phrase de
conclusion que l'on retrouve dans les trois versions. Il y a d'autres
cas similaires de phrases ajoutées qui contredisent tout ce qui a
été dit avant elles. (Dans le propre commentaire de Rash''i sur le
TaNa''Kh, un ami Breslever fut choqué d'apprendre ce que je savais
depuis longtemps : certains commentaires imprimés ne sont pas
de Rash''i ou contredisent même Rash''i.) Ce sont des choses très
courantes lorsqu'un livre n'a pas été rédigé par la personne même
mais ses disciples ou d'autres gens, et c'était aussi le problème
des livres que l'on recopiait à la main. Une erreur pouvait
facilement se glisser dans la copie.
- Ramba''m (Espagne-Égypte, 1135-1204)
Tous
ceux qui sont impurs lavent uniquement leurs mains, comme ceux qui
sont purs, et prient. Même s'il leur est possible de s'immerger
et se débarrasser de leur impureté, [le fait qu'il n'y ait pas
eu d']immersion ne les empêche pas [de prier].
|
כָּל
הַטְּמֵאִים--רוֹחֲצִין
יְדֵיהֶן בִּלְבָד כַּטְּהוֹרִין,
וּמִתְפַּלְּלִין:
אַף
עַל פִּי שֶׁאִפְשָׁר לָהֶן לִטְבֹּל
וְלַעֲלוֹת מִטֻּמְאָתָן,
אֵין
הַטְּבִילָה מְעַכֶּבֶת
|
En
d'autres mots, les gens qui sont impurs n'ont pas besoin d'une
immersion rituelle afin de pouvoir prier. Il leur suffit de se laver
les mains, comme tous ceux qui sont impurs, et prier. (En effet,
d'après la Halokhoh, le lavage des mains est requis avant de prier.)
Le
Ramba''m ne fait aucune distinction entre les femmes Niddôth et les
autres personnes impures. Il écrit d'ailleurs ceci15 :
Tous
ceux qui sont impurs, même les Niddôth
et même les Gôyim, ont la permission de tenir un Rouleau de la
Tôroh et de lire dedans, car les paroles de Tôroh ne peuvent
contracter d'impureté. Mais c'est à la condition que leurs mains
ne soient pas sales ou souillées. Ils doivent par conséquent
laver leurs mains, et seulement après le toucher.
|
כָּל
הַטְּמֵאִים,
אַפִלּוּ
נִדּוֹת,
וְאַפִלּוּ
גּוֹיִים--מֻתָּרִין
לֶאֱחֹז סֵפֶר תּוֹרָה,
וְלִקְרוֹת
בּוֹ:
שְׁאֵין
דִּבְרֵי תּוֹרָה מְקַבְּלִין טֻמְאָה.
וְהוּא
שֶׁלֹּא יִהְיוּ יְדֵיהֶם מְטֻנָּפוֹת,
אוֹ
מְלֻכְלָכוֹת בְּטִיט;
אֵלָא
יִרְחֲצוּ יְדֵיהֶם,
וְאַחַר
כָּךְ יִגְּעוּ בּוֹ
|
Le
Ramba''m cite évidemment la Baraytho` dans la Tôsafto` de Barokhôth
2:12 et dans la
Gamoro` de Barokhôth
22a que nous avons
rapportée plus haut.
Le
Ramba''m fait la distinction entre l'impureté et la saleté.
L'interdiction de prier ou toucher un Séfar Tôroh ne s'applique que
dans le cas où les mains sont sales ou souillées, comme cela est
clairement stipulé dans la Gamoro` de Soukkoh
26b, et n'a donc
rien à voir avec l'impureté, puisque les paroles de Tôroh ne
peuvent contracter d'impureté. Par conséquent, n’importe quelle
personne impure, comme par exemple une femme Niddoh ou encore un Gôy,
peut toucher un Séfar Tôroh, dès lors que ses mains sont propres.
Si ce n'est pas le cas, elle doit les laver au préalable. (Par
« mains sales », on parle de la saleté, et par « mains
souillées » on parle de quelqu'un qui a utilisé ses mains
pour toucher des parties du corps devant normalement être couvertes
ou encore un cadavre, un reptile, etc.)
- Rabbi Yôséf Qa`rô (Espagne-Palestine, 1488-1575
Rabbi
Yôséf Qa`rô ז״ל
base
la plupart de ces décisions dans le Shoulhon
´oroukh sur les Sages talmudiques et le Ramba''m. C'est ainsi que
l'on retrouve souvent carrément du copier-coller sur le Mishnéh
Tôroh. Il écrit ceci16 :
Tous
ceux qui sont impurs, même les Niddôth, ont la permission de
tenir un Rouleau de la Tôroh et de lire dedans. Mais c'est à la
condition que leurs mains ne soient pas sales ou souillées.
|
כל
הטמאים אפילו נדות מותרים לאחוז בספר
תורה ולקרות בו;
והוא
שלא יהיו ידיהם מטונפות או מלוכלכות
|
En
d'autres mots, les gens impurs, y compris les femmes Niddôth,
peuvent toucher un Séfar Tôroh.
Un
peu plus tôt dans son Shoulhon
´oroukh, il avait déjà écrit ceci17 :
Tous
ceux qui sont impurs peuvent lire la Tôroh, procéder à la
récitation du Shama´ et prier, excepté le Ba´al Qari, car
´azro` l'a distingué de tous ceux qui sont impurs et lui a
interdit aussi bien les paroles de Tôroh, la récitation du
Shama´ et la prière, tant qu'il ne s'était pas immergé, afin
que les Talmidhé Hakhomim ne restent pas auprès de leurs
épouses comme des coqs. Par la suite, ils annulèrent ce décret,
et cette question fut tranchée selon le Din que même le Ba´al
Qari a la permission [de s'adonner] aux paroles de Tôroh, à la
récitation du Shama´ et à la prière sans immersion... Et telle
est la coutume universelle.
|
כל
הטמאים קורין בתורה וקורין קריאת שמע
ומתפללין חוץ מבעל קרי שהוציאו עזרא
מכל הטמאים ואסרו בין בדברי תורה בין
בקריאת שמע ותפלה עד שיטבול כדי שלא
יהיו תלמידי חכמים מצויין אצל נשותיהן
כתרנגולין ואחר כך בטלו אותה תקנה
והעמידו הדבר על הדין שאף בעל קרי מותר
בדברי תורה ובקריאת שמע ובתפלה בלא
טבילה...
וכן
פשט המנהג
|
D'après
Rabbi Yôséf Qa`rô, tous ceux qui sont rituellement impurs peuvent
lire la Tôroh, étudier la Tôroh, réciter le Shama´ et prier. Un
Ba´al Qari n'a plus l'obligation de s'immerger au Miqwah parce que
ce décret fut annulé. En outre, il n'est pas du tout interdit à
une femme Niddoh d'elle aussi s'adonner à des activités
religieuses, comme l'étude de la Tôroh, la prière, etc.
En
résumé : d'après la Halokhoh basée sur le Talmoudh, ainsi
que d'après les Ga`ônim, Rash''i, le Ramba''m et Rabbi Yôséf
Qa`rô, une femme Niddoh a la permission d'entrer dans une Synagogue
et de s'adonner à des activités religieuses, sans aucune réserve.
- Éloigner les femmes de la Synagogue et leur empêcher les activités religieuses
Nous
avons vu jusqu'à présent qu'il
n'existe aucune
base halakhique pour éloigner une femme Niddoh de la Synagogue ou
lui interdire les activités religieuses durant sa période de
menstruation. Mais à
cause de superstitions et autres raisonnements erronés, certaines
personnes et communautés ont institué des coutumes ayant pour but
d'éloigner la femme Niddoh de la Synagogue et lui interdire les
activités religieuses. Le fait que seule la femme Niddoh parmi
toutes les catégories de personnes impures eut droit à ce régime
drastique indique une idée tordue selon laquelle l'impureté de la
femme Niddoh différerait des autres formes d'impureté.
- Baraytho` DaNiddoh
Les
restrictions extrêmes se rapportant à l'interdiction d'une femme
Niddoh de s'adonner à des activités religieuses se retrouvent dans
un ouvrage intitulé ברייתא
דנדה « Baraytho`
DaNiddoh » (ou ברייתא
דמסכת נדה « Baraytho`
Damasékhéth Niddoh »), dont nous avions déjà un peu parlé
ici,
qui fut rédigé en Palestine probablement du temps des Ga`ônim, et
qui appartenait sans aucun doute à une secte qui ne suivait pas la
Tôroh et Halokhoh normative.
L'une
des caractéristiques de cet ouvrage est qu'il traite énormément de
superstitions d'après lesquelles une femme Niddoh est dangereuse, un
point de vue qui est inexistant dans le TaNa''Kh, la Mishnoh, la
Tôsafto`, le Midhrosh et la Gamoro` ! En outre, bon nombre de
règles mentionnées dans Baraytho` DaNiddoh n'apparaissent pas dans
la littérature rabbinique.
D'après
l'approche du Baraytho` DaNiddoh, on doit éviter tout contact avec
une Niddoh. L'avertissement suivant se retrouve déjà au tout début
du livre (page 3) :
« Les femmes
suivantes enterrent leurs maris : celles qui ne suivent pas
minutieusement les lois de Niddoh ».
Le danger n'est pas limité au mari de la Niddoh, mais s'étend à
tous ceux qui ont un contact avec elle. Nous lisons, par exemple :
« Une Niddoh ne
doit pas couper ses ongles, par crainte que l'un d'eux tombent par
terre... si quelqu'un marche sur eux il tombera malade de furoncles »
(page 16).
Ou : « Rébbi
Youdhon a dit : ''Tout Kôhén qui bénit l'assemblée lorsque
sa mère, sa femme ou sa fille est impure, les prières deviennent
une abomination et cela lui cause des problèmes de mémoire'' »
(page 25).
Autre exemple : « Une
femme qui est Niddoh ne doit pas toucher la pâte ou aliment cuit, et
ne doit pas la placer dans le four, par crainte que l'un des aliments
cuits devienne impur et que l'un des Talmidhé Hakhomim
n'en mange [par inadvertance], amenant sa connaisse à se perdre
jusqu'à ce qu'il finisse par oublier tout ce qu'il a étudié »
(page 18).
L'impureté de la Niddoh est si grave que même son crachat la
transfère aux autres : « Rébbi
Hanino`
a dit : ''Si une Niddoh a craché sur le lit, et son mari ou ses
fils ont marché dessus, ils sont totalement impurs et empêchés
d'entrer à la Synagogue jusqu'à ce qu'ils s'immergent dans l'eau,
étant donné que le crachat d'une Niddoh est impur »
(page 3).
D'après
le Baraytho` DaNiddoh, une Synagogue est similaire au Béth
Hammiqdhosh, et aucune personne impure ne peut y entrer. Par
conséquent, il dit concernant la Niddoh : « [Il
est écrit18 :]
''Elle n'entrera pas dans le Sanctuaire'' ; elle n'a pas la
permission d'entrer dans des Bathé Midhroshim et des Bathé
Hakkanasiyôth »
(pages 30-33).
L'impureté de la Niddoh est si grave qu'elle a non seulement
l'interdiction d'entrer dans une Synagogue, mais elle doit également
s'éloigner de tout ce qui est saint : « Une
femme Niddoh ne doit pas s'occuper de la Halloh,
ni de l'allumage des bougies de Shabboth »
(page 27).
Elle a également l'interdiction de prier et réciter des
bénédictions : « Rébbi
Youdhon a dit : ''Il est interdit de réciter une bénédiction
lorsqu'une Niddoh est présente, afin de s'assurer qu'elle n'y pense
pas, ne dise ''`omén'' et ne se souille'' »
(page 17).
En d'autres mots, le mot « `omén » est considéré comme
un sacrilège lorsqu'il est prononcé par une femme Niddoh ; et
s'il lui est déjà interdit de penser même à une bénédiction, à
combien plus forte d'en prononcer une.
Le
Baraytho` DaNiddoh fut le premier texte à mentionner qu'une Niddoh
aurait l'interdiction de toucher ce qui est saint, et de ne pas
réciter des bénédictions ou prier, sur base de l'idée selon quoi
toute bénédiction qu'elle récite deviendrait une malédiction et
un Hilloul HaShem.
Bien
que toutes les règles susmentionnées ne suivent pas la loi
talmudique, elles eurent une influence énorme dans les générations
qui suivirent la publication du Baraytho` DaNiddoh. C'est ainsi que,
par exemple, les Hasidhé
`ashkanaz avaient le Minhogh qu'un Kôhén devait éviter de bénir
l'assemblée si une femme de son entourage (épouse, mère, sœur et
fille) était Niddoh.
- Séfar Hammiqsô´ôth
Comme
nous l'avons mentionné plus haut, la majorité des Ga`ônim
n'estimaient pas nécessaire d'éloigner les femmes Niddôth des
activités religieuses, et leur permettaient donc de réciter des
bénédictions, de faire la prière, ou se rendre à la Synagogue.
Ils rédigèrent également de très nombreuses Tashouvôth pour
dénoncer l'opinion selon laquelle il fallait les interdire aux
femmes Niddôth. D'autres encore parmi les Ga`ônim protestèrent
contre les femmes qui s'imposaient elles-mêmes ces interdictions. Il
semble de tout cela que de telles pratiques s'étaient beaucoup
répandues en ces temps-là.
Effectivement,
une minorité de Ga`ônim approuvaient ces pratiques. Leurs
Tashouvôth sont citées dans le ספר
המקצועות « Séfar
Hammiqsô´ôth »,
un ouvrage qui fut, apparemment, rédigé au 11ème siècle. Il
n'existe plus aujourd'hui, et nous n'en connaissons le contenu qu'à
travers diverses citations qui en ont été faites par les Ri`shônim.
L'une de ces citations déclare19 :
« Une
femme ne peut pas entrer dans une Synagogue lorsqu'elle est Niddoh,
jusqu'à [la fin] des jours blancs, car il est dit20 :
''elle ne touchera aucune chose consacrée'', etc. ».
C'est rapporté au nom de Rov Samah
Go`ôn, et telle est la coutume dans les deux Yashivôth, et [il lui
est] même [interdit de se tenir] à l'extérieur de la Synagogue...
Et il lui est non seulement interdit d'entrer à la Synagogue, mais
également de répondre « `omén » lorsqu'elle entend
quelque bénédiction que ce soit, car Rébbi Youdhon a dit :
« Il est
interdit de réciter une bénédiction lorsqu'une Niddoh est
présente, afin de s'assurer qu'elle n'y pense pas, ne dise ''`omén''
et ne se souille ».
Deux
opinions sont exprimées ici : d'après la première, une Niddoh
a seulement l'interdiction d'entrer dans une Synagogue. D'après la
seconde opinion, qui est la plus stricte, une femme ne doit pas prier
même durant ses jours blancs, et elle ne peut pas entendre une
bénédiction par crainte qu'elle ne réponde « `omén ».
La source de cette deuxième opinion est le Baraytho DaNiddoh, que
nous avons rapporté plus haut.
Ces
parties du Séfar Hammiqsô´ôth
prouvent que vers la fin de l'ère gaonique il était de coutume
d'empêcher les femmes Niddôth de dire « `omén » et
d'entrer dans une Synagogue. Puisque le Séfar Hammiqsô´ôth
cite le Baraytho` DaNiddoh, nous pouvons déduire que ces
restrictions furent inspirées par ce livre.
La
prochaine fois nous parlerons de l'influence que ces deux ouvrages
ont eu sur les premiers Pôsqim `ashkanazim.
Pour
l'heure, ce qu'il convient de retenir de tout cela, c'est qu'il n'y a
aucune restriction placée par la Halokhoh sur une femme Niddoh
concernant le fait d'aller à la Synagogue ou d'accomplir des
activités religieuses comme réciter une bénédiction, prier,
réciter le Shama´ ou encore étudier/lire la Tôroh.
1Bamidhbor
5:2-3
2Wayyiqro`
12:4
3Mishnoh,
Kélim 1:8
4Voir
la Gamoro`, Barokhôth 26b et
Ta´anith 2a, ainsi que le Mishnéh Tôroh, Hilkôth Tafilloh
Ouvirkhath Kôhanim 1:7
5Barokhôth
2:12 ; cette Tôsafto`
apparaît également dans le Talmoudh Yarousholmi, Barokhôth
3:4 (ou 6c)
6Bavo`
Qammo` 82a
7Talmoudh
Yarousholmi, Barokhôth 3:4 (ou 6c)
8Voir
le Mishnéh Tôroh, Hilkôth Tafilloh Ouvirkhath Kôhanim 4:4-5 ;
le Shoulhon ´oroukh, `ôrah
Hayim 88:1 ; le Mishnoh Barouroh
88:3
9Barokhôth
22a
10Yirmayohou
23:29
11`ôsar
Hagga`ônim sur Barokhôth, Section Tashouvôth, Paragraphe 116,
pages 48-49
12Barokhôth
27b
13Mahzôr
Witri, page 606
14Hilkôth
Tafilloh Ouvirkhath Kôhanim 4:4
15Hilkôth
Tafillin Oumzouzoh Waséfar Tôroh 10:8
16Yôréh
Dé´oh 282:9
17`ôrah
Hayim 88:1
18Wayyiqro`
12:4
19`ôsar
Hagga`ônim sur Barokhôth, Section Tashouvôth, Paragraphe 121
20Wayyiqro`
12:4