ב״ה
Quelle
était la faute de Hom et pourquoi Kano´an fut maudit
(d'après Rash''i) ?
Illustration :
une pince à castrer
Cet
article peut être téléchargé ici.
L'un
des épisodes les plus obscures de la Tôroh concerne la faute
commise par Hom ע״ה
envers
son père, Nôah ע״ה,
et le fait que Nôah décida de maudire l'un des fils de Hom
pour la faute de ce dernier. Cela nous est rapporté dans la Sidhroh
de cette semaine, suivant le cycle triennal, la Sidhrath Wayyihyou
Vané-Nôah (qui est téléchargeable dans la colonne de
droite sur le blog). La Tôroh en parle en des termes très vagues.
En fait, à première vue, la nature de la faute commise n'est pas du
tout évidente. Voici ce que nous lisons1 :
Et
les fils de Nôah qui sortirent de l'arche étaient Shém,
Hom et Yofath. Et Hom était le père de Kano´an.
Ces trois-là sont les fils de Nôah, et d'eux toute la
terre fut peuplée. Et Nôah commença homme de la terre,
et il planta une vigne. Et il but du vin, fut ivre et se découvrit
au milieu de sa tente. Et Hom, le père de Kana´an, vit la
nudité de son père, et il le raconta à ses deux frères à
l'extérieur. Shém prit, ainsi que Yafath, une couverture, ils la
placèrent sur les épaules des deux, et allant à reculons ils
couvrirent la nudité de leur père ; et leur visage était à
reculons. Ils ne virent pas la nudité de leur père. Et Nôah
se réveilla de son vin, et il connut ce que lui avait fait son
fils, le petit. Et il dit : « Maudit soit Kano´an ;
qu'il soit l'esclave des esclaves pour ses frères ! ».
Et il dit : « Béni soit `adhônoy, le Dieu de Shém,
et que Kana´an soit un esclave pour lui ! Que `alôhim
agrandisse Yafath ! Qu'il réside dans les tentes de Shém,
et que Kana´an soit un esclave pour lui ! ».
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וַיִּֽהְי֣וּ
בְנֵי־נֹ֗חַ הַיֹּֽצְאִים֙ מִן־הַתֵּבָ֔ה
שֵׁ֖ם וְחָ֣ם וָיָ֑פֶת וְחָ֕ם ה֖וּא
אֲבִ֥י כְנָֽעַן׃ שְׁלֹשָׁ֥ה
אֵ֖לֶּה בְּנֵי־נֹ֑חַ וּמֵאֵ֖לֶּה
נָֽפְצָ֥ה כָל־הָאָֽרֶץ׃
וַיָּ֥חֶל
נֹ֖חַ אִ֣ישׁ הָֽאֲדָמָ֑ה וַיִּטַּ֖ע
כָּֽרֶם׃ וַיֵּ֥שְׁתְּ
מִן־הַיַּ֖יִן וַיִּשְׁכָּ֑ר וַיִּתְגַּ֖ל
בְּת֥וֹךְ אָֽהֳלֹֽה׃
וַיַּ֗רְא
חָ֚ם אֲבִ֣י כְנַ֔עַן אֵ֖ת עֶרְוַ֣ת
אָבִ֑יו וַיַּגֵּ֥ד לִשְׁנֵֽי־אֶחָ֖יו
בַּחֽוּץ׃ וַיִּקַּח֩
שֵׁ֨ם וָיֶ֜פֶת אֶת־הַשִּׂמְלָ֗ה
וַיָּשִׂ֨ימוּ֙ עַל־שְׁכֶ֣ם שְׁנֵיהֶ֔ם
וַיֵּֽלְכוּ֙ אֲחֹ֣רַנִּ֔ית וַיְכַסּ֕וּ
אֵ֖ת עֶרְוַ֣ת אֲבִיהֶ֑ם וּפְנֵיהֶם֙
אֲחֹ֣רַנִּ֔ית וְעֶרְוַ֥ת אֲבִיהֶ֖ם
לֹ֥א רָאֽוּ׃ וַיִּ֥יקֶץ
נֹ֖חַ מִיֵּינ֑וֹ וַיֵּ֕דַע אֵ֛ת
אֲשֶׁר־עָ֥שָׂה ל֖וֹ בְּנ֥וֹ הַקָּטָֽן׃
וַיֹּ֖אמֶר
אָר֣וּר כְּנָ֑עַן עֶ֥בֶד עֲבָדִ֖ים
יִֽהְיֶ֥ה לְאֶחָֽיו׃
וַיֹּ֕אמֶר
בָּר֥וּךְ יְהוָ֖ה אֱלֹ֣הֵי שֵׁ֑ם
וִיהִ֥י כְנַ֖עַן עֶ֥בֶד לָֽמוֹ׃
יַ֤פְתְּ
אֱלֹהִים֙ לְיֶ֔פֶת וְיִשְׁכֹּ֖ן
בְּאָֽהֳלֵי־שֵׁ֑ם וִיהִ֥י כְנַ֖עַן
עֶ֥בֶד לָֽמוֹ׃
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Maudit
soit Kana´an : À
cause de toi, je n'aurai pas un quatrième fils pour me servir.
Maudit soit donc ton quatrième fils, et qu’il soit asservi aux
descendants des aînés sur lesquels incombe désormais la charge
de me servir !3
Et pourquoi Hom l'a-t-il émasculé ? Il a dit à ses
frères : « `odhom a eu deux fils, dont l'un a tué
l'autre pour l’héritage du monde. Notre père a déjà trois
fils, et il en voudrait encore un quatrième ? ! »4.
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אָרוּר
כְּנַעַן. אַתָּה
גָּרַמְתָּ לִי שֶׁלֹּא אוֹלִיד בֵּן
רְבִיעִי אַחֵר לְשַׁמְּשֵׁנִי אָרוּר
בִּנְךָ רְבִיעִי לִהְיוֹת מְשַׁמֵּשׁ
אֶת זַרְעָם שֶׁל אֵלּוּ הַגְּדוֹלִים
שֶׁהוּטָל עֲלֵיהֶם טוֹרַח עֲבוֹדָתִי
מֵעַתָּה.
וּמַה
רָאָה חָם שֶׁסֵּרְסוֹ אָמַר לָהֶם
לְאֶחָיו אָדָם הָרִאשׁוֹן שְׁנֵי
בָּנִים הָיוּ לוֹ וְהָרַג זֶה אֶת זֶה
בִּשְׁבִיל יְרוּשַׁת הָעוֹלָם
וְאָבִינוּ יֵשׁ לוֹ שָׁלֹשׁ בָּנִים
וְעוֹדֶנּוּ מְבַקֵּשׁ בֵּן רְבִיעִי
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Ce
qui ressort de ce commentaire est l'explication de ce que Hom
aurait fait à Nôah ; il l'aurait castré. Cette
explication aide à clarifier pourquoi Nôah accuse Hom de
l'avoir « empêché » d'avoir un quatrième fils. Cela
aide également à faire le lien entre l'acte commis par Hom et
pourquoi Nôah maudit Kano´an : Nôah avait trois
fils (Shém, Hom et Yofath), tandis que Hom en avait
quatre (Koush, Misrayim,
Pout et Kano´an). Hom l'ayant empêché d'avoir un
quatrième fils, Nôah maudit le quatrième fils de Hom,
qui était Kano´an. Mais nous devons également comprendre pourquoi
Nôah était si désireux d'avoir un quatrième fils. Le même
Midhrosh auquel se réfère Rash''i explique que lorsqu'il était
encore dans l'arche, Nôah souffrit énormément de son désir
intense d'avoir un quatrième fils pour le servir. Cela semble avoir
été un désir ardent de sa part. Nous devons également nous
demander pourquoi Nôah ressentit plus particulièrement ce
désir durant le temps où il résidait dans l'arche. Une autre
question qui émerge à la lecture de ce Midhrosh est qu'il semble
que la raison pour laquelle Hom empêcha Nôah d'avoir
un quatrième fils n'était pas liée au désir de Nôah
d'avoir un autre enfant. Nôah désirait un fils pour le
servir, tandis que Hom voyait un nouvel enfant comme une sorte
de menace, semblant sous-entendre qu'avoir un fils dans le but de
servir son père n'était en rien un problème. Est-ce effectivement
le cas ?
Répondre
à ces questions, comme pour toute explication midrashique, n'est pas
chose aisée. Un commentaire sur le Midhrosh concernant le désir de
Nôah d'avoir un quatrième fils relève que le but de ce quatrième
fils, pour le servir, se rapporte au כָּבוֹד
« Kovôdh »
(honneur) dont un enfant doit faire preuve envers ses parents. C'est
un point très pertinent lorsqu'il est compris dans le contexte du
déluge et l'objectif du כִּיבּוּד
הוֹרִים « Kibboudh
Hôrim » (honneur des parents). Le déluge fut la destruction
de l'humanité, un redémarrage aux proportions épiques. Ainsi, la
Miswoh de פִּרְיָה
וְרִבְיָה « Piryoh
Warivyoh » (fructification et multiplication ; la Miswoh
de faire des enfants) prit un tout autre sens. Nôah
avait trois enfants, dont chacun individuellement allait contribuer à
repeupler le monde. Et il ne fait aucun doute qu'une partie de son
désir d'avoir un quatrième fils était liée à sa volonté
d'également se joindre à ce renouvellement de la Miswoh.
Mais c'était tout, il n'y aurait eu aucune nécessité d'ajouter
l'envie d'avoir un fils pour le servir. Avoir un quatrième fils
aurait suffit en soi. ,non, Nôah
avait une autre idée à l'esprit, une idée qu'il considérait comme
faisant partie intégrante du concept même de repeuplement du monde.
L'une
des notions fondamentales du Kibboudh Hôrim est que cette Miswoh
est un moyen d'atteindre une compréhension plus grande de la
relation entre l'homme et HaShem ית׳.
La dépendance créée entre un enfant et un parent doit mener
l'enfant à reconnaître sa dépendance ultime à HaShem. La notion
même d'avoir été « créé » par ses parents mène
chacun à voir HaShem comme le Créateur ultime. Les parents, à
travers la Miswoh
de Kibboudh Hôrim, deviennent un véhicule pour la compréhension de
ces idées importantes sur HaShem. Nous pouvons comprendre de la
perspective de l'enfant l'importance de voir cela. Dans le même
temps, nous devons voir le rôle que les parents remplissent ;
ils servent de véhicule vers ces idées essentielles. Il est
possible que Nôah
aspirait à remplir ce rôle avec son quatrième enfant.
Mais
n'en avait-il pas déjà trois ? N'était-il pas possible de
remplir ce rôle avec ses trois autres enfants qui lui étaient nés
avant le déluge ? Il est possible que le déluge ait redéfini
le rôle des parents en tant que véhicules. Nôah
et sa famille furent les témoins directs de l'annihilation totale de
l'humanité. Ils virent de leurs propres yeux la manifestation de la
Providence Divine. Cela était plus qu'évident qu'ils furent les
uniques survivants. Pensez à l'impact énorme qu'une telle
réalisation a dû avoir sur eux. Ils comprirent l'étendue de leur
dépendance à HaShem. Ils reconnurent sans l'ombre du moindre doute
la réalité du Créateur. Il n'y avait plus besoin de véhicule,
d'un mécanisme pour parvenir à la compréhension de ces concepts.
Les parents n'étaient plus un véhicule pour Shém, Hom
et Yofath. Mais cela ne signifie pas qu'ils n'honoraient pas leurs
parents. Ils le faisaient, mais le rôle significatif que joue le
Kibboudh Hôrim dans le perfectionnement d'un enfant n'avait plus de
pertinence, puisqu'ils pouvaient parvenir à la compréhension de ces
concepts sans leurs parents, car la Divinité et Sa Providence
étaient plus qu'évidentes.
Nôah
perçut cela comme un vide dans la Miswoh de Piryoh Warivyoh. À son
niveau le plus basique, la Miswoh
de peupler la terre est en phase avec la nécessité de perpétuer
l'espèce humaine. Néanmoins, on ne doit pas voir Piryoh Warivyoh
comme étant simplement un moyen d'assurer la croissance de la
population humaine. Par le résultat même de Piryoh Warivyoh arrive
l'opportunité de s'adonner au Kibboudh Hôrim. Chaque enfant né,
lié à ses parents, possède désormais un véhicule disponible et
accessible pour se rapprocher d'HaShem. Oui, il y a deux Miswôth
distinctes, une de perpétuer la race humaine et l'autre d'honorer
ses parents. Mais l'idée ici est qu'il y a un lien philosophique
entre les deux. Il se pourrait donc que Nôah
désirait ce quatrième fils plus que le recommencement de Piryoh
Warivyoh ; c'était un renouvellement du concept même de
Kibboudh Hôrim.
Nous
voyons que Hom
ne prit pas bien les souhaits de Nôah.
Mais, à la lumière des idées exprimées plus haut, nous pouvons
voir la menace qui relie le raisonnement de Nôah
à la « rébellion » de Hom.
Hom
avait survécu au déluge, et était, à l'évidence, affecté. Il ne
fait aucun doute que le concept de Kovôdh envers son père changea
également ; ce furent les événements de l'époque qui
causèrent ce changement. Hom
se rapportait à présent à son père différemment en raison de ce
changement de Kovôdh. Comme nous l'avons expliqué plus haut, un
père sert de véhicule vers des idées plus profondes. Mais il
remplit également une autre fonction : c'est un pourvoyeur
d'héritage. Puisque son père n'était plus un véhicule vers des
idées plus profondes, le rôle essentiel de son père n'était donc
plus qu'être un pourvoyeur d'héritage, et c'était quelque chose
que Hom
ne voulait pas voir changer ou être affecté de quelque façon que
ce soit. Certainement, d'autres facteurs psychologiques entraient en
compte. Mais le thème développé ci-dessus aide à expliquer une
partie de ce qui a causé cet acte de brutalité que constitue une
castration.
L'idée
essentielle à retenir ici réside dans la compréhension que Nôah
avait du lien existant entre la perpétuation des espèces et
l'opportunité du Kibboudh Hôrim. Un quatrième enfant, aux yeux de
Nôah,
signifiait la restauration de cette relation importante.
Précisons
toutefois que la castration n'est qu'une seule des deux opinions de
ce qu'a été la faute commise par Hom
envers son père. Rash''i lui-même, dans son commentaire sur
Baré`shith
9:22,
cite la Gamoro` de Sanhédhrin
70a
qui rapporte une divergence d'opinion à ce sujet entre Rov ז״ל
et
Shamou`él ז״ל :
d'après l'un, la faute de Hom
fut qu'il castra son père, comme nous l'avons expliqué dans cet
article, tandis que d'après l'autre, sa faute fut qu'il sodomisa son
père. Rash''i ne prend pas vraiment position dans ce débat,
indiquant par-là qu'il considère les deux opinions comme plausibles
et valables. Concernant l'opinion selon laquelle Hom
sodomisa Nôah,
Kano´an fut maudit parce que c'est lui qui a vu nu Nôah
en premier et est allé ensuite, par vice, alerter son père, Hom,
qui sodomisa Nôah
en présence de Kano´an qui, non seulement ne fit rien pour stopper
son père, mais eut plaisir de ce qu'il voyait.5
Hom
et Kano´an étaient tous les deux mauvais, mais étant donné que
c'est Kano´an qui fut à l'origine de la faute de Hom,
c'est lui qui fut maudit par Nôah.
Ce
qui est important à retenir ici est qu'un acte très grave s'est
produit et était d'une nature, à l'évidence, sexuelle. Et il
existe sept indices dans le texte même de la Tôroh pour soutenir
chacune des deux opinions (la castration ou la sodomie). Pour ma
part, je trouve l'hypothèse de la sodomie plus convaincante, car
cela explique mieux pourquoi Kano´an fut lui aussi maudit, car il a
eu un rôle actif dans le péché commis par son père, alors que si
on considère que c'est l'hypothèse de la castration qui est la
bonne, pourquoi Kano´an, qui n'a rien fait, aurait mérité d'être
maudit pour le péché commis par son père ? Cela n'a pas
tellement de sens de maudire le quatrième fils de Hom
simplement parce que Hom
empêcha Nôah
d'avoir un quatrième fils...à moins de dire que Kano´an vit Nôah
nu et ivre en premier, alla alerter son père, et lui suggéra l'idée
de la castration ou eu une part active dans la castration. Mais comme
cela a été dit (et nous y reviendrons sans doute une autre fois),
il y a de nombreux indices disséminés dans le texte de la Tôroh
elle-même pouvant soutenir les deux approches, et il est certain que
Hom
a soit sodomisé soit castré son père, Nôah
(mais seule le scénario de la sodomie permet clairement de
comprendre pourquoi Kano´an fut maudit par Nôah.
En outre, sur les sept indices textuels, la majorité d'entre eux
accréditent fortement l'hypothèse de la sodomie plus que celle de
la castration).
1Baré`shith
9:18-25
2Commentaire
sur Baré`shith 9:25
3Midhrosh
Baré`shith Rabboh 36:7
4Ibid.,
36:5
5Midhrosh
Baré`shith Rabboh 36