samedi 21 novembre 2015

Les trente-neuf Malo`khôth : Travail réfléchi

ב״ה

Les trente-neuf Malo`khôth expliquées clairement

Travail réfléchi


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  1. Idée de base

Afin qu'une action soit considérée être un vrai « travail » à Shabboth, elle doit remplir plusieurs conditions. Ces conditions se rapportent principalement au concept de l'intention. C'est-à-dire que mon travail n'est une Malo`khoh à Shabboth que si j'avais l'intention d'accomplir l'acte que j'accomplis.

Cette règle découle tout droit du lien entre le Shabboth et la construction du Mishkon (dont nous avons parlé dans l'Introduction). Le travail effectué pour le Mishkon est décrit dans la Tôroh comme étant une מְלֶאכֶת מַחֲשָׁבֶת « Mala`khath Mahashovath », littéralement un « ouvrage réfléchi ».1 Et étant donné que les ouvrages que nous évitons d'accomplir à Shabboth sont déduits des ouvrages réalisés pour le Mishkon, cette notion de « prévenance » ou de « réflexion » s'applique également au Shabboth.

Pour qu'une action soit un « ouvrage réfléchi », les huit conditions suivantes doivent être remplies :

  • Intention

  1. Vous êtes conscient que vous accomplissez l'acte2
  2. Vous voulez que l'acte soit accompli3
  3. Vous accomplissez l'acte parce que vous désirez que le résultat logique de cet acte se produise4

  • Réalisation

  1. L'acte est constructif, et non destructif5
  2. L'acte a un effet permanent, plutôt que temporaire6

  • Manière

  1. Vous accomplissez l'acte de la façon dont on le réalise ordinairement7
  2. Vos efforts amènent directement l'acte à se produire8
  3. Vous accomplissez l'acte uniquement à l'aide de personnes qui sont nécessaires9

  1. Étude de cas : un repas de Shabboth à l'extérieur

Analysons les trois premières conditions à l'aide d'un scénario :

`aharôn organise un repas de Shabboth dans son arrière-cour. Il y a dans sa cour une zone herbeuse et une zone terreuse.

Tout d'abord, `aharôn commence par nettoyer la cour. Il aperçoit un grand objet vert et l'attrape, pensant que c'était l'un des jouets de ses enfants. Mais une fois l'objet en main, il l'observe et se rend compte que c'était, en fait, une plante couvre-sol qui poussait le long des bords de la cour. (Comme nous l'apprendrons, déraciner une plante est une Malo`khoh.)

Comment évaluons-nous ce que `aharôn a fait ? Étant donné qu'il n'était pas conscient qu'il arrachait du sol une plante couvre-sol (c'est la condition n°1 de la liste ci-dessus), nous ne disons pas qu'il a transgressé le Shabboth. Bien qu'il était conscient de faire quelque chose, il était dans l'erreur concernant ce qu'il faisait réellement. Il pensait attraper un jouet, il a arraché une plante. Ce genre d'action n'est pas considéré « réfléchi ».

Dans ce scénario, lorsque nous disons que `aharôn n'a pas accompli de Malo`khoh, nous voulons dire que son acte ne remplit pas les critères toranique pour être considéré comme une « Malo`khoh ». Néanmoins, les actes qu'il a commis ne sont toutefois pas acceptables, en vertu d'un décret rabbinique destiné à renforcer et protéger la sainteté du Shabboth. (Il n'aurait pas dû nettoyer sa cour un jour de Shabboth.)

Puis, `aharôn a besoin de traîner un banc à travers la partie terreuse de l'arrière-cour. Il est possible qu'il crée des sillons dans la poussière en déplaçant le banc. Faire de tels sillons est considéré être une forme de Malo`khoh. (Cela entre dans la catégorie de « Hôrésh », que nous allons étudier dans la leçon suivante.) À l'évidence, ce n'est pas son intention : il désire utiliser le banc durant le repas, et il n'est pas du tout intéressé par le fait d'utiliser le banc pour refaire le paysage de sa cour. Dans le même temps, il a l'intention de déplacer le banc (voir la condition n°2 dans la liste ci-dessus).


Que doit donc faire `aharôn ? Dans cette situation, cela dépend des conséquences prévisibles de son acte. Si le banc est léger et qu'il est, par conséquent, improbable qu'il fasse des sillons, il peut le déplacer, bien qu'il existe une possibilité que des sillons soient formés. Mais dès lors que la possibilité inverse existe aussi, c'est-à-dire que des sillons ne soient pas formés, un acte peut être accompli. Le fait qu'il soit quelque peu possible que des sillons se forment ne nous amène pas à interdire l'acte, car ce n'est pas une certitude absolue.

Par contre, si le banc est lourd, et causera inévitablement des sillons à se former dans le sol, `aharôn n'a pas le droit de le déplacer. (Ce qu'il peut faire est demander à quelques amis de l'aider à le soulever afin de ne pas le traîner au sol.) La raison ici est que, lorsque votre acte résultera inévitablement en une Malo`khoh, vous ne pouvez pas l'accomplir, même si vous n'avez pas l'intention que la Malo`khoh se produise. (Un résultat inévitable est appelé, dans la terminologie halakhique, פְּסִיק רֵישָׁא « Pasiq Résho` ».)

Prenons un autre cas similaire : `aharôn désire marcher sur l'herbe de sa cour. Nous pourrions penser qu'étant donné qu'arracher de l'herbe est normalement considéré être une Malo`khoh (dans la catégorie de « Qôsér »), c'est que l'on doit s'abstenir de fouler une pelouse à Shabboth, parce qu'il est inévitable qu'en traversant la pelouse un peu d'herbe sera arraché. Mais c'est là que nous faisons une distinction : nous jugeons chaque pas individuellement, comme un acte distinct. De ce fait, bien qu'il soit certain que vous finirez avec de l'herbe sous vos chaussure, marcher sur une pelouse est permis, car rien ne garantit que vous arracherez de l'herbe à chaque pas.

Une fois que le banc est en place, `aharôn se rend compte que sa cour est pleine de moustique et d'autres insectes. Naturellement, il voudrait s'en débarrasser. Il asperge de quelques pesticides les plantes près de la table de Shabboth. Ces produits chimiques aident en fait les plantes en les préservant d'insectes nuisibles. Par conséquent, cet acte devrait être considéré comme une Malo`khoh, puisque améliorer la santé d'une plante tombe dans la catégorie de « Zôréa´ ». Après tout, `aharôn avait l'intention d'asperger de pesticides les plantes et savait ce qu'il faisait.

Néanmoins, son intention ici n'était pas d'améliorer les plantes ; il voulait juste chasser les insectes. De ce fait, l'aspersion de pesticides n'est pas considérée être une Malo`khoh, parce que ce ne fut pas du tout réalisé pour la raison logique habituelle pour laquelle on asperge de pesticides des plantes, comme cela est expliqué dans la condition n°3 ci-dessus. (Cependant, si en aspergeant les plantes de pesticides `aharôn désirait à la fois chasser les insectes et améliorer ses plantes, il a alors commis une transgression du Shabboth.)

(Bien qu'ici aussi l'acte ait produit un « résultat inévitable », il y a une différence importante : lorsque je traîne le banc, je cause directement la formation des sillons dans le sol. Mais lorsque j'asperge de pesticides les plantes, cela n'améliore pas directement les plantes, mais empêche plutôt les plantes de s’abîmer.)

Comme l'illustre ce scénario, l'état d'esprit de quelqu'un est central dans le concept de « Mala`khath Mahashovath ».

  1. Conditions se rapportant à l'effet de l'acte (Réalisation)

Afin qu'un acte soit considéré comme une Malo`khoh, son effet doit être constructif et permanent.

Par « constructif » (condition n°4 ci-dessus) nous voulons dire que l'acte a résulté en quelque chose de bénéfique ou profitable. En d'autres mots, ce ne fut pas un acte destructif.

Par « permanent » (condition n°5 ci-dessus) nous ne parlons pas de quelque chose qui durera toujours, mais de quelque chose qui n'est pas temporaire pour la durée du Shabboth. En d'autres mots, il s'agit d'un acte dont les effets dureront au moins jusqu'à la fin du Shabboth. Mais attention, c'est une condition variable. Par exemple, si je chauffe de l'eau froide à Shabboth j'ai accompli une Malo`khoh, bien que l'eau finira par se refroidir quelques minutes plus tard. Mais en chauffant cette eau froide, j'ai achevé l'acte que j'avais entrepris d'accomplir, et j'ai créé quelque chose de nouveau.

  1. Conditions se rapportant à la manière dont l'acte est réalisé

Nous avions analysé les conditions qui se rapportent directement à l'intention. Penchons-nous à présent sur un autre ensemble de conditions.

Nous avons dit qu'un acte doit être accompli d'une façon habituelle ou ordinaire (condition n°6 ci-dessus). Si un acte est accompli d'une manière non conventionnelle, ce n'est pas une Malo`khoh vis-à-vis des lois du Shabboth. Par exemple, il ne vous est pas permis de couper vos ongles avec un coupe-ongle à Shabboth (c'est inclut dans la catégorie de « Gôzéz »). Si vous retirez l'ongle d'une manière inhabituelle, par exemple en l'arrachant, ce n'est pas une Malo`khoh d'un point de vue toranique (bien que, là encore, ce n'est pas permis en raison d'un décret rabbinique).

Un acte doit également être réalisé directement (condition n°7 ci-dessus). Il y a des situations où vous pouvez accomplir quelque chose indirectement. Par exemple, lorsqu'il fait froid dans votre maison en hiver, vous pourriez ouvrir une fenêtre afin de faire entrer de l'air froid. Cela fera descendre la température et activera alors la fournaise domestique. Allumer la fournaise directement pourrait ne pas être permis, mais le faire indirectement l'est.

Quant à l'idée de ne faire appel qu'à des personnes nécessaires (condition n°8 ci-dessus), cela signifie ceci : si un acte ne nécessite qu'une seule personne pour être achevé, mais que plusieurs personnes l'ont accompli, aucune d'elle n'est considérée comme ayant accompli une Malo`khoh. C'est parce qu'aucune n'a en fait accompli l'acte d'elle-même ou par elle-même.

  1. Vocabulaire

Pour affermir notre compréhension des idées exprimées ici, voici quelques termes halakhiques :

  • דָּבָר שֶׁאֵינוֹ מִתְכַּוֵּן « Dovor Sha`énô Mithkawwén » : il s'agit d'un acte permis étant donné qu'il n'y a qu'une probabilité, et non une certitude, qu'il mènera à quelque chose d'interdit, et ce, évidemment, à condition que vous n'aviez pas l'intention d'accomplir l'acte interdit. (Voir le cas du banc léger qui est traîné sur une zone terreuse.)
  • פְּסִיק רֵישָׁא « Pasiq Résho` » : il s'agit d'un acte qui, en lui-même, pourrait ne pas poser problème, mais nous l'interdisons à Shabboth parce qu'il mènera inévitablement à la réalisation d'une Malo`khoh. (Voir le cas du banc lourd qui est traîné sur une zone terreuse.)
  • כְּדַרְכָּה « Kadharkoh » : il s'agit d'un acte accompli de la façon ordinaire ou habituelle.
  • שִׁנוּי « Shinouy » : il s'agit d'un acte accompli d'une façon inhabituelle
  • גְּרָמָא « Garomo` » : il s'agit d'un acte accompli d'une façon indirecte.

  1. En résumé

Nous apprenons des ouvrages réalisés dans le cadre de la construction du Mishkon que seuls les actes qui remplissent certaines conditions spécifiques sont considérés être des Malo`khôth à Shabboth.

Il existe de nombreuses nuances supplémentaires à ces conditions, mais dans cette leçon nous avons acquis une compréhension des concepts essentiels. À présent, nous sommes prêts à étudier une à une les trente-neuf catégories de Malo`khôth.

1Shamôth 35:33
2Shabboth 157b
3soh 23b
4Shabboth 42a
5Ibid., 105b
6´érouvin 44a
7Shabboth 62a
8Bavo` Qammo` 26b

9Shabboth 92b
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