ב״ה
Exposer
les fausses notions
La
prosternation israélite
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Il
existe de très nombreux mythes et malentendus concernant la
prosternation israélite dans la prière. L'écrasante majorité des
Juifs ne se prosternent plus durant la prière, et deux raisons
fallacieuses sont souvent avancées :
- Depuis que les Musulmans nous ont repris la prosternation, les Juifs ne peuvent plus se prosterner.
- Il serait interdit de se prosterner sur un sol en pierre en-dehors du sol du Har Habbayith (Mont du Temple).
- Il ne serait permis de se prosterner que si l'on est quelqu'un du même niveau que Yahôshoua´ bin Noun ע״ה. Puisque personne ne peut prétendre pouvoir l'égaler, personne ne doit se prosterner en priant.
Concernant
le premier argument, depuis quand une pratique juive est-elle
abandonnée sous prétexte qu'elle a été reprise par d'autres
religions ? Devrions-nous cesser de porter une Kippoh, un
Boukhari ou un Tarboush sur la tête parce que les évêques
Catholiques et le Pape portent également une calotte et les
Musulmans une Taqiya, qui ressemblent toutes les deux à la Kippoh et
au Tarboush ? Quel Juif sensé oserait avancer une telle
stupidité ? Et pourtant, ils le font concernant la
prosternation ! En outre, même après l’avènement de
l'Islam, les Israélites ont continué pendant des siècles à se
prosterner quotidiennement en priant. Cela est attesté dans de
nombreux écrits des Ri`shônim, ainsi que dans les récits de
voyageurs et explorateurs ayant visité diverses communautés. Citons
notamment l'ouvrage אֶבֶן
סַפִּיר « `avan
Sappir », rédigé en 1864, par Rabbi Yahoudhoh Halléwi
Sappir, un illustre rabbin et voyageur Yarousholmite (de Jérusalem),
qui, décrivant les prières quotidiennes des Témonim, écrit1 :
Ils
tombent sur leurs faces, après la prière, étendant leurs bras et
leurs pieds, comme la coutume des `ashkanazim à Yôm Kippour.
Notons
d'ailleurs que les `ashkanazim qui prétendent que se prosterner
depuis que les Musulmans ont repris cette pratique est interdit se
contredisent, puisqu'ils se prosternent au sol chaque année durant
les prières de Yôm Hakkippourim. Si cela était interdit, même le
faire ce jour-là ne serait pas permis.
Quant
aux deux autres arguments, ils sont basés sur une mauvaise
compréhension (ou manipulation) du passage talmudique suivant2 :
Rov se
trouvait à Babel lors d'un jeûne public. Il se leva et lu dans
le Rouleau. Il commença par une bénédiction, mais ne conclut
pas par une bénédiction. [Plus tard,] tous tombèrent sur leurs
faces3,
mais Rov ne tomba sur sa face. Pourquoi Rov ne tomba-t-il pas sur
sa face ? Il y avait là un sol en pierres et il a été
enseigné « ''et ne placez pas de pierre taillé dans
votre pays pour faire dessus la Hishtahawa`oh''.4
Sur elle tu ne peux pas faire une Hishtahawa`oh dans votre
pays. Mais tu peux faire une Hishtahawa`oh sur les pierres
du Béth Hammiqdosh ». C'est en accord avec [l'opinion]
de ´oullo`, qui a dit : « La Tôroh n'interdit
qu'un sol en pierres ».5
S'il en est ainsi, pourquoi seul Rov est mentionné ? Tous
[n'auraient-ils pas dû] également [s'en abstenir] ? C'était
devant Rov.6
Mais n'aurait-il pas pu rejoindre l'assemblée et tomber sur sa
face ? Il ne voulait pas déranger l'assemblée.7
Ou si tu préfères, je peux dire que Rov avait l'habitude
d'étendre ses mains et et ses pieds8,
et qu'il suivait l'opinion de ´oullo`, car ´oullo` a dit :
« La Tôroh n'a interdit que le fait d'étendre ses mains
et ses pieds ».9
Mais n'aurait-il pas pu tomber sur sa face sans étendre ses mains
et ses pieds ? Il ne voulait pas changer sa pratique.10
Ou si tu préfères, je peux dire que pour quelqu'un d'important,
la règle est différente, comme cela a été enseigné par Rébbi
`al´ozor, car Rébbi `al´ozor a dit : « Quelqu'un
d'important n'a le droit de tomber sur sa face que s'il est
[certain d'être] exaucé comme Yahôshoua´ bin Noun, car il est
écrit11 :
''Et HaShem dit à Yahôshoua´ : Relève-toi, etc.'' ».12
Nos Rabbins ont enseigné : « La Qiddoh [signifie
tomber] sur les faces, car il est dit13 :
''Et Bath-Shava´ s'inclina (Wattiqqôdh) la face contre terre''.
La Kari´oh [signifie se tenir] sur les genoux, et c'est ainsi
qu'il est dit14 :
''[il se releva] de son inflexion (Mikkarôa´) sur les genoux''.
La Hishtahawa`oh c'est étendre les mains et
les pieds, car il est dit15 :
''Moi, ta mère et tes frères, viendrons-nous nous prosterner
(Lahishtahawôth) pour toi à terre ?'' »...
Rov Hiyo` bar `avin a dit : « J'ai observé que `abbayé
et Ravo` se penchaient sur le côté ».16
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רב
איקלע לבבל בתענית צבור קם קרא בספרא
פתח בריך חתם ולא בריך נפול כולי עלמא
אאנפייהו ורב לא נפל על אנפיה מ"ט
רב לא נפיל על אפיה רצפה של אבנים היתה
ותניא ואבן משכית לא תתנו בארצכם להשתחות
עליה עליה אי אתה משתחוה בארצכם אבל אתה
משתחוה על אבנים של בית המקדש כדעולא
דאמר עולא לא אסרה תורה אלא רצפה של
אבנים בלבד אי הכי מאי איריא רב אפילו
כולהו נמי קמיה דרב הואי וליזיל לגבי
ציבורא ולינפול על אפיה לא בעי למיטרח
ציבורא ואיבעית אימא רב פישוט ידים
ורגלים הוה עביד וכדעולא דאמר עולא לא
אסרה תורה אלא פישוט ידים ורגלים בלבד
וליפול על אפיה ולא ליעביד פישוט ידים
ורגלים לא משני ממנהגיה ואיבעית אימא
אדם חשוב שאני כדרבי אלעזר דאמר רבי
אלעזר אין אדם חשוב רשאי ליפול על פניו
אלא אם כן נענה כיהושע בן נון דכתיב
ויאמר ה'
אל
יהושע קום לך [וגו']
תנו
רבנן קידה על אפים שנאמר ותקד בת שבע
אפים ארץ כריעה על ברכים וכן הוא אומר
מכרוע על ברכיו השתחואה זו פישוט ידים
ורגלים שנאמר הבוא נבוא אני ואמך ואחיך
להשתחות לך ארצה...
אמר
רב חייא בר אבין חזינא להו לאביי
ורבא
דמצלי אצלויי
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Ceux
qui utilisent cette Gamoro` ne comprennent pas qu'elles clarifient
précisément les situations dans lesquelles les prosternations sont
permises ou interdites. Pourquoi « prosternations » au
pluriel ? Tout simplement parce que, comme nous le voyons, il
existe trois types de prosternations lorsqu'on prie :
- La כְּרִיעָה « Kari´oh » : C'est une prosternation par laquelle on se tient littéralement sur ses genoux
- La קִדָּה « Qiddoh » : C'est une prosternation par laquelle nous nous tenons face contre terre
- La הִשְׁתַּחֲוַאָה « Hishtahawa`oh » (ou הִשְׁתַּחֲוָיָה « Hishtahawoyoh » : C'est une prosternation par laquelle nous nous tenons allongés par terre, le visage contre le sol et les mains et les pieds déployés en longueur
Ce
sont là les trois positions que l'on peut adopter en faisant les
Tahanoun,
les prières de supplication après les Shamônah ´asréh. Ce que
nous apprenons du Talmoudh, c'est que la Kari´oh et la Qiddoh
peuvent être faites sur n'importe quelle surface, même un sol en
pierres. Par contre, la Hishtahawa`oh
ne peut pas se faire sur un sol en pierres, excepté s'il s'agit du
sol en pierres à l'intérieur du Béth Hammiqdosh. Ainsi, lorsque
les gens affirment qu'il est interdit de se prosterner sur un sol en
pierres en dehors du Béth Hammiqdosh, ils font preuve d'un manque de
connaissance flagrant, puisqu'ils ne distinguent pas entre les trois
types de prosternation, dont une seule est interdite sur un sol en
pierres. En outre, ce ne sont pas les pierres de l'ensemble du Har
Habbayith sur lesquelles ont peut faire une Hishtahawa`oh,
mais uniquement celles à l'intérieur du Béth Hammiqdosh.
Il
nous reste à présent à clarifier l'argument selon lequel seuls des
gens aussi importants que Yahôshoua´ bin Noun pourrait se
prosterner. Tout d'abord, ce n'est pas du tout ce que nous dit le
Talmoudh. Ce qui est dit, c'est qu'un homme important (éminent) ne
doit pas faire de supplications en ayant le visage contre le sol, à
moins qu'il soit certain de pouvoir être exaucé comme l'a été
Yahôshoua´ bin Noun, qui était un homme d'une droiture
exceptionnelle. Là encore, on ne parle ni d'une Kari´oh ni d'une
Qiddoh, mais d'une Hishtahawa`oh.
Et le Talmoudh précise toutefois qu'un homme important peut faire la
Hishtahawa`oh
s'il prend alors soin de ne pas presser sa face contre le sol. En
d'autres mots, il peut s'allonger par terre, tout en veillant à
tourner légèrement son visage sur le côté et non face contre
terre, ou encore en posant sa tête sur son bras. C'est ainsi que
reprenant notre Gamoro`, le Ramba''m ז״ל
écrit
dans son Mishnéh Tôroh17 :
Lorsqu'on fait
la tombée sur les faces après la prière, certains font une
Qiddoh et d'autres font une Hishtahawoyoh. Mais il est
interdit de faire une Hishtahawoyoh sur des [sols en]
pierres, à moins que ce soit dans le Sanctuaire, comme nous
l'avons expliqué dans les Hilkôth ´avôdhoh Zoroh. Quelqu'un
d'important n'a le droit de tomber sur sa face que s'il sait en
lui-même qu'il est intègre comme Yahôshoua´. Cependant, il
peut pencher légèrement sa face, mais ne pas la presser au sol.
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כִּשְׁהוּא
עוֹשֶׂה נְפִילַת פָּנִים אַחַר
תְּפִלָּה,
יֵשׁ
מִי שְׁהוּא עוֹשֶׂה קִדָּה,
וְיֵשׁ
מִי שְׁהוּא עוֹשֶׂה הִשְׁתַּחֲוָיָה;
וְאָסוּר
לַעֲשׂוֹת הִשְׁתַּחֲוָיָה עַל
הָאֲבָנִים אֵלָא בַּמִּקְדָּשׁ,
כְּמוֹ
שֶׁבֵּאַרְנוּ בְּהִלְכּוֹת עֲבוֹדָה
זָרָה.
וְאֵין
אָדָם חָשׁוּב רַשָּׁאי לִפֹּל עַל
פָּנָיו,
אֵלָא
אִם כֵּן הוּא יוֹדֵעַ בְּעַצְמוֹ
שְׁהוּא צַדִּיק כִּיהוֹשׁוּעַ;
אֲבָל
מַטֶּה הוּא פָּנָיו מְעַט,
וְאֵינוּ
כּוֹבֵשׁ אוֹתוֹ בַּקַּרְקָע
|
La
Halokhoh n'est donc pas qu'un homme important est interdit de
Hishtahawa`oh,
mais simplement qu'il ne doit pas presser sa face contre le sol en le
faisant, à moins d'être certain qu'il soit aussi intègre que
Yahôshoua´ bin Noun. Si ce n'est pas le cas, il tournera alors
légèrement sa face pour qu'elle ne soit pas contre le sol. Un
« homme important », dans ce contexte, désigne
simplement le dirigeant d'une communauté, celui vers qui les gens se
tournent pour être guidés et instruits. Voici donc comment
quelqu'un d'important peut faire la Hishtahawa`oh
sans presser son visage contre le sol (la tête sur le bras) :
En
outre, remise dans son contexte, il est clair et évident que lorsque
la Halokhoh interdit à un homme important de faire une Hishtahawa`oh
en pressant son visage contre le sol, c'est uniquement lorsqu'il est
en public. La raison à cela est que si les gens le voient prier dans
cette position et que l'on apprend par la suite qu'il ne fut pas
exaucé, puisque Yahôshoua´ bin Noun et d'autres grands hommes
bibliques furent exaucés quasiment instantanément après avoir fait
une Hishtahawa`oh
face contre terre, on pourrait en arriver à douter de sa droiture
(les gens se diraient « S'il n'a pas été exaucé, c'est parce
qu'il n'est peut-être pas aussi intègre qu'il le prétend »).
Par conséquent, un homme important ne doit pas le faire
publiquement. Mais en privé, s'il fait une Hishtahawa`oh,
il doit presser son visage contre le sol, comme n'importe qui. Que ce
soit en public ou en privé, un homme important qui estime être
intègre peut sans problème faire une Hishtahawa`oh
la face contre le sol.
Si
quelqu'un fait une Hishtahawa`oh
sur un sol en pierres, soit il place un tapis (ou n'importe quoi
d'autre) qui fera ainsi une séparation entre son visage et le sol,
soit il tourne son visage sur le côté ou la fait reposer sur son
bras (comme sur la dernière image ci-dessus). Cette règle n'a rien
à voir avec la stature de la personne, mais avec le fait qu'il n'est
permis de faire une Hishtahawa`oh
sur un sol en pierres que dans le Béth Hammiqdosh. Par contre, une
Kari´oh et une Qiddoh sont permises sur toutes les surfaces, un sol
en pierres y compris.
Il
n'y a donc aucune raison d'accepter l'erreur majoritaire selon
laquelle « il est interdit de se prosterner ». C'est de
la pure bêtise et un reniement de nos traditions ancestrales
authentiques. C'est ainsi que priaient tous les Israélites
quotidiennement depuis les temps bibliques, dans la période
talmudique, du temps des Ga`ônim et une grande partie de l'ère des
Ri`shônim, bien longtemps après l'Islam. Une minorité de Juifs ont
perpétué cette pratique, et les Témonim le faisaient également
jusqu'au moment de leur immigration massive en Palestine, au début
des années 1950, lorsque les Sionistes leur ont fait abandonner une
grande partie de leurs traditions et pratiques afin de se conformer à
l'ashkénazification et laïcisation de la société israélienne.
Aujourd'hui, seuls les Dôr Da´im et les Talmidhé HaRamba''m (et
peut-être d'autres Juifs encore dont je n'ai pas connaissance) font
leurs prosternations quotidiennes dans les Shamônah ´asréh et les
Tahanoun.
Sur
la base des mots וַיִּשְׁתַּחוּ
שָׁם,
לַיהוָה
« et
ils se prosternèrent là pour `adhônoy »18,
de nombreux Midhroshim affirment que c'est par le mérite des
prosternations dans la prière que le Béth Hammiqdosh subsista, et
ce sera par le mérite des prosternations dans la prière qu'il sera
rebâtit ! Cela signifie que si nous voulons voir notre
rédemption arriver, nous devons revenir vers Dieu (faire Tashouvoh),
mais aussi vers la pratique authentique et véritable de notre
religion, qui inclut notamment de se prosterner en priant. Nous ne
pouvons pas être hypocrites en exigeant d'un côté qu'HaShem nous
envoie la rédemption, tout en pratiquant de l'autre côté un
Judaïsme falsifié fait de mains d'hommes qui n'a rien à voir avec
ce qui est prescrit dans le TaNa''Kh et la Halokhoh de nos Sages de
mémoire bénie !
Tout
de suite la Tashouvoh (repentance), tout de suite la Ga`ouloh
(rédemption) !
1`avan
Sappir, Page 68
2Maghilloh
22b-23a
3Après
les Shamônah ´asréh. Cela démontre davantage ce que j'affirmais
dans l'article intitulé « La
prière communautaire comme du temps de HaZa''l », à
savoir, que la lecture de la Tôroh était faite avant la prière,
et était la première étape de la prière communautaire
4Wayyiqro`
26:1
5Ce
qui signifie que faire une Hishtahawa`oh sur de la pierre est
permis. C'est seulement si le sol est fait en pierre que cela est
interdit. Ainsi, on peut très bien faire une Hishtahawa`oh
sur une pelouse sur laquelle se trouvent des cailloux. Par contre,
on ne pourra pas le faire sur un trottoir en pierres ou un sol en
pierres
6En
d'autres mots, la raison pour laquelle seul Rov n'est pas tombé sur
sa face est que la pierre ne se trouvait que là où il se tenait,
tandis que les autres membres de l'assemblée n'avaient pas de sol
en pierres devant eux
7Ils
auraient été contraints de se relever pour le laisser passer. Pour
ne pas les déranger, il est donc resté à sa place et n'est pas
tombé sur sa face, à cause du sol en pierres devant lui
8En
faisant ses supplications
9Sur
un sol en pierres
10En
d'autres mots, tomber sur sa face est permis sur un sol en pierres,
mais étendre ses mains et ses pieds est interdit. Puisque Rov avait
l'habitude de le faire en faisant ses supplications, et que le sol
était en pierres, mais qu'il ne voulait pas dévier de sa pratique,
il s'est alors abstenu même de tomber sur sa face
11Yahôshoua´
7:10
12Ainsi,
d'après cette approche, Rov ne tombait jamais sur sa face pour ses
prières de supplication
131
Malokhim 1:31
14Ibid.,
8:54
15Baré`shith
37:10
16Étant
des hommes éminents, ils ne pouvaient pas tomber sur leurs faces.
De se fait, ils se couchaient au sol le visage sur le côté
17Hilkôth
Tafilloh Ouvirakhath Kôhanim 5:15
181
Shamou`él 1:28