ב״ה
Quelques
Halokhôth méconnues sur la façon de se conduire en `aras
Yisro`él
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article peut être téléchargé ici.
Les
Sages de la génération du Hourban
Béth Hammiqdosh ont
institué quelques règles à suivre lorsqu'on se rend en `aras
Yisro`él pour visiter Yarousholayim ´ir Haqqôdhash, alors que la
ville est en ruine et que le Sanctuaire d'HaShem ית׳
n'est
toujours pas rebâti. Ces décrets sont repris par le Ramba''m ז״ל
dans
son Mishnéh Tôroh, et bien qu'il n'y ait pas de divergence
d'opinion parmi les Pôsqim quant au fait que ces décrets soient
encore d'actualité, très peu de Juifs les connaissent et les
appliquent. Nous allons donc les apporter à votre connaissance et
nous mentionnerons chaque Halokhoh avant de les commenter, comme à
l'accoutumé.
Le
Ramba''m rapporte ceci1 :
Celui
qui voit les villes de Yahoudhoh dans leur [état de] destruction
doit dire [le verset qui commence par]2
« Tes saintes villes sont devenues un désert »
et déchire [ses vêtements]. [S']il a vu Yarousholayim dans son
[état de] destruction, il doit dire [le verset qui commence par]3
« Notre sainte maison et notre beauté, etc. »
et déchire [ses vêtements]. À partir d'où a-t-on l'obligation
de déchirer [les vêtements] ? À partir des Sôphim.
Et lorsqu'on atteint [l'endroit où se trouvait] le Sanctuaire, on
procède à une autre déchirure. Si on tombe d'abord sur
[l'endroit où se trouvait] le Sanctuaire car on est venu par la
voie du désert, on déchire [ses vêtements] pour le Sanctuaire,
et on prolonge [la déchirure] pour Yarousholayim.
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מִי
שֶׁרָאָה עָרֵי יְהוּדָה בְּחָרְבָּנָם--אוֹמֵר
"עָרֵי
קָדְשְׁךָ,
הָיוּ
מִדְבָּר",
וְקוֹרֵעַ.
רָאָה
יְרוּשָׁלַיִם בְּחָרְבָּנָהּ--אוֹמֵר
"בֵּית
קָדְשֵׁנוּ וְתִפְאַרְתֵּנוּ ...",
וְקוֹרֵעַ.
וּמֵהֵיכָן
חַיָּב לִקְרֹעַ,
מִן
הַצּוֹפִים;
וּכְשֶׁיַּגִּיעַ
לַמִּקְדָּשׁ,
קוֹרֵעַ
קְרָע אַחֵר.
וְאִם
פָּגַע בַּמִּקְדָּשׁ תְּחִלָּה,
כְּשֶׁיָּבוֹא
מִדֶּרֶךְ הַמִּדְבָּר--קוֹרֵעַ
עַל הַמִּקְדָּשׁ,
וּמוֹסִיף
עַל יְרוּשָׁלַיִם
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Commentons
cette Halokhoh :
Celui
qui voit les villes de Yahoudhoh dans leur [état de] destruction
doit dire [le verset qui commence par] « Tes saintes villes
sont devenues un désert » : L'un des débats les plus
sensibles dans le monde religieux en `aras Yisro`él tourne
autour de ce décret de nos Sages. Le Béth Yôséph4
ז״ל
déclare
que l'obligation de déchirer ses vêtements ne s'applique que
lorsque `aras Yisro`él est sous autorité non juive.
La
question qui divise le monde religieux en `aras Yisro`él
actuellement consiste donc à savoir si l'État d'Israël peut/doit
être considéré comme un État juif ou pas, en raison de la nature
et de organisation laïque de l'État. Si on considère que malgré
que ce soit un État laïc c'est un État pouvant être néanmoins
être considéré comme « juif », ce décret ne
s'applique alors pas à l'État d'Israël et il ne sera alors pas
obligé de réciter ce verset et déchirer son vêtement en arrivant
dans la région de Yahoudhoh (Judée). Mais si on considère que ce
n'est pas un État juif, parce que laïc, quand bien même la
majorité de la population se décrirait comme juive, cet État a le
statut d'un État non juif, et il sera alors obligatoire de prononcer
ce verset et de déchirer ses vêtements en arrivant dans la région
de Yahoudhoh.
et
déchire [ses vêtements] : Déchirer ses vêtements est
mentionné à plusieurs reprises dans le TaNa''Kh comme étant un
signe de deuil et une façon d'exprimer sa douleur face à une
situation ou expérience difficile.
Cette
pratique est mentionnée à nouveau par le Ramba''m dans son
exposition sur les lois relatives au deuil.5
[S']il
a vu Yarousholayim dans son [état de] destruction, il doit dire [le
verset qui commence par] « Notre sainte maison et
notre beauté, etc. » et déchire [ses vêtements] :
Même si quelqu'un voit les villes de Yahoudhoh, Yarousholayim et le
lieu du Sanctuaire lors de la même visite ou du même voyage, il a
l'obligation de déchirer ses vêtements à trois reprises ; une
fois pour les villes de Yahoudhoh, une seconde fois pour
Yarousholayim, et une troisième fois pour l'endroit où se tenait le
Sanctuaire.
Par
contre, le Moghidh Mishnéh ז״ל
insiste
sur le fait que la règle est différente si on a vu Yarousholayim en
premier, avant n'importe quelle autre ville. Dans ce cas-là, on
déchirera ses vêtements en voyant la Ville Sainte, et il ne sera
pas nécessaire d'ensuite déchirer une seconde fois ses vêtements
quand on verra une autre des villes de Yahoudhoh. Le raisonnement du
Moghidh Mishnéh est celui-ci : Puisque la tristesse pour
Yarousholayim doit être plus intense que la tristesse que l'on
pourrait avoir en voyant une autre ville, la déchirure faite
lorsqu'on voit Yarousholayim en premier exempte la déchirure que
l'on aurait dû faire en voyant les autres villes.6
À
partir d'où a-t-on l'obligation de déchirer [les vêtements] ?
À partir des Sôphim : Sôphim est un
sommet à partir duquel on pouvait voir Yarousholayim dans les temps
bibliques et talmudiques. Ce lieu n'est pas à confondre avec la
ville moderne de Sôphim, qui est une colonie israélienne en
Cisjordanie. Il ne faut pas non plus confondre Sôphim avec
l'actuel Mont Scopus.
Et
lorsqu'on atteint [l'endroit où se trouvait] le Sanctuaire, on
procède à une autre déchirure : Le Hofés
Hayim7
ז״ל
insiste
sur le fait que lorsqu'on parle d' « atteindre »
l'endroit où se trouvait le Sanctuaire, on parle d'atteindre cet
endroit du regard, et non physiquement, puisqu'il est strictement
défendu de pénétrer sur le Har Habbayith en lui-même, parce que
nous sommes tous rituellement impurs et risquerions d'arriver
au-dessus de l'endroit où se trouvait le Saint des Saints. Or, la
sainteté de ce lieu saint reste intacte, en dépit de la destruction
du Béth Hammiqdosh.8
Le
Bayith Hodhosh9
ז״ל
insiste
aussi sur le fait que lorsqu'on aperçoit ce lieu saint en ruine,
après avoir déchiré ses vêtements, on doit également procéder à
une prosternation face contre terre en signe de deuil. Cette sorte de
prosternation est appelée קִדָּה
« Qiddoh. »
(Voir l'article intitulé « La
prosternation israélite. »)
Le
Ramba''m parle de faire encore « une autre déchirure. »
Le Sanctuaire se trouvait dans la ville de Yarousholayim. Si on a
déjà déchiré ses vêtements en voyant la Ville Sainte, pourquoi
devrions-nous à nouveau les déchirer en voyant de loin le lieu où
se tenait le Sanctuaire ? La réponse se trouve dans les
Halokhôth relatives au deuil : Si un parent meurt après qu'on
ait déjà déchiré ses vêtements pour le décès d'un autre
proche, il n'est pas suffisant de simplement prolonger la déchirure
déjà faite. On doit plutôt déchirer le vêtement une seconde fois
à un autre endroit du vêtement, pour indiquer ainsi que l'on monte
en niveau dans son deuil.10
De même en est-il ici ; bien que le Sanctuaire se trouvait
effectivement dans la ville de Yarousholayim, deux drames différents
se sont produits : le Sanctuaire a d'abord été détruit, puis
la Ville Sainte a été intégralement rasée et labourée par les
romains. Par conséquent, chacun mérite une déchirure indépendante.
Mais
ce n'est le cas que si on a vu la Ville Sainte d'abord et seulement
ensuite le lieu où se tenait le Sanctuaire, comme nous le verrons
dans le commentaire sur la phrase suivante.
Si
on tombe d'abord sur [l'endroit où se trouvait] le Sanctuaire car on
est venu par la voie du désert, on déchire [ses vêtements] pour le
Sanctuaire, et on prolonge [la déchirure] pour Yarousholayim :
Le Sanctuaire était situé à cheval sur deux territoires, celui de
Yahoudhoh et celui de Binyomin. Par conséquent, il est tout à fait
possible d'apercevoir en premier le lieu où se tenait le Sanctuaire
et seulement ensuite Yarousholayim. Dans un tel cas, puisque la
destruction du Sanctuaire était d'une plus grande gravité
spirituelle (car si le Sanctuaire avait continué à exister mais que
la Ville Sainte avait été détruite, nous aurions toujours le
Sanctuaire et l'accomplissement de nombreuses Miswôth aurait
continué à être possible), lorsqu'on aperçoit le lieu du
Sanctuaire en premier on fait une déchirure pour le Sanctuaire, et
si ensuite on voit Yarousholayim on ne fera pas de nouvelle
déchirure, mais on prolongera plutôt la déchirure qui a déjà été
faite.
Le
Ramba''m poursuit11 :
L'intégralité
de toutes ces déchirures se fait à la main et en position
debout ; [l'individu] déchire tous les vêtements qu'il
porte jusqu'à ce qu'il ait dévoilé son cœur. Et il ne
raccommodera jamais ces déchirures. Mais il lui est permis de les
faire recoudre, de les faire ourler, de les faire rassembler, et
de les faire coudre en espèce d'échelles.
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כָּל
הַקְּרָעִים הָאֵלּוּ כֻּלָּם,
בְּיָדוֹ
וּמֵעוֹמֵד;
וְקוֹרֵעַ
כָּל כְּסוּת שֶׁעָלָיו,
עַד
שֶׁיְּגַלֶּה אֶת לִבּוֹ.
וְאֵינוּ
מְאַחֶה קְרָעִים אֵלּוּ,
לְעוֹלָם;
אֲבָל
רַשָּׁאי הוּא לְשָׁלְלָן לְמָלְלָן
לְלַקְּטָן וּלְתָפְרָן,
כְּמִין
סֻלָּמוֹת
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Commentons
cette Halokhoh :
L'intégralité
de toutes ces déchirures se fait à la main : Et non au
moyen d'un ustensile, comme par exemple des ciseaux.
Comme
cela est mentionné dans les Hilkôth
`éval 9:2, le Ramba''m fait un parallèle entre
l'obligation de déchirer ses vêtements en signe de deuil pour les
villes de Yahoudhoh, Yarousholayim et le Béth Hammiqdosh, et
déchirer ses vêtements en signe de deuil pour le décès de ses
parents. Lorsqu'on prend le deuil pour d'autres personnes, on peut
déchirer ses vêtements avec un ustensile. Mais pour ses parents,
les villes de Yahoudhoh, Yarousholayim et le Béth Hammiqdosh, la
déchirure doit se faire avec ses propres mains.
Le
Ra`ava''d ז״ל
rejette
l'opinion du Ramba''m et écrit qu'il n'y a aucune obligation de
déchirer ses vêtements avec ses propres mains lorsqu'on voit les
villes de Yahoudhoh, Yarousholayim et le Béth Hammiqdosh. Mais les
`aharônim n'acceptent pas l'opinion du Ra`ava''d.
et
en position debout : Dans les Hilkôth
`éval 8:1, le Ramba''m rapporte que chaque fois que l'on
doit déchirer ses vêtements (pour un deuil, ou parce qu'on a
entendu un blasphème, etc., cela doit obligatoirement se faire
debout.
[l'individu]
déchire tous les vêtements qu'il porte jusqu'à ce qu'il ait
dévoilé son cœur : C'est-à-dire qu'il déchire tous ses
vêtements jusqu'à ce que l'emplacement du cœur (la poitrine) soit
dévoilé, tout comme cela doit se faire lorsqu'on apprend le décès
d'un de ses parents.12
Par
contre, lorsqu'on prend le deuil pour d'autres personnes, tout ce qui
est requis consiste à déchirer les vêtements dans une mesure d'au
moins un Taphoh (8 centimètres).13
Et
il ne raccommodera jamais ces déchirures : On parle ici
d'un raccommodage ou d'une réparation du vêtement qui ne rend pas
évident le fait que le vêtement fut précédemment déchiré. Mais
si on raccommode le vêtement au moyen d'une méthode de couture
moins parfaite, et qui ne fait pas disparaître le fait que c'est un
vêtement qui a été déchiré, c'est permis, comme expliqué dans
la suite de cette Halokhoh.
Là
encore, cette Halokhoh est la même que lorsqu'on déchire ses
vêtements pour ses parents. Par contre, lorsqu'on déchire ses
vêtements pour d'autres personnes, il est permis de les raccommoder
ensuite d'une manière parfaite, qui fait complètement disparaître
la déchirure.14
de
les faire rassembler : C'est-à-dire, faire tenir ensemble
ces déchirures avec une épingle.
et
de les faire coudre en espèce d'échelles : C'est-à-dire,
avec un motif représentant une échelle, ou quoi que ce soit
d'autre, mais qui rend évident le fait que ce motif ne fait pas
partie à l'origine du vêtement, mais qu'il a bien été rajouté
pour couvrir une déchirure ou un trou.
Terminons
par la Halokhoh suivante15 :
[Les
règles suivantes s'appliquent lorsque quelqu'un] fait des va et
vient fréquent en direction [ou en partance] de Yarousholayim :
S'il s'y rend dans les trente jours, il ne procédera pas à une
autre déchirure. Et si c'est après trente jours, il déchirera à
nouveau.
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הָיָה
הוֹלֵךְ וּבָא לִירוּשָׁלַיִם,
הוֹלֵךְ
וּבָא--אִם
תּוֹךְ שְׁלוֹשִׁים יוֹם,
אֵינוּ
קוֹרֵעַ קְרָע אַחֵר;
וְאִם
לְאַחַר שְׁלוֹשִׁים יוֹם,
חוֹזֵר
וְקוֹרֵעַ
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Commentons
cette courte Halokhoh, qui clôt les lois relatives aux décrets
institués par HaZa''l
pour marquer notre deuil jusqu'à la reconstruction du Béth
Hammiqdosh :
[Les
règles suivantes s'appliquent lorsque quelqu'un] fait des va et
vient fréquent en direction [ou en partance] de Yarousholayim :
S'il s'y rend dans les trente jours : C'est-à-dire, dans
les trente jours depuis sa dernière visite.
il
ne procédera pas à une autre déchirure : Car revenir
après moins de trente jours n'est pas considéré comme une absence
suffisamment significative que pour exiger qu'il déchire à nouveau
ses vêtements, tout comme on ne récite pas la bénédiction de
« Shahahayonou » si on revoit
un ami moins de trente jours depuis la dernière fois qu'on l'avait
vu.
Et
si c'est après trente jours, il déchirera à nouveau : Le
Ramba''m rapporte dans les Hilkôth `éval 8:7 qu'à nos
époques, plutôt que de déchirer à chaque fois ses vêtements
lorsqu'on se rendait à Yarousholayim, une parade avait été
imaginée : la personne qui se rendait à Yarousholayim vendait
ses vêtements à quelqu'un d'autre, puis les empruntait à celui à
qui elle les avait vendus. Les vêtements qu'elle portait ne lui
appartenant plus, elle avait ainsi l'interdiction de les déchirer.
Ce
sont là les décrets qui s'appliquent lorsqu'on se rend en visite en
Terre Sainte, depuis que le Béth Hammiqdosh a été détruit.
Puissions-nous
mériter prochainement et de nos jours la révélation de Moshiah
Sidhqénou, pour une rédemption complète et véritable, avec
la reconstruction du Béth Hammiqdosh éternel dans lequel nous
servirons HaShem comme aux jours d'autrefois, dans la joie, le
contentement de cœur, la pureté et la sainteté. `omén, Kén Yahi
Rosôn !
1Hilkôth
Ta´niyôth 5:16
2Yasha´yohou
64:9
3Ibid.,
64:10
4`ôrah
Hayim 561
5Mishnéh
Tôroh, Hilkôth `éval 9:10
6Shoulhon
´oroukh, `ôrah Hayim 561:3
7Mishnoh
Barouroh 561:5
8Voir
aussi le Mishnéh Tôroh, Hilkôth Béth Habbahiroh
6:16
9`ôrah
Hayim 561
10Mishnéh
Tôroh, Hilkôth `éval 8:10
11Hilkôth
Ta´niyôth 5:17
12Voir
Mishnéh Tôroh, Hilkôth `éval 8:3 et
9:3
13Voir
Ibid., 8:2
14Voir
Ibid., 9:1
15Hilkôth
Ta´niyôth 5:18