ב״ה
La
foi et la superstition
Deuxième
Partie
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article peut être téléchargé ici.
Pour
(re)lire la Premier Partie, voir ici.
Nous
avions terminé la première
partie en disant que certaines pressions au sein de la vie
juive « Orthodoxe » contemporaine favorisaient la
superstition plutôt qu'une perspective authentique du Judaïsme, la
plus belle foi qui soit. Nous allons illustrer cela par quelques
exemples concrets.
- Passer par les pseudos « Gadhôlé Haddôr »1 pour être bénis
Comme
de nombreux autres Juifs, je reçois périodiquement, dans ma boite
de courriels, de nombreux messages de divers organisme de Sadhoqoh
demandant de leur faire des dons pour des individus et/ou des
familles dans le besoin. Ces publicités incluent toujours des photos
d'hommes aux apparences saintes, avec des barbes blanches, en train
d'étudier la Tôroh et prier, et qui signent leurs noms en faveur de
ces organismes. Un organisme de charité en particulier (« Koupat
Ha'ir », pour ne pas le nommer) nous promet que les « Gadhôlé
Haddôr sont les membres officiels de l'organisme ». L'un de
ces pseudos « Gadhôlé Haddôr » fut une fois cité dans
une des publicités comme ayant affirmé que « Tous ceux qui
contribuent à [cet organisme de charité] mériteront de voir des
miracles manifestes ». Une deuxième catégorie de publicités
tout autant fréquente concerne les fêtes. À l'approche de dates
importantes de notre calendrier, nous sommes inondés de courriels
dans lesquels il nous est demandé d'inscrire les noms de toutes les
personnes que nous voudrions voir être bénies, et les « Gadhôlé
Haddôr » et d'autres éminents rabbins se chargeront de prier
pour ces personnes sur les tombes de Saddiqim, au Kothél, etc., et
garantissent que les prières qu'ils élèveront pour nous et ces
personnes seront exaucées et qu'on jouira d'innombrables
bénédictions.
Voici
quelques exemples des torchons idolâtres, mensongers et
superstitieux qu'envoient ces organismes soutenus par les prétendus
« Gadhôlé Haddôr » (cliquez sur les images afin de les
agrandir) :
À
la fin du mois dernier, l'organisme
de charité Harédhi
« Kollel Chatzos » a publié une publicité dans la ville
de Détroit, aux États-Unis, afin d'expliquer que faire un don au
Kollel Chatzos (un organisme de charité qui paie de jeunes hommes
mariés pour étudier la Torah à minuit chaque nuit de la semaine)
pouvait vous « épargner » le fait de devoir vivre près
de ces « individus » (un terme péjoratif pour désigner
les Musulmans, comme le montre clairement le contexte. La publicité
étant publique, ils ont préféré ne pas être explicites). La
publicité contenait le message suivant :
Mon
histoire
Lorsque
j'ai vu l'agent immobilier entrer dans le condominium à côté avec
les mêmes individus qui étaient venus le visiter quelques jours
auparavant, j'ai su qu'il était temps d'appeler le Kollel Chatzos.
Nos
seuls voisins Juifs s'étaient installés en Erets Yisroel il y a
quelques mois, et ils eurent énormément de difficultés à trouver
un acheteur Juif. Il semblait à présent que ces individus allaient
résider la porte à côté. Des nouvelles horrifiantes d'Erets
Yisroel nous parvenaient quotidiennement, et la pensée de vivre dans
une telle proximité de ces individus était carrément effrayante.
Lorsque
l'agent immobilier confirma qu'ils étaient effectivement sur le
point de signer le contrat, j'ai immédiatement décroché le
téléphone et me suis associé au Kollel Chatzos pour un mois.
De
nul part, une belle famille juive s'est présentée et a exprimé un
intérêt pour le condominium. De façon incroyable, ils sont à
présent sur le point d'acquérir la maison !
Par
un seul appel au Kollel Chatzos, nous sommes passés de l'arrivée
redoutable de voisins indésirables à la perspective de vivre côte
à côte avec de magnifiques Yidden.
Le
pouvoir incroyable de l'étude nocturne de la Torah nous a sauvés
juste à temps !
Des
bêtises du même genre sont publiées chaque jour par divers
organismes, sites Internet et journaux dits « Harédhim ».
Vous n'aurez aucun mal à les trouver.
Pour
revenir aux « Gadhôlé Haddôr », ces organismes nous
demandent de contribuer à leurs causes afin que les « Gadhôlé
Haddôr » nous bénissent et prient pour nous. Il nous est même
offert de choisir quel mérite nous aimerions recevoir de leurs
prières : avoir du Nahath
(satisfaction) de nos enfants ; avoir des enfants ; trouver
une femme ou un mari approprié ; gagner facilement ses moyens
de subsistance ; jouir d'une longue et belle vie ; obtenir
une guérison complète d'une maladie, etc. Sur une des publications,
on peut même lire « Les demandes urgentes seront immédiatement
expédiées au domicile des Gadhôlé Haddôr ». Si nous
prenons l'engagement de faire un don substantiel par nom que l'on
aura inscrit, il nous est garanti qu'un Minyon d'éminents Talmidhé
Hakhomim
priera pour nous au Kothél. Si nous nous engageons à donner une
plus petite somme, la prière sera alors récitée uniquement par un
seul Talmidh Hokhom
de renom. Il nous est également indiqué que nous pouvons formuler
notre requête par écrit, et elle sera alors placée dans le Kothél
pendant quarante jours ; nous pouvons également transmettre nos
demandes de prière par téléphone, après avoir fait une
contribution via une carte de crédit.
Mais
qu'est-ce que c'est que tout cela ? Où est HaShem ית׳
là-dedans ?
Où est notre relation personnelle avec Lui dans tout ce business,
dans toutes ces arnaques, dans toutes ces superstitions et idolâtries
autour de « Gadhôlé Haddôr » ?
Ces
organismes de charité prétendent non seulement proposer une vision
authentique de la Tôroh, mais se targuent également d'être
soutenues par les « Gadhôlé Haddôr ». Quiconque jette
un coup d’œil sur leurs torchons verra qu'il s'agit d'organismes
de charité Orthodoxes gérés par des individus ultra-religieux.
Quand
bien même vous direz que la cause (assister les nécessiteux) est
bonne et noble, et quand bien même les gens qui s'occupent de ces
organismes et y travaillent seraient à vos yeux des Juifs religieux
de haut calibre, littéralement connectés aux « Gadhôlé
Haddôr », les publications de ces organismes ne sont pas du
tout un exemple de ce qu'est la vraie foi, mais quelque chose qui
équivaut clairement à de la superstition, et au bord §si pas
carrément) de l’idolâtrie !
Est-ce
approprié pour un pseudo « Godhôl Haddôr » d'assurer
aux contributeurs qu'ils mériteront des « miracles
manifestes », ou « une bonne et douce année sans
angoisse ni graves maladies » ? Quelqu'un peut-il
réellement parler au nom du Tout-Puissant lorsqu'il s'agit de
décisions se rapportant à l'accomplissement de « miracles
manifestes » ? De telles affirmations ne reflètent-elles
pas une croyance selon laquelle les prières prononcées par ces
pseudos sages (qui agissent comme des gourous, avec des méthodes
similaires aux incantations prononcés par des chamans) peuvent
contrôler les actions d'HaShem, même au point de Lui faire faire
des miracles sur commande ?
En
outre, pourquoi doit-on donner aux gens l'impression aux gens qu'ils
ne sont pas qualifiés ou aptes à prier HaShem directement ?
Pourquoi ces escrocs déguisés en « dirigeants religieux »
doivent-ils promouvoir la notion selon laquelle si les gens paient,
certains individus « pieux » réciteront une prière au
Kothél, et cette prière récitée par cet individu au Kothél est
plus efficace que si la personne qui les a sollicités priait
elle-même d'où elle se trouve ? Cette notion selon laquelle un
Minyon d'éminents Talmidhé Hakhomim
prieront pour vous si vous donnez suffisamment d'argent est
dégoûtante et contraire à toutes les valeurs de notre foi. Et que
dire du fait que si vous n'avez pas donné suffisamment, seule une
seule personne priera pour vous ? Mais où va-t-on ?
Dans
ces publications, déguisées en vêtements de religion juive
authentique, nous avons des exemples flagrants de souillures
superstitieuses. Les dirigeants de ces organismes prétendent que :
- Les « Gadhôlé Haddôr » (mais on ne nous dit pas qui décide de qui est un « Godhôl Haddôr », ni pourquoi un « Godhôl Haddôr » désirerait courir au Kothél pour prier chaque fois qu'un donateur soumet une « requête urgente ») ont une puissance de prière supérieure à n'importe qui d'autre.
- Un « Godhôl Haddôr » peut nous promettre des « miracles manifestes » si nous faisons un don.
- Une prière faite au Kothél a plus de valeur qu'une prière faite n'importe où ailleurs. C'est-à-dire que le Kothél est traité comme une entité sacrée et « magique », alors que Shalômôh Hammalakh ע״ה a écrit que peu importe où nous nous trouverons, dès lors qu'on se tournera vers la Ville Sainte, HaShem nous écoutera de n'importe où (et même sans se tourner vers la Ville Sainte, mais qu'on est envahi de respect et de sérieux lorsqu'on prie, Il écoutera).
- Les papiers placés dans le Kothél ont une valeur religieuse et une efficacité.
Ces
publications s'appuient clairement sur la croyance déplacée des
gens dans les pouvoirs surnaturelles des « Gadhôlé Haddôr »
et du Kothél.
Il
va de soi que ceux qui écrivent leurs bouts de papier afin qu'ils
soient placés dans les fissures du Kothél ou qui se tournent vers
ces charlatans de « Gadhôlé Haddôr », le font par
sentiment de piété, avec un désir sincère que leurs prières
parviennent jusqu'à HaShem.
Mais ces « dirigeants religieux » ne devraient-ils pas
dire à ces gens qu'ils doivent apporter leurs prières à HaShem, en
Le priant directement ? Il n'y a aucune utilité de toute façon
à écrire des prières pour les déposer dans le Kothél. HaShem
est-Il limité par l'espace ou le temps ? Restez chez vous et
utilisez vos bouches ! Cette pratiques des papiers glissés dans
le Kothél est de la pure superstition et s'appuie sur les prétendus
pouvoirs « magiques » que l'on a attribués au Kothél
plutôt que de prier directement HaShem.
Les
défenseurs de cette pratique avanceront que c'est une coutume très
ancienne, approuvée ou tolérée par de grands sages, que c'est une
pratique inoffensive qui ne fait de mal à personne, ou que c'est un
moyen d'amener les gens à sentir que leurs paroles auront plus de
chances d'atteindre HaShem. À ces gens-là, nous dirons qu'il existe
de nombreuses croyances et pratiques qui furent approuvées ou
tolérées par d'éminents sages dans le passé récent, mais qui
entrent dans la catégorie de la superstition, et non dans celle de
la foi, comme par exemple rédiger et porter des amulettes magiques,
invoquer les morts (comme le faisait le `ari), etc. Le fait que
d'éminentes personnes croyaient en ces choses ou les ont accomplies
ne les rend pas correctes et appropriées. Le Ramba''m ז״ל
a
condamné ceux qui ont recours aux Sifré Thôroh, Tafillin ou
Mazouzôth comme des charmes magiques, et il ne fait aucun doute que
s'il les a condamnés et a pris la peine de le mentionner, c'est
qu'il y a eu des Rabbonim avant et pendant son époque qui
approuvaient ou toléraient ces pratiques. Le Ramba''m a tenté de
faire voir aux gens la différence entre la foi et la superstition ;
malheureusement, tout le monde n'était pas désireux d'accepter
cette distinction, préférant rester attaché aux croyances et
pratiques superstitieuses (qui sont si rassurantes).
Les
pratiques superstitieuses nuisent, contrairement à ce qu'on affirme
souvent. Elles rongent les fondations rationnelles et intellectuelles
de ceux qui s'y adonnent, les amenant à se comporter comme des
adhérents d'une secte plutôt que d'une foi. Cela ne rend pas
service au Judaïsme, et à cause de ces gens qui disent représenter
le Judaïsme avec leurs croyances et pratiques idolâtres et
superstitieuses, cela détourne de la Tôroh les personnes
raisonnables et intelligentes qui s'intéressent à la Tôroh et
veulent la pratiquer de façon authentique, sans ces sottises qu'on y
a ajoutées.
Les
gens pourraient se dire que se laisser aller à la superstition est
un moyen d'obtenir des résultats surnaturels. Mais une telle
approche est rejetée des deux mains par la Tôroh. Les rabbins et
enseignants doivent rappeler à leurs communautés que l'on n'a pas
besoin (et que l'on ne doit pas) de rechercher des moyens
superstitieux de contrôler ou apaiser HaShem. On doit plutôt
rappeler aux gens leur droit et devoir de prier directement HaShem
d'eux-mêmes, sans besoin de recourir aux supposés pouvoirs d'hommes
prétendument « saints », ou via des objets saints, ou
des lieux saints !
- Le Qaddish des Endeuillés
Une
autre pratique qui favorise la superstition sur la foi est la
récitation du Qaddish dit des Endeuillés.
Le
Qaddish est une prière magnifique, par laquelle on glorifie HaShem
pour Sa grandeur, Son unicité et Sa force rédemptrice. Le texte du
Qaddish est antique, et à l'origine il était exclusivement utilisé
comme prière qui suivait une étude de la Tôroh en groupe.2
Cette prière n'a rien à voir avec la mort ! Ce n'est qu'au
13ème siècle, à cause de cette supercherie qu'est le Zôhar et
tout le mouvement de la Qabboloh, qu'elle fuit adoptée comme prière
des endeuillés, et avec le temps cela devint une pratique répandue
à travers le monde juif. (Et pas une seule fois le Ramba''m ne
mentionne le Qaddish dit des Endeuillés.)
À
l'évidence, le Qaddish a été imprégné d'émotions fortes et de
forts sentiments religieux parmi les endeuillés. Néanmoins, la
Halokhoh ou la Tôroh ne sont pas jetées sous le tapis simplement
par peur d'offenser les gens, ou qu'une pratique serait maintenant
trop enracinée que pour être combattue. On doit rappeler aux gens
que le Qaddish est une prière, et non une incantation magique.
Lorsque, à Dieu ne plaise, quelqu'un perd un parent, les membres de
la חֶבְרָה
קַדִישָׁא « Havroh
Qadhisho` » l'informent souvent que s'il désire que son parent
aille au Gan ´édhan, il doit réciter le Qaddish chaque jour. Et si
l'endeuillé n'est pas certain de pouvoir le faire chaque jour
pendant l'intégralité de l'année du décès, il doit payer à la
Havroh
Qadhisho` une certaine somme, et ils lui garantiront que quelqu'un
d'autre récitera pour lui le Qaddish quotidiennement, lui assurant
ainsi de l'acceptation de son parent au Gan ´édhan.
Pour
de nombreux Juifs, y compris les plus « pieux », le
Qaddish est traité comme une incantation magique plutôt qu'une
prière glorifiant la grandeur d'HaShem. Les gens se donnent beaucoup
de mal à réciter le Qaddish dans un Minyon, au mépris de choses
plus importantes et qui sont, elles, des obligations. (On en arrive
même à inventer des histoires comme celle-ci
ou celle-là
pour souligner l'impératif de ce Qaddish des Endeuillés.) Ils le
font avec grande sincérité et dévotion. Mais s'ils croient que le
Qaddish est une formule magique permettant de faire entrer leur
défunt parent au Gan ´édhan, cette pratique est clairement entrée
dans le domaine de la superstition.
- Les « charmes » et amulettes
La
dernière pratique favorisant la superstition que je vais mentionner
en exemple est la tendance très répandue, surtout dans les milieux
Safaradhim et Hasidhim,
de se fier à des charmes de « bonne chance », comme par
exemple les bracelets rouges noués autour du poignet, la nourriture
ou boisson bénie par certains sages kabbalistes, etc. Certaines
personnes qui, en temps normal, sont très rationnelles, se sont
tournées vers des « faiseurs de miracles » afin qu'ils
les aident dans une situation de vie ou de mort d'un proche. Les
médecins étaient incapables de soigner le patient ; par
désespoir, les proches du patient ont recherché des remèdes
« spirituels ». Dans un cas, un « saint »
rabbin s'est déplacé en personne de Terre Sainte pour prier au
chevet d'un enfant mourant. (L'enfant est malheureusement décédé.)
Dans un autre cas, un « saint » rabbin a reçu une forte
donation après quoi il a fait parvenir à un malade une bouteille
d'arak qu'il avait bénie. (Ce malade est également décédé.) Il
arrive parfois que les gens se remettent de leurs maladies, et
lorsque c'est le cas, ils sont prêts à jurer que leur guérison fut
rendue possible par l'intervention d'un « saint » rabbin
qui a prié pour eux ou leur a fait parvenir des choses « saintes »
à manger ou boire. (Et c'est le Rébbé ou éminent rabbin qui est
glorifié ou adulé. Où est HaShem dans le tableau ?) Cela
donne davantage l'envie aux personnes désespéramment malades de se
tourner vers des « faiseurs de miracles » pour obtenir de
l'aide ; après tout, si cela peut les amener à se sentir bien,
où est le problème ?
Si
vous ne voyez pas où est le problème, la situation est encore plus
grave que prévue. Bien que l'on puisse comprendre (et même avoir de
l'empathie) cette attitude, nous devons également clairement dire
que cela représente un détournement de la vraie foi et une voie qui
mène à la superstition et l’idolâtrie.
De
ce fait, nous devons enseigner aux gens à éviter de tomber dans
cette façon de penser et de se comporter. Nous devons exhorter les
gens à ne pas se fier à des bracelets rouges, des amulettes, des
aliments/boissons bénis par de « saints » rabbins, etc.
Mais leur dire qu'ils doivent plutôt tourner leurs cœurs, leurs
esprits et leurs âmes entièrement et exclusivement vers HaShem !
Puissions-nous
tous prendre ce message à cœur et faire de notre mieux pour
éloigner les gens de ces sottises et les rapprocher plutôt
d'HaShem, et Lui seul !
1Grands
de la Génération
2Voir
dans le Talmoudh, Sôtoh 49a