ב״ה
Les
trente-neuf Malo`khôth expliquées clairement
Bôrér
– Sélectionner
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- Introduction
Ouvrez n'importe
quel livre de Halokhôth de Shabboth, et vous verrez que la partie
relative à la Malo`khoh de בּוֹרֵר
« Bôrér »
est assez longue. Dans la pratique religieuse dominante, Bôrér est
l'une des Malo`khôth les plus détaillées, avec de très nombreuses
applications. Et pourtant, c'est un dévoiement total du sens
originel de cette Malo`khoh.
Retournons au
processus de préparation du pain. Dans notre leçon
précédente, où nous avions analysé la Malo`khoh de Zôrah,
nous avons appris que le blé était vanné afin de séparer la balle
non consommable du grain. L'étape suivante nécessite une seconde
séparation, mais cette fois au moyen de la main, pour séparer
d'autres débris du blé restant. (Même aujourd'hui, si vous achetez
certains produits alimentaires, il pourrait être indiqué sur
l'emballage que de petits résidus de matières non comestibles
pourraient être mélangés dans la nourriture.) Cette action est
connue sous le nom de « Bôrér », qui signifie
littéralement « sélectionner ». (Il est souvent employé
dans le sens de « triier ».)
De ce cas
classique de Bôrér, nous déduisons que sélectionner un élément
d'un mélange est une forme d'ouvrage, et ne peut, par
conséquent, pas être réalisé à Shabboth. Contrairement à la
pratique dominante, cette Malo`khoh ne s'applique, là encore, qu'aux
aliments et éléments naturels. (J'y reviendrai dans un article qui
sera intitulé « Jusqu'où va l'application de la Malo`khohde Bôrér ? ».)
Pour comprendre
l'application pratique de cette Malo`khoh, nous devons d'abord
comprendre ce qu'est un mélange.
- Définition halakhique d'un « mélange »
Dans la Halokhoh,
un « mélange » peut se produire de diverses façons. Des
éléments peuvent être mélangés :
- en étant mêlés ensemble,
- en étant attachés les uns aux autres, ou
- en étant absorbés les uns dans les autres.
Par exemple :
- un mélange mêlé serait un bol contenant des noix de différentes sortes
- un mélange attaché serait des fruits et leurs pelures
- un mélange absorbé serait des croûtons dans de la soupe.
Comme nous pouvons
le voir, la compréhension halakhique d'un « mélange »
est différente de la définition Française courante. En Français,
nous ne dirions pas, par exemple, qu'un fruit et sa pelure
constituent un « mélange ». Mais quand il s'agit de la
Malo`khoh de Bôrér, la Halokhoh considère que les deux sont
mélangés : ils font tous deux partie de la même entité, mais
on peut en sélectionner un, laissant ainsi l'autre à part. Cette
action de choisir ou sélectionner est au cœur de la définition de
« Bôrér », comme nous l'expliquerons.
Dans le même
temps, il y a certains groupements qui pourraient être appelés
« mélange », mais que la Halokhoh ne considère pas
comme tel. Prenons la catégorie du mélange absorbé. Là, si les
deux éléments en question peuvent aisément être distingués l'un
de l'autre, il n'y a aucun soucis de Bôrér. Ainsi, bien que nous
ayons dit que des croûtons dans une soupe pourraient poser des
questions de Bôrér (surtout s'ils se sont ramollis), un morceau de
pomme de terre dans la même soupe ne constituera aucun problème. La
pomme de terre est suffisamment large que pour clairement voir
qu'elle ne fait pas corps avec la soupe, et n'est donc pas quelque
chose de « mélangé » à la soupe. Le critère de
« mélange absorbé » est donc, par rapport aux deux
autres, purement subjectif et dépendra de la perception de chacun.
Ainsi, un
« mélange », au niveau halakhique, est un mélange qui
donne l'impression d'une unité,
- Définition halakhique de « sorte »
De ce que nous
avons dit jusque là, nous pouvons comprendre que pour avoir un
mélange, vous avez besoin d'au moins deux sortes d'éléments
distincts. Comment définissons-nous les cas où un élément fait
partie d'une sorte différente de l'autre ?
Les deux critères
de base pour faire cette distinction sont le goût et le nom.
Lorsque deux éléments ont des goûts différents, bien qu'ils
puissent extérieurement se ressembler, la Halokhoh les considère
comme des sortes différentes. Ainsi, un kumquat et une orange se
ressemblent extérieurement, mais ils n'ont pas le même goût. De
même en est-il d'un kaki et d'une tomate.
Des kakis, que
l'on pourrait confondre avec des tomates
Des kumquats, que
l'on pourrait confondre avec des oranges
La notion de goût
est donc une façon simple de faire la différence entre deux
aliments. Mais la notion de « nom » est plus subtile.
Elle signifie que vous pourriez très bien avoir deux aliments qui
ont le même goût (ou se ressemblent très forts), mais sont décrits
par des noms différents, et sont, par conséquent, des « sortes »
différentes.
Les variétés de
fruits sont un bel exemple. Rendez-vous dans un supermarché et vous
verrez des Boskoops rouges, des Granny Smith verts, ou encore des
Golden jaunes. Ce sont toutes des pommes, et elles ont toutes le même
goût, mais les gens les considère être suffisamment différentes
que pour leur donner des noms différents et les vendre séparément.
À cause de cela, elles sont des « sortes » halakhiques
différentes de pommes.
Comme nous allons
le voir, il existe des méthodes très faciles d'éviter de
transgresser la Malo`khoh de Bôrér, dans pratiquement chaque
situation. Sélectionner des aliments est une activité que nous
pouvons faire à Shabboth, dès lors que cela se fait de la façon
définit par la Tôroh.
- Conditions pour permettre une sélection
Les Sages ont
identifié trois conditions pour permettre de sélectionner à
Shabboth. Les voici :
- vous devez sélectionner l'aliment que vous voulez à la main,
- vous comptez consommer l'aliment sélectionné immédiatement après l'avoir sélectionné, et
- vous devez retirer l'aliment que vous désirez de la chose que vous ne désirez pas (et non l'inverse).
En Hébreu, ces
trois conditions sont connues sous les noms de :
- בְּיָד « Bayodh » (avec la main),
- מִיָד « Miyodh » (immédiatement), et
- אֹכֶל מִתּוֹךְ פָּסֹלֶת « `ôkhél Mittôkh Posôlath » (la nourriture du déchet).
Nous allons
expliquer ce que veulent dire ces conditions. Nous tenterons de
comprendre également la raison pour laquelle nos Sages ont estimé
que sélectionner de cette manière était acceptable à Shabboth.
Imaginons qu'un
Shabboth après-midi, Sho`oul et son fils s'asseyent à table pour
étudier la Sidhroh de la semaine. Sho`oul a préparé un bol
contenant des pretzels, des cacahuètes et de petits crackers. Cela
présente un cas classique de « Bôrér », qui nous
aidera à explorer les trois conditions.
- Condition n°1 – Sélectionner à la main
Si
vous voulez manger les pretzels, retirez-les donc du bol à la main.
L'idée est qu'il ne faut faire usage d'aucun outil qui est
spécifiquement fait pour trier, comme par exemple une passoire ou un
entonnoir.
Mais
quand est-ce qu'un ustensile ordinaire peut-il être utilisé ?
Lorsqu'il sert seulement de prolongation de votre main. En d'autres
mots, lorsqu'il n'y a aucune différence d'efficacité dans la
sélection de l'aliment. Disons donc que Sho`oul rapporte un bol
contenant des morceaux ronds de cantaloup, de miellat, et de
pastèque. S'il ne désire consommer que les morceaux de pastèque et
les retirer du mélange pour les manger, il n'a pas l'obligation de
sortir les morceaux de pastèque à la main, mais peut les prendre au
moyen d'une fourchette ou d'une cuillère. Ici, l'ustensile est juste
un moyen plus propre et poli de prendre de la nourriture.
Mais
lorsqu'un ustensile est employé parce qu'on n'aurait pas pu réaliser
la sélection à la main (ou pas aussi efficacement), c'est interdit.
- Condition n°2 – Sélectionner immédiatement avant la consommation
L'idée
ici est que plutôt que préparer à manger à l'avance, nous devons
procéder à la sélection uniquement lorsque nous sommes prêts à
faire usage de l'aliment.
Pour
revenir à Sho`oul et son bol, s'il ne désire consommer que les
pretzels, il ne pourra pas les retirer du bol à l'avance. Plutôt,
lorsqu'il veut en consommer quelques-uns, il peut prendre du bol
autant de pretzels qu'il le désire. Le principe est donc que que
nous ne devrions prendre que ce dont on a besoin sur le moment.
Mais
qu'en est-il s'il n'est pas pratique de procéder à la séparation
immédiatement avant de faire usage de l'aliment que l'on désire ?
Disons que vous préparez une salade de fruits que vous comptez
servir en dessert pour le repas de Shabboth matin. Cela nécessite de
peler des fruits, ce qui est un acte de Bôrér parce que vous
sélectionner une partie du fruit d'une autre partie. Par conséquent,
pour éviter le problème de Bôrér, vous devez préparer votre
salade directement avant d'être prêt à l'utiliser. Mais cela
signifie-t-il que vous devez littéralement
la préparer directement avant de la servir, ou pouvez-vous la
préparer avant que le repas n'ait été servi ? La Halokhoh
considère un repas comme une unité de temps, ce qui signifie que
tout ce que vous avez besoin de faire pour un repas peut être fait
avant que le repas ne soit servi. Ce n'est donc pas au moment où
vous compterez consommer votre salade que vous devrez la préparer.
Mais
attention : la Halokhoh ne vous permet pas de préparer la
salade avant de vous rendre à la Synagogue le matin, afin de gagner
du temps pour après la prière. La raison à cela est qu'il y aurait
alors eu une longue interruption non liée à la préparation du
repas entre le moment où vous avez terminé votre acte de Bôrér et
le moment où vous avez vraiment utilisé votre salade de fruits.
La
règle générale est donc : en principe, la sélection doit se
faire immédiatement avant d'en faire usage. Mais il est permis de
procéder à la sélection plus tôt, dès lors que la sélection
s'inscrit dans le cadre des choses nécessaires à la préparation du
repas que vous comptez consommer à ce moment-là.
- Condition n°3 : Sélectionner ce que l'on désire
Dans
la troisième condition de Bôrér, la Halokhoh emploie l'expression
de אֹכֶל
מִתּוֹךְ פָּסֹלֶת
« `ôkhél
Mittôkh Posôlath », qui signifie littéralement [séparer] la
nourriture du déchet. Rien que par cette expression, nos Sages nous
montrent clairement que cette Malo`khoh ne s'applique qu'à la
nourriture, et rien d'autre. Dans ce contexte, le « `ôkhél »
(nourriture) est l'aliment du mélange que vous désirez utiliser,
tandis que le « Posôlath » (déchet) est la partie du
mélange que vous ne désirez pas utiliser (ou qui n'est pas
utilisable, comme par exemple lorsqu'on sépare le blé de la balle).
Cela
signifie qu'à Shabboth, lorsqu'on sélectionne, on doit choisir ce
qu'on désire utiliser, plutôt que retirer ce qu'on ne ne veut pas
utiliser. Si Sho`oul désire manger des pretzels, mais pas
les petits crackers, les pretzels sont donc le « `ôkhél »,
tandis que les petits crackers sont le « Posôlath ».
Mais si son fils désire manger les petits crackers, mais pas les
pretzels, ce sera alors l'inverse pour lui.
Les
Sages ont requis cette façon de sélectionner parce que c'est la
façon dont nous mangeons normalement (la façon ordinaire de manger
se dit en Hébreu דֶּרֶךְ
אֲכִילָה « Darakh
`akhiloh », une indication de plus que cette Malo`khoh ne
concernait que la nourriture), et la Malo`khoh de Bôrér est permise
lorsqu'elle est réalisée de la façon normale de manger.
Ceux
qui appliquent la Malo`khoh de Bôrér à d'autres choses que la
nourriture (ce qui est le cas de la majorité des Juifs
d'aujourd'hui), comme par exemple en interdisant de sélectionner
entre des livres dans une pile, des vêtements dans une penderie,
etc., sont dans l'exagération et dans l'erreur, car leur
comportement est basé sur une innovation venue après l'ère des
Ri`shônim ! Ce qui signifie que cette application de la
Malo`khoh de Bôrér même à ce qui ne concerne pas la nourriture
n'existait ni dans les temps bibliques, ni dans les temps
talmudiques, ni du temps des Ga`ônim, ni du temps des Ri`shônim,
qui ont toujours appliqué cette Malo`khoh uniquement à la
nourriture !