ב״ה
Shavi´i
Shal Pasah
La
division de la Mer Rouge & notre foi en Môshah Rabbénou
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Le
septième et dernier jour de Pasah
(שְׁבִיעִי
שֶׁל פֶּסַח
« Shavi´i
Shal Pasah »),
nous lisons le passage du Séfar Shamôth qui relate le miracle de la
קְרִיעַת
יַם סוּף « Qari´ath
Yam Souf – division de la Mer Rouge ».1
Ce choix de lecture est basé sur la tradition midrashique qui
rapporte que ce fut le 21 Nison, le septième jour après le départ
des Israélites du pays d’Égypte, que cet événement eut lieu.2
Les deux derniers versets du récit biblique qui s'y rapporte nous
parlent de l'effet spirituel puissant que cet événement eut sur les
Israélites3 :
`adhônoy
sauva en ce jour Yisro`él de la main de l’Égypte ;
Yisro`él vit l’Égyptien mourant sur le rivage de la mer.
Yisro`él reconnut alors la main imposante que `adhônoy avait
déployée sur l’Égypte et le peuple révéra `adhônoy ;
et ils crurent en `adhônoy et en Môshah, Son serviteur.
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וַיּוֹשַׁע
יהוה בַּיּוֹם הַהוּא,
אֶת-יִשְׂרָאֵל--מִיַּד
מִצְרָיִם;
וַיַּרְא
יִשְׂרָאֵל אֶת-מִצְרַיִם,
מֵת
עַל-שְׂפַת
הַיָּם.
וַיַּרְא
יִשְׂרָאֵל אֶת-הַיָּד
הַגְּדֹלָה,
אֲשֶׁר
עָשָׂה יהוה בְּמִצְרַיִם,
וַיִּירְאוּ
הָעָם,
אֶת-יהוה;
וַיַּאֲמִינוּ,
בַּיהוה,
וּבְמֹשֶׁה,
עַבְדּוֹ
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À
première vue, cette description indique qu'à ce moment précis
Môshah Rabbénou ע״ה
gagna
la pleine confiance et foi du peuple en tant que prophète d'HaShem
ית׳.
Le spectacle sans précédent de la Qari´ath Yam Souf, que Môshah
réalisa en levant son bâton4,
sembla démontrer sans l'ombre du moindre doute son rôle et sa
stature de prophète de Dieu et messager d'Israël. Le texte voudrait
apparemment nous faire comprendre que ce phénomène extraordinaire
élimina toute trace de doute que le peuple aurait pu nourrir quant à
sa qualité prophétique.
Mais
le Ramba''m ז״ל
n'approuve
clairement pas cette analyse. En discutant de la prophétie dans son
Mishnéh Tôroh, le Ramba''m déclare sans équivoque que ce ne fut
pas la réalisation de ce miracle qui confirma la foi des Israélites
envers Môshah Rabbénou. Il écrit5 :
Môshah
Rabbénou : les Israélites n'ont pas cru en lui en raison
des signes qu'il a accomplis, car celui qui croit sur la base de
signes a un doute dans son cœur, puisqu'il est possible que le
signe ait été accompli par la magie ou la sorcellerie. Plutôt,
tous les signes qu'il a accomplis dans le désert le furent pour
des nécessités particulières, [et] non pour servir de preuve à
[sa qualité] prophétique : il était nécessaire de noyer
les Égyptiens, il a divisé la Mer et les a fait couler dedans ;
nous avions besoin de nourriture, il fit descendre pour nous la
manne ; ils étaient assoiffés, il fendit pour eux le
rocher ; [les membres de] l'assemblée de Qôrah
mécrurent en lui, la terre les engloutit. Il en est de même pour
le reste des signes.
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מֹשֶׁה
רַבֵּנוּ--לֹא
הֶאֱמִינוּ בּוֹ יִשְׂרָאֵל,
מִפְּנֵי
הָאוֹתוֹת שֶׁעָשָׂה:
שֶׁהַמַּאֲמִין
עַל פִּי הָאוֹתוֹת--יֵשׁ
בְּלִבּוֹ דֹּפִי,
שֶׁאִפְשָׁר
שֶׁיֵּעָשֶׂה הָאוֹת בְּלָאט וְכִשּׁוּף.
אֵלָא
כָּל הָאוֹתוֹת שֶׁעָשָׂה בַּמִּדְבָּר,
לְפִי
הַצֹּרֶךְ עֲשָׂאָן--לֹא
לְהָבִיא רְאָיָה עַל הַנְּבוּאָה:
צָרַךְ
לְהַשְׁקִיעַ אֶת הַמִּצְרִיִּים,
קָרַע
אֶת הַיָּם וְהִצְלִילָם בּוֹ.
צָרַכְנוּ
לְמָזוֹן,
הוֹרִיד
לָנוּ אֶת הַמָּן.
צָמְאוּ,
בָּקַע
לָהֶם אֶת הָאֶבֶן.
כָּפְרוּ
בּוֹ עֲדַת קֹרַח,
בָּלְעָה
אוֹתָם הָאָרֶץ.
וְכֵן,
שְׁאָר
כָּל הָאוֹתוֹת
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D'après
le Ramba''m, un miracle, peu importe à quel point il pourrait être
spectaculaire, ne peut servir de preuve irréfutable de
l’authenticité d'un prophète שֶׁאִפְשָׁר
שֶׁיֵּעָשֶׂה הָאוֹת בְּלָאט וְכִשּׁוּף
« puisqu'il
est possible que le signe ait été accompli par la magie ou la
sorcellerie ».
Même les changements les plus frappants dans la nature peuvent être
considérés comme de la tromperie ; des raisons de toutes
sortes peuvent toujours être avancées pour réfuter de prétendues
preuves d'un quelconque pouvoir prophétique. Par conséquent, le
Ramba''m affirme que nous ne devons absolument pas prendre les
miracles accomplis par Môshah Rabbénou comme étant une tentative
de démontrer aux Israélites qu'il était un vrai prophète de Dieu.
Il n'aurait jamais attendu du peuple qu'il place sa confiance en lui
sur base de prodiges, signes et miracles. Au contraire, ces choses ne
furent réalisées par son intermédiaire qu'à des fins pratiques,
selon la situation du moment. Pour le cas qui nous intéresse, il ne
divisa la mer qu'afin d'y noyer les Égyptiens qui poursuivaient les
Israélites.
À
quel moment, donc, et par quel moyen, les Israélites parvinrent-ils
finalement à une foi complète et inébranlable en la prophétie de
Môshah Rabbénou ? Le Ramba''m explique6 :
Quelle
est [alors] la source de notre foi en lui ? [La source de
notre foi en lui se trouve] dans le stationnement au Mont Sinaï,
car ce sont nos yeux qui ont vu, et non ceux d'un étranger, et ce
sont nos oreilles qui ont entendu, et non celles d'un autre, le
feu, les tonnerres et les foudres. Il pénétra vers le nuage
épais, la Voix lui parla et nous avons entendu : « Môshah !
Môshah ! Dis-leur ceci et cela ».
C'est ainsi qu'il est dit7 :
« face à face, HaShem parla avec vous ».
Et il est dit8 :
« HaShem n'a pas conclu cette alliance avec nos
ancêtres, etc. »
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וּבְמַה
הֶאֱמִינוּ בּוֹ,
בְּמַעְמַד
הַר סִינַי:
שֶׁעֵינֵינוּ
רָאוּ,
וְלֹא
זָר,
וְאָזְנֵינוּ
שָׁמְעוּ,
וְלֹא
אַחֵר--הָאֵשׁ
וְהַקּוֹלוֹת וְהַלַּפִּידִים.
וְהוּא
נִגָּשׁ אֶל הָעֲרָפֶל,
וְהַקּוֹל
מְדַבֵּר אֵלָיו;
וְאָנוּ
שׁוֹמְעִים:
מֹשֶׁה,
מֹשֶׁה--לֵךְ
אֱמֹר לָהֶם כָּךְ וְכָּךְ.
וְכֵן
הוּא אוֹמֵר "פָּנִים
בְּפָנִים,
דִּבֶּר
ה'
עִמָּכֶם",
וְנֶאֱמָר:
לֹא
אֶת-אֲבֹתֵינוּ,
כָּרַת
ה'
אֶת-הַבְּרִית
הַזֹּאת
|
Seule
la Révélation au Mont Sinaï démontra la qualité prophétique de
Môshah Rabbénou au-delà du moindre doute, parce que là les
Israélites furent eux-mêmes témoins de l'élection de Môshah
Rabbénou par Dieu. Au Sinaï, il n'accomplit aucun miracle ;
c'est plutôt Dieu Lui-même qui Se révéla en présence de
l'intégralité du peuple et convoqua explicitement Môshah Rabbénou
au sommet de la montagne pour recevoir la Tôroh. Ainsi, comme le
Ramba''m l'explique dans la Halokhoh 4, les Israélites crurent en la
prophétie de Môshah Rabbénou en vertu du fait qu'ils furent des
témoins de première main de ce choix de Dieu de faire de Môshah le
prophète et législateur d'Israël. Et seul ce degré de foi, qui
provient d'un témoignage de première main, transcende la suspicion
et le doute.
Le
Ramba''m fait ressortir l'importance essentielle de ce principe dans
les Halokhôth 7 et 8, où il écrit ceci :
7.
C'est pourquoi, s'il se lève
un prophète et qu'il accomplit des signes et de grands prodiges,
mais qu'il cherche à contester la prophétie de Môshah Rabbénou,
nous ne l'écoutons pas9,
et nous savons [alors] avec certitude que ces signes sont de la
magie ou de la sorcellerie. En effet, [la foi en] la prophétie de
Môshah Rabbénou n'est pas basée sur des signes, comme si nous
devions comparer ces signes-ci avec ces signes-là.10
Plutôt, ce sont nos yeux qui ont vu et nos oreilles qui ont
entendu ce que lui a entendu.
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ז לְפִיכָּךְ
אִם עָמַד נָבִיא וְעָשָׂה אוֹתוֹת
וּמוֹפְתִים גְּדוֹלִים,
וּבִקַּשׁ
לְהַכְחִישׁ נְבוּאָתוֹ שֶׁלְּמֹשֶׁה
רַבֵּנוּ--אֵין
שׁוֹמְעִין לוֹ;
וְאָנוּ
יוֹדְעִין בַּיֵּחוּד שֶׁאוֹתָן
הָאוֹתוֹת בְּלָאט וְכִשּׁוּף הֶן,
לְפִי
שֶׁנְּבוּאַת מֹשֶׁה רַבֵּנוּ אֵינָהּ
עַל פִּי הָאוֹתוֹת כְּדֵי שֶׁנַּעֲרֹךְ
אוֹתוֹת זֶה לְאוֹתוֹת זֶה,
אֵלָא
בְּעֵינֵינוּ רְאִינוּהָ וּבְאָזְנֵינוּ
שְׁמַעְנוּהָ,
כְּמוֹ
שֶׁשָּׁמַע הוּא
|
8.
À
quoi pouvons-nous comparer cette chose ?
À
des témoins, qui, concernant un fait qu’un homme a vu de ses
propres yeux, attestent devant lui que ce fait n’est pas tel
qu’il l’a vu. [Il est évident] qu'il ne les écoutera pas.
Plutôt, il sait avec certitude que ce sont des témoins
mensongers.
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ח הַא
לְמַה הַדָּבָר דּוֹמֶה:
לְעֵדִים
שֶׁהֵעִידוּ לְאָדָם עַל דָּבָר שֶׁרָאָה
בְּעֵינָיו,
שְׁאֵינוּ
כְּמוֹ שֶׁרָאָה--שְׁאֵינוּ
שׁוֹמֵעַ לָהֶן,
אֵלָא
יוֹדֵעַ בַּוַּדַּאי שְׁהֶן עֵדֵי
שֶׁקֶר
|
La
nature « première main » de notre foi en la prophétie
de Môshah Rabbénou empêche la possibilité de son abrogation sur
la base d'une preuve secondaire. Tout comme on accorde aucune
crédibilité à un prétendu témoignage qui est contraire à ce que
l'on sait être exact sur la base d'un témoignage de première main,
de même nous devons rejeter catégoriquement toute affirmation
cherchant à diminuer, compromettre ou annuler l'autorité
prophétique de Môshah Rabbénou. Par conséquent, même un prétendu
prophète capable d'accomplir des miracles similaires à ceux de
Môshah Rabbénou (diviser la mer, faire tomber du pain du ciel et
faire jaillir de l'eau d'un rocher) ne peut jamais être accepté
s'il s'oppose aux lois transmises par Môshah Rabbénou. Aucun
miracle au monde ne peut surpasser le fait que nous tous avons été
des témoins de première main de la désignation de Môshah Rabbénou
par Dieu, qui en a fait notre prophète, guide et législateur.
Le
Ramba''m n'a évidemment pas inventé cette approche ! Il tire
de la Tôroh elle-même des preuves irréfutables, comme par exemple
la description faite par Dieu Lui-même du but pour lequel Il
comptait Se révéler sur le Mont Sinaï11 :
Voici,
Moi-même Je viens à toi dans l'épais nuage, afin que le peuple
entende lorsque Je converse avec toi. Et ils croiront aussi en toi
pour l'éternité
|
הִנֵּה
אָנֹכִי בָּא אֵלֶיךָ בְּעַב הֶעָנָן,
בַּעֲבוּר
יִשְׁמַע הָעָם בְּדַבְּרִי עִמָּךְ,
וְגַם-בְּךָ
יַאֲמִינוּ לְעוֹלָם
|
Ce
ne fut qu'à travers l'expérience de cet événement, la Révélation
au Sinaï, que les Israélites גַם-בְּךָ
יַאֲמִינוּ לְעוֹלָם
« croiront
aussi en toi pour l'éternité ».
Avant cela, la foi du peuple en Môshah Rabbénou était emprunte de
scepticisme, puisqu'elle était basée uniquement sur les miracles
qu'il avait accomplis. Mais dès lors qu'ils entendirent eux-mêmes
Dieu le désigner au Mont Sinaï, ils crurent en sa qualité
prophétique לְעוֹלָם
« pour
l'éternité »,
car plus aucune place au doute et au scepticisme ne pouvait
subsister.
Le
Ramba''m élucide un autre passage rapportant un dialogue ambigu
entre Môshah Rabbénou et le Tout-Puissant lors de la célèbre
scène du buisson ardent au Sinaï, lorsque Dieu parla à Môshah
Rabbénou pour la toute première fois et le chargea de la mission de
libérer les esclaves Hébreux. La Tôroh rapporte qu'il demanda12 :
מִי
אָנֹכִי,
כִּי
אֵלֵךְ אֶל-פַּרְעֹה;
וְכִי
אוֹצִיא אֶת-בְּנֵי
יִשְׂרָאֵל,
מִמִּצְרָיִם
« Qui
suis-je pour aller vers Pharaon et faire sortir les Enfants d'Israël
d’Égypte ? »,
ce à quoi Dieu a répondu13 :
וְזֶה-לְּךָ
הָאוֹת,
כִּי
אָנֹכִי שְׁלַחְתִּיךָ:
בְּהוֹצִיאֲךָ
אֶת-הָעָם,
מִמִּצְרַיִם,
תַּעַבְדוּן
אֶת-הָאֱלֹהִים,
עַל
הָהָר הַזֶּה
« ceci
te servira de signe pour prouver que c’est Moi qui t’envoie :
quand tu auras fait sortir ce peuple d’Égypte, vous adorerez le
Dieu [Unique] sur cette montagne même ».
La réponse faite par Dieu semble être en décalage totale avec la
question posée par Môshah Rabbénou. Le Ramba''m explique que
Môshah Rabbénou sous-entendait dans sa question que les Israélites
ne l'accepteront pas nécessairement comme leur guide, même s'il
accomplissait des miracles pour confirmer sa stature prophétique.
C'est pourquoi Dieu lui donna la garantie que בְּהוֹצִיאֲךָ
אֶת-הָעָם,
מִמִּצְרַיִם,
תַּעַבְדוּן
אֶת-הָאֱלֹהִים,
עַל
הָהָר הַזֶּה
« quand
tu auras fait sortir ce peuple d’Égypte, vous adorerez le Dieu
[Unique] sur cette montagne même ».
C'est-à-dire que le Tout-Puissant Se révélera publiquement et
désignera Môshah Rabbénou comme Son prophète, assurant par-là la
foi ferme du peuple en Môshah Rabbénou.
Une
dernière question se pose : si le peuple a dû attendre la
Révélation au Mont Sinaï pour définitivement croire en Môshah
Rabbénou, pourquoi la Tôroh déclare-t-elle qu'au moment de la
division de la mer le peuple crut en lui ?
Concernant
cette foi acquise au moment de la division de la mer, le Rashba''m
ז״ל
commente
ceci : « Ils
crurent que même dans le désert ils ne mourront pas de faim ».
Pour
correctement comprendre l'implication des propos du Rashba''m, nous
devons avoir une image plus large de la situation dans laquelle se
trouvaient les Israélites lorsqu'ils se trouvèrent coincés entre
les Égyptiens derrière eux et la mer devant eux. En voyant les
Égyptiens se rapprocher de plus en plus, les Israélites eurent
évidemment peur, la panique se propagea au sein du peuple et de
lourdes accusations furent émises contre leur guide, Môshah
Rabbénou14 :
N'est-ce
pas ainsi que nous te parlions en Égypte, disant: « Laisse-nous
servir les Égyptiens, car il est préférable d'être esclaves
des Égyptiens que de périr dans le désert » ?
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הֲלֹא-זֶה
הַדָּבָר,
אֲשֶׁר
דִּבַּרְנוּ אֵלֶיךָ בְמִצְרַיִם
לֵאמֹר,
חֲדַל
מִמֶּנּוּ,
וְנַעַבְדָה
אֶת-מִצְרָיִם:
כִּי
טוֹב לָנוּ עֲבֹד אֶת-מִצְרַיִם,
מִמֻּתֵנוּ
בַּמִּדְבָּר
|
Ce
verset nous informe du fait que déjà en Égypte les Israélites
hésitaient à accepter l'autorité de Môshah Rabbénou et soutenir
sa campagne ayant pour but de les libérer de l'esclavage et les
faire sortir d’Égypte. Après tout, c'était le seul mode de vie
qu'ils avaient connu durant des siècles, c'était le pays auquel ils
s'étaient habitués et où ils jouissaient au moins d'un minimum de
sécurité et de stabilité. Mais aussi rude que leur asservissement
avait pu être, l'incertitude qu'implique une vie nouvelle
d'indépendance les découragea à soutenir leur droit à
l'émigration. De toute façon, où iraient-ils ? Comment est-ce
que deux millions de personnes de la classe des esclaves
pourraient-elles se relocaliser en masse dans un autre pays ? Où
trouveraient-ils des vivres pour le voyage vers Canaan ? Et
comment s'installeraient-ils en Canaan au milieu d'une population
indigène hostile ? C'est ainsi que HaZa''l
nous disent qu'un nombre significatif d'esclaves Hébreux n'étaient
pas intéressés par un départ d’Égypte, et Dieu les fit mourir
durant la plaie de l'obscurité.15
La
crise qui se jouait devant la Mer Rouge remit en question toute la
campagne de l'Exode. Les Israélites se révoltèrent contre
l'initiative de Môshah Rabbénou, qui défia un puissant empire dans
une tentative ambitieuse de gagner la liberté, l'indépendance et le
droit d'émigrer. Comment avaient-ils pu croire, se dirent-ils,
qu'ils pourraient vaincre Pharaon ? Pourquoi avaient-ils été
aussi fous de placer leur confiance en Môshah Rabbénou et de faire
preuve de loyauté envers lui, plutôt que de s'en remettre à leurs
tyrans qu'ils avaient appris à connaître ?
Le
miracle de la Qari´ath Yam Souf mit fin une bonne fois pour toute à
ces doutes récurrents :
`adhônoy
sauva en ce jour Yisro`él de la main de l’Égypte ;
Yisro`él vit l’Égyptien mourant sur le rivage de la mer.
Yisro`él reconnut alors la main imposante que `adhônoy avait
déployée sur l’Égypte et le peuple révéra `adhônoy ;
et ils crurent en `adhônoy et en Môshah, Son serviteur.
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וַיּוֹשַׁע
יהוה בַּיּוֹם הַהוּא,
אֶת-יִשְׂרָאֵל--מִיַּד
מִצְרָיִם;
וַיַּרְא
יִשְׂרָאֵל אֶת-מִצְרַיִם,
מֵת
עַל-שְׂפַת
הַיָּם.
וַיַּרְא
יִשְׂרָאֵל אֶת-הַיָּד
הַגְּדֹלָה,
אֲשֶׁר
עָשָׂה יהוה בְּמִצְרַיִם,
וַיִּירְאוּ
הָעָם,
אֶת-יהוה;
וַיַּאֲמִינוּ,
בַּיהוה
,
וּבְמֹשֶׁה,
עַבְדּוֹ
|
Voyant
le sort tragique de leurs tyrans, les Israélites comprirent pour
toujours que Môshah Rabbénou avait raison sur toute la ligne depuis
le début, qu'il avait effectivement été envoyé par Dieu pour
délivrer le peuple et les amener vers la terre de leurs ancêtres.
La Qari´ath Yam Souf confirma donc, pour ainsi dire, la validité de
l'Exode. Comme l'a commenté le Rashba''m, à ce moment précis les
Israélites ne nourrirent plus de doutes sur la mission rédemptrice
de Môshah Rabbénou et le fait que tout irait donc pour le mieux
quand ils auront à traverser le désert pour conquérir et
s'installer dans le pays de Canaan.
À
la lumière de tout cela, nous pouvons répondre à notre question :
Nous devons faire une distinction entre la foi en Môshah Rabbénou
en tant que rédempteur d'Israël et la foi en lui en tant que
prophète et législateur d'Israël. Comme l'a démontré le
Ramba''m, l'acceptation de Môshah Rabbénou par le peuple en tant
qu'autorité unique et finale concernant la volonté Divine, en tant
que transmetteur de la Tôroh, ne fut établie qu'au moyen de la
Révélation au Sinaï. Ce rôle ne pouvait être conformé que par
un témoignage collectif et national de première main, afin de
couper court à toute tentative d'abrogation de la Tôroh par un
autre prophète qui pourrait prétendre être supérieur. À
l'inverse, la division de la Mer Rouge confirma le statut de Môshah
Rabbénou en tant que rédempteur du peuple, quand il se trouvait en
Égypte. Elle prouva aux Israélites que leur destiné nationale
devait être réalisée non pas dans les bourbiers d’Égypte, mais
dans le pays où ruissellent le lait et le miel, la terre promise à
`avrohom ע״ה,
Yishoq
ע״ה
et
Ya´aqôv ע״ה
comme
possession éternelle de leur progéniture. À présent que Dieu, par
l'intermédiaire de Môshah Rabbénou, avait défait l’Égypte, les
Israélites reconnurent qu'ils n'avaient personne sur qui se reposer
si ce n'est Dieu et Son messager ; ils n'avaient à présent
nulle part d'autre où se rendre si ce n'est là où Dieu et Môshah
Rabbénou les guideraient, même si cela impliquait de passer par le
désert. Ils étaient désormais assurés de ne pas être seuls.
וַיַּאֲמִינוּ,
בַּיהוה
,
וּבְמֹשֶׁה,
עַבְדּוֹ
« et
ils crurent en `adhônoy et en Môshah, Son serviteur »
signifie qu'ils crurent dans le futur que Môshah Rabbénou leur
avait promis eurent foi dans le fait que lui, en tant que rédempteur
désigné par Dieu, les mènera vers une vie nouvelle et meilleure !
1Shamôth
Chapitre 14
2Voir
notamment Rash''i ז״ל
sur Shamôth 14:5
3Shamôth
14:30-31
4Ibid.,
versets 21, 27
5Hilkôth
Yasôdhé Hattôroh 8:1
6Ibid.,
Halokhoh 2
7Davorim
5:4
8Ibid.,
5:3. La suite du verset
déclare : « mais avec nous, qui sommes tous
vivants ici, aujourd'hui ».
Ainsi, nous croyons en Môshah Rabbénou parce que nous avons vu ces
événements de nos propres yeux et avons entendu la Voix d'HaShem
de nos propres oreilles, et non pas simplement en raison du fait que
Môshah Rabbénou ait affirmé être un prophète ou ait accompli
des miracles
9Car
s'il était véritablement un prophète d'HaShem, il est impossible
qu'il ait pu dire une parole contraire au plus grand, meilleur et
père de tous les prophètes, à savoir, Môshah Rabbénou. Le fait
qu'il conteste la Tôroh ou contredit Môshah Rabbénou est la
preuve ultime qu'il n'est pas un véritable prophète
10Certaines
personnes se basent sur le fait que leur prophète a accompli plus
de miracles que Môshah Rabbénou ou des miracles plus nombreux que
ceux de Môshah Rabbénou, et prennent cela comme preuve de la
mission prophétique de leur prophète, voire même de sa
supériorité sur Môshah Rabbénou. Or, puisque notre foi en Môshah
Rabbénou n'est pas basée sur les miracles qu'il a accomplis, nous
nous fichons de savoir qu'un autre prophète a accompli les mêmes
miracles ou des miracles plus nombreux que les siens. Ce n'est en
rien la preuve de la qualité prophétique de cette personne
11Shamôth
19:9
12Ibid.,
3:11
13Ibid.,
verset 12
14Ibid.,
14:12
15Rapporté
également par Rash''i, dans son commentaire sur Ibid., 10:22