ב״ה
Exposer
les fausses notions
Pourquoi
ne faisons-nous que le demi-Hallél durant les six derniers jours de
Pasah ?
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La
récitation du Hallél a une place prépondérante dans les
célébrations de Pasah. La nuit du Sédhar,
nous le récitons en deux parties (une première partie composée des
Tahillim 113 et 114 que l'on récite juste après avoir fini
de raconter l'histoire de la sortie d’Égypte, et une deuxième
partie composée des Tahillim 115 à 118 que l'on récite à
la fin du repas avant la Birakhath Hammozôn). Le premier Yôm Tôv
de Pasah (le lendemain du Sédhar), nous récitons à nouveau
le Hallél entier (Tahillim 113 à 118), et nous pouvons le
faire à n'importe quel moment de la journée, de l'aube jusqu'au
coucher du soleil. Et chaque jour de Hôl Hammô´édh Pasah
ainsi que le dernier Yôm Tôv de Pasah, nous récitons le
demi-Hallél, où nous omettons certains passages (les onze premiers
versets du Tahillim 115 et l'intégralité du Tahillim
116). Pourquoi ne faisons-nous le Hallél entier que le premier
Yôm Tôv de Pasah, tandis que les six jours suivants nous ne faisons
qu'un demi-Hallél ?
Lorsque
cette question est posée à la plupart des « Orthodoxes »,
la réponse classique sera que les six derniers jours de Pasah nous
ne faisons qu'un demi-Hallél parce que les Égyptiens furent noyés
dans la Mer Rouge le septième jour de Pasah, et cette
tragédie humaine fait taire notre joie, car chanter le Hallél, qui
est un chant de louange envers Dieu pour les bonnes choses passées,
présentes et futures qu'Il a accomplies en notre faveur, donnerait
l'impression que nous le faisons pour nous réjouir du sort des
Égyptiens. Non seulement cette réponse n'a aucun sens, mais elle
contrevient en plus à celle explicitement donnée dans le Talmoudh.
En
effet, le Talmoudh1
énumère tous les jours de l'année où le Hallél est récité et
se pose ensuite la question susmentionnée en comparant Pasah avec
Soukkôth. Pourquoi est-ce que les six derniers de Pasah nous
ne faisons qu'un demi-hallél, tandis que durant toute la semaine de
la fête de Soukkôth le Hallél entier est récité ? La
réponse donnée par le Talmoudh est très simple à comprendre.
Après le premier Yôm Tôv de Pasah, les Mousofin (sacrifices
supplémentaires) sont identiques chaque jour, alors qu'à Soukkôth
un sacrifice de Mousof unique est offert chaque jour. Les Mousofin
sont un indicateur sur la nature d'un Yôm Tôv. En exigeant que le
même sacrifice soit apporté chaque jour de Pasah, la Tôroh
nous enseigne que le caractère de chaque jour reste le même tout au
long de cette fête. Par contre, les sacrifices différents apportés
chaque jour de la période de Soukkôth nous révèlent que chaque
jour de cette fête est différent et indépendant des autres. Par
conséquent, en l'honneur de la signification particulière de chaque
jour de Soukkôth, représentée par chaque sacrifice spécifique, un
Hallél entier est récité. C'est aussi simple que cela, et c'est là
la seule raison de cette différence entre Pasah et Soukkôth,
n'ayant rien à voir avec la noyade des méchants Égyptiens !
(En outre, en quoi le fait que les Égyptiens aient été noyés le
septième jour de Pasah devrait nous obliger à faire le demi-Hallél
pendant six jours ? N'aurait-il pas été plus logique de nous
faire réciter le Hallél entier les six premiers jours et ne faire
le demi-Hallél que le septième et dernier jour de la fête ?)
Dans
un passage n'ayant absolument rien à voir avec le Hallél, le
Talmoudh2
rapporte que la nuit où les Égyptiens furent noyés dans la Mer
Rouge (la septième nuit de Pasah), HaShem ית׳
empêcha
les anges de chanter des chants de louange, parce que « L’œuvre
de Mes mains est en train de se noyer ». On pourrait se
dire que c'est un soutien à l'erreur commise à notre époque. Sauf
que ce passage talmudique n'a aucun lien avec la récitation du
Hallél par les Israélites ! L'interdiction de chanter à ce
moment-là ne s'appliquait qu'aux anges et dans le contexte
historique de cette année-là uniquement. En effet, bien que les
anges ne purent chanter à ce moment-là, la Tôroh déclare
clairement qu'aussitôt après avoir miraculeusement traversé la Mer
Rouge à pieds secs alors que les Égyptiens se noyaient, les
Israélites chantèrent à la suite de Môshah Rabbénou ע״ה
et
Miryom la Prophétesse ע״ה
le
Cantique de la Mer3,
et toutes années qui ont suivi cet événement les anges chantent la
septième nuit de Pasah. D'où provient donc l'erreur de
compréhension commise par la majorité des Juifs d'aujourd'hui ?
En
dépit de la raison claire offerte dans le Talmoudh pour expliquer la
pratique consistant à ne réciter que le demi-Hallél à Pasah,
le Shibbôlé
Hallaqat (1210-1280 ; cité dans le Béth Yôséf4)
rapporte un Midhrosh totalement inconnu, « le Midhrosh
Harraminou » (un livre que personne n'a jamais vu à part lui),
suggérant que la raison du demi-Hallél les six derniers jours de
Pasah est due à l'ordre donné par Dieu aux anges les
enjoignant à ne pas chanter pendant que les Égyptiens se noyaient.
Le Ta''z
(1586-1667)5
et le Hawwôth
Yo`ir (1639-1702) acceptent cette raison et expliquent qu'à
cause de ce « Midhrosh », le Hallél entier ne peut être
dit le septième jour de Pasah, et qu'il serait inapproprié
de le dire durant les jours de Hôl Hammô´édh. Mais de
nombreux autres commentateurs se sont opposés à eux et ont
questionné la nécessité d'ajouter une raison supplémentaire à
celle offerte par le Talmoudh lui-même. Par exemple, le Tôroh
Tamimoh (1860-1941)6
considère stupide ce raisonnement, car simplement omettre quelques
versets du Tahillim 115 et l'entièreté du Tahillim 116
offre encore la possibilité de largement exprimer notre joie à
travers les autres Tahillim restants (Tahillim 113, 114, le
reste des versets du 115, et les 117 et 118). En
quoi donc faire le demi-Hallél supprime-t-il donc notre joie par
rapport à la noyade des Égyptiens, qui n'a d'ailleurs rien à voir
avec la Halokhoh consistant à réciter le Hallél ? Et
pourtant, de nombreux Juifs croient jusqu'à aujourd'hui que cette
raison imaginaire évoquée par le Shibbôlé Hallaqat serait la
raison du demi-Hallél à Pasah !
Tout
cela nous montre :
- l'importance d'étudier les raisons derrière nos pratiques à la lumière exclusive de nos sources authentiques,
- que ce n'est pas parce qu'une croyance est populaire qu'elle est exacte et
- que ce n'est pas parce qu'un « Midhrosh » est invoqué pour soutenir une pratique que cela signifie que ce « Midhrosh » est valable et fait autorité (il existe de nombreux Midhroshim post-talmudiques, dont nous ne sommes pas tenus d'accepter l'autorité).
1´arakhin
10a-b
2Maghilloh
10b ; Sanhédhrin 39b
3Shamôth
15:1-19
4`ôrah
Hayim 490
5Ibid.,
paragraphe 3
6Sur
Shamôth 14:20, note n°9