ב״ה
Lorsqu'on
a oublié de compter le ´ômar
Perspectives
des Ri`shônim
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- Que fait-on si on a oublié de compter la nuit mais que l'on s'en souvient le lendemain ?
Les
Ri`shônim sont divisés sur cette question en raison de deux
Mishnoyôth apparemment contradictoires. Une Mishnoh dans Manohôth
71a
déclare que les gerbes d'orge pour l'offrande du ´ômar devaient
être coupées la nuit, mais si elles l'avaient été le lendemain
matin l'offrande reste valable. Sur base de cette Mishnoh, certains
Ri`shônim concluent que si quelqu'un n'a pas compté le ´ômar la
nuit cela peut encore se faire le lendemain matin. (Cela suppose que
l'on adhère à l'opinion selon laquelle les lois sur la Safirath
Ho´ômar doivent coïncider avec celles du coupage des gerbes du
´ômar.) De l'autre côté, une Mishnoh dans Maghilloh
20b
déclare simplement que כל
הלילה כשר לקצירת העומר
« Toute
la nuit est valable pour le coupage [des gerbes] du ´ômar ».
Prenant littéralement cette Mishnoh (et faisant le lien entre couper
et compter le ´ômar), certains Ri`shônim ont conclu que le ´ômar
ne peut être compté que durant la nuit (de la tombée de la nuit à
l'aube).
Il
existe trois approches parmi les Ri`shônim quant à la façon d'agir
si on a oublié de compter durant la nuit et que l'on ne s'en est
souvenu que le lendemain :
- Compter durant la journée en faisant une bénédiction. Cette opinion est basée sur la Mishnoh qui apparaît dans Manohôth et est soutenue par le Béha''g ז״ל, le Ramba''m ז״ל, le Mé`iri ז״ל et le Mishkanôth Ya´aqôv ז״ל.
- Ne pas compter durant la journée, car on n'accomplit rien en le faisant. Cette opinion est basée sur la Mishnoh qui apparaît dans Maghilloh et est soutenue par Rabbénou Ta''m ז״ל et le Sama''g ז״ל.
- Compter en journée sans faire de bénédiction. Cette approche est un compromis entre les deux précédentes opinion et est soutenue par le Mordokhay ז״ל, les Tôsofôth ז״ל, le Ra`avya''h ז״ל, le Tashbé''s ז״ל, Rabbénou Yarouham ז״ל, le Ro`''sh ז״ל et le Ra''n ז״ל.
- Que fait-on si on a oublié de compter la nuit mais également le lendemain ?
Deux
approches radicalement différentes furent adoptées par différents
groupes parmi les Ga`ônim et les Ri`shônim. D'un côté, le Béha''g
tranche que si une journée entière (nuit + jour) est passée sans
que l'on ait compté le ´ômar, il n'y a alors plus la moindre
nécessité de continuer à compter le reste de la Safirath Ho´ômar.
De l'autre côté, le Rov
Hay Go`ôn ז״ל,
le R''i ז״ל
et
le Mé`iri tranchent que l'on doit continuer à compter le ´ômar
avec une bénédiction, même si on a manqué une journée entière
dans la Safirath Ho´ômar.
Leur
désaccord tourne autour de l'interprétation correcte du verset
suivant1 :
וּסְפַרְתֶּם
לָכֶם,
מִמָּחֳרַת
הַשַּׁבָּת,
מִיּוֹם
הֲבִיאֲכֶם,
אֶת-עֹמֶר
הַתְּנוּפָה:
שֶׁבַע
שַׁבָּתוֹת,
תְּמִימֹת
תִּהְיֶינָה « Vous
compterez pour vous-mêmes, depuis le lendemain du Shabboth, depuis
le jour où vous aurez apporté le ´ômar du balancement, sept
semaines, qui doivent être complètes ».
La lecture péshatique est celle du Béha''g, c'est-à-dire qu'aucun
jour ne doit manquer dans le compte, ce qui rendrait incomplètes les
sept semaines. Le Rov Hay
Go`ôn et le R''i soutiennent que « complètes » se
réfère à chaque jour individuellement ; chaque jour doit être
complet, c'est-à-dire que le compte doit se faire de nuit. Le Mé`iri
soutient plutôt que rendre les semaines « complètes »
est une Miswoh
indépendante du compte. De ce fait, pour le Mé`iri, si quelqu'un a
oublié de compter la nuit il doit compter en journée avec une
bénédiction, et s'il a oublié de le faire également en journée
il doit néanmoins continuer à compter les nuits suivantes avec une
bénédiction.
Le
Tour et le Béth Yôséf2
expliquent qu'au cœur de cette divergence se trouve la question
suivante : la Safirath Ho´ômar constitue-t-elle une seule
Miswoh
(compter quarante-neuf jours) ou quarante-neuf Miswôth
indépendantes ? D'après le Béha''g, elle ne constitue qu'une
seule Miswoh,
de sorte qu'oublier de compter ne serait-ce qu'un seul jour invalide
l'intégralité de la Miswoh.
Par contre, le Rov Hay
Go`ôn et le R''i considèrent que la Safirath Ho´ômar représente
quarante-neuf actes indépendants, de sorte qu'oublier de compter un
jour ne cause une perte que pour la Miswoh de ce jour-là et non
l'ensemble des jours du compte. Il sera donc possible, d'après cette
approche, de continuer à compter avec une bénédiction même en
ayant manqué un jour de compte. Le Ri''d
ז״ל
déclare
que l'on peut trouver une preuve de la validité de cette approche
dans la bénédiction qui est faite avant de compter. Si l'ensemble
du compte des quarante-neuf jours constitue une seule grande Miswoh,
comme semble le soutenir le Béha''g, pourquoi ne pas alors faire une
seule bénédiction le tout premier jour du compte qui sera valable
pour l'ensemble des autres jours ? Puisque la bénédiction est
refaite chaque jour avant de compter, cela accrédite l'approche du
Rov Hay Go`ôn et du R''i, selon qui chaque jour du compte constitue
une Miswoh
indépendante.
- D'autres façons de compter le ´ômar parmi les Ga`ônim et Ri`shônim
- Le Rov Sa´adhyoh Go`ôn3 ז״ל déclare que si on a oublié de compter le premier jour du ´ômar, on ne doit plus compter avec une bénédiction les autres nuits. Mais si le compte a été oublié une nuit autre que la première, on pourra continuer à compter avec une bénédiction. La question naturelle qui se pose est : pourquoi la première nuit est-elle différente des autres ? Si quelqu'un n'a pas compté la première nuit, c'est comme si la Miswoh de compter n'avait alors jamais vraiment commencé. Une progression doit toujours avoir un point de départ. L'idée du Rov Sa´adhyoh Go`ôn est qu'une fois que le compte a commencé depuis le début, manquer un jour ne détruit pas la Miswoh. On peut combler les vides et considérer que les jours manqués sont implicites, dès lors que la fondation d'un compte existe déjà.
- Le Rov Hay Go`ôn4 déclare que si quelqu'un a oublié de compter la nuit et le lendemain, la nuit suivante il doit dire « Le compte d'hier était... et celui d'aujourd'hui est... ». En quoi est-ce important de compter le jour d'hier ? Le compte de chaque jour n'est-il pas une Miswoh uniquement pour « aujourd'hui » ? Compter le jour manqué permet de maintenir la progression, l'acte de simplement compter qui est essentiel à la Miswoh de la Safirath Ho´ômar. Déclarer « Le compte d'hier était... » n'est pas l'accomplissement d'une Miswoh, mais plutôt une façon de s'assurer qu'il y a un compte séquentiel et progressif, permettant ainsi de connecter le compte de la nuit d'aujourd'hui aux nuits précédentes.
- Le Minhogh de Rash''i5 ז״ל consistait à compter le ´ômar tard dans l'après-midi après Palagh Hamminhoh (une heure et quart halakhique avant le coucher du soleil) sans bénédiction, puis de répéter le même compte durant la nuit, après la sortie des étoiles, avec une bénédiction. Si le compte réalisé après Palagh Hamminhoh est valable, pourquoi ne faisait-il pas la bénédiction à ce moment-là ? Et s'il n'était pas valable, pourquoi alors compter à ce moment-là au lieu de simplement attendre la tombée de la nuit ? Le compte réalisé à Palagh Hamminhoh n'était pas accompagné d'une bénédiction parce que Rash''i tranche que la vraie Miswoh ne doit être accomplie que lorsqu'il fait réellement nuit, après la sortie des étoiles. Mais de l'autre côté, étant donné que la nuit tombe de plus en plus tard durant la période de la Safirath Ho´ômar (et d'autres considérations également, comme par exemple la crainte d'oublier de le faire), Rash''i craignait de ne pas pouvoir compter cette nuit, ce qui lui ferait perdre son compte. La période qui suit Palagh Hamminhoh est pertinente concernant la nuit, puisque toutes les Miswôth associées à la nuit peuvent déjà, en cas de nécessité, être accomplies à partir de Palagh Hamminhoh. Ainsi, on peut déjà commencer le Shabboth ou prier Ma´ariv après Palagh Hamminhoh si on ne désire ou ne peut pas attendre la tombée de la nuit. De ce fait, si le compte était oublié plus tard, la progression aurait été préservée bien que la Miswoh de jour n'aurait pas été accomplie.
1Wayyiqro`
23:15
2`ôrah
Hayim 489
3Cité
par le Tour, Ibid.
4Cité
dans le Bi`our Halokhoh, `ôrah Hayim
489:8
5Cité
dans le Mahzôr Witri