ב״ה
Exposer
les fausses notions
La
Miswoh de Hasévoh à Pésah
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Il
existe une Miswoh de הַסֵיבָה
« Hasévoh »
durant le Sédhar de Pésah. Pour la majorité des Juifs
d'aujourd'hui, cela signifie s'asseoir à table comme d'habitude,
mais en « s'inclinant » ou « se penchant »
sur le côté gauche tout en se tenant sur son coude. C'est ce qu'on
a toujours dit aux gens, et c'est ainsi qu'ils font durant le Sédhar
de Pésah. Sauf que non seulement s'incliner ou se pencher en
se tenant sur son coude n'a rien à voir avec la Miswoh de
Hasévoh, mais ne permet en plus pas du tout de l'accomplir. Dans
l'imaginaire populaire, ceci serait la Hasévoh :
Hasévoh
signifie s'incliner sur son côté gauche en prenant appui sur un lit
(une couche. Voir l'image d'illustration de cet article) ou tout
autre objet. Mais si quelqu'un s'est simplement contenté de
s'incliner ou se pencher sur le côté sans avoir pris appui sur
quelque chose, il n'accomplit pas par-là la Miswoh de
Hasévoh, car sa définition est de s'appuyer sur quelque chose.
C'est la raison pour laquelle plusieurs rabbins passés et encore
présents, conscients de cela, avaient l'habitude de par exemple
placer un coussin sur lequel ils s'inclinaient, car se pencher
simplement sur le côté n'accomplit rien du tout.
Des
preuves de cela sont tirées du Talmoudh lui-même. La Gamoro`1
rapporte le témoignage de `abbayé ז״ל,
qui raconta comment est-ce que lorsqu'il était encore un étudiant
au Béth Hammidhrosh il est arrivé qu'ils n'avaient pas de lits sur
lesquels s'incliner. C'est pourquoi chaque élève du Béth
Hammidhrosh s'inclina sur la hanche de l'élève qui se trouvait à
sa gauche. Les élèves ne se sont pas uniquement contentés de
s'incliner sur leur gauche, mais prirent soin de le faire sur quelque
chose, en l’occurrence ici la hanche du voisin. (C'était facile,
puisque les gens mangeaient couché, et sont censés le faire à
Pésah.) C'est un aspect du Sédhar de Pésah méconnu
qu'il convient d'enseigner à tout le monde afin que la Miswoh
soit réalisée de la façon la plus correcte possible, comme sur
l'illustration suivante, où tous sont couchés sur des divans pour
le Sédhar :
Le
Brisqer Rov2
ז״ל
a
expliqué qu'il existait deux approches quant à la nature de la
Miswoh de Hasévoh : celle du Ro`''sh ז״ל
et
celle du Ramba''m ז״ל.
Le
Ro`''sh3
affirme que celui qui n'accomplit pas la Miswoh de Hasévoh en
mangeant de la Massoh ou en buvant les deux premières coupes
de vin, doit répéter ces Miswôth (c'est-à-dire qu'il doit
à nouveau manger de la Massoh et boire de nouveau les deux
coupes, mais cette fois en veillant à faire Hasévoh). Il cite pour
preuve de sa position le Talmoudh.4
La Gamoro` déclare que si un serveur a consommé une Kazzayith de
Massoh tout en ayant fait Hasévoh, il est quitte de sa
Miswoh. Le texte ne précise pas de quelle Miswoh
est-ce qu'il est quitte, et le Ro`''sh affirme qu'il s'agit là de
celle de la Massoh.
Le
Brisqer Rov explique que d'après le Ro`''sh, Hasévoh n'est pas une
Miswoh indépendante. Elle fait plutôt partie de la Miswoh
de la Massoh et des quatre coupes de vin. De ce fait, d'après
le Ro`''sh, si on a consommé de la Massoh mais sans faire
Hasévoh, on n'est pas quitte de la Miswoh de la Massoh.
Cela explique également pourquoi le Ro`''sh ne déclare pas qu'il
est préférable de consommer l'entièreté du repas de Pésah
en étant Hasévoh. Pour lui, on n'accomplit rien en faisant Hasévoh
à des moments autres que lorsqu'on consomme de la Massoh ou
boit les quatre coupes de vin.
Le
Ramba''m5
n'est pas d'accord avec le Ro`''sh, et ce sur deux points. Il écrit
explicitement qu'il est préférable de faire Hasévoh tout au long
du repas du Sédhar de Pésah, c'est-à-dire d'être couché
sur un lit, un divan, une couche, etc., tout le long. Mais il ne
déclare nulle part que l'on n'est pas quitte de la Miswoh de
la Massoh et des quatre coupes de vin si on n'était pas en
position de Hasévoh. Le Brisqer Rov explique que d'après le
Ramba''m, Hasévoh est une Miswoh indépendante de celle de la
Massoh et des quatre coupes. Selon le Ramba''m, lorsqu'on
consomme de la Massoh et buvons les quatre coupes de vin, nous
devons, de préférence, être en position de Hasévoh. Mais si on
fait Hasévoh lorsqu'on consomme le repas de la fête, on a accompli
la Miswoh de Hasévoh. Suivant le Ramba''m, puisque les deux
Miswôth sont indépendantes, il n'y a pas du tout à
recommencer la Miswoh de la Massoh ou des quatre coupes
de vin si n'était pas en position de Hasévoh lorsqu'on l'a
accomplie. Une fois que l'on a accompli la Miswoh de la
Massoh, peu importe la position dans laquelle on l'a
consommée, on est quitte et il devient inutile de recommencer.
Le
Brisqer Rov explique que la source du Ramba''m est également la
Gamoro` susmentionnée sur laquelle s'appuie le Ro`''sh. Le Ramba''m
la comprend comme se référant, non pas à la Miswoh de la
Massoh, mais plutôt celle de Hasévoh. Le Brisqer Rov ajoute
que du contexte même de la Gamoro`, on doit s'aligner derrière le
Ramba''m, car le contexte semble sous-entendre que faire Hasévoh
tout en mangeant de la Massoh est simplement l'accomplissement
de Hasévoh. L'implication de tout cela est la façon idéale
d'accomplir la Miswoh de Hasévoh implique d'être dans cette
position-là, non seulement pour manger, mais également tout au long
du repas. Et évidemment, cela est difficilement réalisable en se
contentant de simplement se pencher sur le côté gauche, comme le
font la plupart des Juifs d'aujourd'hui, alors que c'est très facile
à réaliser si on accomplit la Hasévoh conformément à la
tradition, en mangeant couché sur des lits, des couches, des divans,
des matelas, etc.
D'après
de nombreux Ri`shônim, la Miswoh de Hasévoh ne s'applique
plus du tout de nos jours. D'après eux, cette Miswoh ne
s'applique qu'au sein d'une culture où manger couché est une marque
de liberté, comme c'était le cas dans les temps talmudiques, au
sein des sociétés grecques et romaines où tous les hommes libres,
les Gôyim y compris, mangeaient couchés, tandis que les esclaves
mangeaient assis ou debout. Aujourd'hui, les gens ne mangent plus
couchés sur des lits en mangeant. Par conséquent, d'après ces
Ri`shônim, la Miswoh de Hasévoh n'a plus lieu d'être. Mais
ce n'est pas la position majoritaire parmi les Ri`shônim, qui
estiment qu'elle continue de s'appliquer encore à nos époques, car
en plus de marquer le fait que nous sommes des hommes libres, cette
position sert un autre but : elle sert à distinguer la nuit de
Pésah de toutes les autres nuits de l'année, et inciter
ainsi les enfants à poser des questions sur les particularités de
Pésah. Mais on doit alors garder à l'esprit que Hasévoh n'a
absolument rien à voir avec le fait de se pencher sur son côté
gauche, mais le fait d'être allongé (sur des lits, des couches,
etc.) sur son flanc gauche en étant accoudé sur quelque chose (un
coussin, etc.) comme sur les illustrations ci-dessous :
Si
quelqu'un ne peut pas le faire, car il n'a pas le matériel
nécessaire pour se coucher sur un lit, un divan, une couche, etc.,
il est préférable de ne rien faire du tout, et encore moins de se
pencher bêtement et inutilement sur le côté gauche. Bêtement, car
c'est ridicule, et inutilement, parce que ce n'est même pas ainsi
que l'on accomplit la position de Hasévoh. Mieux vaudrait manger
« normalement » plutôt que de faire n'importe quoi. En
outre, la question « En quoi cette nuit est-elle différente de
toutes les autres ? Chaque nuit nous mangeons soit assis soit
accoudés, mais cette nuit uniquement accoudés » n'est même
pas mentionnée dans le Talmoudh parmi les quatre questions à poser
lors du Sédhar de Pésah, pour la simple raison que manger
allongé accoudé sur le côté gauche était normal toute l'année.
À notre époque, cela ne se fait plus du tout, et on peut alors
s'appuyer sur l'opinion des Ri`shônim selon quoi il n'y a plus
d'obligation de le faire, sans compter que se pencher sue le côté
comme le font la plupart des Juifs n'a rien à voir avec Hasévoh. Ou
on accomplit une Miswoh convenablement, ou on ne l'accomplit pas du
tout.
De
nombreux Juifs qui comprennent vraiment ce qu'est Hasévoh font
l'effort d'avoir le matériel adéquat pour l'accomplir, et bien
qu'ils mangent à table toute l'année, la nuit de Pésah ils
font une exception et mangent réellement couchés comme sur les
illustrations susmentionnées, car c'est vraiment ainsi que se
réalise Hasévoh, et cela rend réellement la nuit de Pésah
unique et spéciale par rapport à toutes les autres nuits de
l'année. Et telle est également notre pratique, parmi les Talmidhé
HaRamba''m (ainsi que chez les Témonim). Et je peux personnellement
vous dire que célébrer Pésah couché sur des couches
spéciales comme le faisaient nos ancêtres est une expérience
particulière, qui vaut vraiment la peine d'être vécue au moins une
fois dans l'année.
1Pésahim
108a
2Commentaire
sur le Mishnéh Tôroh du Ramba''m, Hilkôth Homés
Oumassoh 7:9
3Pésahim
10:20
4Pésahim
108a
5Mishnéh
Tôroh du Ramba''m, Hilkôth Homés Oumassoh
7:9