mardi 25 août 2020

Le ´érouv du Rambo’’m – 1ère Partie

 

בס״ד

 

Le ´érouv du Rambo’’m – 1ère Partie

 


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Beaucoup considèrent aujourd’hui que 600 000 personnes seraient nécessaires pour établir une רְשׁוּת הָרַבִּים « Rashouth Horabbim » (domaine public), et que le fait que beaucoup de gens fassent usage d’une même zone peut contribuer à attester de la nature publique de cette zone. Mais non seulement le Rambo’’m ז״ל n’est pas d’accord avec l’exigence des 600 000 personnes, mais également avec le concept selon lequel un usage ou trafic intense serait un facteur à prendre en compte pour qu’une zone devienne une Rashouth Horabbim. D’où vient cette exigence des 600 000 personnes ? Et quelle est l’approche du Rambo’’m en matière de ´érouv ?

 

Cela en surprendra beaucoup, mais ce nombre de 600 000 personnes n’est jamais explicitement donné dans la littérature talmudique. La Gamoro` tente de résoudre une contradiction sur la question de savoir si un désert peut être qualifié de Rashouth Horabbim par les mots suivants :[1] כאן בזמן שישראל במדבר וכאן בזמן שאין ישראל במדבר « Ici, c’est à l’époque où Yisro`él est dans le désert, tandis qu’ici, c’est à l’époque où Yisro`él n’est pas dans le désert ». Rash’’i ז״ל et tous les autres Ri`shônim interprètent cela comme voulant dire que lorsque le désert a une large quantité de personnes qui s’y trouvent, et d’après Rash’’i 600 000 personnes au même endroit, alors il devient une Rashouth Horabbim, tandis que lorsqu’il est à peine traversé, ce n’est pas une Rashouth Horabbim. Cette interprétation est le point de départ pour la croyance selon laquelle une population exponentielle peut amener une zone à devenir une Rashouth Horabbim. Les Ṭôsophôth considèrent cela comme la source de ceux qui croient que 600 000 personnes sont nécessaires pour faire d’une zone une Rashouth Horabbim. Même les quelques Ri`shônim qui n’exigent pas 600 000 personnes tendent toutefois à accepter le concept selon lequel la présence d’une large population est un facteur à prendre en considération pour faire d’une zone une Rashouth Horabbim.

 

Mais le Rambo’’m, en stipulant la Halokhoh selon quoi un désert est une Rashouth Horabbim,[2] ne rapporte pas que c’est seulement le cas lorsque le désert est traversé régulièrement par un grand nombre de personnes. Ribbénou `avrohom ban HoRambo’’m ז״ל explique que son père interprétait la Gamoro` comme voulant dire que lorsque Yisro`él est dans le désert, alors ce n’est pas une Rashouth Horabbim, tandis que lorsqu’ils n’y sont pas, le désert est alors une Rashouth Horabbim.[3] Le peuplement d’une zone dans le désert peut l’empêcher de devenir une Rashouth Horabbim. Une zone sans Maḥiṣṣôth que des gens peuplent et utilisent est semblable à une vallée, que ḤaZa’’l définissent comme une Karmalith, et n’est ni une Rashouth Hayyoḥidh ni une Rashouth Horabbim.

 

Contrairement aux autres Ri`shônim, le Rambo’’m[4] comprend qu’un type de Rashouth Hayyoḥidh est une zone conjointement peuplée par un groupe de personnes. Apporter de la civilisation vers une zone –la peupler— la transforme en une Rashouth Hayyoḥidh, alors que la forme première d’une Rashouth Horabbim n’est pas une zone qui est partagée par de grandes foules, mais une zone qui n’est pas habitée :

 

Qu’est-ce qui est une Rashouth Horabbim ? Des déserts, des forêts, des champs, et les chemins qui mènent à eux.

אֵיזוֹ הִיא רְשׁוּת הָרַבִּים--מִדְבָּרוֹת וִיעָרִים וְשָׂדוֹת, וּדְרָכִים הַמְּפֻלָּשִׁין לָהֶן

 

Des zones où tous les gens ont un droit de passage égal  mais qui ne sont, en fait, pas des zones d’habitation humaine, et peut-être même qui ne sont pas si fréquemment traversées— les déserts et les forêts— personnifient la Rashouth Horabbim de la Ṭôroh. Les champs, bien qu’ils soient possédés de façon privée mais ne sont pas habités, sont également inclus. Les routes qui furent créées par des efforts humains mais ne sont pas des zones où tous les gens ont un droit de passage égal constituent un autre type de Rashouth Horabbim, mais sont mentionnées en dernier.

 

Rov Yôḥonon ז״ל est cité à un moment donné comme ayant suggéré que l’intégralité de `araṣ Yisro`él devrait être considérée comme une Rashouth Horabbim.[5] La Gamoro` propose qu’il a avancé cela en raison du fait que le Pays est entouré de chaînes de montagne. Bien que quelques Ri`shônim aient avancé que l’intention de la Gamoro` était de considérer les distantes chaînes de montagne comme des Maḥiṣṣôth qui transformeraient les zones à l’intérieur d’elles en Rashouth Hayyoḥidh Da`ôroyatho`. Mais d’après la définition que le Rambo’’m fait d’une Rashouth Horabbim, l’intention de la Gamoro` peut être expliquée bien plus aisément. La Gamoro` n’a jamais suggéré que les routes des zones peuplées – le dernier type de Rashouth Horabbim qu’il cite (ceux créés par l’être humain) – soient classifiées comme une Rashouth Horabbim. Une activité humaine à l’intérieur de `araṣ Yisro`él est identique à celle à l’extérieur du monde, et ses routes sont tout autant une Rashouth Horabbim qu’ailleurs. La Gamoro` traitait plutôt de la question de savoir si les espaces ouverts inoccupés en `araṣ Yisro`él remplissent les conditions pour être considérés comme la forme primaire d’une Rashouth Horabbim. Les déserts, les forêts et les champs sont une Rashouth Horabbim naturelle, mais peut-être que ce n’est le cas que lorsque la zone est plate et ouverte au monde ; mais `araṣ Yisro`él est d’une certaine manière semblable à une בִּקְעָה « Biq´oh – vallée »[6], entourée de chaînes de montagne et isolée du monde extérieur. Tout comme l’isolement de la Biq´oh a poussé ḤaZa’’l à la classifier comme une Karmalith, de même, aussi, ce statut pourrait peut-être être accordé à l’intégralité de `araṣ Yisro`él également.[7] A cela la Gamoro` répond : דכולי עלמא מקיף אוקיינס  - Si nous devions considérer de larges bandes de terre de cette façon, nous devrions alors dire que chaque continent est entouré d’une mer et coupé d’un accès au reste du monde, et alors aucun terrain ouvert ne pourrait jamais être considéré comme une Rashouth Horabbim. Ainsi, conclut la Gamoro`, le souci de Rov Yôḥonon concernait le terrain de `araṣ Yisro`él qui est rempli de pelouses montagneuses - מעלות ומורדות שבארץ ישראל – traduit par Ribbénou Ḥanon`él ז״ל par תל וחריץ  « buttes et tranchées », que le Rambo’’m mentionne en premier dans ses exemples de Rashouth Hayyoḥidh :[8]

 

Et qu’est-ce qu’une Rashouth Hayyoḥidh ? Une butte dont la hauteur est de dix Taphoḥim[9] et la largeur quatre Taphoḥim sur quatre Taphoḥim ou plus que cela. Et de même une tranchée qui est profonde de dix et la largeur est de quatre sur quatre ou plus que cela.

וְאֵי זוֹ הִיא רְשׁוּת הַיָּחִיד--תֵּל שֶׁגָּבוֹהַּ עֲשָׂרָה טְפָחִים, וְרָחֵב אַרְבָּעָה טְפָחִים עַל אַרְבָּעָה טְפָחִים אוֹ יָתֵר עַל כֵּן; וְכֵן חָרִיץ שְׁהוּא עָמוֹק עֲשָׂרָה, וְרָחֵב אַרְבָּעָה עַל אַרְבָּעָה אוֹ יָתֵר עַל כֵּן

 

Le terrain de `araṣ Yisro`él ne permet pas de passage facile, et pour cette raison ses zones ouvertes et non peuplées ne peuvent pas être qualifiées de Rashouth Horabbim, à l’inverse des pays où les zones ouvertes sont des forêts, des champs, et des déserts. À la fin la Gamoro` conclut que les zones qui étaient vallonnées furent distribuées par Yahôshoua´ bin Noun ע״ה en tant que propriétés privées et peuplées, et que ce qui fut donné au public et non peuplé était facile d’accès (ניחא תשמישתא), et remplissait ainsi les critères d’une Rashouth Horabbim.

 

Les terrains naturels, ouverts, à peine peuplés, raisonnablement plats et traversables des déserts, forêts et champs sont une Rashouth Horabbim naturelle. Les tranchées et buttes sont une Rashouth Hayyoḥidh naturelle, et c’est pourquoi la Barraytho`[10] introduit les quatre types de domaine par la phrase suivante :

 

Qu’est-ce qu’une Rashouth Hayyoḥidh ? Une tranchée qui est profonde de 10 et large de 4. Et de même une barrière dont la hauteur est de 10 et large de 4. Ceci est une Rashouth Hayyoḥidh dans le sens plein du terme.

ואיזו היא רה"י חריץ שהוא עמוק י' ורחב ד' וכן גדר שהוא גבוה י' ורחב ד' זו היא רה"י גמורה

 

Nous voyons donc qu’on se réfère ici aux tranchées et aux buttes[11] comme étant un Rashouth Hayyoḥidh Gamouroh de nature.[12] La Biq´oh (vallée) semi-accessible n’est ni une Rashouth Hayyoḥidh ni une Rashouth Horabbim et est plutôt placée dans une catégorie à part appelée Karmalith.

 

Dans la prochaine partie nous verrons comment le Rambo’’m définit les quatre types de domaines.



[1] Shabboth 6

[2] Mishnéh Ṭôroh, Hilkôth Shabboth 14 :1

[3] Voir le Kasaph Mishnéh, Ibid.

[4] Ibid.

[5] ´érouvin 22a-b

[6] Voir Mishnéh Ṭôroh, Hilkôth Shabboth 14 :4.

[7] Voir aussi ´érouvin 87a et le Yaroushlami ´érouvin 8 :8 qui doivent également être interprétés comme voulant dire qu’un accès limité en raison d’un terrain et du peuplement des villes autour du Lac de Galilée sont des raisons pour lesquelles il n’est pas traité comme une Rashouth Horabbim. Quand le Yaroushlami suggère qu’il n’y a en effet aucun Rashouth Hayyoḥidh dans le monde entier, un concept qui annulerait totalement l’interdiction de porter à Shabboth, il ne parle que d’une Rashouth Horabbim faite d’un terrain naturel. Résh Laqqish affirme que ce sera seulement dans le ´ôlom Habbo` que l’on verra un terrain naturel ouvert permettant de passer d’une terre à une autre sans Maḥiṣṣoh.

[8] Mishnéh Ṭôroh, Hilkôth Shabboth 14 :1

[9] Un Taphaḥ vaut 8 centimètres.

[10] Shabboth 6a

[11] D’après cette explication, ces structures sont une Rashouth Hayyoḥidh en raison de leurs structures physiques, non parce qu’elles auraient des Maḥiṣṣôth.

[12] Les Ṭôsophôth n’acceptent l’explication que Rash’’i donne de cette Gamoro`. D’après notre explication, la Barraytho` nous dit que bien que Rov Yahoudhoh permette à des structures artificielles et symboliques de constituer une Rashouth Hayyoḥidh même après que des structures rabbiniques aient été appliquées, les Sages soutiennent que même Da`ôroyatho` il n’existe pas de Rashouth Hayyoḥidh sans caractéristiques physiques fondamentales.

lundi 24 août 2020

Le Sanhédhrin : Tout ce qu’il faut savoir

 

בס״ד

 

Le Sanhédhrin : Tout ce qu’il faut savoir

 


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Il est dit dans la Ṭôroh :[1]

 

Lorsque sera tombée de toi une affaire de droit entre du sang et du sang, entre un Din et un Din, entre une plaie et une plaie, des affaires de controverses à tes portes, tu te lèveras alors et monteras vers le lieu que `adhônoy ton `alôhim aura choisi. Et tu viendras vers les Kôhanim, les Lawiyim, et vers le juge qui sera en ces jours-là ; et tu t’enquerras et ils te raconteront l’affaire du droit. Et tu agiras selon la parole qu’ils t’auront racontée depuis ce lieu-là que `adhônoy choisira, et tu veilleras à agir suivant tout ce qu’ils t’instruiront. D’après la Ṭôroh qu’ils t’instruiront, et suivant le droit qu’ils t’indiqueront, tu feras ! Tu ne t’éloigneras pas de la parole qu’ils t’auront raconté ni à droite ni à gauche. Quant à l’homme qui agira par rébellion, n’écoutant pas le Kôhén qui se tient debout pour servir là `adhônoy ton `alôhim, ou le juge, cet homme-là mourra ! Et tu extirperas de Yisro`él le mal.

כִּי יִפָּלֵא מִמְּךָ דָבָר לַמִּשְׁפָּט, בֵּין-דָּם לְדָם בֵּין-דִּין לְדִין וּבֵין נֶגַע לָנֶגַע--דִּבְרֵי רִיבֹת, בִּשְׁעָרֶיךָ:  וְקַמְתָּ וְעָלִיתָ--אֶל-הַמָּקוֹם, אֲשֶׁר יִבְחַר יְהוָה אֱלֹהֶיךָ בּוֹ. וּבָאתָ, אֶל-הַכֹּהֲנִים הַלְוִיִּם, וְאֶל-הַשֹּׁפֵט, אֲשֶׁר יִהְיֶה בַּיָּמִים הָהֵם; וְדָרַשְׁתָּ וְהִגִּידוּ לְךָ, אֵת דְּבַר הַמִּשְׁפָּט. וְעָשִׂיתָ, עַל-פִּי הַדָּבָר אֲשֶׁר יַגִּידוּ לְךָ, מִן-הַמָּקוֹם הַהוּא, אֲשֶׁר יִבְחַר יְהוָה; וְשָׁמַרְתָּ לַעֲשׂוֹת, כְּכֹל אֲשֶׁר יוֹרוּךָ. עַל-פִּי הַתּוֹרָה אֲשֶׁר יוֹרוּךָ, וְעַל-הַמִּשְׁפָּט אֲשֶׁר-יֹאמְרוּ לְךָ--תַּעֲשֶׂה:  לֹא תָסוּר, מִן-הַדָּבָר אֲשֶׁר-יַגִּידוּ לְךָ--יָמִין וּשְׂמֹאל. וְהָאִישׁ אֲשֶׁר-יַעֲשֶׂה בְזָדוֹן, לְבִלְתִּי שְׁמֹעַ אֶל-הַכֹּהֵן הָעֹמֵד לְשָׁרֶת שָׁם אֶת-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, אוֹ, אֶל-הַשֹּׁפֵט--וּמֵת הָאִישׁ הַהוּא, וּבִעַרְתָּ הָרָע מִיִּשְׂרָאֵל.

 

De là, les Sages en déduisent que le Sanhédhrin, la cour suprême du peuple juif, doit contenir un mélange de trois types de juifs : des Kôhanim, des Lawiyim et des juges originaires des autres tribus. Qu'est-ce que le Sanhédhrin exactement ? Quand est-il apparu et pourquoi y fait-on référence par un mot grec ?

 

·        Les 70 Anciens

 

Dans Bamidhbor 11, nous lisons comment Môshah Rabbénou ע״ה était fatigué de diriger le peuple seul et demanda à Hashshém ית׳ de l'aide. Hashshém lui répondit ceci :[2]

 

Assemble-Moi 70 hommes parmi les Anciens de Yisro`él, que tu sais être les Anciens du peuple et ses officiers ; et tu les prendras vers la Tente du Rendez-Vous, et ils se tiendront là avec toi. Quant à Moi, Je descendrai et parlerai avcec toi là ; et Je prendrai de l’esprit qui est sur toi et [le] placerai sur eux. Alors ils supporteront avec toi le fardeau du peuple, et tu ne [le] supporteras plus tout seul.

אֶסְפָה-לִּי שִׁבְעִים אִישׁ מִזִּקְנֵי יִשְׂרָאֵל, אֲשֶׁר יָדַעְתָּ, כִּי-הֵם זִקְנֵי הָעָם וְשֹׁטְרָיו; וְלָקַחְתָּ אֹתָם אֶל-אֹהֶל מוֹעֵד, וְהִתְיַצְּבוּ שָׁם עִמָּךְ. וְיָרַדְתִּי, וְדִבַּרְתִּי עִמְּךָ שָׁם, וְאָצַלְתִּי מִן-הָרוּחַ אֲשֶׁר עָלֶיךָ, וְשַׂמְתִּי עֲלֵיהֶם; וְנָשְׂאוּ אִתְּךָ בְּמַשָּׂא הָעָם, וְלֹא-תִשָּׂא אַתָּה לְבַדֶּךָ.

 

C'est la plus ancienne origine du Sanhédhrin, le conseil de 70 juges qui dirigent le peuple juif par la règle de la majorité. Môshah a siégé au conseil en tant que Nosi`, « président », ce qui porte le nombre total de juges à 71, ce qui empêcherait une division de 35 contre 35 dans le processus décisionnel.

 

Le Sanhédhrin avait une variété de rôles et de pouvoirs. L’un d'eux était de proclamer un nouveau mois lors de la première observation d'une nouvelle lune. Cela déterminerait les dates des fêtes à venir. Un autre était d'instituer diverses « clôtures » (ou « haies de protection »), c’est-à-dire des interdictions supplémentaires destinées à protéger l'intégrité et le respect de la Ṭôroh. Quelques exemples de telles clôtures incluent le Path Yisro`él ou encore le Ḥolov Yisro`él.[3] Le Sanhédhrin traitait également des affaires civiles difficiles, comme une Cour Suprême, et avait le pouvoir de juger des affaires pouvant rendre passible de la peine de mort, même si les condamnations à mort étaient extrêmement rares. (La Mishnoh[4] déclare que le Sanhédhrin qui condamnait quelqu'un à mort une fois tous les sept ans, ou même une seule fois tous les 70 ans, était décrit comme un Sanhédhrin « meurtrier » ou « sanguinaire ».)

 

Bien que le Sanhédhrin soit généralement appelé un conseil de 70 Anciens, il est parfois décrit comme ayant 72 juges. Certains disent que le juge supplémentaire fait référence au `ov Béth Din, le vice-président ou « président de la Chambre ». D'autres appellent cette personne le Mouphlo`, le juge suprême qui peut voter ou mettre fin à un débat particulier.[5] Dans le désert, ce rôle a été rempli par Yahôshoua´ bin Noun ע״ה, le vice-président.

 

Comment concilier les diverses sources qui parlent du Sanhédhrin comme ayant 70, 71 ou 72 juges ? Le nombre d'Anciens était certainement de 70 - c'est pourquoi le Sanhédhrin est appelé un tribunal de 70 - plus le Nosi`, ce qui fait 71. Il doit y en avoir 71 pour éviter une égalité dans la prise de décision. Dans ce cas, comment pourrait-il y en avoir 72 ? Cela créerait également une possibilité d’égalité ! La réponse est que le Nosi` était généralement trop occupé que pour présider le Sanhédhrin et être le Mouphlo`, donc son vice, le `ov Béth Din, était là à sa place pour remplir ce rôle. C'est pourquoi le vice-président est appelé le `ov Béth Din, ce qui laisse entendre qu'il est le « père » ou le chef du tribunal à la place du président.

 

C'était précisément le cas de Môshah, qui laissait Yahôshoua´ présider les Anciens alors qu'il était occupé avec d'autres questions. Ceci est conforme à l'enseignement fondamental selon lequel Môshah reçut la Ṭôroh de Hashshém, l’enseigna à Yahôshoua´, puis Yahôshoua´ l'enseigna au Sanhédhrin des 70 Anciens. Môshah ne présidait donc généralement pas le Sanhédhrin lui-même, mais laissait Yahôshoua´ à sa place en tant que Mouphlo`. Ceci explique l'incident avec `aldodh et Médhodh qui fait suite à la nomination du premier Sanhédhrin (Bamidhbor 11).

 

Rappelez-vous que `aldodh et Médhodh étaient deux membres du Sanhédhrin qui prophétisèrent négativement sur Môshah, poussant Yahôshoua´ à courir vers Môshah et à lui dire ce qui s'était passé.[6] Yahôshoua´ a dû courir vers Môshah parce que Môshah n'était tout simplement pas présent en personne au siège du Sanhédhrin ! Par conséquent, bien qu'à tout moment il y avait 72 personnes qui faisaient partie du Sanhédhrin et avaient le pouvoir de voter, il n'y avait que 71 personnes votant au cours d'une session réelle, la 71ème étant soit le Nosi` ou le `ov Béth Din en l’absence du Nosi`, servant de Mouphlo`.

 

Ceci explique aussi pourquoi le Nosi` et le `ov Béth Din étaient appelés un Zough, « une paire ». La première ère rabbinique est appelée le temps des Zoughôth, quand il y avait toujours une paire de chefs. La première paire était probablement celle formée par Shim´ôn Haṣṣaddiq ז״ל (le dernier membre de la Kanasath Haggadhôloh, la « grande assemblée » de 120 prophètes et sages qui ont relancé le judaïsme en Israël au début de l'ère du Second Béth Hammiqdosh, après l'exil babylonien) et `antighnôs de Sôkhô ז״ל. Après eux, il y a eu Yôsé ban Yô´azar ז״ל et Yôsé ban Yôḥonon ז״ל. Les derniers Zoughôth furent Hillél ז״ל et Shamma`y ז״ל. Depuis lors, le Nosi` était généralement un descendant direct de Hillél (qui était lui-même un descendant de Dowidh Hammalakh ע״ה), tandis que la fonction du `ov Béth Din semble avoir perdu de sa signification, mettant fin à l'ère des Zoughôth.

 

·        Le premier Sanhédhrin

 

Le terme Sanhédhrin vient du grec « synhedrion », qui signifie « assis ensemble ». Dans la Grèce antique, le synhedrion était un conseil local d'anciens dirigeants qui débattaient des questions et gouvernaient à la majorité. Comme presque tout le reste, les Romains ont adopté cette institution démocratique des Grecs. L'historien grec Polybe (vers 200-118 avant notre ère) a qualifié le Sénat romain de synhedrion. Et ainsi, lorsque les Grecs ont régné sur Israël, ils ont naturellement décrit le conseil juif d'Anciens comme étant un synhedrion, et le nom est resté depuis. Josèphe rapporte que les Romains ont établi cinq synhedria en Israël en 57 avant notre ère.[7] Cela est conforme à la décision des Sages selon laquelle chaque ville pourrait avoir un « Sanhédhrin » plus petit de 23 juges. Josèphe parle également d'une gérousie antérieure à Jérusalem, un autre mot grec pour désigner un conseil dirigeant qui vient de la racine grecque pour « anciens ».[8] La première gérousie a été établie par le légendaire Lycurgus à Sparte.

 

En 67 avant notre ère, la reine hamonéenne d'Israël, Salomé Alexandra (Shalômṣiyôn) est décédée. Elle était la sœur du grand sage mishnique Shim´ôn ban Shatoḥ ז״ל, qui a également servi en tant que Nosi` du Sanhédhrin. Malheureusement, son mari était le cruel Alexandre Yanna`y, qui avait persécuté les rabbins et fermé le Sanhédhrin. Lorsqu'il décéda, Salomé prit les rênes, convoquant les rabbins exilés (y compris son frère) en Egypte et rouvrant le Sanhédhrin. Elle est également reconnue pour avoir institué la Kathoubboh. À sa mort, ses deux fils se sont battus pour le trône, déclenchant une impitoyable guerre civile. Incapables de résoudre le conflit par eux-mêmes, ils ont invité les Romains à les aider à le régler pour eux.

 

Le général romain Pompée (qui régnera plus tard sur Rome dans le cadre du premier triumvirat) venait de terminer une guerre dans la Syrie et l'Arménie voisines. Bref, au lieu de régler le différend entre les frères hasmonéens, Pompée a décidé de garder Israël pour lui. Après un court siège sur Jérusalem en 63 avant notre ère, Pompée triomphe et entre dans le Béth Hammiqdosh. Il traita relativement bien ses nouveaux sujets et les laissa avec un gouvernement semi-autonome. Le général de Pompée Aulus Gabinius a divisé l'ancien royaume hasmonéen en cinq provinces et a établi un sanhédhrin plus petit dans chacune d'elles, diminuant ainsi temporairement l'autorité du Nosi` et du grand Sanhédhrin à Jérusalem. En 37 avant notre ère, Hérode est arrivé au pouvoir en tant que roi de Judée et a également cherché à supprimer l'autorité rabbinique dans la mesure du possible. Après sa mort en 4 avant notre ère, l'autorité du Sanhédhrin et du Nosi` ont lentement commencé à faire un retour. Les Romains ont reconnu le Grand Sanhédhrin de Jérusalem comme l'organe législatif officiel d'Israël et le Nosi` comme le patriarche et le représentant des Juifs.

 

Pendant la Grande Révolte, le président du Sanhédhrin à l'époque, Shim´ôn ban Gamli`él ז״ל (arrière-petit-fils de Hillél) a été exécuté par les Romains peu de temps avant la destruction du Béth Hammiqdosh en 70 de l’E.C. Rabban Yôḥonon ban Zakka`y ז״ל lui a succédé et a sauvé le Sanhédhrin de la destruction. Dans l'histoire bien connue, Rabban Yôḥonon prétend être mort et est transporté dans un cercueil hors de Jérusalem assiégée. Il sort ensuite à la rencontre du général romain Vespasien. Dans une version de l’histoire, Vespasien connaît déjà la grandeur de Rabban Yôḥonon et veut lui accorder un souhait. Dans une autre version, Rabban Yôḥonon accueille Vespasien avec un « Je te salue César » et Vespasien est sur le point de le punir pour trahison avant qu’un messager n'arrive en disant que Vespasien venait d’être élu nouvel empereur de Rome. Vespasien impressionné décide alors d'accorder un souhait à Rabban Yôḥonon. Le souhait est d'épargner Yavnah, car c'est là que le Sanhédhrin s'était échappé et s'était réuni. Le souhait est exaucé.

 

Fait intéressant, certains chercheurs ont proposé qu'il y avait deux sanhédhrins dans l'ancien Israël : un politique et un religieux. Il est possible que le chef du Sanhédhrin politique soit le Nosi`, alors que le chef du Sanhédhrin religieux, ou Béth Din, était le `ov Béth Din - d'où le besoin des Zoughôth, paires. Cela peut aussi expliquer pourquoi le Sanhédhrin est parfois décrit comme se réunissant dans la « Lishkath Haggazith » (« salle de pierre taillée ») du Béth Hammiqdosh, et d’autres fois dans le « Lishkath Parhédhrin » (salle du Kôhén Godhôl). Certains pensent que le Sanhédhrin politique a toujours été dirigé par le Kôhén Godhôl, qui servait également de Nosi`, d'où le rassemblement dans ses appartements. Le terme « Parhédhrin » semble provenir d'un titre romain désignant un élu. Selon cette théorie, lorsque le Béth Hammiqdosh a été détruit - et l’autonomie de la Judée a pris fin - le Sanhédhrin politique a cessé d’exister. Le Sanhédhrin religieux, ou Béth Din, a continué à fonctionner à Yavnah, maintenant avec une seule personne qui était à la fois un Nosi` et un `ov Béth Din ! (Cette théorie peut également expliquer pourquoi désormais la paire n'était plus qualifiée de Zough et que l'ère des Zoughôth était considérée comme terminée.)

 

·        Le dernier Sanhédhrin

 

En 80 de notre ère, dix ans après la Grande Révolte, alors que les choses s'étaient quelque peu calmées, le poste de Nosi` fut à nouveau occupé par un descendant de Hillél, Rabban Gamli`él II ז״ל. Il a déplacé le Sanhédhrin dans un nouvel emplacement, la ville de `ousho` en Galilée. Avant la fin de son mandat, Rabban Gamli`él a dû relocaliser le Sanhédhrin à Yavnah une fois de plus.

 

Le Sanhédhrin a été dissous pendant la révolte de Bar Kôkhavo`, puis réformé à `ousho` vers 142 de l’.E.C. sous la direction de Rabban Shim´ôn ban Gamli`él II ז״ל. Son fils était le grand Ribbi Yahoudhoh Hannosi` ז״ל, compilateur de la Mishnoh. Le Sanhédhrin se déplaça d'un endroit à l'autre plusieurs fois avant de trouver une maison permanente à Tibériade vers 193 de l’E.C. Malheureusement, la cour perdit lentement son pouvoir et son prestige, et son autorité était de plus en plus réduite par les seigneurs romains. Pour finir, l'empereur Théodose 1er a interdit complètement le Sanhédhrin vers 380 de l’E.C.

 

La fonction de Nosi` - en tant que représentant des Juifs - a continué pendant quelque temps plus longtemps, et parfois des rassemblements secrets du Sanhédhrin ont eu lieu. Vers 429 de notre ère, Théodose II a également interdit formellement la fonction de Nosi`, et a transformé la taxe traditionnelle prélevée sur les Juifs pour soutenir le Nosi` en une taxe pour soutenir son propre trésor royal. Le dernier président était Gamli`él VI ז״ל. De nombreux Juifs ont migré de l'autre côté de la frontière vers l'Empire persan sassanide où le roi de l'époque, Bahram V, était le fils d'une reine juive, Shushandukht.

 

Malheureusement, peu de temps après Bahram et Shushandukht, les persécutions contre les Juifs ont recommencé dans le royaume sassanide. En 469 de notre ère, le roi Peroz I a fermé toutes les académies juives et opprimé les autorités rabbiniques. Cette évolution est en partie responsable de la fin de la période talmudique. Fait intéressant, le leader juif (Résh Goloutho`) à Sassania à l'époque était Mar Zouthro` II ז״ל, qui a finalement organisé une révolte en 495 de l’E.C. et a réussi à établir un État juif indépendant à Mahoza ! L'Etat a survécu pendant sept ans avant d'être écrasé par les Perses. Mar Zouthro` II a été crucifié. Son fils, Mar Zouthro` III ז״ל - selon la légende né le jour même où son père a été tué - a été sauvé et emmené en Israël. À l'âge de 18 ans, Mar Zouthro` III a été nommé Résh Pirqo`, à la tête d'un Sanhédhrin secret nouvellement rétabli à Tibériade qui n'a pas duré très longtemps. Il n'y a pas eu de Sanhédhrin depuis, bien que plusieurs groupes de rabbins dans le passé aient tenté de le rétablir.

 

·        Qui est un « Ribbi » ?

 

L'un des rôles du Sanhédhrin était de faciliter la Samikhoh, « l'ordination », des nouveaux rabbins. Cette cérémonie ne pouvait avoir lieu que lorsqu'un Sanhédhrin était rassemblé, et uniquement en Terre d'Israël. C'est pourquoi les Sages du Ṭalmoudh Bavli ne sont pas appelés « Ribbi » mais simplement « Rov ». Par exemple, si vous lisez « Ribbi Yahoudhoh » sans aucune autre description, il s'agit probablement de Ribbi Yahoudhoh bar `ila`y ז״ל, un Ṭalmidh de Ribbi ´aqivoh ז״ל, qui a été ordonné pendant la révolte de Bar Kôkhavo`.[9] Par contre, si vous lisez « Rov Yahoudhoh », cela fait très probablement référence au sage babylonien Yahoudhoh ban Yaḥazqé`l ז״ל. Il n'a pas été appelé « Ribbi » car il n'était pas d'Israël et n'a pas reçu de Samikhoh formelle. (Car la Samikhoh formelle ne s’accordait qu’en Terre d’Israël.)

 

Après la fin du Sanhédhrin à la fin du 4ème siècle, aucune ordination officielle de nouveaux rabbins n'a été possible. La grande majorité des dirigeants juifs portaient le titre de « Rov », car les Sages déclarent que tout maître du judaïsme peut utiliser ce titre.[10] Le terme de « Ribbi » sous sa forme de « rabbin » n'a commencé à faire son retour qu'aux 13ème et 14ème siècles, en commençant en Europe. Cela est venu comme une réponse aux premières universités conférant des diplômes et des titres. Les institutions ashkénazes ont commencé à faire de même, assimilant l'ordination à un diplôme de type universitaire et conférant le titre de « rabbin » (« Ribbi »). Les autorités séfarades ont rejeté cette évolution et ont refusé d'utiliser le titre de « rabbin ». Pendant longtemps après, les séfarades ont continué à utiliser le titre « Rov » (maître) ou « Ḥokhom » (sage). Finalement, le terme « rabbin » s’est tellement répandu que les séfarades commencent à l'utiliser aussi. Cela a été en outre soutenu par une tentative séfarade de faire revivre l'ancien Sanhédrin.

 

En 1538 de notre ère, Ribbénou Ya´aqôv Berav (1474-1546) rassembla vingt-cinq rabbins à Ṣaphoth (Safed) pour rétablir le Sanhédhrin. Ribbénou Berav ז״ל est né à Tolède, en Espagne et s'est installé à Fès, au Maroc après l'expulsion de 1492. Il est devenu le Grand-Rabbin de Fès, mais a fini par s’en aller et s'est retrouvé en Egypte. En 1535, après être devenu très riche, il s'installe à Ṣaphoth qui avait une communauté juive en plein essor grâce au travail effectué par Ribbénou Yôséph de Saragosse ז״ל.

 

Pour un certain nombre de raisons (principalement pour faciliter le retour des Marranes dans le giron juif), Ribbénou Berav a voulu restaurer le Sanhédhrin. La Halokhoh stipule que si un grand rassemblement de rabbins en Terre Sainte accepte à l'unanimité de conférer la Samikhoh à une personne digne, la cérémonie peut être faite et le processus d'ordination relancé.[11] Cet individu serait officiellement un « rabbin » (Ribbi) et pourrait ensuite ordonner d'autres rabbins. Ribbénou Berav a rassemblé vingt-cinq sages éminents qui ont tous accepté de le nommer à la tête d'un nouveau sanhédhrin. Ribbénou Berav est ainsi devenu le premier « rabbin » officiel en mille ans. Ou c'est du moins ce qu'il pensait.

 

Le Grand-Rabbin de Jérusalem à l'époque, le Ralba’’ḥ (Ribbénou Léwi `ibn Ḥabib, vers 1480-1545) ne s'est pas amusé. Il n’a pas accepté le plan de Ribbénou Berav, ce qui signifie qu’il n’y a pas eu de décision unanime en Terre Sainte sur la restauration du Sanhédhrin. Ribbénou Berav a répliqué en disant que l'unanimité totale est impossible ; la Halokhoh n'exige qu'une majorité. Le Ralba’’ḥ a alors souligné que si le Sanhédhrin avait vraiment été établi, ils devraient commencer à proclamer les nouveaux mois sur la base de l'observation de la nouvelle lune - ce qu'ils n'ont pas fait – invalidant ainsi automatiquement leur supposé « Sanhédhrin ». Ribbénou Berav n'était pas d'accord et ne voyait aucune raison pour laquelle le Sanhédhrin devait faire face à des problèmes de calendrier. Il pensait pouvoir apaiser le Ralba’’ḥ en faisant de lui le premier à recevoir le Samikhoh. Au lieu de cela, le Ralba’’ḥ prit cette proposition comme une insulte.

 

Les Turcs n'étaient pas non plus ravis de l’initiative de Ribbénou Berav, l'accusant d'avoir comploté pour rétablir un royaume juif en Palestine et renverser la domination turque sur la Terre Sainte. Craignant pour sa vie et sa liberté, Ribbénou Berav a dû fuir en Egypte. Avant de faire cela cependant, il s'est assuré d'ordonner Ribbi Yôséph Qa`rô (1488-1575, qui a composé le Shoulḥon ´oroukh) et Ribbi Môshah di Trani (1505-1585) et peut-être plusieurs autres (y compris Ribbi `avrohom Sholôm, Ribbi Yôséph Sagis, et Ribbi Yisro`él di Curiel). Ces rabbins ont ensuite ordonné d'autres rabbins. Ribbi Qa`rô a ordonné Ribbi Môshah `alshikh (1508-1593), qui a ensuite ordonné Ribbi Ḥayyim Wita`l (1543-1620, principal Ṭalmidh du `ar’’i). Avec toutes ces autorités séfarades recevant la Samikhoh et étant appelées « Ribbi » (rabbin), le titre devint de plus en plus répandu - même parmi ceux qui n'avaient aucun lien avec le Sanhédhrin bientôt disparu de Ribbénou Berav.

 

Aujourd'hui, le terme de « rabbin » est devenu la norme, même parmi les dénominations et les congrégations qui ne sont pas halakhiques (comme par exemple, certains « Juifs » messianiques), et parfois même pas théistes (comme c’est le cas de certains Juifs libéraux) ! Ce n’est pas une insulte que de dire que le titre n'a plus le poids qu'il avait autrefois. Peut-être vaut-il la peine de mentionner un enseignement qui se trouve à la toute fin de la Ṭôsaphṭo` de ´édhouyôth qui déclare que le titre de « rabbin » est grand, et plus encore est le titre de « Rabban », mais le plus grand titre de tous est le fait de simplement se faire appeler par son nom ! Cet enseignement de la Ṭôsaphṭo` signifie que votre titre n'est pas ce qui devrait vous rendre grand ; c’est plutôt votre propre nom qui devrait vous rendre grand, que vous ayez un titre ou pas ! En d’autres mots, il ne faut pas chercher à utiliser son titre pour se grandir aux yeux des autres ; faîtes-vous respecter pour qui vous êtes en tant que personne, que vous ayez un titre ou pas ! En effet, on constate que les plus grands sages, comme Hillél, Shamma`y, Shama´yoh, `avtalyôn, etc., n'avaient aucun titre !

 

·        Un nouveau Sanhédhrin ?

 

Le Midhrosh[12] dit que le Sanhédhrin a d'abord laissé sa place dans le complexe du Béth Hammiqdosh et se réunissait sur les marchés du Har Habbayith. Le Ṭalmoudh[13] ajoute que cela s'est produit quarante ans avant la destruction du Béth Hammiqdosh, lorsque les Romains ont dépouillé le Sanhédhrin de sa capacité à juger les cas passibles de la peine capitale. Le Sanhédhrin a ensuite été retiré du Har Habbayith et convoqué ailleurs dans la ville de Jérusalem. Quelque temps avant la destruction du Béth Hammiqdosh, il a déménagé à Yavnah, puis à `ousho`, et dans un certain nombre d’autres endroits avant son dernier emplacement à Tibériade. Il est ensuite prophétisé dans ce Midhrosh, sur base de versets de Yasha´yohou, que le nouveau Sanhédhrin sera restauré à l'époque de Moshiaḥ, spécifiquement à partir de Tibériade où il s'est réuni pour la dernière fois.

 

Aujourd'hui, bon nombre d’autorités rabbiniques croient que nous serions entrés dans la période des « talons du Moshiaḥ ». Et ainsi, après de nombreuses années de délibération et de planification, en 2004, un grand groupe de rabbins s'est réuni à Tibériade pour rétablir le Sanhédhrin, voulant accomplir la prophétie mentionnée dans le Midhrosh. Parce que la Halokhoh oblige une majorité de rabbins de la Terre Sainte à accepter une telle initiative, une vaste campagne de marketing a d'abord été lancée, diffusant plus de 50 000 brochures aux rabbins israéliens. Ceux qui étaient considérés comme les « grands de la génération » ashkénazes et séfarades de l'époque, le Rav Elyashiv et le Rav Yoseph, respectivement, ont accepté de rétablir la Samikhoh et ont convenu de l’identité de celui qui obtiendrait en premier la première ordination, bien qu'ils n'aient pas soutenu vocalement un nouveau Sanhédhrin, ils n'ont pas non plus beaucoup parlé de toute l'initiative en public.

 

La première personne à avoir reçu la Samikhoh était Ribbi Môshah Halberstam (1932-2006). Le rabbin Halberstam a été choisi parce qu'il était un érudit renommé et un Rô`sh Yashivoh, et plus important encore, parce qu'il était un symbole rare d'unité qui avait de grandes relations avec sa communauté Ḥarédhi ainsi qu'avec le monde orthodoxe moderne et religieux sioniste au sens large. Le rabbin Halberstam a accepté l'ordination, mais non sans une grande controverse au sein des communautés Ḥassidiques dont il faisait partie. Il a ensuite ordonné le rabbin Dôv Levanoni (1922-2019), après quoi il n'a plus rien eu à voir avec l'initiative. Le rabbin Levanoni était un ancien au sein de la communauté ḤaBa’’D, et considéré comme le plus grand expert au monde sur le Béth Hammiqdosh. Le rabbin Levanoni a ensuite ordonné le rabbin Ṣavi Idan, un activiste vocal qui s'efforce toujours d'accroître la souveraineté juive sur le Har Habbayith.

 

C'est le rabbin Ṣavi Idan qui a rassemblé plus de 100 rabbins à Tibériade en octobre 2004 pour rétablir officiellement le Sanhédhrin. Il a ordonné 70 rabbins et ils l'ont nommé Nosi` temporaire. Environ un an plus tard, le Sanhédhrin a choisi à l'unanimité le rabbin Adin Steinsaltz (1937-2020, décédé il y a deux semaines) comme nouveau Nosi`. Il a accepté à contrecœur, disant qu'il ne serait qu'une figure de transition, et a finalement démissionné en 2008. Le nouveau « Sanhédhrin » a gagné peu d'acceptation ou de reconnaissance dans le monde juif, et n'a pas été en mesure d'accomplir grand-chose. Nous devons donc continuer à attendre que Moshiaḥ lui-même vienne et rétablisse correctement l’antique conseil des Anciens qui a commencé avec Môshah Rabbénou il y a si longtemps.



[1] Davorim 17 :8-12

[2] Versets 16-17

[3] Voir Yaroushlami, Shabboth 1 :4.

[4] Makkôth 1 :10

[5] Voir Midhrosh Shir Hashshirim Rabboh 7 :3.

[6] Versets 27-28.

[7] Antiquités Judaïques 14 :5

[8] Ibid., 13 :3

[9] Yavomôth 62b

[10] Voir par exemple la Mishnoh de `ovôth 6 :3.

[11] Voir Mishnéh Ṭôroh, Hilkôth Sanhédhrin 4 :11.

[12] Yalqout Shim´ôni, Yasha´yohou 429

[13] Shabboth 15a

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