mercredi 20 novembre 2019

Le Rov Sa´adhyoh Go`ôn sur la réincarnation


בס״ד

Le Rov Sa´adhyoh Go`ôn sur la réincarnation

Ce qui suit est tiré du Livre des Croyances et Opinions du Rov Sa´adjyoh Go`ôn :

Cependant, je dois dire que j'ai trouvé certaines personnes, qui se disent juives, professant la doctrine de la métempsychose (réincarnation), désignée par elles comme la théorie de la « transmigration » des âmes. Ce que cela signifie par là, c'est que l'esprit de Ra`ouvén est transféré à Shim´ôn et ensuite à Léwi et ensuite à Yahoudhoh. Nombre d'entre eux allaient jusqu'à affirmer que l'esprit d'un être humain pouvait entrer dans le corps d'un animal ou celui d'un animal dans le corps d'un être humain, entre autres absurdités et stupidités.

Cependant, cela en soi, indique à quel point ils sont stupides. Car ils tiennent pour acquis que le corps d'un homme est capable de transformer l'essence de l'âme pour en faire une âme humaine, après avoir été l'âme d'un animal. Ils supposent en outre que l’âme elle-même est capable de transformer l’essence d’un corps humain au point de la doter des traits de l'animal, même si sa forme est celle de l’homme. Il ne leur suffisait donc pas d'attribuer à l'âme une nature variable en ne lui attribuant pas une essence intrinsèque, mais ils se sont contredits lorsqu'ils ont déclaré que l'âme était capable de transformer et changer le corps, et le corps capable de transformer et changer l'âme. Mais un tel raisonnement est une déviation de la logique.

Le troisième [argument qu'ils présentent] prend la forme d'un argument logique. Les mêmes disent : « Étant donné que le Créateur est juste, il est inconcevable qu'Il cause des souffrances à de petits enfants, à moins que ce ne soit pour des péchés commis par leur âme pendant la période où ils étaient logés dans leurs corps antérieurs ». Toutefois, cette opinion est soumise à de nombreuses réfutations.

La première est qu'ils ont oublié ce que nous avons mentionné au sujet de la compensation dans l'au-delà pour les malheurs vécus dans ce monde. De plus, nous voudrions leur demander comment ils conçoivent le statut originel de l'âme - nous entendons son statut lors de sa création. Est-elle chargée par son Maître de quelque obligation que ce soit de lui obéir ou non ? S'ils allèguent qu'il n'y a pas eu une telle exigence, elle ne peut pas être punie non plus, puisqu'elle n'a été chargée d'aucune obligation. Si, au contraire, ils reconnaissent l'imposition d'une telle exigence, auquel cas l'obéissance et la désobéissance ne s'appliquaient pas auparavant, ils admettent ainsi que HaShem charge Ses serviteurs d'obligations à cause de l'avenir et non pas à cause du passé. Mais ensuite, ils reviennent à notre théorie et sont obligés de renoncer à leur idée que la souffrance de l’homme dans ce monde est due uniquement à sa conduite dans une existence antérieure.

vendredi 8 novembre 2019

Pourquoi demander la pluie à partir du 4 Décembre, et cela s'applique-t-il partout ?


ב״ה

Pourquoi demander la pluie à partir du 4 Décembre, et cela s'applique-t-il partout ?


Cet article peut être téléchargé ici.

Les importantes questions suivantes me sont parvenues :

J'avais une cheela à vous poser qui m'interpelle et qui pourrait intéresser vos lecteurs du monde entier, et je ne pense pas avoir lu une réponse là dessus.

Dans la Amida on doit changer au cours de l’année les bénédictions en été et en hiver (morid hatal / morid hagechem). En Israël et en dehors d’Israël les datent diffèrent pour la 10ème berakha de la Amida. Bien que l'on mentionne la pluie à shemini atsereth dans le moussaf (en France et en Israël) dans la 3ème bénédiction, en Israël les Juifs mentionnent la pluie au début du mois de 'heshvane (Barkhenou / Barekh ), alors qu en France c'est vers le 4 ou 5 décembre.

  1. qui a décide de ces datent et pourquoi ? (Je connais la raison pour le mois de 'heshvane puisque c est lié au fait de retarder les pluies pour le retour des derniers pèlerins de Jérusalem vers chez eux et donc ne pas retarder leur retour. Mais est-ce la vraie raison? ). Pourquoi le 4 décembre en France (en Europe) et non avant ? Ou, pourquoi pas en même temps qu'Israël ?
  2. Aujourd'hui ou le calendrier hébraïque est fixe, pourquoi ne pas suivre Israël ?
  3. Pourquoi cette différence de date en Israël et en France en hiver et non pour l'été (il me semble que cela se passe à Pessa'h, sans distinction entre Israël et la France)
  4. Enfin, à l’époque lorsque les Juifs vivaient sur la même terre d’Israël tout le peuple faisait au même moment ces changements dans la Amida. Ainsi tout le monde disait barekh ou Barkhenou). Aujourd'hui qu'en est il pour des Juifs qui habitent dans l’hémisphère sud où les saisons sont à l'opposé de nos contrées (il fait l été quant ici c'est l'hiver, par exemple en Australie). Quelle est la Halakha ?

J'avais déjà apporté quelques réponses à ces questions dans l'article suivant, où j'ai rapporté cette Halokhoh du Rambo''m1 :

À partir de sept jours dans [le mois de] Marahshawon ils demandent les pluies dans la bénédiction des années tout le temps que l'on mentionne la pluie. Dans quel cas les paroles susmentionnées s'appliquent-elles ? En `aras Yisro`él. Mais à Shin´or, en Syrie, en Égypte, et les endroits qui leur sont adjacents ou qui leur ressemblent, ils demandent les pluies le soixantième jour après l'équinoxe de Tishri.
מִשִּׁבְעָה יָמִים בִּמְרַחְשְׁוָן, שׁוֹאֲלִין אֶת הַגְּשָׁמִים בְּבִרְכַת הַשָּׁנִים, כָּל זְמָן שֶׁמַּזְכִּיר הַגֶּשֶׁם. בַּמֶּה דְּבָרִים אֲמוּרִים, בְּאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל; אֲבָל בְּשִׁנְעָר וּבְסוּרְיָה וּמִצְרַיִם וּמְקוֹמוֹת הַסְּמוּכוֹת לְאֵלּוּ וְהַדּוֹמִין לָהֶן, שׁוֹאֲלִין אֶת הַגְּשָׁמִים בְּיוֹם שִׁשִּׁים אַחַר תְּקוּפַת תִּשְׁרִי

Cette Halokhoh est basée sur la Mishnoh suivante2 :





Le troisième jour de Marahshawon, ils demandent les pluies. Rabban Gamli`él dit : « Le septième jour de ce mois, quinze jour après la Fête, afin que le dernier des Israélites puisse atteindre l'Euphrate ».
בִּשְׁלשָׁה בִּמְרַחְשְׁוָן שׁוֹאֲלִים אֶת הַגְּשָׁמִים. רַבַּן גַּמְלִיאֵל אוֹמֵר, בְּשִׁבְעָה בוֹ, חֲמִשָּׁה עָשָׂר יוֹם אַחַר הֶחָג, כְּדֵי שֶׁיַּגִּיעַ הָאַחֲרוֹן שֶׁבְּיִשְׂרָאֵל לִנְהַר פְּרָת

Soukkôth (qui est surnommée הֶחָג « la Fête ») était une fête de pèlerinage pour laquelle tous les Israélites montaient à Jérusalem. Normalement, d'après la Halokhoh et le cycle des saisons en `aras Yisro`él, c'est à partir du 3 Marahshawon que l'on doit commencer à demander la pluie. Mais afin de permettre à tous les Israélites venus de Babylone de pouvoir arriver chez eux, plutôt que de prier en route (les trajets prenaient beaucoup plus de temps qu'aujourd'hui, ne l'oubliez pas), il fut décidé de s'aligner sur l'avis de Rabban Gamli`él, permettant de ne commencer à demander la pluie qu'à partir du 7 Marahshawon.

D'une certaine manière, de par ce passage, nous pouvons conclure qu'à notre époque, où nous ne pélerinons plus vers la Ville Sainte, et où les trajets prennent beaucoup moins de temps, ceux qui sont en Terre Sainte doivent commencer à demander la pluie à partir du 3 et non plus du 7 Marahshawon, qui est la véritable date de la saison des pluies.

En outre, dans le passage susmentionné du Mishnéh Tôroh, le Rambo''m précise que dans des pays tels que Shin´or (Babylone), la Syrie, l’Égypte, et tous les pays adjacents et qui leur ressemblent (c'est-à-dire, qui ont un cycle des saisons identiques à ces pays), la demande des pluies ne commencent que soixante jours après l'équinoxe de Tishri. Cette Halokhoh est basée sur Ta´nith 10a, qui déclare que dans ces pays-là c'est seulement à ce moment que les pluies commenceront à tomber.

Nous apprenons de là que contrairement à la pratique majoritaire d'aujourd'hui (défendue notamment par le Shoulhon ´oroukh3) qui consiste à faire commencer le moment de la demande des pluies pour toutes les communautés juives de la Diaspora à la même date que cela se faisait à Babylone du temps des Ga`ônim et Ri`shônim, chaque communauté de la Diaspora doit en fait commencer à demander les pluies à la date où commence généralement la saison des pluies ou l'hiver chez elle, ou lorsqu'elle a besoin de pluie chez elle en raison des fortes chaleurs. Il n'y a donc pas de date standard pour tout le monde. Et le Rambo''m le rendra plus clair encore dans la Halokhoh 19. C'est pourquoi, le Ro`''sh4 accepta que l'on prie pour la pluie en été dans des pays comme l'Espagne ou l'Allemagne, où le climat nécessite qu'il y ait de la pluie. De même, étant donné que les récoltes dans son pays allaient gravement être endommagées si de la pluie ne tombait pas au moins jusqu'à fin Novembre, il encouragea la pratique suivie en Provence consistant à demander la pluie en Marahshawon. Il en est de même pour les Juifs qui vivent actuellement dans l’hémisphère Sud, où la saison des pluies coïncide avec l'été des pays de l'hémisphère nord. Ainsi, dans la Halokhoh 19 le Rambo''m déclare :

Les localités qui ont besoin des pluies durant la saison d'été, comme par exemple les îles lointaines, demandent les pluies au moment où elles en ont besoin dans Shôméa´ Taphilloh.
מְקוֹמוֹת שְׁהֶן צְרִיכִים לַגְּשָׁמִים בִּימוֹת הַחַמָּה, כְּגוֹן אִיֵּי הַיָּם הָרְחוֹקִים--שׁוֹאֲלִין אֶת הַגְּשָׁמִים בְּעֵת שְׁהֶן צְרִיכִין לָהֶן, בְּשׁוֹמֵעַ תְּפִלָּה.

Et il n'y a pas d'exception. C'est-à-dire que cette Halokhoh s'applique réellement à tout pays ou endroit de la planète où l'on a besoin de pluie en été à cause du climat, ou dont le climat est diamétralement différent de celui de la Terre Sainte, comme par exemple les pays de l’hémisphère Sud.5 C'est ce que tranche le Talmoudh6, au nom de Ribbi Yahoudhoh Hannosi`, lorsque les habitants de Ninwéh, qui avaient besoin de pluie en plein mois de Tammouz (Juillet-Août), lui soumirent la question de savoir s'ils pouvaient demander la pluie à ce moment-là, et si oui, dans quelle bénédiction. Il leur répondit qu'ils pouvaient le faire dans la bénédiction de « Shôméa´ Taphilloh ».

En d'autres mots, lorsqu'on se trouve dans une localité au climat similaire à celui de `aras Yisro`él, et que l'on a donc besoin de pluie au même moment que durant la saison des pluies de `aras Yisro`él, la demande doit se faire dans la neuvième bénédiction des Shamônah ´asréh, comme en `aras Yisro`él (c'est-à-dire, la Birkhath Hashshonim). Mais si on a besoin de pluie en-dehors de la saison des pluies de cette localité, ou que l'on vit dans une localité au climat diamétralement différent de celui de `aras Yisro`él, on fera alors la demande dans la quinzième bénédiction.

L'une des raisons de ce problème récurent de savoir quand doit-on réellement demander les pluies dans le pays où l'on se trouve est que la plupart des Siddourim fournissent des instructions inadéquates, déroutantes et même incorrectes sur le sujet. Les Siddourim imprimés au cours des 20ème et 21ème siècles indiquent généralement que l'on commence la récitation du « Tol Oumotor » à partir du 4 décembre. D'autres mentionnent le 5 décembre et / ou le 6 décembre. Les Siddourim imprimés avant le 20ème siècle se rapportent toutefois aux 3 (ou 4 et / ou 5 décembre).

Nous avons expliqué concrètement pourquoi en `aras Yisro`él on commence à demander la pluie à partir du 7 Marahshawon (même si, à notre époque, on devrait réellement commencer à partir du 3, comme indiqué dans la Mishnoh de Ta´nith). Mais comment expliquer cette date de début décembre pour les communautés de la diaspora ?

Déjà, à l'époque même de la Mishnoh, on nous dit dans une Barrayatho`7 que Hananyoh, qui vivait à Babylone, a rapporté que les Juifs de la région attendaient jusqu'au soixantième jour de l'équinoxe [d’automne]. Cette déclaration est suivie de l'affirmation de Shamou`él que la Halokhoh suit Hananyoh.

La date donnée par Hananyoh était שישים יום בתקופה « Shishim Yôm Battaqouphoh » (que nous avons traduit ici par « le soixantième jour de l’équinoxe [d’automne] ». Le terme תקופה « Taqouphoh » est employé dans le Talmoudh pour indiquer une saison (hiver, printemps, etc.) ou le début d’une saison (solstice ou équinoxe). Par conséquent, « soixante jours dans la Taqouphoh » peut signifier soit le le soixantième jour de l'équinoxe [d'automne] ou le soixantième jour de la saison [d'automne]. Ce n'est toujours pas suffisant pour définir la date de manière concluante. Il y a deux questions qui se posent. Premièrement, le jour de la Taqouphoh doit-il être considéré comme la fin de la précédente saison ou le début de la nouvelle saison ? Deuxièmement, la prière pour la pluie commence-t-elle le
soixantième jour ou le lendemain ? Les réponses sont que le jour de la Taqouphoh est compté comme le premier jour, et la prière commence le soixantième jour. Par conséquent, la phrase de de « Tol Oumotor » commence cinquante-neuf jours après le jour de la Taqouphoh.

Lorsque les Juifs se sont retrouvés dans d'autres pays que la Babylonie, ils ont été confrontés à la question suivante : devraient-ils également prier pour qu'il pleuve en fonction des besoins de leur pays, ou doivent-ils suivre un calendrier déjà établi, soit celui de `aras Yisro`él ou celui de Babylone ? Comme les rites babyloniens étaient généralement suivis dans la majorité
de la diaspora, il est devenu la pratique générale des Juifs presque partout en dehors de la Terre d'Israël de demander la pluie aux mêmes dates que leurs coreligionnaires babyloniens. Mais c'est, comme indiqué plus haut, une pratique halakhiquement incorrecte. Et cela reflète une solution de facilité indiquant une certaine paresse intellectuelle.

La tentative la plus remarquable de modifier cette pratique erronée a été faite par Ribbénou `oshér ban Yahi`él (le Ro`''sh, c. 1250-2327). Il a essayé d'établir le principe que les Juifs dans chaque pays déciderait par eux-mêmes quand il faut dire « Tol Oumotor », en fonction des saisons de chaque pays et de leurs besoins, mais il fut attaqué par ses contemporains. Le fait qu’une autorité aussi réputée n’ait pas réussi dans cet effort rendait pratiquement impossible que question soit à nouveau soulevée, du moins en Europe. Or, il est primordial, pour la crédibilité du judaïsme et de la Halokhoh de réexaminer sérieusement le sujet. (Le problème s’est posé dans un contexte différent lorsque les Juifs se sont installés dans
l'hémisphère sud, où l'ordre des saisons est inversé. L’opinion rabbinique générale a été que le modèle babylonien devrait toujours être suivi.) Le résultat aberrant est que les Juifs de toute la diaspora fixent leur calendrier liturgique en fonction des besoins agricoles de l’Irak, le site de la Babylone antique, et se mettent à prier pour la pluie soixantième jour après l'équinoxe d'automne, quels que soient les besoins et les conditions locaux.

Étant donné que la date de « Tol Oumotor » à Babylone donnée dans le Talmoudh est basée sur un phénomène du système solaire, l’équinoxe, il est clair que le calendrier civil et solaire est utilisé pour déterminer la date. Ce qui n'est pas encore clair, c'est la date réelle en usage. Si la prière pour la pluie doit être dite en commençant le soixantième jour après l'équinoxe, pourquoi le 4 ou le 5 décembre ? L'équinoxe, comme nous le savons, tombe le 22 ou le 23 septembre. Le soixantième jour suivant serait le 20 ou 21 novembre. Comment se fait-il que nous marquions maintenant « soixante jours à compter de la Taqouphoh » le soir du 4 ou 5 décembre ? Ce n'est vraiment pas difficile à comprendre. Mais pour répondre à cette question, nous devons faire un détour pour expliquer le fonctionnement du calendrier solaire en 4 étapes.

  1. Le calendrier julien

Dans le calendrier julien, l’année solaire est exactement de 365 1/4 jours. C'est-à-dire 365 jours plus 6 heures supplémentaires. C'est aussi la longueur de l'année d'après le grand sage talmudique du 2ème siècle, Shamou`él de Nahardé´o`. Et c'est la longueur supposée de l'année solaire qui est encore utilisée aujourd'hui dans les calculs juifs. Or, la durée réelle de l’année tropicale (c’est-à-dire un cycle complet de saisons) est légèrement plus courte: 365 jours, 5 heures, 48 minutes et 46 secondes. C’est une différence de moins de douze minutes. Pas grand chose, à vrai dire. Et vous auriez raison de vous dire cela, sauf que sur un siècle, cette différence représente environ trois quarts d'une journée. Ainsi, chaque siècle, le calendrier julien (365,25 jours) est en retard sur la durée réelle de l’année de trois quarts d'une journée.

  1. Le calendrier grégorien

Sur des centaines d'années, cette différence s'est accrue, ce qui est devenu un réel problème pour l'Église, alors que Pâques tombait chaque fois un peu plus tôt dans le calendrier. L'équinoxe de printemps (un véritable événement solaire) était tombé le 21 mars dans le calendrier julien, mais il avait glissé au cours des siècles jusqu'au 11 mars. Cela a bouleversé le calcul de Pâques. Pour corriger cela (et d'autres problèmes), le pape Grégoire a retiré dix jours du calendrier. Par décret papal, le dernier jour du calendrier julien était le 4 octobre 1582. Le lendemain était devenu le premier jour du calendrier grégorien, le 15 octobre 1582. À présent, l'équinoxe de printemps tomberait le 21 mars et tout le monde serait heureux.

  1. Les rabbins se sont bornés à suivre l'opinion de Shamou`él

Plutôt que de suivre ce changement, il a été ignoré par les rabbins du début de la période moderne. Ils auraient préféré se tromper avec Shamou`él (qu'ils croient faussement être la position « traditionnelle ») plutôt que d'avoir raison avec le pape. Ils se sont tenus aux dix jours manquants. La date de la demande des pluies en 1582 a donc été décalée de 10 jours au 1er décembre. En 1700, année bissextile du calendrier julien, mais pas du grégorien, la date passa au 2 décembre. Mais en 1900, trois jours supplémentaires de dérapage s'étaient accumulés, et on passa au 4 décembre (5 décembre en années juives divisibles par quatre). Il n'a pas glissé en 2000, cette année étant une année bissextile selon les calendriers grégorien et julien. Le calendrier de Shamou`él compte maintenant 13 jours de retard sur le Grégorien.

  1. Il suffit d'ajouter les 13 jours manquants

Si vous ajoutez treize jours supplémentaires aux soixante jours prescrits par le Talmoudh, vous arrivez au… 4 décembre ! Je vous l'avez dit que c'était facile.

Ainsi, les Juifs orthodoxes d'aujourd'hui déterminent la date pour commencer à prier pour la pluie en s'appuyant sur trois erreurs :
  1. ils adoptent le calendrier babylonien / irakien au lieu de prendre en compte les saisons dans les pays où ils se trouvent ;
  2. ils se basent sur un calcul erroné de la durée du cycle solaire remontant à Shamou`él ;
  3. et se rendant compte que ce calcul est erronée, mais ne voulant pas donner raison au pape Grégoire, ils ajoutent les 13 jours manquants aux 60 prescrits par le Talmoudh.

Donc, la pratique actuelle consistant à attendre le 4 décembre pour prier pour la pluie en dehors d'Israël est non seulement une erreur, mais contrevient également à la Halokhoh et ignore la réalité de chaque région. En outre, au prochain siècle, le décalage entre le calendrier de Shamou`él et le calendrier grégorien s’accentuera, et la date pour commencer à demander la pluie changera à nouveau. Ce qui est complètement fou et pas en phase avec les réalités des saisons.

Les Juifs sont appelés à l'excellence intellectuelle. Faisons donc preuve d'intelligence en demandant la pluie suivant la saison réelle du pays où l'on vit. Comme l'ont expliqué en détails le Ro`''sh8 et le Rambo''m9, le calendrier de demande des pluies est lié aux besoins locaux.
1Hilkôth Taphilloh Ouvirkhath Kôhanim 2:18
2Ta´nith 1:3
3`ôrah Hayyim 117:1
4Voir dans le Tour et le Béth Yôséph, `ôrah Hayyim 117
5Voir le Rambo''m, Commentaire sur la Mishnoh, Ta´nith 1:3
6Ta´nith 14b
7Ta´nith 10a
8Tashouvoh 4:10
9Commentaire sur la Mishnoh, Ta´nith 1:3

mardi 5 novembre 2019

Pourquoi peut-on enseigner la Tôroh aux chrétiens mais pas aux musulmans d'après le Rambo''m ?


ב״ה

Pourquoi peut-on enseigner la Tôroh aux chrétiens mais pas aux musulmans d'après le Rambo''m ?


Cet article peut être téléchargé ici.

Il y a quelques temps j'avais publié un article intitulé « Musulmans et Chrétiens : Peut-on leur enseigner la Tôroh ? », dans lequel je rapportais une Tashouvoh du Rambo''m où il tranchait que bien qu'il était permis d'enseigner la Tôroh aux Chrétiens, nous ne devons pas l'enseigner aux Musulmans. Certaines raisons avaient été données, et je vais davantage développer ce sujet dans le présent article.

Au cours des dernières années, j'ai beaucoup échangé oralement et par courriers électroniques avec des musulmans chiites et sunnites. Nos conversations abordaient aussi bien la religion que la politique. Quand on parle de religion avec un musulman, on comprend vite que l'Islam, tout en se référant aux Juifs (et aux chrétiens) en tant que « peuples du Livre » (le livre étant la Bible), considère les écritures juives comme ayant été complètement corrompues au fil du temps et même délibérément adultérées par les Juifs, le tout dans le but supposé de cacher de prétendus passages qui annonceraient Mouhammad et l'islam.

Voici d'ailleurs ce qui est dit dans le hadith suivant (citant Mouhammad)1 :

Rapporté par Ubaidullah bin ‘Abdullah: ‘Abdullah bin ‘Abbas a déclaré: « Ô le groupe des musulmans! Comment pouvez-vous interroger les gens des Écritures sur quoi que ce soit alors que votre Livre qu'Allah a révélé à votre Prophète contient les dernières informations d'Allah et qu'il est pur et non déformé ? Allah vous a dit que les peuples des Écritures (Juifs et Chrétiens) ont modifié certains Livres d'Allah, les ont déformé, ont écrit quelque chose de leurs propres mains et ont déclaré: ''Cela vient d'Allah'', de manière à obtenir un gain mineur. Les connaissances qui vous sont parvenues de devraient-elles pas vous empêche de les questionner? Non, par Allah, nous n’avons jamais vu un homme d’entre eux vous poser des questions à ce sujet (le Livre Al-Qur`an) qui vous a été révélé.

En d’autres termes, le Qur`an enseigne que la Bible juive, bien que pouvant contenir quelques allusions au fait qu’elle a été révélée par Dieu, est à présent totalement peu fiable. Une telle attitude freine presque immédiatement la recherche d’un terrain d'entente commun entre Juifs et musulmans; il devient impossible de faire valoir des arguments et des significations plus précises sur base des Écritures. Les prophéties bibliques sur l’avenir glorieux du peuple d'Israël n’ont aucune signification pour un musulman (et sont même exaspérantes, car elles contredisent la conquête prophétique du monde par l’islam), tout comme les prétentions bibliques juives concernant la Terre d’Israël.

S'étant complètement coupé des sources bibliques juives (tout en prétendant se fonder sur elles), il n'est donc pas étonnant que l'Islam n'ait pas encore fait de recherches approfondies sur leur propre version de la théologie du remplacement, ainsi que sur l'anti-judaïsme omniprésent dans la société musulmane en général. Les musulmans sont généralement silencieux au sujet des maux causés aux Juifs au nom de leur religion depuis le fondement même de l'islam, alors que beaucoup de chrétiens font cet examen de conscience depuis des décennies. Les chrétiens respectent les Écritures juives en tant que sainte Parole de Dieu et, pour certains d'entre eux, cette révérence leur permet de réexaminer leurs propres croyances chrétiennes et de les confronter à la Bible hébraïque.

Le Rambo''m (Maïmonide), l'un des plus grands commentateurs Juifs de la Tôroh et de la philosophie, n'a pas ignoré ces différentes approches sur les Écritures juives.

Halakhiquement parlant, à cause du culte qu'ils rendent à un homme qu'ils considèrent comme un dieu, le Rambo''m considérait les chrétiens comme des adorateurs d'idoles (´ôvadhé ´avôdhoh Zoroh). Il a écrit dans son commentaire sur la Mishnoh2 :

Sache que cette nation chrétienne, qui revendique un messie, ainsi que ses nombreuses sectes différentes, est une adoratrice des idoles et que toutes ses fêtes sont interdites. Nous les traitons comme des païens pour les questions religieuses. Par conséquent, il faut savoir que dans chacune des villes de la nation chrétienne qui possède un autel, qui indique leur lieu de culte, il s’agit sans aucun doute d’une maison païenne d’idolâtrie.

Dans son Mishnéh Tôroh, émet le décret suivant3 :

Les Nôsariyim (chrétiens) sont des ´ôvadhé ´avôdhoh Zoroh, et le dimanche est le jour de leur `édh (fête). Par conséquent, il est `osour de commercer avec eux en `aras Yisro`él le jeudi et le vendredi de chaque semaine, et inutile de mentionner le dimanche lui-même, où cela est `osour en tout lieu. Et c'est ainsi qu'ils se conduisent avec eux lors de chacun de leurs fêtes.
הַנּוֹצְרִיִּים עוֹבְדֵי עֲבוֹדָה זָרָה הֶן, וְיוֹם רִאשׁוֹן יוֹם אֵידָם הוּאלְפִיכָּךְ אָסוּר לָשֵׂאת וְלָתֵת עִמָּהֶן בְּאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל, יוֹם חֲמִישִׁי וְיוֹם שִׁשִּׁי שֶׁבְּכָל שַׁבָּת וְשַׁבָּת; וְאֵין צָרִיךְ לוֹמַר יוֹם רִאשׁוֹן עַצְמוֹ, שְׁהוּא אָסוּר בְּכָל מָקוֹםוְכֵן נוֹהֲגִין עִמָּהֶן, בְּכָל אֵידֵיהֶן

Sa vision du christianisme en tant qu’idolâtrie était inébranlable. Vivre en dehors de la chrétienté et à l’écart de la censure de l’Église lui a permis de parler beaucoup plus librement du christianisme que ses frères européens ne pourraient jamais le faire. De l'autre côté, le Rambo''m considérait l’islam (au milieu duquel il vivait) comme une foi non idolâtre, car, contrairement au christianisme, il n’associait aucun partenaire à Dieu, ni ne vénérait les statues ou les images de divinités ou de personnes saintes (choses courantes dans la chrétienté). Pour cette raison, l'Islam, avec son rejet de l'idolâtrie, occupait une place privilégiée pour le Rambo''m parmi toutes les religions non juives (qu'il considérait toujours comme fausse). Il a écrit dans sa lettre à ´ôvadhyoh le Converti :

Ces Ismaélites ne sont pas du tout des adorateurs d'idoles. Le paganisme est depuis longtemps retranché de leur bouche et de leur cœur et ils vénèrent le Dieu unique correctement et sans aucune tache.

Néanmoins, tout en accordant un statut monothéiste à l’islam, le Rambo''m n’avait finalement pas beaucoup d'estime pour l’islam ni pour son fondateur, qualifiant Mouhammad de « faux prophète » et de « fou », écrivant ceci dans son épître au Yémen :

Après [Jésus] s'est levé le fou qui a imité son précurseur [Jésus], puisqu'il lui a ouvert la voie. Mais il a ajouté l'objectif supplémentaire consistant à obtenir la domination et la soumissions [talb al-mulk; poursuite de la souveraineté] et il a inventé ce qui était bien connu [l'islam].

Le christianisme et l'islam étaient à ses yeux de fausses religions, mais pour le Rambo''m, les chrétiens avaient un avantage considérable sur les musulmans. De manière tout à fait remarquable, considérant sa faible opinion du christianisme, le Rambo''m pensait clairement que c’était les chrétiens, et non les musulmans purement monothéistes, qui avaient beaucoup plus de chances de découvrir les vérités enfermées dans la Tôroh et d’autres écritures juives. Tout cela était dû au fait que les chrétiens, contrairement aux musulmans, considéraient que les Écritures juives avaient une validité continue, n'ayant pas été corrompues par les Juifs, mais préservées de manière surnaturelle par Dieu Lui-même. (Bien qu'il faille noter qu'historiquement, certains chrétiens accusaient les Juifs de corrompre leurs propres Écritures pour cacher les allusions qui s'y trouveraient sur Jésus et la Trinité, et préféraient des traductions grecques ou latines « supérieures », écrites par l'Église, renonçant au texte hébreu utilisé par les Juifs) . Puisque les musulmans ont rejeté l'authenticité des Écritures juives, les considérant comme fausses et mensongères, mais que les chrétiens leur accordaient un grand respect et une grande vénération, le Rambo''m a donné son accord pour enseigner la Tôroh et le judaïsme aux chrétiens mais pas aux musulmans, permettant ainsi de rapprocher les chrétiens de la foi juive :

Il est permis d'enseigner les commandements aux chrétiens et de les attirer dans notre religion, mais il n'est pas permis de faire la même chose avec les Ismaélites.

La vision infiniment plus révérencielle des écritures juives dans le christianisme aide à expliquer le nombre beaucoup plus important de chrétiens qui se convertissent au judaïsme ou qui adhèrent aux lois Noahides telles qu'elles ont interprétées par les rabbins.
1Boukhari, Volume 9, Livre 93, n°614
2´avôdhoh Zoroh 1:3
3´avôdhoh Zoroh Wahouqqôth Haggôyim 9:4

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