lundi 28 novembre 2016

Le nom du huitième mois de notre calendrier

ב״ה

Étymologie des mots dans la Langue Sainte

Le nom du huitième mois de notre calendrier


Cet article peut être téléchargé ici.

Nous avions expliqué dans l'article intitulé « Les noms babyloniens du calendrier hébraïque » que les noms actuels des mois de notre calendrier provenaient de Babylone, et bon nombre de ces noms apparaissent dans les livres postexiliques du TaNa''Kh. Ce ne sont donc pas des « innovations » rabbiniques, contrairement à ce que certains prétendent. Plusieurs des noms de ces mois sont tirés des noms d'anciennes divinités, comme par exemple « Tammouz », dont le TaNa''Kh dit clairement que c'était le nom d'une idole.1

Nous sommes actuellement dans le mois de Marahshawon, qui touche à sa fin dans quelques jours. Le nom de ce mois est tiré de sa place dans le calendrier. En akkadien (la langue babylonienne/assyrienne), le ו et le מ ont des sons interchangeables. En raison de cela, Marahshawon, qui est une combinaison de deux mots « Marah » et « Shawon », se prononçait « warahshamon » en akkadien, correspondant à l'hébreu יֶרַח שְׁמִינִי « Yarah Shamini – huitième mois. » Ce mois est donc appelé « Marahshawon » tout simplement parce qu'il est le huitième mois du calendrier, à partir de Nison.

De nombreuses sources attestent que le nom d'origine de ce mois est bien Marahshawon et non Hashwon. Chaque fois que le huitième mois est mentionné dans la Mishnoh ou la Gamoro`2, il est appelé Marahshawon. Il en est de même dans les Targoumim. Tout au long des commentaires de Rash''i ז״ל sur le TaNa''Kh et le Talmoudh, il fait également référence à ce mois exclusivement par le nom Marahshawon.3 Le Ramba''m ז״ל ou encore le `ibn ´azro`4 ז״ל se réfèrent eux aussi à ce mois uniquement par le nom Marahshawon.

De nos jours, le mois de Marahshawon est fréquemment appelé à tort « Hashwon » (Heshvan, dans la prononciation de la majorité des Juifs d'aujourd'hui), et cela a fait naître de nombreuses légendes autour de cette erreur. La plus connue est que le nom d'origine du huitième mois était Hashwon mais que plus tard on décida de le surnommer Marahshawon (le Hashwon amer), soit parce qu'il s'agirait du seul mois de notre calendrier sans fête, soit parce que ce serait le mois durant Soroh `imménou ע״ה serait décédée5, soit parce que c'est le mois durant lequel a commencé et s'est achevé le déluge. À cause de toutes ces connotations négatives, certains ont même développé le Minhogh de s'abstenir de se marier en Marahshawon. Et comme il a été dit précédemment, de nombreuses autres légendes et erreurs sont attachées au nom de ce mois.

Il convient de restaurer la vérité en toute chose. Le nom de ce mois n'a jamais été « Hashwon » et on ne l'a jamais changé en « Marahshawon », qui est en réalité le nom réel de ce mois, et dont la signification est « huitième mois » an akkadien et n'a aucune connotation d'amertume.

Bonne fin de mois de Marahshawon !

1Yahazqé`l 8:14
2Voir, par exemple, Ta´anith 1:3-4, Pasohim 94b, Rô`sh Hashonoh 7a, 11b, etc.
3Voir, par exemple, son commentaire sur Rô`sh Hashonoh 11b, 16b, Bésoh 40a, etc.
4Voir son commentaire sur Wayyiqro` 25:9

5Il n'existe aucune source fiable pouvant attester du fait que ce serait bien durant ce mois-là qu'est décédée Soroh `imménou

jeudi 24 novembre 2016

Jouer à la loterie

ב״ה

Jouer à la loterie


Cet article peut être téléchargé ici.

Question :

Je voudrais savoir Est-ce qu'il nous est permis de jouer à un jeu de hasard, comme au loto par exemple, sans pour autant mettre tous ses bénéfices et salaires dans ces jeux. Mais halakhiquement parlant est-ce que cela nous est permis ?

Réponse :

Voilà une question très intéressante.

Beaucoup de religieux font l'erreur de croire que jouer à la loterie est interdit d'un point de vue halakhique, et ils s'appuient en cela sur la Mishnoh1 qui déclare que celui qui joue aux dés n'est plus valable en tant que témoin. La Gamoro` commente cette Mishnoh et donne deux raisons à l'interdiction des jeux de hasard qui impliquent de l'argent ou des biens : la est que les joueurs n'acquièrent pas l'argent les uns des autres de bon cœur, mais jouent uniquement à des fins de l'emporter. Lorsque quelqu'un perd et donne son argent à l'autre joueur, on ne considère pas qu'il a renoncé à son argent de bon cœur mais par contrainte. Si tel le cas, on s'empare de l'argent de quelqu'un qui ne voulait pas vraiment y renoncer mais qui a impliqué son argent uniquement en tant que `asmakhto` (engagement conditionnel). Or, engager quelque chose en tant que `asmakhto` n’équivaut pas à un engagement de plein droit. Par conséquent, lui prendre son argent équivaut à de la גְּנֵבָה « Ganévoh » (vol). La deuxième raison est qu'il n'est pas édifiant de gagner sa vie de la sorte, sans travailler. Ainsi, si quelqu'un a une profession fixe et ne joue que de façon occasionnelle à ce genre de jeux, il ne peut pas être invalidé comme témoin.

Mais tout cela ne s'applique qu'aux jeux de hasard et aux paris entre personnes lorsqu'il y a de l'argent ou des biens d'autrui en jeu. On ne peut appliquer cela aux loteries nationales. Pourquoi ? Premièrement, la loterie nationale cède cet argent aux gagnants de bon cœur, puisque le but de la loterie nationale est justement que des gens puissent gagner de l'argent. De ce fait, l'argent de la loterie nationale n'est pas non plus engagé en tant que `asmakhto`. Ainsi, il n'y a ni Ganévoh ni `asmakhto`, et jouer à la loterie ne peut donc pas du tout être comparé au fait de jouer aux dés ou à des jeux de paris entre amis.

Deuxièmement, celui qui joue à la loterie cède son argent avant même le tirage au sort. Par conséquent, il a déjà cédé ce qu'il pourrait perdre (c'est-à-dire qu'il n'a pas engagé son argent comme `asmakhto` mais comme quelque chose de définitif), ce qui fait que s'il perd le gagnant n'est pas en train de prendre quelque chose que le perdant n'avait pas vraiment cédé.

Troisièmement, dans un jeu de loterie nationale il n'y a pas du tout de compétition entre deux joueurs (ou plus), contrairement aux jeux de dés et de cartes. Plutôt, c'est un processus complètement aléatoire, et il n'y a donc pas de `asmakhto` lorsque le joueur joue à quelque chose d'aléatoire qui ne nécessite aucune habilité particulière.

Ainsi, d'un point de vue strictement halakhique, il n'est pas défendu de jouer au loto ou autres jeux de la loterie nationale.

Tout cela étant dit, il est démontré que ce genre de jeux peuvent causer une grave addiction, de sorte que certaines personnes s'endettent réellement à force d'acheter des tickets de loterie. Par conséquent, il convient de le faire avec modération et ne pas dépenser tout son argent dans ce genre d’activités. D'ailleurs, le Talmoudh enseigne que les gens qui ont l'habitude de parier et de jouer à des jeux de hasard ne contribuent en rien à cette société et font eux aussi partie de ceux qui ne peuvent pas être considérés comme des témoins valables et recevables. Cela ne doit donc pas devenir une chose habituelle, mais doit rester occasionnelle.

En résumé :

La Halokhoh interdit strictement tous les jeux de hasard et de paris entre personnes qui impliquent de céder de l'argent ou des biens. La raison à cela est que lorsque quelqu'un parie une certaine comme d'argent ou un de ses biens, il n'abandonne jamais vraiment son argent et son bien parce qu'il est convaincu de pouvoir gagner son pari. Par conséquent, s'il perd son pari, la personne qui prend son argent ou son bien est considérée comme une « voleuse » parce qu'elle s'empare d'une chose que son propriétaire cède à contrecœur.

Mais la loterie nationale est différente parce que dès le moment où la personne achète son ticket, elle a déjà cédé son argent et accepté de le perdre, puisque l'argent qu'il a donné pour son ticket ne peut plus lui être rendu. C'est une transaction financière définitive à laquelle il consent de bon cœur et volontairement. En outre, la loterie nationale cède son argent également de bon cœur et volontairement, et est même ravie qu'il y ait des gagnants, sans compter que le processus étant totalement aléatoire il n'y a pas de réelle compétition entre les joueurs. Par conséquent, jouer à la loterie n'est pas la même chose que jouer aux jeux de hasard et paris dénoncés par le Talmoudh.

De ce fait, il n'existe aucune source halakhique pouvant interdire d'acheter un ticket de la loterie nationale. Il convient néanmoins de faire preuve de modération afin de ne pas tomber dans l'addiction et risquer d'investir tout son argent dans ces activités qui sont totalement improductives pour la société lorsque l'on en fait une habitude.


1Sanhédhrin 34:2

lundi 21 novembre 2016

La foi israélite et l’idolâtrie

ב״ה

La foi israélite et l’idolâtrie


Cet article peut être téléchargé ici.

Nous lisons dans la Tôroh le verset suivant1 :

`adhônoy marchait devant eux, le jour, par une colonne de nuée qui leur indiquait le chemin, la nuit, par une colonne de feu destinée à les éclairer, afin qu'ils pussent marcher jour et nuit.
וַיהוה הֹלֵךְ לִפְנֵיהֶם יוֹמָם בְּעַמּוּד עָנָן, לַנְחֹתָם הַדֶּרֶךְ, וְלַיְלָה בְּעַמּוּד אֵשׁ, לְהָאִיר לָהֶם--לָלֶכֶת, יוֹמָם וָלָיְלָה

Nous voyons que dans Son immense amour, HaShem י״ת pourvoyait aux besoins physiques des Israélites. De même, Il S'arrangea pour que leurs vêtements et chaussures ne s'usent pas une seule fois durant les quarante années passées dans le désert, et Il fit tomber la manne, le Pain du Ciel, afin qu'ils aient toujours à manger (durant les jours de la semaine, chacun recevait une seule portion. Par contre, une double portion leur était accordée vendredi afin qu'ils n'aient pas à aller en chercher le jour du Shabboth). De même, Il leur accorda de l'eau durant les quarante années passées dans le désert grâce au puits miraculeux de Miryom ע״ה. De même, dans le deuxième paragraphe du Shama´, Il nous promet que si nous Lui restons fidèles en obéissant aux commandements qu'Il nous a imposés dans la Tôroh, Il accordera « la pluie en sa saison »2, et nous savons que le mot « pluie » désigne aussi les bénédictions matérielles. Ainsi, HaShem nous promet que si nous faisons notre part (Le servir, et nous focaliser sur nos devoirs et obligations spirituelles), Lui fera aussi Sa part (Il pourvoira à tous nos besoins physiques et matériels).

Le Talmoudh3 raconte l'histoire de `ônqalôs ז״ל (neveu d'Hadrien, l'empereur romain) qui se converti à la foi israélite et s'en alla étudier dans une Yashivoh à Jérusalem. Son oncle entra dans une vive colère lorsqu'il apprit sa conversion et envoya des soldats pour le capturer et l'emmener enchaîné à Rome, mais `ônqalôs parvint à les convaincre de se convertir eux aussi à la foi israélite.

L'empereur envoya une deuxième délégation de soldats, et cette fois-là il leur donna ordre de n'avoir aucune conversation avec `ônqalôs mais de l'arrêter sur le champ ! Alors qu'ils étaient en train de l'emmener, `ônqalôs leur dit : « Si un simple soldat et un capitaine marchent ensemble la nuit, le simple soldat tient la torche pour éclairer le capitaine. Si un capitaine et un général marchent ensemble la nuit, le capitaine tient la torche pour le général. Si un général et un gouverneur marchent ensemble la nuit, le général tient la torche pour le gouverneur. Mais l'empereur tient-il la torche pour quelqu'un ? » Les soldats répondirent : « Non, car l'empereur est la plus haute autorité du pays ! » `ônqalôs leur répliqua : « HaShem est le Roi des rois, et pourtant, quand les Israélites quittèrent l’Égypte, HaShem éclaira le chemin pour eux par une colonne de feu ! » Quand ils entendirent la sagesse de `ônqalôs, ils se convertirent tous à leur tour à la foi israélite.

L'empereur envoya un troisième groupe de soldats, les avertissant d’absolument s'abstenir d'avoir la moindre discussion avec `ônqalôs et de ne pas répondre si jamais il leur posait une question. Alors qu'ils s'apprêtaient à l'emmener, `ônqalôs plaça sa main sur la Mazouzoh de la porte d'entrée de sa maison et se mit à rire. Les soldats ne purent contenir leur curiosité et lui demandèrent la raison pour laquelle il riait. `ônqalôs leur répondit : « Un roi humain s'assoit à l'intérieur de son palais pendant que ses serviteurs gardent les portes. Tandis que pour nous, HaShem veille à nos portes pendant que nous, Ses serviteurs, sommes assis à l'intérieur, ainsi qu'il est dit4 : יהוה, יִשְׁמָר-צֵאתְךָ וּבוֹאֶךָ-- מֵעַתָּה, וְעַד-עוֹלָם - `adhônoy protégera tes allées et venues, dès maintenant et pour l'éternité ! » Là encore, tous les soldats se convertirent à la foi israélite, et l'empereur abandonna l'idée de capturer `ônqalôs, son neveu.

Pourquoi `ônqalôs décida-t-il de faire mention de ces concepts pour attirer les soldats à la foi israélite ? Et pourquoi ses arguments furent-ils efficaces ? La réponse se trouve dans la différence fondamentale entre la foi israélite et la ´avôdhoh Zoroh (idolâtrie). Les idolâtres voient leurs dieux comme étant des êtres puissants mais limités qui ont besoin des services de leurs adorateurs. En apportant des offrandes et en accomplissant le culte de leurs idoles, ils sont comme des serviteurs qui pourvoient aux besoins d'un roi. L'idole et ses prêtres restent focalisés sur le spirituel, alors que le reste des adorateurs de cette idole se focalisent sur le matériel et le physique, satisfaisant ainsi leurs propres désirs. Le seul devoir qu'ils ont à l'égard de l'idole et ses prêtres consiste à pourvoir aux besoins matériels et physiques de cette idole et ses prêtres. En accomplissant ce devoir, ils achètent le droit de mener leurs vies comme bon leur semble, car leurs offrandes apportées à leur idole et ses prêtres ont « calmé » l'idole et « attiré » sur eux ses faveurs.

Mais dans la foi israélite, HaShem est vu comme étant l'entité ultime au niveau de la perfection et ne manque absolument de rien et n'a besoin de rien. Il ne nous a pas créés parce qu'Il avait besoin de nous pour Le servir ou pourvoir à Ses besoin. Il nous a plutôt créés afin de répandre Ses bontés sur nous, dont la plus grande expression sera la récompense dans le ´ôlom Habbo`, que nous gagnons par l'intermédiaire de l'accomplissement des Miswôth dans le ´ôlom Hazzah. Nos obligations spirituelles nous ont été données pour notre bien, afin de rendre meilleures nos âmes et nos vies, et non pour « calmer » la Divinité ni pour apporter la moindre amélioration chez Elle, car Elle n'a pas besoin, pour ainsi dire, de notre ´avôdhoh. Le travail de l'Israélite consiste à se focaliser autant que possible sur son bien-être spirituel, et d'avoir confiance dans le fait qu'HaShem Lui-même prendra soin de ses besoins physiques et matériels. HaShem éclaire le chemin pour nous, Il protège nos maisons et pourvoie à tous nos besoins physiques et matériels, de sorte que nous puissions continuer à vivre et nous atteler à notre tache de rendre meilleures nos âmes et nos vies à travers la ´avôdhath HaShem. Quand `ônqalôs expliqua ces choses aux soldats, ils se rendirent compte que le Dieu des Israélites est le seul vrai Dieu, Qui est parfait et n'a besoin de rien de la part de l'homme, alors que dans les autres religions les fidèles sont, en réalité, exploités par leurs idoles et leurs prêtres.

La rédemption que les Israélites attendent suivra le même schéma que la foi israélite : quand nous nous focaliserons sérieusement sur le processus spirituel de la Tashouvoh, alors HaShem prendra soin de l'aspect physique et matériel, de sorte que nous pourrons nous consacrer tout entier à atteindre des objectifs spirituels plus élevés. Quand nous aurons fait notre part du pacte, HaShem nous apportera la rédemption, ramènera Lui-même nos exilés, bâtira Lui-même la Terre Sainte, nous donnera le Béth Hammiqdosh et accordera à l'humanité un Royaume d'équité et de justice dirigé par Moshiah. Il nous accordera une abondance de tout afin que nous puissions nous consacrer tout entier à la Tôroh et la ´avôdhath HaShem.

Notre devoir est de nous consacrer au spirituel tout en ayant foi qu'HaShem est Celui Qui Pourvoie pour le physique et le matériel !

Cette comparaison entre la « torche » qu'HaShem a tenu pour nous afin de nous éclairer lors de la sortie d’Égypte et notre future rédemption est faite par le Midhrosh5 :

Quand le Saint, béni soit-Il, a fait sortir [le peuple d']Israël d'Égypte, Il a tenu une torche et a marché [pour ainsi dire] devant eux, ainsi qu'il est dit : וַיהוה הֹלֵךְ לִפְנֵיהֶם « et `adhônoy marchait devant eux ». Et de même en sera-t-Il le jour où Il les fera sortir de `adhôm (Edom), ainsi que le dit Yasha´yohou6 : כִּי-הֹלֵךְ לִפְנֵיכֶם יהוה, וּמְאַסִּפְכֶם אֱלֹקֵי יִשְׂרָאֵל « Car `adhônoy marchera devant vous ; le Dieu d'Israël sera votre arrière-garde »

(Ce passage de Yasha´yohou nous indique clairement que le SEUL qui initiera notre rédemption sera HaShem LUI SEUL !)

Mais beaucoup de Juifs aujourd'hui ont schématisé leur « rédemption » en suivant le modèle de la ´avôdhoh Zoroh. Les plus religieux parmi les sionistes prétendront qu'ils croient encore que HaShem enverra le Moshiah, mais ils ont inversé notre rôle et celui d'HaShem. Selon leur opinion, notre rôle consiste à prendre soin de tous les aspects physiques et matériels de la rédemption : ramener le peuple juif vers la Terre Sainte, offrir au peuple juif un abris, un lieu de refuge, conquérir la Terre Sainte, coloniser et construire la Terre Sainte, établir un gouvernement, pourvoir à la nourriture et à l'argent, mettre en place une armée pour protéger les frontières de l'État et former des espions d'élites pour assurer les intérêts de l'État. Quant à HaShem, dans leur idéologie, Son rôle consistera à S'occuper de tous les aspects spirituels de la rédemption. Ainsi, la « rédemption » sioniste actuelle est l'opposée exacte de la foi israélite.

1Shamôth 13:21
2Davorim 11:14
3´avôdhoh Zoroh 11a
4Tahillim 121:8
5Shamôth Rabboh 15:17

6Yasha´yohou 52:12

lundi 14 novembre 2016

Couvrir sa tête constamment

ב״ה

Exposer les fausses notions

Est-il réellement défendu à un homme de ne pas couvrir sa tête ?


Cet article peut être téléchargé ici.

L'un des mythes les plus répandus par le judaïsme dit « orthodoxe » est que les hommes auraient une obligation religieuse d'avoir constamment la tête couverte, que ce soit lorsqu'ils sont seuls chez eux ou en public. Ils prétendent même qu'il serait défendu de faire la moindre bénédiction en ayant la tête découverte, ou encore de parcourir ne serait-ce que quatre `ammôth (1,80 mètre) la tête découverte. C'est pour toutes ces raisons que vous ne verrez jamais un Juif qui se dit « Orthodoxe » la tête découverte. Il porte toujours soit uniquement une Kippoh/Yarmoulko`/Kappele (vous l'appelez comme vous le voulez), soit une Kippoh/Yarmoulko`/Kappele avec un chapeau par-dessus, soit encore une Kippoh/Yarmoulko`/Kappele avec un Shtreimel par-dessus (généralement pour le Shabboth et Yôm Tôv chez les Hasidhim). Mais est-ce réellement la Halokhoh telle que nous l'avons reçue de nos Sages, de mémoire bénie ?

Les « Orthodoxes » citent généralement comme Halokhoh Rabbi Yôséph Qa`rô ז״ל, qui a écrit ceci dans son Shoulhon ´oroukh1 : ולא ילך ארבע אמות בגילוי הראש (מפני כבוד השכינה « Et il ne parcourra pas quatre `ammôth la tête découverte (par respect pour la Shakhinoh). » Ils vous diront donc qu'étant donné que c'est écrit dans le Shoulhon ´oroukh c'est qu'il y aurait une obligation de respecter cette règle (alors qu'il y a de nombreuses règles mentionnées dans le Shoulhon ´oroukh qu'ils ne respectent pas, comme nous l'avons démontré à maintes reprises à travers divers articles). Mais sur quoi cela repose-t-il ?

Voici ce que nous lisons dans l'ouvrage intitulé « Shoulhon ´oroukh Hammaqousér »2 (qui est un abrégé du Shoulhon ´oroukh reprenant les us et coutumes des communautés juives yéménites s'étant détournées en pratiques originelles des Yahoudhé Témon et du Mishnéh Tôroh pour adopter le Shoulhon ´oroukh et bon nombre des pratiques séfarades) :

Il est défendu de parcourir quatre `ammôth ou de faire sortir de sa bouche une parole de sainteté la tête découverte. Les mineurs aussi il est nécessaire de les habituer à couvrir leurs têtes afin qu'ils aient la crainte des Cieux, comme ce que nous trouvons au sujet de Rov Nahmon bar Yishoq : les astrologues [Chaldéens] avaient dit à sa mère que son fils serait un voleur. Et elle ne le laissait pas découvrir sa tête et lui disait de couvrir sa tête afin que la crainte des Cieux soit sur lui. Et c'est une mesure de piété d'avoir sa tête couverte durant la nuit comme durant le jour, c'est-à-dire pendant que l'on dort. Et on s'est accoutumé ainsi.
אסור לילך ארבע אמות, או להוציא מפיו דבר שבקדושה, בגילוי הראש. וגם הקטנים צריך להרגילם לכסות ראשם, כדי שיהיו יראי־שמים. וכמו שמצינו ברב נחמן בר יצחק, שאמרו החוזים בכוכבים לאמו שבנה יהיה גנב. ולא הניחתו לגלות ראשו, והיתה אומרת לו שיכסה ראשו כדי שתהיה עליו יראת שמים. ומדת חסידות להיות ראשו מכוסה בלילה כמו ביום דהיינו בשעת שינה, וכן נוהגים

Ce paragraphe susmentionné fait référence à une histoire rapportée dans le Talmoudh3 pour justifier le fait d'éduquer les enfants à eux aussi se couvrir constamment la tête. Or, ce récit talmudique fut précisément rapporté pour nous faire comprendre qu'il s'agissait là d'un acte exceptionnel, qui n'était pas la norme ! Que se couvrir la tête constamment n'était pas la norme même pour les adultes dans les temps talmudiques se démontre aisément. Dans un autre passage du Talmoudh nous lisons ceci4 :

Ribbi Yahôshoua´ ban Léwi a dit : « Il est défendu à un homme de parcourir quatre `ammôth dans une posture droite5, ainsi qu'il est dit6 : ''La terre entière est remplie de Sa gloire''. » Rov Houno`, le fils de Rov Yahôshoua´, ne parcourait pas quatre `ammôth la tête découverte. Il disait : « La Shakhinoh est au-dessus de ma tête ! »
אמר רבי יהושע בן לוי אסור לאדם שיהלך ארבע אמות בקומה זקופה שנא' מלא כל הארץ כבודו רב הונא בריה דרב יהושע לא מסגי ארבע אמות בגילוי הראש אמר שכינה למעלה מראשי

De ce passage, il apparaît clairement que ce qui a été défendu est le fait de parcourir quatre `ammôth en donnant une impression d'arrogance. Sur base de cette interdiction, Rov Houno` ז״ל s'imposa lui-même la rigueur de ne jamais parcourir quatre `ammôth en ayant la tête découverte, de façon à constamment être animé d'un sentiment d'humilité et ne jamais en arriver à avoir un comportement hautain ou arrogant. De par le fait que le Talmoudh prenne le temps de nous décrire ce que faisait Rov Houno` il ressort plus que clairement que l'écrasante majorité des gens n'agissaient pas comme lui, et que ce n'était qu'une Houmroh personnelle !

Dans un autre passage talmudique7, il est rapporté que Rov Houno`, toujours, demanda à être béni pour n'avoir jamais parcouru quatre `ammôth la tête découverte. Là encore, il est plus qu'évident que si le Talmoudh le rapporte c'est que c'était un comportement exceptionnel que l'on ne voyait pas chez tout le monde, ou la majorité des gens.

Ailleurs dans le Talmoudh8, il est rapporté que Rov Hisdo` ז״ל fit à Rov Houno` (encore lui) l'éloge de Rov Hamnouno` ז״ל pour sa grandeur. Rov Houno` demanda à Rov Hisdo` de le prévenir la prochaine fois que Rov Hamnouno` lui rendrait visite, afin qu'il puisse également le rencontrer. Lorsqu'il le vit, Rov Houno` remarqua que Rov Hamnouno` ne portait pas de turban sur sa tête, et il lui demanda « Comment se fait-il que tu n'aies pas de turban sur ta tête ? » Il lui répondit : « C'est parce que je ne suis pas encore marié ! » Sur ce, Rov Houno` détourna son regard de Rov Hamnouno` et déclara : « Prends garde à ne plus te présenter devant moi avant que tu ne sois marié ! » De ce passage, nous voyons qu'à Babylone, il y avait un Minhogh selon quoi les hommes mariés devaient couvrir leurs têtes d'une certaine façon, et cela sous-entend que les hommes non mariés ne couvraient pas leurs têtes. Mais rien n'est dit sur le fait que les hommes mariés avaient constamment ce couvre-chef sur leurs têtes. Au contraire, le Talmoudh insiste à plusieurs reprises pour nous dire que l'attitude de Rov Houno` faisait partie des cas d'exception. En d'autres mots, bien qu'à Babylone on ne commençait à se couvrir la tête qu'une fois marié, il n'y avait néanmoins pas d'obligation pour un homme marié de toujours avoir sur sa tête un couvre-chef.

Par contre, en `Aras Yisro`él, aussi bien les hommes mariés que ceux qui ne l'étaient pas pouvaient porter un turban. Nous le voyons notamment de part la bénédiction que HaZa''L ont demandé de faire lorsqu'on met son turban sur la tête le matin.9 Néanmoins, le porter constamment n'était pas non plus une obligation. Par contre, c'était la pratique des Talmidhé Hakhomim d'avoir presque tout le temps la tête couverte en public. Quant aux autres, cela n'était recommandé que pour la prière. C'est ainsi que le Ramba''m ne mentionne jamais une obligation de se couvrir la tête même dans le contexte de la prière et précise qu'avoir constamment la tête couverte en public n'est exigé que pour les Talmidhé Hakhomim. Mais certaines personnes pour vous convaincre que se couvrir la tête lorsque l'on prie est une obligation halakhique vous citerons le passage suivant du Mishnéh Tôroh du Ramba''m10 : וְלֹא יַעֲמֹד לַתְּפִלָּה בַּאֲפֻנְדָּתוֹ, וְלֹא בְּרֹאשׁ מְגֻלֶּה « On ne se lèvera pas pour la prière [uniquement] dans son tricot de corps, ni avec la tête découverte. » Ils vous diront : « Vous voyez, même le Ramba''m écrit que l'on doit se couvrir la tête en priant. » Mais ce qu'ils ne vous disent pas est que le chapitre 5 des Hilkôth Taphilloh Ouvirakhath Kôhanim est consacré à des pratiques liées à la prière qui ne sont que recommandées mais ne sont pas obligatoires en elles-mêmes. C'est ainsi qu'à la Halokhoh 1, il écrit ceci :

Celui qui prie a besoin de veiller à huit choses, et les accomplir. Mais s'il était dans une situation de difficulté, ou dans un cas de force majeure, ou qu'il a transgressé et ne les a pas accomplies, cela n'empêche pas [la prière d'être valide]. Et les voici : 1) être debout, 2) la direction du Sanctuaire, 3) la préparation du corps, 4) la préparation de la tenue, 5) la préparation du lieu, 6) le contrôle de la voix, 7) l'inflexion, et 8) la prosternation.
שְׁמוֹנָה דְּבָרִים, צָרִיךְ הַמִּתְפַּלֵּל לְהִזָּהֵר בָּהֶן וְלַעֲשׂוֹתָן; וְאִם הָיָה דָּחוּק, אוֹ נֶאֱנָס, אוֹ שֶׁעָבַר וְלֹא עָשָׂה אוֹתָן--אֵינָן מְעַכְּבִין. וְאֵלּוּ הֶן--עֲמִידָה, וְנֹכַח הַמִּקְדָּשׁ, וְתִקּוּן הַגּוּף, וְתִקּוּן הַמַּלְבּוּשׁ, וְתִקּוּן הַמָּקוֹם, וְהַשְׁוָיַת הַקּוֹל, וְהַכְּרִיעָה, וְהַהִשְׁתַּחֲוָיָה

La recommandation de couvrir sa tête en priant est inclue par le Ramba''m au point 4, celui qui concerne la préparation de la tenue. Mais bien que cela soit fortement recommandé, celui qui n'aura pas couvert sa tête, que ce soit volontairement ou involontairement, sa prière reste valable. Pourquoi ? Parce que du point de la vue de la Halokhoh, il n'y a que deux parties du corps qu'il est obligatoire de couvrir lorsqu'on fait la prière : les parties génitales et la poitrine. C'est ainsi qu'au chapitre 4, qui rapporte les règles obligatoires (et non des recommandations, contrairement au chapitre 5), le Ramba''m écrit ceci :

7. Le recouvrement de la nudité : Comment [s'applique-t-elle] ? Même si on a couvert sa nudité de la manière dont on la couvre pour la récitation du Shama´11, on ne doit pas prier tant que l'on n'aura pas couvert son cœur12. Et si on n'a pas couvert son cœur, ou qu'on est dans une situation de contrainte, puisqu'on a couvert sa nudité et prié, on est quitte. Mais Lakhattahilloh, on ne le fera pas.
ז  כִּסּוּי הָעֶרְוָה כֵּיצַד: אַף עַל פִּי שֶׁכִּסָּה עֶרְוָתוֹ כְּדֶרֶךְ שֶׁמְּכַסֶּה לְקִרְיַת שְׁמַע, לֹא יִתְפַּלַּל, עַד שֶׁיְּכַסֶּה אֶת לִבּוֹ; וְאִם לֹא כִסָּה לִבּוֹ, אוֹ שֶׁנֶּאֱנַס וְאֵין לוֹ בְּמַה יְכַסֶּה, הוֹאִיל וְכִסָּה עֶרְוָתוֹ וְהִתְפַּלַּל, יָצָא; וּלְכַתְּחִלָּה, לֹא יַעֲשֶׂה

Cela se trouve dans le Talmoudh lui-même, que la seule chose exigée lorsque l'on prie est de couvrir ses parties génitales et aussi, de préférence, sa poitrine.13

Pour de plus amples informations, je vous renvoies à la lecture de la série d'articles intitulés « Les lois relatives à la prière », que vous pourrez trouver sur le blog sur la colonne de droite, et dans lesquels on été détaillées chacune des Halokhôth des six premiers chapitres des Hilkôth Taphilloh Ouvirakhath Kôhanim..

De tout cela, nous pouvons clairement voir qu'il n'y a aucune obligation pour un homme d'avoir constamment la tête couverte, aucune obligation non plus de la couvrir même pour la prière (et encore moins pour réciter des bénédictions), et pas d'interdiction de parcourir quatre `ammôth sans rien sur la tête.

Notez que seuls des individus d'une extrême piété et crainte des Cieux se couvraient constamment la tête dans les temps talmudiques, car ce n'est pas quelque chose qui est à la portée du premier venue. Malheureusement, de nos jours, étant donné que tout le monde, sous la pression « orthodoxe », a pris l'habitude de se couvrir constamment la tête pour indiquer qu'il est religieux ou pratiquant, nous voyons énormément de personnes, même (et surtout) parmi les Harédhim/Hasidhim qui commettent des péchés terribles même en ayant la tête couverte ! Rien que ce seul fait démontre à lui tout seul qu'il n'existe aucun lien de causalité entre le fait de se couvrir la tête et le niveau de religiosité de quelqu'un. En d'autres mots, ce n'est pas parce que quelqu'un se couvre la tête que tout d'un coup il est un être d'une piété extraordinaire. En réalité, à moins d'avoir atteint à niveau spirituelle réellement élevé, comme celui de Rov Houno`, il pourrait être un Hilloul HaShem de constamment se couvrir la tête ; puisque c'est le symbole de la crainte des Cieux exceptionnelle d'une personne, commettre des fautes la tête couverte est pire que les commettre la tête découverte.

Il serait de loin préférable que l'écrasante majorité des Juifs n'aient pas constamment la tête couverte, que ce soit en privé ou en public, parce qu'ils donnent d'eux une image qui est complètement fausse ou pas en phase avec qui ils sont vraiment ! (Voir l'article intitulé « Dis peu mais fais beaucoup. ») Beaucoup d'hommes se sentent oppressés par la pression communautaire, qui les oblige à se couvrir tout le temps la tête, même lorsqu'ils comprennent au fond d'eux qu'ils ne sont pas au niveau requis pour le faire. Certains développent une grande hypocrisie en se couvrant la tête en public pour être tranquille, mais restent têtes découvertes à la maison. Ce n'est pas pour rien que dans le Talmoudh et le Mishnéh Tôroh l'acte de couvrir la tête n'a pas été demandé à tous, mais uniquement aux Talmidhé Hakhomim. Il est plus qu'essentiel de comprendre cela.

La prochaine fois que vous vous trouverez quelque part sans rien sur la tête et désirez faire une bénédiction, ne faîtes pas comme ceux qui ridiculisent sans le savoir notre foi en plaçant leur main ou un mouchoir sur la tête pour pouvoir faire une bénédiction. C'est un acte complètement stupide et inutile. Gardez donc à l'esprit qu'en dépit de tous les discours que vous entendez auprès des « Orthodoxes », il n'existe aucune interdiction de prononcer une bénédiction sans s'être couvert la tête, tout comme vous ne faîtes rien de mal à paraître en public la tête découverte.

N'oubliez pas que les voies de la Tôroh ne sont que délices et plaisirs et que tous ses sentiers ne mènent qu'à la paix14, et non à la frustration, à l'hypocrisie ou à l'imposture !

1`ôrah Hayim 2:4
2`ôrah Hayim 3:5
3Shabboth 156b
4Qiddoushin 31a
5C'est-à-dire d'une façon arrogante
6Yasha´yohou 6:3
7Shabboth 118b
8Qiddoushin 29b
9Barokhôth 60b
10Hilkôth Taphilloh Ouvirakhath Kôhanim 5:5
11C'est-à-dire, en couvrant les parties génitales, qui est le minimum requis pour pouvoir réciter le Shama´.
12C'est-à-dire, sa poitrine.
13Voir Barokhôth 24b-25a

14Mishlé 3:17

dimanche 13 novembre 2016

Dis peu mais fais beaucoup

ב״ה

Dis peu mais fais beaucoup !


Cet article peut être téléchargé ici.

La Mishnoh1 nous rapporte la maxime suivante au nom de Shamma`y : אֱמוֹר מְעַט וַעֲשֵׂה הַרְבֵּה « Dis peu mais fais beaucoup ! »

Nos Sages, de mémoire bénie, sont très critiques concernant les modalités par lesquelles ´aphrôn céda finalement la grotte de Makhpéloh à `avrohom `ovinou ע״ה lorsque ce dernier lui proposa de la lui acheter afin d'y enterrer son épouse, Soroh `imménou ע״ה, puisqu'à l'origine ´aphrôn s'était proposé de lui offrir ce terrain gratuitement2 mais exigea finalement que notre Patriarche lui paye le tarif plein de quatre cent pièces d'argent3. HaZa''l4 citent ´aphrôn comme une illustration parfaite de l'adage qui dit : « L'impie dit beaucoup mais ne fait même pas un peu ! » Bien qu'il commença par s'exprimer en des termes très généreux et prolixes de sa volonté de céder gratuitement la grotte, à la fin il n'accorda même pas une petite réduction à `avrohom `ovinou sur la valeur du terrain ! Le Ramba''m ז״ל cite ce passage talmudique dans son commentaire sur le proverbe rapporté par Shamma`y ז״ל dans la Mishnoh susmentionnée.

Il est très intéressant de noter qu'un peu plus loin, toujours dans ses commentaires sur ce chapitre de la Mishnoh5, le Ramba''m s'étend davantage sur la valeur de la שְׁתִיקָה « Shathiqoh », c'est-à-dire le silence. Son exposé se rapporte à la remarque faite par Rabban Shim´ôn ban Gamli`él ז״ל, rapportée dans la Mishnoh, qui déclare ceci : כָּל יָמַי גָּדַלְתִּי בֵין הַחֲכָמִים, וְלֹא מָצָאתִי לַגּוּף טוֹב אֶלָּא שְׁתִיקָה « Toutes mes années j'ai grandi au milieu des Sages, mais je n'ai rien trouvé de meilleur pour le corps que le silence. » En commentant sur cette remarque et la valeur générale du fait pour quelqu'un de réduire ses paroles au strict minimum plutôt que de trop parler, le Ramba''m classe toutes les discussions humaines en cinq catégories :

  1. les discussions dont il est une Miswoh de parler, comme par exemple les paroles de la Tôroh ;
  2. les discussions prohibées, comme par exemple le Loshôn Hora´ (médisance) et la Rakhilouth (colportage) ;
  3. les discussions futiles et sans but, comme par exemple des sujets sans valeur ou insignifiants ;
  4. les discussions qui doivent être encouragées, comme par exemple parler de l'importance de la Tôroh ;
  5. les discussions neutres, c'est-à-dire qui touchent aux préoccupations quotidiennes, comme par exemple les sujets relatifs la Parnosoh, à la nourriture, à l'habillement, etc.

Il écrit qu'il est évident que la recommandation faite par la Mishnoh de parler peu ne peut s'appliquer aux premières et quatrièmes catégories, puisque ces discussions sont bénéfiques et louables. De même, poursuit-il, la Mishnoh ne peut se référer ici aux deuxièmes ou troisièmes catégories, car il est évident que l'on doit faire l'effort d'éviter les discussions inclues dans ces catégories. Ainsi, la Mishnoh parle forcément ici de la cinquième catégorie, qui inclut les discussions qui ne sont intrinsèquement ni admirables ni condamnables. Parler d'un sujet qui entre dans cette catégorie est clairement autorisé, écrit le Ramba''m, mais néanmoins il est recommandé de limiter ses discussions même par rapport à ces domaines de la vie.

Il vaut la peine de signaler que le Ramba''m ne fait, dans ce contexte-ci, aucune mention de la maxime de Shamma`y, « Dis peu mais fais beaucoup. » Comme nous l'avons vu, cet adage dans une Mishnoh antérieure (la Mishnoh 15), tandis que la remarque de Rabban Shim´ôn ban Gamli`él apparaît dans une Mishnoh distincte (la Mishnoh 17), et le Ramba''m les traite donc dans deux commentaires indépendants. Cela nous amène à nous poser la question suivante : Où se trouve la différence précise entre les deux déclarations, « Dis peu mais fais beaucoup » et « Je n'ai rien trouvé de meilleur pour le corps que le silence » ?

« Dis peu mais fais beaucoup » exprime une valeur plus spécifique que la vertu générale de la Shathiqoh. Comme nous l'avons vu dans le commentaire du Ramba''m, la gestion de la vente de la grotte de Makhpéloh par ´aphrôn sert de prototype de la personne qui agit à l'opposé de l'exhortation lancée par la Mishnoh, qui parle beaucoup mais fait peu (voire ne fait rien du tout). Cette Mishnoh traite donc du phénomène particulier des gens qui se présentent comme quelqu'un qu'ils ne sont pas vraiment, qui parlent comme s'ils étaient généreux et aimables, mais sont en vérité égoïstes et pingres. « Dis peu mais fais beaucoup » ne se réfère donc pas à la valeur générale du fait de parler le moins possible, mais souligne plutôt l'importance de se présenter honnêtement et fidèlement. Cette maxime nous enseigne qu'il est immoral de gagner le respect, l'admiration ou la confiance de quelqu'un en parlant plus intègrement qu'on ne l'est réellement, en présentant une image qui ne correspond pas à son vrai caractère.

Que quelqu'un aspire à une position, cherche à conclure un accord, ou tente de créer une amitié, c'est son droit de se présenter sous son meilleur profil, mais à la condition que ce « profil » qu'il présente fasse réellement partie de qui il est, à la condition qu'il présente une image précise de ses talents et qualités, plutôt que de donner une impression fausse et trompeuse.

1`ovôth 1:15
2Baré`shith 23:11
3Ibid., verset 16
4Talmoudh, Bavo` Masia´ 87a

5`ovôth 1:17
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...