mercredi 29 octobre 2014

Qôl Ba`ishoh ´arwoh : Deuxième Partie

ב״ה

Qôl Ba`ishoh ´arwoh


Deuxième Partie

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Après avoir cité dans la première partie la source qui est utilisée pour interdire d'écouter une femme chanter et vu qu'il n'était pas évident de tirer une telle conclusion des propos de Shamou`él ז״ל, mais qu'ils concernaient plutôt le fait d'entendre parler une femme ou de parler à une femme, nous allons voir dans cette deuxième partie comment les différents Pôsqim ont compris et interprété les propos de Shamou`él selon quoi קול באשה ערוה « Qôl Ba`ishoh ´arwoh – la voix d'une femme est une nudité ».

  • Ceux qui ne mentionnent même pas les propos de Shamou`él

Le Ri''f ז״ל fut l'un des Pôsqim les plus influents du Judaïsme, à tel point que le Ramba''m ז״ל déclare qu'il s'est appuyé sur le Ri''f, dans son Mishnéh Tôroh, à plus de trente reprises.1 Le Ri''f composa un livre qui porte le nom de הלכות הרי״ף « Hilkôth HaRi''f », mais est souvent appelé תלמוד קטן « Talmoudh Qoton – le Petit Talmoudh », parce qu'il tranche les Halokhôth en résumant chaque Soughyoh se trouvant dans le Talmoudh. Dans ce livre, il omet tous les passages de nature `aggadique et la majorité des débats rapportés dans chaque Soughyoh, pour ne garder que la décision finale que l'on doit considérer comme étant la Halokhoh.

Or, dans la Soughyoh de Barokhôth 24a, le Ri''f omet complètement les opinions des quatre `ammôro`im cités par le Talmoudh, comme le soulignent Rabbi Zakharyoh Halléwi2 ז״ל et le Ra`ava''d3 ז״ל.

Dans son commentaire sur la Soughyoh de Qiddoushin 70a-b, le Ri''f rapporte quelques-unes des phrases de Shamou`él citées par Rov Yahoudhoh ז״ל, mais omet la phrase קול באשה ערוה « Qôl Ba`ishoh ´arwoh – la voix d'une femme est une nudité ».

Tout cela signifie qu'aux yeux du Ri''f, toutes ces déclarations faites par les quatre `ammôro`im, dans Barokhôth 24a, ne sont pas de nature halakhique, mais `aggadique.

  • Ceux qui interdisent de parler aux femmes ou à certaines femmes

Dans sa discussion sur la Soughyoh de Barokhôth 24a, le Ramba''m ז״ל tranche ceci4 :

Et l'entièreté du corps de la femme est une nudité. C'est pourquoi, on n'observe pas le corps de la femme lorsqu'on récite [le Shama´], et même [s'il s'agit] de son épouse. Si un Tafah de de son corps a été dévoilé, on ne récite pas [le Shama´] en lui faisant face.
וְכָל גּוּף הָאִשָּׁה, עֶרְוָה; לְפִיכָּךְ לֹא יִסְתַּכַּל בְּגוּף הָאִשָּׁה, כִּשְׁהוּא קוֹרֶא: וְאַפִלּוּ אִשְׁתּוֹ--אִם הָיָה מְגֻלֶּה טֶפַח מִגּוּפָהּ, לֹא יִקְרָא כְּנֶגְדָּהּ

Ici, nous voyons que le Ramba''m suit parfaitement l'opinion exprimée par Rébbi Yishoq ז״ל dans Barokhôth 24a, et tranche que ce passage talmudique concerne l'interdiction de regarder une femme (même sa propre épouse) lorsqu'elle expose des parties de son corps qui doivent normalement être couvertes, tandis qu'un homme est en train de réciter le Shama´. Il omet complètement l'opinion de Shamou`él.

Par contre, dans sa discussion sur les lois relatives aux relations sexuelles illicites, où le Ramba''m parle de l'interdiction donnée par la Tôroh d'entretenir une certaine proximité ou d'avoir des relations avec certaines femmes avec lesquelles nous ne sommes pas mariés, il tranche ceci5 :

Et il est interdit à un homme de faire des gestes avec ses mains et ses pieds, ou de cligner de ses yeux, en destination d'une [femme] faisant partie des ´aroyôth6. De même en est-il du fait de rire avec elle, ou se comporter avec légèreté [avec elle]. Même respirer le parfum dont elle s'est imprégnée ou admirer sa beauté, est interdit.celui qui accomplit une de ces choses intentionnellement reçoit des coups de fouet pour rébellion. Celui qui observe même le petit doigt d'une femme et a l'intention d'en tirer un plaisir, c'est comme s'il avait jeté des regards sur l'endroit obscène. Même écouter la voix d'une ´arwoh7 ou regarder ses cheveux, est interdit.
וְאָסוּר לְאָדָם לִקְרֹץ בְּיָדָיו וּבְרַגְלָיו אוֹ לִרְמֹז בְּעֵינָיו, לְאַחַת מִן הָעֲרָיוֹת; וְכֵן לְשַׂחַק עִמָּהּ, אוֹ לְהָקֶל רֹאשׁ. וְאַפִלּוּ לְהָרִיחַ בְּשָׂמִים שֶׁעָלֶיהָ, אוֹ לְהַבִּיט בְּיָפְיָהּ--אָסוּר; וּמַכִּין הַמִּתְכַּוֵּן לְדָבָר זֶה, מַכַּת מַרְדּוּת. וְהַמִּסְתַּכֵּל אַפִלּוּ בְּאֶצְבָּע קְטַנָּה שֶׁלְּאִשָּׁה, וְנִתְכַּוַּן לֵהָנוֹת--כְּמִי שֶׁנִּסְתַּכַּל בִּמְקוֹם הַתֹּרֶף; וְאַפִלּוּ לִשְׁמֹעַ קוֹל הָעֶרְוָה, אוֹ לִרְאוֹת שְׂעָרָהּ--אָסוּר

Le Ramba''m comprend donc complètement différemment les propos de Shamou`él selon quoi קול באשה ערוה « Qôl Ba`ishoh ´arwoh – la voix d'une femme est une nudité ». D'après lui, ce que Shamou`él voulait dire n'était pas que la voix d'une femme était une nudité, mais que la voix d'une femme qui est ערוה « ´arwoh », c'est-à-dire, avec laquelle on n'est pas marié et qui fait partie de la liste des femmes avec lesquelles on ne peut avoir de relations intimes, est interdite ! Le Ramba''m fait clairement référence à la voix parlante d'une femme, et non à sa voix chantante.

Cela est démontré par sa très célèbre Responsa dans laquelle il traite d'une question qui lui fut soumise, à savoir, s'il était permis d'écouter les poèmes érotiques Arabes qui étaient chantés en musique.8 Après avoir donné quatre raisons pour lesquelles cela était interdit, le Ramba''m ajoute ceci :

Et si le chanteur est une femme, il y a une cinquième interdiction, car les Sages, de mémoire bénie, ont dit : « Qôl Ba`ishoh ´arwoh », et à combien plus forte raison si elle chante.

En d'autres, d'après le Ramba''m, Shamou`él, par cette phrase de קול באשה ערוה « Qôl Ba`ishoh ´arwoh- la voix d'une femme est une nudité », faisait référence au fait d'écouter une femme parler avec légèreté, ou entretenir avec elle une discussion qui cause une proximité inappropriée. Le Ramba''m ajoute alors que s'il est déjà interdit au niveau halakhique d'écouter parler une femme dans de telles circonstances, cela est d'autant plus interdit lorsqu'elle chante des chants de ce genre !

Le Ba´al Hattourim ז״ל suit le Ramba''m, et écrit dans son Tour9, l'un des ouvrages halakhiques les plus influents et qui a inspiré la structure du Shoulhon ´oroukh, que la phrase de Shamou`él se rapporte au fait d'écouter parler une femme avec laquelle on ne peut avoir une relation et avec qui l'on n'est pas marié, lorsqu'elle tient des propos légers, ou que cela peut créer une proximité ou promiscuité (ou être perçu comme tel) inappropriée. Le Maharsha''l ז״ל suit lui aussi la compréhension du Ramba''m.10

Une opinion similaire se retrouve dans le Séfar Hasidhim, qui est attribué à Rabbi Yahoudhoh Hahosidh ז״ל, un contemporain du Ramba''m. Il écrit11 :

Un jeune homme ne doit pas enseigner à des filles la Halokhoh pratique, même si leur père est présent, par crainte que lui ou elles soient dominés par leur mauvais penchant et [en raison du fait qu'il a été dit :] « Qôl Ba`ishoh ´arwoh ». Un père doit plutôt lui-même enseigner sa fille et sa femme.

Ainsi, Rabbi Yahoudhoh Hahosidh pense lui aussi que Shamou`él faisait référence au fait d'écouter parler une femme ou une fille, lorsqu'il existe la possibilité que cela puisse créer des liens de proximité ou de promiscuité inappropriés.

C'est également l'opinion du Ri`az ז״ל, dans son `ôr Zaroua´12, ainsi que celle du Ro`''sh ז״ל, dans son Pisqé HaRo`''sh13.

  • Ceux qui interdisent de saluer une femme ou de répondre à la salutation d'une femme.

Voici ce que déclare le Ra`ava''d14 :

[…] Mais avec une autre femme15, il est sans aucun doute interdit de la regarder à quelque endroit que ce soit, même son petit doigt, ainsi que ses cheveux. Et il est interdit de l'écouter parler, comme cela est dit dans [le traité] Qiddoushin : « Saluerais-tu Yaltho` ? » Il lui dit : « Voici ce qu'a dit Shamou`él : ''La voix d'une femme est une nudité.'' ! » , et cela a été dit concernant une salutation. Tout doit être fait Lashém Shomayim !

En d'autres mots, d'après le Ra`ava''d, ce que le passage talmudique de Qiddoushin 70a-b vient nous apprendre, c'est qu'il est interdit de saluer une femme ´arwoh ou de répondre à sa salutation, ainsi que de demander de ses nouvelles, car se faisant, on donnerait l'impression de créer une relation de proximité avec cette femme.

Cette façon de lire les propos de Shamou`él est également suivie par le Rashba''` ז״ל, qui écrit ceci à propos de la règle de « Qôl Ba`ishoh ´arwoh »16 :

Il semble plutôt que seule [soit concernée] la voix de celle qui envoie des salutations17 ou qui répond à une salutation, étant donné que dans un tel cas il y a une relation de proximité.

  • Ceux qui interdisent d'écouter chanter une femme lorsqu'on récite le Shama´

Dans le rassemblement des commentaires faits par les Ga`ônim sur le Talmoudh, l'explication du Rov Hay Go`ôn ז״ל, qui devint en 998 de l'ère courante le dirigeant spirituel des Juifs de Babylonie (d'où le titre « Go`ôn »), sur la Gamoro` de Barokhôth 24a est rapportée18 :

On ne peut pas procéder [à la récitation du Shama´] tandis qu'une femme chante, parce que la voix d'une femme est une nudité... Cependant, si tandis qu'elle chante, un homme peut se concentrer sur ses prières au point de ne pas l'entendre ou de ne pas lui prêter attention, il lui est permis [de réciter le Shama´].

En d'autres mots, du contexte de Barokhôth 24a, qui concerne la récitation du Shama´ dans certaines situations qui pourraient sembler inappropriées, Horov Hay Go`ôn est d'avis que les propos de Shamou`él, קול באשה ערוה « Qôl Ba`ishoh ´arwoh – la voix d'une femme est une nudité », ne s'appliquent que dans le conteste de la récitation du Shama´, et ajoute que d'après lui, Shamou`él parlait de la voix chantante d'une femme. Néanmoins, Horov Hay Go`ôn permet à un homme de réciter le Shama´ même lorsqu'une femme est en train de chanter, s'il est capable de faire abstraction de sa voix.

Cette approche du Rov Hay Go`ôn fut suivie par un très grand nombre de Pôsqim `ashkanazim, comme Rabbi `ali´azar de Metz19 ז״ל, le Ra`aviya''h20 ז״ל, ou encore le Mordokhay21 ז״ל.

De l'autre côté, Rabbi `ali´azar de Metz ajoute une Houmroh au Pasaq du Rov Hay Go`ôn, en disant que cette interdiction d'écouter chanter une femme ne s'applique pas que pour la récitation du Shama´, mais aussi lorsqu'on désire prononcer n'importe quelle דבר קדושה « Davar Qadhoushoh – parole de sainteté »., comme par exemple lorsqu'on désire étudier la Tôroh ou réciter la ´amidhoh. Néanmoins, il conclut en disant qu'à cause de nos péchés, HaShem ית׳ nous a condamnés à vivre au milieu des nations, et par conséquent, on ne doit pas s'abstenir d'étudier pendant que des femmes non Juives chantent, dès lors que l'on est capable de se concentrer. Cette approche générale est également celle suivie par des `aharônim, comme par exemple Rabbi Yôséf Qa`rô ז״ל qui, dans son Shoulhon ´oroukh22, applique l'interdiction de « Qôl Ba`ishoh ´arwoh » non seulement au cas de la récitation du Shama´, mais aussi à n'importe quelle autre parole de sainteté.

Quant au Ra`aviya''h, il ajoute que l'on peut réciter le Shama´ pendant qu'une femme chante si on est habitué à sa voix.

  • Ceux qui interdisent d'écouter parler et chanter une femme

Un certain nombre de Pôsqim importants font une combinaison de deux approches. Ils tranchent qu'un homme ne doit pas parler à une femme (si cela crée une légèreté, etc.), sur la base du contexte de Qiddoushin 70a-b, et qu'un homme ne doit pas réciter le Shama´ lorsqu'une femme est en train de chanter, sur la base du contexte de Barokhôth 24a.

Ces Pôsqim incluent le Ra`ava''d (tel qu'il est cité par le Rashba''`23), le Mé`iri24 ז״ל, ou encore Rabbi Yôséf Qa`rô25.

  • Ceux qui interdisent d'écouter chanter toutes les femmes dans toutes les circonstances

Tous les Pôsqim qui interdirent d'écouter chanter une femme ne l'interdirent que dans le contexte de la récitation du Shama´ et d'autres paroles de sainteté (prière ou étude), mais pas en dehors. Le tout premier à avoir catégoriquement interdit d'écouter chanter une femme dans toutes les circonstances fut le Hatho''m Sôfér26 ז״ל.

En plus du fait que cette approche radicale contredit toutes les sources halakhiques que nous avons citées jusqu'à présent, nous savons que cette approche contredit également la pratique des femmes Juives qui étaient engagées pour chanter dans les maisons lors d'occasions festives, ainsi que dans les synagogues, tout au long du Moyen-Âge ! Oui, vous avez bien lu, des femmes chantaient dans des chorales devant des hommes, aussi bien dans les maisons que dans les synagogues, tout au long du Moyen-Âge, et cela n'a jamais constitué le moindre problème halakhique, parce qu'avant le Hatho''m Sôfèr, personne n'a jamais dit qu'écouter chanter une femme en dehors du contexte du Shama´, de la prière ou de l'étude, était interdit ! Même le Ramba''m, lorsqu'il a écrit dans l'une de ses Responsa susmentionnée, que « Et si le chanteur est une femme, il y a une cinquième interdiction, car les Sages, de mémoire bénie, ont dit : ''Qôl Ba`ishoh ´arwoh'', et à combien plus forte raison si elle chante », il faisait référence au fait de chanter des chants de ´arwoh, des chants pervers (comme les poèmes érotiques Arabes), mais pas au fait de chanter tout court. De ce fait, s'il n'y a pas de perversion dans le contenu des paroles et l'attitude de la femme qui chante, il n'y a pas de problème à cela, même d'après le Ramba''m. C'est pourquoi, jusqu'à aujourd'hui, les femmes Juives yéménites chantent devant des hommes lors d'occasions joyeuses (comme un mariage, par exemple), comme cela se faisait partout durant le Moyen-Âge. C'était également la pratique, jusqu'à il y a peu, des communautés juives au Maghreb de laisser les femmes chanter avec les hommes.

Malheureusement, le Pasaq Halokhoh très strict du Hatho''m Sôfèr fut adopté par de nombreux rabbins à partir du 20ème siècle, et il est désormais une norme dans les milieux Harédhim de bannir tout chant de femmes en présence d'hommes.
  • Résumé & Conclusion

Nous avons vu dans cette deuxième partie qu'il n'existe pas dans la Halokhoh une interdiction générale pour un homme d'entendre une femme chanter, aussi bien dans le Talmoudh que dans les ouvrages et commentaires halakhiques qui suivirent. C'est à la fin du 19ème siècle qu'est née cette interdiction.

L'interdiction stricte de notre époque, qui est acceptée par les Harédhim et une minorité de rabbins du courant « Orthodoxe Moderne », fut élevée au rang de Halokhoh par le Hatho''m Sôfèr. Cependant, cette opinion n'est pas en accord avec le sens simple du dicton énoncé par Shamou`él, קול באשה ערוה « Qôl Ba`ishoh ´arwoh – la voix d'une femme est une nudité », ni avec l'opinion des Ri`shônim, ni avec la pratique qui prévalait jusqu'à la fin du Moyen-Âge, où les femmes pouvaient chanter devant des hommes lors d'occasions joyeuses. (Ce qui ferait alors de tous les Juifs, jusqu'à l'époque du Hatho''m Sôfèr, des pécheurs !)

Le Ri''f a complètement ignoré le dicton énoncé par Shamou`él, certains autres Ri`shônim ont tranché, en suivant la Soughyoh de Qiddoushin 70a-b, que Shamou`él ne faisait référence qu'au fait de parler à une femme d'une façon qui pourrait sous-entendre une proximité avec cette femme, ou qui pourrait créer (ou donner l'impression de créer) une situation de légèreté. Cette façon de comprendre le principe de קול באשה ערוה « Qôl Ba`ishoh ´arwoh – la voix d'une femme est une nudité » est soutenue par le Talmoudh Yarousholmi27 (que nous avions rapporté dans la première partie), qui cite un verset biblique pour expliquer le sens des propos de Shamou`él. Le verset biblique qui est cité est tiré de Yirmayohou 3:9, qui parle de קול זנותה « Qôl Zanouthoh – la voix de sa prostitution ». En d'autres mots, c'est uniquement dans une situation où la femme parle d'une façon attrayante, pour séduire un homme, etc., ou que la discussion que l'on a avec une femme (ou la façon avec laquelle on lui parle ou qu'elle nous parle) pourrait mener à la débauche et à la légèreté, qu'il a été interdit d'écouter la voix d'une femme !

De l'autre côté, Horov Hay Go`ôn et la majorité des Pôsqim `ashkanazim, ont interprété les paroles de Shamou`él en suivant la Soughyoh de Barokhôth 24a, et ont, par conséquent, tranché qu'il voulait dire qu'il était interdit de réciter le Shama´ là où une femme chante, à cause de קול באשה ערוה « Qôl Ba`ishoh ´arwoh – la voix d'une femme est une nudité ». Mais dans des contextes autre que celui-là, écouter une femme chanter n'est pas un problème.

Enfin, certains des rabbins de Provence, ainsi que Rabbi Yôséf Qa`rô, ont tranché en faisant une fusion de ces deux derniers avis, à savoir, que d'un côté, il était interdit de parler à une femme (d'une façon qui sous-entend ou crée une certaine proximité, ce qui pourrait amener à la débauche), et que de l'autre côté, il était également interdit de réciter le Shama´ (ainsi que d'étudier la Tôroh et de prier) pendant qu'une femme chante. Et là encore, en dehors du Shama´, de l'étude et de la prière, ces Pôsqim indiquent que cette interdiction ne s'applique pas dans d'autres domaines (sauf, évidemment, lorsque les paroles du chant sont inappropriées ou que la femme se comporte d'une façon inappropriée en chantant).

1Responsa du Ramba''m n°251
2Hammé`ôr Haqqoton, Barokhôth 15b
3Cité par le Rashba''`, dans son commentaire sur le traité Barokhôth
4Mishnéh Tôroh, Hilkôth Qiryath Shama´ 3:16
5Mishnéh Tôroh, Hilkôth `issouré Bi`oh 21:2
6Terme qui désigne les femmes avec lesquelles il nous est interdit d'avoir une relation et avec lesquelles nous ne sommes pas mariés
7Le singulier de ´aroyôth
8Responsa du Ramba''m n°224
9´évan Ho´azar 21
10Il est cité par le Parishoh, dans son commentaire sur ´évan Ho´azar 21, sous-paragraphe 2.
11Séfar Hasidhim 313
121:24a, paragraphe 133
13Barokhôth, Chapitre 3, paragraphe 37
14Hashalomoh, Barokhôth Chapitre 3, au nom du Ra`ava''d
15C'est-à-dire, autre que son épouse.
16Rashba''` sur Barokhôth 24a
17C'est-à-dire, qui crée une certaine familiarité, proximité.
18sar Hagga`ônim, Barokhôth, Piroushim 102
19Séfar Yaré`im Hasholém, Paragraphe 392
20Aptowitzer, Volume 1, pages 52-53, ainsi que dans Barokhôth, Paragraphe 76
21Barokhôth, Paragraphe 80
22`ôrah Hayim 75:3 et ´évan Ho´azar 21:2
23Hiddoushé HaRashba''` sur Barokhôth 24a
24Béth Habbahiroh sur Barokhôth 24a
25`ôrah Hayim 75:3 et ´évan Ho´azar 21:1, 6
26Responsa Hatho''m Sôfèr, Hôshén Mishpot n°190

27Halloh 12b

Qôl Ba`ishoh ´arwoh : Première Partie

ב״ה

Qôl Ba`ishoh ´arwoh


Première Partie

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Le Talmoudh a-t-il interdit à un homme d'écouter chanter une femme ?

Toutes les discussions halakhiques entourant cette question sont principalement basées sur une seule phrase prononcée par le `ammôro` Shamou`él ז״ל, qui vécut à Babylone aux alentours de l'an 220 de l’Ère Courante. Certains Rabbins ont affirmé que ce qu'il voulait dire est clair. Mais comme nous le verrons plus bas et dans la deuxième partie, c'est loin d'être le cas, et il n'y a pas d'unanimité sur le sens à donner à ses propos.

La phrase de Shamou`él apparaît à trois endroits dans le Talmoudh, deux fois dans le Bavli et une fois dans le Yarousholmi. Nous citerons ces trois passages et les décortiquerons.

  1. Talmoudh Bavli, Barokhôth 24a

Cette page du Talmoudh contient une longue Soughyoh traitant de la question suivante : un homme peut-il réciter le Shama´ dans des situations impudiques, comme par exemple lorsque deux hommes partagent le même lit ou lorsqu'un homme partage son lit avec sa femme et ses enfants1 ou lorsqu'un homme a des vêtements déchirés et n'a pas couvert ses parties génitales. Le Talmoudh poursuit alors sa discussion de la façon suivante :

Rébbi Yishoq a dit : « Un Tafah2 de cheveux d'une femme est une nudité ! » Dans quel sens ? Dois-je dire [que c'est une nudité] si on les regarde ? Mais Rov Shéshath n'a-t-il pas [déjà] dit : « Pourquoi l’Écriture a-t-elle compté les ornements extérieurs3 avec les ornements intérieurs4 ? C'est pour te dire que si on regarde le petit doigt d'une femme, c'est comme si l'on avait regardé l'endroit obscène ! »5 ? Mais [Rébbi Yishoq parlait] plutôt [des cheveux] de la propre épouse [de l'homme] et lorsqu'il récite le Shama´ ! Rov Hisdo` a dit : « La cuisse d'une femme est une nudité, car il est dit6 : ''Découvre ta cuisse, traverse les rivières.''7 Et il est dit juste après8 : ''Ta nudité sera découverte ; ta honte aussi sera visible.''9 » Shamou`él a dit : « La voix d'une femme est une nudité, car il est dit10 : ''Car ta voix est plaisante et ta figure charmante.'' » Rov Shéshath a dit : « Les cheveux d'une femme sont une nudité, car il est dit11 : ''Tes cheveux sont un troupeau de chèvres.'' »
אמר רבי יצחק טפח באשה ערוה למאי אילימא לאסתכולי בה והא אמר רב ששת למה מנה הכתוב תכשיטין שבחוץ עם תכשיטין שבפנים לומר לך כל המסתכל באצבע קטנה של אשה כאילו מסתכל במקום התורף אלא באשתו ולקריאת שמע אמר רב חסדא שוק באשה ערוה שנאמר גלי שוק עברי נהרות וכתיב תגל ערותך וגם תראה חרפתך אמר שמואל קול באשה ערוה שנאמר כי קולך ערב ומראך נאוה אמר רב ששת שער באשה ערוה שנאמר שערך כעדר העזים

Contrairement à ce que certains affirment, les propos de Shamou`él ne viennent pas nécessairement interdite d'écouter chanter une femme, pour les raisons suivantes :

  1. Dans quel contexte a-t-il interdit la « voix d'une femme » ? Dans tous les contextes ou dans un contexte particulier ? En d'autres mots, est-ce que la « voix d'une femme » est interdite tout le temps, ou dans des situations particulières seulement ? Ce n'est pas dit explicitement.
  2. Bien que la Gamoro` ne donne pas le contexte dans lequel Rov Hisdo` ז״ל, Shamou`él et Rov Shéshath ז״ל ont tenu leurs propos, elle le fait pour les propos de Rébbi Yishoq ז״ל, qui est le premier `ammôro` cité dans cette Soughyoh, en précisant que lorsqu'il a déclaré que les cheveux d'une femme étaient une nudité si elle exposait un Tafah, il voulait parler des cheveux de sa propre femme (puisqu'il est évident que même moins d'un Tafah de cheveux d'une femme avec laquelle on n'est pas mariée est interdit) lorsque l'homme récite le Shama´. Rébbi Yishoq vient donc nous apprendre que lorsqu'il s'agit de sa propre femme, si, lorsqu'on récite le Shama´, elle expose plus d'un Tafah de cheveux, il ne peut alors pas réciter le Shama´, car lorsqu'il s'agit de sa propre épouse, un Tafah est le niveau de cheveux découverts à partir duquel l'homme ne peut pas réciter le Shama´, tandis qu'avec une femme qui n'est pas son épouse, même moins d'un Tafah de cheveux suffit pour qu'il ait l'interdiction de réciter le Shama´. Puisque les enseignements de ces quatre `ammôro`im apparaissent au sein de la même Soughyoh, il est plus que probable que lorsque Shamou`él a déclaré que la « voix d'une femme est une nudité », il le disait lui aussi dans le contexte de la récitation du Shama´, lorsqu'un homme est avec sa propre épouse. Puisque les propos de Rébbi Yishoq ont été expliqués, la Gamoro` n'a pas estimé nécessaire d'également expliquer le contexte des propos des trois `ammôro`im suivants. Et comme nous le verrons dans la deuxième partie, l'écrasante majorité des Pôsqim ont compris les propos de Shamou`él comme se référant uniquement au contexte de la récitation du Shama´, et non à d'autres situations. En d'autres mots, les propos de Shamou`él ne viennent pas interdire d'écouter chanter une femme dans tous les contextes.
  3. Toute cette Soughyoh concerne effectivement le fait de réciter le Shama´ lorsqu'on est en présence de la nudité d'un semblable : un homme pourrait se demander s'il a l'interdiction de réciter le Shama´ en présence de la nudité d'un autre homme, qui est donc quelqu'un du même sexe que lui et non quelqu'un du sexe opposé. Un homme marié pourrait se demander si réciter le Shama´ en présence de la nudité de sa propre épouse ou de ses propres enfants, qui sont donc sa chair et son sang, est un problème. Voilà pourquoi toute cette Soughyoh vient clarifier que même avec sa propre épouse, il existe une notion de « nudité » quant il s'agit des Miswôth, comme par exemple, sa voix, ses cheveux, ses cuisses, etc.
  4. De quoi parlait Shamou`él en disant « la voix d'une femme est une nudité » ? Parlait-il de la voix parlante d'une femme ou de la voix chantante d'une femme ? En d'autres mots, Shamou`él est-il en train de dire que lorsqu'une femme parle, c'est une nudité, ou lorsqu'elle chante ? En effet, nous sommes en droit de nous poser cette question, puisqu'il n'a pas été précisé dans quel sens le mot « voix » doit être compris. Les deux avis existent, et c'est pourquoi il existe même des sectes juives dans lesquelles les femmes ont l'interdiction de parler en présence d'hommes avec lesquels elles n'ont pas de lien familial, et d'autres communautés où un homme ne parlera jamais avec une femme qui n'est pas de sa famille, parce que « la voix d'une femme est une nudité ». Comme nous le verrons dans le deuxième passage talmudique, plus bas, c'est précisément de cette façon-là que le plus proche disciple de Shamou`él a compris l'enseignement selon quoi « la voix d'une femme est une nudité ».
  5. Et enfin, les propos de Shamou`él sont-ils réellement halakhiques, ou se peut-il qu'ils soient `aggadiques ?

Donc, quand des Rabbins nous disent qu'en lisant les propos de Shamou`él, il est évident qu'écouter chanter une femme est interdit, c'est très loin d'être le cas ! Nous allons le montrer davantage avec le deuxième passage talmudique où ses propos sont réitérés.

  1. Talmoudh Bavli, Qiddoushin 70a-b

Ces deux pages du Talmoudh contiennent une longue histoire concernant un homme originaire de Nehardea (une ville de Babylonie) qui insulta Rov Yahoudhoh ז״ל lorsqu'il visita Poumbadito` (une autre ville de Babylonie). Rov Yahoudhoh décida alors de l'excommunier et en fit un « esclave ». L'homme porta plainte contre Rov Yahoudhoh devant un Béth Din présidé par Rov Nahmon ז״ל, à Nehardea. Rov Yahoudhoh consulta son ami et collègue, Rov Houno` ז״ל, pour savoir s'il devait se rendre à la convocation, et finit par s'y résoudre et se présenta dans la maison de Rov Nahmon. Mais comme il s'y était rendu à contrecœur, il s'opposa à tout ce que Rov Nahmon disait et faisait, utilisant fréquemment les propos de Shamou`él pour discréditer Rov Nahmon. Le texte se poursuit de la façon suivante :

Il12 lui13 dit : « Que Dônagh14 vienne et serve à boire ! » Il lui répondit : « On ne doit pas faire usage d'une femme ! »15, « Elle n'est qu'une enfant ! », « Shamou`él a dit dans une explication : ''On ne doit pas faire usage d'une femme, qu'elle soit majeure ou mineure.'' ! », « Saluerais-tu Yaltho`16 ? » Il lui dit : « Voici ce qu'a dit Shamou`él : ''La voix d'une femme est une nudité.'' ! », « Il est possible [d'envoyer des salutations à une femme] par l'intermédiaire d'un messager ! », « Voici ce qu'a dit Shamou`él : ''On ne doit pas s'enquérir du bien-être d'une femme.'' ! », « [Qu'on le fasse] alors par l'intermédiaire de son mari ! », « Voici ce qu'a dit Shamou`él : ''On ne doit pas du tout s'enquérir du bien-être d'une femme.'' ! » Sa femme17 lui envoya [un message] : « Règle cette affaire avec lui, afin qu'il ne te rendes pas semblable à un ´am Ho`oras ! »18
אמר ליה תיתי דונג תשקינן אמר ליה הכי אמר שמואל אין משתמשים באשה קטנה היא בפירוש אמר שמואל אין משתמשים באשה כלל בין גדולה בין קטנה נשדר ליה מר שלמא לילתא א"ל הכי אמר שמואל קול באשה ערוה אפשר ע"י שליח א"ל הכי אמר שמואל אין שואלין בשלום אשה על ידי בעלה אמר ליה הכי אמר שמואל אין שואלין בשלום אשה כלל שלחה ליה דביתהו שרי ליה תגריה דלא נישוויך כשאר עם הארץ

Là encore, cette Soughyoh fait usage de la maxime de Shamou`él, קול באשה ערוה « Qôl Ba`ishoh ´arwoh – la voix d'une femme est une nudité ». Mais cette fois-ci, il est cité par Rov Yahoudhoh, l'un de ses principaux disciples, qui rapporte près de 500 fois dans tout le Talmoudh les enseignements qu'il a reçus de Shamou`él ! Rov Yahoudhoh comprenait les propos tenus par Shamou`él, « la voix d'une femme est une nudité », comme se référant à la voix parlante d'une femme, raison pour laquelle il refusa de saluer la femme de Rov Nahmon, car s'il la saluait, il la forcerait alors à répondre, ce qui l'amènerait à écouter la voix d'une femme !

Par conséquent, ceux qui insistent pour dire que Shamou`él a catégoriquement interdit d'écouter chanter une femme, devraient alors catégoriquement interdire à un homme d'écouter parler une femme, car « la voix d'une femme est une nudité » peut très bien être compris comme se référant à la voix parlante d'une femme, et non pas nécessairement à la voix chantante d'une femme ! Ainsi, là encore, contrairement à ce qui est dit par certains Rabbins, il n'est pas évident de conclure que les propos de Shamou`él viennent interdire d'écouter chanter une femme ! Ses propos sont beaucoup plus compliqués et subtils que cela !

  1. Talmoudh Yarousholmi, Halloh 12b (Chapitre 2, Halokhoh 1)

D'après la Tôroh19, quand quelqu'un cuit une miche de pain ou un gâteau, il est censé donner une petite portion de pâte, appelée חלה « Halloh », à un Kôhén. De nos jours, cette portion de pâte est brûlée après la récitation d'une Barokhoh particulière. La Mishnoh20 tranche qu'une femme peut s’asseoir21 et séparer la Halloh (et réciter la Barokhoh qui va avec) tout en étant entièrement nue, car sa nudité est recouverte. C'est-à-dire, étant donné que ses organes sexuels sont internes, et que lorsqu'elle est assise ils ne sont pas visibles, contrairement à un homme qui a des organes externes, le cas d'une femme qui récite une Barokhoh totalement nue est différent de celui d'un homme. Le Ramba''m ז״ל le rapporte également dans son Mishnéh Tôroh22 :

Et il est interdit de réciter une bénédiction lorsqu'on est nu, jusqu'à ce que l'on ait couvert sa nudité. Dans quel cas ces paroles s'appliquent-elles ? Dans le cas d'un homme. Mais une femme qui est assise et dont la nudité fait face à terre, peut réciter [une bénédiction].23
וְאָסוּר לַמְּבָרֵךְ לְבָרַךְ כִּשְׁהוּא עָרֹם, עַד שֶׁיְּכַסֶּה עֶרְוָתוֹ. בַּמֶּה דְּבָרִים אֲמוּרִים, בְּאִישׁ; אֲבָל אִשָּׁה יוֹשֶׁבֶת וּפָנֶיהָ טוּחוֹת בַּקַּרְקָע, וּמְבָרֶכֶת

Traitant de cette Mishnoh de Halloh 2:3, qui permet à une femme de réciter une Barokhoh si elle est nue, mais assise de façon à ce que ses organes sexuels ne soient pas visibles, le Talmoudh Yarousholmi commente ceci :

De là nous apprenons que les fesses ne sont pas interdites au titre de nudité. Ce n'est le cas que pour la récitation de la Barokhoh.24 Par contre, regarder quoi que ce soit est interdit.25 Comme nous l'avons appris : « Celui qui observe le talon d'une femme, c'est comme s'il avait observé la maison de son utérus, et celui qui observe la maison de son utérus, c'est comme s'il était allé sur elle26 ! » Shamou`él a dit : « La voix d'une femme est une nudité ! » Quelle en est la raison ? [C'est parce qu'il est écrit27 :] « C'est à cause de la voix de sa prostitution que le pays fut souillé, etc. »
הדא אמרה עגבות אין בהן משום ערוה. הדא דאת אמר לברכה. אבל להביט אפילו כל שהוא אסור. כהדא דתני המסתכל בעקיבה של אשה כמסתכל בבית הרחם. והמסתכל בבית הרחם כילו בא עליה. שמואל אמר קול באשה ערוה מה טעם והיה מקול זנותה ותחנף הארץ וגומר

Pour la troisième fois, la maxime de Shamou`él est citée au sein d'une discussion talmudique. Il ne faisait pas partie de cette discussion et ses paroles ne sont pas liées au sujet principal qui est traité ici, à savoir le fait de regarder une femme nue qui est assise et sépare la pâte pour la Miswoh de Halloh.

Là encore, les propos de Shamou`él sont très loin d'être clairs, mais il n'y a aucun indice nous permettant de conclure qu'il parlait de la voix chantante d'une femme. Au contraire, tout comme dans le cas du deuxième passage talmudique, il est beaucoup plus probable qu'il se référait à la voix parlante d'une femme.

De ce fait, si nous devions trancher quelque chose sur la base de ces trois passages talmudiques, nous pourrions tout à fait dire que Shamou`él et ses compères `ammôro`im cités dans Barokhôth 24a ne faisaient que des déclarations `aggadiques sur les dangers de regarder et écouter les femmes. De l'autre côté, nous pourrions dire, sur la base de Qiddoushin 70a-b (et probablement aussi, sur la base du Yarousholmi de Halloh 12b) que Shamou`él émettait un Pasaq Halokhoh selon quoi il est interdit de parler à une femme, ou, sur la base du contexte de Barokhôth 24a, qu'il est interdit de parler à une femme et de la voir découverte pendant qu'on récite le Shama´.

Il est par contre très clair, lorsqu'on analyse soigneusement ces trois passages, qu'aucun d'eux ne dit quoi que ce soit sur une femme en train de chanter, mais que l'on fait clairement référence à une femme qui parle !

Dans la deuxième partie, nous verrons donc comment les différents Pôsqim ont traité et compris les propos de Shamou`él, selon quoi « la voix d'une femme est une nudité ».

1Ces deux questions sont posées car dans les temps talmudiques, les gens dormaient littéralement nus dans leurs lits. C'est pourquoi, le matin, en s'habillant, on récitait la Barokhoh de מלביש ערומים « Malbish ´aroummim – qui habille ceux qui sont nus ». Par conséquent, si un homme dort dans le même lit qu'un autre homme, et que les deux sont donc nus et que leurs corps se touchent, si l'un doit encore réciter le Shama´ qui se fait sur le lit, peut-il le faire dans une telle situation ? De même, il arrivait très souvent que les parents et leurs enfants dorment tous dans le même lit. S'ils sont nus dans le lit et que vient le moment de réciter le Shama´ qui se fait sur le lit, peut-on le faire dans une telle situation ?
2Un Tafah vaut 8 centimètres
3C'est-à-dire, ceux portés sur le vêtement
4Parmi les ornements que les Israélites prirent des femmes de Midhyon (Bamidhbor 31:50), il y avait le Koumoz, une espèce de ceinture au sujet de laquelle nos Rabbins disent qu'elle était portée sous les vêtements (ce que l'on appelle « ornement intérieur »), tandis que les autres ornements étaient portés au dessus des vêtements (ce que l'on appelle « ornement extérieur »). Et les cheveux d'une femme font partie de ses ornements extérieurs. Les cheveux d'une femme sont un don qu'HaShem lui a faite pour sa beauté, et puisqu'ils sont érogènes, ils font partie des nudités. Mais l’Écriture ne fait pas de distinction entre les ornements intérieurs et extérieurs, alors que l'on aurait pu penser que les artifices de charme qui se voient (extérieurs) doivent être traités avec plus de rigueur que ceux qui ne se voient pas (intérieurs). Pourquoi l’Écriture ne fait donc pas la distinction entre les deux, mais les met sur le même pied d'égalité ?
5Il est donc évident qu'un homme ne doit pas regarder les cheveux d'une femme, et cela avait déjà été dit par Rov Shéshath. Que vient donc nous apprendre Rébbi Yishoq en nous disant qu'un Tafah de cheveux d'une femme est une nudité ?
6Yasha´yohou 47:2
7Le fait que ce verset nous parle de « découvrir » démontre que la cuisse d'une femme doit normalement être couverte et ne pas être vue
8Yasha´yohou 47:3
9Nous voyons donc bien que c'est bien une nudité que la femme est censée couvrir, et que si HaShem lui a ordonné de la découvrir, c'était en guise de punition, pour lui faire honte à cause de ses péchés, tout comme la femme Sôtoh devait découvrir ses cheveux en public en guise de punition
10Shir Hashirim 2:14
11Ibid., 4:1
12Rov Nahmon.
13Rov Yahoudhoh.
14Qui était la fille de Rov Nahmon.
15La Halokhoh prescrit qu'un homme ne peut se faire servir une coupe de vin que par sa propre femme.
16Qui était l'épouse de Rov Nahmon.
17Celle de Rov Nahmon.
18En d'autres mots, la femme de Rov Nahmon a senti que son mari se faisait humilier par Rov Yahoudhoh. Elle lui a alors fait parvenir comme message qu'il cesse ces discussions et aille droit au but, c'est-à-dire, qu'il traite avec Rov Yahoudhoh de la raison de sa convocation.
19Bamidhbor 15:17-21
20Halloh 2:3
21Lorsque les textes rabbiniques parlent de s’asseoir, ils veulent dire « s’asseoir par terre », par exemple à genou, ou les jambes croisés, au sol, et non sur une chaise
22Hilkôth Barokhôth 1:9
23Car sa nudité est de cette manière complètement recouverte
24C'est-à-dire, c'est uniquement au niveau de sa récitation de la Barokhoh que l'on ne considère pas son postérieur comme une nudité
25Ainsi, ce n'est que pour elle que cette partie de son corps n'est plus une nudité dans ce contexte précis de la récitation de la bénédiction, mais pour les autres cela reste une nudité et ils ne devront pas la regarder
26C'est-à-dire, comme s'il avait eu un rapport sexuel avec elle

27Yirmayohou 3:9
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