mardi 26 janvier 2021

Emission de semence en vain - Ribbi Yôséph Qaˋrô fit usage du Zôhar pour éliminer toute opposition

 

בס״ד

 

Emission de semence en vain : Une approche rationaliste

 


Ribbi Yôséph Qaˋrô fit usage du Zôhar pour éliminer toute opposition

 

Pour (re)lire :

·        La première partie

·        La deuxième partie

·        La troisième partie

·        La quatrième partie

·        La cinquième partie

·        La sixième partie

·        La septième partie

·        La huitième partie

·        La neuvième partie

·        La dixième partie

·        La onzième partie

·        La douzième partie

·        La treizième partie

·        La quatorzième partie

 

Cet article peut être téléchargé ici.

Dans cet article, nous allons enfin lier nos deux fils séparés ensemble, le fil qabbalistique mystique et le fil halakhique. Ribbi Yôséph Qaˋrô l'autorité halakhique la plus influente depuis l'époque du Rambo’’m, était l'auteur de deux ouvrages halakhiques majeurs. Le Béth Yôséph est écrit comme un commentaire sur le ˋarbo´oh Tourim dont nous avons discuté dans l’article précédent, et c'est une revue encyclopédique de toutes les opinions halakhiques sur les sujets couverts par le Tour. Sur la base de son Béth Yôséph, Ribbi Yôséph Qaˋrô a ensuite écrit le Shoulḥon ´oroukh, où il résume ses conclusions halakhiques. C'est devenu l'une des œuvres les plus importantes de l'histoire de la Halokhoh.

 

Le Béth Yôséph nous fournit les informations dont nous avons besoin sur la manière dont Ribbi Yôséph Qaˋrô est parvenu aux conclusions qu'il consigne dans le Shoulḥon ´oroukh. Je vous avais promis dans un article précédent que je vous montrerais comment Ribbi Yôséph Qaˋrô a introduit la Qabboloh zôharique et lurianique dans le monde halakhique en ce qui concerne la masturbation. Le moment est donc venu de tenir ma promesse.

 

Dans le Béth Yôséph, sur son commentaire du Tour ˋavan Ho´azar 23: 4, le Béth Yôséph ajoute ceci au Tour :

 

Il est écrit dans le Livre du Zôhar que l’iniquité de l’émission de semence en vain est plus grave que le reste des transgressions qui sont contenues dans la Ṭôroh. C’est pourquoi il est nécessaire d’y prendre grandement garde.

כתוב בספר הזוהר שחמור עון הוצאת זרע לבטלה מכל שאר עבירות שבתורה לכן צריך ליזהר ממנו מאד:

 

Si vous vous souvenez de notre article précédent, le Tour cite l'opinion indulgente du R’’i Hazzoqén comme étant une opinion dissidente, car il permet de répandre de la semence dans le contexte d'une relation appropriée. Les commentaires de Ribbi Yôséph Qaˋrô à ce sujet sont fascinants et révolutionnaires. Dans le Béth Yôséph,[1] il dit :

 

Et c’est une chose difficile de lui permettre de trébucher dans l’émission de semence en vain même occasionnellement, et celui qui garde son âme s’éloignera de ceci et de choses semblables à celle-ci.

ודבר קשה הוא להתיר לו להכשל בהוצאת זרע לבטלה אפילו באקראי ושומר נפשו ירחק מזה ומכיוצא בו

 

Puis dans son ouvrage ultérieur, Badhaq Habbayith,[2] Ribbi Yôséph Qaˋrô enfonce davantage le clou et déclare ceci à propos du R’’i Hazzoqén :

 

si le R’’i Hazzoqén avait vu ce qui est écrit dans le Zôhar concernant la punition pour quelqu'un qui renverse inutilement de la semence, que c'est plus grave que tout autre péché dans la Ṭôroh, il n'aurait jamais écrit ce qu'il a écrit ...

 

Essentiellement, Ribbi Yôséph Qaˋrô dit que les Ṭôsophôth et les autorités halakhiques qui n'ont pas été exposés au Zôhar, puisqu’ils vivaient avant la « révélation » ou publication du Zôhar, ne peuvent comprendre la gravité de ce péché. Les ramifications de cette déclaration sont étonnantes. Ribbi Yôséph Qaˋrô suggère qu'un Pôséq prendrait une décision halakhique différente à cause du Zôhar. D'une manière ou d'une autre, cela suggère même que les Pôsaqim pré-Zôhariques n'étaient pas aussi informés sur ces sujets que les Pôsaqim post-Zôhariques et que leurs opinions sont donc moins légitimes. C’est une affirmation très grave !

 

Ribbi Yôséph Qaˋrô codifie ensuite cela dans le Shoulḥon ´oroukh, et omet complètement l'opinion du R’’i Hazzoqén et l'une des autres opinions indulgentes que nous avons citées dans notre blog jusqu'à présent. Il vaut la peine de lire le Shoulḥon ´oroukh dans ˋavan Ho´azar chapitre 23 dans son intégralité. Je laisserai au lecteur le soin de le faire, car il serait trop long de citer le chapitre entier, mais je tiens à souligner quelques détails très importants tirés de ce chapitre :

 

1.     Nous avons mentionné dans le dernier article que le Tour a changé le mot du Rambo’’m « en revanche » (ˋavol) en « et » et comment cela suggérait que le Tour comprenait l'interdiction du Rambo’’m contre le « Niˋouph Bayodh Ouvraghal » comme une interdiction de la masturbation. C'était en contradiction avec la propre explication du Rambo’’m du terme dans son Commentaire sur la Mishnoh. Cela indiquait également que le Tour comprenait l'objection du Rambo’’m contre l'utilisation du coït interrompu comme un péché de « répandre de la semence », ce qui n'était pourtant pas ainsi que le Rambo’’m était compris avant le Tour. Ribbi Yôséph Qaˋrô va plus loin dans son Shoulḥon ´oroukh et supprime complètement le mot « et ». Cela modifie complètement notre compréhension du Rambo’’m. Maintenant, le passage du Mishnéh Ṭôroh se lit ainsi dans le Shoulḥon ´oroukh :

 

« [On ne peut pas faire de coït interrompu, on ne peut pas épouser une femme incapable de concevoir], et ceux qui se livrent à de telles pratiques et répandent de la semence en vain non seulement ils commettent un péché terrible, etc. »

 

Ce que fait la Shoulḥon ´oroukh, c'est présenter le Rambo’’m comme si la raison de l'interdiction d'épouser une personne incapable de concevoir et de se retirer et d'éjaculer de manière extravaginale était due à l'interdiction de répandre de la semence. C'est totalement le contraire de la façon dont le Rambo’’m était auparavant compris. Le « et » du Tour en a fait une liste de trois choses, tandis que la suppression du « et » le transforme en une explication des raisons pour lesquelles ces actes seraient interdits.

 

2.     Le Shoulḥon ´oroukh injecte dans sa citation du Rambo’’m la phrase qu'il a utilisée dans le Béth Yôséph, qui vient directement du Zôhar, que « Ce péché est plus grave que tout autre péché dans la Ṭôroh », phrase que le Rambo’’m n’a jamais employée.

 

3.     Le Shoulḥon ´oroukh, contrairement au Tour, omet complètement l'opinion du R’’i Hazzoqén. Il ne la rapporte même pas comme un « Yésh ˋômarim » (Il y en a qui disent), donnant l’impression qu’il n’existe aucune autre opinion divergente à la sienne.

 

4.     Le Shoulḥon ´oroukh, contrairement au Tour, omet la citation explicite du Rambo’’m de la Gamoroˋ qui permet à un mari et à sa femme de se livrer à toute activité sexuelle qu'ils désirent, y compris les relations anales, donnant l’impression que le Rambo’’m et le Ṭalmoudh n’auraient autorisé que les rapports vaginaux.

 

Il y aurait davantage de choses à souligner, mais les éléments que je viens de mentionner sont suffisants pour établir comment Ribbi Yôséph Qaˋrô a maintenant pris le Zôhar et l'a placé directement dans le royaume de la Halokhoh, et a explicitement interdit les choses qui étaient autorisées par le Ṭalmoudh lui-même et le Rambo’’m (et d'autres dont nous avons beaucoup parlé dans les articles précédents).

 

De peur que vous pensiez que le Shoulḥon ´oroukh a seulement écrit ces Halokhôth pour sembler effrayant, mais n'a pas vraiment interdit les actions explicitement autorisées dans le Ṭalmoudh et le Rambo’’m, voici une histoire du Séphar Ḥarédhim (par Ribbi ˋali´azar ban Môshah ˋaziqri 1533-1600) qui raconte une affaire concrète portée devant le Béth Din de Ribbi Yôséph Qaˋrô :[3]

 

Il y a eu un cas à Safed, en l'an 5308 (1547), en présence des grands rabbins notre maître et enseignant Rov Yôséph Qaˋrô, et notre maître notre enseignant R. Yiṣḥoq Massoud, et notre maître notre enseignant R. ˋavrohom Sholôm et mon maître enseignant, le pieux R. Yôséph Shaggis, et plusieurs autres rabbins, où une femme est venue et a déclaré que son mari avait eu des relations sexuelles avec elle contre-natures (rapports anaux) et ils l'ont excommunié, l'ont critiqué et ont dit qu'il était (digne) d'être brûlé, et à la fin (son verdict était que) ils l'ont banni de la Terre d'Israël ...

 

C'est remarquable et cela montre à quel point Ribbi Yôséph Qaˋrô a poussé le Zôhar dans le domaine de la Halokhoh pratique. Un acte explicitement autorisé par le Ṭalmoudh et le Rambo’’m, a été interdit dans la mesure où Ribbi Yôséph Qaˋrô a banni cet homme de la Terre d’Israël !

 

Il y a tellement plus à écrire. Nous pouvons discuter de la Qabboloh lurianique et de la manière dont elle s'est développée davantage sur les idées du Zôhar. Nous pouvons discuter du mouvement ḥassidique, et comment il s'est développé sur les idées des qabbalistes lurianiques. Nous pouvons discuter de la littérature halakhique et de la manière dont elle a accepté la Halokhoh telle que codifiée par le Shoulḥon ´oroukh. Nous pouvons discuter de la littérature du Mousor et de la manière dont elle a été affectée par la Qabboloh. Cependant, je vais sauter tout cela. La raison en est que j'ai suffisamment démontré comment tout cela est arrivé. Comment le « péché » de répandre la semence s'est établi comme Halokhoh, bien qu'il ne soit pas mentionné dans la Ṭôroh ou même le Ṭalmoudh !

 

Au lieu de cela, dans mon prochain article, je discuterai un peu des influences du monde chrétien et du monde scientifique sur les attitudes juives envers la masturbation. Ensuite, je parlerai de quelques-uns des nombreux « effets secondaires » de cette reconceptualisation halakhique du Shoulḥon ´oroukh tels que son influence sur les lois modernes de planning familial, les traitements de fertilité, etc. Ensuite j'espère discuter à quoi le monde de la sexualité selon la Ṭôroh aurait ressemblé si nous avions emprunté un chemin différent et accepté le Ṭalmoudh, le Rambo’’m, le R’’i Hazzoqén, le Ṭôsophôth Ri’’d, etc., au lieu du chemin emprunté par le Zôhar et le Shoulḥon ´oroukh, car je rencontre énormément de Juifs religieux, même ḥassidiques qui sont frustrés dans leurs vies de couple à cause des nombreuses interdictions exessives contenues dans le Zôhar et le Shoulḥon ´oroukh, sans savoir que le Ṭalmoudh et d’autres références de premier plan leur autorisent ce que ces ouvrages leur interdisent injustement. En plus de la frustration, cela cause de l’hypocrisie, mais pire encore des adultères, des visites chez les prostituées, etc. Ce qui est une réalité souterraine dans le monde religieux. D’où l’importance urgentes de traiter de ces sujets au grand jour, sachant que mes articles sont lus et discutés même dans les milieux les plus stricts. Je pense que certaines de mes conclusions seront surprenantes et mèneront à une réflexion profonde !



[1] Simon 25

[2] Simon 25

[3] Tout à la fin du chapitre sur l’émission de semence dans le Séphar Ḥarédhim.

jeudi 14 janvier 2021

Emission de semence en vain - Le Tour manipule la position du Rambo’’m

 

בס״ד

 

Emission de semence en vain : Une approche rationaliste

 


Le Tour manipule la position du Rambo’’m

 

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Pour (re)lire :

·        La première partie

·        La deuxième partie

·        La troisième partie

·        La quatrième partie

·        La cinquième partie

·        La sixième partie

·        La septième partie

·        La huitième partie

·        La neuvième partie

·        La dixième partie

·        La onzième partie

·        La douzième partie

·        La treizième partie

 

Dans cet article, nous reviendrons sur le monde halakhique et verrons comment la conception de l'interdiction de la masturbation a évolué à mesure qu'elle est devenue codifiée dans les livres.

 

Ribbénou Ya´aqôv ban ˋoshér (le Riva’’ˋ, 1269-1343), également connu sous le nom du « Ba´al Hattourim », est célèbre pour être l'auteur du « ˋarbo´oh Tourim »  ou « Les Quatre Piliers ». Cette œuvre a été extrêmement influente dans le développement futur de la loi juive. Le format de cette œuvre est devenu le modèle de toutes les œuvres halakhiques majeures jusqu'aux temps modernes. L'un des aspects les plus importants du ˋarbo´oh Tourim était qu'il servait de pont qui unifiait les deux écoles primaires d'érudition halakhique qui commençaient à s'éloigner de plus en plus, à savoir les savants ashkénazes et séfarades. Le Riva’’ˋ est né à Cologne en Allemagne, mais a déménagé avec son célèbre père, le « Roˋ’’sh », en Castille en Espagne, il a donc bu dans les deux puits. Il était connu pour sa dépendance au Rambo’’m, mais aussi pour la manière dont il explique les opinions des Ṭôsophôth en cas de désaccords.

 

Un examen rapide du développement de la Halokhoh jusqu'à présent est important afin de comprendre la signification de cet article. Nous avons décrit comment le Rambo’’m comprenait les objections talmudiques à la masturbation. Le Rambo’’m avait essentiellement trois problèmes avec la masturbation :

1.     Si cette activité sexuelle a lieu afin de maintenir une relation sexuelle tout en se soustrayant à son obligation de procréer, même dans le cadre du mariage. Cela ne s'appliquait donc qu'à quelqu'un qui n'avait pas encore rempli son obligation de procréer ;

2.     Si c’est une activité sexuelle qui est faite intentionnellement comme méthode de gratification sexuelle en dehors du contexte du mariage, cela était appelé « Niˋouph Bayodh Ouvraghal ». Ceci, selon le Rambo’’m, est problématique parce que cela développe un environnement d'immoralité et de promiscuité, et marque un manque général de sainteté.

3.     Le troisième est que le Rambo’m, conformément à la pensée médicale de son époque, estimait généralement que trop d'activité sexuelle avait des risques pour la santé. Cela s'appliquerait même à trop de rapports sexuels avec son propre conjoint, même d'une manière tout à fait autorisée.

 

Ce qui n'était pas interdit par le Rambo’’m, c'était l'activité sexuelle, faite dans le contexte du mariage, qui entraîne une éjaculation hors du vagin ou ne peut pas entraîner une grossesse. De même, ce qui n'était pas interdit par le Rambo’’m, c'était la masturbation par un homme d'une manière qui n'entraînerait pas de promiscuité ou d'immoralité. (Cela ne signifie pas que le Rambo’’m approuvait ce comportement, car il désapprouvait fortement de se stimuler sexuellement de manière délibérée, et recommandait le mariage précoce et l'implication dans des activités plus saintes pour garder son esprit loin des pensées qui pourraient conduire au péché. Cela signifie simplement que d’un point de vue strictement halakhique il n'y a pas d'interdiction spécifique de « répandre de la semence »).

 

C'était aussi clairement l'opinion du Ṭôsophôth Ri’’d et du R’’i Hazzoqén, et la compréhension générale halakhique même pendant les premiers jours ˋ des asidhé ˋashkanaz tels que Ribbénou Yahoudhoh Haḥosidh.

 

Passons maintenant au Riva’’ˋ, que j'appellerai « le Tour » (abréviation de son ouvrage « ˋarbo´oh Tourim »). Le Tour, dans son style habituel, apporte des citations directes du Rambo’’m afin de présenter les opinions du Rambo’’m sur une question halakhique, puis il apporte les opinions dissidentes des savants ashkénazes et séfarades. Il écrit aussi souvent ses propres conclusions après avoir discuté des opinions du Rambo’’m et d'autres. En ce qui concerne notre sujet, la façon dont le Tour présente le Rambo’’m est très différente de la façon dont nous avons analysé le Rambo’’m dans nos articles précédents.

 

Il est remarquable, et même choquant, de noter comment, à travers de nombreux changements subtils, omissions et changements de contexte, le Tour présente le Rambo’’m sous un jour complètement différent. Je ne veux pas suggérer que le Tour a délibérément changé l’opinion du Rambo’’m, mais plutôt, le Tour écrivait après environ deux cents ans d'influence d'un changement radical dans la Halokhoh en ce qui concerne l'attitude envers la masturbation. Par conséquent, il a compris le Rambo’’m très différemment de nous, à la suite de cette influence.

 

Je ne mentionnerai que quelques-uns des points les plus importants, mais j'espère qu’ils seront suffisants pour montrer quels effets ces changements subtils dans la présentation du Tour de l’opinion du Rambo’’m ont eu sur le développement ultérieur de la Halokhoh :

 

1.     Le Tour place ces Halokhôth dans les lois de Parou Ourvou (procréation). Cela donne immédiatement l'impression que les lois du « déversement de semence » visent aussi bien les couples mariés que les hommes célibataires. Cela diffère du placement par le Rambo’’m de ces lois dans le Séphar Qadhoushshoh avec d'autres interdictions conçues pour aider à prévenir l'immoralité et la promiscuité.

 

2.     Le Tour, en citant le passage ci-dessous du Rambo’’m, fait un changement de mot subtil mais très important :[1]

 

Il est interdit d’émettre une couche de semence pour rien. C’est pourquoi un homme ne battra pas à l’intérieur pour vanner à l’extérieur. Et il n’épousera pas une mineure qui n’est pas apte à enfanter. En revanche, ceux qui adultèrent avec la main et émettent [ainsi] une couche de semence, non seulement il s’agit d’un grave interdit, mais celui qui le fait doit demeurer en isolement (de la communauté), et c’est concernant ces personnes qu’il a été dit : (Yasha´yohou 1:15) « Vos mains sont remplies de sangs » et ils sont comme s’ils avaient tué une personne.

אָסוּר לְהוֹצִיא שִׁכְבַת זֶרַע לְבַטָּלָה; לְפִיכָּךְ לֹא יִהְיֶה אָדָם דָּשׁ מִבִּפְנִים וְזוֹרֶה מִבַּחוּץ, וְלֹא יִשָּׂא קְטַנָּה שְׁאֵינָהּ רְאוּיָה לְוֶלֶד.  אֲבָל אֵלּוּ שֶׁמְּנָאֲפִין בַּיָּד, וּמוֹצִיאִין שִׁכְבַת זֶרַע--לֹא דַּי שְׁהוּא אִסּוּר גָּדוֹל, אֵלָא שֶׁעוֹשֶׂה זֶה בְּנִדּוּי הוּא יוֹשֵׁב; וַעֲלֵיהֶם נֶאֱמָר "יְדֵיכֶם, דָּמִים מָלֵאוּ" (ישעיהו א,טו), וּכְאִלּוּ הָרְגוּ נֶפֶשׁ

 

Le mot אֲבָל  « ˋavol » que j'ai traduit par « en revanche », a été insidieusement  remplacé par le Tour par un simple ו « Woˋw » conjonctif signifiant « et ». Bien que cela semble être un petit changement, il est en fait extrêmement important. Jusqu'à présent, nous avons compris le Rambo’’m comme discutant de deux catégories différentes, séparées par le mot אֲבָל  « en revanche ». Les deux premiers cas, le fait de retirer son pénis pour éjaculer en-dehors de la femme et le fait de se marier à une femme trop jeune car elle ne pourra pas tomber enceinte, étaient des problèmes parce que l’homme qui ferait cela serait dans l’incapacité d’accomplir la Miṣwoh de Parou Ourvou. Cependant, נִאוּף בְּיָד וּבְרֶגֶל « Niˋouph Bayodh Ouvraghal » (« adultère avec la main et avec le pied ») était un problème qui était interdit car cela conduirait à la promiscuité. (Rappelez-vous que le Rambo’’m a expliqué dans son Commentaire sur la Mishnoh que « Niˋouph Bayodh Ouvraghal » se réfère au fait d’avoir un contact sexuel avec d'autres femmes qui n'implique pas de rapports vaginaux. Cela n’est pas, comme le pensent certains, une expression se rapportant à la masturbation. Cela inclut, par exemple, le fait pour un homme de frotter avec son pied le corps d’une autre femme jusqu’à ce que cela l’amène à l’éjaculation, ou encore le fait pour un homme de pénétrer une autre femme avec ses doigts jusqu’à ce que cela l’amène à l’éjaculation. Dans les deux cas, il n’y a pas eu de pénétration vaginale avec le pénis, mais c’est néanmoins considéré être des actes immoraux, car à force cela amènera l’homme a rechercher de vraies relations sexuelles avec cette femme ou d’autres. C’est cela que l’on appelle « adultère avec la main et avec le pied ».) En changeant « en revanche » par « et » le Tour suggère que נִאוּף בְּיָד וּבְרֶגֶל « Niˋouph Bayodh Ouvraghal » ferait référence à la masturbation et s'appliquerait aussi bien aux couples mariés qu'aux célibataires, ce qui n’était pas le sens des propos du Rambo’’m. Et le fait que le Tour rapporte ce passage du Mishnéh Ṭôroh sans rapporter également le commentaire du Rambo’’m sur la Mishnoh où il explique le sens de l’expression נִאוּף בְּיָד וּבְרֶגֶל « Niˋouph Bayodh Ouvraghal » donne alors l’impression que le Rambo’’m parlait de la masturbation, alors que ce n’est pas le cas. C’est là une manipulation très grave !

 

3.     Le Tour ne cite pas le Rambo’’m qui a permis à un homme d'épouser une femme incapable de concevoir s’il a déjà accompli Parou Ourvou. C'était l'une des principales sources de preuves avec lesquelles le Rambo’’m a clairement expliqué ce qu'était l'interdiction de « Hôṣoˋath Zara´ - émission de semence ». Une relation sexuelle constante avec un conjoint, faite de manière à volontairement  éviter de remplir son obligation de procréer, c’est cela que le Ṭalmoudh condamne et qualifie d’émission de semence en vain (et là encore, il ne s’agit pas donc de la masturbation), car cela indique un mariage aux seules fins du plaisir sexuel. Le Tour laisse complètement de côté cette Halokhoh du Rambo’’m.

 

4.     Le Tour cite le Rambo’’m avec la nouvelle phrase supplémentaire qui n'était pas incluse dans les manuscrits originaux du Rambo’’m. Cette phrase a été volontairement ajoutée à la fin de la Halokhoh où le Rambo’’m autorise explicitement toutes sortes d'activités sexuelles avec son conjoint, et même d’embrasser et toucher son conjoint dans n’importe quel organe (y compris les parties génitales avec ses doigts et autres). La phrase frauduleusement ajoutée déclare : « tant qu’il ne répand pas de semence en vain ». Nous avons déjà discuté de cette phrase dans la septième partie de cette série d’articles, mais selon les manuscrits originaux, le Rambo’’m était clairement et sans ambigüité en train de permettre toutes les sortes d’activités sexuelles avec son conjoint même celles qui n'entraînent pas de grossesse, y compris les relations anales, buccales et d'autres pratiques, conformément au Ṭalmoudh qui les autorise explicitement en déclarant que de la même manière qu’un homme a le droit de manger sa viande ou son poisson comme il l’entend (bouilli, grillé, rôti, etc.), de même un homme peut faire avec sa femme ce qu’il désire au niveau sexuel (avoir des rapports sexuels est souvent comparé au fait de « manger », d’où cette illustration du Ṭalmoudh). L'insertion de cette phrase frauduleuse détruit complètement tout ce que le Rambo’’m disait juste avant.

 

5.     Le Tour interdit même à un homme marié de toucher son propre pénis, interdisant ainsi ce que le Ṭalmoudh et le Rambo’’m permettent explicitement. Tout cela était dû à sa peur que même un homme marié puisse se masturber.

 

La somme totale de tout cela (et de nombreux autres changements subtils que je n’ai pas rapportées afin de rester bref) est que le Tour présente le Rambo’’m comme s'il avait les mêmes positions que Ribbénou Ṭam. Il veut nous faire croire que pour le Rambo’’m, cette semence répandue est interdite même pour un couple marié, et qu’il y aurait une interdiction spécifique de répandre de la semence qui aurait son origine dans la Ṭôroh, comme Ribbénou Yônoh.

 

Le Tour reconnait cependant que le R’’i Hazzoqén autorisait expressément l'éjaculation extra-vaginale pour les couples mariés. Il présente donc le R’’i Hazzoqén comme une opinion dissidente (ce qui est faux). Le résultat final de la présentation du Tour est que nous avons l’opinion du puissant Rambo’’m qui est présentée comme si elle s'opposait à l’opinion isolée dissidente du R’’i Hazzoqén. Le Tour prétend donc trancher en faveur du Rambo’’m, étouffant essentiellement tout débat futur sur cette question !

 

Alors que le R’’i Hazzoqén dans notre analyse originale suivait simplement l'approche répandue et généralement comprise de ce sujet dans le Ṭalmoudh et le Rambo’’m, tout à coup le Tour l'a transformé en une opinion indulgente, isolée, dissidente et excentrique sans aucun soutien pour la soutenir. C’est ce genre de manipulation des écrits des anciens que nous avons à maintes reprises exposé et que nous continuerons à faire sur ce blog, chaque fois que l’occasion se présentera !

 

Comme nous le verrons dans le prochain article, le Béth Yôséph va aller plus loin et utiliser la Qabboloh pour éliminer complètement l'opinion du Ṭalmoudh, du Rambo’’m et du R’’i Hazzoqén et établir la falsification de l’opinion du Rambo’’m par le Tour en loi du peuple juif.



[1] Mishnéh Ṭôroh, Hilkôth ˋissouré Biˋoh 21 :18

vendredi 1 janvier 2021

Emission de semence en vain - Le Zôhar & la Qabboloh lurianique

 

בס״ד

 

Emission de semence en vain : Une approche rationaliste

 


Le Zôhar & la Qabboloh lurianique

 

Cet article peut être téléchargé ici.

 

Pour (re)lire :

·        La première partie

·        La deuxième partie

·        La troisième partie

·        La quatrième partie

·        La cinquième partie

·        La sixième partie

·        La septième partie

·        La huitième partie

·        La neuvième partie

·        La dixième partie

·        La onzième partie

·        La douzième partie

  

L'influence du Zôhar sur l'attitude future de la pensée religieuse juive à l'égard de la masturbation serait impossible à surestimer. J'ai eu du mal pendant un moment à essayer de décider comment présenter ce matériel dans un article de blog, car le Zôhar consacre une immense attention à ce sujet. J'ai décidé de résumer brièvement les concepts de base trouvés dans le Zôhar et j'ai cité les sources pour ceux qui veulent faire plus de recherche par eux-mêmes. Traduire et citer chaque idée en auraient fait un article trop long et ennuyeux à lire.

 

Les enseignements du Zôhar sur le sujet du déversement de semence doivent être compris comme un résultat direct de la façon dont le Zôhar considère la procréation en général. Plus important encore, ils sont basés sur la manière dont les qabbalistes expliquaient les origines du sperme et le processus par lequel une nouvelle âme venait du monde spirituel dans le monde physique. Je vous recommande de relire mon résumé du Séphar Habbahir dans l’article précédent. Tout le reste en découle.

 

·        Aucune semence n’est un « gaspillage »

 

L'un des aspects les plus intéressants de l'approche du Zôhar est peut-être le rejet par le Zôhar de l'idée que la masturbation est interdite en raison du « gaspillage de semence ». Le Zôhar attache une importance si intense à l'acte de la procréation, qu'il serait impossible de supposer que lorsque l'on éjacule, il ne se passe rien d'important ; puisque la semence est dotée d'une âme, elle ne peut pas être simplement gaspillée. Le Zôhar introduit plutôt un concept entièrement différent. Quand on éjacule dans le contexte de rapports vaginaux normaux avec son conjoint, l'âme dont sa semence est dotée est sainte et s’implante dans sa femme pour se développer en un enfant saint. Cependant, le Zôhar enseigne que lorsque quelqu'un se masturbe ou a toute autre sorte de rapport sexuel interdit, l' « âme » présente dans son sperme est un mauvais esprit. Bien que ces mauvais esprits ne soient pas visibles à l'œil nu, ils sont véritablement créés, d’après le Zôhar, et ils accompagnent cette personne tout au long de sa vie et même après sa mort. Cela a de nombreuses ramifications importantes dont nous allons discuter.

 

·        Les mauvais esprits hantent leur « créateur »

 

Le Zôhar décrit en plusieurs endroits les châtiments en réserve pour celui qui éjacule dans n'importe quel contexte autre que les rapports « normaux » avec son épouse.[1] Ces mauvais anges deviennent ses bourreaux et ils le hanteront pour toujours. Ainsi, l'acte d'éjaculation crée toujours un être spirituel, cela dépend juste de l'individu si ce sera un être saint ou un être mauvais.

 

Notez à quel point c'est différent du terme que Rash’’i avait utilisé et que nous avions cité plus tôt. Rash’’i avait écrit que « gaspiller de la semence » qui aurait pu être un enfant est destructeur parce qu’elle est « gaspillée ». Cela sonne comme un être humain potentiel qui a été perdu, mais rien d'autre n'a été créé à sa place. Cependant, le Zôhar va plus loin et est davantage préoccupé par les créations perverses que la semence renversée serait responsable de créer.

 

·        La masturbation devient l’une des ´aroyôth

 

Un autre résultat de la conception zôharique de l'éjaculation, est le reclassement de la masturbation dans la catégorie de l'une des relations sexuelles interdites (« ´aroyôth »). Le Zôhar spiritualise l'acte d'éjaculer illicitement du sperme qui n'est pas dans le contexte de rapports procréatifs « normaux » avec un conjoint. Puisque tous ces actes créent de mauvais esprits et des démons, ce sont tous des péchés similaires. Par exemple, dans Zôhar II: 264a, cela est mis sur le même pied d’égalité que la bestialité (zoophilie), les ´aroyôth, etc.

 

·        Aucune voie pour la repentance

 

À plusieurs endroits, le Zôhar fait une déclaration extraordinaire et effrayante, et contrairement à tous les autres péchés, la masturbation serait unique en ce que l'auteur de cet acte se verrait refuser la capacité de se repentir. (Une telle affirmation n’a aucune source antérieure sur laquelle s’appuyer.) Cette conclusion découle de la compréhension qu'a le Zôhar de cet acte. Puisque chaque « semence » devrait être un enfant saint potentiel, quand on a de mauvaises intentions et que l’on déverse de la semence cet enfant serait donc « tué » et à sa place un ange mauvais serait créé. Comment pourrait-il y avoir Ṭashouvoh pour un tel acte ? Dans le Zôhar I: 219b, il est explicitement indiqué que c’est le seul péché pour lequel il n'y aurait pas de Ṭashouvoh disponible. En fait, pour le Zôhar le masturbateur ou celui qui aurait éjaculé ailleurs que dans le vagin est encore pire que celui qui assassine une autre personne, pour laquelle la Ṭashouvoh peut être disponible. Comme il tue ses propres enfants la Ṭashouvoh ne lui est pas accordée ! Le Zôhar utilise ce langage identique dans Zôhar II: 3b pour décrire un avortement, indiquant par-là que le Zôhar assimilait les deux (le déversement de semence et l’avortement). Fait intéressant, c'est la seule référence dans tout le Zôhar à l’avortement.

 

Si cette idée vous semble étonnante, permettez-moi de souligner que le Zôhar fait cette affirmation en plusieurs endroits, y compris en détail dans Zôhar I: 61b-62a. Cependant, dans Zôhar II: 214b, le Zôhar semble affirmer que la Ṭashouvoh est possible, bien qu’il se réfère en réalité au péché de « Paghom Habbarith » (que nous avons vu pour la première fois introduit par Ribbénou Yôséph ban ˋavrohom Jiqatilyoh) qui inclut de nombreux péchés sexuels autres que la masturbation également. Quoi qu'il en soit, le fait demeure qu'en plusieurs endroits le Zôhar a déclaré sans équivoque que la Ṭashouvoh (la repentance) est impossible dans le cas de la masturbation ou déversement de la semence.

 

·        Hôṣoˋath Zara´ devient plus inclusive

 

Tout comme l'idée de « Paghom Habbarith » s’est frayée un chemin dans le Zôhar, il en est de même de l'idée exprimée dans la ˋiggarath Haqqôdhash selon quoi la « Hôṣoˋath Zara´ Labbattoloh » pourrait faire référence à tout type de rapport sexuel qui n'est pas approprié, même s’il s’agit d’un rapport vaginal normal.[2] Si de la semence s’est répandue même dans le cadre de relations « normales », si les intentions n’avaient pas été appropriées ou si la relation s’est faite de manière « inappropriée », des mauvais esprits seraient créés à la place d'un enfant, et on serait coupable d’avoir répandu de la semence.

 

·        Créer de saints anges

 

Cette idée du Zôhar explique une énigme qui était un problème lorsque nous avons expliqué plus tôt l’approche de Ribbénou Ṭam. Si « gaspiller de la semence » est un problème parce qu'un enfant potentiel est en train d'être « détruit », alors comment peut-on autoriser un rapport sexuel avec sa femme lorsqu’il est certain qu'un enfant ne peut en résulter ? Par exemple, comment pourrait-on avoir des relations sexuelles avec sa femme si elle est enceinte ou postménopausée ? Si vous vous en rappelez, Ribbénou Ṭam a expliqué cela en faisant la distinction entre les « rapports sexuels normaux » et les « rapports sexuels anormaux », mais cela n’a pas tout à fait répondu à la question.

 

Cependant, le Zôhar a une explication pratique pour y répondre. Tout comme quand on « déverse de la semence » on crée des démons spirituels que l’on ne peut pas voir, de même quand on a des relations « normales » appropriées avec sa femme on crée de saints anges qui ne peuvent pas être vus. Ainsi, tout rapport sexuel approprié n'est jamais un « gaspillage » car à défaut de résulter en la création d’un enfant il résulte en la création de saints anges.[3]

 

Il y a beaucoup d'autres idées exprimées par le Zôhar sur ce sujet, mais je pense que nous devrions passer à la prochaine étape majeure de l'histoire de l'influence de la Qabboloh sur les lois relatives au déversement de semence. Cette étape est la mise en place du prochain grand mouvement qabbalistique qui a succédé à l’école qabbalistique espagnole, à savoir l’école de la Qabboloh lurianique à Ṣaphoth (Safed).

 

·        Les qabbalistes de Ṣaphoth et la canonisation du Zôhar

 

De manière tragique, peu de temps après la publication du Zôhar, le monde juif a été écrasé par l'horrible tragédie de l'inquisition espagnole et de l'expulsion des Juifs d'Espagne. Parmi les réfugiés Juifs espagnols, certains se sont finalement rendus à Ṣaphoth dans la région de Galilée en Israël. La sagesse des qabbalistes espagnols accompagnait également les réfugiés, en particulier le livre du Zôhar. À Ṣaphoth, l'école connue sous le nom de l’ « école lurianique » allait devenir la force dominante du mysticisme juif jusqu'au mouvement ḥassidique en Europe de l'Est au 18ème siècle. Parmi les personnalités clés de cette école il y avait nul autre que Ribbénou Shalômôh Halléwi ˋalqabbéṣ (1500-1576, l'auteur du célèbre Piyout du « Lakhoh Dhôdhi » chanté depuis lors dans l’écrasante majorité des synagogues le vendredi soir), Ribbénou Môshah de Cordoue (1522-1570, le maître de Ribbénou Yiṣḥoq Louriyoˋ ˋashkanazi et considéré le fondateur de l'école lurianique), Ribbénou Yiṣḥoq Louriyoˋ ˋashkanazi (1534-1572, également connu sous le nom du « ˋariZa’’l » ou simplement « le ˋar’’i », peut-être le plus célèbre des qabbalistes de Ṣaphoth et d’après le nom duquel l'école lurianique a été nommée), et Ribbénou Ḥayyim Witaˋl (1542-1620, le Ṭalmidh le plus important du ˋar’’i, et celui qui a consigné par écrit les enseignements de l'école lurianique de Ṣaphoth).

 

Il n'est pas nécessaire pour nous de plonger profondément en ce moment dans la philosophie et les enseignements de l'école lurianique. En ce qui concerne spécifiquement la question de la masturbation, l'école lurianique a continué à développer les mêmes thèmes de base que nous avons mentionnés plus haut dans notre discussion sur le Zôhar. Cependant, ce que l'école lurianique a accompli, c'est que le Zôhar s'est établi dans le canon juif des textes rabbiniques standards, ce qui n’était pas le cas avant la création de cette école qabbalistique. Les savants de Ṣaphoth sont ceux qui sont parvenus à faire accepter le Zôhar presque universellement dans le monde rabbinique comme une œuvre aux origines aussi anciennes que la Mishnoh et le Ṭalmoudh, alors qu’en réalité le Zôhar n’était qu’un produit de l'Espagne médiévale. C’est depuis lors que toutes les idées zôhariques sur la masturbation et le déversement de semence sont devenues la façon standard de penser et acceptées dans la majorité des mouvements juifs encore aujourd’hui, alors que nous avons démontré à travers les premiers articles sur cette série qu’elles n’ont jamais été soutenues par nos Sages d’antan.

 

Parmi tous les savants célèbres de cette période à Ṣaphoth, le personnage le plus important aux fins de notre enquête est Ribbénou Yôséph Qaˋrô (1488-1575), l'auteur du Béth Yôséph et du Shoulḥon ´oroukh. Ces œuvres halakhiques, peut-être à l'exception du Mishnéh Ṭôroh du Rambo’’m, ont eu plus d'influence sur le développement de la Halokhoh que tout autre ouvrage de l'histoire juive. Ribbénou Yôséph Qaˋrô était également un qabbaliste de renom et a absorbé le système lurianique de la Qabboloh directement de ses « maîtres à Ṣaphoth ».

 

Ribbénou Yôséph Qaˋrô a élevé le Zôhar à un niveau supérieur en l’intégrant directement dans son traitement halakhique du sujet du déversement de semence. Cependant, avant de voir comment, nous devrons quitter l'univers qabbalistique et revenir à l'univers parallèle halakhique que nous avons laissé derrière nous il y a quelques articles. Nous devons retracer la Halokhoh à travers le Rôˋ’’sh, le Tour et ensuite nous verrons alors comment le Béth Yôséph a pris le monde halakhique du Tour et le monde qabbalistique du Zôhar et les a combinés.



[1] Voir, par exemple : Zôhar II :263b.

[2] Voir Zôhar III :90a.

[3] Voir Zôhar III :167b-168a.

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