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mercredi 1 janvier 2020

Les jours du Moshiah : À quoi cela ressemblera


בס״ד

Les jours du Moshiah : À quoi cela ressemblera


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Dans les précédents articles, nous avons discuté des concepts eschatologiques du ´ôlom Habbo` et de la Tahiyath Hamméthim. Dans celui-ci, nous discuterons d'une autre étape eschatologique - l'ère messianique, que l'on appelle en hébreu יְמוֹת הַמָּשִׁיח « Yamôth Hammoshiah – les jours du Messie ». À quoi ressemblera le monde lorsque le Moshiah viendra ?

Il ressort clairement de nos sources traditionnelles que l'ère messianique n'est pas synonyme de ´ôlom Habbo`, mais fait plutôt partie ou est plus similaire à ce monde. C'est un stade plus précoce que le ´ôlom Habbo`. Qu'est-ce que c'est alors et comment se compare-t-elle au ´ôlom Habbo` ?

  • Naturelle ou surnaturelle ?

La Gamoro` (Barokhôth 34b) cite R. Hiyo` bar `abbo` ז״ל, au nom de R. Yôhonon ז״ל, qui enseigne que toutes les prophéties utopiques trouvées dans les Navi`im se réfèrent à la gloire et à la splendeur de l'ère messianique, et non au ´ôlom Habbo`, qui est encore plus glorieux. Les prophètes n'ont pas parlé du ´ôlom Habbo`, car sa grandeur est au-delà de toute description.

Shamou`el ז״ל n'est pas d'accord avec R. Hiyo` bar `abbo`, faisant valoir que les jours du Moshiah seront les mêmes que les nôtres, la seule différence étant que les Juifs ne seront plus soumis à des nations étrangères. La vie continuera comme d'habitude, sauf que les Juifs seront délivrés et auront un État juif indépendant en Terre d'Israël. Comme preuve de sa position, Shamou`el apporte la déclaration de la Tôroh selon laquelle il y aura toujours des pauvres (Davorim 15:11). Il comprend que puisqu'il y aura de la pauvreté tant que ce monde continuera d'exister, même à l'ère messianique, c'est que la vision utopique des prophètes doit se référer au ´ôlom Habbo`, et non aux jours du Moshiah.

Cette Mahlôqath se retrouve également dans Shabboth 63a en ce qui concerne la question de savoir s'il y aura la paix mondiale à l'ère messianique. R. Hiyo` bar `abbo` soutient qu'il n'y aura plus de guerre aux jours du Moshiah, car la prophétie de Yasha´yohou ע״ה selon laquelle לֹא-יִשָּׂא גוֹי אֶל-גּוֹי חֶרֶב « une nation ne lèvera plus l'épée contre une [autre] nation » (Yasha´yohou 2: 4) sera accomplie. Shamou`él, cependant, maintient que des armes seront nécessaires même à l'ère messianique, car les nations continueront à s'engager dans la guerre (bien que la nation juive sera vraisemblablement toujours victorieuse).

Ainsi, la Gamoro` présente deux exemples spécifiques de phénomènes qui se poursuivront pendant l'ère messianique selon Shamou`él mais pas selon R. Hiyo` bar `abbo` - la pauvreté et la guerre.

  • Quelle opinion acceptons-nous ?

Plusieurs philosophes juifs, dont R. Sa´adhyoh Go`ôn ז״ל, acceptent le point de vue de R. Hiyo` bar `abbo`. Dans ce monde, lorsque Moshiah viendra, toutes les paroles des prophètes deviendront réalité. Les animaux feront la paix entre eux; le loup habitera avec l'agneau, le lion mangera de la paille et les bébés joueront dans le nid de la vipère. Les portes de Yarousholayim seront construites de joyaux précieux, et la lumière du Béth Hammiqdosh brillera d'un bout à l'autre du monde. L'esprit de prophétie reposera sur tout le peuple juif, y compris même les jeunes enfants. La nature du monde à l'ère messianique sera très différente du monde tel que nous le connaissons.

Le Rambo''m ז״ל, cependant, a une opinion contraire, affirmant avec force que le Moshiah ne fera pas nécessairement des miracles et des merveilles. Pour preuve, il note que R. ´aqivoh ז״ל et la plupart des Hakhomim de sa génération croyaient que Bar Kôkhbo` était Moshiah, même s'il n'avait fait aucun exploit surnaturel. Le Rambo''m conclut que tout roi de la lignée davidique qui est Saddiq et bien versé dans la Tôroh, amène le peuple juif à l'observance de la Tôroh, bat nos ennemis sur le champ de bataille et reconstruit le Béth Hammiqdosh est par définition le vrai Moshiah.

Le Rambo''m souligne qu'il n'y aura aucun changement dans les lois de la nature. Il explique que les prophéties de Yasha´yohou étaient destinées à être comprises allégoriquement. Le loup n'habitera pas littéralement avec l'agneau, et le léopard ne se couchera pas paisiblement avec le chevreau; au lieu de cela, cette image est une métaphore de la paix mondiale qui régnera. Nos ennemis (qui sont souvent décrits dans le TaNa''Kh par des noms d'animaux impurs), qui sont maintenant méchants et assoiffés de sang, reconnaîtront la vérité de la Tôroh et s'abstiendront de vol et de guerre. C'est ce que veut dire Yasha´yohou lorsqu'il utilise ces noms d'animaux. Nous ne pouvons pas comprendre la signification métaphorique de chaque détail des prophéties messianiques, mais tout deviendra clair lorsque Moshiah arrivera.

Le Rambo''m poursuit en citant la déclaration de HaZa''l selon laquelle il n'y a aucune différence entre aujourd'hui et les jours du Moshiah, à l'exception de שִׁעְבּוּד מַלְכִיּוֹת « Shi´boudh Malakhiyôth » - le fait que les Juifs ne seront plus asservis et opprimés par les autres nations. Selon le Rambo''m, les prophètes et les Hakhomim aspiraient à l'ère messianique non pas pour qu'ils puissent régner sur leurs ennemis, et non pas pour que les autres nations les louent, et non pas pour qu'ils puissent manger, boire et être joyeux, mais plutôt seulement pour ses avantages spirituels. Ils aspiraient aux jours du Moshiah uniquement pour être à l'abri de l'oppression, de la pauvreté et de la guerre, afin que rien ne les détourne de l'apprentissage de la Tôroh et du développement de la spiritualité. À l'ère messianique, il n'y aura ni pauvreté ni guerre. Il n'y aura ni conflit ni jalousie, car les richesses et le luxe seront abondants et facilement accessibles à tous. Nous n'aurons plus à travailler pour gagner notre vie et nous pourrons passer tout notre temps à contempler Hashshém ית׳. Nous allons ainsi grandir en sagesse, au-delà de ce qui est possible dans le monde actuel, et comprendre Hashshém au niveau maximal humainement possible, méritant finalement la vie éternelle du ´ôlom Habbo`.

À première vue, le Rambo''m semble suivre Shamou`él, soutenant que les jours du Moshiah seront une continuation du monde naturel. Il cite même le célèbre dicton de Shamou`él selon lequel rien ne fait la différence entre l’époque actuelle et les jours du Moshiah, si ce n’est la soumission des Juifs à des empires étrangers. Il nous assure que l'ère messianique ne sera ni surnaturelle ni miraculeuse.

Cependant, comme le soulignent le Laham Mishnéh ז״ל et d'autres commentateurs, il ne se peut pas que le Rambo''m suive l'opinion de Shamou`él, même s'il cite la déclaration de Shamou`él sur la différence entre notre époque et l'ère messianique. Il y a trois preuves qu'il ne suit pas Shamou`él.

Premièrement, Shamou`él soutient qu'il y aura de la pauvreté à l'ère messianique, tandis que le Rambo''m écrit que tout le monde jouira de l'abondance. Deuxièmement, Shamou`él soutient qu'il y aura une guerre à l'ère messianique, et le Rambo''m écrit qu'il n'y aura pas de guerre. Enfin, R. Hiyo` bar `abbo` dit que les visions de Yasha´yohou et des autres prophètes se réaliseront à l'époque messianique et que le ´ôlom Habbo` est indescriptible. Shamou`él, cependant, soutient que la vision utopique prophétique ne se réalisera pas pendant l'ère messianique. Vraisemblablement, il soutient que les prophètes décrivaient le ´ôlom Habbo`. Le Rambo''m, dans le contexte de son explication sur le ´ôlom Habbo`, cite la formulation de R. Hiyo` bar `abbo` et déclare explicitement que les prophètes ne décrivaient que l'ère messianique, tandis que le ´ôlom Habbo` est indescriptible. Comme nous l'avons vu dans un précédent article, le Rambo''m soutient que le ´ôlom Habbo` est un domaine purement spirituel, peuplé d'âmes sans corps. Il est clair que les paroles des prophètes, qui parlent en termes purement physiques, ne peuvent pas être pertinentes pour un ´ôlom Habbo` purement spirituel !

Les commentateurs concluent donc que le Rambo''m opinait comme R. Hiyo` bar `abbo`, que l'ère messianique sera fondamentalement différente de ce monde. Toutefois, contrairement à R. Sa´adhyoh Go`ôn, le Rambo''m estimait que les différences seraient complètement naturelles et non miraculeuses. Les visions des prophètes se réaliseront à l'époque messianique non pas selon leur signification littérale et surnaturelle, mais plutôt d'une manière métaphorique qui ne contredit pas les lois de la science.

Qu'est-ce qui a contraint le Rambo''m à réinterpréter les paroles des prophètes d'une manière non littérale ? Le Rambo''m suit ici un axiome qu'il a établi dans le Môréh Navoukhim. Selon la compréhension que le Rambo''m a de la physique et de la métaphysique, Hashshém a créé le monde de telle manière que les lois de la physique ne changeront jamais tant que le monde existera. Les paroles des prophètes ne peuvent clairement pas se réaliser dans le ´ôlom Habbo`, qui est non corporel et indescriptible par le langage humain. Par conséquent, elles doivent se réaliser à l'ère messianique, qui fait partie de notre monde. Mais comme les lois de la nature ne changent jamais dans notre monde, le Rambo''m n'avait d'autre choix que d'interpréter les prophéties messianiques comme des métaphores. Le monde messianique sera une utopie, mais une utopie naturelle. Les lions continueront à dévorer leurs proies et les vipères injecteront toujours leur venin, mais les humains seront éclairés par la philosophie de la Tôroh et s'élèveront au-dessus de toutes leurs voies vicieuses.

Si nous perfectionnons nos personnes, selon le Rambo''m, nous pouvons créer un monde parfait sans recourir à des moyens surnaturels. Nous pouvons éliminer la guerre et la pauvreté, mettre fin à la jalousie et à la haine, assurer l'abondance pour tous et éduquer toute l'humanité à ne poursuivre que la sagesse et la spiritualité.

  • En résumé

Il y a trois opinions différentes sur ce qui se passera à l'ère messianique. Shamou`él pense que l'ère messianique sera la même qu'aujourd'hui, mais avec une indépendance politique. L'ère messianique n'est donc qu'une version améliorée de l'État d'Israël contemporain. Selon R. Hiyo` bar `abbo`, tel qu'interprété par la plupart des philosophes juifs, l'ère messianique sera complètement différente de l'existence telle que nous la connaissons. Ce sera une existence surnaturelle, où les lions seront apprivoisés, les serpents ne mordront plus, les rues seront pavées de pierres précieuses et la lumière émanant du Béth Hammiqdosh éclipsera le soleil. Le Rambo''m présente une troisième approche de l’ère messianique, basée sur une interprétation différente de celle de R. Hiyo` bar `abbo`. Selon le Rambo''m, le monde sera complètement différent et les paroles des prophètes deviendront réalité. Cependant, ce ne sera pas un monde surnaturel, mais plutôt une utopie naturelle. Ce sera le monde le plus parfait que nous puissions imaginer dans l'ordre naturel. Tous nos besoins seront fournis avec un minimum d'efforts, et nous serons en mesure de consacrer notre vie entière à la croissance intellectuelle et religieuse. La nature ne changera pas d'un iota, mais la nature humaine subira une transformation fondamentale.

  • La transition de ce monde vers l'ère messianique

Comment débutera l'ère messianique ? R. Sa´adhyoh Go`ôn, qui défend la compréhension surnaturelle de l'ère messianique, pense que Hashshém révélera soudain le Moshiah et fera ensuite s'abattre de merveilleux fléaux sur nos ennemis, nous délivrera et reconstruira miraculeusement le Béth Hammiqdosh. R. Mé`ir Halléwi `abboul´aphyoh ז״ל ajoute que même selon l'opinion selon laquelle l'ère messianique ne sera pas surnaturelle, la transition vers l'ère messianique sera miraculeuse; le Moshiah arrivera avec des miracles et des merveilles. Rash''i ז״ל et les Tôsophôth ז״ל écrivent de la même manière que le futur troisième Béth Hammiqdosh ne sera pas construit par des mains humaines, mais qu'il descendra miraculeusement du ciel.

Comme nous l'avons noté plus, le Rambo''m a une vision différente. Il déclare que si un roi Saddiq se lève, qu'il conduit le peuple à une plus grande observance de la Tôroh, conquiert nos ennemis et reconstruit le Béth Hammiqdosh, alors il est définitivement le Moshiah. Puisque le Rambo''m soutient que le Moshiah n'est pas tenu d'accomplir des miracles, il est clair que le Moshiah atteindra son règne et sa victoire militaire par des moyens naturels; il construira le troisième Béth Hammiqdosh avec une équipe de construction et un approvisionnement en matériaux de construction.

Cette Mahlôqath peut avoir des ramifications pratiques concrètes. Nous espérons certainement découvrir bientôt quelle compréhension de l'ère messianique est correcte. Entre-temps, cependant, selon Rash''i et les Tôsophôth, nous devrions nous concentrer sur la Tôroh et les Miswôth et attendre fidèlement que le Béth Hammiqdosh descende du ciel, tandis que le Rambo''m pourrait nous encourager à commencer à préparer des plans pour le futur Béth Hammiqdosh et pour accélérer la Ga`ouloh (par exemple, d'après le Rambo''m, il serait possible, si la majorité des Juifs résident en Terre Sainte et que les Rabbonim se mettent d'accord, de restaurer un Sanhédhrin officiel bien avant la venue du Moshiah). Le moment venu, selon le Rambo''m, nous ne serons pas simplement des destinataires passifs de la grâce Divine, mais plutôt des agents de Hashshém pour provoquer la Ga`ouloh et réaliser le potentiel de perfection dans l'ordre naturel.

lundi 16 décembre 2019

Le concept de « Résurrection des Morts »


בס״ד

Le concept de « Résurrection des Morts »


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Qu'est-ce que la résurrection des morts et comment s'inscrit-elle dans le schéma de la récompense et de la punition ultimes ?

Comme nous l'avons expliqué dans les précédents articles, d'après le Rambo''n (Nahmanide) et de nombreux autres philosophes, la résurrection des morts est le mécanisme pour entrer dans le ´ôlom Habbo`. Lorsque ce monde prendra fin et que le ´ôlom Habbo` le remplacera, les justes ressusciteront et vivront ainsi dans le ´ôlom Habbo`. L'espoir et la prière des justes sont donc de mériter la résurrection et d'entrer dans le ´ôlom Habbo`.

Ces philosophes trouvent des preuves de l'identification de la résurrection avec le ´ôlom Habbo` dans la discussion de la Gamoro` sur la Mishnoh qui déclare que celui qui nie la résurrection n'a aucune part au ´ôlom Habbo` (Sanhédhrin 90a). La Gamoro` explique que cette punition est appropriée sur la base de la doctrine de la réciprocité, Middoh Kanaghadh Middoh. Puisque cette personne a nié la résurrection, elle ne sera pas ressuscitée. Ce passage assimile la sanction de perdre le ´ôlom Habbo` au fait de ne pas être ressuscité, prouvant ainsi que le ´ôlom Habbo` et la résurrection sont équivalents.

  • La position du Rambo''m (Maïmonide)

La position de Rambo''m sur cette question n’est cependant pas très claire. Il croit que les plus grands plaisirs ne peuvent être atteints que par des âmes désincarnées. Avoir un corps est un handicap qui empêche l'âme d'atteindre la pleine proximité avec HaShem. Pourquoi, alors, une personne juste voudrait-elle un jour ressusciter ? Si son âme va directement au ´ôlom Habbo` à sa mort, il lui faudra alors quitter le bonheur ultime du ´ôlom Habbo` pour être ressuscité. Comment laisser le bonheur ultime et retrouver le handicap de l'existence physique peut-il être considéré comme une récompense souhaitable ? Cette énigme a intrigué les interprètes du Rambo''m de son vivant jusqu'à ce jour.

Le Rambo''m a aggravé cette interrogation en n'expliquant jamais les détails de la résurrection dans ses œuvres classiques. Dans son commentaire sur la Mishnoh (Sanhédhrin, chapitre 10), il la répertorie comme l'un des treize principes de foi, et il précise que seul la juste méritera la résurrection mérite, mais il ne l'explique pas davantage. Il le répertorie également parmi les croyances obligatoires dans son Mishnéh Tôroh (Hilkôth Tashouvoh 3: 14), mais ne précise jamais exactement quand et pourquoi cela se produit.

  • Interprétation du Ra`ava''d sur le Rambo''m

Il existe deux approches générales pour comprendre la position du Rambo''m. Le Ra`ava''d (commentaires sur les Hilkôth Tashouvoh 8: 2) accuse le Rambo''m de soutenir qu'il n'y a pas de résurrection physique des morts. D'autres penseurs contemporains ont également interprété le Rambo''m de cette façon, mais contrairement au Ra`ava''d, ils étaient d'accord avec cette position et ont prêché publiquement qu'il n'y aurait pas de résurrection physique, invoquant l'autorité du Rambo''m. Selon cette interprétation, le Rambo''m n'a jamais expliqué les détails de la Tahiyath Hamméthim parce qu'il ne croyait pas réellement à la résurrection physique. Au contraire, chaque fois que la Tahiyath Hamméthim est mentionné dans le TaNa''Kh ou par HaZa''l, c'est une métaphore de l'existence continue de l'âme après sa mort physique. La résurrection ne signifie pas que les morts reviendront à la vie, mais plutôt que leurs âmes continueront à vivre éternellement dans le ´ôlom Habbo`.

  • L'explication que le Rambo''m lui-même a donnée

Le Rambo''m lui-même, cependant, a donné une interprétation différente de sa relation particulière au concept de résurrection à travers ses écrits. Dans la `iggarath Tahiyath Hamméthim, l'essai du Rambo''m sur la résurrection des morts, il s'étonne de l'accusation selon laquelle il ne croit pas à la résurrection physique. Comment ne pouvait-il pas croire à la résurrection s'il la considérait comme l'un des treize principes de foi ?! Pourquoi, alors, ne l'explique-t-il pas en détails ou ne lui donne-t-il pas une place importante dans ses ouvrages ?

Le Rambo''m explique que la résurrection des morts n'est pas liée à la récompense et à la punition ultimes, qui sont purement spirituelles. La résurrection des morts est une vraie croyance, mais ce n'est pas le but ultime d'un être humain, et elle n'est donc pas philosophiquement importante. Il s'agit plutôt simplement d'un événement historique qui se produira à un moment donné, et ses effets ne seront que temporaires, car les individus ressuscités mourront à nouveau. Le Rambo''m n'a pas expliqué ce concept car il n'y a rien à expliquer. Un événement historique, par opposition à un concept philosophique, ne peut être prouvé ou analysé à l'aide d'un raisonnement abstrait. La seule chose pertinente à dire à propos d'un événement historique est soit qu'il s'est produit dans le passé, soit qu'il se produira dans le futur, et c'est exactement ce qu'il a dit dans ses précédents écrits.

  • Le but de la résurrection

Le Rambo''m n'a jamais répondu, cependant, à la question très pratique de quel avantage il y a pour une personne juste de voir son âme quitter le ´ôlom Habbo` et retourner dans ce monde matériel pour vivre dans un corps physique. Un certain nombre de réponses ont été proposées par des penseurs ultérieurs pour expliquer la position du Rambo''m.

Le Séphar Ho´iqqorim (Livre 4, chapitre 30) suggère trois explications pour le but de la résurrection d'après le Rambo''m. Peut-être que le miracle de la résurrection n'est pas au profit de celui qui est ressuscité, mais plutôt pour ceux qui seront en vie au moment où elle aura lieu - afin de renforcer leur `amounoh en HaShem. Alternativement, peut-être que les justes méritent une récompense physique pour compenser la souffrance physique qu'ils ont endurée au cours de leur vie. Puisque cette récompense physique ne peut pas leur être donnée dans le ´ôlom Habbo`, ils sont ressuscités dans le monde physique afin de jouir de la quantité de plaisirs physiques qu'ils méritent, avant de mourir à nouveau et de retourner à leur bonheur spirituel éternel. Troisièmement, un séjour répété dans le monde physique post-messianique donne aux justes l'occasion d'atteindre des objectifs spirituels qu'ils n'ont pas pu atteindre dans leur vie d'origine en raison de l'exil et de la persécution. Par conséquent, lorsqu'ils meurent une fois de plus après leur deuxième vie, leurs âmes peuvent retourner à un niveau encore plus élevé de félicité éternelle dans le ´ôlom Habbo`.

Bien que ces explications semblent raisonnables, le Rambo''m lui-même n'a donné aucune explication de la nécessité de la résurrection. Dans son `iggarath Tahiyath Hamméthim, il explique pourquoi il a compté la doctrine de la résurrection comme l'un de ses treize principes de croyance juive, mais son explication ne se rapporte pas à l'importance de la résurrection elle-même. Il laisse entendre qu'il n'est pas réellement philosophiquement important de croire que HaShem ressuscitera les morts; il est plutôt crucial de croire que HaShem peut ressusciter les morts. C'est cet aspect qui constitue un principe de foi. Il n'est pas important qu'un juif croie que certaines personnes seront ressuscitées à un certain moment et à un certain endroit pour une certaine raison. Il est plutôt important de croire en la résurrection des morts parce que le TaNa''Kh dit que HaShem ressuscitera les morts, et nous acceptons la signification littérale de chaque verset du TaNa''Kh tant que l'interprétation littérale reste dans le domaine du possible.

Ainsi, nier la résurrection équivaut à nier la possibilité d'une résurrection, et la croyance en la résurrection physique est fondamentalement la croyance selon laquelle HaShem a la capacité de ressusciter les morts. Cette croyance est d'une importance cruciale, car la résurrection des morts est le plus grand miracle, et la croyance en la résurrection comprend donc la croyance en la possibilité des miracles. Il y a des hérétiques qui croient que HaShem existe, mais qu'Il ne peut pas modifier les règles de la physique et accomplir des miracles. Le Rambo''m considérait donc la résurrection comme le treizième principe de foi afin de définir la croyance aux miracles comme axiomatique du judaïsme. Quiconque nie la résurrection, explique le Rambo''m, nie également tous les miracles et croit que HaShem ne peut pas passer outre les rouages de la nature, ce qui constitue en effet une grave hérésie.

D'après cette lecture, il est possible que le Rambo''m n'ait aucune explication sur la raison pour laquelle les morts devraient être ressuscités, mais cette question ne le dérangeait pas du tout. Puisqu'il n'attribue une signification philosophique qu'à la possibilité de résurrection et non à la résurrection elle-même, il peut confortablement accepter la vérité de la résurrection elle-même basée uniquement sur le témoignage du TaNa''Kh et avoir confiance que HaShem ne ressuscitera personne à moins qu'il n'ait une bonne raison de le faire.

  • En résumé

Nous avons vu trois approches sur la résurrection des morts. Le Rambo''n et d'autres croient que la résurrection est identique au ´ôlom Habbo` et que la récompense ultime est de ressusciter dans votre corps et de vivre éternellement dans un monde physique parfait. La deuxième approche est l'interprétation extrêmement rationaliste du Rambo''m, qui comprend la résurrection comme une métaphore de la vie de l'âme dans le ´ôlom Habbo`. La troisième approche est celle que le Rambo''m lui-même a exprimé, à savoir que la résurrection n'a rien à voir avec la récompense ultime des justes. La récompense ultime n'est pas de ressusciter, mais plutôt de vivre éternellement comme une âme désincarnée. La résurrection n'est qu'un phénomène temporaire; ceux qui reviennent à la vie vivront dans le monde physique pendant une durée limitée, puis mourront et récupéreront leur ultime récompense dans le ´ôlom Habbo`. Dans l'approche du Rambo''m, nous avons développé deux façons de considérer l'importance de la résurrection temporaire. Soit elle est importante parce qu'elle apporte un avantage à ceux qui sont ressuscités ou sont témoins de la résurrection, soit la croyance en la résurrection est significative parce qu'elle représente la croyance aux miracles et à la toute-puissance divine.

lundi 9 décembre 2019

Pourquoi n'y a-t-il aucune mention du ´ôlom Habbo` dans la Tôroh ?


בס״ד

Pourquoi n'y a-t-il aucune mention du ´ôlom Habbo` dans la Tôroh ?


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Nous avons consacré les trois précédents articles au sujet du ´ôlom Habbo`. Tous les philosophes juifs conviennent que la récompense ultime est le ´ôlom Habbo`, l'au-delà du monde à venir. Il est donc extrêmement déroutant que cette récompense ne soit mentionnée nulle part dans la Tôroh écrite. La Tôroh promet une grande récompense à ceux qui respectent les Miswôth qu'elle contient, mais cette récompense est terrestre et physique, incluant, par exemple, le succès militaire et économique, la longue vie et la bonne santé, et d'autres récompenses matérielles. Pourquoi la récompense ultime n'est-elle jamais mentionnée explicitement dans la Tôroh ?

De nombreuses réponses ont été apportées à cette question par les philosophes juifs à travers les époques, et nous en analyserons certaines.

  • Réponses techniques et / ou historiques

Un groupe de réponses est technique, ne se rapportant pas à l'essence du ´ôlom Habbo`, mais à la question de savoir s'il est nécessaire que la Tôroh l'enseigne. Par exemple, le Rov Sa´adhyoh Go`ôn ז״ל et le Rambo''n ז״ל expliquent que l'on peut logiquement déduire l'existence de l'au-delà à partir de la nature de l'âme humaine, qui n'est pas sujette à la destruction physique; mais on ne peut pas philosophiquement prouver que HaShem ית׳ accordera une récompense matérielle aux justes. Par conséquent, la Tôroh développe ces récompenses que nous n'aurions pas connues par nous-mêmes et omet celles qui peuvent être découvertes au moyen de la philosophie et de la réflexion.

Le Rov Hay Go`ôn ז״ל explique de la même manière qu'au moment où la Tôroh a été donnée, les Juifs avaient une longue tradition de croyance dans l'au-delà, et il n'était pas nécessaire de renforcer cette croyance.

Une approche très différente est suivie par le `ibn ´azro` ז״ל, qui explique que la Tôroh a été donnée à tout le peuple juif, et ne comprend donc que des idées compréhensibles par les masses. Les récompenses physiques sont facilement comprises par tout le monde, mais l'idée du ´ôlom Habbo` est très difficile à saisir, et elle est donc sous-entendue dans la Tôroh, mais pas discutée explicitement.

Le Kali Yoqor ז״ל mentionne également une autre explication technique, à savoir que HaShem savait qu'il y aurait ceux qui douteraient de la véracité de la Tôroh. Si la Tôroh s'était concentrée sur la récompense et la punition dans un monde futur, les cyniques auraient conclu que la Tôroh promet des choses que nous ne pouvons jamais vérifier ou voir de nos propres yeux car il n'y a en fait ni récompense ni punition. Pour contrer cette croyance erronée, la Tôroh promet des récompenses et des punitions concrètes que nous pouvons vérifier en analysant l'histoire, afin que tous les Juifs puissent croire en la Tôroh.

Le Hôvôth Hallavovôth ז״ל ajoute une dimension historique à l'explication citée ci-dessus du `ibn ´azro`. Il explique que lorsque les Juifs ont reçu la Tôroh pour la première fois, ils étaient intellectuellement peu raffinés et spirituellement immatures. Si la récompense ultime promise dans la Tôroh avait été quelque chose qu'ils ne pouvaient pas comprendre, ils n'auraient jamais pris l'engagement d'observer la Tôroh, qui n'aurait alors jamais été donnée. Par conséquent, HaShem ne promet explicitement que des récompenses matérielles, auxquelles les gens pourraient facilement se rapporter et qui les éveilleraient à un développement spirituel. Au fur et à mesure que les Juifs se sont développés spirituellement, ils sont devenus capables de déduire la promesse d'une vie après la mort à partir des indices disséminés dans la Tôroh et d'accepter cette croyance également.

Le Rov Sa´adhyoh Go`ôn suggère également une réponse historique, qui est que la nature de la Navou`oh (prophétie) est de se concentrer sur l'information qui est immédiatement nécessaire. Lorsque les Juifs ont reçu la Tôroh, le prochain défi était la conquête et le peuplement de la Terre d'Israël. Par conséquent, la Tôroh se concentre uniquement sur les récompenses et les punitions qui se rapportent à la qualité de leur existence nationale en Terre d'Israël, qui sont terrestres, pas d'un autre monde.

Une autre explication historique fascinante est donnée par le `abbarvna`él ז״ל, qui explique que lorsque la Tôroh a été donnée, les Juifs allaient bientôt être tentés par les croyances païennes des Cananéens, qui croyaient que le culte des dieux locaux apportait fertilité, santé, victoire militaire et autres formes de réussite matérielle. Les Cananéens ne croyaient cependant pas que leurs divinités promettaient une vie après la mort. Par conséquent, il n'était pas nécessaire de se concentrer sur l'au-delà, car il n'y avait aucune tentation d'adorer d'autres forces afin de mériter un au-delà. Plutôt, il était nécessaire que la Tôroh enseigne que les Juifs ne devraient pas adorer les dieux cananéens afin d'atteindre la fertilité et d'autres succès matériels, car seul le culte du vrai Dieu (HaShem) mériterait une bénédiction matérielle, et le culte des idoles serait puni de destruction physique.

Bien sûr, toutes ces explications conviennent que HaShem inclut la croyance en un ´ôlom Habbo` dans la Tôroh ; mais Il le fait au moyen d'indices qui seraient élucidés par les Sages, en utilisant les méthodes traditionnelles d'interprétation exégétique, telles que nous les trouvons dans le Midhrosh et la Gamoro`. Ces philosophes expliquent simplement pourquoi la doctrine de l'au-delà n'est pas mentionnée explicitement dans la Tôroh écrite.

  • Réponses substantielles

Beaucoup de philosophes juifs ont suggéré des réponses plus substantielles à ce problème qui se rapportent à la nature et au but de l'au-delà et de la Tôroh elle-même. Nous allons à présent les passer en revue.

    • Le `abbarvna`él : ´avôdhoh Lishmoh

Le `abbarvna`él cite l'opinion du Rambo''m ז״ל selon qui nous ne sommes pas censés garder les Miswôth afin de recevoir les récompenses matérielles promises par la Tôroh. Cela constituerait une עֲבוֹדָה שֶׁלֹּא לִשְׁמָהּ « ´avôdhoh Shallô` Lishmoh », c'est-à-dire, servir HaShem pour des arrière-pensées. L'intention de la Tôroh, quand elle mentionne des récompenses matérielles, est de promettre que si nous accomplissons les Miswôth, HaShem nous facilitera la tâche pour accomplir plus de Miswôth et apprendre plus de Tôroh, en nous libérant de l'oppression, de la maladie et de la pauvreté.

Se basant sur cela, le `abbarvna`él explique que la Tôroh ne mentionne pas de récompense ou de punition dans l'au-delà parce que nous ne devrions pas servir HaShem pour la récompense. La Tôroh mentionne seulement les conséquences matérielles dans ce monde parce qu'elles ne sont pas conçues comme des récompenses, mais plutôt comme des opportunités de servir davantage HaShem. On doit servir HaShem dans le but d'élargir et d'approfondir notre ´avôdhath HaShem, pas dans le but de récolter des bénéfices personnels. La vraie récompense et la punition, par conséquent, sont volontairement omises de la Tôroh afin de nous enseigner le principe philosophique selon lequel il faut servir HaShem par de purs motifs, pas pour un gain personnel.

    • Séphar Ho´iqqorim : Récompense collective

Le Séphar Ho´iqqorim suggère une autre explication philosophique, soulignant que la Tôroh se concentre sur la récompense et la punition collectives du peuple juif, par opposition à l'individu. Par conséquent, la Tôroh ne mentionne pas la récompense et la punition dans l'au-delà, car dans l'au-delà, chaque individu est jugé indépendamment et il n'y a pas de récompense ou de punition collective. Dans ce monde, cependant, le succès physique et matériel est accordé à une nation juste même si certains de ses membres sont impies, et ils partagent naturellement le succès et la prospérité de leur nation. De même, les châtiments physiques et matériels seront infligés à une nation impies, et même les justes parmi eux souffriront nécessairement avec leurs compatriotes. La Tôroh ne mentionne donc que la récompense et la punition de ce monde, afin de n'orienter son attention que sur le collectif juif.

D'après le Séphar Ho´iqqorim, il ressort que la Tôroh est disposée à omettre la mention explicite de l'un des principes de la foi juive afin d'éviter de se concentrer sur l'individu par opposition à la nation. Ceci est compréhensible dans le contexte d'une conception particulière de la nature de la Tôroh. La Tôroh n'est pas une alliance entre HaShem et un individu, mais plutôt entre HaShem et le peuple juif dans son ensemble. Un Juif est astreint à six cent treize Miswôth, contrairement à un Noahide, non pas à cause de sa dignité individuelle, mais parce qu'il est un membre du peuple qui conclut une alliance avec HaShem au Mont Sinaï et reçoit la Torah. Il n'est donc pas étonnant que la Tôroh regorge de promesses de réussite et de prospérité nationales, ainsi que de menaces de défaite et d'exil nationaux. Mettre l'accent sur la récompense et la punition individuelles minerait la nature même de la Tôroh.

    • Le Mahara''l : Focalisation sur le monde physique

Une explication philosophique alternative, et peut-être encore plus fondamentale, est avancée par le Mahara''l. Il explique que le but de la Tôroh n'est pas d'enseigner sur les royaumes célestes, mais de perfectionner le monde physique. La Tôroh contient toutes les instructions nécessaires pour amener ce monde à la perfection, et les récompenses mentionnées dans la Tôroh font partie du plan de perfectionnement de ce monde. Si nous nous perfectionnons en gardant les Miswôth, cela améliorera le monde non seulement éthiquement, moralement et spirituellement, mais même médicalement, agricolement et économiquement. La Tôroh ne mentionne que les effets salutaires des Miswôth dans ce monde, car le but de la Tôroh est d'améliorer ce monde. Étant donné que le ´ôlom Habbo` est déjà parfait et n'a besoin d'aucune amélioration, la Tôroh omet toute mention du monde futur. La Tôroh ne vise pas à nous enseigner quelles récompenses nous gagnerons en gardant les Miswôth qu'elle contient, mais plutôt ce que nous pouvons améliorer et perfectionner au moyen de ces Miswôth, et cette tâche n'est pertinente que dans ce monde.

Selon le Mahara''l, la Tôroh est spécifiquement un document de ce monde, non pas parce que ce monde est plus grand que le monde à venir, mais plutôt parce que ce monde est défectueux et imparfait. Bien que la plus grande récompense pour un être humain puisse être la béatitude éternelle du ´ôlom Habbo`¸, la plus grande réussite de la Tôroh n'est pas de nous amener au ´ôlom Habbo` mais d'apporter la piété et la spiritualité dans ce monde imparfait.

vendredi 6 décembre 2019

Conception du ´ôlom Habbo` : Rambo''m VS Rambo''n II


בס״ד

Conception du ´ôlom Habbo` : Rambo''m VS Rambo''n

Deuxième Partie


Cet article peut être téléchargé ici.

Dans l'article précédent, nous avons discuté de la Mahlôqath sur la nature du ´ôlom Habbo`. Le Rambo''m (Maïmonide) et ses partisans estiment que le ´ôlom Habbo` est purement spirituel; les âmes désincarnées reçoivent la récompense éternelle de la contemplation et proximité avec HasShem. Le Rambo''n (Nahmanide) et ses partisans estiment que le ´ôlom Habbo` est synonyme de résurrection des morts, dans laquelle les corps vont à nouveau rejoindre l'âme et recevoir conjointement la récompense de tout ce qu'ils ont accompli ensemble au cours de leur vie dans ce monde.

Cet article abordera deux questions : premièrement, où va notre âme après sa mort ? Deuxièmement, quelle est la sanction ultime parallèle à laquelle l'impie devrait s'attendre ?

  • Où va notre âme après la mort ?

    • La position du Rambo''m

Selon le Rambo''m, la première question n’est pas du tout difficile. Le ´ôlom Habbo` arrive pour tout le monde dès qu'ils ont fini de vivre dans ce monde. Dès qu'un juste meurt, son âme se trouve immédiatement dans le ´ôlom Habbo`. Puisque le Rambo''m définit le ´ôlom Habbo` comme étant purement spirituel, il s'ensuit que si l'âme a passé son temps dans ce monde à s'emplir de connaissance et de proximité avec le Divin, une fois que l'âme n'est plus encombrée par un corps physique, elle prendra naturellement part à la contemplation éternelle de HaShem. Pour le Rambo''m, la récompense ultime pour les justes ne comporte donc qu'une étape, le ´ôlom Habbo`. Pour le Rambo''n et les autres, cependant, il y a deux étapes.

    • La position du Rambo''n : le Gan ´édhan

Pour le Rambo''n et ses disciples, le ´ôlom Habbo` est le moment de la résurrection des morts, qui peut se produire des milliers d'années après la mort d'un individu. Où se trouvent les âmes des justes pendant la période d'attente avant la fin des jours et la résurrection des morts ? Le Rambo''n explique que cet endroit est ce que HaZa''l appellent Gan ´édhan. Le Gan ´édhan n'est pas un synonyme du ´ôlom Habbo`, mais plutôt une métaphore de l'endroit où les âmes des justes vont attendre le temps de la résurrection, le temps du ´ôlom Habbo`. Un autre nom pour cet endroit, selon le Rambo''n, est la Yashivoh céleste, יְשִׁיבָה שֶׁל מַעְלָה « Yashivoh Shal Ma´loh ».

À la différence du Rambo''n, le Rov Sa´adhyoh Go`ôn soutient que le Gan ´édhan ne fait pas référence à ce stade intermédiaire mais est plutôt un synonyme de ´ôlom Habbo`. Il explique que les âmes des justes sont entreposées sous le trône céleste de HaShem.

Ce que les deux descriptions ont en commun, cependant, est la supposition qu'il existe deux endroits différents où l'âme du juste va. Tout d'abord, elle se rend dans une salle d'attente paradisiaque, où les âmes attendent leur récompense ultime. Là-bas, ajoute le Rambo''n, elles ont le plaisir d'être proches du Divin, mais ce n'est pas la récompense ultime, car elles sont incomplètes jusqu'à ce qu'elles retrouvent leurs corps. Après un nombre inconnu d'années, elles seront ressuscitées et mériteront le ´ôlom Habbo`. L’opinion du Rambo''n est la base de la prière du אֵל מָלֵא רַחֲמִים « `él Molé` Rahamim », selon laquelle les âmes justes se reposent dans le Gan ´édhan, où elles sont entreposées et surveillées et reçoivent un certain niveau de récompense. Lorsque le moment de la résurrection des morts arrivera, elles rejoindront leurs corps et iront dans le ´ôlom Habbo`.

Toutefois, le Gan ´édhan n'entre pas du tout dans la conception maïmonidienne de la vie après la mort. En fait, le Rambo''m écrit explicitement que le Gan ´édhan n’est pas un concept philosophique. C’est simplement un merveilleux jardin physique que nous retrouverons un jour quelque part sur la Terre, qui contient des plantes et des herbes merveilleuses, de l’eau abondante, des arbres fruitiers et même des herbes médicinales. Cela n'a cependant aucune signification métaphysique.

    • Le Rambo''n : Gilgoul Nashomôth

Le Rambo''n fait allusion à une troisième compréhension possible de l'endroit où vont les âmes après la mort, qui est le גִּלְגּוּל נְשָׁמוֹת « Gilgoul Nashomôth ». Peut-être qu'en attendant l'époque du ´ôlom Habbo`, les âmes se seront réincarnées, et au moins certaines d'entre elles seront revenues sur terre dans un nouveau corps. Cela leur donne l’occasion de réparer ce qui doit être corrigé, de faire un meilleur travail qu’à l’origine.

Pour résumer, il existe trois théories sur l'endroit où les âmes des justes vont quand elles meurent : le ´ôlom Habbo` (Rambo''m), le Gan ´édhan (Rambo''n) ou le Gilgoul Nashomôth.

  • Châtiment des impies

    • Punition ultime : le Géhinnom (Rambo''n)

Qu'advient-il des âmes des impies après leur mort ? Quelle est la peine ultime à laquelle le Rosho´ peut s'attendre ? À cet égard, nous avons également trois opinions. Le Séphar Ho´iqqorim dit que les philosophes qui croient que la récompense ultime du ´ôlom Habbo` se déroule dans un monde physique, croient également que le Géhinnom, le lieu du châtiment ultime et éternel, est semblable à un monde physique. En expliquant l'opinion du Rambo''n et du Ramo''`, le Séphar Ho´iqqorim écrit qu'au Géhinnom un corps physique est brûlé par un feu d'enfer physique.

Cela soulève un problème philosophique ou scientifique, à savoir que rien ne peut être brûlé éternellement. Tout ce qui brûle finit par être consumé. Comment, alors, les impies peuvent-ils brûler éternellement ? Le Séphar Ho´iqqorim n'est pas troublé par cette question. Dans le monde physique tel que nous le connaissons, rien ne peut brûler éternellement; mais HaShem accomplira un miracle et renforcera miraculeusement les corps des impies, leur permettant ainsi d'être brûlés éternellement et de faire l'expérience de la douleur et de la torture du Géhinnom sans être consumés.

Le Ramo''` écrit en effet que le châtiment des impies dans le Géhinnom inclura à la fois le corps et l'âme, et que les impies seront ressuscités afin de recevoir ce châtiment. Le Rambo''n, cependant, a une approche différente pour comprendre le Géhinnom. Selon le Rambo''n, il n'y aura pas de corps physiques punis éternellement. Seules les âmes des impies seront punies, car la résurrection des morts est un privilège spécial réservé aux justes.

Il s'est basé sur une déclaration `aggadique faisant le contraste entre la pluie et la résurrection. HaZa''l nous disent qu'il y a deux exploits similaires que seul HaShem accomplit. (Bien qu'à première vue, ils ne semblent pas similaires, si nous apprécions vraiment tout ce que HaShem fait pour nous dans le monde, nous devrions réaliser qu'ils sont tous les deux miraculeux.) L'un est la résurrection des morts et l'autre est le fait de faire tomber la pluie. Dans la seconde bénédiction de la prière de la ´amidhoh, nous juxtaposons ces deux miracles. Comme la résurrection, les précipitations donnent la vie là où autrement il n'y aurait que la mort, et les deux sont contrôlés exclusivement par HaShem. Selon Ribbi `abbohou, la différence entre eux est que, bien que les justes et les impies jouissent de la pluie, la résurrection des morts ne concerne que les justes.

Par conséquent, dit le Rambo''n, les impies en enfer n'auront pas de corps physique à brûler dans un feu physique, et ainsi le Géhinnom ne peut pas être physique. Au contraire, explique-t-il, il y aura une forme de feu spirituel dans lequel les âmes des impies seront jetées. Leurs âmes adhéreront à l'élément métaphysique du feu et subiront une torture que nous décrivons métaphoriquement comme le fait d'être brûlé.

La punition ultime qu'ils reçoivent, cependant, n'est pas d'être brûlés dans un feu spirituel. Au contraire, elle est plus interne à leurs âmes. Au cours de leur vie dans ce monde, les impies ont souillé leurs âmes. Ils ont pris une étincelle divine de pure spiritualité et l'ont souillée avec la grossièreté du péché et de l'iniquité. Par conséquent, lorsque leurs âmes se rendent dans le monde à venir, l’âme, qui est originaire du royaume des cieux, désire retourner à sa source et remonter dans les royaumes célestes pour se réunir avec HaShem. Toutefois, la grossièreté et la pollution de l'âme constituent une barrière qui entraîne l'âme vers le bas et l'empêche de s'élever vers le ciel. Bien plus grande que n'importe quelle douleur de cet élément métaphysique du feu, la plus grande douleur est que, maintenant que l'âme réalise la vérité, elle veut monter dans les royaumes célestes, et elle ne peut pas, à cause de ce qu'elle s'est faite à elle-même dans ce monde. Elle s'est accablée de péché, ce qui l'empêche d'accomplir ce qu'elle réalise maintenant, c'est la seule chose qu'elle ait toujours voulue, à savoir monter au ciel. La torture psychologique, dit le Rambo''n, est la plus grande torture que quiconque puisse subir.

Le châtiment ultime que l'impie expérimente n'est donc pas de brûler dans le feu de l'enfer, mais plutôt le châtiment psychologique de connaître la vérité, de connaître la hiérarchie appropriée des valeurs, de savoir ce qui est vraiment important et ce qui est vraiment éternel et ce qui est vraiment le but de la vie humaine, et ne pas pouvoir l'accomplir à cause de toutes les erreurs qu'elle a faites lors de son séjour sur cette planète.

En usant d'une métaphore de la technologie moderne, nous pourrions imaginer que les impies verront une vidéo de leur vie. Ils seront assis avec la connaissance de ce qui est vraiment précieux dans la vie et devront regarder encore et encore les bêtises qu'ils ont faites. La souffrance psychologique de connaître la vérité et d'être accablé par le fait que l’on a pourtant nié cette vérité et que son âme s'est façonnée et modelée en une image de mensonge est la plus grande souffrance psychologique que l’on puisse subir: connaître la vérité à un point où il n'est plus possible de l'accomplir.

    • Punition ultime : le Koréth (Rambo''m)

Le Rambo''m ne considère pas le Géhinnom comme la punition ultime. Le Rambo''m explique que le Géhinnom est un événement historique unique qui se produit dans le monde physique et dans lequel les impies périssent par le feu. Peut-être que le soleil se rapprochera et les brûlera, ou peut-être qu'ils développeront une fièvre extrêmement élevée. Cependant, le Géhinnom n'est pas où les méchants sont punis après leur mort; la punition ultime est plutôt le Koréth, être coupé. (Le Rambo''m ne fait pas ici référence à quelqu'un qui a déjà commis une transgression pour laquelle on mérite le Koréth, par exemple, en mangeant un morceau de graisse interdite, mais plutôt à une punition ultime infligée à quelqu'un qui n'a aucun lien avec la spiritualité.) Qu'est-ce que le Koréth ? De même que l'âme d'un animal disparaît à la mort de l'animal, il en va de même pour les impies. Il est coupé comme un animal et son âme meurt avec son corps et manque l'occasion de faire l'expérience du plaisir et de la récompense ultimes du ´ôlom Habbo`.

Le Rambo''n et d’autres sont horrifiés à l’idée que le Rambo''m ne croit pas au feu infernal. Il doit forcément y avoir un prix à payer pour toute une vie de transgression ! Le Rambo''n suggère donc que le Rambo''m croit en effet que les impies sont soumis à la torture en enfer avant que leurs âmes ne soient détruites et que leur existence ne soit éternellement réduite. Pourtant, il n’y a pas de source explicite dans les écrits du Rambo''m pour étayer cette théorie. Il semble plus probable que le Rambo''m pense que l'impie paierait le prix ultime d'une vie de plaisirs éphémères. Il pense que ce prix est le fait de manquer les vrais plaisirs du monde à venir. La non-existence éternelle est la punition ultime.

Cela correspond à la position du Rambo''m exprimée dans son Môréh Navoukhim. En discutant de la Divine Providence (הַשְׁגָּחָה « Hashgohoh »), le Rambo''m nous dit que les âmes des impies sont équivalentes à celles des animaux. La différence entre les âmes des êtres humains et celles des animaux n’est pas de savoir si nous pouvons faire des calculs, ni si nous pouvons utiliser des outils ou lire des livres. Une âme humaine a la capacité de contempler et de comprendre HaShem et de se remplir de connaissance du Divin; une âme animale ne le fait pas. Par conséquent, dit le Rambo''m, l'âme d'un impie qui ne se remplit pas de connaissance de HaShem de son vivant, n'atteint pas son plein potentiel humain. Il a seulement pensé à manger, à boire et à d'autres plaisirs physiques, un peu comme une vache ou un cheval, un chat ou un chien. Par conséquent, il est logique que cette âme soit coupée et cesse d’exister, tout comme l’âme d’un animal mort.

Comment une âme vit-elle éternellement ? Le Rambo''m dit que les âmes vivent éternellement dans le ´ôlom Habbo` parce qu'elles sont connectées à HaShem et que HaShem est éternel. Elles existent sans présence physique parce qu'elles contemplent HaShem et partagent ainsi Son existence spirituelle éternelle. Les âmes des impies, qui ne sont remplies d'aucun degré de connaissance de HaShem, n'ont aucun mécanisme pour exister éternellement. Il n'y a rien d'éternel en elles, car elles ont été vidées de leur contenu éternel et remplies de pensées éphémères de nourritures et de boissons, de plaisirs physiques et d'aspirations matérielles. Il n’est pas étonnant que HaZa''l disent que les impies, même vivants, sont considérés comme morts. Si tel est le cas, conclut le Rambo''m, à leur mort, ils sont certainement éternellement morts.

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