jeudi 31 décembre 2015

Récapitulatif des règles d'inclusion d'autres aliments dans une bénédiction

ב״ה

Récapitulatif des règles d'inclusion d'autres aliments dans une bénédiction


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Comme nous l'avons vu dans l'article précédent, intitulé « La durée d'efficacité d'une bénédiction », il n'est pas toujours évident pour tout le monde de savoir quand une bénédiction devrait être refaite ou pas avant de manger à nouveau. Pour faciliter davantage les choses, nous allons faire un petit récapitulatif des principales règles relatives à l'inclusion d'autres aliments dans une bénédiction.

  1. Lorsqu'on grignote

  1. Une Barokhoh Ri`shônoh inclut tous les aliments que vous aviez l'intention de consommer au moment où vous avez fait la Barokhoh.
  2. C'est pourquoi, si vous faites un הָעֵץ « Ho´és » sur une pomme, la Barokhoh est efficace sur n'importe quel autre aliment Ho´és que vous comptez consommer. Si vous avez l'intention de ne manger qu'une seule pomme, la Barokhoh ne couvrira alors que cette pomme, alors que si vous avez l'intention de manger d'autres aliments dont la Barokhoh est également Ho´és, ils sont couverts aussi par la Barokhoh Ri`shônoh.
  3. Si vous n'aviez aucune intention spécifique en faisant la Barokhoh Ri`shônoh, et vous décidez à présent de consommer un autre aliment Ho´és, une nouvelle Barokhoh est-elle requise ? Dans certaines situations, nous supposons que, bien que vous n'ayez eu aucune intention explicite, votre conscience est également sur d'autres aliments de la même catégorie. Par conséquent, ils sont inclus dans la Barokhoh Ri`shônoh et n'en nécessitent pas une nouvelle.
  1. Si le second aliment que vous désirez à présent consommer est exactement le même que celui sur lequel vous avez fait la Barokhoh Ri`shônoh, aucune nouvelle Barokhoh n'est nécessaire. Ainsi, si vous avez dit un « Ho´és » sur une pomme, et désirez à présent une autre pomme, aucune nouvelle Barokhoh n'est nécessaire.
  2. S'il y a de la nourriture devant vous au moment où vous avez fait la Barokhoh Ri`shônoh, elle est couverte par cette Barokhoh, même si vous ne pensiez pas de façon consciente à elle en faisant la Barokhoh. Aucune nouvelle Barokhoh ne sera nécessaire avant de le consommer. Par conséquent, tout ce qui est déjà prêt et sur la table, on peut supposer qu'on l'avait à l'esprit au moment de la Barokhoh Ri`shônoh.
  3. De l'autre côté, si l'aliment se trouvait dans une autre pièce, dans le réfrigérateur, ou le garde-manger, il n'est pas couvert par votre Barokhoh Ri`shônoh. (On parle évidemment du cas où cet aliment n'est pas exactement le même que celui sur lequel la Barokhoh avait été faite. Voir le point 3a.)
  4. S'il reste encore un peu de l'aliment d'origine lorsque le deuxième aliment est apporté, et qu'ils sont de la même catégorie, aucune nouvelle Barokhoh n'est nécessaire. Ainsi, si vous aviez fait un מְזוֹנוֹת « Mazônôth » sur un bol de pretzels, et qu'avant de les avoir terminés vous apportez (ou décidez de manger) un autre aliment qui requiert la même Barokhoh, comme par exemple des crackers, aucune Barokhoh n'est nécessaire sur les crackers.
  1. Un aliment qui sert un but différent (par exemple, un aliment solide et une boisson, ou encore un plat principal et un dessert) n'est pas couvert, même s'il est apporté avant que l'aliment d'origine ne soit terminé. Ainsi, si vous aviez fait un ֶהַכָּל « Shahakkol » sur du thon, et qu'ensuite vous apportez un verre de jus, vous devez refaire un « Shahakkol » avant de boire. Et si après le jus de fuit vous décidez d'apporter de la crème glacée comme dessert, vous devez encore faire un autre « Shahakkol ».

  1. Lorsqu'on prend un repas


  1. Toute nourriture ou boisson qui est normalement apporté au cours d'un repas est couverte par la Barokhoh faite au début du repas.
  2. Cela s'applique pour un repas, mais également lorsqu'on grignote d'une manière fixe, comme par exemple lorsqu'un groupe de personnes ont l'habitude de se mettre à table à des moments particuliers pour consommer des fruits. Tout fruit qui est apporté par la suite est couvert par la Barokhoh d'origine. Si telle est leur habitude, c'est alors considéré comme une « intention », même si le deuxième aliment ne se trouvait pas devant eux au moment où la Barokhoh Ri`shônoh a été faite, et même si rien de l'aliment d'origine ne reste.
  3. De même, dans les sociétés où les gens boivent toujours quelque chose avec le repas, nous supposons que des boissons seront apportées et servies en plein milieu. La Barokhoh sur la nourriture couvrira les boissons.
  4. Si vous aviez spécifiquement l'intention de ne pas manger un certain aliment, la Barokhoh Ri`shônoh ne couvrira pas cet aliment si, par la suite, vous changez d'avis.
  5. De même, si après avoir fait la Barokhoh Ri`shônoh on vous apporte d'une manière soudaine et imprévue dans le menu d'origine un nouvel aliment, une nouvelle Barokhoh sera nécessaire.

mercredi 30 décembre 2015

La durée d'efficacité d'une bénédiction

ב״ה

La durée d'efficacité d'une bénédiction


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La question suivante m'a été envoyée :

Si vous avez faim et vous servez dans le réfrigérateur un fruit, du fromage, de la viande, ou peu importe, puis, quelques minutes après avoir mangé, vous vous dîtes « J'en prendrais bien encore ! », une nouvelle bénédiction sera-t-elle nécessaire ?

C'est une excellente question qui demande de se pencher sur le temps d'efficacité d'une bénédiction.

En elle-même, une bénédiction n'a aucune « date de péremption », pour ainsi dire. Théoriquement, vous pourriez commencer votre journée en faisant la bénédiction de ֶהַכָּל « Shahakkol » sur une boisson et continuer à consommer des aliments « Shahakkol » toute la journée sans refaire une nouvelle bénédiction. Mais au niveau pratique, c'est quasiment jamais faisable. La raison à cela est que dès l'instant où vous décidez que vous avez terminé de manger (ou boire), votre bénédiction perd son effet, et vous devrez alors refaire une bénédiction avant de manger à nouveau.

La décision d'arrêter de manger est appelée הֶסַּח הַדַּעַת « Hassah Hadda´ath » (littéralement, « retrait de la conscience »). Bien que prendre une décision consciente de s'arrêter de manger soit du Hassah Hadda´ath, ce n'est pas la seule façon de le faire. Certaines actions et interruptions qui génèrent un Hassah Hadda´ath automatique mettent fin à l'efficacité d'une bénédiction. Nous allons en rapporter quelques-unes.

  • Faire une Barokhoh `aharônoh

La forme la plus évidente de rupture de l'efficacité d'une bénédiction consiste à réciter une Barokhoh `aharônoh (la bénédiction à faire après consommation, et qui dépendra de l'aliment en question). Une fois que cette bénédiction aura été récitée, c'est une affirmation claire que vous avez terminé de manger ; de ce fait, si vous comptez manger ou boire à nouveau, une nouvelle bénédiction avant consommation devra être faite.

  • Intention de mettre fin au repas

Un Hassah Hadda´ath se produit également dès l'instant où vous accomplissez un acte qui précède généralement une Barokhoh `aharônoh. Par exemple, si vous aviez mangé avec vos doigts et les avez salis, et que vous les avez lavés afin de pouvoir réciter la Birkath Hammozôn, cela indique que vous avez décidé de mettre fin au repas. Le Talmoudh fournit un autre exemple : en Palestine, avant le repas, il était de coutume de défaire sa ceinture, et la resserrer juste avant de commencer la Birkath Hammozôn. Là aussi, cela marquait une décision d'arrêter de manger. Dans ces cas-là, il faudra refaire une bénédiction si on compte manger ou boire à nouveau.

  • Dormir

Si vous vous êtes assoupi en plein milieu du repas, ce n'est pas considéré du Hassah Hadda´ath, et vous pourrez reprendre votre repas sans devoir refaire une bénédiction en vous réveillant.

Par contre, si vous aviez consciemment décidé d'aller faire une sieste, c'est du Hassah Hadda´ath, et quand vous vous réveillerez une nouvelle bénédiction sera nécessaire avant de manger ou reprendre votre repas.

Notez la différence entre ce cas-ci et ceux rapportés dans les deux précédents points, où il faudra non seulement faire une Barokhoh `aharônoh, mais également une nouvelle Barokhoh Ri`shônoh (bénédiction avant consommation) avant de manger à nouveau, tandis qu'ici, juste une nouvelle Barokhoh Ri`shônoh suffira avant de pouvoir manger ou reprendre son repas.

Ainsi, pour répondre à la question, à moins d'avoir pris la décision consciente d'arrêter de manger, ou d'avoir fait une Barokhoh `aharônoh, ou d'avoir marqué par un acte précédant généralement la récitation d'une Barokhoh `aharônoh son intention d'arrêter de manger, ou d'être allé dormir, une nouvelle bénédiction ne sera pas nécessaire lorsque vous retournerez au réfrigérateur vous resservir votre fruit, fromage, viande, ou quelque autre aliment identique à ce que vous aviez précédemment consommé.


Nous en dirons davantage dans un autre article, Dieu voulant !

Les trente-neuf Malo`khôth : Losh – Pétrir

ב״ה

Les trente-neuf Malo`khôth expliquées clairement

Losh – Pétrir


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  1. Introduction

Le processus de confection du pain est presque terminé. Nous avons fait pousser notre blé, l'avons battu, l'avons moulu, et l'avons tamisé. À présent, nous sommes prêts à le pétrir, c'est-à-dire le mélanger à de l'eau afin qu'il devienne de la pâte.

C'est de cette action que provient la Malo`khoh suivante, appelée לָשׁ « Losh ». Elle ne couvre pas que le fait de pétrir de la pâte, mais toute action de mélange d'un liquide avec une autre substance, afin d'obtenir un nouveau produit épais et consistant.

Il existe deux façon de créer un tel mélange :

  1. Vous mélangez un liquide et de petites particules solides, comme par exemple en combinant du lait et des flocons de céréales pour bébé, ou du thon et de la mayonnaise.
  2. Vous mélangez un liquide et une substance qui est déjà molle, comme par exemple de l'huile et des avocats en purée. Bien que l'avocat a déjà été broyé pour atteindre un état semi-solide, ajouter l'huile rend le mélange encore plus en bouillie. Par conséquent, faire ce genre de mélange est également inclus dans la catégorie de Losh, et ne peut être réalisé à Shabboth.


  1. Mélanger et combiner

HaZa''l ont toujours cherché à rendre opérationnelle la Halokhoh, afin de définir les frontières de notre comportement. Afin de nous aider à comprendre Losh, ils ont fait une distinction entre deux sortes de mélanges.

  1. Les mélanges épais

La catégorie de mélange principale est appelée בְּלִילָה עָבֶה « Baliloh ´ovah » (littéralement, « mélange épais »). Elle inclut les choses dont la consistance est si épaisse qu'elles ne peuvent être versées, comme par exemple la pâte à pain, des céréales chaudes épaisses, une purée épaisse, etc.1


Créer une Baliloh ´ovah à Shabboth est le cas classique de la Malo`khoh de Losh, et est interdit au niveau de la Tôroh.

  1. Les mélanges fins

La catégorie suivante est appelée בְּלִילָה רַכָּה « Baliloh Rakkoh » (littéralement, « mélange coulant »). Il s'agit de choses qui peuvent être versées, bien qu'elles ne soient pas liquides. Par exemple, la pâte à crêpe versée sur une plaque.

Créer une Baliloh Rakkoh à Shabboth est interdit au niveau rabbinique. Cependant, il vous est permis de faire un tel mélange si vous effectuez quelques changements dans le processus.

L'action de Losh est composée de deux actes distincts :

  1. combiner les deux substances, et ensuite
  2. littéralement les mélanger ensemble.

Si vous changez la façon de combiner les éléments et changez également la façon de les mélanger, il sera alors permis de faire une Baliloh Rakkoh. (Voir la condition n°6 dans l’article intitulé « Travail réfléchi ». Voir également l'article sur les « Activités de semaine », où nous avions expliqué que si une activité pouvait amener à la transgression du Shabboth, elle pouvait être permise dans certains cas si on modifiait la façon de l'accomplir.)

Ainsi, normalement, nous préparons les céréales pour bébé en prenant les flocons, puis en versant dessus de l'eau ou du lait (la combinaison), et ensuite en les mélangeant avec une cuillère (le mélange). À Shabboth, si nous désirons préparer les céréales, nous aurons besoin de deux Shinouyim (changements) :

  1. L'ordre de la combinaison : versez d'abord le liquide, et ensuite versez les céréales.
  2. La méthode de mélange : Au lieu de bouger la cuillère dans un mouvement circulaire typique, mélangez en bougeant la cuillère dans un mouvement ressemblant à une croix (de haut en bas et de gauche à droite), ou en utilisant le manche de la cuillère.

Pourquoi ces changements font-ils toute la différence et rendent permis l'acte ? La raison même pour laquelle la Baliloh Rakkoh fut interdite à Shabboth est qu'elle ressemble à la Baliloh ´ovah. Mais si nous faisons des choses qui vont nous rappeler par-là que c'est Shabboth (en créant le mélange d'une manière inhabituelle), l'acte se sera alors différencié de la manière de faire une Baliloh ´ovah.

  1. Gros morceaux

Une troisième catégorie est appelée חֲתִיכוֹת גְּדוֹלוֹת « Hathikhôth Gadhôlôth », qui signifie littéralement « grands morceaux ». Comme l'indique son nom, il s'agit d'un mélange comprenant de gros morceaux de nourriture, ainsi qu'un liquide. Citons par exemple une salade de pommes de terre (des pommes de terre mélangées à de la mayonnaise), une salade composée, et d'autres choses similaires. Ici, la nourriture et le liquide restent séparés et distinguables, même lorsqu'ils sont mélangés. En d'autres mots, la mayonnaise ne fait que recouvrir la pomme de terre. Par conséquent, nous pouvons créer ce genre de mélange à Shabboth, sans aucun problème.

La clef de cette catégorie est que les morceaux de l'aliment sont gros. À l'inverse, lorsque l'aliment est haché finement et qu'un liquide est ajouté, il est plus que probable que les deux ne formeront plus qu'une seule et même « unité ». Cela peut se produire, par exemple, avec du haché de thon et de la mayonnaise. Le meilleur moyen de contourner cela consiste à laisser le thon en morceaux, et simplement le recouvrir de mayonnaise.

  1. Autre chose que de la nourriture

Jusqu'à présent, nous avons vu comment la Malo`khoh de Dosh s'appliquait à la nourriture. Mais elle s'applique également à des éléments non comestibles. Ainsi, mélanger du sable avec de l'eau pour faire de la boue, mélanger du ciment, ou encore faire un plâtre, sont des exemples concrets de l'application de cette Malo`khoh dans un contexte autre qu'alimentaire, et constituent une transgression du Shabboth.2

  1. Conclusion

Nous avons vu comment l'acte de pétrir de la pâte sert de base à un large ensemble d'activités tombant dans la même catégorie. La seule chose qu'il nous reste à faire avec notre pâte est de la cuire. Cela nous mène à la dernière Malo`khoh de la Siddouro` Dappath, celle de cuire.

1Talmoudh, Shabboth 156a-b
2Ibid., 18a

lundi 28 décembre 2015

Raser la barbe et les Pé`ôth Horô`sh

ב״ה

Raser la barbe et les Pé`ôth Horô`sh


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  1. Introduction

Parmi les 613 Miswôth de la Tôroh, nous en avons deux qui se rapportent directement à l'apparence d'un homme : l'interdiction de raser les coins de sa tête (en Loshôn Haqqôdhash, פֵּאוֹת הָרֹאשׁ « Pé`ôth Horô`sh ») et celle de raser les coins de sa barbe (en Loshôn Haqqôdhash, פֵּאוֹת הַזָּקָן « Pé`ôth Hazzoqon »).

  1. Les Pé`ôth Horô`sh

Concernant les Pé`ôth Horô`sh, le Ramba''m ז״ל écrit ceci dans son Séfar Hammiswôth1 :

La 43ème Miswoh est l'avertissement qui nous a été lancé contre le fait de raser les tempes. Celui qui est exalté a dit2 : « N'arrondissez pas un coin de votre tête ». Et cette [Miswoh] Négative sert également à nous empêcher d'imiter les idolâtres, étant donné que c'est ainsi qu'agissaient les idolâtres, qui ne rasaient que leurs tempes. Par conséquent, ils3 ont expliqué dans le traité Yavomôth4 que : « Arrondir toute la tête est également inclus dans [l'interdiction] d'arrondir », afin que tu ne dises pas que l'interdiction ne concerne que le fait de raser les tempes et laisser le reste des cheveux, comme le font les prêtres idolâtres, et qu'en rasant toute la tête tu ne les imites pas. De ce fait, ils nous ont informé qu'il est interdit de raser les tempes de quelque façon que ce soit, que ce soit elles seules ou avec toute la tête. On est punit de coups de fouet distincts pour chaque côté. Par conséquent, celui qui rase toute sa tête reçoit deux ensembles de coups de fouet. Nous ne les comptons pas comme deux Miswôth distinctes, bien qu'il y ait deux ensembles de coups de fouet, simplement parce qu'il n'y a pas deux phrases [dans l’Écriture] pour cette interdiction. Si l’Écriture avait dit « N'arrondissez pas le coin droit de votre tête, ni le coin gauche de votre tête », et qu'il y avait deux ensembles de coups de fouet stipulés, nous aurions alors pu les compter comme deux Miswôth. Mais puisqu'il n'y a qu'une seule phrase et une seule sorte d'action, elle compte comme une seule Miswoh. Et bien que cette interdiction ait été expliquée comme faisant référence à différentes parties du corps, et qu'on reçoive des coups de fouet par chaque partie de façon distincte, cela n'exige pas de notre part de la compter comme valant plus d'une Miswoh. Les détails de cette Miswoh ont été donnés à la fin du traité Makkôth5. Les femmes n'y sont pas astreintes.
המצווה המ"ג האזהרה שהזהרנו מלגלח הצדעים. והוא אמרו יתעלה: "לא תקפו פאת ראשכם". וגם הלאו הזה הוא כדי שלא להתדמות לעובדי עבודה זרה, לפי שכך היו עושים עובדי עבודה זרה שמגלחים צדעיהם בלבד. ולפיכך הוצרכו לבאר במסכת יבמות ואמרו: "הקפת כל הראש - שמה הקפה", שלא תאמר שתכלית האיסור הוא גילוח הצדעים והנחת שאר השער כדרך שעושים כמרי עבודה זרה, אבל אם מגלח הכל הרי אין בכך התדמות להם - לפיכך הודיענו, שאסור לגלח הצדעים כלל בין לבדם בין עם כל הראש; וחייב מלקות על כל צדע מהם ולפיכך לוקה שתים אם גלח כל ראשו. והטעם שלא נמנה אלו כשתי מצוות, אף על פי שלוקה שתיים, מפני שאין בהם שני לשונות תחת לאו אחד. שאילו אמר: לא תקיפו פאת ראש מימין ופאת ראש משמאל והיינו מוצאים שחייבו עליהם שתים כי אז היה אפשר למנותם כשתי מצוות; אבל הואיל והם בלשון אחד ועניין אחד - הרי הם מצווה אחת. אף על פי שבא הפירוש, שלאו זה כולל חלקיים שונים מהגוף ושהוא חייב על כל חלק מהם לבדו, אין זה מחייב שיהיו מצוות הרבה. וכבר נתבארו דיני מצווה זו בסוף מכות; ולאו זה אין הנשים חייבות בו

Il nous donne quelques informations supplémentaires dans son Mishnéh Tôroh6 :

1. Nous ne pouvons pas raser les coins de la tête, comme le font les idolâtres et leurs prêtres, ainsi qu'il est dit : « N'arrondissez pas un coin de votre tête ». On est Hayyov pour chaque Pé`oh individuellement. Par conséquent, celui qui rase ses deux tempes, même s'il l'a fait simultanément et n'a reçu qu'un avertissement, on le flagelle deux fois7.
א  אֵין מְגַלְּחִין פַּאֲתֵי הָרֹאשׁ, כְּמוֹ שֶׁהָיוּ עוֹשִׂין עוֹבְדֵי עֲבוֹדָה זָרָה וְכוּמָרֵיהֶן--שֶׁנֶּאֱמָר "לֹא תַקִּפוּ, פְּאַת רֹאשְׁכֶם". וְחַיָּב עַל כָּל פֵּאָה וּפֵאָה; לְפִיכָּךְ הַמְּגַלֵּחַ שְׁנֵי צְדָעָיו, אַפִלּוּ בְּבַת אַחַת וְהַתְרָאָה אַחַת--לוֹקֶה שְׁתַּיִם
2. Celui qui ne rase que les Pé`ôth et laisse tout [le reste des] cheveux sur la tête, et celui qui rase toute la tête ensemble8, étant donné qu'il a rasé les Pé`ôth, on le flagelle. À qui les paroles susmentionnées s'appliquent-elles ? À l'homme qui rase. Mais l'homme qui se fait raser ne se fait flageller que s'il a assisté celui qui l'a rasé9. Et celui qui rase [les Pé`ôth] du mineur est flagellé.
ב  אֶחָד הַמְּגַלֵּחַ הַפֵּאוֹת בִּלְבָד וּמַנִּיחַ שְׂעַר כָּל הָרֹאשׁ, וְאֶחָד הַמְּגַלֵּחַ כָּל הָרֹאשׁ כְּאֶחָד--הוֹאִיל וְגִלַּח הַפֵּאוֹת, לוֹקֶה. בַּמֶּה דְּבָרִים אֲמוּרִים, בְּאִישׁ הַמְּגַלֵּחַ; אֲבָל הָאִישׁ הַמִּתְגַּלֵּחַ, אֵינוּ לוֹקֶה אֵלָא אִם כֵּן סִיַּע לַמְּגַלֵּחַ. וְהַמְּגַלֵּחַ אֶת הַקָּטָן, לוֹקֶה
3. La femme qui rase les coins de la tête de l'homme, ou qui se rase [ses propres Pé`ôth], est Patouroh, car il est dit : « N'arrondissez pas un coin de votre tête, et ne détruis pas un coin de ta barbe ». Tout celui qui est concerné par [l'interdiction] de la destruction [des coins de la barbe] est concerné par [l'interdiction] de l'arrondissement [des coins de la tête]. Et la femme n'est pas concernée par [l'interdiction] de la destruction [des coins de la barbe], parce qu'elle n'a pas de barbe.
ג  הָאִשָּׁה שֶׁגִּלְּחָה פְּאַת רֹאשׁ הָאִישׁ, אוֹ שֶׁנִּתְגַּלְּחָה--פְּטוּרָה, שֶׁנֶּאֱמָר "לֹא תַקִּפוּ, פְּאַת רֹאשְׁכֶם; וְלֹא תַשְׁחִית, אֵת פְּאַת זְקָנֶךָ": כָּל שֶׁיֶּשְׁנוֹ בְּבַל תַּשְׁחִית, יֶשְׁנוֹ בְּבַל תַּקִּיף; וְאִשָּׁה אֵינָהּ בְּבַל תַּשְׁחִית, לְפִי שְׁאֵין לָהּ זָקָן

Nous voyons donc que se raser les Pé`ôth est une interdiction biblique, mais qu'elle ne s'applique pas aux femmes. Par contre, les garçons mineurs y sont astreints. Aucun adulte n'a le droit de raser leurs Pé`ôth. Et enfin, une femme qui rase les Pé`ôth d'un homme n'est pas punie. Par contre, si elle l'a fait sur demande de l'homme qu'elle coiffe ou que cet homme l'a assisté de quelque façon que ce soit pour lui montrer où elle devait couper, cet homme se fait punir pour la transgression de cette interdiction.

Le Ramba''m poursuit son exposition des lois relatives aux Pé`ôth en disant :

6. Bien qu'une femme ait la permission de raser les coins de sa tête, voici, il lui est interdit de raser les coins de la tête d'un homme. Et même un mineur, il lui est interdit de les lui raser. Les Sages ne nous ont pas donné une mesure concernant le coin que nous devons laisser à la tempe. Mais nous avons entendu de nos anciens qu'il ne faut pas laisser moins de quarante cheveux. Et il est permis de couper les coins avec des ciseaux. Ils n'ont interdit que la destruction avec un rasoir.
ו  אַף עַל פִּי שֶׁהָאִשָּׁה מֻתֶּרֶת לְגַלַּח פְּאַת רֹאשָׁהּ, הֲרֵי הִיא אֲסוּרָה לְגַלַּח פְּאַת רֹאשׁ הַזָּכָר; וְאַפִלּוּ קָטָן, אָסוּר לָהּ לְגַלַּח לוֹ. וּפֵאָה זוֹ שֶׁמַּנִּיחִין בַּצֶּדַע, לֹא נָתְנוּ בָּהּ חֲכָמִים שֵׁעוּר; וְשָׁמַעְנוּ מִזְּקֵנֵינוּ, שְׁאֵינוּ מַנִּיחַ פָּחוּת מֵאַרְבָּעִים שְׂעָרוֹת. וּמֻתָּר לִלְקֹט הַפֵּאוֹת בְּמִסְפְּרַיִם, לֹא נֶאֱסָר אֵלָא הַשְׁחָתָה שֶׁלַּתַּעַר

Contrairement à ce que certaines personnes affirment, le Ramba''m ne permet absolument pas de couper les Pé`ôth aux ciseaux ! Il a répété à maintes reprises que couper les Pé`ôth était interdit. Ce qu'il veut nous faire comprendre ici, c'est qu'une fois qu'on a laissé la mesure minimale de quarante cheveux et que les cheveux descendent de la tempe jusqu'à la mandibule (ce qui est la longueur minimale requise des Pé`ôth d'après le Talmoudh), il est permis de couper l'excédent, c'est-à-dire tous les autres cheveux qui se trouvent dans cette zone-là ou qui descendent plus bas que la mandibule. Ce que nos Sages ont interdit, c'est le fait de détruire les Pé`ôth, c'est-à-dire de les raser entièrement. Par contre, les tailler, en diminuer la longueur (tout en prenant soin de ne pas les diminuer en-dessous de la longueur minimale requise), etc., est permis. Il fera la même distinction entre les « ciseaux » et le « rasoir » lorsqu'il parlera de la Miswoh de la barbe, ce qui a amené beaucoup de gens à faussement penser que se couper intégralement la barbe était permis aux ciseaux, mais pas au rasoir. Nous y reviendrons dans le point suivant.

Pour des informations complémentaires sur les Pé`ôth Horô`sh, (re)voir l'article intitulé « Le Ramba''m et les Pé`ôth Horô`sh »

  1. Les Pé`ôth Hazzoqon

Dans son Séfar Hammiswôth, le Ramba''m explique ainsi cette interdiction10 :

La 44ème Miswoh est l'avertissement qui nous a été lancé contre le rasage de la barbe. Et elle possède cinq sections : la mâchoire supérieure droite, la mâchoire supérieure gauche, la mâchoire inférieure droite, la mâchoire inférieure gauche, et le menton. Et cela est inclus dans le langage [du verset] : « Et ne détruis pas un coin de ta barbe », parce que qu'elles sont toutes appelées « barbe ». Il n'est pas dit « Ne détruis pas ta barbe », mais il est plutôt dit « Ne détruis pas un coin de ta barbe », ce qui signifie : ne détruis pas même un seul coin de l'intégralité de la barbe. Et l'interprétation [de la Tradition Orale] est qu'il y a cinq coins, comme nous les avons catégorisés [plus haut], et qu'on est Hayyov de cinq [mesures de] flagellation11 si on les rase tous, et même s'il les a rasés simultanément. Pour reprendre le langage de la Mishnoh12 : « Pour la barbe, [on reçoit] cinq [mesures de flagellation] : deux pour un côté, deux pour l'autre côté, et une pour le bas. Ribbi `ali´azar dit : ''S'ils ont été coupé tous ensemble, on est Hayyov que d'une seule [mesure de flagellation]'' ». Et il est dit dans le Talmoudh13 : « Nous voyons que Ribbi `ali´azar soutient que cela ne représente qu'une seule interdiction ». C'est là une preuve claire que la première opinion soutient qu'ils constituent cinq interdictions distinctes, et c'est là la Halokhoh. Et c'était également la pratique des prêtres idolâtres, comme cela est bien répandu aujourd'hui parmi les prêtres Européens, car ils rasent leurs barbes. Cela ne compte pas comme cinq Miswôth distinctes, étant donné que l'interdiction est exprimée au singulier14 et qu'il n'y a qu'une seule sorte d'acte15, comme nous l'avons expliqué pour la Miswoh précédente16. Les détails de cette Miswoh ont été expliqués à la fin du traité Makkôth. Et les femmes ne sont pas astreintes à cette Miswoh.
המצווה המ"ד האזהרה שהזהרנו מלגלח את הזקן, ויש בו חמישה חלקיים: הלחי העליון מצד ימין, והלחי העליון מצד שמאל, והלחי התחתון מצד ימין, והלחי התחתון מצד שמאל, ושבולת הזקן. וכבר בא הלאו בלשון זה: "ולא תשחית את פאת זקנך", לפי שהכל נקרא: זקן. ולא אמר ולא תשחית זקנך, אלא אמר: "ולא תשחית את פאת זקנך" - רצונו לומר: לא תשחית אף פאה אחת מכלל הזקן. ובא הפירוש שהן חמש פאות, כמו שחילקנו אותן. וחייב חמש מלקיות אם גלח הכל, ואפילו גלחן בבת אחת. ולשון המשנה: "ועל הזקן חמישה: שתיים מכאן ושתיים מכאן ואחת מלמטן, ר' אליעזר אומר: אם נטלו כלן כאחת – אינו חייב אלא אחת". ואמרו בתלמוד: "אלמא קסבר ר' אליעזר לאו אחד הוא". הרי זו ראיה ברורה שתנא קמא סובר שהם חמישה לאווין וכך היא ההלכה. וגם זה היה דרך כמרי עבודה זרה, כמו שמפורסם היום על דרך כהנים האירופים שהם מגלחים את זקנם. והטעם שאין למנותן כחמש מצוות - לפי שהלאו שבה נאמר בלשון יחיד והוא עניין אחד, כמו שביארנו במצווה שלפניה. וכבר נתבארו דיני מצווה זו בסוף מכות; ומצווה זו אין הנשים חייבות בה

Le Ramba''m donne de plus amples détails dans son Mishnéh Tôroh sur cette Miswoh17 :

7. C'est la pratique des prêtres idolâtres de détruire leurs barbes. Par conséquent, la Tôroh a interdit de détruire la barbe. Et elle a cinq coins : la mâchoire supérieure et la mâchoire inférieure à droite, la mâchoire supérieure et la mâchoire inférieure à gauche, et les poils du menton. On flagelle pour chaque coin [retiré]. Et si on les retire tous ensemble, on est flagellé cinq [fois].
ז  דֶּרֶךְ כּוּמָרֵי עֲבוֹדָה זָרָה הָיָה לְהַשְׁחִית זְקָנָם, לְפִיכָּךְ אָסְרָה תּוֹרָה לְהַשְׁחִית הַזָּקָן. וְחָמֵשׁ פֵּאוֹת יֵשׁ בּוֹ--לֶחִי הָעֶלְיוֹן וְלֶחִי הַתַּחְתּוֹן מִיָּמִין, וְלֶחִי הָעֶלְיוֹן וְלֶחִי הַתַּחְתּוֹן מִשְּׂמֹאל, וְשִׁבֹּלֶת הַזָּקָן. וְלוֹקֶה עַל כָּל פֵּאָה וּפֵאָה; וְאִם נְטָלָן כֻּלָּן כְּאַחַת, לוֹקֶה חָמֵשׁ
8. Et on est Hayyov que lorsqu'on rase avec un rasoir, comme il est dit : « Et ne détruis pas un coin de ta barbe » : le rasage [dont on parle ici] est celui qui détruit. Par conséquent, s'il rase sa barbe aux ciseaux, il est Potour ! Et celui qui se fait raser n'est flagellé que s'il a assisté [celui qui l'a rasé]. Une femme a la permission de détruire sa barbe si elle a des poils de barbe. Et si elle détruit la barbe d'un homme, elle est Patouroh.
ח  וְאֵינוּ חַיָּב עַד שֶׁיְּגַלְּחֶנּוּ בַּתַּעַר--שֶׁנֶּאֱמָר "וְלֹא תַשְׁחִית, אֵת פְּאַת זְקָנֶךָ", גִּלּוּחַ שֶׁיֵּשׁ בּוֹ הַשְׁחָתָה; לְפִיכָּךְ אִם גִּלַּח זְקָנוֹ בְּמִסְפְּרַיִם, פָּטוּר. וְאֵין הַמִּתְגַּלֵּחַ לוֹקֶה, עַד שֶׁיְּסַיַּע. וְאִשָּׁה--מֻתֶּרֶת לְהַשְׁחִית זְקָנָהּ, אִם הָיָה לָהּ שְׂעַר זָקָן; וְאִם הִשְׁחִיתָה זְקַן הָאִישׁ, פְּטוּרָה
9. La moustache, il est permis de la raser avec un rasoir. Ce sont les poils qui se trouvent au-dessus de la lèvre supérieure. Et de même en est-il avec les poils qui pendent de la lèvre inférieure. Bien que cela soit permis, les Israélites ont la coutume de ne pas les détruire, mais simplement de raser leur extrémité, jusqu'à ce qu'ils ne gênent plus pour manger et boire.
ט  הַשָּׂפָם--מֻתָּר לְגַלְּחוֹ בַּתַּעַר, וְהוּא הַשֵּׂעָר שֶׁעַל גַּבֵּי הַשָּׂפָה הָעֶלְיוֹנָה; וְכֵן הַשֵּׂעָר הַמְּדֻלְדָּל מִן הַשָּׂפָה הַתַּחְתּוֹנָה. וְאַף עַל פִּי שְׁהוּא מֻתָּר, לֹא נָהֲגוּ יִשְׂרָאֵל לְהַשְׁחִיתוֹ, אֵלָא לְגַלַּח קְצָתוֹ, עַד שֶׁלֹּא יְעַכַּב אֲכִילָה וּשְׁתִיָּה
10. Le retrait des poils du reste du corps, comme par exemple les aisselles ou les parties génitales, n'est pas une interdiction émanant de la Tôroh, mais plutôt des paroles des Scribes. Et celui qui les retire reçoit des coups de fouet pour rébellion. Quand ces paroles susmentionnées s'appliquent-elles ? Là où seules les femmes les retirent, afin qu'on ne s'embellisse pas comme s'embellissent les femmes. Mais là où le reste des hommes les retirent, s'il les retire, il n'est pas flagellé. Et il est permis de retirer les poils de nos autres organes aux ciseaux, et ce en tout lieu.
י  הַעְבָּרַת הַשֵּׂעָר מִשְּׁאָר הַגּוּף, כְּגוֹן בֵּית הַשֶּׁחִי וּבֵית הָעֶרְוָה--אֵינוּ אָסוּר מִן הַתּוֹרָה, אֵלָא מִדִּבְרֵי סוֹפְרִים; וְהַמַּעְבִירוֹ, מַכִּין אוֹתוֹ מַכַּת מַרְדּוּת. בַּמֶּה דְּבָרִים אֲמוּרִים, בִּמְקוֹם שְׁאֵין מַעְבִירִין אוֹתוֹ אֵלָא נָשִׁים--כְּדֵי שֶׁלֹּא יְתַקַּן עַצְמוֹ תִּקּוּן נָשִׁים; אֲבָל בִּמְקוֹם שֶׁמַּעְבִירִין הַשֵּׂעָר הָאֲנָשִׁים--אִם הִעְבִיר, אֵין מַכִּין אוֹתוֹ. וּמֻתָּר לְהַעְבִיר שְׂעַר שְׁאָר אֵבָרִים בְּמִסְפְּרַיִם, בְּכָל מָקוֹם

À partir du mot « détruire », les Sages ont compris que l'interdiction de se raser n'incluait que quelque chose qui « détruit », comme par exemple un rasoir, qui aplanit le poil jusqu'à la peau. La tige capillaire pousse sous la peau, ainsi qu'au-dessus de la peau. Quand on se rase avec un rasoir, la peau est tendue et expose réellement le poil qui pousse sous la peau. Le rasoir s'attaque au poil dans la direction opposée vers laquelle la peau est tirée. Lorsque la peau tendue se détend, les poils sont en fait coupés sous la peau. C'est la définition de « détruire la barbe », ce qui est interdit par la Tôroh. Quand on dit donc qu'il est permis de raser la barbe aux ciseaux, cela ne signifie pas qu'on peut utiliser ses ciseaux et couper toute la barbe, mais cela signifie qu'il est techniquement possible de se raser la barbe en utilisant un outil qui n'a généralement pas la capacité de couper le poil près de la peau. D'où la permission de « tailler » la barbe. Mais là encore, c'est à la condition de ne pas toucher aux cinq coins interdits !

Les rasoirs électriques de première génération étaient constitués d'une tête vibrante et d'une grille. La barbe passait entre les lames tranchantes de la grille et la tête vibrante, et était coupée dans un style ressemblant à ce qu'on pouvait obtenir avec des ciseaux. Le rasage était plus proche que les ciseaux manuels, puisque le rasoir coupait la barbe près de la peau. Toutefois, il ne donnait jamais suffisamment un rasage lisse parce qu'il n'était pas aussi puissant que ceux d'aujourd'hui.

Au fur et à mesure de l'évolution des rasoirs, des modèles avec des batteries plus puissantes faisaient vibrer plus vite la tête et coupaient la barbe plus près de la peau. Les appareils actuels s’enorgueillissent d'ailleurs de couper plus près encore qu'un rasoir manuel et de couper réellement le poil sous la barbe, comme un rasoir.

Aujourd'hui, selon de très nombreux Rabbonim, l'écrasante majorité des rasoirs électriques utilisent des lames qui sont plus aiguisées que ceux des temps passés, et sont donc problématiques d'un point de vue halakhique. Mais de toute façon, les Israélites de toutes les générations, qui sont réellement animés de la crainte de Dieu, et qui ne veulent pas prendre le risque de toucher les parties interdites par la Tôroh, ne touchent pas à leurs barbes.

Si quelqu'un décide de se raser la barbe, il devra prendre soin alors de ne pas toucher aux cinq coins interdits par la Tôroh. Les barbes des hommes ci-dessous sont ainsi conformes, puisqu'ils ont laissé les cinq coins intacts : les deux côtés de la mâchoire supérieure, les deux côtés de la mâchoire inférieure, et les poils sous le menton.


  1. Les raisons de ces deux interdictions

Quelles sont les raisons de ces deux interdictions ?

Le `ibn ´azro` ז״ל (Rabbénou `avrohom `ibn ´azro`, 1089-1164) offre trois raisons, qui sont complémentaires18 :

  1. Les couper équivaut à imiter les Gôyim.
  2. Si HaShem ית׳ ne voulait pas que les hommes aient des barbes et des Pé`ôth Horô`sh, Il ne les aurait pas créer avec des barbes et des Pé`ôth.
  3. Certaines personnes se rasent la tête et la barbe en guise de pratiques de deuil.

Rabbénou Bahayé ban `oshér (1255-1340)) suggère que les Pé`ôth Horô`sh et la barbe font partie des caractéristiques principales qui différencient un homme d'une femme.

Quant au Ramba''m, nous avons vu qu'il rapporte les avis 1 et 3 du `ibn ´azro`. D'un côté, les prêtres idolâtres des temps passés et encore actuels, se rasent la barbe (voir les moines Bouddhistes ou encore les prêtres Catholiques, où le rasage est systématique). C'est une pratique liée à l’idolâtrie. D'ailleurs, en Loshôn Haqqôdhash, se raser se dit גַּלֵחַ « Galéah », et c'est ce verbe qui a donné naissance au mot גַּלָח « Galoh », qui désigne un prêtre idolâtre, précisément parce que la pratique des prêtres idolâtres est de se raser intégralement la barbe. Et de l'autre côté, il y a de nombreuses références bibliques claires sur l'importance de garder intacte sa barbe. En fait, le TaNa''Kh associe systématiquement le rasage de la barbe et des cheveux à des pratiques païennes de deuil. Citons quelques passages pour illustrer cela :

Yasha´yohou 15:2
On monte au sanctuaire, à Divôn les Hauts-Lieux, pour pleurer; sur Navô et sur Médhavo`, Mô`ov se lamente. Toutes les têtes sont rasées, toutes les barbes sont coupées.
עָלָה הַבַּיִת וְדִיבֹן הַבָּמוֹת, לְבֶכִי: עַל-נְבוֹ וְעַל מֵידְבָא, מוֹאָב יְיֵלִיל--בְּכָל-רֹאשָׁיו קָרְחָה, כָּל-זָקָן גְּרוּעָה

Wayyiqro` 21:5
ils ne feront point de tonsure à leur tête, ne raseront point un coin de leur barbe, et ne pratiqueront point d'incision sur leur chair
לֹא-יקרחה (יִקְרְחוּ) קָרְחָה בְּרֹאשָׁם, וּפְאַת זְקָנָם לֹא יְגַלֵּחוּ; וּבִבְשָׂרָם--לֹא יִשְׂרְטוּ, שָׂרָטֶת

Yirmayohou 41:5
des hommes arrivèrent de Shakham, de Shilô et de Shômrôn, au nombre de quatre-vingts, ayant la barbe rasée, les vêtements déchirés et [le corps] tailladé, portant dans leurs mains des offrandes et de l'encens qu'ils destinaient à la Maison de `adhônoy
וַיָּבֹאוּ אֲנָשִׁים מִשְּׁכֶם מִשִּׁלוֹ וּמִשֹּׁמְרוֹן, שְׁמֹנִים אִישׁ, מְגֻלְּחֵי זָקָן וּקְרֻעֵי בְגָדִים, וּמִתְגֹּדְדִים; וּמִנְחָה וּלְבוֹנָה בְּיָדָם, לְהָבִיא בֵּית יְהוָה

Yirmayohou 48:35-38
Je ferai disparaître en Mô`ov quiconque monte aux hauts-lieux, quiconque offre de l'encens à son dieu. Aussi mon cœur gémit-il au sujet de Mô`ov comme les flûtes funèbres; mon cœur gémit comme les flûtes funèbres sur les gens de Kir-Haras: aussi bien, c'en est fait de tous les biens qu'ils avaient amassés. Oui, toute tête est devenue chauve, toute barbe est arrachée, toutes les mains sont couvertes d'incisions et tous les reins de cilices. Sur toutes les terrasses de Mô`ov et sur ses places publiques, ce ne sont que démonstrations de deuil, parce que J'ai brisé Mô`ov comme un vase dont on ne veut plus, dit `adhônoy.
וְהִשְׁבַּתִּי לְמוֹאָב, נְאֻם-יְהוָה, מַעֲלֶה בָמָה, וּמַקְטִיר לֵאלֹהָיו. עַל-כֵּן לִבִּי לְמוֹאָב, כַּחֲלִלִים יֶהֱמֶה, וְלִבִּי אֶל-אַנְשֵׁי קִיר-חֶרֶשׂ, כַּחֲלִילִים יֶהֱמֶה; עַל-כֵּן יִתְרַת עָשָׂה, אָבָדוּ. כִּי כָל-רֹאשׁ קָרְחָה, וְכָל-זָקָן גְּרֻעָה; עַל כָּל-יָדַיִם גְּדֻדֹת, וְעַל-מָתְנַיִם שָׂק. עַל כָּל-גַּגּוֹת מוֹאָב וּבִרְחֹבֹתֶיהָ, כֻּלֹּה מִסְפֵּד: כִּי-שָׁבַרְתִּי אֶת-מוֹאָב, כִּכְלִי אֵין-חֵפֶץ בּוֹ--נְאֻם-יְהוָה

Nous pouvons clairement voir le lien entre le fait de raser sa barbe, l’idolâtrie et les pratiques païennes de deuil.

Quant aux Pé`ôth Horô`sh, nous avons également des versets clairs du TaNa''Kh faisant l'association entre les pratiques païennes et idolâtres et le fait de les raser. Citons les versets suivants en exemple :

Yirmayohou 9:24-25
Voici, des jours vont venir, dit `adhônoy, où Je sévirai contre tous ceux qui sont circoncis sans l'être, contre l’Égypte et Yahoudhoh, contre `adhôm, contre les fils de ´ammôn et Mô`ov, et contre tous les coupeurs des coins [de la tête] qui habitent dans le désert; car si tous ces peuples sont incirconcis, toute la maison d'Israël a, elle, le cœur incirconcis.
הִנֵּה יָמִים בָּאִים, נְאֻם-יְהוָה, וּפָקַדְתִּי, עַל-כָּל-מוּל בְּעָרְלָה. עַל-מִצְרַיִם וְעַל-יְהוּדָה, וְעַל-אֱדוֹם וְעַל-בְּנֵי עַמּוֹן וְעַל-מוֹאָב, וְעַל כָּל-קְצוּצֵי פֵאָה, הַיֹּשְׁבִים בַּמִּדְבָּר--כִּי כָל-הַגּוֹיִם עֲרֵלִים, וְכָל-בֵּית יִשְׂרָאֵל עַרְלֵי-לֵב

Yirmayohou 25:23
À Dothon, à Témo`, à Bouz, et à tous les coupeurs des coins [de la tête].
וְאֶת-דְּדָן וְאֶת-תֵּימָא וְאֶת-בּוּז, וְאֵת כָּל-קְצוּצֵי פֵאָה

Nous distinguer des païens (qui, eux, rasent les coins de leurs têtes et l'intégralité de leurs barbes) et éviter les pratiques idolâtres liées au deuil sont les deux raisons principales pour lesquelles il est interdit par la Tôroh de se raser intégralement la barbe et les Pé`ôth Horô`sh, et encore moins lorsqu'on est en période de deuil. Nous pouvons également ajouter l'explication donnée par Rabbénou Bahayé ז״ל, qui est aussi la deuxième proposée par le ibn ´azro`, à savoir, que la barbe et les coins de la tête font partie des caractéristiques physiques distinguant un homme d'une femme, et nous savons qu'il est interdit par la Tôroh pour un homme de se laisser paraître comme une femme.19

1Miswoh Lô` Tha´asah 43
2Wayyiqro` 19:27
3Les Sages
45a
520b
6Hilkôth ´avôdhoh Zoroh Wahouqqôth Haggôyim 12:1-3
7C'est-à-dire, il reçoit 78 coups de fouet maximum ; 39 pour la Pé`oh droite et 39 pour la Pé`oh gauche
8Aussi bien les Pé`ôth que le reste de la tête
9Il lui a, par exemple, indiqué qu'il pouvait lui raser les Pé`ôth, ou alors il ne le lui a pas dit, mais a placé sa tête de telle façon à faire comprendre au coiffeur qu'il désirait se faire raser les Pé`ôth et afin de faciliter le travail du coiffeur. Ainsi, si la personne ne voulait pas qu'on lui coupe les Pé`ôth et qu'elle n'a rien fait pour assister le coiffeur dans son travail, si ses Pé`ôth ont été rasées il sera exempt de toute transgression
10Miswoh Lô` Tha´asah 44
11C'est-à-dire, un maximum de 195 coups de fouet
12Makkôth 3:5
13Ibid., 21a
14« barbe » et non « barbes »
15Le fait de détruire la barbe
16La Miswoh des Pé`ôth
17Hilkôth ´avôdhoh Zoroh Wahouqqôth Haggôyim 12:7-10
18Commentaire sur Wayyiqro` 19:27
19Voir Davorim 22:5
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