lundi 23 février 2015

Les vêtements font l'homme de Dieu

בס״ד

Les vêtements font l'homme de Dieu

Rabbi Mikho`él Shalômoh Bar-Rôn

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Par Rabbi Mikho`él Shalômoh Bar-Rôn שליט״א.

Nous sommes durant la semaine de la Parashath Tasawwah (qui est prononcé « Tétsavèh par ceux qui ne sont pas initiés à la prononciation de l'Hébreu ancien), la Paroshoh qui traite des vêtements sacrés, la tenue qui distinguait le Kôhén (plus particulièrement le Kôhén Godôl) dans ses activités saintes. C'est donc une belle opportunité qui m'est offerte d'enseigner l'un des aspects de la Tôroh les moins bien connus : l'importance d'un habillement juif distinct.

Voici l'une des 613 Miswôth fondamentales de la Tôroh, dans Wayyiqro` (Lévitique) 18:3 :

Vous n'agirez point selon les œuvres du pays d’Égypte dans lequel vous avez demeuré, et vous n'agirez point selon les œuvres du pays de Canaan vers lequel Je vous conduis. Et vous ne marcherez pas dans leurs coutumes.
כמעשה ארץ מצרים אשר ישבתם בה לא תעשו וכמעשה ארץ כנען אשר אני מביא אתכם שמה לא תעשו ובחקתיהם לא תלכו

Ce qui suit est un résumé tiré du Mishnéh Tôroh sur de ce que dit la Tôroh Orale (la vraie Halokhoh) à propos de cette Miswoh :

Mishnéh Tôroh, Hilkhôth ´Avôdoh Zoroh Wahouqqôth Haggôyim 11:1
Il est défendu de marcher dans les coutumes des Gôyim, et de leur ressembler, que ce soit dans la tenue vestimentaire, la coupe de cheveux, ou ce qui est semblable, car il est dit1 : « Vous ne marcherez pas dans les coutumes de la nation », et il est dit2 : « Vous ne marcherez pas dans leurs coutumes », et il est dit3 : « Prends garde de te fourvoyer sur leurs traces » ; tous [ces versets] sont une mise en garde sur la même idée, qui est de ne pas leur ressembler. Au contraire, l'Israélite doit être séparé d’eux, et distinguable par sa tenue vestimentaire et autres pratiques, tout comme il est séparé d’eux dans ses conceptions et ses traits de caractère. De même, il est dit4 : « Je vous ai séparés des nations ».
אין הולכין בחוקות הגויים, ולא מידמין להן--לא במלבוש, ולא בשיער, וכיוצא בהן: שנאמר "ולא תלכו בחוקות הגוי", ונאמר "ובחוקותיהם, לא תלכו", ונאמר "הישמר לך, פן תינקש אחריהם". הכול בעניין אחד הוא מזהיר: שלא יידמה להן--אלא יהיה הישראלי מובדל מהן וידוע במלבושו ובשאר מעשיו, כמו שהוא מובדל מהן במדעו ובדעותיו. וכן הוא אומר "ואבדיל אתכם מן העמים

Dans le Séfar Hammiswôth (Miswoh Lô` Tha´asah n°30), nous apprenons que l'interdiction de copier les coutumes des Goyim ne se rapporte pas seulement à leurs coutumes actuelles, mais également à celles de leurs ancêtres. Certains prétendent que le Rambam זצ״ל aurait changé d'avis depuis sa jeunesse, quand il rédigea son Séfar Hammiswôth, car il a délibérément omis ce détail dans son Mishnéh Tôroh. Ainsi, le Juifs Hasidim et Lituaniens ayant adopté le style du chapeau feutre et de la redingote pourraient prétendre qu'aujourd'hui ils ont un style juif distinct, étant donné que le clergé chrétien a abandonné ce style vestimentaire pour d'autres modes d'habillement.

Pour moi, c'est tiré par les cheveux ! Je pourrais me tromper, mais je ne vois aucune raison de combattre ce qui semble clair : les Juifs ne doivent pas se vêtir dans des vêtements qui étaient propres aux Gôyim, que ce soit ceux du présent ou ceux du passé. (Remarque : Tout ce que je dis du mode vestimentaire Harédi est dit avec le plus profond respect pour les Harédim et leur [notre] dévotion ardente envers la Tôroh. Je m'identifie moi-même comme un Juif Harédi, je vis dans un quartier Harédi et mes enfants étudient dans une institution Harédi remarquable.)

Un de mes amis a partagé avec moi une perspective supplémentaire : les vêtements noirs [des Harédim)] calqués sur le style polonais et les chapeaux noirs et Shtreimels (et j'ajouterais à cela les tenues moulantes modernes des Juifs non-Harédim calquées sur les styles occidentaux) nous font paraître étrangers en Terre Sainte. C'est un habillement hostile au climat, et nous ressemblons à des oppresseurs étrangers qui n'appartiennent pas à ce continent, des étrangers importés d'Europe. Les Arabes nous le font souvent remarquer, comme le reste du monde. Remarquant nos styles vestimentaires non originaux, ils disent : « Vous voyez ? Ces Juifs sont venus et ont volé notre terre. Ils n'appartiennent pas à ce continent. Retournez en Europe ! »

Ce que je crois est que les Gôyim comprennent inconsciemment, quelque part profondément dans leurs âmes, une chose qui les peine grandement : ce n'est pas à cela que le « Royaume de prêtres et la sainte nation », le peuple d'Israël, est censé ressembler. Boroukh HaShem, je vois quelques signes de changements positifs en cours.

Comment donc est-ce que, idéalement, les Juifs devraient-ils s'habiller ? Croyez le ou pas, les traditions sur notre style vestimentaire n'ont pas complètement disparues. Nous pouvons encore les apprendre des Juifs d'Orient, dont quelques uns seulement les ont préservées jusqu'à ce jour. De mon propre arrière-arrière-arrière-grand-père, HoRov Yahoudoh HaLéwi de Dubrovnik (en Serbie), aux grands Hakhomim de Bagdad sur la photo ci-dessous, en passant par les Talmidéi Hakhomim du Yémen, la façon de s'habiller des hommes variait très peu :


Parmi nos guerriers, le style différait. Ci-dessous, une photo de Yahia Habbani de mémoire bénie, de la famille de Ya´aqôv Môshah (Awad bin Brihim), le père de l'estimé `Alouf `Abbir Mori Yahôshoua´ Sôfér שליט״א. Le défunt oncle est vêtu du style classique des Habbani, qui remonte à des millénaires :


Le `Alouf `Abbir lui-même, un spécialiste de l'habillement ancien au Proche-Orient, m'a enseigné une fois, au nom de son père (qui a actuellement plus de 100 ans. Puisse HaShem le préserver en bonne santé), qu'une photographie des Arabes il y a 100 ans serait presque identique à ce que les Yishmo`élim ressemblaient il y a 1000 ans, et même jusqu'aux temps du TaNaKh. Il en était de même au sein de son propre clan.

Peu importe le style, du Béith Midrosh au champ de bataille, à travers tout le Moyen-Orient, nous avons préservé notre style vestimentaire distinct. Si nous nous tournons vers la leçon que nous apprennent nos anciennes légendes orales (Midroshim), c'est un détail d'une grande importance : ce fut en partie par le mérite de notre loyauté infaillible envers notre mode d'habillement traditionnel hébreu qu'HaShem nous a délivrés d’Égypte. Les Sages décrétèrent même une bénédiction spéciale à réciter lorsque nous enveloppons nos turbans autour de la tête : ברוך אתה יי אלֹהינוּ מלך העולם עוטר ישראל בתפארה « Béni Tu es HaShem, notre Dieu, Roi de l'univers, Qui couronne [le peuple d']Israël de splendeur ». Le Talmoud Bavli (traité Barokhôth 60b) est clair, tout comme le Mishnéh Tôroh (Hilkhôth Tafilloh 7:4) : cette bénédiction se fait lorsqu'on « enroule son tissu [ou vêtement] sur la tête ». (Remarquez que le Talmoud et le Mishnéh Tôroh mentionnent tous deux des chapeaux à d'autres endroits. Mais cette bénédiction ne fut spécifiquement instituée que pour des couvre-chefs israélites authentiques.)

À présent, avant que vous ne vous rendiez auprès du tailleur le plus proche et ne vous découragiez rapidement en vous disant que vous risquez de perdre votre travail, vos amis, ou pire, demandons-nous ce qu'est la Halokhoh pratique. Aujourd'hui, l'habillement moderne est standardisé dans le monde entier en un « code vestimentaire » universel. De nos jours, la plupart des styles des vêtements propres aux Gôyim sont suffisamment bizarres que pour servir de costumes de Pourim.5 En outre, bien que nous avons maintenu un style distinct, la vérité est que les Juifs à travers les époques portaient ce qui leur paraissait approprié dans leurs entourages. Ma compréhension est, selon ce que j'ai reçu, que pour les hommes, à un niveau basique, tant que ce que nous portons est suffisamment pudique, que la Kippoh sur notre tête et les Sisith sur les côtés nous donnent une apparence clairement unique et distincte, cela remplit les critères de base de la Halokhoh.

Néanmoins, à mon humble avis (sans manquer de respect à ceux qui ne seront pas d'accord), il pourrait y avoir deux exceptions notoires à cette règle pour les hommes : le costume trois pièces et les pantalons moulants, plus particulièrement les jeans moulants. À l'inverse des costumes ordinaires, le costume trois pièces est un vêtement traditionnel également connu sous le nom de « 31 du Dimanche ». Ayant atteint sa forme actuelle au siècle dernier, il semble avoir été (dans sa culture d'origine) un vêtement spécial mis de côté par les Gôyim pour leur culte hebdomadaire du Dimanche. Quant aux pantalons moulants ou les jeans, à moins qu'on ne prenne plusieurs tailles au-dessus afin qu'ils pendent comme le style « gangster » (ce qui, en soi, constitue un style vestimentaire propre aux Gôyim), il est explicitement interdit dans le Talmoud pour un homme Juif d'en porter. D'après ma lecture du [Mishnéh Tôroh), le Rambam n'avait nulle besoin de le mentionner, car cela tombe dans l'interdiction générale d'imiter les coutumes non juives.

Quant à moi, je ne suis personnellement pas satisfait par le « code vestimentaire » universel. Mon âme aspire à plus. Cela me met mal à l'aise de savoir que durant plus de 3000 ans nos ancêtres, nos grands rabbins, prophètes et guerriers, avaient des styles vestimentaires juifs distincts et des coiffures distinctes que nous sommes prêt à si facilement abandonner en faveur des styles vestimentaires des yuppies et des centres commerciaux américains. Alors qu'en Terre Sainte les moines bouddhistes, les nonnes et les prêtres chrétiens Éthiopiens se promènent librement dans leurs vêtements traditionnels, moi, qui suis un Juif, je devrais me contenter des styles vestimentaires proposés par le magazine GQ, quand bien même ils seraient techniquement permis ?

Je puisse rarement dans le mysticisme pour la rédaction de mes articles6, mais cette fois-ci je ne peux pas me retenir de le faire. « Téfillin », par Aryéh Kaplan, est l'un des livres les plus inspirants que j'ai lus lorsque j'évoluais dans ma pratique de la Tôroh il y a quelques années d'ici. Dedans, Aryéh Kaplan de mémoire bénie écrit :

L'espace physique n'existe que dans le monde physique. Dans le domaine spirituel, il n'existe pas de concept de l'espace, comme nous le savons.

Néanmoins, nous parlons de choses comme étant proches ou éloignées dans le monde spirituel. Qu'est-ce que cela signifie ? Nous ne pouvons être en train de parler d'une distance physique, car il n'y a pas d'espace physique dans le domaine spirituel. Mais dans un sens spirituel, la proximité implique une ressemblance. Deux choses qui se ressemblent sont spirituellement proches. De l'autre côté, deux choses qui diffèrent sont éloignées dans un sens spirituel.

Il s'en suit que si nous désirons être spirituellement proches et semblables aux plus grands hommes de l'histoire, `Avrohom `Ovinou, Môshah Rabbénou, Dowid Hammalakh, Rébbi ´Aqivo`, etc., nous devons leur ressembler autant que possible. C'est évidemment premièrement et principalement dans nos actes : dans notre façon d'interagir avec les autres, dans notre façon de prier, dans notre façon d'étudier et pratiquer la Tôroh, dans notre façon de combattre. Mais c'est si difficile dans un monde mondain où nous sommes classés en catégories et limités par ceux qui nous entourent. Et pourtant, comme cela a été expliqué plus haut, c'est nous qui créons notre image, la façon dont nous sommes perçus, et qui, à un certain degré, provoquons ces catégorisations par notre façon de nous habiller, de couper nos cheveux, etc.

La raison première pour laquelle, dans le monde Harédi, les Juifs portent des chapeaux et costumes noirs, est la raison première pour laquelle j'essaies de m'habiller d'une façon plus hébraïque. Ils savent jusqu'à quel point le vêtement fait l'homme de Dieu. Rien qu'en passant devant une discothèque animée, un adolescent en chapeau et costume noir se sentira et réagira différemment d'un jeune homme en jeans portant sur sa tête une Kippoh de la taille de la moitié d'un billet. S'habiller d'une manière plus israélite peut avoir le même effet. La différence est que l'habillement noir lui donne le sentiment d'une arrivée européenne commencée il y a plus de 60 ans, un homme exilé sur sa propre terre.

En outre, comme j'en ai discuté plus haut, tout habillement autre que notre habillement ancestral nourrit un certain stéréotype négatif aux yeux des nations, pour qui nous sommes censés être « un royaume de prêtres et une sainte nation ». Que ce soit un petit pas comme porter un large Tallith tout en se relaxant et travaillant dans sa maison, poter un turban sur sa tête pour faire la prière du matin quand on est seul chez soi, ou opérer de grands changements comme laisser pousser sa barbe et ses Pé ôth, je le recommande vivement. Si vous faites le choix de porter les Tafillin ne serait-ce que pour un court instant en-dehors du cadre de la prière pour étudier un peu de Tôroh, vous accomplissez en fait la Miswoh biblique d'aspirer à être en Tafillin tout au long de la journée.

Que puisse prochainement arriver le jour où les Hôhanim se vêtiront quotidiennement de leurs vêtements sacerdotaux dans le Béith Hammiqdosh reconstruit et que le peuple d'Israël se vêtira des siens pour l'accomplissement de toutes les activités exigées par notre héritage ancestral. En attendant, puissions-nous augmenter à titre personnel notre conscience du type de peuple Divin que notre habillement traditionnel peut nous aider à devenir.

Môri Mikho`él Shalômoh Bar-Rôn.
1Wayyiqro` 20:23
2Ibid., 18:3
3Davorim (Deutéronome) 12:30
4Wayyiqro` 20:26
5À noter qu'en tant que Talmid HaRambam, le Rov Mikho`él Shalômôh Bar-Rôn est catégoriquement opposé au fait de se déguiser à Pourim. Il a écrit des articles clairs à ce sujet et a donné une interview à ce propos en 2010. C'est une pratique non juive qui n'a pas sa place dans notre religion. Bien que ses enfants soient dans une école Harédi où les élèves se déguisent chaque année pour Pourim, il a catégoriquement interdit à ses enfants de le faire, en leur expliquant clairement pourquoi cela était interdit.

6Les Talmidéi HaRambam rejettent le Zôhar et la prétendue « Qabboloh »
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