ב״ה
Utiliser
des appareils électriques à Shabboth
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Les
Talmidhé HaRamba''m, les Dôr Da´im et certains Juifs de rite
hispano-portugais permettent l'usage d'appareils électriques à
Shabboth (cela n'implique pas forcément qu'ils en font usage, mais
simplement qu'ils estiment que d'un point de vue strictement
halakhique on ne peut l'interdire). Le consensus parmi les Pôsqim
contemporains des autres mouvements dits « Orthodoxes »
consiste cependant à l'interdire. Néanmoins, cette interdiction
pose problème à quatre niveaux :
- Une interdiction ne peut être basée que sur un précédent biblique ou talmudique. Or, l'électricité n'est comparable à rien de ce qui existait dans les temps bibliques et talmudiques, pas même dans les temps des Ri`shônim. Ce n'est que depuis que cette technologie s'est développée (au 19ème siècle) et est devenue pratique que de nombreuses questions se sont posées ;
- Contrairement à aujourd'hui, plusieurs Pôsqim permirent certains usages de l'électricité à Shabboth au tout début de l'histoire de cette technologie. En Lituanie, en Biélorussie, dans certaines parties de la Pologne et en Europe de l'Ouest, l'usage de l'électricité n'était pas considéré comme un problème à Shabboth, car l'électricité n'était pas vue comme étant du feu. Par contre, pour honorer l'avis des Pôsqim qui interdisaient totalement l'usage de l'électricité, les Pôsqim qui permettaient interdisaient d'utiliser l’électricité pour faire de la lumière ou pour produire de la chaleur afin de cuisiner. Dans le cas de la première interdiction, c'était parce qu'utiliser l’électricité pour produire de la lumière est un acte pouvant être considéré trop proche de l'allumage d'un feu lorsqu'on utilise des ampoules à incandescence, tandis que la deuxième interdiction fut promulguée afin d'empêcher d'en arriver à cuire des aliments à Shabboth, ce qui constituerait une transgression du Shabboth (par contre, réchauffer à Shabboth des aliments déjà cuits est permis avec certaines méthodes et conditions bien précises).1 À part dans ces deux cas, de nombreux Pôsqim du début de l'ère de l'électricité permettaient l'usage de l'électricité à Shabboth ;
- Il n'existe pas, parmi les Pôsqim qui interdisent, une raison concrète pouvant expliquer cette interdiction. En fait, eux-mêmes sont en divergence quant aux raisons pour lesquelles il serait interdit de faire usage de l'électricité à Shabboth ;
- un éminent Pôséq (Rabbi Shalômôh Zalman Auerbach, 1910-1995) a démontré qu'aucune des raisons différentes invoquées pour interdire l'usage de l'électricité (en dehors des deux cas susmentionnés) ne tient la route. Il conclut donc que c'est uniquement par habitude et parce que les parents, grands-parents et arrières-grands-parents n'en faisaient pas usage à Shabboth que les gens se l'interdisent.
Dans
cet article, nous allons passer en revue les arguments divergents qui
ont été invoqués pour interdire l'usage de l'électricité à
Shabboth et voir les contre-arguments qui ont été apportés par le
Rov Auerbach et d'autres.
Sept
raisons majeurs ont été avancées par diverses autorités pour
interdire l'usage d'appareils électriques à Shabboth. Les six
premières peuvent être résumées de la façon suivante :
- Allumer un appareil électrique est comparable au fait de créer quelque chose de nouveau (ce que l'on appelle dans le langage halakhique מוליד « Môlidh »), ce qui est interdit à Shabboth ;
- Compléter un circuit est interdit parce que c'est une forme de construction (la Mal`okhoh de בונה « Bônéh ») ;
- Allumer un appareil électrique transgresse l'interdiction de la Mal`okhoh de מכה בפטיש « Makkah Vappattish » ([donner le dernier] coup de marteau2) ;
- Compléter un circuit doit susciter des étincelles et est par conséquent interdit parce que cela crée une flamme ;
- L'usage de quelque courant électrique que ce soit mène à une augmentation de la consommation de combustible dans la centrale électrique, ce qui est interdit ;
- Chauffer un transistor ou un câble, même lorsqu'aucune lumière visible n'est émise, est interdit à cause de la Mal`okhoh de בישול « Bishoul » (cuire).
Ces
six premières possibilités pour interdire l'usage de l'électricité
à Shabboth peuvent être divisées en deux groupes. Les quatre
premières se rapportent à l'achèvement d'un circuit qui amène le
courant à circuler, tandis que les deux dernières situent le
problème au fait de faire fonctionner (et non d'allumer) l'appareil.
Si on peut démontrer que chacun de ces six arguments, seule
resterait alors la raison suivante :
- L'usage de l'électricité sans lumière ou chaleur est en fait permis, mais parce que les Juifs pratiquants maintiennent qu'il est interdit de faire usage d'appareils électriques à Shabboth, et que les autorités halakhiques ont approuvé cette interdiction, il est interdit d'en faire usage en raison de la « tradition » (ou habitude), et non sur une quelconque base halakhique solide et crédible.
Nous
allons passer en revue chacun des six arguments susmentionnés.
- Créer quelque chose de nouveau (Môlidh)
L'argument
selon lequel l'usage de l'électricité à Shabboth devrait être
interdit sur base de l'interdiction de Môlidh fut avancé en premier
par le Rov Yishoq
Yahoudhoh Schmelkes (1828-1905), dans son Béth Yishoq3.
Le Rov Schmelkes écrit que tout comme nos Sages ont interdit de
créer une odeur nouvelle dans nos vêtements à Shabboth
(interdiction que l'on appelle dans le langage halakhique מוליד
ריחא « Môlidh
Réha`
- Création d'une odeur »)4,
un acte que Rash''i זצ״ל
explique
être interdit parce que « celui
qui crée une odeur nouvelle est presque comme quelqu'un qui accompli
un acte interdit au niveau biblique »,
de même ils ont interdit de créer quoi que ce soit de nouveau à
Shabboth, ce qui inclut le fait de rendre « nouveau » un
appareil à travers l'usage de l'électricité ou la création d'un
flux de courant. Il conclut donc que créer un flux de courant (מוליד
זרם « Môlidh
Zaram ») est rabbiniquement interdit car en le faisant on a
créé quelque chose de nouveau ; un appareil fonctionnel.
Le
Rov Auerbach et de nombreux autres Pôsqim5
sont en désaccord avec la thèse du Rov Schmelkes. En résumé, ces
Pôsqim disent que la théorie du Rov Schmelkes est fausse, parce que
tout acte créatif qui est fait ou défait de façon routinière tout
au long de la journée ne peut être inclus dans l'interdiction
rabbinique de créer quelque chose de nouveau. En effet, nos Sages
n'ont interdit la création d'une chose nouvelle que si elle va durer
sans discontinuer tout au long du Shabboth ou au-delà. En outre, il
existe de nombreux exemples de « créations nouvelles »
dans le Talmoudh qui ne furent jamais interdites par nos Sages. Le
fait que créer une odeur nouvelle sur un vêtement fut interdit par
nos Sages n'implique pas et ne justifie pas que toutes les
« créations » nouvelles sont interdites à Shabboth. Le
Rov Auerbach insiste sur le fait que seul un nombre très limité
d'actes fut interdit dans le Talmoudh en raison du principe de
Môlidh, et on ne peut extrapoler de ces exemples limités que créer
quoi que ce soit de « nouveau » (comme un courant
électrique) est rabbiniquement interdit.
Une
preuve de cela peut se trouver dans une Responsa du Hokhom
Savi
(Rabbi Savi
`Ashkanazi, 1656-1718)6,
qui écrit que la seule chose qui soit interdit sous le principe de
Môlidh est le fait de parfumer un vêtement à Shabboth, mais il
permet d'appliquer du parfum sur de nombreuses autres choses que des
vêtements, car le Talmoudh n'applique ce principe qu'au fait de
parfumer des vêtements et à rien d'autre. De même, le Rov
Auerbach7
fournit de très nombreux exemples d' « actes créatives »
nouvelles que les rabbins n'ont jamais interdits.
- Construire (Bônéh)
Le
deuxième argument possible pour l'interdiction de l'usage de
l'électricité à Shabboth fut invoquée par le Hozôn
`Ish זצ״ל
(Rabbi
`Avrohom Yasha´yohou Karelitz, 1878-1953).8
Il déclare qu'il est probable
que l'achèvement d'un circuit électrique constitue une
transgression de la Mal`okhoh de Bônéh. Son raisonnement est
qu'achever un circuit transforme un câble qui était jusque là
inutilisable en un câble fonctionnel, et c'est comparable au fait
d'achever un bâtiment ou un mur. En outre, achever un circuit est
comparable au fait d'assembler un appareil composé de nombreuses
parties, ce qui est halakhiquement défini comme une construction,
est est par conséquent interdit à Shabboth.
La
position du Hozôn
`Ish a provoqué un énorme débat parmi les Pôsqim et les érudits
halakhiques. La critique la plus vigoureuse et substantielle de sa
position se retrouve dans le Chapitre 11 de l'ouvrage du Rov
Auerbach, Minhat
Shalômôh. Bien que le Rov Auerbach avance de nombreux arguments
contre la position du Hozôn
`Ish, son argument le plus crucial est le fait qu'ouvrir un circuit
qui est destiné à être ouvert et fermé de façon routinière ne
peut absolument pas être considéré comme un acte de construction
ou de destruction. Le Rov Auerbach fait remarquer qu'aucun des Pôsqim
s'étant penchés sur le sujet de l'usage de l'électricité avant
Hozôn `Ish n'a même jamais fait allusion à la possibilité
qu'achever un circuit soit un acte de construction. En plus, il
précise qu'il n'y a en fait aucune interdiction, pas même
rabbinique, de transformer un objet « mort » ou inutile
en un objet « vivant » ou utile à Shabboth. Fermer un
circuit est comparable au fait de fermer une porte, un acte que la
Halokhoh n'a jamais considéré comme une « construction »
étant donné qu'une porte est justement destinée à être
constamment ouverte et fermée. On rapporte d'ailleurs que c'est cet
argument qui aurait amené le Rov Môshah Feinstein זצ״ל
à
rejeter la position du Hozôn
`Ish. (Il convient de noter que le Rov Môshah Feinstein interdit
l'usage de l'électricité, bien qu'il ne donne jamais dans ses
écrits les raisons de sa position.)
L'écrasante
majorité des Pôsqim s’aligne derrière le Rov Auerbach sur ce
point, et tranche que l'on ne peut interdire l'électricité à
Shabboth sur base de la position du Hozôn
`Ish.
- Achever le confectionnement d'un appareil (Makkah Vappattish)
Certains
Pôsqim croient qu'utiliser un appareil électrique transgresse la
Mal`okhoh biblique de « Makkah Vappattish »9
(littéralement, « [le dernier] coup de marteau ». Cette
Mal`okhoh est généralement comprise comme le fait d'apporter la
dernière touche de quelque produit que ce soit et le rendre
utilisable10).
Sur la seule base de l'analogie, ces Pôsqim soutiennent qu'étant
donné qu'un appareil électrique n'est pas fonctionnel avant qu'on y
ajoute de l'électricité, l'introduction d'un courant électrique le
transforme en un équipement fonctionnel et utilisable, ce qui est
par conséquent interdit en raison du principe de « Makkah
Vappattish ».
Le
Rov Auerbach11
et le Rov Ya´aqôv Breisch12
s'opposent vigoureusement à cette position. Ils soutiennent qu'étant
donné qu'un appareil est fabriqué de telle sorte qu'il soit
fréquemment allumé et éteint, cette action ne peut être
considérée comme du « Makkah Vappattish ». De plus, ils
rappellent qu'il est un fait accepté qu'un acte ne peut être
considéré comme un « Makkah Vappattish » que lorsque
cet acte final est de nature permanente ou nécessite un grand
effort. Mais puisque personne n'a normalement l'intention d'allumer
de façon permanente un appareil électrique, et puisque allumer un
appareil ne nécessite pas un grand effort, cet acte ne peut être
considéré comme une transgression de la Mal`okhoh de « Makkah
Vappattish ».
La
majorité des Pôsqim sont d'accord pour dire que la Mal`okhoh de
« Makkah Vappattish » ne peut être la source de
l'interdiction d'allumer des appareils électriques.
- Les étincelles
La
quatrième raison avancée pour interdire le fait d'allumer des
appareils électriques à Shabboth est que l'ouverture ou fermeture
mécanique d'un circuit électrique génère des étincelles. La
règle générale est que la création d'étincelles est interdite en
vertu de l'interdiction rabbinique de produire des étincelles à
l'aide de bois ou de pierres.13
De très nombreux Pôsqim soutiennent donc qu'un appareil électrique
qui génère des étincelles est de ce fait interdit.14
Cependant,
un certain nombre de facteurs indiquent que cette interdiction
rabbinique ne peut être appliquée aux étincelles créées en
allumant ou éteignant des commutateurs mécaniques. Premièrement,
ces étincelles sont créées sans intention (le concept de דבר
שאינו מתכוון « Dovor
Sha`énô Mithkavén – une chose qui n'est pas intentionnelle »),
et aucune interdiction n'existe lorsqu'il n'y a pas d'intention
explicite d'accomplir une Mal`okhoh à Shabboth, et même lorsqu'il
est probable que cette Mal`okhoh se réalise. Deuxièmement,
l'interdiction rabbinique de produire des étincelles ne s'applique
que lorsque ces étincelles sont produites aux moyens de pierres ou
de bois. Produire des étincelles en allumant ou éteignant des
commutateurs électriques est donc une façon « anormale »
d'accomplir l'acte ; or, tout acte interdit au niveau rabbinique
est permis lorsqu'il est réalisé de façon « anormale »
par rapport à ce qui est stipulé dans le décret rabbinique.
Troisièmement, étant donné que ces étincelles sont si petites
qu'on ne peut détecter aucune chaleur lorsqu'on les touche, et
qu'elles ne sont en fait pas même visibles, il est possible que ces
étincelles ne puissent même pas être considérées comme du feu.
Quatrièmement, les avancées technologiques et les commutateurs sans
étincelles (sans arc) rendent ce problème technologiquement
discutable. Pour tout cela, le Rov Auerbach conclut15 :
« au
niveau pratique (Lahalokhoh), il n'y a pas même une interdiction
rabbinique dans la création non intentionnelle d'étincelles ».
- La consommation supplémentaire de combustible
Un
autre problème pour justifier l'interdiction de l'usage d'appareils
électriques à Shabboth fut soulevé par l'auteur du Hokhmath
La`ôr Halokhoh.16
Il écrit qu'achever un circuit et causer un flux de courant amène
souvent du combustible supplémentaire à être consommé par la
centrale électrique en raison de l'augmentation du besoin en
électricité. Amener du combustible supplémentaire à être
consommé devrait peut-être être classé dans la catégorie de
l'interdiction de brûler, qui est une Mal`okhoh d'ordre biblique.
Ainsi, il pourrait être interdit de causer une augmentation de
courant à Shabboth.
Le
Rov Auerbach17
s'oppose à cette opinion.18
Premièrement, on ne fait que causer indirectement une augmentation
de la consommation de combustible, et nos Sages n'ont pas interdit
les résultats indirects (le principe de גרמא
« Garamo` »).
Deuxièmement, une augmentation de la consommation de combustible
n'est pas inévitable, ni même probable lorsqu'on allume un
appareil, parce qu'il est statistiquement probable qu'au même
moment, quelqu'un d'autre éteindra un appareil électrique,
éliminant ainsi le besoin d'une augmentation du débit électrique.
Or, lorsqu'il existe une possibilité qu'une Mal`okhoh se produise
tout comme elle pourrait ne pas se produire, nos Sages permettent
d'accomplir l'acte. Et enfin, les centrales électriques sont gérées
par des non Juifs (et sont même souvent automatiques), et de ce fait
l'interdiction n'existerait que si on ordonnait à un non Juif de
transgresser le Shabboth pour nous, ce qui est une interdiction
rabbinique.
- Chauffer un câble ou un filament
Une
autre interdiction possible fut soulevée par le Hozôn
`Ish.19
Il déclare que lorsque le courant passant par un câble augmente la
température du câble au-delà du niveau où une main humaine
reculera par réflexe en raison de la chaleur (le principe de יד
סולדת בו « Yadh
Soladath Bô »), c'est considéré comme un acte équivalent à
la cuisson (Bishoul) et est donc interdit. Le Hozôn
`Ish déclare que cette « cuisson » est interdite même
lorsque la personne qui allume l'appareil n'est pas consciente du
fait que cela se produit et n'avait l'intention d'opérer aucune
« cuisson ».
Le
Rov Auerbach20
s'oppose à sa thèse et déclare qu'un câble métallique ne peut
être « cuit » que lorsqu'on a l'intention de ramollir
(ou rendre malléable, voire même plus dur) le métal et qu'il
rougit. En effet, c'est la définition-même que nos Sages21
donnent de cette Mal`okhoh, et c'est pourquoi le Ramba''m זצ״ל
tranche
ceci dans son Mishnéh Tôroh22 :
המחמם
את הברזל כדי לצרפו במים--הרי
זה תולדת מבעיר,
וחייב
« Celui
qui réchauffe un métal pour le durcir [par la suite, en le
plongeant] dans l'eau a accompli un dérivé de [la Mal`okhoh
d']allumer, et il est coupable ».
Dans le cas qui nous intéresse, bien que le câble soit légèrement
ramolli, une fois que l'électricité est éteinte le câble retrouve
immédiatement son état originelle. Ce n'est donc pas une
modification permanente, alors que la Mal`okhoh ne concerne que ce
qui est permanent. En outre, celui qui allume un appareil n'a aucune
intention de ramollir les câbles, et e ce fait cet acte ne peut être
considéré comme une « cuisson » d'un point de vue
halakhique. (Évidemment, si le filament chauffait suffisamment au
point qu'il soit visible que le métal a effectivement rougi, tous
seraient d'accord pour dire que c'est interdit.) Et enfin, avec les
avancées technologiques, de moins en moins d'appareils utilisent des
câbles qui sont chauffés (les tubes à vide), rendant cet argument
factuellement obsolète !
Comme
nous l'avons vu, tous les arguments avancés pour interdire l'usage
des appareils électriques à Shabboth sont discutables, et certains
même ne sont d'aucune justesse d'un point de vue strictement
halakhique.
- Éteindre les appareils
Bien
que les consensus entre les Pôsqim soit d'interdire d'éteindre des
appareils électriques à Shabboth, les raisons avancées pour cette
interdiction sont très peu claires. Des six raisons avancées plus
haut pour interdire d'allumer des appareils électriques, les opposés
de trois d'entre elles sont directement liés au fait d'éteindre des
appareils. Ces trois raisons sont :
- Tout comme allumer un circuit est interdit en raison de la Mal`okhoh de Bônéh, éteindre un circuit est interdit en raison de la Mal`okh biblique de סטר « Satér » (détruire, démolir). (Le Hozôn `Ish ; voir la Raison 2, plus haut.)
- Éteindre un circuit, tout comme allumer un circuit, provoque des étincelles,c e qui est interdit en raison de la Mal`okhoh de מבעיר « Mav´ir » (allumer une flamme). (Voir la Raison 4, plus haut.)
- Retirer la chaleur d'un filament actuellement chaud est rabbiniquement interdit, soit en raison de l'interdiction d'éteindre une flamme, soit en raison d'une interdiction particulière de retirer du four une chose qui est en train de cuire. (Voir la Raison 6, plus haut.)
La
validité et fiabilité de chacune de ces trois raisons dans le
contexte de l'interdiction d'éteindre un appareil sont étroitement
liées à la pertinence des raisons invoquées pour interdire
d'allumer de tels appareils. Par exemple, si allumer un appareil
électrique constitue réellement une violation de la Mal`okhoh de
Bônéh, il est alors logique de soutenir qu'éteindre un appareil
transgresse l'interdiction biblique complémentaire de celle-ci, à
savoir la Mal`okhoh de Satér. De l'autre côté, si pour les raisons
expliquées plus haut allumer un appareil ne constitue en rien la
transgression de la Mal`okhoh de Bônéh, on ne peut alors pas
invoquer la Mal`okhoh de Satér pour interdire d'éteindre un
appareil électrique à Shabboth ! En outre, le Rov Auerbach
déclare23
que quand bien même le Hozôn
`Ish aurait raison de dire qu'allumer un appareil électrique
constitue une violation de la Mal`okhoh de Bônéh, éteindre un tel
appareil ne constitue pas forcément une transgression de la
Mal`okhoh de de Satér !
- Conclusion
Les
raisons avancées pour interdire l'usage de l'électricité à
Shabboth sont divers. Elles vont de l'interdiction biblique de
construire à Shabboth à l'interdiction rabbinique de créer quelque
chose de nouveau. Mais au final, aucune de ces raisons ne tient
vraiment la route, et c'est uniquement par « tradition »
ou « habitude », sans aucune base précise dans les lois
de Shabboth, que les gens se l'interdisent. Peu importe la base sur
laquelle les gens s'appuient, la pratique majoritairement acceptée
consiste généralement à interdire l'usage de l'électricité, même
lorsqu'aucune lumière ou chaleur n'est générée.
Le
Rov Auerbach24,
après avoir rejeté tous les arguments avancés pour interdire
l'usage de l'électricité lorsqu'aucune lumière ou chaleur n'est
générée, conclut que les appareils électriques qui ne servent pas
spécifiquement à produire de la chaleur ou de la lumière sont
théoriquement permis à Shabboth et Yôm Tôv. Néanmoins, étant
donné que l'écrasante majorité des Pôsqim disent que c'est
interdit, il ne préconise de faire usage des appareils électriques
que dans des situations d'urgence.
Néanmoins,
même dans une situation qui ne serait pas « urgente »,
dès lors qu'il n'y a pas de transgression, et en dépit de l'opinion
majoritaire, il n'est pas en soi interdit de faire usage de
l'électricité à Shabboth pour toutes les explications données
tout au long de cet article.
1Il
convient de noter que même dans ces deux cas, faire usage de
l'électricité pourrait tout à fait ne pas constituer une
transgression du Shabboth. Nous y reviendrons dans un futur article,
Dieu voulant
2C'est-à-dire,
donner la touche final à un travail
3Béth
Yishoq 2:31
4Béso`
23a
5Minhath
Shalômôh, pages 71-74 ; Sis `Ali´azar 1:20:10,
et les Pôsqim qui y sont cités ; Soulah
Hohodhosh, Qountrés `Aharôn 1
6Responsa
n°92
7Minhath
Shalômôh, page 74
8Hozôn
`Ish, `Ôrah Hayim 50:9 ;
Ma`ôrôth Nothon 6:7 ; Lévoush Mordékhaï 3:25. Voir
également la lettre que le Hozôn `Ish envoya au Rov
Auerbach (imprimée dans Minhath Shalômôh,
pages 92-94) dans laquelle il clarifie sa position
9Hozôn
`Ish, `Ôrah Hayim 50:9 ;
Mishpoté ´Ouzi`él 1:13 ; Sis
`Ali´azar 6:6
10Mishnéh
Tôroh, Hilkhôth Shabboth 23:4
11Minhath
Shalômôh, pages 69-73
12Halqath
Ya´aqôv 1:53
13Béso`
33a
14Hozôn
`Ish, `Ôrah Hayim 50:9 ;
Malamadh Lahôl 1:49 ; Halqath
Ya´aqôv 1:55 ; Minhath Yishoq
3:38
15Minhath
Shalômôh, pages 86-87
16Hokhmath
La`ôr Halokhoh 2:6
17Cité
dans Shamirath Shabboth Kahilkhothoh 1:23, n°137
18Pour
une perspective similaire à celle du Rov Auerbach, voir ´Aséh
Lakho Rov 5:94
19Hozôn
`Ish, `Ôrah Hayim 50:9
20Minhath
Shalômôh, page 107
21Talmoudh,
Shabboth 41a-b
22Hilkhôth
Shabboth 12:1
23Minhath
Shalômôh, pages 101-102
24Ibid.,
pages 74 et 84