mardi 9 août 2016

Jeter le discrédit sur nos ancêtres par nos Houmrôth superflues

ב״ה

Jeter le discrédit sur nos ancêtres par nos Houmrôth superflues


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Beaucoup de gens croient que plus ils sont stricts plus leur judaïsme est authentique, allant parfois jusqu'à considérer que leurs parents et grands-parents, qui sont pourtant pratiquants, sont égarés car pas aussi stricts qu'eux le sont. Est-il même permis d'être plus strict que ses propres parents ou grands-parents sur les questions halakhiques ?

Le Talmoudh1 rapporte le cas d'une proposition de modification de la procédure de rédaction d'un Gét (document de divorce) qui fut rejetée afin que l'on n'en vienne pas à émettre des doutes sur la validité des Gittin de précédentes générations. Pourrions-nous aussi conclure qu'il est défendu d'être plus strict afin de ne pas semer le doute sur la religiosité et le degré de foi des générations précédentes ?

Le Taroumath Haddashan ז״ל s'est intéressé à l'application de ce concept à d'autres cas.2 Par exemple, ailleurs le Talmoudh3 rapporte que Ravo` ז״ל institua un changement dans la formule standard d'un Gét. De même, dans la France médiévale, Rabbénou Ta''m ז״ל institua une modification supplémentaire dans la formulation d'un Gét. Ces changements ne causaient-ils pas des suspicions sur la validité des Gittin de générations antérieures ?

Le Taroumath Haddashan explique qu'il convient de faire une distinction entre le premier cas mentionné dans le Talmoudh et les autres cas rapportés par la suite ci-dessus. Dans le premier cas, la modification qui avait été proposée était futile parce qu'il était évident qu'elle était halakhiquement inutile ; ce n'était par conséquent qu'une Houmroh supplémentaire ayant pour unique but de paraître plus strict et méticuleux. Par conséquent, elle fut rejetée. Par contre, lorsqu'il existe une divergence d'opinion significative entre des sources halakhiques authentiques et que la Halokhoh à suivre n'est pas claire (ou tranchée), une génération ultérieure peut être plus stricte concernant l'opinion à laquelle elle souscrit en dépit de l'indulgence de la génération précédente. C'est la raison pour laquelle dans les autres cas susmentionnés ces modifications étaient autorisées. Et puisqu'il s'agit d'une divergence d'opinion enracinée dans les sources halakhiques authentiques du judaïsme, il n'y a pas de risque de jeter le discrédit sur la foi ou la pratique des générations antérieures qui souscrivaient à une autre opinion.

Cela implique que même aujourd'hui, si quelqu'un questionne les propriétés halakhique d'un certain acte sur base de sources halakhiques authentiques il peut alors être plus strict sur ce sujet, bien que les générations antérieures penchaient vers la souplesse, dès lors qu'un débat existe sur le sujet en question et qu'il n'agit pas juste pour être superficiellement et inutilement plus strict.

Malheureusement, de nos jours, nous voyons une grande partie du peuple juif non seulement adopter des pratiques rigoristes qui n'ont aucun fondement dans les sources authentiques de la foi israélite, mais les présenter en plus comme des obligations « halakhiques » auxquelles nous serions tous soumis. Ces gens ne se rendent pas compte que présenter ces pratiques superflues et sans base traditionnelle comme des « Halokhôth » jette le discrédit sur toutes les générations antérieures de Juifs, qui faisaient autrement et étaient bien plus indulgentes. Comme j'aime à le dire, par l'adoption de règles et pratiques chaque fois plus strictes, si Môshah Rabbénou ע״ה, les Patriarches ע״ה, les Prophètes ע״ה, nos Sages de mémoire bénie et les Ri`shônim ע״ה avaient vécu à notre époque l'écrasante majorité des Harédhim les auraient déclaré hérétiques ou non pratiquants, voire frei !

Nous devons faire attention aux pratiques que nous nous imposons. En fait, ce n'est pas tant le fait de s'imposer des choses qui cause problème, mais le fait de présenter ces pratiques comme étant de la « Halokhoh » et chercher à les imposer aux autres, allant jusqu'à dénigrer même implicitement ceux qui n'y souscriraient pas. En agissant ainsi, nous jetons la suspicion et le discrédit sur la pratique de nos ancêtres. Pire encore, nous transgressons par la même occasion l'interdiction d'ajouter quoique ce soit à la Tôroh ! Ce n'est que lorsque nous avons des sources authentiques rapportant une divergence d'opinion sur une question non tranchée qu'il est permis d'adopter une approche plus stricte.

Il pourrait être intéressant de (re)lire l'article intitulé « Les Houmrôth ont-elles une valeur contraignante éternelle ? »

1Gittin 5b
2Tashouvôth, n°232

3Gittin 85b
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