vendredi 5 avril 2019

Ribbénou sur le calendrier


בס״ד

Ribbénou sur le calendrier


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La Sidhroh de cette semaine, Sidhrath Hahôdhash, contient une fameuse Miswoh appelée קידוש החודש « Qiddoush Hahôdhash », littéralement « la Délimitation du Mois », ou, peut-être plus précisément « la Mise à part du Mois ». HaShem ית׳ apparaît à Môshah Ribbénou ע״ה et `aharôn Hakkôhén ע״ה en Égypte la veille de la libération et déclare1 : הַחֹדֶשׁ הַזֶּה לָכֶם, רֹאשׁ חֳדָשִׁיםרִאשׁוֹן הוּא לָכֶם, לְחָדְשֵׁי הַשָּׁנָה « Ce mois-ci est pour vous la tête des mois ; c'est le premier pour vous pour les mois de l'année ». Ribbénou ז״ל, dans son Séphar Hammiswôth2, cite ce Posouq en tant que la source biblique de l'obligation de « délimiter les mois et les années ». Il développe davantage cette Miswoh dans les Hilkôth Qiddoush Hahôdhash de son Mishnéh Tôroh, où il détaille, sur base du Talmoudh, la procédure par laquelle le Sanhédhrin écoutait les témoignages sur l'apparition de la nouvelle lune, et proclamait alors le commencement du nouveau mois. Cette Miswoh requiert également l'ajustement du calendrier Hébraïque par l'ajout occasionnel d'un treizième mois pour s'assurer une correspondance approximative entre le calendrier Hébraïque basé sur le cycle de la lune et le cycle agricole qui résulte de la rotation de la terre autour du soleil.
Cet article explorera quelques-uns des commentaires de Ribbénou concernant cette Miswoh qui ont donné lieu à quelques confusions et controverses. Mais avant d'analyser les passages pertinents, il est nécessaire de premièrement clarifier quelques termes et concepts de base au sujet du calendrier Hébraïque. Tout d'abord, nous devons insister sur l'importance et centralité du calendrier pour la vie Juive, étant donné qu'aucune fête ne peut être célébrée sans un système permettant de déterminer des dates. Si nous devons célébrer Pasah et apporter à cette fête les Qorbonôth appropriées requises par la Tôroh, nous devons avoir un système par lequel déterminer quand tombe le quinze Nison. D'innombrables lois, incluant des domaines tels que les Qorbonôth, les obligations agricoles, et les pratiques personnelles, dépendent d'une date calendaire halakhique.
Le calendrier Hébraïque fonctionne sur la base du cycle de la révolution de la lune autour de la terre, ce qui se produit grosso-modo tous les 29,5 jours. En conséquent, le mois Hébraïque dure soit vingt-neuf ou trente jours, et douze de tels mois constituent une année Hébraïque. Cependant, cette période possède onze jours de moins que les 365 jours de la révolution de la terre autour du soleil, de sorte qu'au fur et à mesure du temps, le calendrier Hébraïque sera désynchronisé avec le cycle solaire agricole. Cela signifierait que Pasah ne tomberait plus aux alentours du début du printemps, et Soukkôth ne marquerait plus la fin de l'été. La Miswoh de Qiddoush Hahôdhash implique donc également le concept de עיבור שנים « ´ibbour Shonim », l'addition d'un treizième mois lorsque cela est nécessaire pour prolonger le calendrier Hébraïque et conserver sa correspondance avec le cycle solaire. (C'est la raison pour laquelle un deuxième mois de `adhor est quelques fois ajouté au calendrier.)
Au niveau historique, deux méthodes étaient employées pour déterminer quand un nouveau mois Hébraïque commencerait ou se terminerait ; c'est-à-dire, pour décider si un certain mois devait se terminer après vingt-neuf jours, ou devait se poursuivre jusqu'au trentième jour. À l'origine, le système appelé קידוש על פי ראיה « Qiddoush ´al Pi Ra`iyoh » (délimitation par l'observation) était utilisé, ce qui signifiait que les gens qui avaient vu de leurs yeux la nouvelle lune témoignerait à cet effet devant le Sanhédhrin à Yarousholayim, qui déclarerait Rô`sh Hôdhash – le début du nouveau mois – le lendemain de la nuit où la nouvelle lune avait été observée. À un moment donné durant l'ère talmudique, les Juifs adoptèrent le système d'un calendrier fixe appelé קידוש על פי חשבון « Qiddoush ´al Pi Hashbôn » (délimitation par le calcul) ou חשבון האמצעי « Hashbôn Ho`amso´i » (calcul de la moyenne), qui fonctionne sur la base d'une supputation mathématique et astronomique fixe. Plutôt que décider de la longueur de chaque mois en se basant sur l'observation empirique de la fin du cycle lunaire, les Juifs calculaient un système basé sur la période moyenne de la révolution de la lune. Ce système prend également en compte l'écart entre les cycles lunaires et solaires et ajoute par conséquent des ajustements périodiques par l'addition du treizième mois. Ce système calculé en avance, qui est toujours en usage jusqu'à nos jours, fut fameusement attribué à Hillél Hannosi` ז״ל, un arrière-petit-fils de Yahoudhoh Hannosi` ז״ל, le compilateur de la Mishnoh. (La source la plus ancienne connue de cette attribution se trouve dans les écrits des Ga`ônim ; mais le Talmoudh lui-même ne fait jamais référence à ce Hillél comme étant l'initiateur du système.)
  • La relation entre la Ra`iyoh et le Hashbôn
La classification halakhique précise de ces deux méthodes – Ra`iyoh et Hashbôn – est l'objet d'une divergence d'opinion entre Ribbénou et le Rambo''n ז״ל. Ribbénou, dans son Mishnéh Tôroh3, écrit qu'en l'absence d'un Sanhédhrin siégeant en `aras Yisro`él, une Halokhoh Lamôshah Missinay – tradition orale remontant à Môshah au Sinaï – oblige à ne faire usage que du système du Hashbôn. Le calendrier « préfabriqué » en usage depuis l'ère talmudique n'est pas seulement une mesure d'urgence décrétée une fois que le Sanhédhrin ne pouvait plus entendre les témoignages concernant la nouvelle lune, mais reflète plutôt une seconde méthode parallèle permettant de conserver un calendrier qui suit la Halokhoh. En même que la Tôroh, HaShem a donné au peuple Juif un moyen de déterminer les mois et les années sans recevoir de témoignages ; Hillél Hannosi` (mais il convient de noter que Ribbénou lui-même ne fait jamais mention de Hillél Hannosi`) n'a donc pas initié une nouvelle méthode, mais s'est simplement contenté d'appliquer la tradition orale qui s'était transmise d'une génération à l'autre.
Le Rambo''n (Ribbénou Môshah ban Nahmon), dans sa critique du Séphar Hammiswôth de Ribbénou, affirme que cette notion « n'est jamais stipulée dans le Talmoudh ni nul part ailleurs ». Accusant Ribbénou de fabriquer une Halokhoh Lamôshah Missinay n'ayant jamais existé, le Rambo''n avance une théorie totalement différente concernant la nature de la méthode du Hashbôn initiée par Hillél Hannosi`. Prévoyant la disparition imminente de Talmidhé Hakhomim qualifiés et de Botté Dinim faisant autorité, Hillél Hannosi` considéra nécessaire, en guise de mesure extraordinaire, de déterminer les mois à l'avance par un calcul. Ce n'était donc pas basé sur une quelconque tradition formelle ou Halokhoh ; Hillél Hannosi` sentit tout simplement qu'il n'y avait pas d'autre alternative que de déterminer les mois à l'avance pour les siècles et millénaires qui allaient suivre pendant que les Juifs possédaient encore un Béth Din doté de l'autorité pour le faire.
Ainsi, alors que Ribbénou voit la Ra`iyoh et le Hashbôn comme deux institutions parallèles explicitement mises en place à l'avance au Sinaï, le Rambo''n croyait que la Ra`iyoh représente la vraie méthode du Qiddoush Hahôdhash, et que le Hashbôn fut inventé en urgence pour conserver le système calendaire en l'absence de Botté Dinim compétents.
Nous pouvons faire remonter cette divergence entre Ribbénou et le Rambo''n à des textes divergents du Midhrosh4. Le passage en question décrit comment les membres de la tribu de Yissoskhor reçurent un statut d'autorité sur les questions complexes se rapportant au calendrier Hébraïque. Une version du texte stipule que lorsqu'une question se posait, le Talmidh Hokhom de Yissoskhor « leur répondait comme s'il était une Halokhoh Lamôshah Missinay », alors qu'une deuxième version stipule qu'il « leur répondait une Halokhoh Lamôshah Missinay ». La première version présente le Talmidh Hokhom de Yissoskhor comme une autorité rabbinique comparable à une Halokhoh Lamôshah Missinay. Mais d'après la deuxième version, le Talmidh Hokhom de Yissoskhor transmettait des informations qui lui étaient parvenues à travers une Halokhoh Lamôshah Missinay. Cette deuxième version est la source sur laquelle s'appuie la position de Ribbénou, que ces calculs, concernant lesquels les descendants de Yissoskhor devinrent les plus grands spécialistes, furent communiqués à Môshah Ribbénou au Sinaï. Quant au Rambo''n, il avait en sa possession la première version, qui compare simplement l'autorité de Yissoskhor à celle d'une Halokhoh Lamôshah Missinay, sans insinuer que les informations qu'il communiquait avaient été transmises par une tradition orale.
Il convient de noter qu'il existe également une troisième position. Ribbénou Sa´adhyoh Go`ôn ז״ל soutenait que le Qiddoush Hahôdhash se déroulait exclusivement sur la base du système de Hashbôn. L'audition des témoins, d'après lui, remplissait un objectif purement cérémoniel ou procédural, alors que la détermination réelle du début du nouveau mois résultait du calcul des Sages du Sanhédhrin. Cette position représente l'inverse total de celle du Rambo''n, qui percevait le système de Hashbôn comme une mesure initiée en derrière recourt lorsque le système de Ra`iyoh ne pouvait plus être utilisé. Ribbénou est en désaccord avec les deux positions, et soutient que les deux systèmes avaient été prévus et autorisés dès l'époque du Mathan Tôroh. La Ra`iyoh est la méthode principale de détermination, qui devrait être utilisée chaque fois que le peuple Juif possède un Sanhédhrin opérationnel, tandis que le Hashbôn prend sa place en l'absence d'un Sanhédhrin.
  • La Ra`iyoh dans les temps talmudiques
Comme mentionné plus haut, Ribbénou fait dépendre le système de Ra`iyoh à la présence d'un Sanhédhrin. Il écrit dans son Mishnéh Tôroh5 : כָּל שֶׁאָמַרְנוּ מִקְּבִיעַת רֹאשׁ הַחֹדֶשׁ עַל הָרְאִיָּה, וְעִבּוּר הַשָּׁנָה...אֵין עוֹשִׂין אוֹתוֹ אֵלָא סַנְהֶדְּרִין שֶׁבְּאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל, אוֹ בֵּית דִּין הַסְּמוּכִים שֶׁבְּאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל שֶׁנָּתְנוּ לָהֶן הַסַּנְהֶדְּרִין רְשׁוּת « Tout ce que nous avons dit concernant la détermination du Rô`sh Hôdhash sur base de la Ra`iyoh et une année embollismique...n'est réalisé que par un Sanhédhrin qui se trouve en `aras Yisro`él ou par [les membres d']un Béth Din ayant la Samikhoh qui se trouvent en `aras Yisro`él, à qui le Sanhédhrin a donné la permission ».Ribbénou poursuit en citant pour preuve de sa position le Posouq que nous avions rapporté au début de cet article, lorsque HaShem dit à Môshah et `aharôn : הַחֹדֶשׁ הַזֶּה לָכֶם, רֹאשׁ חֳדָשִׁיםרִאשׁוֹן הוּא לָכֶם, לְחָדְשֵׁי הַשָּׁנָה « Ce mois-ci est pour vous la tête des mois ; c'est le premier pour vous pour les mois de l'année ». Il rapporte une tradition orale qui interprète ce Posouq comme voulant dire que cette question, la désignation des mois basée sur l'observation de la nouvelle lune, a été confiée « à vous » - aux gens d'une stature et niveau d'autorité similaire à ceux de Môshah et `aharôn. Cette stature n'était atteinte que par les membres du Sanhédhrin et par les Botté Dinim ayant reçu une autorité explicite par le Sanhédhrin. En l'absence d'un Sanhédhrin, la Ra`iyoh tombe donc en désuétude et est remplacé par le système de Hashbôn. Une base partielle de la position de Ribbénou est la Makhilto` (le Midhrosh halakhique du Séphar Shamôth), qui commente ceci sur ce Posouq : « Une année embollismique n'est fixée que par le Béth Din Haggodhôl à Yarousholayim ». Ribbénou semble avoir compris cela comme ne s'appliquant pas uniquement à la détermination d'une année embollismique, mais aussi à celle des mois.
Mais le Rambo''n n'est pas d'accord, et fait remarquer que les preuves historiques attestent de l'inverse. Ribbénou lui-même6 écrit explicitement que le système de Ra`iyoh resta en vigueur durant les temps talmudiques, jusqu'à la génération des légendaires `ammôro`im `abbayé ז״ל et Rabbo` ז״ל. D'après Ribbénou, qui exige la présence d'un Sanhédhrin faisant autorité pour que s'applique le système de Ra`iyoh, comment ce système aurait-il pu survivre trois siècles après le déclin du Sanhédhrin ?
Nous pouvons répondre à cette question de la manière suivante : en général, le Sanhédhrin fonctionnait de deux façons différentes. La plupart du temps, c'était l'instance religieuse suprême à qui revenait la responsabilité de clarifier la Halokhoh et les mesures législatives de façon à s'assurer que le peuple s'y soumette et aussi pour préserver la loi de la Tôroh. Ces tâches et celles qui leur ressemblent incombaient exclusivement et directement au Sanhédhrin. Mais en plus de cela, nous trouvons que de temps en temps le Sanhédhrin agissait non pas en tant qu'autorité suprême, mais plutôt comme le représentant légal, ou halakhique, de la nation. Ainsi, par exemple, lorsque Ribbénou décrit comment un territoire peut obtenir le statut halakhique formel de « `aras Yisro`él » par rapport aux diverses lois agricoles qui ne s'appliquent qu'au Pays, il exige que le dit-territoire ait été conquis par un roi ou un prophète Juif מִדַּעַת רֹב יִשְׂרָאֵל « avec le consentement de la majorité de Yisro`él ».7 Mais, ailleurs, lorsqu'il décrit le processus en question, il exige le consentement du Béth Din.8 Ainsi, le Sanhédhrin, en plus, de sa fonction la plus courante d'autorité légale suprême, servait également d'instance représentative de la nation, parlant et décidant au nom de l'ensemble du peuple Juif.
Nous pouvons avancer que c'est cette deuxième fonction que remplissait le Sanhédhrin lorsqu'il proclamait Rô`sh Hôdhash et une année embollismique. En effet, un certain nombre de sources9 mentionnent « Yisro`él » - au lieu de seulement le Béth Din – déclarant le nouveau mois. Le Talmoudh explique d'ailleurs que c'est la raison pour laquelle la Barokhoh récitée durant le Qiddoush et les prières de Yôm Tôv se conclut en décrivant HaShem comme מקדש ישראל והזמנים « Celui qui sanctifie Yisro`él et les temps ». Nous mentionnons la sanctification de Yisro`él avant celle des temps parce que c'est uniquement à travers la sanctification de Yisro`él, peuple qui s'est vu accorder le droit de déclarer le début d'un nouveau mois, qu'un certain jour reçoit son statut de sanctification en tant que « Yôm Tôv ». Cela indique clairement que toute la nation, et pas seulement le Sanhédhrin, s'est vue accorder la responsabilité de préserver le calendrier.
Apparemment, dans le domaine du Qiddoush Hahôdhash, le Sanhédhrin opère en tant qu'instance représentative de l'entièreté de la nation. Comme dans le cas d'une guerre livrée pour étendre les frontières du Pays, la responsabilité repose essentiellement entre les mains des Bané Yisro`él, mais au niveau pratique, c'est le Sanhédhrin qui exécute la tâche.
Sur la base de cette théorie, nous pouvons proposer une résolution possible pouvant expliquer le maintien du Qiddoush ´al Pi Ra`iyoh après le démantèlement du Sanhédhrin peu avant la destruction du Bayith Shéni. Étant donné que le processus du Qiddoush ´al Pi Ra`iyoh est, fondamentalement, le devoir de l'intégralité de la nation, et ne fut pas directement assigné au Sanhédhrin, il est possible que ce rôle soit rempli par une instance représentative différente. Même après la dissolution du Sanhédhrin, il resta en `aras Yisro`él des Talmidhé Hakhomim qui exercèrent une autorité halakhique sur l'entièreté de la nation, et dans ce sens constituaient l'organe représentatif du peuple Juif. Ils étaient par conséquent habilités à poursuivre le système du Qiddoush ´al Pi Ra`iyoh. Ce ne fut que durant la dernière partie de la période `ammoraïque, à l'époque de `abbayé et Rabbo`, lorsque `aras Yisro`él ne possédait plus une telle instance faisant autorité, que le Qiddoush ´al Pi Ra`iyoh tomba en désuétude.
  • Qiddoush Hahôdhash de nos jours
Ribbénou écrit ceci dans son Mishnéh Tôroh10 :
זֶה שֶׁאָנוּ מְחַשְּׁבִין בַּזְּמָן הַזֶּה כָּל אֶחָד וְאֶחָד בְּעִירוֹ וְאוֹמְרִין שֶׁרֹאשׁ חֹדֶשׁ יוֹם פְּלוֹנִי, וְיוֹם טוֹב בְּיוֹם פְּלוֹנִי--לֹא בְּחֶשְׁבּוֹן שֶׁלָּנוּ אָנוּ קוֹבְעִין וְלֹא עָלָיו אָנוּ סוֹמְכִין, שְׁאֵין מְעַבְּרִין שָׁנִים וְקוֹבְעִין חֳדָשִׁים בְּחוּצָה לָאָרֶץ; וְאֵין אָנוּ סוֹמְכִין, אֵלָא עַל חֶשְׁבּוֹן בְּנֵי אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל וּקְבִיעָתָם. וְזֶה שֶׁאָנוּ מְחַשְּׁבִין, לְגַלּוֹת הַדָּבָר בִּלְבָד
Ce que nous calculons en cette époque-ci, chacun dans sa ville, et disons que Rô`sh Hôdhash est tel jour ou Yôm Tôv est tel jour – ce n'est pas sur base de nos calculs que nous le déterminons, et ce n'est pas sur cela que nous nous appuyons, car les années embollismiques et les mois ne sont pas fixés en-dehors du Pays. Et nous ne nous appuyons que sur le calculs des habitants de `aras Yisro`él et leur détermination. Et ce que nous calculons sert uniquement à dévoiler la chose.



Ces commentaires pourraient être classés comme faisant partie des passages les plus difficiles et obscurs du Mishnéh Tôroh, car ils sont troublés bon nombre de rabbins à travers les siècles. Ribbénou affirme ici que les Juifs vivant en-dehors de `aras Yisro`él ne proclament pas Rô`sh Hôdhash et les années embollismiques sur la base de leur supputation. Plutôt, ils dépendent entièrement des communautés Juives de `aras Yisro`él. Ce sont elles qui déterminent quand tombe Rô`sh Hôdhash et quand un treizième mois doit être ajouté, et c'est leur supputation qui octroie formellement le dit-statut aux jours et aux mois en question.
Déjà, le Rambo''n, dans ses remarques, s'oppose aux remarques de Ribbénou, se demandant à qui Ribbénou fait exactement référence quand il parle de ceux qui déclarent les nouveaux mois en `aras Yisro`él. Après tout, le système de Hashbôn fut établi et implémenté des siècles plus tôt, par Hillél Hannosi`. Pourquoi Ribbénou exige-t-il donc une déclaration formelle même de nos jours, et qui en `aras Yisro`él faisait de telles déclarations à son époque ?
La position de Ribbénou a eu une attention considérable quelques siècles plus tard, durant la fameuse « Controverse sur la Samikhoh » qui survint en `aras Yisro`él au début du 16ème siècle. Les deux Talmidhé Hakhomim impliqués dans ce débat agité – Ribbénou Ya´aqôv Bérav de Saphoth et Ribbénou Léwi ban Haviv de Yarousholayim – rapportèrent les propos de Ribbénou dans leurs tentatives d'appuyer leurs positions respectives concernant la possibilité de restaurer formellement la Samikhoh qui avait été interrompu quelques siècles auparavant. Beaucoup ont tenté d'interpréter les propos de Ribbénou, mais leur sens reste un mystère jusqu'à nos jours !

PS: Un ami m'a fait remarquer que très fréquemment, Ribbénou rapporte des Halokhôth d'après la façon la plus idéale, et comme si le Sanhédhrin était en existence. Ainsi, les propos de Ribbénou pourraient se comprendre comme décrivant la loi à suivre en présence d'un Sanhédhrin légitime, à savoir que lorsque le Sanhédhrin existe, seul lui est habilité à supputer les mois. Mais en son absence, n'importe quel Béth Din, même en Hous Lo`oras pourrait le faire. J'essaierai de creuser le sujet pour voir si cette approche pourrait être soutenue par d'autres propos de Ribbénou.
1Shamôth 12:2
2Miswath ´aséh 153
3Hilkôth Qiddoush Hahôdhash 5:2
4Baré`shith Rabboh 72:18
5Hilkôth Qiddoush Hahôdhash 5:1
6Ibid., 5:3
7Hilkôth Taroumôth 1:2
8Hilkôth Malokhim Oumilhomôth 5:6
9Barokhôth 49a ; Midhrosh Shamôth Rabboh 15:3, 24, 30
10Hilkôth Qiddoush Hahôdhash 5:13

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