mercredi 25 septembre 2019

Les vœux, les serments, et leur annulation


בס״ד

Les vœux, les serments, et leur annulation


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Le pouvoir de parler distingue l'homme de l'animal. Les mots ont un pouvoir par eux-mêmes et peuvent créer des redevabilités qui doivent être honorées. Si quelqu'un fait un vœu, un נֶדֶר « Nadhar », à HaShem ית׳, ou un serment, ְבוּעָה « Shavou´oh », pour s'obliger, il ne peut pas violer sa parole.

La conséquence d'une Shavou´oh ou d'un Nadhar est que des choses que la personne n'avait avant cela aucune obligation d'accomplir doivent à présent être accomplies, tandis que des choses qui autrement lui auraient été permises deviennent à présent interdites. Par exemple, quelqu'un pourrait faire la Shavou´oh de courir 15 km ou de ne pas déjeuner aujourd'hui. Une telle Shavou´oh est appelée dans la terminologie halakhique ְבוּעַת בִּטּוּי « Shavou´ath Bittouy ».

L'une des principales distinctions entre un Nadhar et une Shavou´oh est que le Nadhar crée une obligation par rapport aux choses (חוֹבַת חֶפְצָה « Hôvath Haphsoh »), tandis que la Shavou´oh crée une obligation vis-à-vis de la personne elle-même (חוֹבַת גַּבְרָא « Hôvath Gavro` »). Par conséquent, si quelqu'un a fait la Shavou´oh de ne pas s’asseoir dans une Soukkoh à Soukkôth, ou de ne pas mettre les Taphillin, ou de ne pas manger de la Massoh la première nuit de Pasah, la Shavou´oh ne l'exempte pas de l'accomplissement de la Miswoh. La raison en est que nous avions déjà juré au Sinaï d'accomplir les Miswôth. Il s'agit donc d'une Shavou´oh futile (ְבוּעַת שָׁוְא « Shavou´ath Show` »), et la personne qui ferait une telle Shavou´oh transgresse la troisième des Dix Paroles, celle d'utiliser le nom de HaShem en vain.

Toutefois, il est possible de faire un Nadhar de ne pas s'asseoir dans une Soukkoh ou de ne pas mettre les Taphillin en formulant l'interdiction de telle façon à ce qu'elle ne s'applique qu'à la Soukkoh ou aux Taphillin plutôt qu'à soi-même. Ainsi, si quelqu'un a émis un Nadhar selon lequel « s'asseoir dans la Soukkoh m'est interdit » plutôt que d'émettre le Nadhar en disant « Je ne m'assoirai pas dans la Soukkoh », le Nadhar est valide et entre en vigueur. Et de façon tout à fait étonnante, une telle personne devient à présent interdite de s'asseoir dans une Soukkoh jusqu'à ce que le Nadhar soit annulé. La Soukkoh est désormais un objet qui lui est interdit – tout comme s'il s'agissait d'une Soukkoh volée.

Il y a toutefois des situations pour lesquelles même une Shavou´oh peut obliger quelqu'un à s'abstenir de l'accomplissement d'une Miswoh. Tel est le cas lorsque quelqu'un énonce une Shavou´oh selon laquelle il n'accomplira pas une activité qui est une Miswoh lorsqu'elle est accomplie à certains moments de l'année mais n'est pas une Miswoh si elle était accomplie à d'autres moments. Par exemple, plutôt que de jurer qu'il ne mangera pas de la Massoh à Pasah ou qu'il ne s'assoira pas dans une Soukkoh à Soukkôth, ce qui serait une Shavou´ath Show`, quelqu'un pourrait plutôt jurer qu'il ne mangera pas de Massoh ou ne s'assoira pas dans une Soukkoh pendant deux ans. Étant donné que cette Shavou´oh a une application pour tous ces jours de l'année, y compris lorsqu'il n'est pas une Miswoh d'accomplir ces activités, elle s'applique également à Pasah et Soukkôth. Comme le Nadhar, ce type de Shavou´oh nécessitera une annulation.

Afin de se libérer des conséquences négatives du non respect d'une Shavou´oh ou d'un Nadhar, la Shavou´oh ou le Nadhar doit être annulé. L'annulation est appelée פֶּתַח « Pathah », qui signifie littéralement « une porte, une entrée, une ouverture ». Les rabbins auprès de qui la personne cherche l'annulation tenteront de lui trouver un Pathah, une porte pour se sortir du Nadhar ou de la Shavou´oh. Et il existe deux bases possibles pour agir de la sorte. L'une est que la Shavou´oh ou le Nadhar fut émis sans la Kawwonoh approprié (la personne qui l'a émis n'était pas pleinement au courant de tout ce qu'impliquait sa Shavou´oh ou son Nadhar) ou par erreur (טָעוּת « To´outh »). L'autre Pathah est appelé חֲרָטָה « Harotoh » (qui signifie littéralement « regret, remord, contrition »), et se réfère au fait que la Shavou´oh ou le Nadhar fut émis dans un état où l'esprit de la personne n'était pas calme ; c'est-à-dire qu'il a été émis sous le coup de l'émotion.

Une Shavou´oh ou un Nadhar est considéré ayant été émis sans la Kawwonoh appropriée ou par erreur si la personne était inconsciente de toutes les conséquences au moment où elle l'a émis. Si Yiphtah savait que la première personne qui passerait la porte de sa maison pour le rencontrer aurait été sa propre fille, il n'aurait jamais émis le Nadhar de la sacrifier. On considère qu'une Shavou´oh ou un Nadhar a été émis sous le coup de l'émotion si la personne l'a émis par colère ou impétuosité et que la personne regrette à présent sa colère ou sa hâte. L'annulation dans tous ces cas se fait aujourd'hui devant un Béth Din de trois individus (dont au moins un des trois est rabbin ou un Talmidh Hokhom). L'effet de l'annulation est rétroactif, comme si la Shavou´oh ou le Nadhar n'avait jamais été émis. En outre, un père pourrait annuler les Nadhorim de sa fille mineure et un mari pourrait annuler certains des Nadhorim prononcés par son épouse qui, soit affligent l'épouse, soit ont un effet néfaste sur la relation de couple.

Des Nadhorim pourraient également être annulés prospectivement. C'est ainsi qu'il est écrit dans le Talmoudh1 :

Et celui qui désire qu'aucun de ses Nadhorim ne tienne se lèvera à Rô`sh Hashshonoh et dira : « Tout Nadhar que je pourrais faire dans le futur, qu'il soit annulé ». [Ses vœux sont alors invalidés] à moins qu'il s'en souvienne au moment du Nadhar.
והרוצה שלא יתקיימו נדריו כל השנה יעמוד בראש השנה ויאמר כל נדר שאני עתיד לידור יהא בטל ובלבד שיהא זכור בשעת הנדר

Ainsi, il est possible d'annuler prospectivement un Nadhar à la condition qu'au moment où l'on a fait le Nadhar, on ne s'était pas souvenu de la déclaration d'annulation que l'on avait faite à Rô`sh Hashshonoh. Ce passage talmudique est utilisé pour servir de base à la cérémonie de הַתָּרַת נְדָרִים « Hattorath Nadhorim », qui est faite par les Orthodoxes devant un « Béth Din » de trois ou de dix à ´arav Rô`sh Hashshonoh, dans laquelle tous les vœux qui seraient faits durant l'année à venir sont annulés.

Le judaïsme, qui célèbre la joie de vivre, refuse les restrictions volontaires. Ce que HaShem nous a permis ne doit pas être interdit à nous-mêmes. Le vin est un bon exemple. Plutôt que de l'interdire, HaShem nous demande de boire du vin afin de sanctifier le Shabboth et nous-mêmes. Le Talmoudh nous dit que « Si on émet un Nadhar, c'est comme si on avait construit un faux Mizbéah ».

Tout comme HaShem n'a aucun désir pour les Qôrbonôth qui ne sont pas offerts dans Son Béth Hammiqdosh, il n'a aucun désir pour les restrictions personnelles qui ne sont pas requises par Sa sainte Tôroh. Cependant, si malgré Son aversion pour le fait de rendre la vie humaine inutilement difficile, vous faites un Nadhar, vous devez l’annuler. L’obligation d’annuler les Nadhorim est tellement importante que nous n’osons pas entrer dans le Jour du Jugement avec des Nadhorim non tenus dans notre registre (puisque tous nos actes sont consignés dans un livre). C'est pourquoi nous devons faire l'annulation des vœux à Rô`sh Hashshonoh.
1Nadhorim 23b

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