mercredi 25 février 2015

Qui est plus proche de Dieu : un scientifique ou un expert en Halokhoh sans connaissance scientifique ?

ב״ה

Qui est plus proche de Dieu : un scientifique ou un expert en Halokhoh sans connaissance scientifique ?


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Les interdictions décrétées ces dernières années par des pseudos Gadhôlim amènent beaucoup de gens à s'interroger sur leurs compétences et connaissances, ainsi que sur leur légitimité. De nombreux ouvrages scientifiques, halakhiques ou traditionnels ont été interdits par ces pseudos Gadhôlim. Nous avons l'exemple des livres du Go`ôn de Wilno` ז״ל interdits par certaines communautés Hassidiques (car le Go`ôn a vigoureusement combattu la Hasidhouth. Voir l'article intitulé « Le combat du Go`ôn de Wilno` contre l'hérésie hassidique »)) ; nous avons les réactions ulcérées de certains Hasidhim rien que d'entendre quelqu'un citer le Mishnoh Barouroh (rédigé pourtant par le grand Hofés Hayim ז״ל, simplement parce qu'il était Litvaq et non Hosidh) ; nous avons l'interdiction d'étudier les sciences dites « profanes », ou de lire les livres scientifiques, ce qui provoque un débat entre la compatibilité de la science et la religion ; nous avons l'interdiction de nous intéresser à l'histoire autre que celle du peuple juif ; nous avons l'interdiction d'étudier autre chose que des sujets religieux (ce qu'on appelle « Koullô Qôdhash Uniquement du sacré »), etc. Toutes ces interdictions émises par ces pseudos Gadhôlim ne sont rien d'autres que politiques. Nous pouvons comprendre qu'ils voient ces livres (même rédigés par d'éminents rabbins des générations passées) comme une menace contre leur façon de penser et leur Judaïsme unique (et « nouveau », car en dépit des apparences, ce sont des doctrines neuves qui n'existaient pas avant et n'ont pas de base dans la Halokhoh) qu'ils tentent d'imposer à tous. Après tout, les Harédhim ont pris le pouvoir dans le Judaïsme actuel ! Et ils s'estiment avoir le droit d'imposer à tous leur version du Judaïsme et d'amener tout le monde à suivre leurs interdictions et innovations.

Tout cela nous amène à nous poser la question suivante : un grand expert halakhique, qui est à la tête de dizaines de milliers de fidèles et n'a jamais rien étudié de « profane » (et ne se mélange jamais au monde extérieur, sortant que très peu des frontières de son quartier Harédhi) a-t-il nécessairement la connaissance, l'expertise, l'autorité et la légitimité de nous dire si la compréhension que nous développons est correcte ou pas ? A-t-il les compétences de nous dicter quoi croire, comment croire, ce qu'on peut faire ou ne pas faire, etc. ? Le concept même d'un Godhôl ou de Gadhôlim qui auraient l'autorité d'imposer des jugements halakhiques sur l'ensemble du peuple juif est tout bonnement contraire au Judaïsme, lorsqu'on lit le Ramba''m ז״ל et de nombreux autres Ri`shônim. Mais quand bien même on serait d'avis qu'une telle autorité existerait, cet expert halakhique, qui ne connaît rien du monde et de ce qui provient d'en-dehors des livres de sa bibliothèque, a-t-il automatiquement le droit de trancher que quiconque ne croit pas aux innovations dont il fait la promotion est un Kôfér (mécréant) ?

Voici ce que le Ramba''m écrit dans le Môréh Navoukhim (Guide des Égarés) 1:34 :

Nous ne pouvons obtenir une connaissance de Lui qu'à travers Ses œuvres; Ses œuvres témoignent de Son existence, et montrent ce qu'on doit comprendre à Son sujet, c'est-à-dire, ce qui doit Lui être attribué, aussi bien de façon affirmative que négative. Il est donc indispensable de considérer tous les êtres tels qu'ils sont réellement, de sorte que nous déduisons de toutes les espèces les propositions vraies et bien établies qui peuvent nous aider à la solution des problèmes métaphysiques. Encore une fois, beaucoup de propositions fondées sur la nature des nombres et les propriétés des figures géométriques, sont utiles dans l'examen de choses que nous devrions refuser en référence à Dieu, et ce rejet va nous conduire à de nouvelles conclusions. Vous ne douteriez certainement pas de la nécessité d'étudier l'astronomie et la physique, si vous désiriez comprendre la relation entre le monde et la Providence Divine telle qu'elle est en réalité et non en fonction de l'imagination ... Par conséquent celui qui veut atteindre la perfection humaine, doit d'abord étudier la Logique, puis les diverses branches des mathématiques dans le bon ordre, puis la physique, et enfin la métaphysique.

Le Ramba''m exige que nous acquérions toutes les connaissances de la science à partir de ce qui nous entoure, à partir de ce qui, dans le langage actuel, est appelé « profane ». Si, dans le cadre de la curiosité naturelle d'un homme intelligent, on dirige son attention sur la compréhension de ce qui se cache derrière cet univers extraordinaire, précis et beau, cette personne a fait le tout premier pas dans la recherche de Dieu. Sans ces informations « scientifiques », le Dieu auquel quelqu'un pense et affirme croire ou avoir trouvé n'est rien d'autre que le produit de l'imagination. Et c'est la raison pour laquelle nos Sages des temps talmudiques étaient très intéressés par toutes les sciences profanes : la biologie, la physique, l'astronomie, les mathématiques, la botanique, etc., car toutes ces sciences ne font que nous rapprocher de Dieu et nous permettent de Le comprendre tel qu'Il est réellement. C'est cela qui faisait d'eux de vrais guides et lumières de notre peuple.

Dans le Môréh Navoukhim 3:51, le Ramba''m utilise une métaphore pour expliquer les différents niveaux et étapes de l'humanité par rapport à sa relation avec Dieu :

Un roi est dans son palais, et tous ses sujets sont en partie dans la ville, et en partie à l'extérieur. Parmi ceux qui sont dans la ville, certains ont le dos tourné vers le palais du roi, et leurs visages dans une autre direction; et certains sont désireux et zélés de se rendre au palais, cherchant à « enquêter dans son temple », et officier devant lui, mais n'ont même pas encore vu la face du mur du palais. Parmi ceux qui désirent se rendre au palais, certains l'atteignent, et font le tour, à la recherche de la porte d'entrée; d'autres ont passé la porte, et se promènent dans l'antichambre; et d'autres ont réussi à entrer dans la partie intérieure du palais, et se retrouvent dans la même pièce que le roi dans le palais royal. Mais même ces derniers, après être entrés dans le palais, n'ont pas immédiatement vu le roi, ou ne lui ont pas parlé; car, après avoir pénétré la partie intérieure du palais, un autre effort est nécessaire avant de pouvoir se présenter devant le roi, à distance, ou à proximité, entendre ses paroles, ou lui parler. Je vais maintenant expliquer la comparaison que j'ai faite. Les gens qui sont à l'extérieur de la ville sont tous ceux qui n'ont pas de religion, ni celle basée sur la spéculation, ni celle reçue par la tradition …

Ceux qui sont dans la ville, mais ont le dos tourné vers le palais du roi, sont ceux qui ont des opinions et sont engagés dans la spéculation, mais s'avèrent se tenir à de fausses doctrines, qu'ils ont soit adopté à la suite de grandes erreurs commises dans leurs propres spéculations, ou qu'ils ont héritées d'autres qui les ont trompés. En raison de ces doctrines, ils s'éloignent de plus en plus du palais royal au plus ils semblent avancer ....

Ceux qui cherchent à atteindre le palais, et à y entrer, mais ne l'ont encore jamais vu, sont la multitude des partisans de la loi; Je me réfère aux ignorants qui observent les commandements ...

Ceux qui arrivent au palais, mais en font le tour, sont ceux qui se consacrent exclusivement à l'étude de la loi pratique: ils croient traditionnellement en de vrais principes de la foi, et apprennent l'adoration pratique de Dieu, mais ne sont pas formés dans le traitement philosophique des principes de la loi, et ne cherchent pas à établir la vérité de leur foi par la preuve …

Ceux qui s'engagent à enquêter sur les principes de la religion sont venus dans l'antichambre: et il ne fait aucun doute que ceux-ci peuvent aussi être divisés en différentes catégories. Mais ceux qui ont réussi à trouver une preuve de tout ce qui peut être prouvé, qui ont une vraie connaissance de Dieu, aussi loin qu'une vraie connaissance peut être atteinte, et sont près de la vérité, là où une approche de la vérité est possible, ils ont atteint l'objectif, et sont dans le palais où le roi vit ...

Mon fils, aussi longtemps que tu es engagé dans l'étude des sciences mathématiques et de la logique, tu appartiens à ceux qui font le tour du palais à la recherche de la porte. C'est ainsi que nos Sages utilisent au sens figuré la phrase: « Ban Zômo` est toujours à l'extérieur ». Quand tu comprends la physique, tu es entré dans le hall; et quand, après avoir terminé l'étude de la philosophie naturelle, tu maîtrise la métaphysique, tu es entré dans la cour la plus profonde, et te trouve avec le roi dans le même palais. Tu as atteint le degré des hommes sages, qui comprennent des hommes de différentes qualités de perfection.

Dans cette fameuse métaphore, le Ramba''m place l'expert en Halokhoh qui ne connaît rien d'autre que les sujets religieux, et encore moins ce qui touche à la science, et qui ne s'intéresse pas à la spéculation philosophique (c'est-à-dire, la recherche et l'analyse des sagesses du monde, le fait de s'interroger sur les merveilles qui l'entoure), parmi ceux qui se trouvent à l'extérieur du palais et tournent autour. Ceux-là sont un niveau plus bas que ceux qui ont étudié les mathématiques et la logique, car les premiers marchent autour du palais, tandis que les derniers cherchent la porte. Cet expert en Halokhoh est deux niveaux plus bas que ceux qui comprennent la physique et trois niveaux plus bas que ceux qui spéculent (c'est-à-dire, méditent, discutent et réfléchissent) sur les choses métaphysique.

À l'évidence, être un expert en questions halakhiques ne fait pas automatiquement de quelqu'un un expert en théologie. Et cela se vérifie au quotidien avec les Rabbonim de notre époque (qui, lorsqu'ils sont Harédhim, font un procès en sorcellerie à quiconque étudie les sciences profanes, aurait une profession autre qu'enseignant dans une école religieuse, boucher, diamantaire, épicier, et toutes les autres professions « classiques » du monde Harédhi). Le Ramba''m, dans ses lettres, répète cette position à de nombreuses reprises, avec des preuves claires tirées du Talmoudh et du comportement de nos Sages. La conclusion est évidente. Quelqu'un qui est impliqué dans l'étude des sciences et essaie de les comprendre à partir de la perspective de notre théologie a plus de gravitas qu'un expert halakhique qui ne connaît rien des choses pratiques de la vie de tous les jours dans le monde extérieur, qui ne connaît rien du monde du travail, et ne connaît rien sur les sciences, et par conséquent, sur les créatures et la création de Dieu.


Et plus le peuple est ignorant, plus fort est leur emprise sur le peuple ! D'où les interdictions de l'Internet, de l'étude des sciences profanes, de l'interaction avec le monde extérieur, etc. Ce n'est pas de la religion, mais des méthodes de gourous assoiffés de renommé, de pouvoir, d'argent, qui prennent plaisir à être adorés par leurs pions ! (Car aujourd'hui, bon nombre de ces pseudos Gadhôlim sont tout bonnement devenus des idoles qu'on adore littéralement et à qui on attribue des attributs d'HaShem ית׳. Ces Gadhôlim sont devenus omniscients, infaillibles, sans péchés, etc., au point de ne même pas avoir honte de les consulter pour savoir quelle marque de chips il est préférable d'acheter, quelle longueur doivent avoir les chaussettes blanches, s'il faut mettre ou pas du poivre dans son plat de pâtes, etc. Évidemment, ce sont des hyperboles, mais nous n'en sommes pas loin... HaShem Yishmôr !)
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