בס״ד
Parashath
Ki Thisso`
L'origine
de l'interdiction de cuire un chevreau dans le lait de sa mère
Dans
la Parashath Ki Thisso`, la Tôroh réitère l'interdiction de cuire
et consommer de la viande dans le lait de sa mère1 :
לא־תבשל
גדי בחלב אמו « Lo-thavashél
Gadi Bahalév `Immô – Tu
ne feras pas cuire le chevreau dans le lait de sa mère ».
La toute première fois que la Tôroh nous a donné cette
interdiction, c'était dans la Parashath Mishpotim2,
et elle sera répétée une troisième fois dans la Parashath Ra`éh3.
Rashi
זצ״ל
démontre,
dans son commentaire sur Shamôth 23:19,
que le terme גדי
« Gadi »
ne désigne pas qu'un chevreau, mais également un veau ou un
agneau4,
et nous explique qu'il y a trois interdictions :
- interdiction de procéder à la cuisson d'un tel mélange,
- interdiction de consommer la cuisson d'un tel mélange, et
- interdiction de tirer profit de la cuisson d'un tel mélange.
Ces
trois interdictions suivent une chaîne parfaitement logique :
si la Tôroh interdit de cuire un chevreau, un veau ou un agneau dans
le lait de sa mère, il est clair que consommer un chevreau, un veau
ou un agneau cuit dans le lait de sa mère est interdit. Et puisque
c'est une cuisson interdite, en tirer profit est également interdit.
Cette
interdiction de cuire un chevreau, un veau ou un agneau dans le lait
de sa mère nous rappelle inévitablement les autres interdictions
relatives à des mélanges interdits :
- interdiction de croiser des graines d'espèces différentes,
- interdiction de croiser des animaux d'espèces différentes,
- interdiction de planter dans la même parcelle des semences d'espèces différentes,
- interdiction de porter un vêtement dans lequel du lin et de la laine ont été mélangés, ou encore
- interdiction de se marier à quelqu'un du dehors.
Ce
sont des interdictions relatives à des mélanges incompatibles. Là
aussi, la Tôroh estime qu'il n'est pas compatible de cuire un
chevreau, un agneau ou un veau dans le lait de sa mère. Au niveau
biblique, cela vient donc interdire de cuire de la viande de chevreau
avec du lait de chèvre, de la viande de veau avec du lait de vache,
ou encore de la viande d'agneau avec du lait de brebis. Et comme nous
l'avons dit plus haut, consommer et tirer profit de tels mélanges
sont également interdits.
Quelle
est l'origine de cette interdiction ?
Le
Rambam זצ״ל
traite
de cette question dans son Môréh Navoukhim (Guide des
Égarés) 3:48. Il donne
d'abord une première explication selon laquelle ce pourrait être
pour des considérations de santé que la Tôroh nous a interdit un
tel mélange. Mais si tel était le cas, la Tôroh nous aurait
simplement interdit de consommer un tel mélange, sans nous en
interdire également la cuisson. C'est qu'il doit y avoir une autre
raison, qui va au-delà de considérations de santé. Par conséquent,
le Rambam avance l'hypothèse qu'il est possible que cette
interdiction soit associée à un rite païen :
Mais
je pense qu'il est plus probable que cette interdiction [fut
donnée] parce que cet acte est quelque peu lié à l’idolâtrie.
Il faisait peut-être partie du culte, ou était utilisé lors
d'une certaine fête des païens... Je considère que c'est la
meilleure raison pour [expliquer] l'interdiction ; mais pour
autant que j'ai jeté un coup d’œil dans les livres des
sabéens, il n'y a aucune mention de cette coutume.
|
Le
Rambam concède qu'il n'a trouvé aucune preuve historique pour
soutenir sa supposition sur l'association de cette interdiction à
l’idolâtrie. Mais toutefois, il fait remarquer que nos Sages ont
fait cette association grâce au fait qu'aussi bien dans la Parashath
Mishpotim que dans la Parashath Ki Thisso`, l'interdiction de cuire
un chevreau, un veau ou un agneau dans le lait de sa mère apparaît
dans le contexte des règles relatives aux fêtes.
Dans
la Parashath Mishpotim, l'interdiction est rapportée de la façon
suivante :
Shamôth
23:17-19
|
Trois
fois par an, tous tes mâles paraîtront par-devant le Maître,
HaShem. Tu ne verseras
point, en présence du pain levé, le sang de Mon sacrifice; et la
graisse de Mes victimes ne séjournera pas jusqu'au matin sans
être offerte. Le commencement des
prémices de ton sol, tu les apporteras dans la maison d'HaShem
ton D.ieu. Tu ne feras point cuire un chevreau dans le lait de sa
mère.
|
שלש
פעמים בשנה--יראה
כל-זכורך
אל-פני
האדן ה׳.
לא-תזבח
על-חמץ
דם-זבחי;
ולא-ילין
חלב-חגי
עד-בקר.
ראשית,
בכורי
אדמתך,
תביא,
בית
ה׳ אלהיך;
לא-תבשל
גדי בחלב
אמו
|
Tandis
que dans la Parashath Ki Thisso`, elle est rapportée de la manière
suivante :
Ibid.,
34:23-26
|
Trois
fois l'année, tous tes mâles paraîtront en présence du Maître
HaShem, D.ieu d'Israël. Car Je déposséderai des peuples à
cause de toi et Je reculerai ta frontière: et cependant nul ne
convoitera ton territoire, quand tu t'achemineras pour comparaître
devant HaShem ton D.ieu, trois fois l'année. Tu ne feras point
couler; en présence du pain levé, le sang de Ma victime, ni ne
différeras jusqu'au matin le sacrifice de cette victime pascale.
Le commencement des prémices de ta terre, tu les apporteras dans
la maison d'HaShem ton D.ieu. Tu ne feras point cuire un chevreau
dans le lait de sa mère.
|
שלש
פעמים בשנה--יראה
כל-זכורך,
את-פני
האדן ה׳,
אלהי
ישראל.
כי-אוריש
גוים מפניך
והרחבתי את-גבלך;
ולא-יחמד
איש את-ארצך
בעלתך לראות
את-פני
ה׳ אלהיך שלש
פעמים בשנה.
לא-תשחט
על-חמץ
דם-זבחי;
ולא-ילין
לבקר זבח
חג הפסח.
ראשית,
בכורי
אדמתך תביא
בית ה׳ אלהיך;
לא-תבשל
גדי בחלב
אמו
|
Dans
les deux cas, nous retrouvons les mêmes éléments :
- l'interdiction de cuire un chevreau, un veau ou un agneau dans le lait de sa mère est rattachée à l'obligation de se présenter devant HaShem pour les fêtes de pèlerinage,
- elle apparaît dans le contexte des lois relatives aux sacrifices apportés à HaShem, notamment à Pésah,
- et dans les deux cas l'interdiction se retrouve dans le même verset que la Miswoh des Bikkourim (prémices des produits de la terre).
Nous
voyons que cette interdiction est étroitement liée au culte rendu à
HaShem par opposition aux cultes des idolâtres. En réalité, bien
que le Rambam n'avait aucune preuve historique pour étayer son
hypothèse, un certain nombre d'historiens et d'écrivains font
remarquer que des découvertes archéologiques récentes ont démontré
la théorie du Rambam quant à l'origine de cette interdiction de
faire cuire un chevreau, un veau ou un agneau dans le lait de sa
mère. Les tablettes de Ras Shamra, exhumées dans le nord de la
Syrie en 1928, contiennent une inscription ougaritique qui décrit,
entre autres choses, des rituels païens, parmi lesquels le fait de
cuire un veau dans le lait de sa mère. Ces tablettes expliquent que
ce rituel avait pour but d'amener les dieux à accorder une abondance
dans la production agricole.
L'aspect
agricole de ce rituel nous aide à présent à parfaitement
comprendre pourquoi est-ce que la Tôroh, dans la Parashath Mishpotim
et dans la Parashath Ki Thisso`, place l'interdiction de cuire le
chevreau, le veau ou l'agneau dans le lait de sa mère dans le même
verset que l'obligation d'apporter à HaShem les Bikkourim :
nous devons rechercher auprès de D.ieu la prospérité agricole en
Lui apportant les prémices de tous nos produits de la terre en guise
de sacrifice devant revenir aux Kôhanim, les représentants
d'HaShem, démontrant par-là notre reconnaissance et acceptation du
fait que c'est Lui qui détient le contrôle illimité sur la terre
et ses produits. Plutôt que d'avoir recourt à des rituels futiles
et superstitieux pratiqués par les païens, nous devons accomplir
les Miswôth d'HaShem telles qu'elles ont été déterminées
et délimitées dans la Tôroh, méritant par-là Ses bénédictions
de prospérité et de réussite dans tous les domaines de nos vies.
Cuire
un veau, un chevreau ou un agneau dans le lait de sa mère est une
pratique païenne, idolâtre et superstitieuse. HaShem nous l'a donc
interdite !
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1Shamôth
34:26
2Ibid.,
23:19
3Davorim
14:21
4Talmoud,
Houllin 113b