mardi 1 novembre 2016

Différence entre « marcher dans Ses voies » et « aimer son semblable comme soi-même »

ב״ה

Différence entre « marcher dans Ses voies » et « aimer son semblable comme soi-même »


Cet article peut être téléchargé ici.

Nous lisons dans la Tôroh1 : וַיֵּרָא אֵלָיו יְהוָה, בְּאֵלֹנֵי מַמְרֵא; וְהוּא יֹשֵׁב פֶּתַח-הָאֹהֶל, כְּחֹם הַיּוֹם « `adhônoy lui apparut dans les plaines de Mamré` tandis qu'il était assis à l'entrée de la tente à la chaleur du jour. » Le Talmoudh2 interprète ce verset comme voulant dire qu'HaShem ית׳ a « visité » `avrohom `ovinou ע״ה, qui se remettait de sa récente circoncision. HaZa''l considèrent cette « visite » Divine comme établissant le concept de בִּיקּוּר חוֹלִים « Biqqour Hôlim », visiter les malades quand ils en ont besoin. Le Talmoudh ajoute qu'en vertu de l'obligation de וְהָלַכְתָּ, בִּדְרָכָיו « Waholakhto Bidharokhow – et tu marcheras dans Ses voies »3, qui exige de suivre l'exemple d'HaShem, nous aussi, en tant qu'Israélites, sommes enjoints à faire preuve de bonté envers nos frères malades en les assistant, en les visitant et en les encourageant durant leur maladie.

Le Ramba''m ז״ל codifie l'obligation de Biqqour Hôlim, ainsi que de nombreux autres actes de bonté obligatoires, dans le quatorzième chapitre des Hilkôth `éval, où il écrit ceci4 :

Il est une Miswath ´aséh [émanant] de leurs paroles5 de visiter les malades, de réconforter les endeuillés, de faire sortir le défunt6, d'apporter la mariée7, d'escorter les invités8, de s'occuper de tous les besoins de l'enterrement, de porter le lit mortuaire sur ses épaules, de marcher devant lui, de faire des éloges funèbres, de creuser9, d'enterrer10, et aussi de réjouir le marié et la mariée et les aider dans tous leurs besoins. Ce sont des actes de bonté pour lesquels on donne de sa personne [et] qui n'ont pas de mesure.
מִצְוַת עֲשֵׂה שֶׁלְּדִבְרֵיהֶם לְבַקַּר חוֹלִים, וּלְנַחַם אֲבֵלִים, וּלְהוֹצִיא הַמֵּת, וּלְהַכְנִיס הַכַּלָּה, וּלְלַוּוֹת הָאוֹרְחִים, וְלַעְסֹק בְּכָל צָרְכֵּי הַקְּבוּרָה, לָשֵׂאת עַל הַכָּתֵף, וְלֵילֵךְ לְפָנָיו, וְלִסְפֹּד, וְלַחְפֹּר, וְלִקְבֹּר; וְכֵן לְשַׂמַּח הֶחָתָן וְהַכַּלָּה, וּלְסַעֲדָם בְּכָל צָרְכֵּיהֶם. וְאֵלּוּ הֶן גְּמִילוּת חֲסָדִים שֶׁבְּגוּפוֹ, שְׁאֵין לָהֶם שֵׁעוּר

Mais curieusement, contrairement à ce que l'on peut comprendre dans le Talmoudh, le Ramba''m ne présente pas ces obligations dans le contexte de la Miswoh de וְהָלַכְתָּ, בִּדְרָכָיו « Waholakhto Bidharokhow – et tu marcheras dans Ses voies », une Miswoh qu'il a abordée bien plus tôt dans son Mishnéh Tôroh.11 Ici, le Ramba''m établit une base différente pour l'obligation de גְּמִילוּת חֲסָדִים « Gamilouth Hasodhim – actes de bonté », à savoir la Miswoh de וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ « Wa`ohavto Laré´akho Komôkho – et tu aimeras ton semblable comme toi-même. »12 En effet, voici ce qu'il écrit13 :

Bien que toutes ces Miswôth émanent de leurs paroles, elles font partie de « et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Toutes les choses que tu voudrais que les autres te fassent, fais-les pour [celui qui est] ton frère dans la Tôroh et les Miswôth.
אַף עַל פִּי שֶׁכָּל מִצְווֹת אֵלּוּ מִדִּבְרֵיהֶם, הֲרֵי הֶן בִּכְלַל "וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ". כָּל הַדְּבָרִים שֶׁאַתָּה רוֹצֶה שֶׁיַּעֲשׂוּ אוֹתָם לָךְ אֲחֵרִים, עֲשֵׂה אוֹתָן אַתָּה לְאָחִיךָ בַּתּוֹרָה וּבַמִּצְווֹת

Ainsi, d'après le Ramba''m, les obligations telles que le Biqqour Hôlim tombent dans la catégorie de וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ « Wa`ohavto Laré´akho Komôkho – et tu aimeras ton semblable comme toi-même », qui est l'obligation nous enjoignant de traiter nos semblables (les Israélites) de la manière dont nous voudrions être nous-mêmes traités.

La perspective du Ramba''m soulève une question naturelle sur la relation entre cette obligation et la Miswoh de וְהָלַכְתָּ, בִּדְרָכָיו « Waholakhto Bidharokhow – et tu marcheras dans Ses voies. » Comme cela a été précédemment mentionné, le Ramba''m codifie cette Miswoh (qui consiste à imiter HaShem dans Ses exemples de compassion et de miséricorde) dans ses Hilkôth Dé´ôth (lois relatives aux traits de caractère et de personnalité). À première vue, cela devrait également inclure les actes de bonté qu'il énumère dans les Hilkôth `éval, mais qu'il considère être requis en vertu de la Miswoh de וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ « Wa`ohavto Laré´akho Komôkho – et tu aimeras ton semblable comme toi-même. » La question qui se pose est donc celle-ci : Quelle est donc la différence entre ces deux Miswôth ? Ou, pour la poser autrement, que vient ajouter la Miswoh de וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ « Wa`ohavto Laré´akho Komôkho – et tu aimeras ton semblable comme toi-même » par rapport à celle de וְהָלַכְתָּ, בִּדְרָכָיו « Waholakhto Bidharokhow – et tu marcheras dans Ses voies » ?

La différence entre ces deux Miswôth est la différence qui existe entre la bonté, d'un côté, et le développement de ses traits de caractère, de l'autre côté. וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ « Wa`ohavto Laré´akho Komôkho – et tu aimeras ton semblable comme toi-même » requiert de notre part d'agir avec bonté envers les autres, de montrer que l'on se soucie des autres comme on se soucie de nous-mêmes. Par contraste, וְהָלַכְתָּ, בִּדְרָכָיו « Waholakhto Bidharokhow – et tu marcheras dans Ses voies » transmet une exigence totalement différente, à savoir devenir bon, généreux, miséricordieux, soucieux des autres. Être bon et faire le bien ne sont vraiment pas la même chose. Tout comme être miséricordieux et accomplir des actes de miséricorde. On peut parfaitement faire le bien sans forcément être soi-même quelqu'un de bien. Ainsi, la Miswoh de וְהָלַכְתָּ, בִּדְרָכָיו « Waholakhto Bidharokhow – et tu marcheras dans Ses voies » ne se rapporte pas au fait de pourvoir aux besoins des autres, mais plutôt au raffinement de sa propre personne, de ses propres traits de caractère. Il nous est enjoint non seulement d’agir avec bonté, mais également d'être bons ; non seulement d’afficher de la sensibilité face aux difficultés des autres, mais aussi d'être sensibles. De cette façon, nous rendons non seulement servir aux autres mais également à nous-mêmes ; nous accomplissons les deux Miswôth, celle de prendre soin des autres qui sont dans le besoin comme on aimerait qu'ils prennent eux aussi soin de nous, ainsi que celle de l'obligation de développer et raffiner nos traits de caractère pour ressembler à HaShem du mieux que nous pouvons !

1Baré`shith 18:1
2Sôtoh 14a
3Davorim 28:9
4Hilkôth `éval 14:1
5C'est-à-dire, des paroles des Scribes
6Pour aller l'enterrer
7C'est-à-dire de l'accompagner jusqu'au lieu du mariage
8C'est-à-dire de les raccompagner lorsqu'ils partent
9Une tombe
10Un défunt
11Hilkôth Dé´ôth, Chapitre 1
12Wayyiqro` 19:18
13Hilkôth `éval 14:2
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...