jeudi 5 mars 2015

Parashath Ki Thisso` : Parfois, il n'y a pas d'excuse

בס״ד

Parashath Ki Thisso`

Parfois, il n'y a pas d'excuse !


Dans la Parashath Ki Thisso`, la Tôroh nous parle de la Miswoh de מחצית השקל « Mahasith Hashaqal ». Ce terme fait référence à une taxe annuelle d'un demi-Shaqal dont devait s'acquitter chaque Israélite pour l'entretien du Mishkon (et plus tard du Béith Hammiqdosh) et l'achat des animaux devant servir aux sacrifices communautaires. C'est à partir de Rô`sh Hôdash `Ador que commençait la collecte.

Le Rambam זצ״ל décrit dans tous les détails toutes les Halokhôth relatives au demi-Shaqal dans les Hilkhôth Shaqalim de son Mishnéh Tôroh. La première Halokhoh qu'il mentionne est celle-ci :

Il est une Miswoh positive de la Tôroh que tout homme du [peuple d']Israël donne un demi-Shaqal d'année en année. Même un pauvre qui tire sa subsistance de la Sadoqoh en a l'obligation. Il doit emprunter [auprès] des autres ou vendre les vêtements qu'il porte afin de pouvoir donner un demi-Shaqal d'argent, comme il est dit1 : « le riche ne donnera pas plus, et le pauvre ne donnera pas moins, etc. ». Il ne doit pas être donné en plusieurs versements - aujourd'hui une partie, demain une autre. Il doit plutôt être donné tout en une seule fois.
מצות עשה מן התורה, ליתן כל איש מישראל מחצית השקל בכל שנה ושנה; אפילו עני המתפרנס מן הצדקה--חייב, ושואל מאחרים או מוכר כסות שעל כתפו, ונותן מחצית השקל כסף: שנאמר "העשיר לא ירבה, והדל לא ימעיט ...". ואינו נותנו בפעמים רבות, היום מעט ולמחר מעט, אלא נותנו כולו כאחת, פעם אחת

Le Rambam commence donc par insister sur le fait que cette obligation de payer la taxe d'un demi-Shaqal s'applique même aux membres les plus pauvres du peuple d'Israël. Et si cela est nécessaire, le Rambam tranche qu'on doit même emprunter l'argent, voire même vendre l'habit que l'on porte afin de s'acquitter de cette taxe. La Miswoh de Mahasith Hashaqal diffère donc, à cet égard, de la plupart des Miswôth positives de la Tôroh. Si, par exemple, quelqu'un n'a pas les moyens financiers de se payer une paire de Tafillin, ou un set de ´Arba` Minim pour Soukkôth, il est en fait exempté de l'obligation. Mais quand il s'agit de la Miswoh positive du Mahasith Hashaqal, aucune dispense n'est accordée sur la base d'éventuelles difficultés financières.

Le Rambam cite pour preuve un verset tiré de notre Paroshoh de la semaine : העשיר לא-ירבה והדל לא ימעיט ממחצית השקל « Le riche ne donnera pas plus et le pauvre ne donnera pas moins qu'un demi-Shaqal ».

À première vue, la déduction du Rambam semble difficile à comprendre. La Tôroh ne semble pas nous parler ici des circonstances sous lesquelles l'obligation du Mahasith Hashaqal s'applique, mais semble plutôt simplement définir une somme requise. Elle établit le fait que la valeur de cette taxe est absolue et ne dépend pas de l'état des finances des gens qui doivent la payer. Comment le Rambam déduit-il alors de ce verset que la Miswoh du Mahasith Hashaqal diffère de la plupart des autres Miswôth positives de la Tôroh, en ce qu'elle exisge d'un pauvre de vendre même le peu qu'il possède dans le but d'accomplir cette obligation ?

La réponse est assez simple : il va sans dire qu'on ne peut pas accomplir une obligation toranique, même de façon partielle, en accomplissant moins que l'exigence stipulée. Si la Tôroh a exigé de payer une somme d'argent spécifique, peu importe que l'on soit riche ou pauvre, il n'est alors pas nécessaire de préciser que payer moins que cette somme ne permet pas d'accomplir son obligation. Dans le verset juste avant, la Tôroh a clairement déclaré qu'on a l'obligation de payer cette taxe, et qu'il n'existe AUCUNE excuse pour justifier le fait de ne pas l'avoir payée2 : כל, העבר על-הפקדים, מבן עשרים שנה, ומעלה--יתן, תרומת ה׳ « Tout celui qui sera compté dans le dénombrement, depuis l'âge de vingt ans et au-delà, donnera l'impôt d'HaShem ». Ainsi, la pauvreté n'est pas une excuse pour ne pas s'acquitter de cette taxe. Dès le moment où un Israélite a atteint l'âge de 20 ans, il doit la payer. Si dans le verset juste après celui-ci la Tôroh se fait alors un point d'honneur d'insister sur le fait que le pauvre (âgé d'au moins 20 ans) ne peut donc pas payer moins que cette somme, c'est que cela signifie que cette obligation s'applique en toute circonstance et peu importe la condition financière ou matérielle de ce pauvre. Qu'il en ait les moyens ou pas, on ne pourra pas réduire pour lui la somme à payer. De ce fait, il est logique d'exiger de lui qu'il emprunte la somme nécessaire ou vende un de ses biens pour pouvoir s'acquitter de sa taxe.

Pour mieux comprendre, prenons en considération deux sortes d'activités professionnelles. Certains boulots sont par nature « illimités » ; ils exigent de l'employé qu'il excelle afin de produire autant que possible, sans que ne lui soit assignée une quantité de production particulière. Mais d'autres boulots imposent à l'employé des objectifs spécifiques et déterminés afin d'accomplir un nombre donné de produits fabriqués chaque jour de la semaine. Puisque ce boulot est défini par une quantité de production particulière, on comprend qu'on attend de l'employé qu'il ne produise pas moins que cette quantité, peu importe les circonstances.

La Tôroh nous impose à nous aussi deux sortes d'obligations. Quand il s'agit de valeurs telles que l'étude de la Tôroh et la Gamiliyouth Hasodim (actes de bienfaisance), il n'y a pas de quantité fixée ; chacun peut librement aspirer à accomplir autant que son temps ou ses moyens financiers le lui permettent dans ces domaines. Mais de nombreuses autres Miswôth sont définies en termes d'exigences spécifiques. Concernant ces Miswôth, nous ne pouvons pas parler d' « accomplissement » si on réalise moins que la quantité spécifiée. Ainsi, si la Tôroh insiste sur le fait que le pauvre ne peut pas payer moins que le demi-Shaqal, c'est pour nous faire comprendre que s'il donne moins que ça, on ne considère même pas qu'il a accompli une Miswoh. De ce fait, bien qu'il puisse avoir des problèmes financiers, s'il veut s'acquitter de son devoir (et il n'a pas d'autre choix, étant donné que c'est une Miswoh qui lui incombe peu importe sa situation financière), il doit même vendre ses habits afin de se rendre quitte de son devoir !

Pourquoi l'obligation du Mahasith Hashaqal diffère-t-elle d'autres Miswôth, en ce qu'elle s'applique même aux membres les plus indigents de notre peuple ?

Cette exigence de la Tôroh reflète la notion selon laquelle on se doit de vivre une vie de ´Avôdath HaShem, peu importe nos circonstances personnelles. Le Béith Hammiqdosh est préservé et soutenu par chacun des membres du peuple, du plus riche au plus pauvre, parce qu'ils assument tous de façon équitable la responsabilité de servir D.ieu, de mener une vie de pratique de la Tôroh et des Miswôth. Personne ne peut s'excuser des Miswôth de la Tôroh en s'appuyant sur ses difficultés financières ou d'autres formes de difficultés auxquelles il fait face. La Tôroh s'adresse à tous les Israélites de tous les milieux et situations, et de ce fait chacun est tenu au respect des Miswôth même sous des circonstances et conditions difficiles. En d'autres mots, les difficultés de la vie ne doivent pas servir d'excuses pour justifier le fait de ne pas respecter les devoirs religieux que nous avons vis-à-vis d'HaShem.

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1Shamôth 30:15

2Shamôth 30:14
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