בס״ד
Le
concept de « Résurrection des Morts »
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Qu'est-ce
que la résurrection des morts et comment s'inscrit-elle dans le
schéma de la récompense et de la punition ultimes ?
Comme
nous l'avons expliqué dans les précédents articles, d'après le
Rambo''n (Nahmanide) et de nombreux autres philosophes, la
résurrection des morts est le mécanisme pour entrer dans le ´ôlom
Habbo`. Lorsque ce monde prendra fin et que le ´ôlom Habbo` le
remplacera, les justes ressusciteront et vivront ainsi dans le ´ôlom
Habbo`. L'espoir et la prière des justes sont donc de mériter la
résurrection et d'entrer dans le ´ôlom Habbo`.
Ces
philosophes trouvent des preuves de l'identification de la
résurrection avec le ´ôlom Habbo` dans la discussion de la Gamoro`
sur la Mishnoh qui déclare que celui qui nie la résurrection n'a
aucune part au ´ôlom Habbo` (Sanhédhrin 90a). La Gamoro`
explique que cette punition est appropriée sur la base de la
doctrine de la réciprocité, Middoh Kanaghadh
Middoh. Puisque cette personne a nié la résurrection, elle ne sera
pas ressuscitée. Ce passage assimile la sanction de perdre le ´ôlom
Habbo` au fait de ne pas être ressuscité, prouvant ainsi que le
´ôlom Habbo` et la résurrection sont équivalents.
- La position du Rambo''m (Maïmonide)
La
position de Rambo''m sur cette question n’est cependant pas très
claire. Il croit que les plus grands plaisirs ne peuvent être
atteints que par des âmes désincarnées. Avoir un corps est un
handicap qui empêche l'âme d'atteindre la pleine proximité avec
HaShem. Pourquoi, alors, une personne juste voudrait-elle un jour
ressusciter ? Si son âme va directement au ´ôlom Habbo` à sa
mort, il lui faudra alors quitter le bonheur ultime du ´ôlom Habbo`
pour être ressuscité. Comment laisser le bonheur ultime et
retrouver le handicap de l'existence physique peut-il être considéré
comme une récompense souhaitable ? Cette énigme a intrigué
les interprètes du Rambo''m de son vivant jusqu'à ce jour.
Le
Rambo''m a aggravé cette interrogation en n'expliquant jamais les
détails de la résurrection dans ses œuvres classiques. Dans son
commentaire sur la Mishnoh (Sanhédhrin, chapitre 10), il la
répertorie comme l'un des treize principes de foi, et il précise
que seul la juste méritera la résurrection mérite, mais il ne
l'explique pas davantage. Il le répertorie également parmi les
croyances obligatoires dans son Mishnéh Tôroh (Hilkôth
Tashouvoh 3: 14), mais ne
précise jamais exactement quand et pourquoi cela se produit.
- Interprétation du Ra`ava''d sur le Rambo''m
Il
existe deux approches générales pour comprendre la position du
Rambo''m. Le Ra`ava''d (commentaires sur les Hilkôth Tashouvoh
8: 2) accuse le Rambo''m de soutenir qu'il n'y a pas de
résurrection physique des morts. D'autres penseurs contemporains ont
également interprété le Rambo''m de cette façon, mais
contrairement au Ra`ava''d, ils étaient d'accord avec cette position
et ont prêché publiquement qu'il n'y aurait pas de résurrection
physique, invoquant l'autorité du Rambo''m. Selon cette
interprétation, le Rambo''m n'a jamais expliqué les détails de la
Tahiyath Hamméthim parce qu'il ne croyait
pas réellement à la résurrection physique. Au contraire, chaque
fois que la Tahiyath Hamméthim est
mentionné dans le TaNa''Kh ou par HaZa''l, c'est une
métaphore de l'existence continue de l'âme après sa mort physique.
La résurrection ne signifie pas que les morts reviendront à la
vie, mais plutôt que leurs âmes continueront à vivre éternellement
dans le ´ôlom Habbo`.
- L'explication que le Rambo''m lui-même a donnée
Le
Rambo''m lui-même, cependant, a donné une interprétation
différente de sa relation particulière au concept de résurrection
à travers ses écrits. Dans la `iggarath Tahiyath
Hamméthim, l'essai du Rambo''m sur la résurrection des morts, il
s'étonne de l'accusation selon laquelle il ne croit pas à la
résurrection physique. Comment ne pouvait-il pas croire à la
résurrection s'il la considérait comme l'un des treize principes de
foi ?! Pourquoi, alors, ne l'explique-t-il pas en détails ou ne
lui donne-t-il pas une place importante dans ses ouvrages ?
Le
Rambo''m explique que la résurrection des morts n'est pas liée à
la récompense et à la punition ultimes, qui sont purement
spirituelles. La résurrection des morts est une vraie croyance,
mais ce n'est pas le but ultime d'un être humain, et elle n'est donc
pas philosophiquement importante. Il s'agit plutôt simplement
d'un événement historique qui se produira à un moment donné, et
ses effets ne seront que temporaires, car les individus
ressuscités mourront à nouveau. Le Rambo''m n'a pas expliqué
ce concept car il n'y a rien à expliquer. Un événement
historique, par opposition à un concept philosophique, ne peut être
prouvé ou analysé à l'aide d'un raisonnement abstrait. La seule
chose pertinente à dire à propos d'un événement historique est
soit qu'il s'est produit dans le passé, soit qu'il se produira dans
le futur, et c'est exactement ce qu'il a dit dans ses précédents
écrits.
- Le but de la résurrection
Le
Rambo''m n'a jamais répondu, cependant, à la question très
pratique de quel avantage il y a pour une personne juste de voir son
âme quitter le ´ôlom Habbo` et retourner dans ce monde matériel
pour vivre dans un corps physique. Un certain nombre de réponses ont
été proposées par des penseurs ultérieurs pour expliquer la
position du Rambo''m.
Le
Séphar Ho´iqqorim (Livre 4, chapitre 30) suggère trois
explications pour le but de la résurrection d'après le Rambo''m.
Peut-être que le miracle de la résurrection n'est pas au profit
de celui qui est ressuscité, mais plutôt pour ceux qui seront en
vie au moment où elle aura lieu - afin de renforcer leur
`amounoh en HaShem. Alternativement, peut-être que les
justes méritent une récompense physique pour compenser la
souffrance physique qu'ils ont endurée au cours de leur vie.
Puisque cette récompense physique ne peut pas leur être donnée
dans le ´ôlom Habbo`, ils sont ressuscités dans le monde physique
afin de jouir de la quantité de plaisirs physiques qu'ils méritent,
avant de mourir à nouveau et de retourner à leur bonheur spirituel
éternel. Troisièmement, un séjour répété dans le monde
physique post-messianique donne aux justes l'occasion d'atteindre des
objectifs spirituels qu'ils n'ont pas pu atteindre dans leur vie
d'origine en raison de l'exil et de la persécution. Par
conséquent, lorsqu'ils meurent une fois de plus après leur deuxième
vie, leurs âmes peuvent retourner à un niveau encore plus élevé
de félicité éternelle dans le ´ôlom Habbo`.
Bien
que ces explications semblent raisonnables, le Rambo''m lui-même
n'a donné aucune explication de la nécessité de la résurrection.
Dans son `iggarath Tahiyath Hamméthim, il
explique pourquoi il a compté la doctrine de la résurrection comme
l'un de ses treize principes de croyance juive, mais son explication
ne se rapporte pas à l'importance de la résurrection elle-même. Il
laisse entendre qu'il n'est pas réellement philosophiquement
important de croire que HaShem ressuscitera les morts; il est plutôt
crucial de croire que HaShem peut ressusciter les
morts. C'est cet aspect qui constitue un principe de foi. Il n'est
pas important qu'un juif croie que certaines personnes seront
ressuscitées à un certain moment et à un certain endroit pour une
certaine raison. Il est plutôt important de croire en la
résurrection des morts parce que le TaNa''Kh dit que HaShem
ressuscitera les morts, et nous acceptons la signification
littérale de chaque verset du TaNa''Kh tant que l'interprétation
littérale reste dans le domaine du possible.
Ainsi,
nier la résurrection équivaut à nier la possibilité d'une
résurrection, et la croyance en la résurrection physique est
fondamentalement la croyance selon laquelle HaShem a la capacité de
ressusciter les morts. Cette croyance est d'une importance
cruciale, car la résurrection des morts est le plus grand miracle,
et la croyance en la résurrection comprend donc la croyance en la
possibilité des miracles. Il y a des hérétiques qui croient que
HaShem existe, mais qu'Il ne peut pas modifier les règles de la
physique et accomplir des miracles. Le Rambo''m considérait donc
la résurrection comme le treizième principe de foi afin de définir
la croyance aux miracles comme axiomatique du judaïsme.
Quiconque nie la résurrection, explique le Rambo''m, nie également
tous les miracles et croit que HaShem ne peut pas passer outre les
rouages de la nature, ce qui constitue en effet une grave hérésie.
D'après
cette lecture, il est possible que le Rambo''m n'ait aucune
explication sur la raison pour laquelle les morts devraient être
ressuscités, mais cette question ne le dérangeait pas du tout.
Puisqu'il n'attribue une signification philosophique qu'à la
possibilité de résurrection et non à la résurrection elle-même,
il peut confortablement accepter la vérité de la résurrection
elle-même basée uniquement sur le témoignage du TaNa''Kh et avoir
confiance que HaShem ne ressuscitera personne à moins qu'il n'ait
une bonne raison de le faire.
- En résumé
Nous
avons vu trois approches sur la résurrection des morts. Le Rambo''n
et d'autres croient que la résurrection est identique au ´ôlom
Habbo` et que la récompense ultime est de ressusciter dans votre
corps et de vivre éternellement dans un monde physique parfait. La
deuxième approche est l'interprétation extrêmement rationaliste du
Rambo''m, qui comprend la résurrection comme une métaphore de la
vie de l'âme dans le ´ôlom Habbo`. La troisième approche est
celle que le Rambo''m lui-même a exprimé, à savoir que la
résurrection n'a rien à voir avec la récompense ultime des justes.
La récompense ultime n'est pas de ressusciter, mais plutôt de vivre
éternellement comme une âme désincarnée. La résurrection n'est
qu'un phénomène temporaire; ceux qui reviennent à la vie vivront
dans le monde physique pendant une durée limitée, puis mourront et
récupéreront leur ultime récompense dans le ´ôlom Habbo`. Dans
l'approche du Rambo''m, nous avons développé deux façons de
considérer l'importance de la résurrection temporaire. Soit elle
est importante parce qu'elle apporte un avantage à ceux qui sont
ressuscités ou sont témoins de la résurrection, soit la croyance
en la résurrection est significative parce qu'elle représente la
croyance aux miracles et à la toute-puissance divine.