dimanche 1 décembre 2019

L'au-delà et la vie après la mort, d'après la conception maïmonidienne


בס״ד

L'au-delà et la vie après la mort, d'après la conception maïmonidienne


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Les sujets traitants de l'au-delà sont des questions lourdes et complexes. Permettez-moi de commencer en soulignant que le concept d'une âme entrant dans un « lieu » (comme le paradis, l'enfer ou autre), qu'il soit sous terre, en surface ou au ciel, ne fait pas partie de la théologie juive. L'âme n'est pas un objet physique pouvant voyager dans l'espace ou se situer à un endroit spécifique. Chaque fois qu’il est fait référence à une âme qui « va » quelque part, c'est dans un sens métaphorique et non littéral.

Le terme biblique שְׁאוֹל « Sha`ôl » fait simplement référence à la tombe, dernier lieu de repos du corps physique.

Le Rambo''m ז״ל enseigne que la vie après la mort est un état métaphysique d’existence bienheureuse qui survient après la séparation de l’âme d'avec le corps. Cet état ne peut être atteint que par un individu qui a perfectionné son âme par l'acquisition de connaissances et de traits de caractère positifs et par la réalisation de bonnes actions. Puisque l’âme a développé un aspect spirituel transcendant, elle est capable de survivre à la mort physique et de profiter de la plus grande récompense imaginable - à savoir une perception pure et pleinement satisfaisante de la sagesse de HaShem.

Il est important de garder à l'esprit que puisque nous existons dans un corps physique au cours de cette vie et que toutes nos connaissances sont basées sur nos expériences du monde physique, nous ne pouvons imaginer ce à quoi cela ressemblerait d'exister métaphysiquement. C'est la raison pour laquelle nos Sages sont obligés d'employer le langage de la métaphore et de l'analogie lorsqu'ils parlent de ces questions profondes. Malheureusement, comme nous sommes généralement beaucoup plus à l'aise avec des images concrètes que des idées abstraites, de nombreuses personnes s'accrochent aux représentations métaphoriques des rabbins comme si elles étaient des faits littéraux. Ainsi, ils développent des concepts sensuels du monde-à-venir qui sont nécessairement inexacts. Nous devons accepter le fait que la véritable nature de la vie après la mort n’est pas quelque chose que nous avons la capacité de comprendre durant notre séjour sur cette Terre.

Les impies dont l'existence entière dans ce monde tourne autour du gain matériel et du plaisir corporel n'ont pas concrétisé la dimension métaphysique de leurs âmes. En conséquence, leurs âmes périssent avec leurs corps à la fin de leurs vies physiques. Ils subissent le châtiment ultime - la perte de la possibilité de faire l'expérience du plaisir de la vraie connaissance et compréhension.

À l’ère messianique, les justes seront ressuscités et participeront à l’instauration d’une société utopique pleinement alignée sur la sagesse de HaShem. Leur résurrection offrira également à ces grands hommes et femmes le bénéfice de vivre dans une communauté mondiale éclairée - ce qu’ils n’ont pas eu la possibilité de faire avant leur mort. À la fin, cependant, les lois de la nature continueront de régner et les justes - comme tous les autres mortels - finiront par disparaître, permettant à leurs âmes de retourner à un état béni d'existence métaphysique pour l'éternité.

Je voudrais ajouter deux points importants. Le premier point est que notre ´avôdhath HaShem dans ce monde est intrinsèquement enrichissante et gratifiante. Toute récompense supplémentaire est vraiment superflue pour le sage qui jouit de la vérité et de la justice pour elles-mêmes. De même, vivre une vie matérialiste et non éclairée est sa propre punition. Un tel mode de vie frustre les êtres humains, les privant de la réalisation de leur potentiel intellectuel et spirituel, tout en leur proposant un nombre incalculable de substituts insatisfaisants qui ne répondent pas à leurs besoins humains uniques.

Ceux qui croient que la récompense ultime pour l'étude et la justice est un plaisir physique sans fin soutiennent nécessairement que les plaisirs du corps sont le bien ultime pour les êtres humains et que vivre avec sagesse est un moyen de mettre fin à l'auto-indulgence matérielle. De même, la croyance en un tourment physique éternel pour les impies découle de la supposition que la souffrance physique est pire que la douleur de vivre sans sagesse. Ces deux suppositions sont contraires aux enseignements fondamentaux du judaïsme. Le Juif dévoué n'a pas besoin de la promesse d'une récompense extrinsèque ni de la menace d'une punition extrinsèque pour l'inciter à vivre selon les préceptes de la Tôroh. Les plaisirs et les souffrances du corps sont tout simplement incomparables par rapport au contentement que l'âme tire de sa quête de la connaissance et de la vertu. Par analogie, imaginons qu'une personne fortunée vous offre un million d'euros en espèces, sans aucune condition. Demanderez-vous « eh bien, quels sont les avantages pour moi ? Quelle est ma récompense pour avoir accepté l’argent ? ». Toute récompense supplémentaire serait dérisoire par rapport à la réception des fonds eux-mêmes. De la même manière, la sagesse est sa propre récompense, et quiconque demande « ce qu’elle contient pour moi » n’a pas encore fait l’expérience de sa beauté - une beauté si riche et débordante qu’elle rend toutes les joies temporelles sans fondement et sans valeur.

Le deuxième point que je voudrais souligner est que la notion commune de « châtiment divin » est dérivée de la théologie d’autres religions populaires, et non des enseignements de la Tôroh. Dans ces religions, Dieu est décrit comme un être humain en colère qui ne peut tolérer le mépris avec lequel les êtres humains le traitent, lui et ses lois. Sa soif de vengeance est si dévorante que le seul moyen de calmer sa colère est de condamner les pécheurs à un supplice éternel en Enfer. Cette idée est, bien sûr, basée sur l'hypothèse que Dieu prend plaisir à notre moralité et à notre religiosité et qu'il devient frustré et agressif lorsque nous ne parvenons pas à l'apaiser avec notre culte. Les défenseurs de cette notion semblent soutenir que Dieu trouve du réconfort en torturant les transgresseurs de ses commandements pour toute l'éternité.

En revanche, le point de vue juif est que la justice et l'impiété - ainsi que la récompense et la punition - sont exclusivement à des fins humaines. HaShem ne Se fâche pas lorsque nous péchons et notre droiture ne Lui procure aucune satisfaction. Lorsque nous faisons les bons choix, alors HaShem pourrait nous aider à poursuivre notre développement afin que nous réalisions plus pleinement le potentiel de bonheur véritable qu’Il a implanté en nous - non pas parce qu’Il a besoin de nous pour continuer, mais parce que c’est Sa volonté de fournir le meilleur pour Ses créatures.

En même temps, lorsque nous choisissons d’agir immoralement, nous nous rendons un mauvais service. HaShem, dans Son infinie miséricorde, pourrait nous punir pour nous corriger et nous ramener sur le bon chemin, mais pas parce qu'Il éprouve un plaisir sinistre et vengeur dans nos souffrances. Nous pouvons le constater par le fait que HaShem n'intervient que pour punir les individus qu'Il sait suffisamment proches de Lui pour répondre de manière appropriée à la sanction, comme l'a écrit Shalômôh Hammalakh ע״ה (Mishlé 3:12) : כִּי אֶת אֲשֶׁר יֶאֱהַב ה׳    יוֹכִיחַ « Celui que HaShem aime, Il les réprimande ». Si quelqu'un est si loin de HaShem qu'il n'y a aucun espoir qu'il se repente à la suite de punitions divinement imposées, alors HaShem ne les appliquera pas. HaShem ne prévoit pas de conséquences pour nous faire souffrir pour nos péchés; Son but en châtiant les êtres humains est d'éduquer et d'élever ceux d'entre nous qui sont au moins potentiellement réceptifs à Son message.

De ce point de vue, il est clair pourquoi soumettre les âmes humaines à un tourment éternel dans l'au-delà n'aurait aucun sens. Une fois que nos vies sont terminées, tout espoir de repentance est perdu - alors, à quoi servirait une punition après la mort ? Seule une religion qui considère Dieu en termes humains - en tant que figure paternelle sadique insatiablement en colère contre Ses enfants et ayant besoin de Se « défouler » - pourrait éventuellement adopter un tel concept.

Il convient de mentionner que certains rabbins, tels que le Rambo''n (Nahmanide), souscrivent au concept du « Géhinnom ». Le terme « Géhinnom » est compris ici comme un processus de purification de l’âme - dénoté métaphoriquement par un « lieu » où elle se rend - qui se produit avant que cette âme entre dans son état final d’existence spirituelle. Nous avons tous des liens avec le monde matériel qui constituent des obstacles à notre croissance spirituelle, interférant et même altérant le développement approprié de nos âmes. L'idée de Géhinnom est qu'une expérience profonde de conscience de soi et de clarté intellectuelle après la mort - révélant, pour ainsi dire, que tout attachement au domaine du physique n'a aucune signification - peut permettre à une personne de s'affranchir de certaines de ces limitations et ainsi jouir d'une existence métaphysique plus complète et plus gratifiante dans le monde à venir.

Pour une discussion plus détaillée et approfondie de ces idées, je vous encourage à lire l' « Introduction au Péraq Hélaq » du Rambo''m.

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