בס״ד
L'au-delà
et la vie après la mort, d'après la conception maïmonidienne
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Les
sujets traitants de l'au-delà sont des questions lourdes et
complexes. Permettez-moi de commencer en soulignant que le concept
d'une âme entrant dans un « lieu » (comme le paradis,
l'enfer ou autre), qu'il soit sous terre, en surface ou au ciel, ne
fait pas partie de la théologie juive. L'âme n'est pas un objet
physique pouvant voyager dans l'espace ou se situer à un endroit
spécifique. Chaque fois qu’il est fait référence à une âme qui
« va » quelque part, c'est dans un sens métaphorique et
non littéral.
Le
terme biblique שְׁאוֹל
« Sha`ôl »
fait simplement référence à la tombe, dernier lieu de repos du
corps physique.
Le
Rambo''m ז״ל
enseigne
que la vie après la mort est un état métaphysique d’existence
bienheureuse qui survient après la séparation de l’âme
d'avec le corps. Cet état ne peut être atteint que par un individu
qui a perfectionné son âme par l'acquisition de connaissances et de
traits de caractère positifs et par la réalisation de bonnes
actions. Puisque l’âme a développé un aspect spirituel
transcendant, elle est capable de survivre à la mort physique et de
profiter de la plus grande récompense imaginable - à savoir une
perception pure et pleinement satisfaisante de la sagesse de HaShem.
Il
est important de garder à l'esprit que puisque nous existons dans un
corps physique au cours de cette vie et que toutes nos connaissances
sont basées sur nos expériences du monde physique, nous ne
pouvons imaginer ce à quoi cela ressemblerait d'exister
métaphysiquement. C'est la raison pour laquelle nos Sages sont
obligés d'employer le langage de la métaphore et de l'analogie
lorsqu'ils parlent de ces questions profondes. Malheureusement, comme
nous sommes généralement beaucoup plus à l'aise avec des images
concrètes que des idées abstraites, de nombreuses personnes
s'accrochent aux représentations métaphoriques des rabbins comme si
elles étaient des faits littéraux. Ainsi, ils développent des
concepts sensuels du monde-à-venir qui sont nécessairement
inexacts. Nous devons accepter le fait que la véritable nature de
la vie après la mort n’est pas quelque chose que nous avons la
capacité de comprendre durant notre séjour sur cette Terre.
Les
impies dont l'existence entière dans ce monde tourne autour du gain
matériel et du plaisir corporel n'ont pas concrétisé la dimension
métaphysique de leurs âmes. En conséquence, leurs âmes périssent
avec leurs corps à la fin de leurs vies physiques. Ils subissent le
châtiment ultime - la perte de la possibilité de faire l'expérience
du plaisir de la vraie connaissance et compréhension.
À
l’ère messianique, les justes seront ressuscités et participeront
à l’instauration d’une société utopique pleinement alignée
sur la sagesse de HaShem. Leur résurrection offrira également à
ces grands hommes et femmes le bénéfice de vivre dans une
communauté mondiale éclairée - ce qu’ils n’ont pas eu la
possibilité de faire avant leur mort. À la fin, cependant, les lois
de la nature continueront de régner et les justes - comme tous les
autres mortels - finiront par disparaître, permettant à leurs âmes
de retourner à un état béni d'existence métaphysique pour
l'éternité.
Je
voudrais ajouter deux points importants. Le premier point est que
notre ´avôdhath HaShem dans ce monde est intrinsèquement
enrichissante et gratifiante. Toute récompense supplémentaire est
vraiment superflue pour le sage qui jouit de la vérité et de la
justice pour elles-mêmes. De même, vivre une vie matérialiste
et non éclairée est sa propre punition. Un tel mode de vie
frustre les êtres humains, les privant de la réalisation de leur
potentiel intellectuel et spirituel, tout en leur proposant un nombre
incalculable de substituts insatisfaisants qui ne répondent pas à
leurs besoins humains uniques.
Ceux
qui croient que la récompense ultime pour l'étude et la justice est
un plaisir physique sans fin soutiennent nécessairement que les
plaisirs du corps sont le bien ultime pour les êtres humains et que
vivre avec sagesse est un moyen de mettre fin à l'auto-indulgence
matérielle. De même, la croyance en un tourment physique éternel
pour les impies découle de la supposition que la souffrance physique
est pire que la douleur de vivre sans sagesse. Ces deux suppositions
sont contraires aux enseignements fondamentaux du judaïsme. Le
Juif dévoué n'a pas besoin de la promesse d'une récompense
extrinsèque ni de la menace d'une punition extrinsèque pour
l'inciter à vivre selon les préceptes de la Tôroh. Les
plaisirs et les souffrances du corps sont tout simplement
incomparables par rapport au contentement que l'âme tire de sa quête
de la connaissance et de la vertu. Par analogie, imaginons qu'une
personne fortunée vous offre un million d'euros en espèces, sans
aucune condition. Demanderez-vous « eh bien, quels sont les
avantages pour moi ? Quelle est ma récompense pour avoir
accepté l’argent ? ». Toute récompense supplémentaire
serait dérisoire par rapport à la réception des fonds eux-mêmes.
De la même manière, la sagesse est sa propre récompense, et
quiconque demande « ce qu’elle contient pour moi » n’a
pas encore fait l’expérience de sa beauté - une beauté si riche
et débordante qu’elle rend toutes les joies temporelles sans
fondement et sans valeur.
Le
deuxième point que je voudrais souligner est que la notion
commune de « châtiment divin » est dérivée de la
théologie d’autres religions populaires, et non des enseignements
de la Tôroh. Dans ces religions, Dieu est décrit comme un être
humain en colère qui ne peut tolérer le mépris avec lequel les
êtres humains le traitent, lui et ses lois. Sa soif de vengeance est
si dévorante que le seul moyen de calmer sa colère est de condamner
les pécheurs à un supplice éternel en Enfer. Cette idée est, bien
sûr, basée sur l'hypothèse que Dieu prend plaisir à notre
moralité et à notre religiosité et qu'il devient frustré et
agressif lorsque nous ne parvenons pas à l'apaiser avec notre culte.
Les défenseurs de cette notion semblent soutenir que Dieu trouve du
réconfort en torturant les transgresseurs de ses commandements pour
toute l'éternité.
En
revanche, le point de vue juif est que la justice et l'impiété -
ainsi que la récompense et la punition - sont exclusivement à des
fins humaines. HaShem ne Se fâche pas lorsque nous péchons et notre
droiture ne Lui procure aucune satisfaction. Lorsque nous faisons les
bons choix, alors HaShem pourrait nous aider à poursuivre notre
développement afin que nous réalisions plus pleinement le potentiel
de bonheur véritable qu’Il a implanté en nous - non pas parce
qu’Il a besoin de nous pour continuer, mais parce que c’est Sa
volonté de fournir le meilleur pour Ses créatures.
En
même temps, lorsque nous choisissons d’agir immoralement, nous
nous rendons un mauvais service. HaShem, dans Son infinie
miséricorde, pourrait nous punir pour nous corriger et nous ramener
sur le bon chemin, mais pas parce qu'Il éprouve un plaisir sinistre
et vengeur dans nos souffrances. Nous pouvons le constater par le
fait que HaShem n'intervient que pour punir les individus qu'Il sait
suffisamment proches de Lui pour répondre de manière appropriée à
la sanction, comme l'a écrit Shalômôh
Hammalakh ע״ה
(Mishlé
3:12) :
כִּי
אֶת אֲשֶׁר יֶאֱהַב ה׳ יוֹכִיחַ
« Celui
que HaShem aime, Il les réprimande ».
Si quelqu'un est si loin de HaShem qu'il n'y a aucun espoir qu'il se
repente à la suite de punitions divinement imposées, alors HaShem
ne les appliquera pas. HaShem
ne prévoit pas de conséquences pour nous faire souffrir pour nos
péchés; Son but en châtiant les êtres humains est d'éduquer et
d'élever ceux d'entre nous qui sont au moins potentiellement
réceptifs à Son message.
De
ce point de vue, il est clair pourquoi soumettre les âmes humaines à
un tourment éternel dans l'au-delà n'aurait aucun sens. Une fois
que nos vies sont terminées, tout espoir de repentance est perdu -
alors, à quoi servirait une punition après la mort ? Seule une
religion qui considère Dieu en termes humains - en tant que figure
paternelle sadique insatiablement en colère contre Ses enfants et
ayant besoin de Se « défouler » - pourrait
éventuellement adopter un tel concept.
Il
convient de mentionner que certains rabbins, tels que le Rambo''n
(Nahmanide),
souscrivent au concept du « Géhinnom ». Le
terme « Géhinnom » est compris ici comme un processus de
purification de l’âme - dénoté métaphoriquement par un « lieu »
où elle se rend - qui se produit avant que cette âme entre dans son
état final d’existence spirituelle.
Nous avons tous des liens avec le monde matériel qui constituent des
obstacles à notre croissance spirituelle, interférant et même
altérant le développement approprié de nos âmes. L'idée de
Géhinnom est qu'une expérience profonde de conscience de soi et de
clarté intellectuelle après la mort - révélant, pour ainsi dire,
que tout attachement au domaine du physique n'a aucune signification
- peut permettre à une personne de s'affranchir de certaines de ces
limitations et ainsi jouir d'une existence métaphysique plus
complète et plus gratifiante dans le monde à venir.
Pour
une discussion plus détaillée et approfondie de ces idées, je vous
encourage à lire l' « Introduction
au Péraq Hélaq »
du Rambo''m.