בס״ד
Conception
du ´ôlom Habbo` : Rambo''m VS Rambo''n
Première
Partie
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article peut être téléchargé ici.
Dans
l'article intitulé « L'au-delà
et la vie après la mort, d'après la conception maïmonidienne »,
j'avais brièvement abordé quelques notions de base se rapportant à
l'au-delà. Je vais à présent fournir davantage de détails sur ce
concept essentiel de la foi juive.
Il
ressort clairement dans de nombreuses sources que HaZa''l
croient que la récompense ultime à laquelle tout être humain peut
s'attendre pour avoir HaShem ית׳
est
le ´ôlom Habbo`, le monde à venir. Les philosophes juifs,
cependant, débattent de la nature de cette récompense spirituelle
qui reviendra à une personne après sa mort. Les divers penseurs et
philosophes juifs se sont scindés en deux camps. Un camp, identifié
comme celui du Rambo''m ז״ל
(Maïmonide)
et beaucoup d'autres grands sages, admet qu'il peut y avoir des
récompenses physiques pour les justes dans ce monde. Une des preuves
de cette position est le fait que nos ancêtres furent récompensés
par une réussite matérielle (bon nombre de nos Patriarches et
ancêtres furent très riches). Cependant, la récompense principale
à laquelle une personne juste peut s'attendre est purement
spirituelle; elle ne peut être expérimentée que par l'âme et non
par le corps. Cela se produit dans le monde à venir, qui est le lieu
où les âmes des justes se rendent après leur mort.
Le
deuxième groupe de penseurs juifs (suivi par le Rambo''n ז״ל,
le Ra´ava''d ז״ל,
le Yadh Ramoh ז״ל,
et beaucoup d’autres) soutient que, bien que certaines personnes
justes reçoivent une récompense physique dans ce monde, la plupart
n'en ont pas. Les justes méritent donc une récompense physique dans
le monde à venir. Dans le ´ôlom Habbo`, ils recevront une
récompense à la fois physique et spirituelle. Cela se produira au
moment où l'âme et le corps ressusciteront (Tahiyath
Hamméthim).
Comme
nous le voyons, le Rambo''m et le Rambo''n divergent concernant la
signification du mot « Habbo` » dans l'expression « ´ôlom
Habbo` » (monde à venir). Quand est-ce que ce monde vient ?
Selon le Rambo''m, c'est le monde à venir, subjectivement,
pour chaque personne à sa mort. Pour le Rambo''n et la majorité des
philosophes juifs, le ´ôlom Habbo` viendra à un moment spécifique
de l'histoire, lorsque HaShem ressuscitera les morts et introduira
un nouveau monde à la place du monde existant.
Quelle
est la base de cette divergence ? Pourquoi le Rambo''m
pense-t-il que le monde à venir est purement spirituel, alors
que le Rambo''n pense que le monde à venir est physique,
synonyme de résurrection des morts ? Un des points de cette
Mahlôqath est exégétique. Le Rambo''m pense qu'il est
crucial d'interpréter métaphoriquement les paroles de
HaZa''l lorsqu'il est logiquement impossible d'accepter le
sens littéral de leurs mots. Étant donné que, ainsi que nous
l'expliquerons plus loin, la conception du ´ôlom Habbo` en tant
qu'espace physique contrevient aux lois fondamentales de la nature,
nous devons comprendre métaphoriquement la description physique du
´ôlom Habbo`.
Le
Ra´ava''d et de nombreux autres opposants au Rambo''m estiment qu’il
est important d’interpréter les paroles de HaZa''l à la
lettre, dans presque toutes les circonstances. Puisque HaZa''l
décrivent à de nombreux endroits le monde à venir en termes
physiques, il doit alors être littéralement un monde physique. Bon
nombre des descriptions du ´ôlom Habbo` semblent bien physiques.
Par exemple, HaZa''l décrivent les justes assis avec des
couronnes sur la tête. Il y a des descriptions de la fête dont
jouissent les justes, avec une longue discussion sur qui devrait
diriger la Birkhath Hammozôn.
L'approche
du Rambo''m tout au long de ses écrits consiste toutefois à
interpréter ces déclarations de HaZa''l de manière
métaphorique. En guise d'introduction à son interprétation sur le
´ôlom Habbo`, le Rambo''m décrit de manière fascinante trois
façons différentes de se rapporter à des déclarations
particulières trouvées dans le Talmoudh ou le Midhrosh. Un premier
groupe de personnes interprète littéralement chaque déclaration de
HaZa''l. Même si la compréhension littérale constitue une
impossibilité, ils acceptent avec foi que ce que nous considérons
comme impossible est néanmoins vrai. D'un côté, ce groupe peut
être considéré comme très religieux, mais en vérité, affirme le
Rambo''m, ces gens détruisent la beauté de la Tôroh et
assombrissent sa splendeur. En prenant chaque mot de HaZa''l à
la lettre et en proclamant la vérité de leurs propos, ils font
ressembler HaZa''l à des imbéciles. Certaines des
déclarations que nous trouvons dans les sources rabbiniques sont
impossibles, voire absurdes, et HaZa''l n'en tirent aucun
honneur lorsque nous prétendons que nous les croyons au sens
littéral.
Le
Rambo''m approuve encore moins le deuxième groupe. Ce groupe
interprète aussi littéralement chaque affirmation de HaZa''l,
mais comme certaines de ces affirmations ne peuvent être
littéralement vraies, ils rejettent complètement les enseignements
de HaZa''l et deviennent des hérétiques.
Le
troisième groupe, qui est malheureusement beaucoup plus petit que
les deux premiers, comprend que HaZa''l étaient des
philosophes très accomplis, qui parlaient souvent sous forme de
devinettes, d'énigmes et de métaphores. Chaque mot du Talmoudh et
du Midhrosh n’est pas censé être pris à la lettre. Celui qui
comprend vraiment la sagesse de HaZa''l se rend compte que
leurs mots ont une couche de sens cachés. Cette intention
métaphorique est philosophiquement éclairante et scientifiquement
exacte, et démontre la sagesse de notre tradition et de ses
détenteurs.
Le
Rambo''m pense que si nous prenions toutes les déclarations de
HaZa''l à la lettre, nous nous retrouverions avec des
traditions insensées et nous devrions alors soit croire que HaZa''l
étaient des imbéciles, soit que nous-mêmes sommes des imbéciles.
Cependant, de nombreux adversaires du Rambo''m s'opposent à cette
position du Rambo''m et supposent qu'un vrai croyant ne
réinterpréterait pas les déclarations de HaZa''l
conformément à ses propres conceptions de la possibilité logique,
mais réviserait plutôt ses idées sur ce qui est possible pour se
conformer aux déclarations de HaZa''l.
Réagissant
à l’interprétation métaphorique du ´ôlom Habbo` par le
Rambo''m, le Ra´ava''d s’appuie avec force sur de nombreux
Midhroshim qui comprennent le ´ôlom Habbo` comme un monde physique.
Par exemple, si la description du monde à venir comme un repas est
une métaphore, demande le Ra´ava''d, alors pourquoi ce Midhrosh
décrit-il un débat sur la question de savoir qui dirigerait la
Birkhath Hammozôn ? Bien sûr, le Rambo''m comprendrait cela
aussi comme une métaphore; peut-être dissèque-t-il les mérites
relatifs des idées philosophiques représentées par différents
personnages bibliques. Le Ra´ava''d cite également divers
Midhroshim qui se demandent si les corps seront ressuscités avec ou
sans leurs vêtements, avec ou sans leurs défauts corporels. Cela
prouve que dans le n´ôlom Habbo`, il y aura des corps.
Cependant,
le Rambo''m peut également interpréter cela métaphoriquement. Le
Rambo''m lui-même explique en détail la bonne interprétation
métaphorique de la description faite par HaZa''l de la nature
du ´ôlom Habbo` en tant qu’endroit où les justes s'asseyent avec
des couronnes sur la tête et jouissent de la gloire de la Shakhinoh.
« Assis » signifie qu'ils ne sont pas fatigués par
l'effort, car ils n'ont pas de corps. Les « couronnes »
sur leurs « têtes » symbolisent la couronne de la
connaissance de HaShem qui se trouve dans leurs âmes. En contemplant
HaShem, elles tirent un plaisir spirituel de la splendeur de
l'existence de HaShem.
Néanmoins,
ce débat n’est pas simplement exégétique. Un certain nombre de
points philosophiques ont pu mener le Rambo''m à sa conclusion, et
la majorité des philosophes médiévaux (y compris le Ra´ava''d, le
Rambo''n, le Yadh Ramoh, le Rov Sa´adhyoh Go`ôn ז״ל
et
les Tôsophôth) à leur conclusion.
Un
point de discorde entre le Rambo''m et les autres Ri`shônim concerne
la possibilité scientifique de l’existence d’un corps dans le
´ôlom Habbo`. Le Rambo''m cite HaZa''l comme disant qu'il
n'y aura pas de manger et de boire dans le monde à venir. Se basant
sur les lois de la science, le Rambo''m prouve qu'il est impossible
d'avoir un corps dans le monde à venir, car un corps ne peut pas
survivre sans manger ni boire. De plus, le Rambo''m explique ailleurs
que tout objet physique doit éventuellement se décomposer et ne
peut durer éternellement. Il avance que même HaShem, s'Il avait un
corps, ne serait pas éternel. Il va donc de soi que si le ´ôlom
Habbo` signifie la vie éternelle, il doit être sans corps, car seul
un être spirituel peut durer éternellement.
Le
Rambo''n aborde certaines de ces objections dans son Tôrath
Ho`odhom, tout comme le Ra´ava''d dans ses gloses sur le Mishnéh
Tôroh. Ils répondent très simplement : dans ce monde, les
corps ne vivent pas sans manger ni boire. Cependant, dans le monde à
venir, HaShem créera des corps qui vivront éternellement sans
manger ni boire, sans se décomposer, comme le dit le Midhrosh à
propos du prophète `éliyohou. Dans le monde à venir, HaShem
changera les lois de la nature. Nous aurons les corps que nous
connaissons, mais ils seront éternels, sans avoir besoin de manger
ni de boire, et nous serons libres de jouir de la splendeur de HaShem
qui nous fera vivre au lieu de la nourriture et de la boisson.
Le
Rambo''m suit l'approche qu'il explique dans son Môréh Navoukhim,
à savoir que les lois fondamentales de la nature ne changent jamais.
HaShem a créé le monde et il existe ainsi éternellement. Par
conséquent, si les règles de la science telle que nous la
connaissons dictent que les corps ne vivent pas éternellement et ne
vivent pas sans manger ni boire, alors dans le ´ôlom Habbo`, les
corps ne le feront pas non plus. La seule façon de parvenir à la
vie éternelle est en tant qu'âmes désincarnées.
Le
Rambo''n et les autres Ri`shônim ne sont pas gênés par ce
problème. Ils croient que les lois de la science sont soumises aux
caprices de leur créateur. Si HaShem le décide, alors bien que de
nos jours les règles fonctionnent d'une certaine manière, quand Il
sera prêt, Il changera les règles et créera un nouveau système de
physique en vertu duquel notre corps pourra vivre pour toujours, et
en tant qu'êtres humains à part entière nous pourrons jouir
éternellement de la splendeur de la Shakhinoh.
Un
autre point de divergence philosophique concerne la relation entre le
corps et l’âme. Le Rambo''m nous dit qu'une des raisons pour
lesquelles il parvient à la conclusion que le ´ôlom Habbo` ne doit
pas être physique est que la récompense ultime ne peut pas être
appréciée par celui qui est pris au piège dans un corps. Le
Rambo''m, comme de nombreux autres philosophes, estime que le corps
finit par entraîner l'âme vers le bas. Le seul vrai plaisir est la
contemplation de HaShem et une âme est limitée dans sa capacité à
se connecter avec HaShem car elle est distraite par la physicalité
de son corps. Bien sûr, si la récompense ultime ne peut être
appréciée que par une âme pure sans entraves de son corps, nous ne
pouvons pas avoir de corps dans le monde à venir.
D'autres
Rishonim, cependant, comprennent que la récompense ultime peut être
appréciée par un corps et par une âme. Plusieurs philosophes juifs
demandent pourquoi nous avons un corps dans le monde à venir.
Ribbénou Yôséph `albô ז״ל
explique,
selon cette opinion, que, selon le principe de la justice divine,
puisque le corps aide l'âme à accomplir les Miswôth dans ce
monde, il est juste que HaShem récompense le corps aussi bien que
l'âme. Par conséquent, nous devons avoir un corps dans le monde à
venir. Il va plus loin en expliquant l'opinion de ceux qui pensent
que nous aurons un corps dans le monde à venir, en disant qu'une âme
a besoin d'un corps pour atteindre sa perfection ultime.
Sur
un niveau existentiel, nous pouvons voir cette Mahlôqath
comme l'expression d'un désaccord fondamental sur la manière de
percevoir un être humain. Qu'est ce qu'un être humain ? Selon
un avis, un être humain est une âme dans un corps. L'être humain
idéal est un corps gouverné, contrôlé, correctement canalisé et
focalisé par l'âme. Cependant, un être humain n'est un être
humain que parce qu'il combine corps et âme. De cette façon, un
être humain vaut mieux qu'un ange. Un ange est purement spirituel.
Un être humain peut prendre sa spiritualité et la fusionner avec sa
physicalité. La vraie perfection de l'âme réside dans sa propre
relation avec le corps. Si tel est le cas, le corps et l'âme
méritent de vivre cette perfection et d'être récompensés
physiquement et spirituellement dans le monde à venir.
Toutefois,
le Rambo''m explique » en de nombreux endroits que le but
ultime d'un être humain est intellectuel (ce qui pour le Rambo''m
est équivalent au spirituel), c’est-à-dire la connaissance et la
contemplation de HaShem. Selon le Rambo''m, un être humain est
essentiellement une âme. Le corps est une caractéristique
supplémentaire avec laquelle un être humain est né dans ce monde;
mais le véritable être humain est l'âme qui est emprisonnée dans
le corps. Ensuite, bien sûr, dans le ´ôlom Habbo`, nous devrions
être libérés de ce handicap et n'être plus que des âmes.
Le
Rambo''m reconnaîtrait que l'âme utilise le corps pour survivre et
servir HaShem dans ce monde; mais ce n’est pas le vrai soi de la
personne, mais simplement un objet externe utilisé par la personne.
Nous ne nous attendrions pas à ce que la récompense dans le ´ôlom
Habbo` inclue le marteau utilisé par celui qui construit une Soukkoh
ou le couteau utilisé par un Shôhét, car il ne s'agit que
d'un outil et ne fait pas partie de soi. De même, le corps est un
outil utile, mais finalement pas plus que cela. C’est peut-être
l’essentiel du débat: le corps est-il un outil ou une partie de
l’identité ?