בס״ד
Se laver le
Shabboth
Cet article peut être téléchargé ici.
La question suivante m’a été envoyée :
Shalom Rav
Est-il vraiment assour de prendre une douche
chaude le chabbat ?
Bien que la plupart des gens supposent que l'on ne
peut pas se doucher le Shabboth, il y a en fait des situations où cela est
possible.
Le Gamoroˋ[1] rapporte une Maḥlôqath (divergence) entre les premiers ˋammôroˋim, Rov ז״ל et Shamouˋél ז״ל, concernant le fait de
prendre un bain le Shabboth. Bien que les deux conviennent que l'on ne peut pas
se baigner de la manière régulière à Shabboth, Rov permet de se baigner à
Shabboth, tant que l'on ne submerge pas tout son corps à la fois, mais
seulement une partie à la fois. Shamouˋél n'est pas d'accord, soutenant que l'on ne peut
pas laver plus de la moitié de son corps. Dans les deux cas, il s’agit d’un
Shinouy (changement par rapport à la façon habituelle de se laver).
Une question naturelle se pose à la lecture
de cette Maḥlôqath talmudique : Puisque se baigner ne fait pas partie des 39 Maloˋkhôth interdites
par la Ṭôroh le Shabboth, pourquoi ne peut-on pas prendre un bain relaxant de Shabboth ?
Bien que Mé´iqqar Haddin (d’après la lettre de la
loi de la Ṭôroh) se baigner soit autorisé, ḤaZa’’l ont
interdit de se baigner dans de l'eau chaude à Shabboth, car cela pourrait
conduire à la profanation du Shabboth. La Gamoroˋ[2] raconte le récit historique suivant de l'interdiction :
Au départ, on était autorisé à se baigner dans de
l'eau qui était chauffée avant Shabboth. Ensuite, les propriétaires des
établissements de bains ont commencé à chauffer de l'eau à Shabboth, affirmant
que l'eau avait été chauffée avant Shabboth. Afin d'arrêter cette pratique, les
Sages ont interdit de se baigner dans l'eau chaude à Shabboth, mais ont permis
d'entrer dans un bain de vapeur à Shabboth. Cependant, les gens qui
n'écoutaient pas les Sages ont commencé à prendre des bains chauds à Shabboth,
affirmant faussement qu'ils n'avaient utilisé que le bain de vapeur. (À cette
époque, les deux activités étaient effectuées dans des bains publics.) Pour
faire appliquer leur décision, les Sages interdirent également d'entrer dans un
bain de vapeur, mais permirent de se baigner dans des sources chaudes
naturelles (comme par exemple celles de Tibèriade). Lorsque certaines personnes
ont continué à transgresser les instructions des Sages en se baignant dans de
l'eau chaude tout en affirmant avoir utilisé de l'eau de sources chaudes
naturelles, les Sages ont alors interdit de se baigner dans toute eau chaude,
même les sources chaudes naturelles, mais ont permis de se baigner dans de l'eau
froide. Après un certain temps, les Sages ont réalisé que c'était une épreuve
insupportable et ont annulé l'interdiction de se baigner dans les sources
chaudes naturelles, tout en maintenant l'interdiction des bains de vapeur et de
la baignade dans de l'eau chaude.
En conclusion, nous voyons que les Sages ont
interdit la baignade à Shabboth, même dans l'eau chauffée avant Shabboth, de
peur que les propriétaires et les gestionnaires de bains publics n'encouragent
les affaires en chauffant l'eau à Shabboth. Afin de maintenir cette injonction
initiale, ḤaZa’’l ont dans un premier temps interdit de se rendre au bain de
vapeur et de se baigner dans les sources chaudes naturelles, mais ont
finalement annulé cette dernière interdiction. Ainsi, on ne pourrait pas se
baigner ou se laver à la vapeur le Shabboth, même avec de l'eau chauffée avant Shabboth.
Rov et Shamouˋél, que nous
avons cités ci-dessus, ont interprété la Ṭaqqonoh
(décret) susmentionnée contre le bain de différentes manières, Rov limitant
l'interdiction au lavage de tout le corps en une seule fois, car c'est la
manière habituelle de se baigner. Cependant, il permet de se baigner d'une
manière inhabituelle, par exemple en ne se plongeant pas complètement dans
l'eau et en ne lavant qu'une partie du corps à la fois. Shamouˋél estime que,
comme il baigne encore tout son corps, cela est inclus dans l'interdiction,
bien qu'il admette que laver moins de la moitié du corps est autorisé. La pratique
majoritaire suit Shamouˋél, et par conséquent, on ne peut baigner le jour
du Shabboth qu’une partie de son corps dans de l’eau chaude préchauffée.
Tout ce que nous avons dit jusqu’à présent ne concerne
que le fait de se baigner. Mais qu'en est-il du fait de verser de l'eau sur soi-même ?
Est-ce inclus dans la catégorie de la baignade interdite ou est-ce permis ?
La Gamoroˋ[3] rapporte une Maḥlôqath à trois entre les Ṭannoˋim concernant
cette question. Ribbi Méˋir ז״ל a
interdit de verser de l'eau chaude ou froide sur soi-même ; Ribbi Shim´on ז״ל a permis de le faire aussi
bien avec de l’eau froide que de l’eau chaude ; tandis que Ribbi Yahoudhoh,
l'opinion de compromis, autorisait l'eau froide mais interdisait la chaude.
De cette Maḥlôqath il
ressort que, selon Ribbi Shim´ôn, on peut prendre une douche chaude le jour du Shabboth,
parce que l'interdiction de se baigner était limitée à quelqu'un assis dans un
bain ; selon Ribbi Méˋir, même le rinçage à froid est inclus dans l'interdiction et
certainement celui également à chaud ; et selon Ribbi Yahoudhoh,
on peut prendre une douche froide, mais pas une douche chaude.
Pouvons-nous suivre l’opinion de Ribbi Shim´ôn et
prendre une douche chaude à Shabboth ? (Dès lors que l’eau a été
préchauffée avant Shabboth.) Bien que le Shoulḥon ´oroukh[4]
tranche suivant l’opinion de Ribbi Yahoudhoh, interdisant de se
doucher à l’eau chaude mais permettant de le faire à l’eau froide, le Ṭalmoudh lui-même n’a jamais tranché la question ! En outre, comme
nous allons le voir à l’instant, même si on choisit la position de Ribbi Yahoudhoh,
les interdictions des Sages n’étaient jamais absolues et contenaient toujours
des exceptions et moyens de contournements. Pour la bonne et simple raison qu’il
ne s’agit pas d’interdictions d’ordre biblique. Par conséquent, les Sages n’ont
jamais été stricts dans leurs interdictions.
Sur la base d'une analyse perspicace, plusieurs Pôsaqim
de premier plan démontrent que quelqu'un qui souffre peut se baigner le Shabboth
même dans l'eau chaude, à condition que l'eau ait été chauffée avant Shabboth.[5] Ceci
est basé sur la Halokhoh qui stipule que, bien que l'on ne puisse
généralement pas demander à un Gôy d'effectuer un travail interdit le Shabboth,
on peut le faire dans certaines cas de force majeur. Par exemple, on peut demander
à un Gôy de faire quelque chose pour une personne suffisamment malade pour être
clouée au lit.[6]
Lorsque le Rambo’’m lui-même ז״ל énumère les activités que
l'on peut demander à un Gôy d'accomplir le Shabboth, il inclut le fait de lui
faire transporter de l'eau chaude pour qu'une personne qui souffre puisse prendre
un bain.[7] De
tout cela il ressort de manière évidente que, bien que ḤaZa’’l aient interdit de se baigner dans de l’eau chaude le Shabboth,
ils n’ont uniquement interdit que le bain de plaisir et hygiénique, mais ont
permis de se baigner dans de l’eau chaude pour soulager la souffrance. Ainsi,
une personne qui souffre de ne pas pouvoir prendre un bain ou a une condition
médicale qui peut être soulagée par le fait de prendre un bain peut soulager
son inconfort le Shabboth avec un bain chaud !
Nous pouvons à présent terminer notre réponse en
faisant mention des douches modernes. De nos jours, la plupart des systèmes de
chauffage de l'eau domestique fonctionnent avec une chaudière qui remplace
automatiquement l'eau chaude par l'eau froide lorsque vous l'utilisez. Cela
signifie que lorsque l'on prend un bain, que l’on se douche ou que l’on actionne
simplement l'eau chaude à Shabboth, on chauffe de l'eau nouvelle. C’est pour
cela que la majorité des Pôsaqim contemporains interdisent d’ouvrir le robinet
d’eau chaude à Shabboth, tout en précisant que quelqu'un qui souffre et
aimerait prendre des bains chauds à Shabboth peut envisager d'installer un
système de chauffage qui ne chauffe pas l'eau neuve lorsqu'il est en marche. Malgré
que cette position soit majoritaire à notre époque, elle n’est pas unanime. En
effet, certains autres Pôsaqim contemporains autorisent
l'utilisation normale du robinet d’eau chaude et des chaudières modernes à Shabboth
parce qu’ils considèrent qu’il s’agit d’un chauffage indirect de l'eau (Garomoˋ) et qui est
réalisé sans cette intention particulière (ˋénô Mithkawwén).[8] Et
il en serait de même avec une chaudière qui fonctionne à l’énergie solaire.
Comme vous le voyez, l’interdiction de prendre une
douche chaude à Shabboth n’est pas si absolue qu’on le prétend !
[1] Shabboth 40a
[2] Ibid.
[3] Ibid., 39b
[4] ˋôraḥ Ḥayyim 326 :1, 4
[5] Shou’’th Divré Yôséph n°64 ;
Rov ´aqivoh Eiger dans ses commentaires sur le Shoulḥon ´oroukh, ˋôraḥ Ḥayyim 307 :5 et 326 :1.
[6] Shoulḥon ´oroukh, ˋôraḥ Ḥayyim 328 :17
[7] Mishnéh Ṭôroh, Hilkôth Shabboth 6 :9-10
[8] Ces Pôsaqim sont
mentionnés dans Divré Dowidh, Chapitre 87.