dimanche 7 février 2021

Emission de semence en vain - L’impact psychologique des deux approches

 

בס״ד

 

Emission de semence en vain : Une approche rationaliste

 


L’impact psychologique des deux approches

 

Cet article peut être téléchargé ici.

Pour (re)lire :

·        La première partie

·        La deuxième partie

·        La troisième partie

·        La quatrième partie

·        La cinquième partie

·        La sixième partie

·        La septième partie

·        La huitième partie

·        La neuvième partie

·        La dixième partie

·        La onzième partie

·        La douzième partie

·        La treizième partie

·        La quatorzième partie

·        La quinzième partie

 

Je pense que ce que j'ai développé jusqu'à présent dans tous les articles précédents, ce sont deux concepts très différents concernant la masturbation masculine et comment cette activité devrait être traitée par un juif qui souhaite observer la Halokhoh. Notre analyse halakhique jusqu'à présent est suffisante pour faire ressortir le point de base auquel j'ai essayé d'arriver dans ce blog.

 

Grâce à tout cela nous allons pouvoir explorer les effets potentiels négatifs que l'idée fausse du « péché » de « répandre la semence » peut avoir sur le développement sexuel et les relations conjugales dans le milieu orthodoxe, et principalement Ḥarédhi. J’ai pu avoir divers témoignages dans le milieu orthodoxes qui m’ont montré l’utilité de tous les articles précédents et m’ont encouragé à poursuivre.

 

Les deux approches halakhiques différentes que nous avons développées auront un impact significativement différent sur la santé sexuelle et psychologique de la société juive orthodoxe.

 

Le paradigme halakhique qui domine la compréhension générale de la plupart des Juifs orthodoxes est celui établi par le Shoulḥon ´oroukh. Nous venons de terminer de décrire comment cela s'est développé dans la série d’articles précédents. Permettez-moi de résumer les principes de base de ce paradigme, que l’on va appeler « Paradigme Shoulḥon ´oroukh » (PSO).

 

Le PSO postule que toute éjaculation en dehors des rapports vaginaux dans le contexte du mariage est un péché. Le PSO soutient que c'était là le péché de ´ér et ˋônon qui a abouti à leur mort. Le PSO soutient que c'était le péché du déluge qui a entraîné la destruction de presque toute la vie sur la planète. Le PSO soutient que l'éjaculation extra-vaginale produit des démons qui provoquent l'individu dans le monde à venir. Le PSO enseigne que l'éjaculation extra-vaginale s'apparente au meurtre et est incluse dans les Dix Commandements. Le PSO n'autorise aucune autre forme d'activité sexuelle entre mari et femme autre que les relations vaginales.

 

Il serait impossible de surestimer les effets négatifs de ces idées sur la santé sexuelle et psychologique du public orthodoxe. Concentrons-nous d'abord sur le jeune homme célibataire et sur ce que cela peut faire pour sa santé psychologique. Imaginez la culpabilité d'un jeune homme qui se masturbe occasionnellement. S'il est capable d'ouvrir un Shoulḥon ´oroukh et de lire, s'il est éduqué à la Yashivoh, la culpabilité écrasante qu’il va ressentir peut être terrible. Les expériences et les désirs normaux d'un homme adolescent (ou même d'un homme adulte mature) sont soudainement devenus la source du « pire péché de la Ṭôroh ».

 

Essayez ensuite d'imaginer le nombre de chemins destructeurs que cela peut amener à emprunter. La culpabilité peut dans certains cas conduire à un sentiment de désespoir. « Si je ne peux pas lutter contre ces pulsions, je ne peux pas être qualifié de juif pratiquant, et pourquoi alors me préoccuper du reste des Miṣwôth ? » Une telle personne pourrait être conduite dans une rébellion très déprimée contre son héritage, car il se définit à cause de la dureté du Shoulḥon ´oroukh comme un Juif raté. Alternativement, cela pourrait conduire à une rébellion ouverte. « La Ṭôroh doit être absurde si elle interdit un comportement naturel normal et inoffensif ». « Si on estime que j’ai commis le pire péché de la Ṭôroh, à quoi me sert-il donc d’être pratiquant ? » « Si la Ṭôroh l'interdit, alors que c’est naturel, peut-être que toutes les lois de la Ṭôroh pourraient aussi être absurdes ». Je vous assure que j’ai déjà rencontré beaucoup de tels jeunes orthodoxes ayant eu ce raisonnement, mais n’osent pas l’exprimer dans leurs milieux. Il n’est pas étonnant de voir que le nombre de « frum de naissance » qui quittent leurs milieux est croissant. Parmi ces jeunes hommes qui ne veulent pas quitter le mode de vie de la Ṭôroh, imaginez la dissonance cognitive qu'un tel problème peut provoquer ? La honte, la dépression, la confusion et le désespoir peuvent être accablants.

 

Maintenant, suivons ce jeune homme dans sa vie. On lui apprend qu'il a besoin d'une femme pour éviter ce péché, pour que son envie naturelle d'avoir des relations sexuelles et de faire l'expérience de l'éjaculation puisse avoir un « débouché Koshér ». De nombreuses questions vont surgir : Cherche-t-il le mariage pour avoir une relation épanouissante avec un autre être humain ? En ce qui concerne l'aspect sexuel important de cette relation, est-il entendu que son but n'est pas seulement de s'aider lui-même ? Se rend-il compte que sa femme est une personne d'égale importance qui mérite d'avoir une relation sexuelle satisfaisante autant que lui ? Reconnaît-il que la Ṭôroh l'oblige à la rendre heureuse sexuellement, et que sa femme est bien plus qu'un simple « réceptacle » pour que son éjaculation soit désormais considérée comme « Koshér » ? Comprenez-vous donc les problèmes supplémentaires que vous créez lorsque vous dîtes à un jeune homme que le seul moyen d’éviter ce « péché » est de se marier ? S’il se marie dans cette optique-là, sa relation de mariage sera purement égoïste et il risque en réalité ni d’être heureux ni de rendre heureuse sa femme !

 

Et la jeune femme ? A-t-elle été mise au courant qu'elle doit se rendre disponible pour lui juste pour LE sauver du péché ? Qu’en sera-t-il alors du propre plaisir de cette femme ? Devrait-elle accepter d’endurer la peine, le chagrin, le sentiment de ne pas être aimée et l'inconfort juste pour LE sauver ? Aura-t-elle le droit de dire « non » ou « pas maintenant », puisqu’elle ne s’est mariée à lui que pour qu’elle serve de « réceptacle » pour une éjaculation « Koshér » ? Apprendra-t-elle un jour ce qu'une relation sexuelle est censée être ? Il y a tant à écrire, tant à penser. Je me contenterai de ces quelques questions pour vous faire réfléchir.

 

A présent, revenons un peu dans le temps halakhique. Revenons aux jours précédant l'arrivée du Zôhar sur la scène halakhique, aux jours de ce que j'appellerai le Paradigme Maïmonidien Original (le PMO).

 

Le PMO postule qu'il ne faut pas alimenter délibérément ses désirs sexuels car cela peut conduire à l'immoralité. Le PMO enseigne que le péché de ´ér et ˋônon était qu'ils s'étaient délibérément engagés dans une relation sexuelle dans le but exprès d'éviter la procréation, Ṭomor était un jouet sexuel pour eux, pour le plaisir seulement. C'est pourquoi ils ont été mis à mort par Hashshém. Le PMO enseigne que tant qu'une personne est engagée dans une activité sexuelle dans une relation appropriée, il n'y a pas de péché de « répandre de la semence », et tout type d'activité sexuelle est acceptable. Le PMO recommande également le mariage précoce, mais pas pour empêcher la masturbation, mais plutôt pour prévenir le risque de promiscuité et d'autres péchés sexuels. Le PMO utilise explicitement la compréhension médicale de l’époque pour ne recommander que des éjaculations peu fréquentes. Le PMO s'appuie également explicitement sur les idées médicales de l’époque pour néanmoins recommander des éjaculations régulières, mais pas excessives, pour éviter ce que l'on croyait être l'accumulation de facteurs négatifs lorsque l'on n'éjacule pas assez souvent. Selon le PMO, il n'y a pas de péché de masturbation pour un homme célibataire, le seul souci est de nourrir délibérément le désir sexuel pour la raison énoncée ci-dessus.

 

Tout comme il était impossible de surestimer les effets négatifs de l'acceptation générale du PSO, il est également impossible de surestimer les effets positifs de l'adoption du PMO.

 

Grâce au PMO, notre jeune homme hypothétique comprend qu'il s'agit d'un processus naturel et que l'éjaculation occasionnelle est tout à fait normale, voire saine. Il comprend maintenant que le problème est de s'engager dans des pratiques qui mènent à des activités sexuellement malsaines, et non le « déversement de semence » en lui-même. Grâce au PMO, il comprend que parmi les activités malsaines à éviter à tout prix il y a le fait de recourir à la pornographie trop facilement disponible aujourd’hui, car la pornographie peut conduire à des idées malsaines et dangereuses sur le sexe et les relations homme-femme. De l’autre côté, grâce au PMO, il comprend qu’une exposition normale à des membres du sexe féminin, qui peut parfois conduire à des pensées sexuelles, est tout à fait normale tant que de telles rencontres sociales mèneront un jour à une relation saine et sûre appropriée.

 

Lorsqu'il s'agit de mariage, il peut apprendre que toute pratique sexuelle est tout à fait normale et qu'il doit faire tout ce que lui et sa femme trouvent satisfaisant et agréable. Il apprendra également qu'une femme doit être respectée en tant que partenaire, pas en tant qu'être purement sexuel comme ´ér et ˋônon ont traité Ṭomor. Grâce au PMO, il comprend que sa femme est là pour bien plus que son plaisir sexuel ; elle est là pour construire une vie et une famille avec lui. Cela inclut la Miṣwoh de procréer.

 

La jeune femme ne sera pas là pour « le sauver du péché ». S'il a besoin d’être « sauvé » et qu'elle n'est pas d'humeur, pour une raison quelconque, il peut soit se retenir et être respectueux, soit s'engager avec elle dans d'autres activités qui n'incluent pas une pénétration indésirable de son corps, même si cela signifie qu'il va éjaculer par voie extra-vaginale.

 

De plus, maintenant que nous savons qu'il n'y a rien de malsain dans la masturbation occasionnelle, les objections liées à la santé soulevées par le Rambo’’m n'existeraient plus. Le Rambo’’m lui-même, c'est bien connu, a omis de son code halakhique l’ « interdiction » de manger du poisson et de la viande ensemble. C'était parce qu'il comprenait que c'était une recommandation sanitaire des rabbins du Ṭalmoudh basée sur une erreur. Puisque le Rambo’’m ne considérait pas cela comme un véritable problème de santé, ce n'est pas la Halokhoh. Le Rambo’’m, je dirais, serait probablement cohérent et aurait une approche complètement différente, car la compréhension de la santé de la masturbation a radicalement changé et s’est affinée pour être plus précise.

 

La suggestion qu'il existe des tortionnaires démoniaques créés chaque fois que quelqu'un se masturbe aurait semblé à la fois stupide et pire, même blasphématoire pour le Rambo’’m.

 

Nous venons de résoudre un dilemme majeur. Revenons à l'essentiel. Permettez-moi d'adapter une phrase halakhique commune à notre situation : le Ṭalmoudh, le Rambo’’m, Ribbénou Yiṣḥoq Hazzoqén, et Ribbénou Yasha´yohou Di Trani sont des autorités halakhiques sur lesquels nous devons nous appuyer sur ces questions de la masturbation et des relations sexuelles dans le couple.

 

Construisons sur le PMO, le paradigme maïmonidien original. Nous pouvons utiliser le PMO comme base pour construire une sexualité saine parmi nos jeunes, nos familles et nos couples. Les gens doivent apprendre à éviter l'immoralité sexuelle, l'exploitation sexuelle, les abus sexuels et le stress sexuel malsain qui s'accumule dans les familles dysfonctionnelles, malheureusement très très très nombreuses dans la communauté orthodoxe. Au lieu de cela, nous devrions enseigner à quoi ressemble une sexualité saine et comment y parvenir.

 

Je voudrais cependant injecter quelques idées kabbalistiques dans le PMO. Toutefois, cela aura l'effet inverse de celles injectées par le Zohar et qui ont contribué à bâtir le Paradigme Shoulḥon ´oroukh. Le Rambo’’m avait une aversion philosophique pour le sexe en général. Il le considérait comme une activité basse, à peu près la forme la plus basse du comportement humain. En cela, il suivait la philosophie de son mentor Aristote. Si vous vous souvenez, nous avons mentionné la ˋiggarath Haqqôdhash dans notre discussion passée sur les kabbalistes espagnols. La ˋiggarath Haqqôdhash a répondu au Rambo’’m que l'acte sexuel n'est pas du tout un acte bas. C'est plutôt un acte saint et beau entre deux êtres humains, tant qu'il y a des intentions appropriées. Si nous injectons cette idée dans le développement du PMO, nous constaterons que tout acte entre deux êtres humains aimants, dans le contexte d'une relation engagée et aimante fondée sur des idées et des principes appropriés, est une chose belle et sainte. Il doit être célébré et encouragé, quel que soit l'endroit où le sperme se répand.

 

Dans les prochains articles, je veux écrire un peu plus sur certaines des raisons pour lesquelles le PSO est devenu dominant. Je pense que nous devons discuter aussi des influences étrangères, des influences de la science contemporaine, etc. avant de quitter ce sujet et de passer à autre chose.

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