בס״ד
Emission de semence en vain : Une approche
rationaliste
L’impact psychologique des deux approches
Cet article peut être téléchargé ici.
Pour (re)lire :
Je pense que ce que
j'ai développé jusqu'à présent dans tous les articles précédents, ce sont deux
concepts très différents concernant la masturbation masculine et comment cette
activité devrait être traitée par un juif qui souhaite observer la Halokhoh.
Notre analyse halakhique jusqu'à présent est suffisante pour faire ressortir le
point de base auquel j'ai essayé d'arriver dans ce blog.
Grâce à tout cela
nous allons pouvoir explorer les effets potentiels négatifs que l'idée fausse
du « péché » de « répandre la semence » peut avoir
sur le développement sexuel et les relations conjugales dans le milieu
orthodoxe, et principalement Ḥarédhi. J’ai pu avoir divers
témoignages dans le milieu orthodoxes qui m’ont montré l’utilité de tous les
articles précédents et m’ont encouragé à poursuivre.
Les deux approches
halakhiques différentes que nous avons développées auront un impact
significativement différent sur la santé sexuelle et psychologique de la
société juive orthodoxe.
Le paradigme
halakhique qui domine la compréhension générale de la plupart des Juifs orthodoxes
est celui établi par le Shoulḥon ´oroukh. Nous venons de terminer de décrire
comment cela s'est développé dans la série d’articles précédents. Permettez-moi
de résumer les principes de base de ce paradigme, que l’on va appeler « Paradigme
Shoulḥon ´oroukh » (PSO).
Le PSO postule que
toute éjaculation en dehors des rapports vaginaux dans le contexte du mariage
est un péché. Le PSO soutient que c'était là le péché de ´ér et ˋônon qui a abouti à leur mort. Le PSO soutient que
c'était le péché du déluge qui a entraîné la destruction de presque toute la
vie sur la planète. Le PSO soutient que l'éjaculation extra-vaginale produit
des démons qui provoquent l'individu dans le monde à venir. Le PSO enseigne que
l'éjaculation extra-vaginale s'apparente au meurtre et est incluse dans les Dix
Commandements. Le PSO n'autorise aucune autre forme d'activité sexuelle entre
mari et femme autre que les relations vaginales.
Il serait impossible
de surestimer les effets négatifs de ces idées sur la santé sexuelle et
psychologique du public orthodoxe. Concentrons-nous d'abord sur le jeune homme
célibataire et sur ce que cela peut faire pour sa santé psychologique. Imaginez
la culpabilité d'un jeune homme qui se masturbe occasionnellement. S'il est
capable d'ouvrir un Shoulḥon ´oroukh et de lire, s'il est éduqué à la Yashivoh,
la culpabilité écrasante qu’il va ressentir peut être terrible. Les expériences
et les désirs normaux d'un homme adolescent (ou même d'un homme adulte mature)
sont soudainement devenus la source du « pire péché de la Ṭôroh ».
Essayez ensuite
d'imaginer le nombre de chemins destructeurs que cela peut amener à emprunter.
La culpabilité peut dans certains cas conduire à un sentiment de désespoir. « Si
je ne peux pas lutter contre ces pulsions, je ne peux pas être qualifié de juif
pratiquant, et pourquoi alors me préoccuper du reste des Miṣwôth ? »
Une telle personne pourrait être conduite dans une rébellion très déprimée
contre son héritage, car il se définit à cause de la dureté du Shoulḥon ´oroukh
comme un Juif raté. Alternativement, cela pourrait conduire à une rébellion
ouverte. « La Ṭôroh doit être absurde si elle interdit un comportement
naturel normal et inoffensif ». « Si on estime que j’ai commis
le pire péché de la Ṭôroh, à quoi me sert-il donc d’être pratiquant ? »
« Si la Ṭôroh l'interdit, alors que c’est naturel, peut-être que toutes
les lois de la Ṭôroh pourraient aussi être absurdes ». Je vous assure
que j’ai déjà rencontré beaucoup de tels jeunes orthodoxes ayant eu ce
raisonnement, mais n’osent pas l’exprimer dans leurs milieux. Il n’est pas
étonnant de voir que le nombre de « frum de naissance » qui
quittent leurs milieux est croissant. Parmi ces jeunes hommes qui ne veulent
pas quitter le mode de vie de la Ṭôroh, imaginez la dissonance cognitive qu'un
tel problème peut provoquer ? La honte, la dépression, la confusion et le
désespoir peuvent être accablants.
Maintenant, suivons
ce jeune homme dans sa vie. On lui apprend qu'il a besoin d'une femme pour
éviter ce péché, pour que son envie naturelle d'avoir des relations sexuelles
et de faire l'expérience de l'éjaculation puisse avoir un « débouché Koshér ».
De nombreuses questions vont surgir : Cherche-t-il le mariage pour avoir
une relation épanouissante avec un autre être humain ? En ce qui concerne
l'aspect sexuel important de cette relation, est-il entendu que son but n'est
pas seulement de s'aider lui-même ? Se rend-il compte que sa femme est une
personne d'égale importance qui mérite d'avoir une relation sexuelle
satisfaisante autant que lui ? Reconnaît-il que la Ṭôroh l'oblige à la
rendre heureuse sexuellement, et que sa femme est bien plus qu'un simple « réceptacle »
pour que son éjaculation soit désormais considérée comme « Koshér » ?
Comprenez-vous donc les problèmes supplémentaires que vous créez lorsque vous dîtes
à un jeune homme que le seul moyen d’éviter ce « péché » est
de se marier ? S’il se marie dans cette optique-là, sa relation de mariage
sera purement égoïste et il risque en réalité ni d’être heureux ni de rendre
heureuse sa femme !
Et la jeune femme ?
A-t-elle été mise au courant qu'elle doit se rendre disponible pour lui juste
pour LE sauver du péché ? Qu’en sera-t-il alors du propre plaisir de cette
femme ? Devrait-elle accepter d’endurer la peine, le chagrin, le sentiment
de ne pas être aimée et l'inconfort juste pour LE sauver ? Aura-t-elle le
droit de dire « non » ou « pas maintenant »,
puisqu’elle ne s’est mariée à lui que pour qu’elle serve de « réceptacle »
pour une éjaculation « Koshér » ? Apprendra-t-elle un
jour ce qu'une relation sexuelle est censée être ? Il y a tant à écrire,
tant à penser. Je me contenterai de ces quelques questions pour vous faire
réfléchir.
A présent, revenons
un peu dans le temps halakhique. Revenons aux jours précédant l'arrivée du Zôhar
sur la scène halakhique, aux jours de ce que j'appellerai le Paradigme Maïmonidien
Original (le PMO).
Le PMO postule qu'il
ne faut pas alimenter délibérément ses désirs sexuels car cela peut conduire à
l'immoralité. Le PMO enseigne que le péché de ´ér et ˋônon était qu'ils s'étaient délibérément engagés dans
une relation sexuelle dans le but exprès d'éviter la procréation, Ṭomor était
un jouet sexuel pour eux, pour le plaisir seulement. C'est pourquoi ils ont été
mis à mort par Hashshém. Le PMO enseigne que tant qu'une personne est engagée
dans une activité sexuelle dans une relation appropriée, il n'y a pas de péché
de « répandre de la semence », et tout type d'activité
sexuelle est acceptable. Le PMO recommande également le mariage précoce, mais
pas pour empêcher la masturbation, mais plutôt pour prévenir le risque de
promiscuité et d'autres péchés sexuels. Le PMO utilise explicitement la
compréhension médicale de l’époque pour ne recommander que des éjaculations peu
fréquentes. Le PMO s'appuie également explicitement sur les idées médicales de
l’époque pour néanmoins recommander des éjaculations régulières, mais pas
excessives, pour éviter ce que l'on croyait être l'accumulation de facteurs
négatifs lorsque l'on n'éjacule pas assez souvent. Selon le PMO, il n'y a pas
de péché de masturbation pour un homme célibataire, le seul souci est de
nourrir délibérément le désir sexuel pour la raison énoncée ci-dessus.
Tout comme il était
impossible de surestimer les effets négatifs de l'acceptation générale du PSO,
il est également impossible de surestimer les effets positifs de l'adoption du
PMO.
Grâce au PMO, notre
jeune homme hypothétique comprend qu'il s'agit d'un processus naturel et que
l'éjaculation occasionnelle est tout à fait normale, voire saine. Il comprend
maintenant que le problème est de s'engager dans des pratiques qui mènent à des
activités sexuellement malsaines, et non le « déversement de semence »
en lui-même. Grâce au PMO, il comprend que parmi les activités malsaines à
éviter à tout prix il y a le fait de recourir à la pornographie trop facilement
disponible aujourd’hui, car la pornographie peut conduire à des idées malsaines
et dangereuses sur le sexe et les relations homme-femme. De l’autre côté, grâce
au PMO, il comprend qu’une exposition normale à des membres du sexe féminin,
qui peut parfois conduire à des pensées sexuelles, est tout à fait normale tant
que de telles rencontres sociales mèneront un jour à une relation saine et sûre
appropriée.
Lorsqu'il s'agit de
mariage, il peut apprendre que toute pratique sexuelle est tout à fait normale
et qu'il doit faire tout ce que lui et sa femme trouvent satisfaisant et
agréable. Il apprendra également qu'une femme doit être respectée en tant que
partenaire, pas en tant qu'être purement sexuel comme ´ér et ˋônon ont traité Ṭomor. Grâce au PMO, il comprend que
sa femme est là pour bien plus que son plaisir sexuel ; elle est là pour
construire une vie et une famille avec lui. Cela inclut la Miṣwoh de procréer.
La jeune femme ne
sera pas là pour « le sauver du péché ». S'il a besoin d’être « sauvé »
et qu'elle n'est pas d'humeur, pour une raison quelconque, il peut soit se
retenir et être respectueux, soit s'engager avec elle dans d'autres activités
qui n'incluent pas une pénétration indésirable de son corps, même si cela signifie
qu'il va éjaculer par voie extra-vaginale.
De plus, maintenant
que nous savons qu'il n'y a rien de malsain dans la masturbation occasionnelle,
les objections liées à la santé soulevées par le Rambo’’m n'existeraient plus.
Le Rambo’’m lui-même, c'est bien connu, a omis de son code halakhique l’ « interdiction »
de manger du poisson et de la viande ensemble. C'était parce qu'il comprenait
que c'était une recommandation sanitaire des rabbins du Ṭalmoudh basée sur une
erreur. Puisque le Rambo’’m ne considérait pas cela comme un véritable problème
de santé, ce n'est pas la Halokhoh. Le Rambo’’m, je dirais, serait
probablement cohérent et aurait une approche complètement différente, car la
compréhension de la santé de la masturbation a radicalement changé et s’est
affinée pour être plus précise.
La suggestion qu'il
existe des tortionnaires démoniaques créés chaque fois que quelqu'un se
masturbe aurait semblé à la fois stupide et pire, même blasphématoire pour le
Rambo’’m.
Nous venons de
résoudre un dilemme majeur. Revenons à l'essentiel. Permettez-moi d'adapter une
phrase halakhique commune à notre situation : le Ṭalmoudh, le Rambo’’m, Ribbénou
Yiṣḥoq Hazzoqén, et Ribbénou Yasha´yohou Di Trani sont des autorités
halakhiques sur lesquels nous devons nous appuyer sur ces questions de la
masturbation et des relations sexuelles dans le couple.
Construisons sur le
PMO, le paradigme maïmonidien original. Nous pouvons utiliser le PMO comme base
pour construire une sexualité saine parmi nos jeunes, nos familles et nos
couples. Les gens doivent apprendre à éviter l'immoralité sexuelle,
l'exploitation sexuelle, les abus sexuels et le stress sexuel malsain qui
s'accumule dans les familles dysfonctionnelles, malheureusement très très très
nombreuses dans la communauté orthodoxe. Au lieu de cela, nous devrions
enseigner à quoi ressemble une sexualité saine et comment y parvenir.
Je voudrais
cependant injecter quelques idées kabbalistiques dans le PMO. Toutefois, cela
aura l'effet inverse de celles injectées par le Zohar et qui ont contribué à bâtir
le Paradigme Shoulḥon ´oroukh. Le Rambo’’m avait une aversion philosophique
pour le sexe en général. Il le considérait comme une activité basse, à peu près
la forme la plus basse du comportement humain. En cela, il suivait la
philosophie de son mentor Aristote. Si vous vous souvenez, nous avons mentionné
la ˋiggarath
Haqqôdhash dans notre discussion passée sur les kabbalistes espagnols. La ˋiggarath Haqqôdhash a répondu au Rambo’’m que l'acte
sexuel n'est pas du tout un acte bas. C'est plutôt un acte saint et beau entre
deux êtres humains, tant qu'il y a des intentions appropriées. Si nous
injectons cette idée dans le développement du PMO, nous constaterons que tout
acte entre deux êtres humains aimants, dans le contexte d'une relation engagée
et aimante fondée sur des idées et des principes appropriés, est une chose
belle et sainte. Il doit être célébré et encouragé, quel que soit l'endroit où
le sperme se répand.
Dans les prochains
articles, je veux écrire un peu plus sur certaines des raisons pour lesquelles
le PSO est devenu dominant. Je pense que nous devons discuter aussi des
influences étrangères, des influences de la science contemporaine, etc. avant
de quitter ce sujet et de passer à autre chose.