mardi 30 octobre 2018

Sidhrath Baré`shith – Les deux grands luminaires


בס״ד

La Sidhroh avec Rabbénou
Sidhrath Baré`shith – Les deux grands luminaires

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La Tôroh nous parle dans la Sidhrath Baré`shith de la création par HaShem des אֶת־שְׁנֵ֥י הַמְּאֹרֹ֖ת הַגְּדֹלִ֑ים אֶת־הַמָּא֤וֹר הַגָּדֹל֙ לְמֶמְשֶׁ֣לֶת הַיּ֔וֹם וְאֶת־הַמָּא֤וֹר הַקָּטֹן֙ לְמֶמְשֶׁ֣לֶת הַלַּ֔יְלָה « deux grandes luminaires : la grande luminaire pour la domination du jour, et la petite luminaire pour la domination de la nuit » (1:16). HaZa''l étaient troublés par la référence au soleil et à la lune dans ce Posouq comme אֶת־שְׁנֵ֥י הַמְּאֹרֹ֖ת הַגְּדֹלִ֑ים « les deux grandes luminaires ». Dans son commentaire sur ce Posouq, Rash''i ז״ל rapporte l'enseignement suivant de HaZa''l1 :

שוים נבראו, ונתמעטה הלבנה, על שקטרגה ואמרה אי אפשר לשני מלכים שישתמשו בכתר אחד
Ils furent créés égaux, mais la lune fut diminuée à cause qu'elle s'est plainte et a dit : « Il est impossible pour deux rois de faire usage d'une même couronne ! »

En d'autres mots, HaZa''l enseignent que le soleil et la lune furent à l'origine créés égaux en taille, comme cela est indiqué par la phrase אֶת־שְׁנֵ֥י הַמְּאֹרֹ֖ת הַגְּדֹלִ֑ים « les deux grandes luminaires ». Toutefois, la lune s'est plainte du fait de devoir partager son « autorité » avec un autre être, et en réponse à cette complainte HaShem décida de réduire la taille de la lune. C'est ainsi que אֶת־שְׁנֵ֥י הַמְּאֹרֹ֖ת הַגְּדֹלִ֑ים « les deux grandes luminaires » ont fini par devenir אֶת־הַמָּא֤וֹר הַגָּדֹל֙... וְאֶת־הַמָּא֤וֹר הַקָּטֹן֙ « la grande luminaire... et la petite luminaire ».

Le commentaire appelé « Da´ath Zaqénim Mibba´alé Hattôsophôth » associe cette remarque à un passage que l'on retrouve dans le Talmoudh2, et qui déclare :

ת"ר עלובין ואינן עולבין שומעין חרפתן ואינן משיבין עושין מאהבה ושמחין ביסורין עליהן הכתוב אומר ואוהביו כצאת השמש בגבורתו
Nos Maîtres ont enseigné : Ceux qui sont insultés mais n'insultent pas, qui entendent le mépris à leur égard mais ne répondent pas, qui agissent par amour et se réjouissent dans les souffrances, c'est les concernant que l’Écriture dit3 : « Mais ceux qui M'aiment sont comme la sortie du soleil dans sa puissance ».

Le Talmoudh renvoie au soleil comme paradigme de la qualité de עלובין ואינן עולבין « ceux qui sont insultés mais n'insultent pas » ; savoir ignorer les insultes. À l'inverse de la lune, le soleil a accepté son statut d' « autorité » partielle. Il n'a ressenti aucun besoin d'honneur et de distinction, et a humblement consenti au rôle qui lui était assigné, peu importe de quoi il s'agissait. Par conséquent, ceux qui ne montrent aucun intérêt pour la popularité et le prestige, et ne se préoccupent pas de leur rang social, des « qu'en dira-t-on ? », ceux-là sont comparés à צאת השמש בגבורתו « la sortie du soleil dans sa puissance ». Comme le soleil, ils acceptent joyeusement leur statut sans rechercher davantage de popularité, notoriété ou pouvoir.

Tout cela nous rappelle les remarques faites par Rabbénou ז״ל dans son commentaire sur la Mishnoh de `ovôth 4:4 concernant la vertu de l'humilité. Il réitère dans ce contexte l'opinion qu'il avait déjà exprimée dans son introduction sur le Chapitre 4 de la Masakhath `ovôth au sujet de l'importance d'avoir une extrême humilité. Alors que pour toutes les autres qualités il est conseillé de se comporter avec modération, quand il s'agit de l'humilité Rabbénou préconise une approche extrême, de façon à s'éloigner le plus loin possible de l'arrogance. Pour illustrer cet idéal, Rabbénou rapporte un incident impliquant un vieux Talmidh Hokhom qui voyageait avec un groupe de marchands prospères. Il avait été placé dans la partie la plus basse et la plus minable du bateau, et à un moment du voyage l'un des riches passagers avait déféqué sur ce Talmidh Hokhom. Ce dernier atteste n'avoir ressenti aucune colère ou ressentiment envers ce marchand ; l'estime et le contrôle qu'il avait de lui-même ne furent en aucun cas affectés par le traitement offensant dont il avait été la victime. Rabbénou commente cet épisode en disant : « Il ne fait aucun doute que c'est le plus haut niveau d'humilité de l'esprit, celle qui éloigne quelqu'un de l'arrogance ».

L'idéal torahïque de l'humilité signifie suivre l'exemple établi par le soleil, celui de ne pas se sentir menacé par les statures rivales des autres. Cela demande d'avoir confiance en soi-même peu importe la reconnaissance que l'on aurait gagnée, et peu importe la manière dont les autres nous perçoivent. La lune ne produit aucune lumière d'elle-même, et ne peut que réfléchir la lumière du soleil. Similairement, beaucoup de gens sont incapables de sentir de la satisfaction de façon indépendante ; ce sont des esclaves, car ils dépendent de l'approbation et du respect des autres pour « briller » et expérimenter de la joie. Mais la personne humble, comme le soleil, est capable de briller par sa propre lumière, de ressentir de l'assurance et du bonheur peu importe comment les autres la voient. Seule une telle personne sera capable d'avoir un état constant de joie et de satisfaction, et réfléchira autour de lui de la confiance et de la vitalité כצאת השמש בגבורתו « comme la sortie du soleil dans sa puissance ».
1Talmoudh, Houllin 60b
2Shabboth 88b
3Shôphatim 5:31

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